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Chapitre III---------------------------------------- Réparation par patch d'un composite stratifie fissuré

Chapitre III
Réparation par patch d'un composite stratifie fissuré

I. Introduction
Les éléments structuraux en matériaux composites sont de plus en plus utilisés dans les
structures aéronautiques, assurant une performance mécanique équivalente avec des
matériaux plus traditionnels comme les matériaux métalliques, des gains de coûts et de masse
importants. Parmi la famille des matériaux composites figurent les matériaux stratifiés
constitués d’une séquence d’empilement de couches (ou plis) imprégnés de résine (ou
matrice), chaque pli étant orienté par les fibres le constituant. Ces éléments stratifiés sont
utilisés dans la conception d’ailes d’avions, de pales d’hélicoptères, de coques de bateaux, etc.
Cependant, l’hétérogénéité et l’anisotropie, qui leur assurent d’excellentes propriétés sont
aussi les causes de leurs endommagements et notamment des endommagements accidentels
auxquels ils peuvent être soumis. Dans le cas des impacts par exemple on peut observer une
réduction des performances mécaniques des structures, notamment de leur résistance en
fatigue.
Dans le cas ou la structure endommagée ne peut pas être remplacée systématiquement à cause
du manque de temps ou de moyens, la réparation est considérée comme une bonne alternative
économique et mécanique. La performance de la réparation dépend fortement de la méthode
d’assemblage entre la structure à réparer et les patchs. Les méthodes d’assemblage classiques
développées pour les pièces métalliques, tel que le boulonnage et rivetage, ne sont plus
forcement adaptées pour assembler les structures en composites stratifies a cause de leurs
propriétés anisotropes et leur hétérogénéité. La réparation des composites des structures
composites consiste à substituer toute ou partie de la zone endommagée et de coller des
patches plus ou moins importants sur la surface de la structure. On peut également noter que
le collage des patchs externes est largement utilisé dans la réparation des structures
métalliques afin d’arrêter la propagation d’un défaut.

II. Travaux de réparation des matériaux composites


Les composites modernes employés depuis plus de 40 ans ont fait l'objet, dès leur mise en
service, du développement sur des méthodes de réparation [22]. Historiquement, les
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matériaux dans l'aéronautique étant majoritairement métalliques, la réparation par patch


composite devient la méthode de réparation la plus utilisée aujourd’hui. Plusieurs études ont
été conduites sur l'analyse de l'influence des paramètres géométriques et mécaniques du patch
en composite pour l'amélioration des performances de la réparation. Ainsi par exemple,
l’influence de la taille du patch composite [51], du nombre de plis et de leurs orientations
[52], a été examinée. D’autres travaux ont été menés sur l’optimisation de la forme du patch
composite ainsi que sa séquence d’empilement [42,53,54]. Mathias [30], à couplé à la
méthode des algorithmes génétiques à un code d'éléments finis pour optimiser la séquence
d'empilement de structures composites. La forme du patch, les nombres et orientations des
plis ainsi que l'emplacement du patch sont simultanément optimisés pour renforcer des
structures entaillées. Les auteurs ont réduit au maximum la contrainte moyenne de Von Mises
dans une zone carrée définie autour du trou central dans la structure à renforcer. L’orientation
des plis, choisie dans cette étude est [0, 45, - 45, 90]. Un autre angle représenté par une
variable réelle est aussi utilisé afin d’orienter le patch composite par rapport à la structure à
renforcer Deheeger [55] a montré que la résistance du patch à une même sollicitation peut être
très différente en fonction du choix du matériau et de la séquence d'empilement du patch.
Quatre types de patch sont utilisés, il s'agit d'un patch unidirectionnel en carbone/époxyde,
d'un patch croisé [0, 90]s en carbone/époxyde, d'un patch unidirectionnel en bore/époxyde et
enfin d'un patch en Glare, matériau composite d'un empilement de couches d'aluminium et de
fibres de verre. Duong [42] montre que pour les patchs réalisés aujourd'hui en atelier de
maintenance, des plis supplémentaires sont ajoutés, lorsque cela est possible, par rapport à la
séquence d'empilement d'origine, afin d'obtenir une marge de sécurité plus importante sur les
propriétés mécaniques de la structure réparée. Hautier [25] montre qu'une réparation par un
patch composite stratifié équilibré quasi-isotrope à base de plis à 0, +45, -45 et 90° donne une
meilleure performance de réparation que la séquence d’empilement [0 2/+602/-602]s. Les
caractéristiques des patchs en composite peuvent varier sensiblement selon les
caractéristiques du pli élémentaire et la séquence d’empilement du composite utilisée [49].
Cheng [49] montre que la performance de la réparation par patch en composite dépend non
seulement de la grandeur de la surface de collage, mais également de la géométrie du patch
ainsi que de la séquence d’empilement. Pour renforcer la structure, Cheng [49] à utilisé un
patch de réparation de 8 plis [45/-45/0/90]s. Deux séries d’essais sont utilisés, dans la
première, cinq séquences d’empilement différentes ont été sélectionnées ([90]4 ; [75/-75]s ;
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[45/-45]s ; [90/0/-45/45] et [0]4 ) pour obtenir des patchs dont la rigidité longitudinale varie
entre 7,0 et 103,0 GPa. Dans la deuxième série d’essais, les séquences d’empilement utilisées
sont [90/0/-45/45]; [45/-45/90/0] et [0/90/45/-45]. Pour garder la même rigidité longitudinale
du patch, la fibre du pli du patch adjacent au joint collé est orientée. Il s‘avère que tous les
patchs améliorent plus ou moins la résistance de la structure réparée, mais la performance de
la réparation n’est pas du tout proportionnelle à la rigidité de tenue des patchs. Les patchs
[45/-45]s donnent la meilleure performance, tandis que les patchs les plus souples [90] 4
s’avèrent les moins efficaces. L'analyse des résultats de Cheng [49], montre d'une part que, la
performance des réparations augmente avec la rigidité des patchs dont les séquences
d’empilement sont successivement [90]4, [75/-75]s et [45/-45]s ; d'autre part, la performance
des réparations diminue avec la rigidité des patchs dont les séquences d’empilement sont
[90/0/-45/45] et [0]4. On peut dire que si les patchs sont trop souples, la réparation n’est pas
suffisante ; si les patchs sont trop rigides, la plaque peut être aussi mal réparée. Cela nécessite
donc une optimisation de patchs pour atteindre la meilleure performance de réparation. Liu et
Wang [35] ont étudié l’influence de la séquence d’empilement de patchs sur la performance
des réparations en traction par collage de patch de séquence d’empilement [45/-45]n (avec n
variant),. Les auteurs montent que la performance des réparations en traction dépend non
seulement de la rigidité, mais également de la séquence d’empilement en particulier de
l’orientation des fibres du pli adjacent au joint collé du patch. Une orientation à 0° donne
toujours la meilleure résistance. Par conséquent, la séquence d’empilement où l’orientation de
fibres adjacentes au joint collé peut être considérée comme un paramètre d’optimisation
secondaire.

III. Modèle géométrique


Le modèle géométrique de la plaque réparée par simple patch en composite est représenté sur
la figure III.1. La plaque en composite carbone/époxy stratifié est caractérisée par sa hauteur
Hp = 304 mm, sa largeur Wp = 304 mm et son épaisseur eplaque= 1,6 mm. La plaque présente
une fissure centrale de longueur 2a = 50 mm réparée par patch en composite de même
épaisseur que la plaque. Le patch de largeur Wr = 304 mm et de hauteur Hr = 50 mm étant
collé à la plaque par un adhésif ADEKIT A 140 (adhésif époxy structural de haute
performance) d‘épaisseur ea = 0,2 mm , de module de Young Ea = 2,8 GPa et coefficient de
poisson  = 0,3.
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La structure est soumise à un chargement mécanique d’amplitude 100 MPa. La structure


étant modélisée par des éléments cubiques (hexaèdres) à huit nœuds. Le maillage de l
´éprouvette utilisée dans le modèle 3D d’éléments finis [56] est représenté sur la figure III.2.
Un maillage régulier est effectué pour toute la structure. Ce maillage reste le même tout au
long du calcul afin d’éviter toute influence du maillage sur les résultats. Le collage parfait est
créé entre la plaque et le patch composite en fusionnant les nœuds des éléments. Le fait de
fusionner les nœuds a pour conséquence d’avoir le même maillage pour la structure et pour le
patch composite. La fissure centrale au milieu de la plaque entraine une singularité
géométrique provoquant une concentration de contrainte. Par conséquent, un maillage raffiné
est effectué autour de la fissure. Le nombre total d’éléments de la structure réparée par simple
patch est égal à 23500 ce nombre dépend de la forme du patch et il change pour le cas du
double patch (33372 éléments). La taille du côté d’un élément loin de la fissure est égale à
0,016 mm pour toute la structure et 0,004 mm au voisinage de la fissure. La plaque fissurée et
le patch ainsi que l'adhésive ont un comportement élastique linéaire.
La stratification de la plaque comporte huit plis de séquence d'empilement [45/-45/0/90] S dont
l'épaisseur d'un pli élémentaire est de 0,2 mm. Le patch en carbone/époxy est à quatre plis de
séquence [45/-45/0/90]. L'épaisseur d'un pli élémentaire est 0,4 mm (Fig.III.3).
Le composites carbone/époxyde utilisé est composé de la résine époxy R367-2 dont le taux
est de 38 ± 2 % et de fibres de carbone. Le composite stratifié est un empilement de plis
unidirectionnels dont le choix des orientations dépend de l’application industrielle et des
performances souhaitées. Chaque pli est composé des constituants :
- Les fibres (fibres longues de carbone TR50), dont le rôle est de reprendre les efforts. Leur
comportement est élastique linéaire. Les caractéristiques mécaniques sont présentées dans le
tableau III.1.
- La matrice qui permet non seulement la cohésion du matériau mais aussi le transfert des
contraintes dans le pli, d’une fibre à l’autre et d’un pli à l’autre dans le stratifié. La résine
époxy R367-2 appartient à la catégorie des thermodurcissables à haute densité, la résine
employée est un matériau fragile. Les caractéristiques mécaniques de l’époxy R367-2 sont
données dans le tableau III.2.
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Figure III.1 : Modèle géométrique du simple patch (plaque, patch et adhésif).


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a) plaque b) plaque avec patch c) voisinage de la fissure


Figure. III.2 : Maillages de la structure réparée par patch.

Figure III.3: Orientation des plis dans le patch et plaque.

Fibre de carbone TR50


Masse volumique ρ (Kg/m3) 1850
Diamètre d (mm) 0,007
module longitudinal E1 (MPa) 255500
module transversal E2 (MPa) 18000
module transversal E3 (MPa) 18000
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module de cisaillement G12 (MPa) 13780


module de cisaillement G23 (MPa) 6890
module de cisaillement G31 (MPa) 13780
coefficient de Poisson ν12 0,2
coefficient de Poisson ν23 0,25
coefficient de Poisson ν31 0,2
contrainte à rupture en traction longitudinale 3640
(MPa)
contrainte à rupture en compression 2750
longitudinale
(MPa)
contrainte à rupture en cisaillement 1793
(MPa)

Tableau III. 1 : Caractéristiques de la fibre de carbone TR50 [6,49].

Les propriétés mécaniques du pli élémentaire du composite carbone/époxy (carbone TR50 et


époxy R367-2) sont illustrées sur le tableau III.3.
Résine époxy R367-2
Masse volumique ρ (Kg/m3) 1200
module longitudinal E (MPa) 8100
module de cisaillement G (MPa) 1168
coefficient de Poisson ν 0,37
contrainte à rupture en traction (MPa) 85
contrainte à rupture en compression (MPa) 138
contrainte à rupture en cisaillement (MPa) 47

Tableau III.2 : Caractéristiques de la résine Structil R367-2 [6,49].

carbone/époxy (carbone TR50 et époxy R367-2)


module longitudinal E1 (MPa) 103000
module transversal E2 (MPa) 7000
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module transversal E3 (MPa) 7000


module de cisaillement G12 (MPa) 3150
module de cisaillement G23 (MPa) 2750
module de cisaillement G31 (MPa) 3150
coefficient de Poisson ν12 0,34
coefficient de Poisson ν23 0,25
coefficient de Poisson ν31 0,34
Xt (MPa) 1688
Xc (MPa) 1500
Yt = Zt (MPa) 41
Yc = Zc (MPa) 140
S12 = S13 (MPa) 65
S23 (MPa) 32,5

Tableau III.3 : Propriétés mécaniques pour le pli élémentaire du composite


carbone/époxy [6,49].

Les propriétés mécaniques indiquées sur le tableau III.3, sont celles d'un pli élémentaire
unidirectionnel UD, pour la stratification à 8 plis de la séquence [45/-45/0/90]S ; ces propriétés
sont introduites dans le modèle Abaqus [56] selon l'angle d'orientation.

IV. Résultats et analyse


IV.1. Effet des séquences d'empilement
Cette étude a pour objectif de rechercher les paramètres inhérents au patch composite pour
une utilisation optimale dans la réparation des fissures. Cette utilisation optimale est obtenue
lorsqu’on arrive à sélectionner d'une façon judicieuse le type de séquence d'empilement de la
plaque et du patch permettant de réduire au maximum le taux de restitution d'énergie en
pointe de fissure.
L’influence de divers paramètres sur la performance de la réparation s’avère très complexe.
Pour cette étude seule les orientations des plis de la plaque et du patch sont optimisés. Les
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propriétés de l’adhésif et son épaisseur ainsi que les dimensions du patch et de la plaque sont
supposées constantes.
Afin d’étudier l’influence de l'orientation des plis de la plaque et du patch sur le niveau de la
grandeur de Griffith GI, on doit fixer la séquence d'empilement du patch et faire varier celle
de la plaque. On choisi par la suite la séquence d'empilement de la plaque qui minimise
l'énergie de rupture en pointe de fissure. On procède de la même façon pour le patch. La
séquence d'empilement du patch et de la plaque optimale sera choisie.
L'effet des séquences d'empilement de la plaque non réparée sur la variation de l'énergie de
rupture en pointe de fissure est illustré sur la figure III.4. Le niveau de l'énergie de rupture le
plus élevés est obtenue lorsque les huit plis de la plaque sont orientés dans la même direction
[0]2s où [90]2s. Configuration déconseillé pour les composites stratifiés c'est-a-dire pas plus de
4 plis consécutifs suivant une même direction. L'utilisation des orientations de 45 ou - 45
dans les composite stratifies conduit à des niveaux de l'énergie de rupture presque constant.
La séquence d'empilement minimisant la valeur du paramètre de rupture G est [90/45/-45/0]s.
L'effet de l'orientation des plis sur les performances de la réparation du composite fissuré est
montré sur la figure III.5. Celle- ci montre la variation des énergies de rupture d'une fissure de
longueur 2a = 50 mm, réparée par un patch dont la séquence d'empilement est [90 45 -45 0].
Pour cette configuration le pli 1 à 90° du patch est adjacent au joint collé de la plaque.
L'orientation des plis de la plaque à une influence significative sur les performances de
réparation. En effet; le niveau de l'énergie de rupture le plus faible est obtenue lorsque les plis
adjacents de la plaque (pli 8) et du patch (pli 1) sont orientés à 90°. Une orientation de 0°, 45
ou -45 du pli 8 de la plaque conduit pratiquement aux mêmes variations des énergies de
rupture, dont l'écart varie de 3 à 12 %. La séquence d'empilement de la plaque réparée qui
engendre le niveau le plus faible du taux de restitution d'énergie est [90 45 -45 0]s.
L'effet des séquences d'empilement du patch sur la variation de l'énergie de rupture en pointe
de fissure est montré sur la figure III.6. Les variations du taux de restitution d'énergie sont en
fonction de l'orientation des plis du patch sont presque constantes. La séquence qui conduit à
une énergie de rupture minimale est [0 90 -45 45].
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50

45

40

35

30
G (KJ / m )
2

25

[0]2S
20
[0 90 45 -45S]

[ 45 90 0 -45S ]
[-45 45 90 0]

[ 0 -45 45 90]
[45 -45 0 90S]
[90 0 -45 45S]

S
s

[ 90 45 -45 0S]
[45 0 90 45]
S

[90]2S
15

10

Figure III.4 : Effet de l'orientation des plis de la plaque non réparée sur les valeurs du
paramètre G.

20

18

16

14

12
[ 90 45 -45 0S]
[- 45 0 90 45]
G (KJ / m )

[ 45 90 0 -45S]
[-45 45 90 0]

[ 0 -45 45 90]
2

[0 90 45 -45 S]

[90 0 -45 45 S]
s

[45 -45 0 90 S]

10

Figure III.5 : Effet de l'orientation des plis de la plaque réparée sur les valeurs du
paramètre G.
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16
15
14
13
12
11
10

[0 45 90 -45]
[0 45 -45 90]

[90 0 45 -45]

[-45 0 45 90]
[-45 45 0 90]
[90 -45 45 0]
[45 -45 90 0]
[0 90 -45 45]

9
G (KJ / m )
2

8
7
6
5
4
3
2
1
0

Figure III.6 : Effet de l'orientation des plis du patch sur les valeurs du paramètre G.

Dans la plupart des réparations, l’utilisation de patch unidirectionnel est optimale puisque ceci
fournit l'efficacité de renfort la plus élevée dans la direction du chargement. Cependant, dans
certains cas sous chargement bi-axial élevé et d’un changement de l'orientation probable de la
fissure (mode mixte), il est indispensable de fournir le renfort transversal et/ou de
cisaillement. Ceci peut être réalisé en employant un stratifié avec un nombre approprié de plis
de +45° et de 90°.
Pour cette étude nous considérons la plaque fissurée de séquence [90 45 -45 0]s réparée par
patch en composite dont l'orientation des plis est de la forme [0 90 -45 45].. Pour cette
configuration le pli 8 de la plaque orienté à 90° et en contacte avec le pli 1 du patch orienté
aussi à 0°.

IV.2. Comparaison entre une fissure réparée non réparée 

La figure III.7 présente la variation de la grandeur de Griffith en mode I pour une fissure
réparée par simple patch et une fissure non réparée en fonction de la longueur de fissure.
L’accroissement de la taille de la fissure conduit à une augmentation du paramètre G. Nous
constatons qu'il existe une taille de fissure critique égale à 25 mm au-delà de laquelle
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l’énergie de rupture en tête de fissure croît sensiblement. Cet accroissement est plus marqué
lorsque la fissure se propage dans le composite non réparé. Par contre, dans la plaque réparée
par un simple patch l'énergie de rupture croît lentement ceci peut être du essentiellement au
retard de la vitesse de propagation provoqué par le patch. Nos résultats montrent clairement
l’effet bénéfique du patch. En effet, les valeurs de la grandeur G diminuent fortement, c'est du
fait que le patch absorbe les efforts transférés par la plaque à travers la colle que la longueur
de fissure augmente. Les valeurs de l'énergie G les plus élevées sont obtenues dans la
structure non réparée, dont l’augmentation peut attendre les 60 % par rapport aux énergies de
rupture obtenues pour les fissures réparées.
La comparaison des énergies de ruptures de différentes fissures réparées par simple et double
patch est illustrée sur la figure III.8. L'épaisseur du simple patch vaut deux fois celle du
double patch.

350

300
sans patch
250 avec patch

200
G (KJ / m²)

150

100

50 140
130
simple patch
120 double patch
Figure III.7: 0 110 Effet
10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130
de la réparation100 sur
a (mm)
l’énergie de 90
rupture en pointe80 de
G ( KJ/m²)

fissure. 70
60
50
40
30
20
10
0
10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130
a (mm)
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Figure III.8: Comparaison entre simple et double patch.

La présence du double patch dans une structure fissurée réduit encore l’énergie de rupture en
pointe de fissure. Pour une faible taille de fissure l’utilisation des deux types de patch conduit
pratiquement aux mêmes valeurs du paramètre G. L’effet du double patch apparait au-delà de
a = 25 mm. A partir cette fissure où nous remarquons une différance entre les valeurs des
énergies de rupture. Cette différence est presque constante elle est de l’ordre de 40 %. La
réduction des énergies des ruptures est due au fait que les contraintes sont doublement
absorbées par le patch.
Les avantages acquis par l'utilisation du double patch symétrique sont assez importants
(réduction de l'énergie de rupture en pointe de fissure; amélioration de la durée de vie en
fatigue de la structure, élimination du moment de flexion qui apparaît avec l’utilisation du
simple patch ect…). Cependant, cette technique du double patch présente certains
inconvénients. En effet, dans le cas du double patch la détection visuelle de la fissure est
impossible, ce qui rend les inspections assez difficiles.
Les matériaux composites et l’adhésif de réparation sont souvent exposés à l’humidité et à la
température. Ces deux paramètres réduisent fortement l'efficacité de la réparation. Ainsi, la
durée de vie des structures réparées peut être affectée négativement par le taux d'humidité
dans l'adhésif. En plus, le processus de rupture est très sensible à la présence de défauts dans
la couche adhésive, notamment des petites bulles, cavités, décollements. Toutes ces
contraintes sont multipliées par deux dans le cas d'une réparation par double patch.
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L’effet du double patch sur la distribution des contraintes équivalentes de Von Misses est
illustré sur la figure III.9. La distribution des contraintes est déterminée sur les deux faces
supérieures de la plaque pli 1 et 8 ainsi que le pli 4 au milieu de la plaque. Le simple patch
répare le pli 8; par contre le double patch répare les deux plis 1 et 8.
La distribution des contraintes dans les différents plis change d'une réparation à une autre. En
effet; un simple patch conduit à une diminution des contraintes entre le pli 8 et 1 de l'ordre de
8 %. Cette différence augmente presque à 16 % pour le double patch.
L'effet bénéfique du double patch est nettement visible car la contraintes en pointe de fissure
diminue fortement, c'est du fait que le double patch absorbe les efforts transférés par les deux
cotés de la plaque à travers la colle. La comparaison des contraintes équivalentes montre
d'une part que le simple patch donne une contrainte maximale supérieure de sept fois à celle
du double patch. D'autre part le patch minimise même les contraintes dans les plis
intermédiaires (pli 4) par rapport aux autres plis. Les deux types de réparation engendrent
pratiquement la même distribution de contraintes dans le pli 4.

Figure III.9: Contour des contraintes de Von Misses (MPa) dans les différents plis de la
plaque.
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nalyse des résultats précédents montre que la réparation par patch réduit considérablement

L’a
l’énergie de rupture en pointe de fissure. Pour confirmer cette constatation nous représentons
sur la figure III.10 la variation de l'énergie de rupture le long du front de la fissure ; cette
distance est normalisée par l’épaisseur de la plaque. Le paramètre G est déterminé pour une
longueur de fissure 2a = 50 mm réparée par simple et double patch.
L’énergie de rupture en pointe de fissure dépend non seulement de la taille de la fissure et la
séquence d'empilement mais également de la position le long de l’épaisseur. En effet, les
valeurs les plus importantes de cette énergie sont obtenues du côté non réparé de la fissure. Le
paramètre G atteint son maximum au bord libre de la plaque puis décroît sur le côté réparé.
L'énergie de rupture du simple patch croit linéairement le long du front de fissure. Cette
énergie diminuée de 70 % sur les deux faces de la plaque réparée et non réparée.
Le comportement du paramètre G du double patch diffère de celui simple patch. En effet, sur
les deux cotés réparés de la plaque les valeurs de ce paramètre sont presque constantes. La
valeur la plus élevée du taux de restitution d'énergie est obtenue au cœur de la plaque.

16
Côté non réparé
14
Simple patch
Double patch
12

10
G (KJ / m² )

Côté réparé plaque (pli 1)

6
Côté réparé plaque (pli 8)

4
Côté réparé

2
-0,1 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 1,1
Distance normalisée
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Figure III.10 : Variation du paramètre de rupture G en mode I, le long du front de la


fissure.

IV.3. Effet de l'adhésif de réparation


La tenue en service d’une structure réparée par patch dépend de plusieurs facteurs dont les
propriétés mécaniques et géométriques de la structure elle-même, de l’adhésif et du patch.
L’adhésif est le point faible du renforcement par matériaux composites, c’est un matériau
présentant de très faibles caractéristiques mécaniques en cisaillement. Elle est souvent à
l’origine des défaillances du patch composite [41] car c’est sa rupture ou sa décohésion qui
provoque le détachement du renfort composite. En effet, 53% des défaillances constatées dans
les structures aéronautiques ainsi réparées sont dues à la colle [41]. Ces défaillances sont
essentiellement dues au transfert d’effort du substrat vers le patch composite.
Dans les structures réparées, les propriétés mécaniques de l’adhésif déterminent en grande
partie l’efficacité du transfert de charge dans le patch. Si l’adhésif est considéré comme un
matériau élastique, ses propriétés élastiques et en particulier le module de cisaillement ont un
rôle important sur la performance de la réparation. Les propriétés mécaniques des adhésifs
utilisés dans cette analyse sont indiquées sur le tableau III.4. La figure III.11 montre les
variations des énergies de ruptures en pointe de fissure réparée par simple patch pour
différents adhésifs.

Adhésif Module de cisaillement Coefficient de Poisson


(GPa)
Adekit A140 1,07 0,30
FM-73 0,96 0,30
FM-43 0,81 0,38
Epon 422 J 1,10 0,29
Redux K-6 1,27 0,36
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Tableau III.4: Propriétés mécaniques des adhésifs.

180

160
Adikite A140
140 FM 73
FM 43
120 Epon 422 J
G ( KJ / m )

Redux K-6
2

100

80

60

40

20

0
10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130
a (mm)

Figure III.11: Variations des énergies de ruptures en pointe de fissure pour différents
adhésifs.

L’accroissement de la taille de la fissure conduit à une augmentation du taux de restituions


d'énergie dont l’importance dépend de la nature de l'adhésif de réparation. Cet effet est plus
marqué pour des longueurs de fissures supérieures à 70 mm et réparées par le FM 73 et
l'Adekite A 140. Pour des fissures inferieur à 70 mm quelle que soit la nature de l'adhésif, les
valeurs des énergies de rupture G sont quasiment constantes. La réparation des fissures par les
adhésifs FM-43 , Epon 422 J et le Redux K-6 conduit pratiquement aux mêmes niveaux des
énergies de ruptures.
La réparation par l'Adekite A 140 engendre des énergies de rupture les plus faibles, par
contre celle du FM 73 conduit à des énergies de rupture les plus élevés. L'écart constaté
entres les valeurs du paramètre de rupture G en pointe de fissure réparées par les deux
adhésifs croît avec la taille de la fissure. Celui-ci ne dépasse pas les 20 %; il diminué à 8 %
pour des fissures inferieurs à 70 mm.
Chapitre III---------------------------------------- Réparation par patch d'un composite stratifie fissuré

IV.3. 1. Distribution des contraintes dans la couche adhésive


La réparation par collage de renforts en matériaux composites de structures endommagées est
devenue une technique largement acceptée et répandue. L'adhésif est donc un élément
fondamental, son rôle principal est d’assurer une bonne adhésion et minimiser le transfert des
contraintes de la structure vers le patch en composite. La connaissance des intensités de
contraintes et leur distribution dans la couche adhésive est d’une grande importance pour
prédire la durée de vie de la structure réparée.
Les contours des contraintes de pelage σz et de cisaillement τxz et τyz dans les plans xz et yz
sont illustrées la figure III.12. Ces contours sont déterminés pour une fissure de longueur 2a=
50 mm réparée par l'Adekite A 140 et le FM 73.
La réparation par les deux adhésifs engendre des niveaux de contraintes de cisaillement et de
pelage presque identiques. Une différence maximale de l’ordre de 15% est constatée entre les
contraintes des deux colles. Les contraintes de cisaillement et de pelage sont concentrées au
voisinage de la pointe de fissure et du bord du patch (interface plaque-patch). Puis elles
baissent d’intensité jusqu’au milieu de la couche adhésive pour atteindre leur minimum.
Ces contraintes sont positives au voisinage de la fissure, puis elles changent de signe en
augmentant en valeur absolue loin de cette pointe. Ces contraintes peuvent provoquer la
rupture par cisaillement de l’adhésif ou la décohésion du patch composite.

Figure III.12: Contour des contraintes (MPa) dans les couches adhésives.
Chapitre III---------------------------------------- Réparation par patch d'un composite stratifie fissuré

Pour compléter cette étude, nous déterminons les variations des contraintes de cisaillement et
de pelage dans la couche adhésive des différents adhésives considérés. Ces contraintes sont
tracées suivant une ligne virtuelle dans la couche adhésive. Cette ligne passe par la pointe de
fissure et traversant la largeur du patch composite, comme est indiqué sur la figure III.13.

Figure III.13: Représentation de la ligne virtuelle de variations des


contraintes dans la couche adhésive.

La figure III.14 montre les variations de la contrainte normale y dans la couche adhésive le
long de la largeur du patch composite. Quelle que soit la nature de l'adhésif de réparation les
plus fortes contraintes sont localisées au voisinage de la pointe de fissure. Ces contraintes
baissent d’intensité dans la couche adhésive pour atteindre leur minimum au voisinage proche
des bords du patch. L'utilisation d'un simple patch long engendre un surpoids de la structure et
peut provoquer le décalage de l’axe neutre de la structure réparée ; ce décalage entraîne la
création d’un moment de flexion dans la structure. La flexion de la plaque conduit à des
contraintes de compression au niveau des bords de la couche adhésive et du patch.
Cette flexion donne des champs de contraintes et déformations en pointe de fissure qui se
superposent aux contraintes d'ouverture. L'effet de ce moment peut être éliminé par une
réparation par double patch.
L'effet de la nature de l'adhésif apparait en pointe de fissure où la différence des contraintes
maximale ne dépasse pas les 30%. Loin de cette pointe la variation des contraintes est presque
constante. Le FM 73 et l'Adekite A 140 engendrent la même variation de contraintes.
Chapitre III---------------------------------------- Réparation par patch d'un composite stratifie fissuré

7
Adekit A140
6
FM 43
5
FM 73
Redux K-6
4 Epon 422J

3
Y (MPa)

0
0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0
-1
Distance normalisée (y/Wr)
-2

-3

Figure III.14: Variation de la contrainte normale y suivant la largeur de l’adhésif.

La distribution des contraintes de pelage σ z suivant la largeur de l’adhésif est illustrée sur la
figure III.15. L’amplitude de ces contraintes diminue progressivement du bord supérieur du
patch jusqu'a la pointe de fissure pour atteindre leur niveau le plus faible. Au-delà de la pointe
de fissure les contraintes de pelage augmentent d’intensité pour atteindre de nouveau leur
maximum à la position extrême de la couche adhésive. A cette position ces contraintes
peuvent présenter le risque de décollement du patch composite. Ce comportement est plus
marqué pour l'adekit A140. Pour les autres colles les contraintes de pelage sont pratiquement
stables, elles croissent uniquement au voisinage du bord du patch.
Chapitre III---------------------------------------- Réparation par patch d'un composite stratifie fissuré

24

22

20 Adekit A140
FM 43
18
FM 73
16 Redux K-6
z (MPa)

Epon 422J
14

12

10

0
0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0
Distance normalisée (y/Wr)

Figure III.15: Variation de la contrainte de pelage σz suivant la largeur de l’adhésif.

Les figures III.16 et III.17 illustrent respectivement les variations des contraintes de
cisaillement τxz et τyz dans la couche adhésive.

1
Distance normalisée (y/Wr)
0
0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0
-1
xz (MPa)

-2

-3 Adekit A140
-4 FM 43
FM 73
-5 Redux K-6
-6
Epon 422J

-7
Chapitre III---------------------------------------- Réparation par patch d'un composite stratifie fissuré

Figure III.16: Variation de la contrainte de cisaillement τxz suivant la largeur de la


couche adhésive.

0
0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0
YZ (MPa)

-2
Distance normalisée (y/Wr)
-4

-6
Adekit A140
-8 FM 43
FM 73
-10
Redux K-6
-12 Epon 422J

-14

-16

Figure III.17: Variation de la contrainte de cisaillement τyz suivant la largeur de la


couche adhésive.

Quels que soit la nature de l'adhésif et au niveau du bord inferieur du patch, les contraintes de
cisaillement dans le plan xz (Fig. III.16) sont les plus fortement localisées, puis leur intensité
diminue à mesure que l’on s’éloigne du bord inferieur du patch. Ces contraintes sont de signe
négatif, elles peuvent engendrées le décollement du patch et réduire les performances de la les
contraintes. Au voisinage de la fissure ces contraintes atteignent leurs valeurs minimales et
leur effet tend à être négligeable. Au-delà de cette position, les contraintes de cisaillement
sont de signe positif. Leur intensité augmente dans la couche adhésive pour atteindre leur
Chapitre III---------------------------------------- Réparation par patch d'un composite stratifie fissuré

maximum au bord extrême de la couche adhésive. Les contraintes tangentielles les plus
intenses sont obtenues pour l'adhésif FM 73.
Les contraintes τyz (Fig. III.17) sont les plus fortes d’intensité, comparées aux autres
contraintes de cisaillement τxz, leur maximum est atteint au bord supérieur du patch.
Contrairement aux contraintes de cisaillement dans le plan xz, ces contraintes (τyz) sont
presque nulles sur le bord supérieur du patch.
La majorité des endommagements observés dans les structures réparées sont dues à l’adhésif.
Sa rupture ou son décollement provoque le détachement du patch composite. L’utilisation
d’un adhésif de faible module de cisaillement conduit à une diminution des contraintes de
cisaillement, mais la majeure partie de ces contraintes est transférée, de la plaque fissurée vers
le patch. Par contre un adhésif rigide de propriétés mécaniques élevées augmente d’une part
l’intensité des contraintes de cisaillement, d’autre part il minimise leurs transferts vers le
patch, mais n’assure pas une bonne adhésion mécanique.
En conclusion l’analyse de nos résultats montre que l’intensité des contraintes de pelage et de
cisaillement est relativement faible. Ces contraintes ne constituent pas de risque immédiat
d’endommagement la couche adhésive. Mais à long terme, à la fatigue ces contraintes peuvent
conduire à la rupture de l’adhésif. Ce comportement peut être accéléré par la présence des
défauts dans la couche adhésive ou par son vieillissement dû à l’environnement. Pour
compléter cette étude nous comparons respectivement sur les figures III.18 et III.19 les
contraintes de pelage σz et de cisaillement τyz de l'adhésif FM 73. Cette comparaison est
effectuée pour une simple et double réparation. La comparaison des contraintes montre l'effet
bénéfique du double patch sur l'absorption du transfert de contrainte de la plaque composite
vers le patch à travers la couche adhésive. En effet; le double patch conduit à une réduction
moyenne des contraintes de l'ordre de 60 % par rapport au simple patch. L’intensité des
contraintes de cisaillement est relativement faible par rapport à la contrainte de rupture de
cisaillement du FM73. Celle-ci est voisine de 40MPa [59]. Les contraintes de pelage du
FM73 sont aussi inférieures à leur contrainte de rupture (34 MPa) [60].
Chapitre III---------------------------------------- Réparation par patch d'un composite stratifie fissuré

Simple patch
6
Double patch

5
z (MPa)

0
0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0
Distance normalisée (y/Wr)

Figure III.18 : Comparaison des contraintes de pelage σz d'une une simple et double
réparation.

2
yz (MPa)

-2 Simple patch
Double patch
-4

-6
0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0
Distance normalisée (y/Wr)
Chapitre III---------------------------------------- Réparation par patch d'un composite stratifie fissuré

Figure III.19 : Comparaison des contraintes de cisaillement τyz d'une une simple et
double réparation.

IV.4. Réparation en mode mixte


La rupture des matériaux par ouverture (mode I) n’est pas seule responsable de la propagation
de la fissure, plusieurs exemples industriels montrent la présence du mode II et le mode mixte.
Le mode mixte le plus couramment rencontré et le plus dangereux, est le résultat des modes
d’ouvertures (mode I) et de glissement (mode II). De nombreuses études expérimentales et
des simulations numériques ont été effectuées sur la rupture en mode mixte. Il est bien connu
que la résistance à la rupture en mode mixte dépend du mode réel de propagation de fissure et
du paramètre de rupture utilisé. Le calcul de la direction de propagation des fissures en mode
mixte peut être déterminé par les critères mécaniques qui se basent sur les champs de
contraintes, de déformations ou de déplacements. Lorsque la fissure est soumise au
chargement en mode mixte, le déplacement de la pointe de fissure peut être décomposé en
deux parties, un déplacement horizontal correspondant au chargement en mode I, et le
déplacement vertical dû au glissement en fond de fissure correspondant au chargement en
mode II. Ainsi, la propagation de fissure se produit dans la direction qui correspond au
maximum de la composante d'ouverture ou au maximum de la composante de cisaillement.
Chapitre III---------------------------------------- Réparation par patch d'un composite stratifie fissuré

La plupart des travaux sur l'analyse de la rupture des structures réparées par patch composite
ont porté sur la prévision de la durée de vie de ces structures sous un chargement en mode I
pur. Cependant, dans les applications réelles, les structures sont soumises à diverses formes de
conditions de chargement. La propagation des fissures et leur mode de rupture surviennent en
raison de la combinaison de tels chargements. De nombreuses études expérimentales et
numériques ont été conduites sur la rupture des structures réparées par patch en mode mixte I
et II avec certaines simplifications dans l'analyse. Chung et Young [51] ont effectué des essais
de fatigue sur des plaques épaisses en aluminium fissurées est réparées par un simple patch en
composite d'épaisseur dégressive. Leurs expériences ont montré que les fissures débouchantes
inclinées se propagent à travers l'épaisseur du patch non uniforme et la différence entre les
longueurs de fissures mesurées sur les surfaces des plaques réparées et non réparées est de
l'ordre de l'épaisseur de la plaque. Hosseini Toudeshky et al. [52] ont étudié
expérimentalement et numériquement par la méthode des éléments finis tridimensionnels, la
résistance à la fatigue, la propagation de fissures centrales inclinées et la durée de vie des
structures réparées par simple patch en composite. Cependant, les résultats expérimentaux
montrent que le front de fissure devient une forme tridimensionnelle courbée au bout de
quelques étapes de propagation. Fekih et al [53, 55] ont analysés par la méthode des éléments
finis tridimensionnelle non linéaire l'effet des dimensions et formes du patch sur la variation
de l'intégrale J le long du front de fissures réparées par patch en composite. La méthode des
plans d'expériences a été appliquée pour optimiser la taille du patch. Les auteurs montrent que
la largeur du patch doit en mode I et en mode mixte I+II être très supérieure à la longueur de
la fissure. L'augmentation de la longueur ou la largeur du patch conduit à une augmentation
de la résistance de la structure réparée.
Sethuraman et Maiti [57] ont effectué une analyse en modes I et II puis en combinant les deux
modes de rupture. Plus tard, ils ont étudié les paramètres d'un certain nombre de variables
telles que l'emplacement du patch et sa longueur, les propriétés mécaniques du patch et de
l'adhésif ainsi que leurs épaisseurs. Ramji et Srilakshmi [58] ont étudié la réparation par patch
non symétrique des structures chargées en mode mixte. Leur analyse a montré que la forme
du patch n'a pas d'impact significatif sur la réduction du facteur d'intensité de contraintes en
pointe de fissure.

IV.4.1. Modèle géométrique


Chapitre III---------------------------------------- Réparation par patch d'un composite stratifie fissuré

Le modèle géométrique de la plaque réparée par simple patch en composite est représenté sur
la figure III.20. La plaque en composite stratifié de séquence [90 45 -45 0]s présente une
fissure centrale inclinée d'un angle θ et de longueur 2a = 50 mm réparée par un patch en
composite à 4 plis [0 90 -45 45]. Les propriétés mécaniques de la plaque et du patch sont
identiques à celles du mode I (tableau III.3). Le patch étant collé à la plaque par l'Adekit
A140. Les caractéristiques géométriques et mécaniques de la plaque et de l'adhésif ainsi que
les conditions de chargement sont les mêmes que celles considérées en mode I. Le maillage
3D de la structure approprié au modèle géométrique est représenté sur la figure III.21.

Figure III.20: Modèle géométrique de la fissure inclinée réparée par simple patch.
Chapitre III---------------------------------------- Réparation par patch d'un composite stratifie fissuré

Figure III.21: Maillage de la plaque à fissure inclinée et du patch.

IV.4.2. Fissure réparée et non réparée en mode mixte

Le comportement d'une fissure inclinée est réparée par simple patch en composite est
représenté sur la figure III.22. Celle-ci présente les variations de la grandeur de Griffith en
fonction de l’angle d'inclinaison θ.
L’accroissement de l'angle d'orientation de la fissure conduit à la diminution de l'énergie de
rupture. Une fissure sollicitée en ouverture conduit à des niveaux d'énergies plus élevés que
ceux obtenus pour des fissures inclinées. Ceci peut être dû au fait que la fissure est sollicitée
en mode d’ouverture (mode I pur), les champs de déformations et contraintes sont maximaux
entraînant ainsi une augmentation du paramètre G. Lorsque l’inclinaison de la fissure
augmente celle-ci se propage en mode mixte I+II où le mode II domine le mode I. Cette
orientation conduit à une modification du champ de contrainte et de déformation prés de la
pointe de fissure. Ces contraintes et déformations sont divisées à leur tour en contraintes et
déformations d’ouverture et de cisaillement conduisant ainsi à une diminution du paramètre G
Nos résultats montrent clairement l’effet de la performance de la réparation par patch sur
l’absorption des contraintes en pointe de fissure. En effet, les valeurs du taux de restitution
d'énergie les plus élevées sont obtenues dans la structure non réparées. Cette énergie décroit
Chapitre III---------------------------------------- Réparation par patch d'un composite stratifie fissuré

de 70 % par rapport aux énergies des fissures réparées. L'inclinaison de la fissure θ (de 40° à
60°) conduit à une différence des énergies de rupture presque constante.

25

sans patch
avec patch
20

15
G (KJ / m² )

10

0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65
Angle d'inclinaison de la fissure  (°)

Figure III.22: Variation du paramètre de rupture G en fonction de l'angle .

La comparaison des énergies de ruptures du simple et double patch est illustrée sur la figure
III.23. Les résultats cette figure, montrent que pour les deux techniques de réparation,
l'énergie de rupture des deux types de réparation diminue d’une façon asymptotique. Elle tend
à se stabiliser à mesure que la l'inclinaison de la fissure θ augmente. Cet effet est plus marqué
pour le double patch. Au-delà d'une inclinaison de 15°, les valeurs de la grandeur de Griffith
sont presque identiques.
L’effet bénéfique du double patch apparait pour une fissure sollicitée en mode d'ouverture où
nous notons un gain de 60%, ce gain diminue avec l’augmentation de l'angle d'inclinaison de
la fissure.
Chapitre III---------------------------------------- Réparation par patch d'un composite stratifie fissuré

14

12

10
simple patch
double patch
8
G (KJ / m² )

0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65
Angle d'inclinaison de la fissure  (°)

Figure III.23: Comparaison entre simple et double réparation d'une fissure inclinée.

La figure III.24 illustre la variation de l'énergie de rupture le long du front d'une fissure de
longueur 2a = 50 mm et inclinée d'un angle de 45°.
Quel que soit le mode de propagation de la fissure I ou mixte I+II, l'énergie de rupture du
simple patch atteint son maximum au bord libre de l'éprouvette puis décroît sur le côté réparé.
Nous nous enregistrons une différence d'énergie des deux cotés de 33%. Une propagation en
mode I (Fig. III.10) conduit à une variation linéaire de l'énergie de rupture le long du front de
fissure. Par contre une propagation en mode mixte modifie complètement ce comportement.
Une fissure orientée perpendiculairement au chargement conduit à l’énergie de rupture la plus
importante. L'inclinaison de la fissure modifie la distribution des contraintes absorbées par le
patch de la plaque à travers l'adhésif. Ces contraintes sont divisées à leur tour en contraintes
d’ouverture et de cisaillement conduisant ainsi à une diminution de l'énergie en pointe de
fissure. Le mode de propagation de fissure n'affecte pas la variation de l'énergie de rupture le
Chapitre III---------------------------------------- Réparation par patch d'un composite stratifie fissuré

long du front de fissure. En effet, cette énergie est minimale sur les bords réparés, elle croit
sensiblement au cœur du composite réparé. Une propagation en mode I (Fig. III.10) conduit à
une augmentation de l'ordre de 50 % de cette énergie. Ce taux est obtenu sur le coté du pli 8
de la plaque.

4,6

4,4 Côté non réparé


Simple patch
4,2 Double patch
.
4,0

3,8
Côté réparé plaque
G (KJ / m² )

3,6 (pli 1)

3,4

3,2

3,0

2,8 Côté réparé


Côté réparé plaque
2,6 (pli 8)

-0,1 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 1,1
Distance normalisée

Figure III.24 : Variation du paramètre de rupture G en mode mixte I+II, le long du


front de la fissure.
Chapitre III---------------------------------------- Réparation par patch d'un composite stratifie fissuré

WP/2=WR/2

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