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Résumé

« Le meilleur service qu’on peut rendre à un jeune est de l’aider à “mettre au


monde” son envie, ses envies. »
Jean Todt
Conçu pour améliorer le rapport aux études, apprendre à étudier, s’orienter et
décider, le coaching scolaire n’est pas un coaching comme les autres. C’est tout le
propos de ce guide qui s’adresse en particulier aux parents désireux d’accompagner
efficacement la scolarité de leur enfant et de le voir réaliser son potentiel. Il propose
une synthèse d’introduction au coaching scolaire (histoire, fondements,
applications) en même temps qu’une sensibilisation pratique à cette discipline :

Comment discerner le besoin de son enfant ?


Comment l’accompagner au quotidien ?
Qu’est-on en droit d’attendre du coaching ?
Quelles sont les qualités d’un bon coach ?
Accessible et vivant, il s’appuie sur des encadrés pour aller à l’essentiel, des
exercices pour appliquer, des schémas et des illustrations pour mémoriser. À la fin
de chaque chapitre, des ateliers pratiques permettront aux parents d’utiliser les
outils du coaching dans leur vie de tous les jours.

Biographie auteur
Matthieu Grimpret est professeur d’histoire-géographie.
Auteur de plusieurs ouvrages, il enseigne en lycée et a
créé Objectif Post Bac, premier cabinet exclusivement
consacré au coaching scolaire en France.
http://www.objectifpostbac.fr/

www.editions-eyrolles.com

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Matthieu Grimpret
Préface de Jean Todt

LE COACHING
SCOLAIRE
Aidez votre enfant à découvrir
et à développer son potentiel

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Éditions Eyrolles
61, boulevard Saint-Germain
75240 Paris cedex 05
www.editions-eyrolles.com

La collection Apprendre Autrement propose des livres pour apprendre de façon ludique,
créative et avec plaisir.

Illustrations originales : Yrgane Ramon


Mise en page : Caroline Verret

En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou


partiellement le présent ouvrage, sur quelque support que ce soit, sans autorisation de
l’éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie, 20, rue des Grands-
Augustins, 75006 Paris.

© Groupe Eyrolles, 2014


ISBN : 978-2-212-55975-0

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SOMMAIRE
PRÉFACE

AVANT-PROPOS
Un chemin pour avancer
Apprendre à organiser sa vie à l’école
Une histoire de méthode
Mes débuts en tant que coach
Objectif Post Bac !

INTRODUCTION
À quoi sert le coaching scolaire ?
Le coach, l’élève, les parents
À qui s’adresse ce livre ?

CHAPITRE 1. LE COACHING SCOLAIRE, UN COACHING PAS


COMME LES AUTRES
Le coaching : accompagner la flèche vers sa cible
Les trois composantes du coaching
Accompagner
Mobiliser les ressources intérieures
Se fixer des objectifs à atteindre
Coaching et développement personnel
Les spécificités du coaching scolaire
Milieu scolaire
L’adolescence
De bonnes notes et appréciations
Le bel avenir du coaching scolaire
Ce que le coaching scolaire n’est pas…
Une psychothérapie
Du soutien scolaire ou de l’aide aux devoirs
Comprendre
Apprendre
Utiliser/Restituer

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Les cinq qualités du coach scolaire
L’exigence
La détermination
La bienveillance
Le pragmatisme
La rationalité
Une éthique féconde : la déontologie au service de l’efficacité
Une prestation inestimable… qui a un coût !
Si le coach scolaire était un objet…

CHAPITRE 2. LE COACHING SCOLAIRE POUR AMÉLIORER LE


RAPPORT AUX ÉTUDES
Se mettre en mode « Objectif »
(Re)prendre le leadership sur sa scolarité
Solution 1 : le travail régulier et suivi
Solution 2 : sortir du cycle infernal
Booster sa scolarité
Faire feu de tout bois pour améliorer sa scolarité
Bien gérer les cahots de sa scolarité
Le décrochage scolaire
Le changement de niveau ou d’établissement
Rationaliser les processus relationnels avec les autres acteurs de sa
scolarité
L’élève et ses parents
L’élève et ses professeurs
L’élève et l’administration scolaire
Les parents et les professeurs / Les professeurs entre eux
Quelle est la place du coach dans ces relations ?
Si le coach scolaire était un objet…

CHAPITRE 3. LE COACHING POUR APPRENDRE À ÉTUDIER


Oui, le plaisir scolaire existe !
Découvrir
Créer
Partager
Répéter

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Mettre en place le back-office scolaire
Se donner un cadre pour le travail personnel
Le bon moment
Le bon endroit
Le bon état d’esprit
Se mettre et rester au travail
Trouver du plaisir dans le travail
Persévérer dans le travail
Les trois objectifs du travail personnel
Apprendre à apprendre
Apprendre à comprendre
Apprendre à utiliser/restituer ses connaissances
Si le coach scolaire était un objet…

CHAPITRE 4. LE COACHING POUR S’ORIENTER… ET DÉCIDER !


Faire des choix
Se fixer un cap : un enjeu crucial à l’ère du « tout est possible »
Les tentations auxquelles résister
Trouver son chemin
Moment de choix, moment de joie
Un stress à gérer
Articuler le milieu scolaire et le milieu professionnel, un défi pour le coach
Entre ambition et réalisme, bien se situer pour mieux s’orienter
Apprendre à se connaître
Des questions à se poser
Décider et s’en tenir à sa décision
Mais qu’est-ce que décider, au fond ?
Vouloir
Se donner les moyens
Se plier à une discipline
Se lancer
Quel est le rôle du coach à chacune de ces étapes ?
Se ménager des passerelles et des recours
Si le coach scolaire était un objet…

CHAPITRE 5. QUAND ? OÙ ? COMBIEN ? LES ASPECTS PRATIQUES

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DU COACHING SCOLAIRE
Le contenu et le déroulement des séances
Les trois temps d’une séance de coaching
Le débriefing, ou diagnostic
La remédiation méthodologique
L’ajustement de l’emploi du temps de l’élève
Les séances-bilan
La durée du coaching et la fréquence des séances
Le deep coaching
Spécificités
Ratio tâches de fond / tâches ponctuelles.
Durée du coaching.
Durée des séances
Fréquence des séances
Le coaching méthodologique
Spécificités
Ratio tâches de fond / tâches ponctuelles.
Durée du coaching.
Durée des séances
Fréquence des séances
Le coaching compétition / coaching commando
Spécificités
Ratio tâches de fond / tâches ponctuelles.
Durée du coaching.
Durée et fréquence des séances.
L’évaluation et le contrôle de l’efficacité
Si le coach scolaire était un objet…

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

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PRÉFACE

Il y a quelques mois, l’un de mes amis m’apprend au détour d’une


conversation que ses filles, lycéennes à Paris, sont accompagnées par un
coach scolaire. Je m’en étonne car je les sais brillantes élèves. Mon ami me
répond alors, avec une certaine malice : « Mais les meilleurs, eux aussi,
peuvent avoir besoin d’un coach, Jean ! Toi-même, n’as-tu pas été une sorte
de coach pour des pilotes de très haut niveau ? » Des champions, en effet,
j’en ai côtoyés, accompagnés, guidés tout au long de ma carrière dans le
sport automobile, comme coéquipier puis comme patron d’équipe : je pense
en particulier au grand Jean Guichet, vainqueur des 24 Heures du Mans en
1964, à Timo Mäkinen, Guy Fréquelin, Jean-Pierre Beltoise, Jean-François
Piot et d’autres dont j’ai été le copilote ; plus tard, en tant que patron
d’équipe, j’ai dirigé Kankkunen, Vatanen, Ickx, Warwick, Berger, Massa, et
bien sûr Michael Schumacher. Je pourrais également évoquer les
personnalités de toutes origines et de tous secteurs d’activité qui m’ont fait
l’honneur de solliciter mes conseils dans les domaines les plus variés.
C’est une forme de coaching, en effet. Aucun d’entre eux, aucun d’entre
nous, n’est infaillible.
On pourrait croire que coacher des adolescents ou des jeunes adultes,
élèves ou étudiants, est plus simple que coacher des champions de course
automobile. Il est vrai que les enjeux sont différents. Moins décisifs ? Pas
sûr. Pour un lycéen, décrocher le bac est aussi important que d’être au
départ d’un grand prix et de viser la qualification en première ligne pour un
pilote. La comparaison entre les deux challenges peut sembler ne pas avoir
de sens. Et pourtant... Le « secret » du succès est le même, il tient d’abord à
l’état d’esprit avec lequel on aborde l’épreuve. Et cet état d’esprit doit être
le même dans l’une et l’autre, pour le bac comme pour le titre de champion
du monde de Formule 1.
C’est ce qui m’a plu dans l’approche de Matthieu Grimpret : au-delà des
différences entre nos secteurs d’activité, en apparence très éloignés l’un de
l’autre, je me retrouve dans ce qu’il écrit. Et ce, pour plusieurs raisons.
D’abord, avec ses élèves, il utilise souvent les métaphores sportives –
spécialement les métaphores automobiles ! Le sport est en effet une école de
vie formidable, où l’on apprend à se fixer des objectifs, à la fois réalistes et

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ambitieux, et à se donner les moyens d’atteindre ces objectifs. Cela passe
par l’acquisition de certaines qualités, comme la persévérance, la
combativité, l’audace, la discipline, la constance, mais aussi la prudence et
l’humilité. Le sport apprend que l’on n’a pas le droit de renoncer, quelle
que soit la difficulté, et qu’il y a un temps pour semer et un autre pour
récolter, et qu’entre les deux il faut savoir être patient. Le sport est une
école d’objectivité et de rationalité.
Mais le plus important, c’est certainement l’envie. Le meilleur service que
l’on peut rendre à un jeune est de l’aider à « mettre au monde » son envie,
ses envies. L’envie de faire, l’envie de bien faire, l’envie de faire de son
mieux, l’envie de faire sans relâche. Se maintenir à un niveau d’envie
constant, pour produire des résultats optimaux, c’est un véritable défi pour
un(e) adolescent(e) ou un(e) jeune adulte. À cet âge-là, tout se mélange : les
objectifs, les projets, les rêves… Ordonner ce bouillonnement n’est pas
évident. Le coach, précisément, est là pour canaliser, entretenir, réveiller
l’envie, et la transformer en victoire, petite ou grande selon les personnes,
mais toujours juste. Pour ce faire, rien ne remplace la méthode. Voilà le
mot-clé : pour aller quelque part, il faut une route. Si elle existe déjà, il faut
l’apprendre, y rouler en respectant les règles et en étant vigilant car le plus
important est de rejoindre l’arrivée. Et si elle n’existe pas, il faut la tracer
soi-même. Sans jamais rien tenir pour acquis.
Au final, ce livre porte l’empreinte d’un principe fondamental pour celui
qui veut avancer vers son but : le pragmatisme, la faculté à s’adapter à
toutes les situations, à s’ajuster à toutes les conditions. C’est le « secret »
des plus grands, tel Michael Schumacher, dont j’ai suivi et accompagné la
carrière chez Ferrari et qui reste à ce jour le pilote de Formule 1 le plus
titré de l’histoire. Au fil des années, Michael est devenu bien plus qu’un
collaborateur ou un coéquipier : un véritable ami. Ce que j’admire le plus
chez lui, c’est qu’à ses yeux un combat n’est jamais perdu tant qu’il n’est
pas livré jusqu’au bout. Et pour bien mener un combat, il faut savoir
s’adapter, pousser très loin sa curiosité, rester en permanence à l’écoute des
autres et des circonstances, affronter l’adversité en vérité, sans triche. C’est
pour cela que Michael est aujourd’hui une icône, un héros voué à laisser
une marque spéciale dans l’histoire de la compétition automobile.
Je souhaite à tous les lecteurs de ce livre, et à tous ceux qui comprendront
l’intérêt d’être accompagnés dans leur scolarité par un coach, de rencontrer
sur leur chemin les personnes qui les aideront à devenir de vrais
champions.

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Jean Todt
Président de la Fédération internationale de l’automobile

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AVANT-PROPOS

Un chemin pour avancer


Au siècle dernier, Jean Ferrat chantait que « nul ne guérit jamais de son
enfance ». Cet ouvrage est la preuve, s’il en fallait, que c’est au contraire
possible. Ma propre expérience m’en a inspiré le contenu. J’étais un enfant
plongé dans les livres, distrait, imaginatif, casanier, souvent décalé. J’étais
surtout sujet à de profondes angoisses dont j’ignorais – et dont j’ignore
encore – la cause. Les parades que j’avais trouvées étaient à la fois simples
et étranges. D’abord, j’avais remarqué que ces angoisses restaient en retrait
lorsque ma tête et ma vie étaient, pour ainsi dire, « bien rangées ». Ce qui
était très efficace, en particulier, c’était les symétries d’activités, qui
ressemblaient parfois à de véritables équilibres comptables, et les
associations de formes ou de couleurs. Les premières, dont mes journées
étaient émaillées, me paraissent aujourd’hui un peu surréalistes : 1 livre lu
= 1 tour du jardin en vélo ; 1 escalier descendu = 1 escalier monté ; 1 ongle
rongé = 1 lavage d’oreilles ; 1 cartouche d’encre vidée = 1 crayon à papier
taillé… Les deuxièmes étaient parfois contraignantes : lampe de chevet
rouge, table de chevet rouge, réveil rouge, housse de couette rouge, taie
d’oreiller rouge, stylo-plume rouge…
Tous ces rites, ces ordonnancements parfaitement calculés, ces classements
systématiques m’apaisaient et me donnaient le sentiment d’être moins
vulnérable. La peur de vaciller s’estompait. Et lorsque, malgré ces
défenses, une angoisse passait à travers les mailles du filet et venait me
harceler, j’avais deux armes imparables : je faisais des arbres
généalogiques (les rois scandinaves, les empereurs moghols, les grandes
familles bretonnes, les grands-ducs de Toscane, les rois du Portugal, etc.) et
je rangeais ma chambre. Ces deux activités me donnaient l’impression de
disposer du temps et de l’espace, et me procuraient, aussi farfelu que cela
puisse paraître, un réel bien-être. C’est ainsi, je crois pouvoir le dire, que
j’ai traversé mon enfance et une bonne partie de mon adolescence sans crise
majeure.

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Apprendre à organiser sa vie à l’école
Quel rapport, me direz-vous, avec le coaching scolaire ? Vous allez
comprendre. D’abord, comme vous le verrez dans les pages qui suivent,
l’une des principales finalités du coaching scolaire consiste à organiser sa
vie à l’école en se donnant des méthodes, lesquelles recourent toutes aux
exercices évoqués ci-dessus : se fixer des objectifs, ranger, classer, établir
des liens, ordonner, hiérarchiser, associer, distinguer, etc. Ensuite, avoir
expérimenté les bienfaits de l’organisation dans tous les domaines de ma
vie, et ce dès l’enfance, m’a donné le goût de la logique et des opérations
mentales et intellectuelles. Ce goût, je l’ai développé quelques années plus
tard à Sciences Po, le temple de la problématisation et des plans en « deux
parties/deux sous-parties », où les classes d’étudiants s’appellent, de
manière très éloquente, des « conférences de méthode ». Les circonstances
de la vie m’ont ensuite conduit dans un institut où j’ai reçu une formation
fondamentale en philosophie de la nature, métaphysique, philosophie
morale et psychologie. Je me souviens en particulier de ma découverte de
deux livres qui m’aidèrent à organiser mon travail et ma vie de manière
décisive. Le premier est L’Art de la définition, d’Aline Lizotte : comment
agir quand on ne sait pas nommer le réel sur lequel on prétend agir ? Le
deuxième est Les Catégories d’Aristote : comment nommer le réel quand on
ne sait distinguer les éléments qui le composent ?

Une histoire de méthode


Peut-être ces explications ne répondent-elles toujours pas à votre question :
quel rapport avec le coaching scolaire ? Patience, on y arrive ! Sachez
d’ores et déjà que le coaching est un accompagnement qui permet de
progresser sur un chemin (meta odos, en grec – qui a donné le mot
« méthode ») défini par deux points différents, le point de départ et le point
d’arrivée, et implique de distinguer l’objectif (à choisir) et les moyens qui
permettent d’atteindre ledit objectif.
Devenu professeur d’histoire, je constatai qu’à la différence de la plupart
de mes collègues, je préférais enseigner le « comment » et le « pourquoi »
plutôt que le « quoi ». Loin d’être un spécialiste des villes du Moyen Âge
ou du « New Deal » des années 1930, je me voulais (et me veux toujours)
expert de la dissertation. Tout ce qu’un professeur normalement constitué
déteste faire, en général à l’unisson de ses élèves ! Le premier chef
d’établissement qui m’a recruté a d’emblée perçu que cette compétence

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correspondait à un réel besoin des jeunes d’aujourd’hui – être guidés vers
leurs propres ressources et formés à la bonne utilisation de ces dernières –
et m’a incité à la décliner sur le plan « mental », au lieu de la réserver au
plan intellectuel et scolaire : organiser sa vie autant que sa scolarité –
mieux : organiser sa vie pour réussir sa scolarité, organiser sa scolarité
pour réussir sa vie. Cependant, je ne crois pas être parvenu, à ce moment-
là, à l’objectif qu’il m’avait laissé entrevoir. Mais quelques années plus
tard, devenu directeur d’un grand lycée parisien, il m’a proposé de le
rejoindre pour mener une aventure pour le moins singulière dans le paysage
très rigide de l’Éducation nationale française : prendre en main en tant que
professeur principal une promotion de lycéens, la former et la motiver
quotidiennement à partir d’une méthodologie ad hoc fondée sur le triptyque
compréhension/mémorisation/utilisation, que vous découvrirez dans les
pages qui suivent.

Mes débuts en tant que coach


La première année fut agitée : dépourvu de véritable outil formalisé, car je
n’avais pas encore eu le temps d’y réfléchir et d’en concevoir, prisonnier
d’une vision très académique de l’enseignement, j’ai souvent dû improviser,
dans un climat général d’exigence parfois irréaliste – au point qu’à
l’approche des vacances d’été, j’ai demandé en conseil de classe
l’exclusion du tiers de la promotion ! Je jugeais en effet ces élèves
insuffisamment investis, au plan du travail comme au plan du comportement,
dans leur apprentissage. On me refusa, bien entendu, cette requête, ce qui
me conduisit à une féconde – quoique ardue – remise en question. Je
consacrai une partie des mois de juillet et d’août à réfléchir au nouveau
départ que je devais prendre, que nous devions prendre tous ensemble. Il
me fallait en particulier reconsidérer ma place par rapport au groupe ;
j’avais l’intuition de la nécessité d’un repositionnement, notamment parce
que la perspective de l’année scolaire à venir serait unique, cruciale et
décisive pour mes élèves : décrocher le bac et, surtout, la bonne formation
post-bac. Il me fallait un terme pour « ramasser » la nouvelle place que je
devais occuper. Je ne le trouvai pas et fis ma rentrée en espérant parvenir
quand même à faire comprendre à mes élèves à quelle sauce ils seraient
mangés cette année-là. Première rencontre, je leur explique le nouveau
mode de fonctionnement : rigueur, discipline, entraînement, dépassement de
soi, collaboration, empathie, progression, évaluations, sueur, résultats,
compétition, victoire ! L’un de mes élèves lance alors : « OK, coach ! » Le
mot était trouvé. Dix mois plus tard, les résultats furent à la hauteur de

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l’engagement : 100 % de réussite au bac, dont 92 % de mentions, 89 % des
premiers choix d’orientation validés sur APB1. Et tout ça avec une classe
dont je voulais virer le tiers un an plus tôt !

Objectif Post Bac !


Dans la foulée de cette expérience, je décidai de fonder le premier cabinet
français uniquement dédié au coaching scolaire en individuel, plus
spécifiquement tourné vers les lycéens, dont le nom, pour le coup, émergea
très vite – Objectif Post Bac – avec une idée très simple : le bac se
décroche en deux mois, le post-bac se décroche en deux ans ! Traduction :
si les épreuves du bac, compte tenu de leur niveau souvent peu exigeant,
peuvent être préparées pendant les dernières semaines de terminale, le post-
bac, lui, se prépare dès le premier trimestre de première, voire le troisième
trimestre de seconde. En effet, réussir sa scolarité en lycée est une chose ;
réussir ses études supérieures en est une autre. Pour le premier objectif, il
suffit d’avoir son bac. Pour le deuxième, il faut entrer dans une bonne école,
une bonne prépa, un bon cycle court, voire une bonne fac, car les filières
universitaires sont de plus en plus sélectives. Les deux objectifs
représentent des défis très différents car, aujourd’hui, la principale porte
d’entrée dans l’enseignement supérieur qualifié, c’est le dossier. Les
recruteurs examinent systématiquement les bulletins des trois trimestres de
première et des deux premiers trimestres de terminale – et parfois même
ceux de seconde ! Cette situation emporte deux nécessités :

en premier lieu, choisir sa formation qui doit correspondre aux souhaits de


l’élève, conduire à des secteurs porteurs sur le plan professionnel, surtout en cette
période de chômage endémique, et être accessible ;

en second lieu, se constituer un dossier « béton » dès le premier trimestre de


première, en portant un soin tout particulier aux notes et aux appréciations du
contrôle continu. Autrement dit, du travail régulier, au quotidien, sur le long terme :
bref, une course de fond.
Et pour tenir la distance (deux ans !), il faut se donner un mental de gagnant
et travailler de manière méthodique. Autrement dit être aidé, soutenu,
orienté, conseillé, formé. C’est précisément le rôle du coach, que retracent
les pages qui suivent, lesquelles sont à la fois la graine et le fruit des
milliers de séances de coaching scolaire vécues par mes collaborateurs et
moi-même avec les dizaines de garçons et de filles que nous avons suivis
sur plusieurs mois, parfois plusieurs années.

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1. Admission post-bac.

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INTRODUCTION

Ce livre se veut la première présentation grand public d’une branche du


secteur de l’éducation appelée à un bel avenir : le coaching scolaire.
Véritable coaching, mais adapté aux adolescents et aux jeunes adultes, il
consiste à les aider à réussir leurs études en exploitant au maximum leurs
ressources psychologiques et intellectuelles.

À quoi sert le coaching scolaire ?


Dans un premier temps (chapitre 1), vous découvrirez les bases du coaching
scolaire, son histoire, ses principes fondateurs et ses déclinaisons
concrètes, les aptitudes et compétences qu’on attend d’un coach digne de ce
nom, la déontologie à laquelle ce dernier doit se plier... En un mot, tout ce
qu’est le coaching scolaire dans ses aspects à la fois concrets et théoriques,
mais aussi ce qu’il n’est pas, afin de lever dès le départ tous les
malentendus possibles.
On entrera ensuite dans le vif du sujet : à quoi sert le coaching scolaire ?
Quel(s) but(s) poursuit-il ? Pourquoi peut-on dire que le coaching scolaire
est la solution idoine pour booster les études de votre enfant ? Vous
découvrirez ainsi les trois raisons majeures d’y recourir :

améliorer le regard que votre enfant porte sur ses études (chapitre 2), afin de
l’aider à (re)prendre confiance en lui et à s’approprier pleinement sa scolarité,
condition sine qua non de la réussite, en particulier à notre époque où, sans la
mobilisation consciente et délibérée de la volonté individuelle, rien ne peut être
entrepris ;

apprendre à étudier (chapitre 3), car si nos enfants sont la plupart du temps
correctement encadrés à l’école, au collège, au lycée et en formation supérieure, il
n’en va pas de même à la maison : livrés à eux-mêmes, dépourvus de méthodes de
travail pour mieux apprendre, comprendre et répondre aux attentes des correcteurs
et examinateurs, ils n’ont souvent le choix qu’entre le bûchage harassant car peu
productif et le découragement annonciateur de la médiocrité, et parfois même du
décrochage ;

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l’aider à s’orienter (chapitre 4) : l’orientation en fin de seconde puis en terminale,
voire dans les deux premières années du supérieur, est devenue un casse-tête pour
de nombreux jeunes et leurs parents, entre la complexité des procédures
d’inscription en formation supérieure (ah, les trois lettres maudites : APB !) et la
distorsion entre rêves professionnels et capacités intellectuelles, en passant par le
regret d’avoir été imprévoyant en ne « blindant » pas suffisamment son dossier
scolaire au cours du cycle terminal du lycée.
Enfin, dans le cinquième et dernier chapitre, vous prendrez connaissance
des aspects concrets du coaching : le contenu et le déroulement des
séances ; la durée du coaching et la fréquence des séances ; les différents
types de coaching ; les moyens de contrôler son efficacité ; et bien sûr,
question cruciale, son coût...

Le coach, l’élève, les parents


J’ai également voulu que ce livre soit un outil de travail pour les parents qui
réfléchissent à l’opportunité d’un coaching scolaire pour leur(s) enfant(s).
Certes, comme vous le découvrirez au chapitre 2, l’un des intérêts du
recours à un coach est de briser le tête-à-tête parents/enfant – tête-à-tête
souvent stérile dès qu’il s’agit de questions scolaires, notamment quand
l’enfant est un adolescent « normal », c’est-à-dire plutôt enclin à répondre
« Bof… », « Ça sert à rien… » ou carrément « Foutez-moi la paix ! » aux
propositions de ses parents (aka « vieux », « darons », « reup/reum », etc.)
en la matière. Mais s’ils ne peuvent être des coachs au plein sens du terme,
les parents peuvent préparer le terrain, soit en inculquant à leurs enfants
certaines pratiques scolaires de base, qui peuvent suffire à débloquer une
situation problématique ; soit en évaluant les besoins méthodologiques de
ces derniers, de manière à répondre à la question : « Mon enfant a-t-il
besoin d’un coaching scolaire ? »
Ainsi, puisque le coaching scolaire se fonde sur une approche renouvelée
de l’apprentissage des savoirs et des savoir-faire, ce livre vous propose
aussi à vous, parents, les premiers concernés, d’être les acteurs qui donnent
l’impulsion du changement et amorcent la trajectoire de vos enfants vers la
réussite.

À qui s’adresse ce livre ?


Que vos enfants, petits-enfants, neveux et nièces, amis aient de réels

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problèmes scolaires et que vous recherchiez tous les moyens de les faire
progresser ;
Qu’ils n’aient pas de difficultés particulières mais n’exploitent pas leurs
capacités au maximum ;
Qu’ils poursuivent des objectifs ambitieux nécessitant une préparation
spéciale (exemple : concours de Sciences Po) ;
Que vous soyez « simplement » intéressé par les problématiques liées à
l’éducation ;
Ce livre est fait pour vous, alors n’hésitez pas à tourner la page !

19
20
1
LE COACHING SCOLAIRE,
UN COACHING PAS
COMME LES AUTRES

Le coaching est aussi ancien que l’homme. Peut-être même les adolescents
du paléolithique ont-ils appris à traquer le mammouth sous la houlette de
chasseurs plus expérimentés qu’eux et qui leur prodiguaient des conseils et
des astuces pour brandir leurs lances avec plus de hargne ou mieux aiguiser
les silex de leurs haches.
Sans remonter aussi loin qu’à Cro-Magnon, on trouve dans l’Antiquité des
pratiques qui ressemblent à ce mode d’accompagnement éducatif si
particulier qu’est le coaching : c’est le cas de l’éphébie athénienne2, de la
maïeutique chère à Socrate, des approches pédagogiques en vigueur à
l’Académie de Platon3 ou au Lycée d’Aristote4. En bon prof d’histoire (un
peu maniaque), j’évoquerai quelques-unes de ces pratiques ancestrales au
fil de ce livre.

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La maïeutique, ancêtre du coaching ?
L’un des plus grands philosophes de l’histoire humaine, le Grec
Socrate (-470 à -399), pratiquait ce qu’on appelle la maïeutique,
un mot qui, à l’origine, désigne l’art d’accoucher les femmes. Pris
dans son sens figuré, il recouvre une méthode de travail consistant à aider
une personne à « sortir » le savoir dont elle est porteuse, à « accoucher »
sa pensée, en lui posant des questions, en l’incitant à utiliser ses facultés
logiques, en la mettant au besoin face à ses contradictions, en la conduisant
parfois à démonter ses préjugés. Cette manière de faire est
particulièrement visible dans un des dialogues conduits par Socrate et
rapportés par Platon, le Théétète.

22
Aujourd’hui, à plusieurs siècles de distance, l’enjeu reste le même :

Le coaching : accompagner la flèche vers sa


cible
En ce début de XXIe siècle, contrairement à ce que laissent croire les
fréquents usages abusifs de ce terme (j’ai récemment entendu parler des
services du « coach Kiabi » proposés par la marque de vêtements du même

23
nom…), le coaching est précisément défini. Il comprend trois composantes.

Les trois composantes du coaching


Accompagner
Le coaching se fait à deux : l’élément « coach » et
l’élément « coaché ». Si l’élément « coaché » peut,
dans des conditions particulières, être un groupe de
personnes, l’élément « coach », lui, ne peut être
qu’une seule personne. À chaque coach, son
coaching ; à chaque coaching, son coach.
Pourquoi ? Parce que le coach est le réceptacle, le « synthétiseur » du
coaché : c’est lui qui recueille, confronte, croise, rapproche, fusionne,
sépare, unit les différentes données propres au coaché, c’est-à-dire ses
attitudes, habitudes, comportements, questions, moyens, failles, objectifs,
etc. Et ce travail, qui exige d’avoir « les idées claires et distinctes »,
comme dirait Descartes (un autre précurseur du coaching !), ne peut se faire
que dans un seul et même creuset – en d’autres termes, c’est une mayonnaise
qui ne peut prendre que dans un seul bol. Ce qui n’empêche pas le coaché
de recourir ensuite à l’aide d’un autre coach – mais ce sera alors un autre
coaching, comme si tous les compteurs avaient été remis à zéro.

« Le hasard ne favorise que les esprits préparés. »


Louis Pasteur

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Un peu d’étymologie
L’étymologie du mot « coaching » est très éclairante sur l’intérêt
de cette pratique. On croit souvent qu’il est d’origine anglo-
américaine. Certes, dans son acception contemporaine, nous
sommes allés chercher le mot « coaching » outre-Atlantique ; mais c’est à
nous, Français, que les Anglo-Saxons l’avaient emprunté au départ ! Le
terme anglais « coach » est en effet dérivé du français « coche » (véhicule
attelé) et désignait autrefois une sorte de diligence, comparable à celles
qu’on voit dans les westerns. Au sens figuré, le « coach » était, dans les
universités britanniques des siècles passés, l’aîné qui « véhiculait » un
étudiant vers son examen, en aidant ce dernier à trouver et mettre en
branle les moyens de son objectif.

Mobiliser les ressources intérieures


Deuxième composante du coaching, le va-et-vient permanent entre
l’intérieur et l’extérieur. Que signifie cette notion quelque peu
ésotérique ? Si le coaching est l’accompagnement d’une personne
vers un ou des objectif(s) à atteindre (autrement dit extérieurs), il
est aussi l’accompagnement de cette personne vers les ressources
mentales, cognitives et physiques (autrement dit intérieures) qui lui
permettront d’atteindre le ou lesdits objectif(s) – c’est-à-dire,
comme disait un de mes profs, les « biscuits » qu’elle a entre les
mains pour livrer bataille jusqu’à la victoire. Ces ressources sont
intérieures, donc. Certaines d’entre elles sont peut-être déjà arrivées à
maturité, et il suffira alors de les mobiliser ou de les réveiller ; parfois
cependant il faut les rendre opérationnelles, en les aidant à grandir, en les
façonnant un peu, en les élaguant ici, en les fortifiant là ; de temps à autre,
enfin, elles n’existent qu’à l’état embryonnaire, et il faut les nourrir pour les
mettre dès le départ sur le droit chemin.
Quoi qu’il en soit, le coaching s’apparente toujours, à un moment ou à un
autre, à une aventure intérieure, qui conduit à une meilleure connaissance de
soi. Nous retrouvons ici l’un des pères du coaching évoqués plus haut, ce
bon vieux Socrate, dont l’une des maximes favorites, jadis inscrite sur le
fronton du temple de Delphes, est passée à la postérité : « Connais-toi toi-
même. »

Se fixer des objectifs à atteindre

25
Troisième composante du coaching : son caractère
opérationnel ou utilitaire.
Le coaching « en général », dans le vague, sur le mode « on
ne sait jamais, ça peut aider » n’est pas du coaching
authentique. Le coaching est une manière d’avancer sur un
chemin qui mène quelque part. D’où sa valeur et, souvent,
son coût. Le coaching n’est pas un parterre de fleurs destiné à reposer et
contenter l’œil ; il est une parcelle agricole vouée à porter du fruit, et
préparée pour cela à « subir » certaines opérations bien précises :
labourage, semailles, arrosage, moisson, glanage, etc.

Coaching et développement personnel


On ajoute parfois à ces trois composantes une quatrième, la nécessité de
conformer le coaching à une méthode ou une technique de développement
personnel, de communication, de connaissance de la personnalité – telle que
la Gestalt-thérapie, l’ennéagramme, la PNL, l’analyse transactionnelle,
l’approche ericksonienne, etc. C’est un point controversé. Comme nous
l’avons dit précédemment, le coach doit recourir à des outils permettant au
coaché de déceler en lui-même les indices de son potentiel – et ces outils
doivent être absolument neutres, pour écarter tout risque d’erreur ou de
manipulation du coaché par le coach. C’est l’intérêt de ces méthodes et
techniques : elles reposent toutes sur un modèle prédéfini, avec des points
d’étape à valider, des procédures à suivre, des outils standards à utiliser, et
laissent donc très peu de place à la subjectivité du coach.
Mais cet intérêt est également susceptible de devenir un inconvénient, car le
coaching implique un accompagnement et un traitement sur mesure de la
personne coachée. Quand commence le coaching, on ne sait pas quelle
tournure il va prendre, quel(s) chemin(s) il va emprunter, quel(s) trésor(s) il
va révéler. Un couturier pourrait-il dire à l’avance à quoi ressemblera la
veste d’un client qu’il ne connaît pas ? Non, il doit attendre de l’avoir
rencontré, de l’avoir jaugé, d’avoir mesuré son tour de taille, l’envergure
de ses épaules, l’ampleur de son thorax, d’avoir discuté avec lui de son
mode de vie (qui commandera par exemple le degré de solidité du tissu),
d’avoir essayé sur lui différentes étoffes, différentes couleurs, différentes
coupes, etc. Les techniques et méthodes d’analyse de la personnalité offrent
au coach des outils fort intéressants ; en les panachant, il n’est pas inutile
d’y recourir. Mais s’y plier de manière systématique, comme un robot,
risque d’empêcher l’empathie nécessaire à un accompagnement fécond.

26
En résumé, le coaching peut se représenter et se résumer sous la forme du
schéma suivant avec ses trois éléments fondamentaux :

Les spécificités du coaching scolaire


Nous savons donc désormais ce qu’est le coaching. Qu’en est-il du
coaching scolaire ? Si l’on y retrouve les trois composantes que l’on vient
de présenter, elles sont déclinées de manière spécifique.
C’est d’abord par la personnalité, les aptitudes et les compétences du
coach que le coaching scolaire se distingue du coaching en général.

Milieu scolaire
Qui dit scolaire dit, bien sûr, école : le coaching scolaire se réfère à
l’école. Difficile, autrement dit, d’imaginer un coaching scolaire qui ne soit
pas assuré par une personne suffisamment familière du système scolaire, de
son organisation, de son fonctionnement, de ses usages, de son personnel, de
ses richesses, de ses problèmes conjoncturels et structurels. Dangereux, par
ailleurs, de recourir à un coach qui ne maîtrise pas les grandes
problématiques propres à la pédagogie scolaire, c’est-à-dire la ou les
manière(s) dont les élèves perçoivent, assimilent et mobilisent les savoirs
et les savoir-faire qui leur sont transmis, compte tenu des circonstances
variées dans lesquelles ils se trouvent (âge, lieu, situation familiale,
caractéristiques de leur établissement scolaire…). Sans aller jusqu’à
recommander que le coach scolaire soit ou ait été professeur, il est vital
qu’il s’intéresse à la vie de cette catégorie d’individus qu’on appelle les
élèves, qu’ils soient collégiens ou lycéens. Sans forcément y vivre, il doit
en effet connaître leur biotope, leur milieu vital, faute de quoi il ne sera pas
sur la même longueur d’onde que son coaché. Nous y reviendrons un peu
plus loin.

27
Ces qualités du coach scolaire sont d’autant plus décisives que le coaché
n’est pas n’importe quel coaché – et c’est la deuxième spécificité du
coaching scolaire.

L’adolescence
Dans le coaching scolaire, le coaché est un enfant ou un adolescent – et la
plupart du temps un enfant sur la voie de l’adolescence ou un adolescent sur
la voie de l’âge adulte. Autrement dit, le coaching scolaire s’applique à une
personne en situation d’évolution accélérée, avec tout ce que cela implique
de positif et de négatif, tant en termes de capacité à se transformer
rapidement et dans l’enthousiasme, qu’en termes de vulnérabilité et
d’instabilité. Chez l’enfant et l’adolescent, la « conduite du changement »,
pour reprendre le vocabulaire bien connu des psychologues, des consultants
et des gestionnaires de projet, est un défi passionnant mais souvent
déroutant.

De bonnes notes et appréciations


Troisième élément de la relation de coaching, le résultat, lequel est simple,
clair et net : obtenir de bonnes notes et de bonnes appréciations, les deux
marqueurs de l’efficacité d’un élève.
Il peut donc exister une tension entre l’instabilité de l’acteur et la clarté de
l’objectif : c’est là que réside l’aspect paradoxal – et stimulant – du
coaching scolaire. Quoi qu’il en soit, la perspective est claire, la route
identifiée : le coaching scolaire n’a d’intérêt que s’il constitue un levier de
« productivité » scolaire. Les ressorts et le carburant de ce levier, c’est
précisément l’objet de ce livre.

28
Témoignage d’Hervé, père d’un lycéen à Lyon
Je suis cadre dans une multinationale. Il y a quelques années,
alors qu’on envisageait de me confier des responsabilités
importantes, j’ai bénéficié d’un coaching individualisé
répondant à une problématique bien précise : comment exécuter de
manière plus méthodique, et donc plus rapide, toutes les tâches récurrentes
de mon poste, et ce pour pouvoir dégager du temps pour la réflexion
stratégique ? Bref, comment être plus efficace à court terme, pour être plus
créatif à long terme ? Ça a très bien marché. Et lorsque mon fils est entré
en seconde, ses profs m’ont dit qu’il avait beaucoup de mal à aller à
l’essentiel dans son travail personnel, ce qui lui faisait perdre beaucoup de
temps et l’empêchait de progresser comme il aurait dû. C’est alors que j’ai
repensé à ma propre expérience : mutatis mutandis, la problématique de
mon fils lycéen ressemblait à la mienne quelques années auparavant. Je
suis allé sur Google, j’ai tapé le mot « coaching » auquel j’ai ajouté le mot
« scolaire »… La suite ? Il faut la demander à mon fils qui vient d’entrer
en prépa HEC !

Le bel avenir du coaching scolaire


Avant d’entrer dans le vif du sujet, jetons un œil alentour : coacher un élève,
enfant ou adolescent, c’est d’abord coacher un « animal social » –
l’expression est d’un autre philosophe grec, Aristote, pour définir l’être
humain. Autrement dit, coacher, c’est accompagner une (jeune) personne qui
évolue dans une société particulière, à un endroit et une époque donnés, et
qui se trouve partiellement déterminée par cet endroit et cette époque.
Coacher un garçon ou une fille, en ce début de XXIe siècle, dans un pays
occidental aux prises avec la mondialisation et sujet à des bouleversements
mentaux inédits, ne peut se faire in vitro, dans une bulle, à l’abri. Et ce
d’autant moins que les données actuelles – et la part de plus en plus
importante prise par l’économie de la connaissance, mais aussi la fragilité
croissante des systèmes éducatifs et des familles – concourent à modifier
durablement le statut du coaching scolaire : d’activité marginale, il est en
train de devenir un recours inéluctable pour les parents, voire les
professeurs. Son domaine d’influence s’étend, ses outils sortent de l’ombre,
son crédit se renforce – et dans le même temps, les exigences de ceux qui
acceptent de s’y livrer, parents comme élèves, grandissent. Au final, le
coaching permet de résoudre l’équation de l’efficacité scolaire imposée en

29
masse, à une époque où chacun se veut maître des critères et de l’évaluation
de sa propre efficacité.

Ce que le coaching scolaire n’est pas…

Une psychothérapie
Dans la liste officielle des métiers de l’Éducation nationale, à la rubrique
« Éducation, enseignement, orientation », on trouve les activités suivantes :
professeur des écoles, professeur certifié, professeur agrégé, professeur de
lycée professionnel, professeur d’éducation physique et sportive, maîtres
contractuels des établissements privés sous contrat, conseiller principal
d’éducation et, le plus intéressant pour nous ici, conseiller d’orientation-
psychologue. Bref, un psy (et encore, relégué derrière un tiret…), mais pas
de coach scolaire.
Une situation regrettable à deux titres : d’une part, l’absence du coach
scolaire prive les élèves et étudiants d’un auxiliaire précieux pour leur
scolarité ; d’autre part, le mélange conseiller d’orientation/psychologue
risque d’entretenir la confusion entre coaching scolaire et psychothérapie
pour enfants et adolescents. Or, s’il existe des passerelles entre les deux
activités, si l’on peut considérer qu’elles sont étroitement complémentaires,
elles n’en sont pas moins différentes, dans leurs fins et dans leurs moyens.
Avoir les idées claires sur ce point permet d’éviter l’ambiguïté et, le cas
échéant, la manipulation par des prestataires peu scrupuleux.
Certes, coaching scolaire et psychothérapie présentent une similitude
majeure : ils visent tous les deux à comprendre les causes, les
manifestations et les conséquences des difficultés (plus ou moins
handicapantes) vécues par l’élève coaché, pour le coaching scolaire, ou la
personne en thérapie, pour la psychothérapie – et ce, bien sûr, pour tenter de
réduire voire de supprimer ces difficultés. En d’autres termes, les deux

30
« pratiques » sont bel et bien finalisées : un résultat est attendu dans les
deux cas. Et cet objectif n’est pas atteignable sans la mise en œuvre de
moyens, eux-mêmes articulés entre eux selon une stratégie, une procédure,
une progression.
Cependant, les différences sont plus nombreuses et plus décisives que les
similitudes. D’abord, les problèmes que prétendent résoudre l’un et l’autre
ne sont pas du même ordre. Les difficultés auxquelles répond le coaching
scolaire sont d’ordre pédagogique, éducatif et méthodologique ; celles
auxquelles répond la psychothérapie sont d’ordre psychologique. Les
premières relèvent du faire et de l’agir ; les secondes relèvent de l’exister.
Sigmund Freud, à qui l’on doit une psychothérapie très répandue, la
psychanalyse, diagnostiquait la mauvaise santé mentale lorsqu’on se
révélait incapable d’aimer et de travailler. Un coach scolaire digne de ce
nom ne pourra jamais prétendre aider un élève à mieux aimer ses parents,
ses camarades, ses professeurs, sa/son petit(e) ami(e) ; il se contentera de
lui indiquer des moyens pour atteindre ses objectifs, autrement dit pour
améliorer la productivité et la qualité de son travail scolaire. Qu’il puisse y
avoir, pour l’élève en question, des bénéfices collatéraux sur le terrain de la
santé psychologique, ou que le coach s’accorde la liberté d’utiliser ou de
suggérer l’utilisation d’outils qui relèvent de la psychologie pour atteindre
des objectifs qui, eux, demeurent méthodologiques – tout cela ne change
rien à la différence de perspective, que le coach (et les parents !) doit
toujours garder en tête.
Autre type de différence : le rapport au temps (passé, présent, avenir) de
l’un et l’autre. Le coaching scolaire, qui repose sur une analyse des faits et
de leurs conséquences, est censé conduire l’élève à s’approprier son avenir,
ici et maintenant. La psychothérapie, qui nécessite d’identifier les facteurs
d’un phénomène, consiste essentiellement à se réconcilier avec son passé
(les causes).
Bref, le coaching, c’est organiser son bonheur (ici le « bonheur scolaire »),
tandis que la psychothérapie, c’est comprendre sa souffrance. Le coaching,
c’est combler les failles et conforter les forces ; la psychothérapie, c’est
soigner ses blessures et comprendre/calmer sa douleur. Le coaching, c’est
faire avec ; la psychothérapie, c’est vivre avec. Chacun doit respecter le
« territoire » de l’autre : la psychothérapie, c’est bonifier et viabiliser le
terrain ; le coaching, c’est bâtir. Le coaching, c’est programmer ; la
psychothérapie, c’est laisser surgir.

31
« L’homme “sain” n’est pas tant celui qui a éliminé de lui-même les
contradictions ; c’est celui qui les utilise et les entraîne dans son
travail. »
Maurice Merleau-Ponty

32
Où les séances de coaching scolaire ont-
elles/ doivent-elles avoir lieu ?
Deux possibilités principales sont envisageables : à domicile
ou en cabinet. Les avantages de l’un sont grosso modo les inconvénients
de l’autre ; nous partirons donc de l’option « à domicile ».

Avantages Inconvénients

Organisation plus souple pour les Ne facilite pas toujours la


parents, qui ne sont pas obligés « dédramatisation de l’école » (cf.
d’emmener leurs enfants au chapitre 2), dans la mesure où,
cabinet du coach. contrairement au cabinet, le
Organisation plus souple pour les domicile n’est pas un lieu neutre,
élèves, qui ne perdent pas de mais au contraire un lieu de
temps dans les transports mémoire des traumas, des
(individuels ou collectifs). mauvaises habitudes, des
Permet au coach de connaître difficultés familiales, des relations
l’environnement dans lequel parfois compliquées avec les
évolue son élève, et notamment le parents… Pour prendre un
cadre dans lequel il travaille quand nouveau départ, il est souvent
il rentre de l’école – il peut ainsi indispensable de changer de cadre,
suggérer des modifications pour que les nouveaux
bénéfiques. automatismes cognitifs et
méthodologiques ne soient pas
associés à l’ancien cadre, et donc
émotionnellement « chargés ».
Occasionne parfois des frais
supplémentaires (surfacturation
liée au déplacement).
On peut aussi faire « sauter » l’alternative, et ce de plusieurs manières :
– en alternant domicile et cabinet, selon les besoins et le calendrier de
progression de l’élève ;
– en organisant des séances de coaching « hors les murs », dans différents
cadres utiles à la progression de l’élève ou articulables avec un objectif
méthodologique ou cognitif particulier (conférences, salons, rencontres
avec les professionnels d’un secteur économique précis, visites de musées
ou de sites remarquables, séminaires de révision…) ;
– en choisissant des lieux qui soient à la fois neutres et pratiques, comme
une salle de café calme ou un salon d’hôtel.

33
Du soutien scolaire ou de l’aide aux devoirs
S’il y a bien une chose que les coachs scolaires n’aiment vraiment pas,
c’est qu’on les confonde avec des professeurs particuliers ou des
prestataires spécialisés dans l’aide aux devoirs. Surtout quand la confusion
vient des parents d’élèves coachés, car cela signifie qu’ils n’ont pas
compris la spécificité du coaching scolaire et ne se demandent pas pourquoi
ce dernier coûte nettement plus cher qu’une simple « aide aux devoirs » !
Prenons les trois temps du travail scolaire, analysés plus loin : comprendre,
apprendre, utiliser/restituer. Pour chacune de ces étapes, les fonctions du
coach et celles du professeur particulier sont très différentes.

Comprendre
Le coach, à la différence du professeur particulier, n’intervient pas en tant
qu’expert d’une discipline. Certes, pour entraîner son élève à la pratique de
telle ou telle méthode, pour remédier à tel point faible de ce dernier dans sa
manière d’appréhender un savoir, il s’appuie sur des exemples concrets –
un sujet de dissertation de sciences économiques ou de philosophie, par
exemple, mais aussi un exercice de sciences de la vie et de la Terre, voire
un enchaînement de gymnastique au sol. Mais si l’élève ne comprend pas ce
qu’est une fonction polynôme du second degré, ce qui la distingue d’un autre
type de fonction, comment on l’étudie, pourquoi on passe par l’outil du
discriminant pour en observer les variations, le rôle du coach n’est pas de
lui expliquer. À quoi sert-il, alors ? Un proverbe chinois permet de
répondre à cette question : « Si tu veux nourrir un homme pendant une
journée, donne-lui un poisson ; si tu veux le nourrir pendant toute sa vie,
apprends-lui à pêcher. » De même, le coach n’est pas là pour expliquer à
son élève, à chaque nouveau chapitre de toutes les matières qu’il étudie, les
points qu’il ne comprend pas ; il est là pour lui apprendre à mobiliser son
intelligence de manière logique et efficace, ce qui lui permettra peut-être de
comprendre par lui-même, ou à trouver le courage, le temps, l’énergie pour
aller voir son professeur (ou un de ses camarades) et lui demander des
explications sur le point qu’il n’a pas compris.

Des questions pour cibler le propos


Chaque individu a ses petits maux récurrents et
empoisonnants qu’il surveille ou que d’autres surveillent pour lui : sinusite,

34
allergie, eczéma, douleur au genou, acné rémanente, etc. Ainsi vous arrive-
t-il sans doute de vous soucier du mal de gorge que votre ado traîne depuis
des semaines :
– Comment va ta gorge ?
– Bof, ça peut aller…
Et si le mal empire, vous l’incitez, ou le forcez, à aller chez le médecin.
De même, vous devez être attentif aux disciplines où votre enfant est à la
peine – et mieux encore, identifier les points du programme ou les
chapitres qui lui posent problème : la photosynthèse, les figures de style,
l’optique, la crise de Cuba, les dérivés, les verbes irréguliers en allemand,
etc. Comment faire ? Régulièrement (par exemple toutes les semaines au
collège, tous les quinze jours au lycée), vous faites pour chaque matière
une revue de chapitre, en partant du sommaire de son manuel :
– Alors… Vous venez de terminer le chapitre sur les probabilités, c’est bien
ça ?
– Oui.
– Bon, tu es OK sur les définitions ?
– Ça va…
– Sur la détermination d’un univers ?
– Oui, oui…
– Sur les propriétés ?
– Oui !
– Sur l’équiprobabilité ?
– Euh… bof…
– Bon, eh bien tu dois aller voir ton prof de maths pour qu’il te réexplique.
Et là, vous ne lâchez pas. Vous avez identifié une faille : votre enfant doit
la combler en allant voir son professeur, de même que vous l’enverriez
voir le médecin s’il avait trop mal à la gorge. Peut-être n’ira-t-il pas à la
première injonction : vous y revenez sans relâche, comme pour le mal de
gorge.
Souvent les parents tiennent un discours trop général sur leurs exigences
dans le domaine scolaire. Avec cette petite astuce, le propos est au
contraire bien ciblé. Les revues de chapitre régulières sont souvent
beaucoup plus utiles que la vérification aléatoire des devoirs quotidiens, sur
lesquels votre enfant peut vous « balader »…

35
Apprendre
Dans ce domaine, le coach est encore plus inutile… et indispensable !
Paradoxe ? Certes. Le coach est inutile du point de vue de l’utilité
immédiate, de la résolution à court terme de telle difficulté à mémoriser par
exemple une poésie, un cours d’histoire ou des formules de mécanique. En
bref, il n’est pas un répétiteur qui fait réciter les leçons. Mais il est
indispensable car c’est précisément là que sa spécificité est la plus
décisive : apprendre, en particulier quand c’est du par cœur, requiert avant
tout, et principalement, un effort de volonté, et donc une motivation, pour la
mise et le maintien au travail. La motivation, nous le verrons, est le terrain
d’expertise du coach.

Utiliser/Restituer
Contrairement à un professeur particulier qui aide l’élève à « faire ses
devoirs », c’est-à-dire lui sert d’auxiliaire pour remplir une obligation de
court terme, le coach aide son élève à se placer dans une stratégie
d’amélioration de ses résultats scolaires, c’est-à-dire une perspective de
long terme. En somme, l’apport du coach n’est pas conjoncturel mais
structurel.

Cyril, 32 ans, est coach à Marcq-en-Barœul


L’un des points les plus difficiles à faire comprendre aux
parents qui envisagent de faire coacher leur enfant est la différence entre
coach et prof particulier. Dans le fond, ils ne sont pas si différents que ça
de leurs enfants, en particulier dans leurs rapports aux études et à la
scolarité : ils veulent souvent tout, tout de suite ! Or, le coach entraîne son
élève non à parer au plus pressé, mais à être de plus en plus performant.
Le prof particulier agit bien souvent dans l’urgence tandis que le coach se
donne du temps – car fixer des objectifs clairs et se donner les moyens de
les atteindre, ça prend du temps.

Les cinq qualités du coach scolaire


C’est parce que nous avons tous été élèves qu’il nous est facile de
comprendre pourquoi nous ne pouvons pas tous être coachs… En effet, un
coach doit présenter certaines qualités bien spécifiques pour pouvoir

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s’adapter à l’infinie diversité des profils scolaires. Bref, on ne s’improvise
pas coach scolaire. Le coach est une personne vouée à entrer en relation
avec une autre personne, son élève, et ce sur un temps relativement long et
pour des enjeux importants. Avant les compétences, c’est donc à partir de
certaines qualités humaines qu’il se définit.

L’exigence
Être exigeant avec son élève est pour le coach un principe fondamental –
nous y reviendrons. Mais le coach doit d’abord être exigeant vis-à-vis de
lui-même. Comment peut-on mesurer le degré d’exigence d’un coach vis-à-
vis de lui-même, pour ne pas s’en tenir à des promesses qui n’engagent que
ceux qui les entendent ? Deux critères sont fondamentaux :

La formation : un coach se forme en permanence, pour découvrir de nouveaux


outils méthodologiques, de nouvelles méthodes de motivation et d’organisation,
pour pouvoir faire face aux nouveaux comportements qui correspondent, chez ses
élèves, aux nouvelles réalités socioculturelles, pour partager les expériences et les
best practices avec d’autres coachs, pour se confronter aux cas-limites et être ainsi
préparé au mieux, etc.

La rigueur dans la « relation-client ». L’utilisation de cette expression issue du


monde des affaires dans le cadre d’une activité éducative peut choquer. Et
pourtant, c’est en considérant son élève comme la base d’une relation-client (avec
les parents, en l’occurrence) que le coach parviendra à mobiliser au maximum ses
compétences pour être le plus performant possible. Redisons-le : les parents du
coaché sont des clients, qui achètent une prestation dont le prix, comme nous le
verrons, n’est pas négligeable. Par ailleurs, le souci du détail qu’un prestataire de
haut niveau – ce qui est le cas du coach – doit toujours garder en tête dans sa
relation avec son client s’applique partout, de l’efficacité pédagogique à la tenue
vestimentaire : un coach scolaire ne peut recevoir ou se rendre chez un client en T-
shirt/baskets.

Le coach est également porteur d’exigences vis-à-vis de son élève. Parmi


ces exigences figure en premier lieu l’impératif que l’élève soit à l’écoute
des recommandations et consignes de son coach. Sans cet engagement
fondamental, aucune progression n’est possible. C’est aussi pourquoi il est
inenvisageable qu’un jeune homme ou une jeune fille soit contraint(e) au

37
coaching : il/elle doit au contraire être « en demande », même s’il est
souvent utile de l’aider à formuler ses besoins, et même de passer outre les
manifestations maladroites de mauvaise volonté, en examinant concrètement
sa motivation réelle : un adolescent « boude » facilement devant ses
parents, mais, si le coach est bon, se montre souvent plus constructif avec ce
dernier.
Une autre façon de se montrer exigeant vis-à-vis d’un élève, notamment
lorsqu’il est question de son orientation et/ou de la stratégie de progression
destinée à améliorer son dossier scolaire et lui permettre ainsi d’accéder à
la formation supérieure de son choix, est de lui refuser toute perspective de
« plan B » : en effet, les alternatives de seconde main sont souvent des
options par dépit et annoncent des études supérieures médiocres. Des plans
A’, oui ; des plans B, non.

La détermination
Un bon coach doit faire sienne la fameuse phrase de Jean Monnet : « Je ne
suis ni optimiste ni pessimiste ; je suis déterminé. » Le coaching n’est en
rien une méthode Coué appliquée à l’école ; le coaching ne consiste pas à
disserter sans fin, de manière intuitive, sur les chances et les risques d’un
élève. Le coaching consiste à aider l’élève à se fixer des objectifs et à
prendre les moyens adéquats pour atteindre lesdits objectifs. Par
conséquent, le coach ne tire aucun plan sur la comète : il met en place, avec
l’élève, des procédures adaptées que ce dernier devra suivre pour
progresser dans ses compétences et ses apprentissages. Il a un but et n’en
déroge pas.
Car qui dit procédure dit chemin à suivre ; qui dit chemin à suivre dit
persévérance et détermination. Le bon coach est un coach qui réfléchit sur
son action, qui s’efforce même de théoriser son action pour pouvoir en
modéliser les aspects productifs et en corriger les failles. Il prend le temps
de semer pour pouvoir mieux récolter ; il prend le temps d’« accoucher »
son élève, de lui « donner » la méthode de travail dont il est porteur, qui
correspond à sa forme d’intelligence et à son caractère. Déterminé, le
coach privilégie toujours, face au travail et au comportement du coaché,
l’analyse rationnelle plutôt que la réaction émotionnelle.

La bienveillance
Le coaching est une prestation pédagogique fondée sur la personnalisation.

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Comme nous le verrons, les séances de coaching scolaire représentent un
investissement financier non négligeable. Si les parents consentent à payer
le prix élevé des séances, c’est notamment en raison de leur dimension
individuelle et personnalisée. Mais cette personnalisation ne se limite pas
au fait de travailler avec le coaché en tête à tête et de lui consacrer toute
son énergie, ses compétences et la durée de la séance ; la personnalisation
pédagogique qui caractérise le coaching implique une constante empathie à
l’égard de l’élève, qui doit être envisagé comme un tout et non seulement
comme un cerveau. Cette empathie est l’expression d’une bienveillance qui
s’applique à la personne même de l’élève, bien sûr, mais aussi à son
ambition personnelle, sans jugement sur les motifs de cette ambition. Pour
le coach scolaire, l’ambition est une vertu, une noble disposition d’esprit,
une potentialité à encourager. En fin de compte, puisque le travail du coach
n’est pas celui d’un thérapeute, d’un maître spirituel ou d’un mentor, il ne
vise pas tant à faire de l’élève coaché un « honnête homme » ou un « citoyen
exemplaire » qu’un élève volontaire soucieux d’efficacité.
Comme nous l’avons déjà dit, la perspective du coaching scolaire n’est pas
celle de la gratuité intellectuelle ou culturelle. La bienveillance du coach
est une bienveillance finalisée : il a pour mission d’encourager, de motiver
et d’évaluer son élève, pour que ce dernier prenne les décisions et pose les
actes adéquats qui lui permettront d’obtenir les résultats désirés. Il le
soutient, sur une base régulière, pour soulager ses doutes, souligner ses
succès, rectifier le tir. Cela implique donc qu’il puisse, le cas échéant,
mesurer l’impact du « hors-scolaire » sur le « scolaire » et endiguer
l’invasion du premier sur le second. C’est un point crucial pour le coaching
des adolescents, qui se trouvent en pleine puberté, à l’âge où l’être humain
découvre, parfois de manière brutale et dans le désarroi, de nouvelles
émotions, liées aux grandes questions de la vie (la mort, la sexualité,
l’amour, la complexité des liens familiaux, la peur de l’avenir, la griserie
de l’autonomie, la manipulation, etc.).

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« Comment mon coach m’a aidé à “gérer” ma
petite copine… » Karl, élève en terminale ES
à Reims
Quand ma mère m’a proposé, en seconde, d’être accompagné par un
coach, j’ai été assez dubitatif… De manière générale, je ne voulais pas
entendre parler de l’école une fois que j’en avais franchi le portail ! Je
faisais toujours le minimum pour passer d’une année à l’autre, mais dans
mon esprit ça comptait beaucoup moins que la musique et mes potes. Et
quand j’ai commencé à sortir avec ma copine, que je venais de rencontrer
au lycée et dont j’étais fou amoureux, ça ne s’est pas arrangé. Je
commençais à dévisser… Quand j’ai vu mon coach la première fois, le
courant est tout de suite très bien passé. Il m’a prévenu sans détour : « Je
ne suis pas chargé de ta vie privée. Mais tout ce qui, dans ta vie privée, a
un impact sur ta scolarité, je m’en mêlerai. Et crois-moi, je mettrai les
pieds dans le plat chaque fois que ce sera nécessaire ! » C’était cash, mais
j’aime bien cette manière de fonctionner. Et de fait, il a tout de suite été
confronté au « problème » (qui n’en est pas un pour moi !) de ma petite
copine. Elle m’occupait le cerveau jour et nuit, au point que certains jours
j’étais incapable de travailler. Il m’a donc aidé non pas à la « supprimer »
de ma tête, mais à canaliser sa présence réelle… et virtuelle – et
notamment nos échanges par SMS et sur les réseaux sociaux. Ça n’a pas
été facile mais il a joué le rôle de « force de rappel » : à chaque fois que ça
dérivait et que ma copine empiétait sur mes obligations scolaires, il me
rappelait mes objectifs et m’aidait à rationaliser la situation, pour
m’empêcher d’agir de manière passionnelle. Et en réussissant à me faire
mûrir sur ce point, il est également parvenu à me faire progresser sur des
questions plus banales, comme les méthodes de travail, la gestion de mon
emploi du temps ou l’impératif d’efficacité dans mes révisions. Bref, grâce
à mon coach, j’ai réussi à réconcilier ma petite amie avec mes parents !

Le pragmatisme
Le coach doit être pragmatique pour rester libre : en restant ancré dans le
réel, il sera lucide ; en restant lucide, il se tiendra à l’écart de tout faux-
semblant, de toute démagogie, de toute méthode Coué ; en restant dans la
vérité, il sera libre. Libre de son engagement, d’abord. Après l’entretien
préalable, le coach doit pouvoir dire non : « Non, pour telles et telles
raisons, je ne suis pas en mesure de coacher tel élève. » Sans cette liberté,
le coach risque d’être dans une relation contrainte peu propice à

40
l’efficacité. En effet, n’importe quel coach ne peut pas coacher n’importe
quel élève. De même, d’ailleurs, le coach doit offrir à son élève, lequel (ou
sa famille) est un client, la possibilité de mettre fin au coaching après deux
ou trois séances.
Être pragmatique, cela signifie aussi « mettre les mains dans le cambouis ».
Non seulement en appliquant, avec l’élève, sous forme d’exercices, de
mises en situation ou de jeux de rôles, les conseils qu’il lui prodigue, mais
aussi en examinant les aspects les plus matériels de sa scolarité : comment
les cahiers/classeurs sont-ils tenus ? Quelle est l’évolution des notes ? Les
travaux à la maison sont-ils rendus à temps ? La chambre est-elle
suffisamment en ordre pour travailler de manière efficace ? Le sommeil est-
il de qualité ? Faut-il changer de voisin de classe pour être plus attentif en
cours ? L’élève et ses parents ont-ils un dialogue constructif sur sa
scolarité ?... Être pragmatique s’impose enfin dans la réflexion sur
l’orientation : un élève de première dont le niveau global en histoire,
sciences économiques et sociales, français, langues, etc., se situe autour de
12/20 n’aura pas intérêt à déporter toute son énergie sur la préparation du
concours de Sciences Po Paris, où n’entrent quasiment que des élèves à
plus de 15/20 de moyenne générale ; il sera préférable qu’il se concentre
plutôt sur l’amélioration au long cours de son dossier scolaire, et sur la
préparation des épreuves anticipées du bac, notamment celles de français
qui sont toujours examinées avec précision par les recruteurs des
formations post-bac. Ici le pragmatisme joue en faveur d’une gestion lucide
des priorités.

« Les vraies études sont celles qui apprennent les choses utiles à la
vie humaine. »
Jacques-Bénigne Bossuet

41
« Mes séances de coaching, de vraies
répétitions de théâtre ! » Guillaume, en
première année de droit à Paris
Ayant suivi une scolarité erratique, notamment à cause d’une maladie qui
nécessitait de fréquentes hospitalisations, je n’étais jamais vraiment rassuré
au moment des contrôles. J’avais confiance dans mes capacités
intellectuelles, mais je perdais mes moyens devant ma copie. Au lycée, les
choses ont empiré au point que je perdais même mes moyens à la maison,
au moment de me mettre au travail. J’avais l’impression que je ne
parviendrais jamais à suivre les étapes d’un raisonnement pour apprendre
une leçon, ou faire un exercice dans le bon ordre. Je me sentais perdu. Mes
parents m’ont alors proposé d’être accompagné par un coach. Je n’avais
rien à perdre, j’ai donc accepté. Je ne dirais pas que tout a changé du jour
au lendemain, mais mon coach m’a peu à peu redonné confiance en moi.
Toujours en s’appuyant sur mes leçons, mes manuels, mes révisions, il me
faisait faire des exercices de mise en situation. Et quand je répondais à une
question, il me demandait toujours : « Tu es sûr ? », pour me déstabiliser
et m’apprendre à avoir confiance dans mes réponses, dans ma manière de
faire. En parallèle, il me montrait comment être sûr de comprendre ce
qu’on apprend et d’apprendre avec précision. On est ainsi passés de la
devinette à la connaissance imprécise, de la connaissance imprécise à la
connaissance précise, de la connaissance précise à la connaissance certaine,
et de la connaissance certaine à la connaissance argumentée. Il me
demandait de défendre mes réponses comme au tribunal – c’est d’ailleurs
comme ça que j’ai découvert ma vocation pour le droit et le métier
d’avocat ! Pour les examens, il me faisait tout répéter, du début à la fin, du
moment où j’entre dans la salle d’examen au moment où j’en sors, en
passant par la manière de disposer ses feuilles de brouillon sur la table et de
tracer les marges sur sa copie ! Au début, j’ai trouvé ça étrange et
amusant. Mais peu à peu, j’ai compris que ces exercices visaient à me
familiariser avec les différentes étapes d’une évaluation, pour aller le plus
vite possible et être tout de suite opérationnel. Et quand je n’y parvenais
pas, il prenait ma place : il se déguisait pour me ressembler et faisait tout ce
que j’aurais dû faire. Nos séances ressemblaient à des répétitions de
théâtre, mais grâce à mon coach ma scolarité a pris une tout autre
tournure.

La rationalité
L’exigence de rationalité est au cœur de l’expertise du coach, car ce dernier

42
doit fonctionner systématiquement sur le mode de l’objectif, comme nous
l’avons dit au point de départ. La rationalité doit notamment l’empêcher de
placer la relation de coaching sur le terrain de l’affectif, un risque
permanent lorsqu’on travaille avec des adolescents. De même, le coach doit
apprendre à son élève, au besoin par son propre comportement, à aborder
les difficultés rencontrées par le truchement de la raison, et non par le canal
des émotions. C’est ainsi, en effet, qu’on trouve des solutions aux
problèmes les plus épineux. Bref, le coach n’est pas un magicien.

Le coach doit-il être prof ?


En théorie, il n’y a aucune nécessité en la matière.
Cependant, l’intérêt d’avoir un coach qui enseigne par ailleurs, a
fortiori au même degré que son élève, est évident : il connaît ainsi
les modes d’enseignement et d’évaluation qui ont cours dans le
système scolaire, ainsi que les différentes voies d’orientation
accessibles à son élève, de sorte que son coaching sera ajusté au
plus près. Son expérience le met de plain-pied avec l’univers dans
lequel l’élève évolue, qui est aussi son terrain de compétition, ce
qui renforce l’empathie. Il existe cependant un inconvénient : la
plupart des professeurs, formés dans une atmosphère de dévotion au
« savoir-pour-le-savoir », à la gratuité de l’enseignement, n’ont pas
forcément la culture du résultat et de l’efficacité indispensable à un
bon coach. Par ailleurs, toujours dans l’optique d’une « mise en
finalité » du travail scolaire de son élève, il est préférable que le
coach soit également familier du secteur de l’entreprise privée, ce
qui lui permettra de sensibiliser son élève à la nécessité d’un
parcours scolaire d’excellence, prélude décisif d’une vie
professionnelle réussie.

Une éthique féconde : la déontologie au service


de l’efficacité
Comme nous l’avons déjà expliqué, un bon coach ne peut rester neutre face
à son élève : il doit en effet inciter ce dernier à adopter, face au travail
scolaire mais aussi face à la vie en général, un comportement correspondant
à certaines valeurs et certaines vertus – c’est-à-dire à une certaine idée de

43
l’homme.
Cela dit, le coach n’est pas pour autant la seule source des règles qui
encadrent son travail ; au contraire, au-dessus de sa propre vision du
monde, il y a une déontologie qui vaut pour lui comme pour tous les autres.
Cette déontologie inclut notamment le refus de la relation asymétrique : le
coach n’est pas celui qui commande et l’élève celui qui obéit. L’art –
difficile – du coach est au contraire d’apprendre à l’élève à se commander
lui-même, à se rendre maître de lui-même. En ce sens, le coach, qui n’est
pas un mentor ni un modèle, ne se pose pas en référence et ne doit pas
attendre de son élève qu’il l’imite.
Cela le dispense-t-il de toute exemplarité ? Question délicate… Le mieux
est encore de parler de cohérence : la meilleure manière de prouver que ses
conseils de travail et de vie sont efficaces est d’en rendre les fruits visibles
chez soi. Le coach ne peut se permettre d’être un cordonnier mal chaussé…
À cet égard, le grand avantage du coaching scolaire, par rapport à d’autres
types de coaching ou d’accompagnement, est que le respect de la
déontologie se mesure aussi à l’aune des résultats tangibles. Même si le
coach n’est assujetti qu’à une obligation de moyens, et non une obligation de
résultats, il doit rendre des comptes aux parents (ou responsables légaux)
des élèves qui lui sont confiés : à l’issue de chaque séance est envoyé un
débriefing écrit, aussi complet que possible, notifiant l’état d’esprit du
coaché (voire les signes de bonne ou mauvaise santé apparente), les points
abordés en séance, le travail éventuellement donné pour la séance suivante
et les points d’attention ou de progression à suivre dans la semaine ou le
mois qui vient.
La déontologie du « métier » impose par ailleurs au coach de ne pas
accepter une mission de coaching scolaire à la demande des parents d’un
élève qui ne partagerait pas, par exemple, la vision de ces derniers sur son
orientation. En effet, pour rester libre, et par conséquent exercer son métier
dans les meilleures conditions d’efficacité, le coach ne peut se trouver en
porte-à-faux entre les parents et l’élève.

Une prestation inestimable… qui a un coût !


Dans un pays comme la France où le nom « école » semble
indissolublement lié à l’adjectif « gratuit », la seule idée que l’éducation ait
un coût semble incongrue… Un sentiment qui appelle deux remarques :
premièrement, la gratuité de l’école de masse a été possible à une époque,

44
les Trente Glorieuses, où la prospérité collective était telle que l’État
pouvait assumer seul, avec un système de redistribution adapté, le coût
exorbitant de l’éducation – une situation et un système, l’État-Providence,
qui pourraient bien avoir été une parenthèse dans l’histoire de la France et
des sociétés occidentales ; deuxièmement, le coût de l’éducation est, par
excellence, une dépense d’investissement. On peut même aller jusqu’à
prétendre que chaque euro dépensé pour l’éducation d’un enfant, que ce
dernier devienne prix Nobel de physique ou ne décroche jamais son brevet
des collèges, est un euro gagnant. A fortiori lorsque cet euro est investi dans
une activité dont la fonction est d’aider l’élève à exploiter au maximum les
savoirs et savoir-faire qu’on lui inculque.
Cela étant précisé, il faut dire que le coaching scolaire représente un budget
significatif : s’il est pratiqué conformément aux conditions précisées dans
ce livre, le temps et les compétences qu’il requiert, ce qu’on appellerait
dans le langage de l’entreprise ses « facteurs de production », sont le
propre de professionnels à haut niveau de qualification et d’expérience – et
donc de rémunération. Comme le disait Benjamin Franklin, « rien ne coûte
plus que l’éducation – sinon l’ignorance ».

« Avec du travail et de la patience, une souris coupe un câble. »


Benjamin Franklin

45
Combien faut-il rémunérer un coach scolaire ?
Les chiffres varient et, pour tout dire, circulent peu, mais
on estime qu’en France une heure de coaching scolaire
coûte de 70 à 200 €. Précisons que, nonobstant la prégnance de la
mentalité très française du tout-gratuit, notamment pour ce qui concerne
l’école, les ménages ne peuvent plus se dispenser d’inclure leurs dépenses
d’éducation dans leurs arbitrages financiers, au même titre que les autres
postes de dépense. Comparons une heure de coaching scolaire avec
d’autres activités :

Coaching scolaire : de 70 à 200 €/heure.

Coaching de la voix (studio Lorenzo Pancino) : 200 €/heure.

Séance de relooking (institut de beauté en province) : 245 € pour une


après-midi.

Consultation de psychothérapie comportementale (Paris 13) : 150 €


pour 30 minutes, avec vingt séances en moyenne.

Cours de vol pour le brevet de pilote privé (Aéro-club de l’ouest


parisien) : 164 €/ heure, avec un minimum de 40 heures.

Cours particulier de kitesurf (Hérault) : 180 €/heure.


En réalité, dans la mesure où le coaching scolaire ne peut être qu’un
coaching sur mesure, il a nécessairement un coût plus élevé que
d’autres prestations comme le soutien scolaire ou l’aide aux
devoirs. Mais, dans le fond, pour de nombreux parents, il n’est pas
illogique de consentir à des sacrifices (notamment financiers)
permettant de favoriser la réussite personnelle et professionnelle de
leurs enfants.

« Le véritable enseignement n’est point de te parler mais de te


conduire. »
Antoine de Saint-Exupéry

Si le coach scolaire était un objet…

46
Un tremplin : l’élève reçoit de son coach l’élan nécessaire au dépassement
de soi ; ensuite, l’élève vole de ses propres ailes.

Un télescope : pour voir loin, et parvenir à visualiser ses ambitions, rien de


tel qu’un coach.

Un aiguillon : de temps en temps, l’effet tremplin simple et/ou le seul effet


levier ne suffisent pas – il faut piquer l’élève au vif pour le faire réagir.

« La formation de la faculté d’attention est le but véritable et

47
presque l’unique intérêt des études. »
Simone Weil

En route vers le coaching !

Vous, votre enfant et sa scolarité


Ce premier exercice est un questionnaire. Il vise à vous faire
réfléchir sur votre implication dans la scolarité de votre enfant et permet
d’analyser le regard que vous portez sur cette dernière. Répondez-y
seul(e), pour ne pas être influencé(e), et sans vous sentir jugé(e), en
gardant à l’esprit que les questions/ problèmes scolaires ne relèvent pas du
domaine moral, mais du domaine méthodologique et pédagogique : ils ne
s’envisagent pas sous l’angle BIEN/ MAL, mais sous l’angle
EFFICACE/INEFFICACE. Bref, ne culpabilisez pas5 ! À l’issue de cet
exercice, vous aurez une ébauche de diagnostic structurel sur la situation
scolaire de votre enfant et votre capacité à l’aider directement.
Pouvez-vous énoncer toutes les matières étudiées par votre enfant ?
Pouvez-vous énoncer le nom de tous ses professeurs ? Celui de son
professeur principal ? Celui de son conseiller principal d’éducation (préfet
des études ou surveillant général dans certains établissements) ?
Connaissez-vous les matières où votre enfant a des résultats convenables
et celles où il a des résultats insuffisants ?
Connaissez-vous les matières préférées de votre enfant et celles qu’il
n’aime vraiment pas ?
À la maison, après les cours, votre enfant a-t-il un endroit et une heure
précis pour se mettre au travail ? Lesquels ?
Connaissez-vous la moyenne générale de votre enfant ? Celles des quatre
matières les plus importantes de sa filière ?
Connaissez-vous, s’il existe, le calendrier des
évaluations/devoirs/contrôles/interrogations de votre enfant ?
Seriez-vous capable de qualifier l’expression écrite de votre enfant ? Son
expression orale ?
Seriez-vous capable de dire pourquoi votre enfant est plutôt littéraire,
plutôt scientifique, ou pourquoi cette catégorisation n’a pas de sens pour
lui ?
De manière générale, quel regard portez-vous sur votre enfant en tant

48
qu’élève et sur sa scolarité ?

Excellent élève

Bon élève

Élève moyen

Mauvais élève

De bonne volonté

Sans volonté

Comprend vite

Difficultés à comprendre

Bonne mémoire

Mauvaise mémoire

Respecte les consignes

Peu docile

Original

Tourne à plein régime

Résultats insuffisants

Problème de concentration

Donne la priorité à ses études


Quel regard portez-vous sur vous-même en tant que parent d’élève ?

Présent

Peu présent

Moyennement présent

Patient

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Exigeant

Empathique

Distant

Confiant

Stressé

Au fait des enjeux

Dépassé

Compréhensif

Pédagogue

Pragmatique

Ambitieux

En projection

À l’écoute

2. Période pendant laquelle, dans l’Antiquité, les Grecs de 18 à 20 ans suivaient leur formation de
citoyens et de soldats.
3. École de philosophie fondée à Athènes par Platon au IVe siècle avant Jésus-Christ.
4. École de philosophie fondée à Athènes par Aristote au IVe siècle avant Jésus-Christ.
5. Culpabilisez d’autant moins que le seul fait d’avoir ce livre entre les mains prouve que votre
implication dans la scolarité de votre enfant est largement supérieure à la moyenne, et que le
niveau d’où vous partez est déjà remarquablement élevé.

50
51
2
LE COACHING SCOLAIRE
POUR AMÉLIORER LE
RAPPORT AUX ÉTUDES

Quand votre enfant avait 8 ans, vous l’entendiez dire : « J’aime pas
l’école ! » Quand il a eu 13 ans, le refrain a légèrement changé : « En cours
je m’emm…e » Et à 17 ans, sa syntaxe s’est considérablement enrichie :
« J’en ai ras le de ce de bahut ! » Ne vous formalisez pas :
derrière le langage imagé de l’adolescence se cache en réalité un débat qui
traverse le monde des pédagogues depuis des siècles : l’éducation doit-elle
être gratuite et désintéressée, ou finalisée et efficace ? Oui, oui, malgré les
apparences, votre enfant est en train d’exprimer un mal-être à haute
connotation intellectuelle et spéculative ! Vous en doutez ? Disons les
choses autrement, avec les mots d’un spécialiste de l’éducation, Philippe
Meirieu, dont la préférence dans ce débat est évidente : faut-il privilégier
l’« obstination didactique » (faire apprendre des choses utiles) ou la
« tolérance pédagogique » (accompagner l’élève où il a envie d’aller,
même si c’est… nulle part !) ? À cette question, la réponse du coach
scolaire est claire : son camp est celui de l’efficacité évaluable, des
objectifs et des résultats précis, fermes, exigibles et identifiables. En
somme, le coaching scolaire a un objectif clair : fixer des objectifs clairs.

Se mettre en mode « Objectif »


52
En effet, lorsque les objectifs apparaissent flous et ambigus, tous les acteurs
du coaching – le coaché, certes, mais aussi le coach, les parents et, le cas
échéant, les professeurs et éducateurs – s’exposent à trois situations
préjudiciables :
l’erreur : le coaché n’atteint pas la cible car cette dernière n’a pas été clairement
circonscrite ; il a visé « à côté », parfois même en croyant bien faire, en pensant
être « dedans » ;

l’indifférence : l’imprécision de la cible conduit le coaché à s’en désintéresser et


à reporter ses efforts sur un autre objectif qui relève rarement du domaine scolaire
(si vous voyez ce que je veux dire…) ;

le découragement : le surcroît d’efforts requis chez le coaché pour pallier


l’imprécision de la cible, difficilement payé de retour, nuit souvent à la motivation.
Bref, « ça m’saoule » !
Déterminer des objectifs précis est particulièrement important pour les
élèves qui ont du mal à se mettre au travail6, notamment lorsqu’ils sont en
situation de « recommençants » (redoublement, décision d’améliorer ses
résultats après un trimestre catastrophique, passage difficile au lycée après
une scolarité tranquille au collège…). On observe alors qu’ils peinent à
« ramasser » leur énergie, pourtant bien présente mais non catalysée, et se
complaisent dans les situations de flou, dans la « glande », dans le surplace
– car avancer, et finalement grandir, leur fait peur.

« Celui qui n’a pas d’objectifs ne risque pas de les atteindre. »


Sun Tzu

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« Grâce au coaching, je sais maintenant ce
qu’on attend de moi à l’école. » Théo, élève de
première ES à Biarritz
Mon prof d’histoire-géo me disait tout le temps que ma méthode n’était
pas bonne. Dans la marge de mes copies, il n’indiquait presque rien, sauf
ce mot : « Développez ! » Et quand je lui demandais comment faire, il
restait très vague, très général, très flou. Bref, je n’y arrivais pas et
personne ne me disait ce qu’il fallait faire pour y arriver. Ça me rendait
dingue ! Puis j’ai eu recours à un coach scolaire. Je lui ai parlé de ce
problème et il m’a tout de suite appris une méthode en trois points, facile à
retenir, très concrète : CHERCHER (tous les éléments constitutifs d’une
réponse ou d’un argument) ; DÉFINIR (tous les termes importants de la
réponse ou de l’argument – la « règle du c’est-à-dire ») ;
ILLUSTRER/JUSTIFIER (avec un exemple, une citation, un chiffre, pour
prouver ce qu’on écrit). Nous nous sommes entraînés sans relâche jusqu’à
ce que cette méthode devienne un automatisme. Bref, mon coach a pallié
les failles de mon prof. Maintenant, en évaluation, je sais précisément où je
dois aller, quel est mon objectif !

En décidant de se faire accompagner par un coach, l’élève se met donc en


mode « Objectif » : toutes les dimensions de son existence qui influencent
ses résultats scolaires, de la qualité du sommeil au volume horaire de
révisions avant un contrôle, vont, dans la mesure du raisonnable, être
finalisées, c’est-à-dire ordonnées à telle ou telle fin, chacune selon sa
logique propre. Rien n’est laissé au hasard. Ici, le mot « objectif » est donc
à prendre dans sa double forme grammaticale : le nom commun, qui désigne
un but à atteindre, qu’il soit modeste ou important ; l’adjectif, qui désigne ce
qui est précis, concret, vérifiable, modélisable, reproductible – opposé à
ressenti, vague, aléatoire, ambigu.

54
Quels sont, par conséquent, les objectifs du coaching scolaire ? Quels buts
se proposet-on d’atteindre quand on y a recours ? On peut les classer en
trois catégories : ceux qui concernent le rapport aux études ; ceux qui
concernent les méthodes de travail ; ceux qui concernent l’orientation
scolaire et professionnelle.

(Re)prendre le leadership sur sa scolarité


Commençons par le rapport aux études. Nous l’avons dit, le coaching
scolaire ambitionne d’amener l’élève ou l’étudiant à donner le meilleur de
lui-même et, par conséquent, à améliorer ses résultats (notes et
appréciations du dossier scolaire). Et cela vaut pour les élèves en difficulté
comme pour ceux dont la scolarité ne pose aucun problème majeur : celui
qui a 8/20 de moyenne peut viser 10/20, celui qui a 15/20 peut viser 18/20.
Quel que soit son point de départ, chacun doit commencer par s’approprier
sa scolarité et s’en rendre maître. Qu’est-ce que cela signifie ?
En France, l’école est l’une des principales sources de stress pour les
parents et les enfants (cf. encadré ci-après)7. Deux voies permettent
d’échapper à une scolarité erratique ou stérile :

avoir dès le départ (c’est-à-dire l’école primaire, voire l’école maternelle) saisi et

55
suivi le bon fil, celui du travail régulier, du suivi parental et de l’intelligence
parfaitement éveillée – autrement dit, être un petit garçon ou une petite fille
modèle ;

se libérer du cercle infernal où circulent lacunes, mauvaises notes, stress et


découragement.

Solution 1 : le travail régulier et suivi


La première solution, loin d’être rare ou impossible, comporte cependant
une bonne dose de hasard, et exige sur le long terme une disposition à la
docilité intellectuelle qui correspond de moins en moins à la mentalité des
enfants de l’âge postmoderne et de la génération Y, prompts à remettre en
cause et délégitimer le savoir et sa transmission.

56
Postmodernité, génération Y, société liquide :
kézako ?
On entend de plus en plus souvent parler de la génération Y.
Qu’est-ce que cette bête-là !? L’un de ses spécialistes français, Julien
Pouget, explique qu’« elle privilégie l’épanouissement personnel et le
travail collaboratif aux méthodes directives et aux hiérarchies trop
formalistes. Sa culture est celle de l’instantanéité, des TIC [Technologies
de l’Information et de la Communication], de l’apprentissage par l’action,
de la mondialisation. Les Américains utilisent également l’expression
“digital natives” pour pointer le fait que ces enfants sont nés avec un
ordinateur8 ». On peut donc dire qu’elle est l’une des ultimes illustrations
de ce que l’on appelle parfois la postmodernité. C’est sans doute à Jean-
François Lyotard9 que l’on doit l’analyse la plus pertinente et la plus
synthétique de ce phénomène, qu’on pourrait résumer ainsi : le refus et/ ou
l’impossibilité de croire aux grandes explications théoriques sur le monde,
la vie, la science. Dans le découpage historique des mouvements d’idées et
des évolutions mentales, la postmodernité vient après la modernité et se
caractérise, contrairement à la phase précédente, par le refus de toute
vérité établie, immuable et universelle, qu’elle soit d’origine religieuse ou
philosophique. Elle est une sorte de scepticisme positif, car elle revendique
les bienfaits sociaux et individuels du relativisme, du mélange des théories,
du métissage des cultures ; ainsi prend-elle aux yeux de ses détracteurs la
forme de « sociétés liquides », sans véritables frontières ni identités,
malléables, nomades, cultivant l’instant présent, la satisfaction immédiate,
l’intuition, le récit et l’expérience plus que le raisonnement. Dans le
domaine de l’éducation, la postmodernité représente un bouleversement
majeur car elle récuse la notion même de transmission, fondée sur la
légitimité des uns et la confiance des autres, d’un savoir figé – récusation
sous forme de questionnement permanent que Lyotard exprime ainsi :
« Qui décide des conditions du vrai ? » Le système éducatif français,
particulièrement centralisé, marqué par la hiérarchie maître/élève, la
prééminence du savoir théorique, la prégnance de l’idéologie républicaine
et la volonté de former des citoyens égaux voire semblables, souffre d’un
décalage croissant avec la mentalité et les attentes de ces Yers. Une faille
de l’école pour tous à laquelle le coaching individualisé est susceptible de
remédier.

Solution 2 : sortir du cycle infernal


La deuxième solution, se libérer du cercle infernal, est précisément ce que

57
vise le coaching, et ce grâce à trois processus :

l’implication du tiers : le cercle infernal, c’est un mouvement positif au départ,


mais dévoyé à cause de l’immobilité de ses acteurs. Bref, c’est comme pédaler
dans le vide : non seulement ça n’avance à rien, mais l’effet d’entraînement est tel
qu’on a l’impression de ne pas pouvoir s’arrêter. Un simple grain de sable peut
enrayer cette circularité inutile et libérer l’énergie cinétique accumulée en vain.
C’est ainsi qu’agit le coach, tel un doigt dans l’engrenage – mais un doigt qui ne
s’insère pas n’importe où, qui résiste à la pression des rouages et ne cède rien ;

la mise à distance : une fois stoppé ou ralenti, le cercle infernal est beaucoup
moins impressionnant et ne semble plus indestructible, comme la lune qui, sans la
lumière du soleil, n’est qu’un vulgaire caillou. De même, le coach est là pour aider
l’élève à mettre sa scolarité à distance, à la distinguer de lui-même pour mieux se
l’approprier, comme pour dire : « Je ne suis pas mes mauvaises notes. »
L’inventeur de la célèbre méthode de psychothérapie pour ceux qui se laissent
envahir, parfois jusqu’à la névrose, par les soucis et les idées fixes, le docteur
Roger Vittoz, soulignait déjà au début du XXe siècle l’importance d’isoler tel ou tel
élément mental pour en désamorcer le potentiel de nuisance10 ;

la reprise en main : une fois cette mise à distance accomplie, et à l’aide d’un
entraînement supervisé par le coach qui lui apporte les outils adéquats et le forme
aux bonnes pratiques méthodologiques11, l’élève peut regarder sa scolarité en face,
en déceler les failles mais aussi les points forts, et la remettre à sa place : « Je ne
suis pas fait pour servir ma scolarité, c’est ma scolarité qui est faite pour me
servir. »
Au total, peu à peu, grâce à la présence et aux conseils du coach, l’élève
(re)devient le leader de sa scolarité : ce n’est plus un poids à porter, mais
au contraire c’est une responsabilité à assumer, qui lui donne de la densité,
le consolide et l’aide à se situer par rapport au monde qui l’entoure, à ce
qu’il est lui-même et à ce qu’il a envie de devenir.

58
L’école en France, pourquoi tant de stress ?
Pour des raisons qui tiennent notamment aux conditions de la
massification de l’école dans la deuxième moitié du XXe siècle
(centralisme administratif, hiérarchie professeurs/élèves, pédagogie
rétributive de la carotte et du bâton, fonctionnement quasi militaire des
établissements scolaires, démesure du temps scolaire par rapport au temps
extrascolaire, déterminisme dans l’acquisition des apprentissages,
progressisme anthropologique…), cette dernière est l’une des principales
sources de stress des enfants, des adolescents et des jeunes adultes. Dans
le système français, par exemple, une scolarité idéale est une scolarité
linéaire : accumulation des connaissances et des savoir-faire, progression
arithmétique, homogénéité des résultats. Un décrochage, même minime,
devient vite une lacune en expansion constante, qui vient alimenter un trou
noir cognitif, une sorte d’anti-capital intellectuel très lourd à porter. La
scolarité à la française, c’est un précieux tricot de soie qui part en
quenouille au moindre accroc : dans ses mailles fines et parfaitement
régulières, un trou minuscule a tôt fait de se transformer en béance.
Devant un tel risque d’irréversibilité, comment ne pas éprouver du vertige,
de l’inquiétude, de l’angoisse – bref, du stress ? Or, le stress est au stress
sa maudite récompense. Telle la libellule capturée par la toile d’araignée
qui s’emprisonne à mesure qu’elle bouge pour tenter de se libérer, plus on
s’agite pour sortir du stress, plus on s’enfonce dans le stress. En particulier
quand on fait face à des problèmes nouveaux sans détenir, faute
d’expérience, les clés de leur résolution – comme c’est le cas pour un
adolescent. En somme, la scolarité à la française fonctionne souvent de
manière binaire : quand ça va bien, tout va bien ; quand ça va mal, tout va
pire.

« Le secret du succès réside dans la cohérence des objectifs. »


Benjamin Disraéli

Booster sa scolarité

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Si l’école est, d’après la terminologie officielle du ministère de l’Éducation
nationale français, le lieu des apprentissages (c’est-à-dire de l’acquisition
progressive et concrète de connaissances et de compétences) et des
remédiations (c’est-à-dire du rattrapage des lacunes et de la correction des
déficiences), le coaching scolaire est le lieu de l’ambition, du
développement et de l’essor – et ce, même lorsque l’on y recourt à
l’occasion d’un incident scolaire nécessitant une remédiation. À l’école, il
suffit de passer (d’une classe à l’autre). Dans le coaching, il faut se
dépasser.

On peut comparer le coaching scolaire à une voiture où l’élève serait le


pilote, le coach serait le technicien-copilote, la motivation à se mettre au
travail serait la ligne de départ, l’objectif scolaire à atteindre serait la ligne
d’arrivée, et l’ambition serait le carburant. En tant que technicien-copilote,
le coach est là pour signaler les obstacles, indiquer les raccourcis, aider à
diagnostiquer les pannes, suggérer de remplacer une courroie ou d’ajouter
tel additif à l’huile de moteur, renseigner le pilote sur la situation de la ligne
d’arrivée et sur le parcours qu’il reste à parcourir avant d’atteindre cette
dernière.
Pour réveiller ou renforcer l’ambition – c’est-à-dire rendre le carburant de
la course encore plus performant – le coach doit identifier des ressorts
précis sur lesquels l’élève pourra s’appuyer pour décoller. Ils peuvent être
multiples et déclinés sous mille formes.
Quant à l’objectif à atteindre in fine – la ligne d’arrivée –, il ne se limite
pas à « mieux faire », à être un « meilleur élève » ; il consiste également à
être un élève plus épanoui, c’est-à-dire capable de donner le meilleur de
lui-même, et en particulier de conforter au maximum ses points forts, ses

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centres d’intérêt, ses terrains de spécialité et d’expertise, et d’en partager
les fruits à ses camarades, à sa famille, à ses professeurs. Ainsi progression
scolaire et gratification sociale peuvent-elles se rejoindre. Allons même
plus loin : la scolarité peut devenir non plus une source de stress, mais un
terrain de plaisir. Plaisir de découvrir, de créer, de partager. Nous
reviendrons sur ce point. Troisième objectif, après mieux faire et faire de
son mieux, faire différemment. Différemment des autres, surtout. Le
coaching scolaire, précisément parce qu’il conduit l’élève à repérer et
exploiter au maximum toutes ses ressources, doit dans un même élan lui
apprendre à se distinguer intelligemment et efficacement de ses camarades,
en développant sa créativité à toutes les étapes du parcours qui le mène à la
réalisation de ses objectifs scolaires.

Faire feu de tout bois pour améliorer sa


scolarité
Pour améliorer son rapport aux études, pour pouvoir se réapproprier sa
scolarité, lui insuffler une nouvelle ambition et devenir ainsi un élève
épanoui, à la fois performant et singulier, il faut des moyens. Ces moyens
sont des techniques, des méthodes, des procédures, des pratiques, des
astuces qui, toutes, comme nous le verrons au chapitre 3, nécessitent un
entraînement soutenu et régulier. Mais ces moyens, qui relèvent du domaine
scolaire, ne suffisent pas. Une scolarité réussie selon les critères évoqués
dans ce livre implique de multiplier les sources de la réussite, d’aller
chercher les tremplins et les carburants partout où ils se trouvent. Autrement
dit, décloisonner au maximum.
Tel est un autre objectif, crucial, du coaching : articuler, sans confusion ni
séparation, la vie scolaire et la vie extrascolaire. Et ce, par simple souci
d’efficacité : une scolarité réappropriée est une scolarité nourrie de toutes
les expériences de la vie. Le rôle du coach est précisément de réintégrer la
scolarité à l’existence quotidienne, d’aider l’élève à relier ce qu’il apprend
avec ce qu’il vit, à comprendre ce qu’il apprend à partir de ce qu’il vit, à
restituer ce qu’il a appris et compris en tant qu’expérience vécue.

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D’une pierre deux coups : se servir de
l’actualité pour motiver son enfant dans ses
études
Tous les parents de lycéen (et a fortiori d’étudiants en formation
supérieure) le savent : la culture générale, et notamment la connaissance de
l’actualité, compte de plus en plus dans les études. Il n’est pas toujours
facile d’inciter les enfants et les adolescents à se tenir au courant de ce qui
se passe dans le monde. Je vous propose de faire d’une pierre deux coups :
se servir de l’actualité (en prendre connaissance) pour aider votre enfant à
se motiver (l’utiliser). Mais avant cela, voici un outil précieux pour
comprendre et « gérer » le comportement de ce dernier. Max Weber, le
fondateur de la sociologie, a identifié deux catégories de motivations (non
exclusives entre elles) chez l’être humain : la « rationalité en valeur » et la
« rationalité en finalité ». La première consiste à agir conformément à une
certaine idée de l’agir, nourrie de morale et de religion ; la deuxième
consiste à agir conformément à une certaine utilité de l’agir, nourrie de
désirs et de calculs. En bref, si votre enfant ne veut pas travailler à l’école,
vous pouvez lui dire : « C’est mal, ton père/ ta mère va être très déçu(e) »
ou : « C’est idiot, tu ne pourras pas être pilote de chasse comme tu en
rêves depuis toujours. » S’agissant de la culture générale, c’est une bonne
occasion de motiver votre enfant à partir de sa rationalité en finalité. En
effet, plus on connaît de choses et on s’ouvre l’esprit, plus on est en phase
avec le monde d’aujourd’hui ; la culture générale est donc un impératif
incontournable à l’heure de « l’économie de l’immatériel12 » fondée sur
l’innovation et la créativité.
De même, s’intéresser à l’actualité permet de faire communiquer la vie du
monde et la vie à l’école. Cette démarche de décloisonnement est
doublement opportune : d’une part, elle correspond à la mentalité des
enfants de « condition postmoderne », plus à l’aise avec l’expérience du
savoir qu’avec l’énoncé ou la narration du savoir ; d’autre part, elle
correspond aux exigences de « l’économie de l’immatériel » évoquée plus
haut, où l’on trouve difficilement sa place sans aptitude à « faire la navette
entre des savoirs compartimentés et une volonté de les intégrer, de les
contextualiser ou de les globaliser », selon les mots d’Edgar Morin,
persuadé que « relier, c’est sans doute le grand problème qui va se poser à
l’éducation » en ce XXIe siècle13.

Bien gérer les cahots de sa scolarité

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La scolarité est rarement un long fleuve tranquille. Comme nous l’avons vu,
des incidents de toutes sortes peuvent survenir et ni l’élève, ni sa famille, ni
l’institution scolaire ne peuvent tout contrôler, tout prévoir, tout anticiper.
Le principal risque est le décrochage.

Le décrochage scolaire
En France, la scolarité peut être comparée à une régate : il faut non
seulement rester dans la course, en suivant l’itinéraire prévu et le rythme
imposé par les concurrents, mais aussi doubler les bonnes balises au bon
moment et dans le bon sens – sinon, c’est l’élimination assurée. Or, il n’est
pas rare de manquer une balise, ce qui revient à décrocher ; il faut alors
virer de bord et revenir sur ses pas. Le décrochage scolaire est plus ou
moins long, plus ou moins important et donc plus ou moins grave : une
absence de quinze jours pour une grippe peut s’avérer sans conséquence
majeure, surtout si elle s’accompagne d’un suivi à distance par le
professeur principal ou le délégué de classe ; une baisse de régime
trimestrielle due à un problème familial (divorce, décès…), ce qu’on
appelle parfois le drop-in14, peut en revanche dégénérer en décrochage
complet et en déscolarisation. La spécialiste en sciences de l’éducation
Marie-Anne Hugon explique que chez les collégiens et lycéens français, le
décrochage procède, paradoxalement, d’une sorte d’instinct de survie
scolaire : « Certains en viennent ainsi à entrer en dissidence ou à déserter
l’école pour préserver ou restaurer une estime de soi entamée par les
verdicts scolaires et reprendre en main leur vie15. »
C’est ici que le coaching se révèle opportun : d’une part, il concourt à cette
« reprise en main de la vie » en prodiguant à l’élève l’attention et le respect
dont ce dernier s’estime privé ; d’autre part, il permet d’inclure dans cette
« vie » la scolarité troublée. Car remédier au décrochage scolaire nécessite
toujours de repasser par les étapes manquées, c’est-à-dire de combler au
plus vite les lacunes du parcours. Recourir au coaching scolaire permet de
mener ce double travail de manière intensive et accélérée, sous la forme
d’une « opération commando » ciblée et individualisée. Décrivant plusieurs
expériences de lutte contre le décrochage scolaire, Anne-Marie Hugon
explique qu’il ne faut pas hésiter, en effet, et ce dans un souci d’efficacité, à
« proposer aux jeunes un enseignement culturellement ambitieux et porteur
de sens. […] On ne réveille pas les curiosités intellectuelles et le désir
d’apprendre avec des activités stéréotypées16 ». Un impératif parfaitement
en phase avec la nature même du coaching scolaire.

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Le changement de niveau ou d’établissement
Autre situation exceptionnelle dans laquelle le coaching scolaire est
particulièrement recommandé : le changement. La sociologie des
organisations nous apprend que la conduite du changement est un enjeu
majeur dans les entreprises, les institutions, les administrations. Il l’est
aussi au plan individuel, et pas seulement pour les adultes. Pour un élève,
un changement de niveau ou d’établissement (du collège au lycée, par
exemple, étape cruciale qui représente une marche souvent délicate à
gravir) mais aussi un simple déménagement, avec ce qu’il implique de
rupture sociale, affective, culturelle, peuvent être source d’instabilité, de
déséquilibre et de difficultés scolaires. Dans de telles circonstances, le
coach joue le rôle du guide-main que l’on suit sur un pont de lianes pour
passer d’une rive à l’autre.

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« Sans le coaching, mon passage du collège au
lycée aurait été catastrophique. » Samuel,
élève de seconde à Toulouse
Au collège, j’ai toujours été dans les trois premiers, sans travailler
énormément. Comme j’ai une bonne mémoire, il me suffisait de lire deux
fois mes leçons – jamais très longues, rarement compliquées – pour les
connaître par cœur. J’avais donc facilement de bons résultats. De même,
les exercices qu’on nous demandait étaient essentiellement des exercices de
restitution de connaissances, pas des vrais problèmes à résoudre exigeant
une méthode rigoureuse, que ce soit en maths ou en physique, en passant
par la géographie et le français. Je suis donc entré en seconde avec
confiance, persuadé qu’il me suffirait de faire ce que je faisais l’année
précédente au collège pour être dans les premiers – et être premier au
lycée, je trouvais ça beaucoup plus cool que d’être premier au collège !
Mais ça n’a pas du tout marché comme ça… Au contraire, mes premières
notes ont été médiocres, je n’ai pas compris tout de suite ce qui était en
train de se passer, je n’ai pas réagi et, au lieu de progresser, ou même de
me maintenir autour de la moyenne, j’ai commencé à plonger. J’étais
catastrophé et je paniquais au point de ne plus savoir comment me sortir de
cette « descente aux enfers ». Lors de la réunion parents-profs, en milieu
d’année, tous les profs m’ont dit que je me dirigeais tout droit vers le
redoublement – tous, sauf un, qui m’a conseillé de rencontrer un coach
scolaire. Et là, franchement, ça va paraître magique, mais il m’a suffi d’une
heure et demie avec lui pour comprendre ce qui diffère entre le lycée et le
collège : au collège, on est évalué sur notre capacité à emmagasiner des
connaissances ; au lycée, on est évalué sur notre capacité à utiliser les
connaissances qu’on a emmagasinées pour répondre à des problèmes, des
questions… Un véritable déclic ! Pas grand-chose, dans le fond, mais un
changement de cap décisif. Bien sûr, mon coach et moi, nous nous
sommes vus tous les quinze jours jusqu’à la fin de l’année scolaire, parce
qu’il fallait que j’acquière les automatismes méthodologiques qui
correspondent aux attentes des correcteurs. Et sans doute reprendrons-
nous à l’approche du bac. En tout cas, si j’avais été coaché dès septembre,
j’aurais beaucoup mieux géré le passage du collège au lycée.

Rationaliser les processus relationnels avec les


autres acteurs de sa scolarité
La scolarité est un terrain où se côtoient, se confondent et s’affrontent la

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raison, c’est-à-dire la réflexion, et l’affect, c’est-à-dire les sentiments. Pour
des motifs qui tiennent notamment à l’état des sociétés occidentales, souvent
envahies par le « culte de l’émotion17 », l’affect prend souvent le pas sur la
raison. C’est notamment vrai dans le fonctionnement des relations entre les
différents acteurs de la scolarité : l’élève, les parents, les professeurs, les
éducateurs, l’administration scolaire. La scolarité d’un élève se trouve au
cœur d’un système complexe, où elle représente un enjeu différent selon les
personnes impliquées.

L’élève et ses parents


En raison des différences de maturité et de perspective entre les deux, la
relation est souvent une non-relation : parents et enfant ne parviennent pas à
se « capter », à se mettre « sur la même longueur d’onde », leurs planètes
restent souvent inaccessibles l’une à l’autre – situation qui peut conduire à
de nombreux blocages et incompréhensions.

L’élève et ses professeurs


Cette relation s’apparente de plus en plus à la précédente, à mesure que les
professeurs sont, eux aussi, gagnés par le « culte de l’émotion » et
remplacent souvent les parents, non seulement dans leur rôle d’éducateurs,
mais aussi de référents affectifs.

L’élève et l’administration scolaire


L’administration scolaire ne doit pas être confondue avec le corps
enseignant. Ici, on oscille souvent entre complaisance douteuse de la part
des assistants d’éducation, qui n’ont pas pour mission statutaire principale
la réussite scolaire des élèves, et traitement bureaucratique et distant de la
part des conseillers principaux d’éducation, qui n’ont pas le temps, et
parfois pas la volonté, d’aider un élève à tirer le meilleur de lui-même.

Les parents et les professeurs / Les professeurs


entre eux
À ces trois relations fondamentales, on pourrait ajouter deux autres : entre
les parents et les professeurs, où l’affect est souvent dévastateur ; entre les
professeurs eux-mêmes, dont les conseils et les consignes à l’égard des

66
élèves, qu’ils soient en difficulté ou porteurs d’un potentiel inexploité, se
révèlent parfois contradictoires.

Quelle est la place du coach dans ces relations ?


Où et comment le coach peut-il intervenir dans ce système de relations ?
Soyons clair : il doit concentrer son action sur les relations élève/parents, et
conseiller ces derniers dans leurs rapports avec les professeurs et
l’administration scolaire.
Entre l’élève et ses parents, le coach joue essentiellement le rôle du tiers,
c’est-à-dire un élément de médiation qui les délivre de la relation « en
chiens de faïence » et permet aux uns et aux autres de changer de position
sans perdre la face. Dans le cadre du coaching scolaire, l’intérêt du tiers est
notamment probant lorsqu’une situation de conflit se présente : dans ce cas-
là, comme l’explique le sociologue Georg Simmel, « il s’agit de réduire la
forme volontaire de l’antagonisme à sa forme intellectuelle : la raison est
partout le principe de la réconciliation, sur son terrain on peut réunir ce qui
reste inconciliable sur le terrain du sentiment18 ».

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68
« Grâce à l’efficacité du coaching scolaire, ma
mère et moi ne nous disputons plus à propos
de l’école. » Cassandre, élève de terminale à
Nice
Ma mère et moi, c’était la guerre. Principalement à cause de l’école. C’est
vrai que je manquais de motivation et donc de volonté. Mais dans le fond
je ne savais pas pourquoi j’étais dans cet état. Je me sentais tiraillée : d’un
côté, je comprenais l’importance de l’école, même si je m’ennuyais
souvent au lycée ; de l’autre, j’avais toujours l’impression d’être en
décalage avec ce que les profs attendaient de moi. Les profs – et ma
mère… Et avec ma mère, c’était pire qu’avec mes profs. Et plus ma mère
me reprochait mes mauvaises notes et m’accusait de ne pas travailler, plus
j’avais envie de croiser les bras et ne rien faire. Pas seulement par rébellion
puérile ou par esprit de contradiction, mais en quelque sorte pour lui dire :
« Je ne comprends pas ce que tu veux que je fasse ! » Quand elle me
disait : « Tu dois travailler plus ! », franchement, j’avais du mal à me
représenter concrètement les buts qu’on me demandait d’atteindre. J’étais
prête à passer deux heures par jour dans ma chambre, mais je n’avais pas
une feuille de route précise à suivre. Alors que ma mère et moi venions de
traverser une crise – parce qu’on me refusait le passage en première, et
qu’elle avait dû me mettre dans un établissement privé hors contrat –, une
copine m’a parlé d’un coach scolaire. Nous avons commencé à travailler
ensemble et, peu à peu, j’ai eu l’impression de comprendre ce qu’est
l’école.
Ça paraît grandiloquent d’exprimer ça comme ça, mais c’est pourtant vrai.
Pourquoi ? Parce que le coach m’apprenait à me fixer des objectifs – des
objectifs que je pouvais comprendre, non pas de vagues buts théoriques, et
des objectifs dans tous les domaines, du plus petit au plus grand. C’est
comme ça que l’école a cessé d’être un océan où j’avais du mal à me
repérer et où je craignais de me perdre et couler, et qu’elle est au contraire
devenue un chemin à suivre vers la réalisation de mes désirs. Et depuis, ma
mère et moi, même quand on a envie de se disputer, on ne trouve aucune
raison pour le faire !

Pour améliorer son efficacité scolaire, pour donner le meilleur de lui-


même, l’élève a donc tout intérêt à recourir au coaching. Mais l’une des
premières choses qui lui seront apprises, et que son coach l’invitera à
expérimenter, c’est le principe suivant : les objectifs ambitieux ne sont rien
sans les moyens ambitieux. On peut vouloir être cuisinier milliardaire,
neurochirurgien en Chine ou avocat à Mexico, cela ne sert à rien si l’on ne

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mobilise pas, dans ce but, toutes les ressources nécessaires. S’approprier
sa scolarité implique de la façonner. Pour la façonner, il faut souvent
(ré)apprendre à étudier. C’est l’objet du chapitre suivant.

« Nul ne peut se sentir à la fois responsable et désespéré. »


Antoine de Saint-Exupéry

Si le coach scolaire était un objet…

Une lampe : le premier devoir du coach, pour dépasser les appréciations


respectives des parents et des professeurs sur l’élève qui lui est confié, est
de placer ce dernier sous un éclairage différent, de l’envisager à partir d’un
angle inédit.

70
Un catalyseur : grâce aux procédures et aux astuces qu’il enseigne à son
élève, le coach contribue à accélérer la « réaction » qui transforme un élève
normal en élève porteur d’un objectif à atteindre.

Une alarme : de temps en temps, et même si sa fonction consiste à


dédramatiser le rapport aux études, le coach doit signaler l’imminence d’un
danger (mauvaises notes, appréciations négatives, accumulation de lacunes,
méthodes et connaissances non acquises et laissées en suspens…), au
besoin en tapant du poing sur la table.

« Il faut être ambitieux mais ne pas se tromper d’ambition. »


Jacques de Bourbon Busset

En route vers le coaching !

Le regard de votre enfant sur sa propre

71
scolarité
Ce deuxième exercice est une mise en situation. Il s’agit pour votre
enfant (et pour vous, le cas échéant) de mettre à distance sa propre
scolarité et, ainsi, de l’objectiver, la dédramatiser, la
« désamorcer », la neutraliser et se la réapproprier. Suivez bien le
déroulement de l’exercice :
1. Prenez une poupée ou la représentation d’un visage (photo ou tableau).
2. Demandez à votre enfant de ne pas quitter cet « avatar » du regard et
d’imaginer qu’il représente sa scolarité (ou l’année scolaire en cours ou qui
s’achève).
3. Demandez-lui ensuite de vous dire à haute et intelligible voix les
sentiments que cet « avatar » lui inspire.

Sympathie

Dégoût

Haine

Colère

Indifférence

Envie

Familiarité

Passion

Tristesse

Confusion

Détresse

Peur

Panique

Stress

Espérance

Courage

72
Adhésion

Rancune

Mépris

Affection

Reconnaissance

Regret

Remords

Satisfaction

Joie

...
4. Demandez-lui pour terminer de choisir l’une de ces phrases et de la
prononcer à haute et intelligible voix (ou d’en rédiger une qui lui convient
davantage et exprime mieux sa pensée et/ou sa situation, et de la prononcer
à haute et intelligible voix) :

Je suis satisfait de ma scolarité et je compte poursuivre dans cette


voie.

J’ai conscience que ma scolarité et ma personne sont deux choses


différentes, que je ne me réduis pas à mes résultats scolaires, que
j’éprouve à l’égard de ma scolarité un sentiment négatif, que j’ai du
pouvoir sur ma scolarité et que je veux qu’elle change dans un sens
positif.

J’ai conscience que ma scolarité et ma personne sont deux choses


différentes, que je ne me réduis pas à mes résultats scolaires, que
j’éprouve à l’égard de ma scolarité un sentiment négatif, que je veux
qu’elle change mais que je ne crois pas avoir du pouvoir sur elle.

J’ai conscience que ma scolarité et ma personne sont deux choses


différentes, que je ne me réduis pas à mes résultats scolaires, que
j’éprouve à l’égard de ma scolarité un sentiment négatif, que j’ai du
pouvoir sur ma scolarité mais que je ne veux pas qu’elle change.

73
« Dans tous les cas, l’espérance mène plus loin que la crainte. »
Ernst Jünger

6. Cf. chapitre 3.
7. Selon un sondage CSA/Associations des parents d’élèves de l’enseignement libre (APEL) d’avril
2009, 22 % des élèves de maternelle, 29 % des élèves de primaire, 32 % des collégiens, 42 %
des lycéens et 37 % des étudiants sont stressés de manière visible (troubles du sommeil,
irritabilité, angoisses…) par leurs études.
8. Julien Pouget, Intégrer et manager la génération Y, Vuibert, Paris, 2010 (2e édition 2013).
9. Jean-François Lyotard, La Condition postmoderne, Éditions de Minuit, Paris, 1979.
10. Roger Vittoz, Traitement des psychonévroses par la rééducation du contrôle cérébral,
Desclée de Brouwer, Paris, nouvelle édition 2008 (première parution chez J.-B. Baillière et fils en
1911).
11. Cf. chapitre 3.
12. Cf. Jean-Pierre Jouyet et Maurice Lévy, L’Économie de l’immatériel, La Documentation
française, Paris, 2006.
13. Edgar Morin et Boris Cyrulnik, Dialogue sur la nature humaine, Éditions de l’Aube, 2004
(nouvelle édition en 2010).
14. Marie-Anne Hugon le définit ainsi : « manifestations de désintérêt, passivité, absentéisme perlé,
apathie et violence » (Marie-Anne Hugon, « Lutter contre le décrochage scolaire : quelques pistes
pédagogiques », Informations sociales [sous la dir. d’Alain Vulbeau], n° 161, CNAF, Paris,
2010, p. 36-45).
15. Ibid.
16. Ibid.
17. À ce sujet, on pourra se référer à différents ouvrages : Le Culte de l’émotion de Michel
Lacroix, Flammarion, 2001 ; La Tyrannie de l’émotion de Noël Mamère et Patrick Farbiaz, J.-
C. Gawsewitch, 2008 ; Émotions… mobilisation !, sous la direction de Christophe Traïni,
Presses de Sciences Po, 2009 ; Le Citoyen sentimental, de George Marcus, Presses de
Sciences Po, 2008.
18. Georg Simmel, « The number of members as determining the sociological form of the group »,
American Journal of Sociology, 1902.

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75
3
LE COACHING POUR
APPRENDRE À
ÉTUDIER

En ce début du XXIe siècle, les parents d’élèves sont tiraillés : d’un côté, le
monde où ils sont plongés, qui ressemble à une jungle darwinienne pleine
de ressources et de dangers, les rappelle constamment à la nécessité
d’instiller à leurs rejetons la passion de l’ambition, arme de la survie ; de
l’autre côté, ils ne leur apprennent pas toujours comment décliner cette
ambition au quotidien. « Vise la lune ! » D’accord mais… quid de la fusée ?
Où la dénicher ? Comment la construire ? La faire décoller ? Apprendre à
la manœuvrer ?
Parce que leur expérience du temps qui passe est par définition limitée, les
enfants et les adolescents ont du mal à articuler objectifs et moyens, présent
et avenir. Et les parents ne sont pas les mieux placés pour les y aider. C’est
en revanche l’une des missions du coach : il est là pour superviser la
gestion des moyens, des outils, de la logistique cognitive. Si la scolarité est
une guerre à livrer, il est ce qu’on appelle dans l’armée la DCMAT, la
Direction centrale du matériel de l’armée de Terre : il ne laisse personne
partir en opération sans avoir appris à ouvrir son parachute, à manœuvrer
son char, à manipuler son fusil-mitrailleur.

« La plupart des gens, tels les objets flottants sur les fleuves,
n’avancent pas, mais se laissent porter. Il faut donc décider de ce
que nous voulons et persévérer dans ce but. »
Sénèque

76
Évitez l’éducation-slogan
Tous les parents le font, et c’est naturel : plutôt que de
recourir à des discussions parfois stériles et souvent
démagogiques, ils assènent à leurs enfants toutes sortes de slogans
censés entrer directement dans la tête de ces derniers : « Passe ta
licence d’abord ! » ; « En terminale, il faut travailler deux heures
chaque soir ! » ; « L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ! » ; « Si
tu ne veux pas faire le bœuf, alors tu dois faire le boucher ! » ; « Tu
t’en sortiras pas si t’as pas la niaque ! » Mais cette façon de faire est
dangereuse. Outre leur fragilité intrinsèque – que perçoivent les
adolescents, en particulier, notamment parce qu’ils sont à l’âge où
l’on questionne tout, parfois avec raison d’ailleurs –, ces
recommandations parfois plus que triviales relèvent d’un mode de
communication largement dépassé en ce début de XXIe siècle, où
l’expérience partagée compte plus que l’injonction. Les slogans sont
des « idées croupions » – c’est d’ailleurs pourquoi ils constituent la
particule de base des idéologies ; or les jeunes d’aujourd’hui sont
beaucoup plus à l’aise avec le témoignage et le storytelling. Il faut les
aider à raconter l’histoire de leurs succès futurs.

« Hâtez-vous lentement et, sans perdre courage, Vingt fois sur le


métier remettez votre ouvrage, Polissez-le sans cesse, et le
repolissez, Ajoutez quelquefois et souvent effacez. »
Boileau

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Darwin revival !
Le naturaliste anglais Charles Darwin (1809-1882) souffre d’une
mauvaise réputation. Ses travaux sont parfois accusés d’avoir
donné du grain à moudre aux eugénistes de tout poil, notamment
ceux qui prétendaient faire émerger un « homme nouveau ». Il faut dire
que ce scientifique hors pair, créatif et supérieurement intelligent, est l’un
des premiers à avoir émis l’hypothèse que tous les êtres vivants sont en
compétition les uns avec les autres – et dans un but à la fois terrible et très
simple : survivre. C’est ce qu’il appelle la « concurrence vitale », dont les
ressorts seront plus tard résumés dans la notion de « sélection naturelle ».
Or, en ce début de XXIe siècle, Darwin revient à la mode. Non parce que
ses expériences et ses hypothèses feraient l’objet d’un regain d’intérêt de la
part de la communauté scientifique, mais parce que les observateurs de la
société d’aujourd’hui estiment que ses conclusions sont complètement en
phase avec la situation actuelle. L’assistanat du berceau à la tombe,
l’égalitarisme bienpensant, le cocooning d’État sont en net recul ;
nombreux sont ceux qui prédisent l’ensablement de la civilisation des
classes moyennes et l’émergence d’un monde où les disparités seraient
extrêmes et généralisées, où cohabiteraient les très riches d’un côté et les
très pauvres de l’autre, avec les pires difficultés pour subsister entre les
deux. Bref, le passage de l’ère du poisson rouge, animal domestique
standard, à l’ère du requin, prédateur redoutable. Un tableau glaçant, hélas
corroboré par les statistiques, face auquel on peut réagir de trois manières :
le déni, en refusant de regarder la réalité en face ; le découragement, en se
résignant au déclassement ; la combativité, en agissant de manière à
trouver sa place dans ce monde éclaté et plein de promesses. D’où l’intérêt
croissant pour le coaching, manière progressive et centrée sur la personne
de s’adapter et de dompter la jungle dans laquelle nous vivons.

Oui, le plaisir scolaire existe !


Mais d’abord, et ce n’est pas la moindre des raisons de recourir au
coaching, qui est censé y mener, insistons sur la conviction suivante : le

78
plaisir, la satisfaction, la fierté peuvent aussi bien résider dans l’ordre des
moyens que dans l’ordre des fins, c’est-à-dire autant dans l’entraînement, le
bachotage, la discipline, que dans l’objectif atteint, c’est-à-dire la bonne
copie ou l’appréciation élogieuse.
Quel que soit son profil, l’adolescent peut accéder lui aussi au plaisir
intellectuel, pour autant que son coach le conduise à découvrir et
expérimenter non seulement le plaisir (statique) d’accumuler les savoirs et
les savoir-faire, mais celui (dynamique) de labourer, semer et finalement
récolter. Bref, être heureux sur la piste autant que sur le podium.

« Le coaching m’a permis de découvrir le


plaisir intellectuel. » Gaspard, élève de
terminale ES à Saint-Étienne
Autant le reconnaître tout de suite, j’étais ce qu’on appelle vulgairement un
glandeur. Sauf pour le foot, je me sentais incapable d’éprouver de
l’enthousiasme pour quoi que ce soit. Et pour l’école moins que le reste…
Je faisais donc à peine le strict minimum pour passer de trimestre en
trimestre, d’année en année. Ce n’est qu’en terminale que j’ai commencé à
m’inquiéter – mes parents, eux, étaient inquiets depuis très longtemps, mais
cette fois ils m’ont prévenu qu’il n’y aurait aucune échappatoire : c’était le
bac ou le redoublement en pension. L’horreur… J’ai vraiment voulu réagir,
mais dès qu’il me fallait travailler ou réviser sérieusement, de manière
concentrée et appliquée, je me sentais sans aucune énergie. Une vraie
tortue ! Un coach est venu à la maison et nous avons beaucoup discuté,
tous les quatre, avec mes parents. Il nous a parlé du fonctionnement de
l’intelligence, avec des mots que je n’avais jamais entendus, en nous
présentant des schémas ultra-simples dessinés il y a un siècle par un
philosophe appelé Jacques Maritain. À l’entendre, le travail intellectuel
ressemblait à une aventure, ou à un scénario de jeu vidéo ! Sa manière de
présenter le travail scolaire a été pour moi un déclic. Nous nous sommes
donc vus toutes les deux semaines pendant presque toute l’année – avec
des hauts et des bas, bien sûr, mais en mettant toujours la notion de plaisir
au centre de notre travail.

79
Le travail scolaire peut-il être érotique ?
Aussi théorique ou virtuel que cela puisse paraître, comprendre
(qui dérive d’un mot très érotique, le verbe « prendre ») est un
acte de jouissance – de fruitio, aurait dit saint Thomas d’Aquin.
L’un des plus éminents disciples contemporains de ce dernier, le
philosophe Jacques Maritain (1882-1973), associe la connaissance à
l’union, dans une perspective nettement sensuelle : « Dans le cas de la
connaissance sensitive, le sens externe, lui-même en état de tension vitale,
et qui n’a qu’à “s’ouvrir” pour connaître, reçoit de la chose agissant par
ses qualités sur l’organe, et qui s’offre elle-même ainsi à être sentie, une
species impressa, une forme présentative imprimée en lui grâce à laquelle
il est spécifié comme par un germe entré dans ses profondeurs […]
L’intelligence, elle, connaît les choses en les formant dans un fruit qu’elle
conçoit au sein de son immatérialité19. » Cette joie intellectuelle, on en
retrouve l’analyse chez les philosophes Descartes, Spinoza, et bien
d’autres.

Pour cela, le coach scolaire n’a pas besoin de réinventer les fondamentaux
de la pédagogie. Il peut se contenter d’ouvrir à son élève quatre portes qui
donnent elles-mêmes accès à des pratiques engageantes et décisives :
découvrir, créer, partager et répéter.

Découvrir
Le coach scolaire doit inlassablement aiguiser la curiosité et solliciter la
capacité d’émerveillement de son élève, même et surtout quand elle semble
endormie, ce qui est souvent le cas chez les adolescents en plein
changement physique et psychique. Le plaisir de la découverte est en effet
une puissante « force de rappel » au travail ;

80
Apprenez à identifier la « force de rappel »
de votre enfant
Saint François d’Assise est l’une des plus grandes figures
religieuses du Moyen Âge. Devenu moine après avoir enchaîné les fêtes,
les dépenses somptuaires et les conquêtes féminines, il décide, comme il le
dit lui-même, d’épouser « Dame Pauvreté ». Mais il ne parvient pas à
oublier la dolce vita et rêve de fonder une famille pour échapper aux
rigueurs de la vie monacale et du dépouillement. En même temps, il sait
que cela reviendrait à trahir son engagement. Alors un jour d’hiver, assailli
par la tentation de retourner aux fourrures et au bon feu de cheminée de sa
vie passée, il façonne un grand bonhomme de neige, et quatre plus petits à
côté. Puis il se dit à lui-même, à haute voix : « Voilà, ça y est, tu as une
famille, une femme et quatre enfants. Maintenant, donne-leur à manger ! »
Mais il ne possède rien. Il comprend alors que s’il fonde une famille, il ne
pourra s’en occuper, car il a épousé « Dame Pauvreté ». Il retourne
finalement à sa vie de moine. La pauvreté a été sa force de rappel.
Vous, parents, lorsque vous avez l’impression que votre enfant va rompre
son engagement, explicite ou implicite, à bien travailler à l’école, mettez-le
devant ses responsabilités en utilisant une force de rappel : qu’est-ce qui va
le ramener à la raison, c’est-à-dire à sa table de travail ? Une punition ou
une récompense en lien avec l’une de ses passions ? Un pari ? L’amour-
propre ? L’inquiétude ? À vous de choisir avec minutie cette force de
rappel car elle doit être le recours ultime.

« Tous les contresens dans les versions, toutes les absurdités dans la
solution des problèmes de géométrie, toutes les gaucheries de style et
toutes les défectuosités de l’enchaînement des idées dans les devoirs
de français, tout cela vient de ce que la pensée s’est précipitée
hâtivement sur quelque chose et, en étant ainsi prématurément remplie,
n’a plus été disponible pour la vérité. »
Simone Weil

Créer
En lien avec la nécessaire (ré)appropriation de sa scolarité par l’élève (cf.
chapitre 2), le coach scolaire doit aider ce dernier à déceler au fond de lui-
même, grâce à l’exercice régulier de ses facultés intellectuelles, la manière
de travailler – c’est-à-dire apprendre, comprendre et restituer – qui est

81
conforme à sa personnalité et qui sera donc la plus féconde et la plus
efficace ; au-delà, l’élève a besoin, pour la confiance et l’estime de soi,
d’expérimenter et de prendre conscience du processus qui conduit de la
mise au travail, souvent difficile, à l’obtention d’une bonne note ou d’une
bonne appréciation, c’est-à-dire le fruit de son travail – et il revient au
coach de l’aider en ce sens.

Partager
Comme toutes les richesses intérieures, et contrairement aux richesses
matérielles, le savoir croît à mesure qu’il se répand. Paradoxalement, plus
on le partage, plus on en a. Dans le domaine scolaire, partager ses
découvertes et les résultats de son travail, notamment pour les adolescents,
est une expérience très gratifiante ; de même, recevoir les marques de fierté
de ses parents et de son entourage est un moteur pour continuer à progresser.

Répéter
D’autres aspects du travail intellectuel, et plus précisément du travail
scolaire, peuvent également être source de plaisir. On ne peut tous les
aborder ; il s’en révèle d’ailleurs tous les jours, fort différents selon les
personnes. Relevons-en un, qui n’est pas contraire à la joie de créer : la
joie de l’itération. Qu’est-ce qui se cache derrière ce mot étrange ? Les
enfants, les adolescents et peut-être même tous les êtres humains, quel que
soit leur âge, ont besoin de logique, de catégories, de hiérarchie – bref, de
procédures et de méthodes qui leur servent de modes d’emploi et leur
permettent d’atteindre des objectifs de manière rationnelle, graduelle et
répétitive.
Car la répétition, base de l’appropriation de tout savoir-faire, n’engendre
pas nécessairement la monotonie. Au contraire, notamment lorsqu’elle vise
à inscrire en soi-même une pratique récemment acquise, elle contribue à
sécuriser l’individu dans son apprentissage, et lui apporte le confort
intellectuel et psychologique d’une expérience profondément maîtrisée. À
force de la répéter, le cerveau se trouve programmé pour faire fonctionner
une application – exactement comme en informatique. Ainsi, pour
s’approprier la méthodologie de la dissertation, il faut faire et refaire des
dissertations ; pour s’approprier l’étude d’une fonction polynôme du
troisième degré, il faut s’y exercer encore et encore – à la façon des
danseurs qui répètent inlassablement le même geste, pour qu’il devienne

82
parfait et instinctif.

Mettre en place le back-office scolaire


Rentrons maintenant dans le vif du sujet et raisonnons en termes d’objectifs
(ce qu’on appelle aussi les fins ultimes), et de moyens à mettre en œuvre
pour atteindre ces objectifs (les fins intermédiaires). Le vocabulaire de
l’entreprise va nous y aider : sa fin ultime est de croître, et ses fins
intermédiaires sont de dégager des bénéfices permettant l’investissement et
la rémunération la plus élevée possible de ses facteurs de production. Pour
ce faire, et quels que soient les noms qu’on leur donne, elle devra
comprendre deux centres de gravité : le front-office, où l’entreprise bataille
pour tirer son épingle du jeu et son profit du marché, et le back-office, où
elle s’arme tous azimuts pour livrer bataille.
La scolarité, elle aussi, du collège à l’université, implique de mettre en
place un front-office et un back-office. Le coach est plus particulièrement
l’auxiliaire privilégié du dispositif de back-office scolaire, qu’il aide à
faire fonctionner.
À chaque objectif ses moyens ; à chaque élève son back-office scolaire.
Difficile, donc, de dresser la liste de tout ce qu’il doit comprendre. Des
éléments incontournables existent cependant, car tous les élèves ont des
objectifs communs : augmenter leurs résultats et améliorer les appréciations
des professeurs. Ces moyens incontournables visent principalement à
permettre et/ou maximiser la mémorisation et la compréhension. Mais ils
portent à la fois :

sur les connaissances et les compétences, sur la capacité à apprendre,


comprendre et restituer ;

sur l’état d’esprit, ce que Hubert Ripoll20 appelle le « climat motivationnel ».


Le coach a donc pour mission première de vérifier que ces moyens
fonctionnent convenablement.

Se donner un cadre pour le travail personnel


La première tâche du coach scolaire est d’aider son élève à se situer comme
un « êtrequi-travaille ». Se situer, c’est-à-dire se donner un cadre. Un cadre,
c’est-à-dire un espace-temps animé par un état d’esprit – le « climat

83
motivationnel » évoqué ci-dessus.
L’un des grands enjeux du coaching scolaire consiste en effet, en prenant
tout le temps nécessaire, à délimiter le « terrain » sur lequel les
automatismes cognitifs et méthodologiques (comment emmagasiner ses
connaissances ? comment les restituer et les utiliser ?) pourront s’enraciner
et croître en puissance. Ce « terrain » résulte d’une tâche qu’on peut
résumer dans le verbe « singulariser ». Singulariser, c’est rendre singulier,
c’est-à-dire distinguer, mettre à part, différencier, isoler. Le travail scolaire
exige son cadre propre, son domaine bien à lui. Cette tâche de
singularisation est double : singulariser l’espace du travail et singulariser le
temps du travail.

Le bon moment
À l’école, cette singularisation existe bel et bien : la sonnerie marque le
temps du travail, le seuil de la salle de classe marque l’espace du travail.
Autant de frontières moins évidentes, en revanche, à la maison, qui est
pourtant l’un des foyers essentiels de la réussite scolaire car c’est
principalement là que l’élève s’entraîne. Le coach doit donc aider ce
dernier à trouver le bon moment et le bon lieu pour travailler.
À la maison, le bon moment ne va pas de soi, contrairement à l’école où il
est annoncé par une sonnerie ad hoc. Il faut décider de lui faire une place, si
l’on peut dire, sauf à le voir filer vers d’autres horizons. Le coach est là
pour guider l’élève dans la gestion des créneaux de son agenda – un vrai
travail de gardien de parking, avec l’objectif de tout faire tenir, les heures
de révision en mode focalisé comme les moments d’oisiveté totale, où le
temps n’a d’autre utilité que de couler, comme une rivière à qui l’on ne
demande rien, ni poisson ni électricité.
Pour gérer un agenda, il faut d’abord… avoir un agenda (l’objet) ! Le plus
approprié, qu’il soit électronique ou papier, est le semainier, car la vie
scolaire, comme la vie sociale en général, est très largement organisée sur
la base de la semaine. L’idéal est que la présentation soit synoptique, c’est-
à-dire qu’elle permette d’embrasser l’organisation de la semaine d’un seul
coup d’œil. Les obligations et activités récurrentes y figurent : parmi elles,
les plages de travail personnel en dehors de l’école. Le créneau quotidien
ne doit pas varier pour ne pas créer l’illusion d’un temps infiniment
disponible : à cette seule condition on devient plus rapide. Si un élève de
seconde se fixe par exemple une heure et demie de travail personnel chaque

84
soir, et qu’il lui manque 15 minutes pour terminer la révision de ses leçons,
il ne devrait pas se les accorder, quitte à récolter une note inférieure à ses
attentes, afin de s’obliger à progresser dans l’efficacité de son
apprentissage. Tel exercice qui prend 30 minutes au premier trimestre ne
prendra plus que 20 minutes au deuxième trimestre, et 15 minutes au
troisième– une performance ô combien précieuse pour augmenter son taux
de couverture des connaissances, mais impossible à accomplir sans une
certaine rigidité dans la gestion de l’agenda. Le coach est le garant de cette
rigidité.

Le bon endroit
Deuxième dimension du cadre : le bon endroit. Et le bon endroit, c’est avant
tout le même endroit, celui que l’élève associe consciemment et
inconsciemment au travail scolaire et à ses procédures d’apprentissage,
celui dont les caractéristiques – objets, emplacement, ambiance, luminosité,
décoration, couleurs… – lui envoient le message suivant : « Ici, on
travaille. » Dans le bon endroit, il n’y a que les bons moyens, c’est-à-dire
tous les outils qui permettent à l’élève d’atteindre ses objectifs d’élève :
apprendre une leçon, résoudre un problème de mathématiques, rédiger une
dissertation. Tous ces moyens mais rien que ces moyens : il convient d’y
arriver « nu », sans ces distractions habituelles de l’élève occidental que
sont en ce début de XXIe siècle le smartphone et l’ordinateur. Le bon
endroit est comme le laboratoire où l’élève apprend à manier des savoirs et
des savoir-faire : il doit donc rester « étanche » aux sollicitations inutiles.
Le coach est le garant de cette sobriété.

85
« Grâce au coaching, je sais maintenant
comment passer du canapé à ma table de
travail. » Yannis, élève en classe prépa Maths
sup à Brest
Le coaching m’a apporté un truc tout bête, très simple en apparence : un
objectif et des moyens pour toutes mes activités, à commencer par mes
activités scolaires. Lors de notre première séance en classe de première,
alors que j’avais du mal à décoller, mon coach a fait quelque chose qui m’a
marqué pour tout le reste de mes études : il a fait l’analyse étymologique
du mot « méthode » – meta-odos, un chemin pour aller au-delà, pour
passer à travers. J’ai alors réalisé que si l’on veut atteindre l’objectif qu’on
s’est fixé, il faut établir et emprunter un itinéraire précis, valider certaines
étapes, un peu comme dans un jeu vidéo en tableaux du genre Mario Bros.
Peu à peu, au fil des séances, mon coach m’a appris à tout faire avec
méthode, c’est-à-dire avec un point de départ, un itinéraire et un point
d’arrivée. Ça a complètement changé mon rapport aux études. Ça m’a
servi quand je suis au travail, mais également pour me mettre au travail.
Les jours où je me sens paresseux, si j’ai du mal à quitter le canapé, le
smartphone et la télé, je me force à suivre un itinéraire précis qui me
conduit dans ma chambre et à ma table de travail. Tout est minuté, depuis
le moment où je passe de la position couchée à la position débout, jusqu’au
moment où je défais le capuchon de mon stylo et ouvre mes livres et
cahiers ! Maintenant que j’entre en prépa, c’est bien utile, car le travail ne
manque pas !

En bref, le coach est comme une sentinelle ; il est le gardien des frontières –
les frontières spatiales et temporelles du cadre de travail. Mais ce cadre est
comme un moteur : une fois les pistons montés et les courroies installées, il
faut du carburant pour alimenter l’ensemble. Ce carburant, c’est le « climat
motivationnel », l’état d’esprit. C’est également au coach qu’il revient de
l’insuffler et de l’entretenir.

Le bon état d’esprit


Il est un mot presque maudit pour certains acteurs de l’éducation, qui
l’associent à la domination de la forme sur le fond, au primat des règles
bêtes et méchantes, au conformisme castrateur, voire aux châtiments
corporels – c’est le mot discipline. Pour eux, la discipline consiste à obéir
sans se poser de questions au motif bien connu des sergentschefs :

86
« chercher à comprendre c’est commencer à désobéir » ! On comprend,
bien sûr, qu’un tel abus de langage ait fait son chemin : pendant des siècles,
ce sont les partisans de l’épanouissement par la contrainte et la souffrance
qui s’en sont faits les champions, et il désignait même un fouet destiné à
l’autoflagellation !

L’étrange destin du mot « discipline »


Étrange destin que celui de ce mot agrégé au vocabulaire militaire
et exclu du vocabulaire pédagogique – au point que l’on ne parle plus du
français ou des sciences physiques comme d’une « discipline », mais
comme d’une « matière » – alors qu’il désigne précisément le processus de
formation et d’enseignement. Étymologiquement (discipulina en latin,
mathema en grec), la discipline d’Untel, c’est sa formation, son éducation
– et non sa (psycho)rigidité ! Cicéron parlait même de la discipline d’une
cité au sens de son organisation politique, ses institutions.

En réalité, la discipline est l’ensemble des moyens qui, dans l’ordre du


savoir et du savoir-faire, permettent de « fonctionner », d’être efficace,
c’est-à-dire d’atteindre ses objectifs. La discipline, c’est ce qui permet de
ne pas mettre la charrue avant les bœufs, non parce que les bœufs valent
plus que la charrue, mais parce que sans les bœufs, la charrue fait du
surplace. La discipline, c’est éviter de répondre avant d’avoir posé la
question, de conclure avant d’avoir énoncé les hypothèses et rappelé les
lois de science. La discipline, c’est reconnaître qu’on ne peut à la fois
chahuter et écouter les explications du professeur… Alors il faut bien le
dire : oui, le coach est un maître de discipline. Non pas à la manière d’un
régisseur d’esclaves, mais à la manière d’un maître Shaolin, qui ne laisse
rien passer à son disciple dans la pratique de son art.
Avoir un esprit discipliné, c’est accepter de suivre. Non pas suivre au sens

87
d’« être derrière », comme on dit d’un toutou qu’il suit son maître partout.
Suivre au sens de « suivre un chemin », « suivre une étoile », c’est-à-dire
entrer dans une voie déjà tracée, avec un point de départ, un parcours et un
point d’arrivée. Chez Platon, le verbe grec qui signifie « suivre »,
akolouthéo, signifie également « comprendre », et l’adjectif qui y
correspond, akolouthos, signifie aussi bien « serviteur » que « cohérent ».
Et comme nous allons le voir, cette correspondance sémantique n’est pas
due au hasard.

« Juger est quelquefois un plaisir, comprendre en est toujours un. »


Henri de Régnier

88
Motivez vos enfants en faisant le lien entre
sport et scolarité
La plupart des adolescents (aux alentours des deux tiers si
l’on en croit l’INSEE) pratiquent un sport en club ou dans une association
sportive scolaire. Ce sport, pour eux, c’est souvent bien plus qu’un
divertissement. C’est une passion, un univers de rattachement social et
affectif, et même pour certains une véritable raison de vivre, à un âge où
les goûts et les centres d’intérêt sont souvent difficiles à identifier. C’est
dire si le sport peut être un vecteur de messages et une occasion
d’apprendre, dès lors qu’on l’articule habilement, sans pression, sans y
arriver « avec ses gros sabots », aux problématiques scolaires. Un exemple
tout simple de conversation à engager avec son enfant :

« Tu aimes le rugby et tu es bon au rugby ?

– Oui.

– Tu as donc déjà envisagé une carrière professionnelle ?

– Oui.

– Tu aimes les maths et tu peux être bon en maths quand tu t’y mets ?

– Oui.

– Alors as-tu déjà envisagé une “carrière professionnelle dans les maths”,
c’est-à-dire de “faire quelque chose de sérieux” avec les maths ?

– Non, c’est vrai, je n’y ai jamais pensé en ces termes. »


Le sport peut donc être un extraordinaire point d’appui, permettant
de transformer l’amusement en ambition, d’exploiter ses centres
d’intérêt, de les faire fructifier aux plans social et professionnel.

Se mettre et rester au travail


Le chemin que le coach invite l’élève à prendre, à suivre, commence par la
mise au travail. Un grand défi à relever au quotidien ! Aider l’élève à se
mettre au travail est sans doute la tâche la plus difficile pour le coach, la
plus décisive, la plus importante, la plus récurrente. Quelle que soit la
technique suggérée à l’élève pour qu’il se mette au travail, le coach devra

89
continuellement s’assurer qu’elle est durablement maîtrisée et
convenablement pratiquée. La tendance naturelle de l’élève, au moins dans
les premiers temps, jusqu’à ce qu’il découvre (ou pas…) le plaisir de
l’entraînement et de l’effort intellectuel, sera de contrer l’effort mental et
physique que nécessite cette mise au travail. Consciemment ou
inconsciemment, avec plus ou moins d’intensité, l’élève rechignera à se
« téléporter » dans son cadre de travail, c’est-à-dire à quitter son canapé
moelleux pour une austère chaise, son smartphone pour ses manuels, sa
musique pour le silence du labeur… Pourquoi ? Parce que la mise au travail
est le passage d’un état à un autre, la métamorphose de l’enfant ou
l’adolescent en un être-qui-travaille, une mue d’autant plus contraignante
qu’elle se répète tous les jours !

Trouver du plaisir dans le travail


En outre, pour certains élèves franchement rebutés par l’apprentissage
scolaire, la mise au travail ressemble à la traversée du miroir : ce qui les
attend, c’est une image d’euxmêmes qu’ils n’aiment pas toujours. Poussé à
l’extrême, le refus inconscient de cette mue signifie parfois la peur de
quitter l’enfance, âge du jeu, et peut conduire à des formes de phobie
scolaire, de plus en plus fréquentes au début de l’adolescence. Comment
faire ? Il n’y a pas de recette toute faite, de starter miracle : c’est justement
au coach de l’imaginer avec son élève, en fonction du caractère de ce
dernier, de son profil scolaire, de son âge, de ses centres d’intérêt…

Persévérer dans le travail


Deuxième enjeu pour le coach dans le « façonnement » de l’état d’esprit de
son élève : se mettre au travail, c’est bien ; y rester, c’est mieux. Y rester
d’une présence qui ne soit pas qu’apparente, qui soit intellectuelle autant
que physique : combien de parents sont en effet persuadés que leurs enfants
travaillent parce qu’ils sont dans leurs chambres, assis à leurs bureaux, un
stylo à la main, les livres et cahiers ouverts, dans un silence que trouble à
peine le grésillement d’une paire d’écouteurs ?… S’il n’y a pas de starter
magique pour faire démarrer un élève, il y a en revanche deux moyens
incontournables de l’aider à avancer sans s’arrêter, sans se garer sur le bas-
côté, sans même décélérer le long du parcours :

le premier est d’ordre anthropologique et psychologique : l’inviter à cultiver sans


relâche la vertu de persévérance, dans tous les domaines, en s’appuyant sur toutes

90
les dimensions de sa vie personnelle, familiale, sociale, etc. ;

le deuxième, sur lequel nous insisterons davantage, relève plus précisément du


domaine propre au coach scolaire, et requiert de sa part énormément de doigté et
de savoir-faire : faire entrer dans le travail intellectuel au plein sens du terme.
Qu’est-ce que cela signifie ? Le coach qui se contente de « lancer » son élève ne
fait pas son boulot. Il doit non seulement le lancer sur une voie bien précise, mais
sur une voie qui comporte des étapes, des paliers. On n’avance pas sans degré pour
se motiver ; or, c’est précisément ce en quoi consiste le travail scolaire dans sa plus
belle dimension : appliquer des procédures, suivre une logique, mettre en œuvre
une stratégie d’exploration et de conquête des savoirs et des savoir-faire. Travailler
et voir, étape après étape, le fruit de son travail, de la graine à la plante, du papier
au réel. Ainsi envisagé, un exercice de maths, une dissertation de philo ou un TP de
chimie peuvent s’appréhender comme un jeu vidéo qui consiste à passer de level
en level jusqu’à la fin, jusqu’à la victoire sur le « boss » – un tel défi, qui
l’abandonnerait en cours de partie ?
Ce n’est pas pour rien que le travail personnel de l’élève doit être un
véritable « entraînement » : il n’a d’intérêt et d’efficacité que dans la
mesure où il conduit à la réussite scolaire, dans la mesure où la mise au
travail « entraîne », c’est-à-dire génère, les bonnes notes aux
devoirs/contrôles/évaluations.
Et pour ce faire, le travail personnel doit viser trois objectifs :
apprendre/mémoriser, comprendre et utiliser ses connaissances.

91
Les trois objectifs du travail personnel

92
Apprendre à apprendre
Il y a mille manières d’apprendre et le coach peut inviter son élève à toutes
les utiliser, les croiser, les mélanger, les alterner, etc. Son rôle n’est pas de
lui en imposer une mais d’identifier celle(s) qui :

lui convien(nen)t le mieux, en fonction de sa personnalité, de la nature des


connaissances à assimiler, de son âge, de son état d’esprit, etc. Nous savons en
effet qu’il existe différentes mémoires, non exclusives entre elles, mobilisables par
notre cerveau et notre esprit : la mémoire sensorielle (auditive/scripturale/visuelle),
les mémoires explicite (déclarative) et implicite (non déclarative), les mémoires à
court/moyen/long terme, la mémoire épisodique, la mémoire procédurale, etc. ;

répond(ent) à l’objectif d’une mémorisation articulée des données à retenir :


accumuler les connaissances comme on empile des canettes de soda ne sert à rien.
Le coach est là pour apprendre à l’élève à ordonner les connaissances qu’il
acquiert : ordonner au sens de « mettre en ordre » mais surtout au sens de
« donner une direction, un sens, une finalité ». Le coach est là pour que l’élève
passe de la liste à la carte. Quand je vais au supermarché, je n’achète pas tout ce
qui me fait envie, sauf à envahir mes placards et me ruiner ; je n’achète que ce
dont j’ai besoin pour (bien) exécuter la recette du plat que j’ai envie de manger.

93
« Le coaching m’a permis de trouver les outils
de mémorisation qui me conviennent. » Leïla,
élève de seconde à Perpignan
J’ai commencé le coaching très tôt, dès la quatrième, ce qui n’est
apparemment pas si courant. Il faut dire que mes parents et moi avions
identifié depuis déjà plusieurs années l’une de mes principales difficultés :
mes problèmes de concentration et leurs conséquences sur la
mémorisation. J’avais énormément de mal à retenir en particulier les leçons
d’histoire et de sciences de la vie et de la Terre, tout ce qui exige de relier
plusieurs idées entre elles pour démontrer ou expliquer quelque chose. Il se
trouve que le coach sélectionné par mes parents avait deux spécialités :
grâce à un logiciel téléchargeable sur Internet, il concevait des « schémas
de mémorisation logique », qu’on appelle aussi « mind maps », qui
mettent en lien les notions d’une leçon sous forme de carte facile à
mémoriser – une méthode pour apprendre et comprendre en même temps ;
par ailleurs, il pratiquait des exercices de concentration conçus par un
médecin suisse du siècle dernier appelé Roger Vittoz. C’était exactement ce
dont j’avais besoin ! En combinant les deux, j’ai réussi à me « cadrer » et
aujourd’hui j’emmagasine sans problème et avec précision toutes les
connaissances qui me sont utiles pour avoir de bonnes notes. Car, comme
le répète mon coach, le plus important est d’identifier les moyens qu’il
nous faut pour atteindre nos objectifs.

Apprendre à comprendre
Cet objectif et le précédent n’ont pas de lien chronologique et on aurait pu
les inverser : on n’apprend pas avant de comprendre, on ne comprend pas
avant d’apprendre. La plupart du temps, les deux se nourrissent l’un
l’autre : il faut avoir compris pour bien apprendre (savoir), il faut avoir
appris (savoir) pour bien comprendre.
Dans la mesure où, nous l’avons vu, le coach n’est pas un professeur
particulier, comment peut-il aider l’élève à comprendre ? Est-il possible,
par ailleurs, d’apprendre à comprendre ? Pour répondre à cette question, il
faut revenir à l’étymologie de ce verbe : comprendre un théorème de
mathématiques, comprendre les causes et les conséquences d’une réaction
chimique, comprendre la démonstration d’un philosophe, comprendre les
tenants et aboutissants de tel événement de l’histoire, c’est littéralement
« prendre avec » (cum-prehendere), c’est-à-dire s’approprier. Et puisque

94
comprendre consiste à s’approprier des connaissances, et que s’approprier
des connaissances est une source de gratification, il n’est pas de meilleur
levier d’épanouissement individuel que la compréhension transformée en
connaissance. Comprendre est la première étape de la dynamique vertueuse
dont nous parlions au chapitre précédent : aider l’élève à reprendre le
leadership sur sa propre scolarité.
Le coach n’est pas là pour expliquer, car il n’agit pas en porteur et
dispensateur de savoir. Il est là pour aider l’élève à dénicher les sources
et/ou les chemins du savoir. Dans ce but, deux axes de travail se présentent
à lui :

au plan des outils méthodologiques, le coach doit aider son élève à aborder tous
les champs du savoir, que ce soit une leçon d’algèbre ou un chapitre de philosophie,
par la grande porte de l’histoire et du vocabulaire : en effet, la seule manière de se
familiariser avec un univers cognitif est d’en connaître le langage et la genèse. Il
n’est de science qu’inscrite dans le temps : le temps de l’expérience, le temps de la
découverte, le temps de la vérification, le temps de la théorisation, le temps de la
mise en pratique, etc. Resituer le savoir dans une histoire est le meilleur moyen de
s’en approprier les rouages ;

au plan du climat motivationnel, le coach doit inciter son élève à devenir un


véritable « guerrier de la compréhension ». Une règle toute simple, par exemple :
ne pas quitter un cours sans avoir tout compris, quitte à harceler son professeur,
lequel est de toute façon payé pour ça. Il ne suffit pas d’effleurer le savoir : il faut
l’enraciner, l’ancrer bien solidement dans le cerveau. L’enjeu est double : être sûr
de ce qu’on sait et pouvoir ainsi se lancer dans la course avec aisance et
détermination – tout comme le coureur automobile qui maîtrise parfaitement sa
technique, dont le toucher de volant répond à des automatismes absolus, qui ne
craint pas de prendre ses virages à pleine vitesse ; mais aussi pouvoir se regarder
dans la glace en se disant : « Je sais donc je suis ; je sais que je sais ». Les fruits
d’un tel état d’esprit sont nombreux et fonctionnent en cercle vertueux : agilité
intellectuelle, souplesse mentale, confiance en soi, courage et persévérance face au
travail.

95
« Grâce au coaching, je sais hiérarchiser les
données que je mémorise. » Franck, élève de
première STMG à Blois
Je n’ai jamais été un grand intellectuel, mais je n’ai jamais douté de mon
intelligence, c’est-à-dire ma faculté à comprendre les choses. Mais étant
très manuel et très visuel, j’avais beaucoup de mal à distinguer dans une
leçon écrite (sur un cahier ou dans un manuel) les informations essentielles
et les informations accessoires. Quand mon grand-père me demandait de
ranger son établi avec lui, je savais parfaitement quels outils il fallait laisser
à portée de main, ceux qu’on utilise souvent et ceux qui ne présentent
aucun danger, et ceux qu’il fallait mettre dans un tiroir, ceux qu’on utilise
rarement et ceux qui peuvent être dangereux. Mais faire la même chose
avec mes leçons, impossible ! Eh bien, grâce à mon coach (c’est lui qui
m’a expliqué cette différence de fonctionnement entre l’établi de mon
grandpère et mes leçons !), j’ai appris à hiérarchiser mes connaissances, à
les relier entre elles, à les classer, à identifier les « nœuds » et les
« carrefours » (d’après les mots qu’il utilisait) où je devais être
particulièrement attentif pour bien comprendre ce qu’on attendait de moi,
et ensuite à bien utiliser tout ce que j’avais emmagasiné. Bref, il m’a aidé à
« ranger ma tête » pour ne pas me tromper d’outil !

Apprendre à utiliser/restituer ses connaissances


Si les deux objectifs précédents relèvent de l’entraînement stricto sensu,
l’objectif d’utiliser/restituer ses connaissances comme il convient
correspond surtout à l’épreuve ellemême. L’évaluation (contrôle,
interrogation orale ou écrite, exposé, devoir sur table, examen, concours…)
consiste à vérifier que cet objectif est atteint, que le savoir et le savoir-faire
sont acquis. Le moment de l’évaluation, c’est le moment de la compétition –
non pas une compétition contre les autres, mais une compétition contre
l’ignorance. Ce jour J – qui peut se répéter chaque semaine pendant dix ans,
comme les devoirs sur table hebdomadaires, ou se présenter une seule fois,
comme le baccalauréat – est donc bel et bien le point de mire du coaching,
ce qui ordonne et donne du sens à tout le reste.
Lorsqu’il entraîne son élève à posséder des savoirs et des savoir-faire, le
coach l’entraîne à réaliser des exercices aux règles bien précises – des
figures imposées comme on dit en patinage artistique. De ce point de vue, sa
démarche est contrainte et contraignante : en face de lui et de son élève, il y

96
a un jury – le professeur, le correcteur, l’examinateur – avec des attentes et
des exigences précises. Il n’est pas question de rien laisser au hasard ; si le
coach œuvre à libérer la créativité de son élève, c’est pour qu’elle
s’exprime dans le cadre des règles fixées à l’avance. Et pas à côté. Une
dissertation de sciences économiques ou une analyse de documents en
sciences de la vie et de la Terre, ça ne s’improvise pas plus qu’un triple lutz
piqué.

Si le coach scolaire était un objet…

Un levier : l’élève se sert de son coach pour soulever tous les poids qu’il
ne pourrait bouger tout seul, surtout au départ : les mauvaises habitudes de
travail, l’accumulation des lacunes, la paresse, le manque de confiance en
soi, les ambitions apparemment irréalisables, le découragement – voire une
intelligence trop volumineuse pour être utilisée convenablement !... Les
parents aussi peuvent s’en servir pour remettre en mouvement un enfant
rebelle ou apathique, dès lors qu’il consent à être soulevé par ce tiers
qu’est le coach.

97
Un tamis : le coach est celui qui « crible » et aide l’élève à établir l’ordre
de ses priorités, les attitudes et les engagements qu’il peut conserver, et
ceux qu’il doit rejeter s’il veut atteindre ses objectifs.

Un bâton de craie : le coach est l’un des moyens les plus efficaces de se
donner un cadre, de tracer des limites dans son emploi du temps et de
distinguer les lieux de travail de tous les autres lieux (repos, divertissement,
etc.).

98
Un GPS : non seulement le coach aide l’élève à identifier la destination qui
lui correspond le mieux, mais surtout il l’aide à fixer son itinéraire, à en
prévoir les difficultés et les passages exaltants.

En route vers le coaching !

99
Aidez votre enfant à mieux s’organiser dans
son travail

L’agenda
Comme nous l’avons vu, votre enfant, quel que soit son âge, qu’il soit
collégien, lycéen ou étudiant, doit se donner un cadre pour travailler, c’est-
à-dire un lieu et des horaires précis. Dans la mesure où notre vie de tous
les jours s’organise sur une base hebdomadaire, l’idéal est qu’il se procure
un « semainier », c’est-à-dire un agenda qui permet d’embrasser la
semaine d’un seul coup d’œil (cf. exemple d’un élève de seconde générale
ci-après). Et le dimanche soir, par exemple, proposez-lui de prendre une
heure avec vous pour faire un « point agenda » et fixer l’emploi du temps
de la semaine à venir, ainsi que toutes les obligations qu’il doit remplir, sa
« to-do list ». Autant le numérique offre des ressources formidables pour
booster une scolarité, autant je conseillerais pour l’agenda et la « to-do
list » d’en rester au papier, car le seul fait de prendre en main son stylo ou
son crayon et de tracer soi-même les lettres qui désignent une tâche à
accomplir confère à cette dernière du poids et une dimension personnelle.
En reproduisant chaque semaine son emploi du temps, votre enfant peut
ainsi faire le point pour chaque matière : avait-il des exercices à faire, une
leçon à apprendre, un contrôle à préparer, etc. ? Cela vous permet
également de garder un œil sur sa progression scolaire, l’état de son travail,
les difficultés potentielles dans telle ou telle matière ou avec tel ou tel prof,
etc.

100
La préparation des
évaluations/contrôles/devoirs/examens et les
points d’attention
De même que les sportifs, en vue d’une compétition, doivent veiller à leur
point fort (un bon coup droit) et à leur point faible (une accélération
poussive), un élève doit avoir en tête les points qui lui posent problème et
ceux sur lesquels il peut s’appuyer : c’est ce qu’on appelle les points
d’attention. La mind map ci-après, que vous pouvez remplir avec votre
enfant à l’approche de chaque évaluation/contrôle/devoir/examen, l’y
aidera.

101
19. Jacques Maritain, Les Degrés du savoir, DDB, Paris, 1932, p. 225-226.
20. Hubert Ripoll est spécialiste du coaching sportif. Cf. Le Mental des champions, Payot &
Rivages, Paris, 2012.

102
103
4
LE COACHING
POUR S’ORIENTER…
ET DÉCIDER !

Dans le système français d’études secondaires, trois années sont plus


cruciales que les autres, car elles comprennent, en plus de l’objectif
basique de l’école, apprendre, un deuxième objectif, s’orienter. En effet :

en troisième, on choisit d’aller en seconde générale et technologique ou en


seconde professionnelle (voire en apprentissage) ;

en seconde, on choisit d’aller dans l’une des filières générales (S, ES, L) ou
l’une des filières technologiques (STMG, STI2D, ST2S, STL…) ;

en terminale, on choisit sa formation supérieure.

Faire des choix


Dans un sens, il n’est ni choquant ni illogique que l’apprentissage des
savoirs et des savoir-faire soit couplé avec une démarche consistant à
identifier les domaines professionnels où l’on voudrait/pourrait,
précisément, exercer ces savoirs et ces savoir-faire. Tout ce qui concourt à
donner une finalité et donc un sens aux études, et ainsi éviter les approches
exagérément abstraites et désintéressées, est bienvenu : l’école est d’abord
faite pour apprendre à gagner sa croûte.

104
Cependant, choisir n’est pas facile. Choisir implique de jouer cartes sur
table :

la carte des désirs personnels, si tant est qu’ils ne bougent pas trop ;

la carte des capacités personnelles, si tant est qu’elles aient été évaluées ;

la carte des propositions et des opportunités de formation, voire d’emploi ;

la carte des marges de manœuvre autorisées par le « système », c’est-à-dire


l’administration de l’Éducation nationale, avec ses règles et ses contraintes ;

la carte des recommandations (pressions ?) familiales ;

la carte du conformisme social et des logiques propres aux groupes de pairs,


etc.
Difficile d’y voir clair quand le jeu est aussi éparpillé et foisonnant, et
quand on reste le nez dessus de peur de « rater sa vie » ! Là encore, le
coach est susceptible d’apporter une aide très précieuse, en aidant l’élève à
prendre de la hauteur, à miser sur ses points forts et à gagner en lucidité.

« Rester immobile ne sert à rien. Il faut choisir entre progresser et


régresser. Allons donc de l’avant et le sourire aux lèvres ! »
Robert Baden-Powell

Se fixer un cap : un enjeu crucial à l’ère du


« tout est possible »
Soumis à des règles déontologiques (cf. chapitre 1) le coach – on serait
même tenté de dire le bon coach – n’en est pas moins porteur d’une certaine
conception de la vie, de l’homme et de la société. Il ne peut aider son élève
à se fixer des objectifs et à les atteindre – l’essence même du coaching –
sans se positionner parfois, et résolument, comme un rempart au déferlement
de certaines idées. La question de l’orientation est une bonne illustration de
ce nécessaire positionnement. On le sait, dans nos sociétés actuelles, les
repères sont à réinventer, notamment parce que « le monde se découpe en
tranches dépareillées, nos vies individuelles s’émiettent en une succession
de moments incohérents21 ».

105
Les tentations auxquelles résister
Confrontés à une telle situation, les êtres humains, et les jeunes en
particulier, peuvent succomber à deux tentations :

Se réfugier à l’abri « des couloirs de navigation » sur de « petits îlots privés22 »,


c’est-à-dire des communautés réelles ou virtuelles dans lesquelles on peut évoluer
de manière sécurisée et, quand on est jeune, s’inventer un avenir à long terme.
Encore faut-il avoir les moyens de les trouver, ces « îlots », et de s’y installer – un
profil rare, à moins de bénéficier de garanties familiales, comme ces héritiers
multimillionnaires qui n’ont rien à craindre pour eux et leur descendance, ou d’avoir
déjà fait fortune, comme ces investisseurs qui s’exilent dans les paradis fiscaux.

Se jeter à corps perdu dans le tourbillon de cette « société liquide », s’ouvrir


sans discernement à toutes les possibilités, même quand elles sont contradictoires,
même si elles conduisent au ramollissement du temps et de l’espace. L’avantage de
cette option est d’accumuler librement les expériences, souvent éphémères.
L’inconvénient est de revenir au bout du compte à la case départ après avoir cru
s’en être éloigné à mesure qu’on accumulait, précisément, les expériences – car si
la société liquide parvient à abolir les cases « Arrivée », elle ne peut abolir les cases
« Départ ».

Trouver son chemin


Le coach est là pour dissiper les illusions et aider son élève à se fixer un
cap. De même que « le hasard ne favorise que les esprits préparés23 », la
société liquide, paradoxalement, ne favorise que les itinéraires solides, les
esprits dirigés, les profils orientés. Car le meilleur moyen d’atteindre le
sommet d’un escalier, c’est d’en gravir les marches l’une après l’autre et
dans le bon sens, et la manière la moins contre-productive d’avancer dans
une certaine direction, c’est de mettre un pied devant l’autre en pointant les
deux vers la même destination. Bref, l’élève qui veut avancer, progresser,
se développer, s’épanouir ne peut attendre d’être téléporté jusqu’à sa ligne
d’arrivée, comme si les contingences du temps et de l’espace s’étaient
évanouies – hélas, ce vieux fantasme techno-artistique n’est pas encore à
notre portée. En réalité, il n’a d’autre choix que de se donner un chemin – et
un chemin adapté aux enjeux du moment.
Il y a encore quinze ans, dans l’Éducation nationale française, quand on
disait d’un élève : « Il va falloir l’orienter », cela signifiait : « Il va falloir
l’exfiltrer du système scolaire classique et l’envoyer dans une filière
professionnelle ou en apprentissage. » Une telle mentalité était doublement

106
condamnable. D’une part, les filières « techniques » et « manuelles » étaient
souvent considérées comme des filières par défaut, sans égard pour leurs
spécificités au plan intellectuel (elles requièrent une certaine forme
d’intelligence parmi les dizaines qui existent), épistémologique
(l’apprentissage s’y fait différemment, mais s’y fait bel et bien) et surtout
économique (avec un baccalauréat professionnel métiers d’art option
horlogerie, ou un baccalauréat professionnel aéronautique, on risque moins
d’être au chômage qu’avec un bac ES suivi d’une licence de sociologie !).
D’autre part, on insinuait que les élèves de filières générales étaient
dispensés, eux, de se confronter à l’enjeu de l’orientation, envisagée comme
une corvée réservée aux élèves « inadaptés », « hors cadre »,
« marginaux », comme s’il suffisait aux élèves du « général » de rester
précisément dans le « général », de suivre la masse en évaluant rapidement
leurs préférences et en se positionnant grossièrement par rapport au clivage
binaire profil littéraire/profil scientifique (avec le bac B, renommé ES,
pour ceux qui se trouvaient pile entre les deux). Heureusement, cette façon
de penser et de décider est en train de disparaître.

107
« Je fais découvrir le parcours de self-made-
men. » Pascale, coach à Marseille
En tant que coach, mon objectif n’est pas de mener tous mes
élèves à faire de grandes études prestigieuses. Le plus
important est que chacun trouve sa place dans la société, et qu’il soit
épanoui. Je ne verse pas pour autant dans l’angélisme : je relie toujours
épanouissement et efficacité, plaisir et ambition, bien-être et réussite. En
complément du coaching méthodologique « classique », j’aime bien ouvrir
les horizons de mes élèves, notamment pour leur faire comprendre que la
réussite scolaire n’est pas une fin en soi, mais un moyen. Ce principe
entraîne deux conséquences : d’abord, ce qui compte est de répondre aux
attentes des profs ; ensuite, il peut exister d’autres moyens qu’une scolarité
classique pour atteindre un objectif professionnel. C’est pourquoi je leur
parle volontiers de tous ces self-made-men qui ont réussi leurs vies et leurs
carrières en dehors des sentiers battus, et même en faisant de leur
marginalité une force, un carburant. Il m’arrive donc de passer d’une
dissert’ de philo à la biographie de John Rockefeller, d’une leçon de maths
au parcours de Ralph Lauren, d’un cours de physique aux découvertes de
Thomas Edison… Mais attention, ce que je leur fais toujours comprendre,
c’est que le parcours de toutes ces personnalités a un commun
dénominateur : le travail, le travail, le travail ! Quel que soit l’objectif, il y a
un moyen qui ne peut manquer, c’est le fait de ne jamais épargner ses
efforts, ne jamais compter son énergie.

Moment de choix, moment de joie


L’orientation, pour stressante qu’elle puisse apparaître à certaines étapes
cruciales, est un moment de choix – et doit donc être un moment de joie.

Un stress à gérer
En premier lieu, c’est vrai, l’orientation entraîne inévitablement du stress,
d’abord pour l’élève, bien sûr, mais également pour son entourage, et
singulièrement sa famille. Quelles que soient les circonstances, toute
nouveauté entraîne une part de stress, plus ou moins importante. De même,
tout acte inédit. Encore le stress est-il simple quand cet acte est ponctuel,
circonscrit dans le temps, dans ses considérants, ses attendus et ses
conséquences. L’orientation, au contraire, consiste pour l’élève à poser un

108
acte qui, par essence, n’est pas ponctuel, mais engage ce dernier sur un
chemin dont le terme peut être connu, mais qui comportera sans doute des
méandres, des cahots et des hasards imprévisibles. S’orienter, c’est se
projeter – c’est-à-dire se jeter en avant, avec tout l’inconfort que suppose
ce verbe de mouvement polysémique. Ce stress, il va falloir le gérer.
Comment ? Avec les mêmes outils que pour le stress « ordinaire » mais en y
ajoutant un ingrédient supplémentaire : dans la mesure où les remèdes au
stress impliquent très souvent de prendre en charge les représentations de
l’avenir (immédiat ou lointain), le stress lié à l’orientation peut être
canalisé en comblant, autant que possible, le fossé entre le présent (les
études dans lesquelles je me trouve engagé aujourd’hui) et l’avenir de
moyen ou long terme (le(s) secteur(s) professionnel(s) dans lesquels
j’évoluerai plus tard).

Articuler le milieu scolaire et le milieu


professionnel, un défi pour le coach
Dans un témoignage recueilli et publié par le centre d’orientation de la
Chambre de commerce et d’industrie de Paris, Stéphane, 19 ans, explique
ainsi qu’il était stressé car il ne savait pas où il allait : « Il n’y a jamais eu
un lien pour moi entre le bac et un métier. » Ici, le rôle du coach scolaire
(tel qu’envisagé dans le présent livre) est décisif : capable d’articuler le
milieu scolaire et le milieu professionnel, qu’il connaît d’un point de vue
pratique, et pas seulement sur le papier, son discours antistress n’en sera
que plus crédible et efficace. Il sait de quoi l’avenir de son élève sera fait ;
contrairement à de nombreux professeurs dont l’horizon professionnel se
limite à la salle de classe et la salle des professeurs, il est porteur de la
culture de résultat dans laquelle les élèves se trouvent plongés, notamment
en période de stress lié à la décision.
À mesure que le stress recule, l’enthousiasme doit avancer. Car derrière la
décision à prendre, celle-là même qui suscite le stress, il y a les meilleures
prémices de l’aventure – et une aventure modulable (dans sa durée, ses
modalités, son caractère déterminant ou non…), c’est là tout l’intérêt de la
société liquide, où l’on peut, à certaines conditions, avoir le beurre et
l’argent du beurre… Au final, il est impératif de vivre l’orientation dans la
joie, car s’orienter, c’est « s’individuer », c’est savoir, c’est créer.

109
« L’homme a raison de se soucier de lui-même car il porte dans son âme
les germes de son devenir. »
Carl Gustav Jung

110
« Mon coach a réconcilié mes rêves : coiffeuse
et diplomate ! » Clara, deuxième année de
prépa HEC à Nantes
Je ne suis devenue une bonne élève qu’en première, lorsque je n’ai eu à
travailler que les matières qui me correspondaient le mieux, à savoir celles
de la filière littéraire. Mais comme j’avais un passé d’élève médiocre, je
n’avais jamais réfléchi à mon orientation – ou pour être plus précise, je n’y
avais jamais réfléchi comme un choix personnel, une chance de suivre une
formation supérieure épanouissante, une opportunité. Pour moi, c’était
plutôt quelque chose à subir : où m’enverrait-on ? Mais comme je suis
d’une nature un peu rebelle, cette question de l’orientation m’agaçait
prodigieusement : je ne voulais pas être enfermée dans une case, mais je ne
savais pas qu’il y avait une alternative. Comme mes parents n’ont pas fait
beaucoup d’études, ils ne pouvaient pas vraiment m’aider et m’ont donc
proposé de suivre un « coaching orientation ». Le coach m’a plu tout de
suite par son sérieux – je l’ai senti d’emblée plein d’empathie – et sa
décontraction – nous nous sommes rencontrés dans un petit café sympa
près de l’Opéra. Nous avons discuté environ deux heures. Il me posait des
questions précises, mais sans indiscrétion, ou sans essayer de me tirer les
vers du nez. Il notait tout sur un calepin. Je lui ai parlé de ma difficulté à
me fixer sur un métier, de coiffeuse à diplomate… Il m’a répondu que
toutes les envies sont quantifiables, l’important étant de ne pas brider sa
créativité tout en se fixant des objectifs précis et en s’y tenant. Quand je lui
ai dit que j’étais autant passionnée par l’analyse littéraire – notamment les
différentes étapes de construction d’un roman – que par… le tricot !... il
m’a dit : « Ça y est, on brûle ! » Au fur et à mesure de notre échange, il a
réussi à me faire prendre conscience du fait que j’ai besoin d’être
intellectuellement rassurée par des procédures, des échéances, des enjeux
quantifiables – tricoter un pull ou tricoter un roman, en somme ! Bref,
nous en avons conclu que la prépa HEC section lettres me conviendrait, et
qu’ainsi, je pourrais me lancer dans le business de la coiffure et du
stylisme, tout en cultivant ma passion de la littérature pour me détendre
entre deux avions !

Entre ambition et réalisme, bien se situer pour


mieux s’orienter

111
Apprendre à se connaître
Le premier acte de celui qui veut voyager est d’inspecter sa monture et d’en
identifier les forces et les faiblesses ; ainsi pourra-t-il décider du point
d’arrivée, du rythme, de l’allure, du relief de l’itinéraire, etc. Telle doit être
l’attitude de l’élève en phase de réflexion sur son orientation. Pour ce faire,
recevoir l’aide d’un coach est un atout considérable : il sert alors de
« catalyseur de lucidité ». Rien de tel qu’un tiers, en effet, pour accentuer la
précision du miroir dans lequel l’élève se regarde ; mieux, rien de tel qu’un
professionnel de l’éducation et de la formation pour aider l’élève à passer
ce qu’il voit dans son miroir au crible des exigences de telle ou telle filière,
de tel ou tel type d’études, de tel ou tel secteur professionnel, tel ou tel
métier.
« Catalyseur de lucidité », tenu à un véritable devoir de vérité à l’endroit de
son élève, le coach doit conduire ce dernier à se poser des questions. Et pas
n’importe lesquelles, n’importe comment. Certaines sont incontournables, et
les réponses que l’élève y apportera – avec plus ou moins de difficultés,
des difficultés que le coach va l’aider à surmonter, ou à assumer –
constitueront le terreau de la décision future. Elles vont par paires et
forment un ensemble, c’est-à-dire que rejeter l’une de ces paires ne pourra
que conduire à un diagnostic bancal. Quelles sont-elles ? Elles s’ordonnent
du plus objectif – autrement dit le plus chiffrable – au plus subjectif, c’est-
à-dire du plus général au plus singulier.

Des questions à se poser


Dans quels disciplines, domaines, matières ai-je de bons résultats ?
Quels sont ceux où j’ai de mauvais résultats ? Les premiers ne sont pas
forcément ceux où je me vois évoluer, dans lesquels j’aimerais me
spécialiser, même si j’y obtiens de bonnes notes ; de même, les seconds ne
me sont pas forcément interdits, même si j’y obtiens de mauvaises notes. Il
faut poursuivre le questionnement.
Dans quels disciplines, domaines, matières ai-je de bonnes chances de
progresser (compte tenu de ma tendance actuelle, de ma volonté de réduire
mon retard, de résoudre mes problèmes de compréhension ou
d’apprentissage, etc.) ? Quels sont ceux où j’ai peu de chances de
progresser (en raison de mes lacunes, de mon caractère, de mon mode de
raisonnement, etc.) ? Si ma marge de progression est praticable, je pourrai
me lancer, même si mes résultats chiffrés sont encore faibles. Dans le cas

112
contraire, cela me conduirait au casse-pipe, et donc au découragement pour
le reste et pour la suite.
Dans quel(s) type(s) de compétences, de savoir-faire, d’exercices suis-
je à l’aise et ai-je fait mes preuves ? Quel(s) est/sont celui/ceux
au(x)quel(s) je reste imperméable ? Certains élèves aiment partir d’une
situation, suivre méthodiquement la procédure, et aboutir à un résultat clair
et distinct. D’autres « percutent » tout de suite, voient où il faut aller mais
ont plus de mal à formuler leur raisonnement. Certains aiment décrypter des
documents (commentaire) ; d’autres préfèrent mener des argumentations
(dissertation), etc.
Quels sont les disciplines, domaines, matières, mais aussi filières de
formation, secteurs professionnels et métiers, que je connais ? Ceux
que j’ignore ? Il serait en effet sans aucun intérêt de se positionner par
rapport à des enjeux dont on ne connaît pas les contours. Ce point requiert
du coach qu’il ait un pied dans le monde professionnel, et notamment dans
le monde de l’entreprise où l’immense majorité des futurs diplômés
d’aujourd’hui ont vocation à travailler. Nous y reviendrons au prochain
chapitre.
Quels sont les savoirs et les savoir-faire que j’étudie et/ou que je
pratique avec plaisir – le plaisir intellectuel tel que nous l’avons défini
plus haut, qui ne me coûte pas un effort surhumain – bref, où le travail est
tout sauf… du travail ?
En fonction des réponses que l’élève, aidé par son coach, apportera à toutes
ces questions, il pourra trier ses désirs, affiner ses projets et finalement
prendre une décision, et surtout s’y tenir.

Décider et s’en tenir à sa décision


Nous parlions plus haut de la société liquide, où le champ des possibles est
en apparence plus ouvert que jamais, mais souvent ouvert à l’indécision, la
frustration, la procrastination – car « qui trop embrasse mal étreint », et
celui qui choisit tout ne choisit rien. L’autre extrême, où tout est déterminé
et décidé d’avance, où les chemins d’échappée n’existent pas, où nul ne
peut pratiquer (avec modération !) l’école buissonnière – cette société
rigide, sœur ennemie de la société liquide, n’est pas plus épanouissante.
Comme disaient les Anciens, in medio stat virtus – la vertu se trouve entre
les deux.

113
À cet égard, le coaching, qui requiert et implique de la sagesse et de la
modération, est une activité fondée sur la recherche permanente du juste
milieu. Et la première piste du coach, pour entraîner son élève, sera
précisément de le sensibiliser au fait que le monde actuel, où l’on peut
certes couler rapidement faute de roc auquel se fixer, est aussi un vaste
océan sur lequel on peut tracer soi-même la route à emprunter. Car oui,
décider, s’orienter, est – doit être, et telle est la mission du coach – une
tâche enthousiasmante !

Mais qu’est-ce que décider, au fond ?


De même qu’un entraîneur de natation peut aider son champion à améliorer
sa technique en décomposant, image par image, à l’aide d’une vidéo, tel ou
tel geste, le coach doit familiariser son élève avec les différentes étapes
d’une décision digne de ce nom, et lui apprendre à les affronter de manière
féconde et efficace. Quelles sont ces différentes étapes ? Saint Thomas
d’Aquin, un théologien du XIIIe siècle, a étudié l’acte de décider avec une
grande profondeur. Selon lui, il se décompose en quatre temps.

Vouloir
C’est-à-dire désirer de manière profonde, consciente et rationnelle, d’abord
dans l’ordre de l’agir – c’est-à-dire poser un acte intérieur favorable au
développement personnel – puis dans l’ordre du faire – c’est-à-dire poser
un acte extérieur qui amorce un processus à conduire. Dans le domaine
scolaire, l’étape du vouloir peut se matérialiser par exemple par
l’expression publique, en famille, à l’école, aux parents, aux pairs, d’un
souhait d’orientation précis : « Je veux être pilote de ligne ! »

Se donner les moyens


C’est-à-dire, une fois la volonté établie dans l’ordre du faire et l’énergie
bien polarisée, prête à se déployer, identifier tous les outils conformes aux
fins, se les approprier, se les rendre disponibles. Dans le domaine scolaire,
l’étape des moyens peut correspondre, pour un élève de seconde désireux
de passer en série S (scientifique), à la décision de consacrer une heure par
jour à faire des exercices de maths.

Se plier à une discipline


C’est-à-dire, dans la continuité de l’étape précédente, adapter son rythme et

114
son mode de vie aux contraintes impliquées par la mise en œuvre des
moyens choisis pour atteindre l’objectif. La question de la discipline inclut
aussi celle de la stratégie : il ne suffit pas d’adapter son rythme et son mode
de vie de manière statique, il faut également envisager cette adaptation d’un
point de vue dynamique : quelle courbe de progression puis-je me fixer ?
Quelle montée en puissance suis-je capable d’assumer ? Où dois-je fixer
les paliers pour être en mode f(x) = x2 et pas seulement en mode f(x) = 2x ?
Si l’on poursuit l’exemple précédent, l’étape de la discipline peut
correspondre à la décision de diminuer de moitié le temps passé devant
l’ordinateur ou la console de jeux, pour consacrer le temps ainsi épargné à
travailler les maths.

Se lancer
C’est-à-dire libérer son énergie sans retenue et mettre la main à la charrue
sans regarder en arrière, au moment où il est le plus opportun de poser
l’acte final, celui qui consiste à récolter les fruits des étapes antérieures.
Dans notre exemple, à chaque contrôle/devoir/ évaluation/examen,
reproduire pour de bon tous les schémas d’entraînement auxquels on s’est
exercé, sans tergiverser, sans se faire des nœuds dans la tête, dans une
optique d’efficacité maximale.

« Quand on veut, on peut ; quand on peut, on doit. »


Napoléon Ier

115
« Ton cap, c’est ton cap, quels que soient les
avis des autres ! » Farah, première année de
Sciences Po Paris
J’avais très envie de faire Sciences Po, et de l’avis de tous j’en avais les
moyens. En plus, mon père, mon grand-père, plusieurs de mes oncles,
tantes, cousins et cousines étaient passés par la rue Saint-Guillaume. J’ai
décidé de recourir aux services d’un coach spécialisé dans la préparation à
Sciences Po. Ça se passait très bien, mais en même temps j’étais très
stressée. En fait, je voulais aller à Sciences Po mais pas vraiment pour
suivre les pas des membres de la famille, tous lauréats de l’École, qui
avaient tous complété Sciences Po par l’ENA ou une école de commerce.
Moi, Sciences Po me suffisait, si je puis dire… En fait, je voulais étudier à
Sciences Po tout en poursuivant ma passion, l’escrime, que je pratiquais à
haut niveau. Je savais que je ne pourrais jamais consacrer 100 % de mon
temps et de mon énergie à mes études, être parmi les étudiants les plus
brillants de Sciences Po et bosser comme une machine pour me positionner
tout de suite en vue de l’ENA ou d’HEC. C’était ça, mon but : être
diplômée de Sciences Po mais continuer l’escrime et me présenter aux Jeux
olympiques. J’avais l’impression d’être dans la contradiction, de vouloir
sans vraiment vouloir, et m’en suis ouverte à mon coach, car je sentais
qu’il me comprendrait. Il a été franc et clair : « Si tu entres à Sciences Po
et si tu te fixes comme objectif de ne pas descendre en dessous de la
moyenne, sans pour autant tout faire pour finir aux alentours de 15/20, tout
ça pour te ménager du temps pour ta passion, c’est ta décision. C’est ton
cap. L’important est que tu te fixes un cap raisonnable et raisonné, que tu
ne gaspilles pas ton énergie, que tu ne cèdes pas à l’oisiveté. Personne n’a
le droit de juger la logique de tes choix, dès lors que cette logique existe et
qu’elle a été validée par un “expert”. Ton cap, c’est ton cap ! Tiens ton
cap, c’est ça le plus important ! » Je suis rentrée à Sciences Po, j’ai appris
grâce à mon coach à mieux m’organiser, et en fin de première année, je
tourne aux alentours de 12/20, tout en m’entraînant à fond pour les JO !

Quel est le rôle du coach à chacune de ces étapes ?


À l’étape du vouloir, il va aider l’élève à y voir clair dans sa situation.

À l’étape des moyens, il va aider l’élève à cartographier le terrain des mesures à


prendre – s’adjoindre l’aide d’un coach étant l’un de ces moyens.

À l’étape de la discipline, il va aider l’élève à gérer son temps, à hiérarchiser ses

116
engagements, à rester motivé pour ne pas déroger aux règles fixées.

À l’étape du lancement, il sera moins présent, ou plus exactement il va aider


l’élève à comprendre que tout, désormais, dépend de lui et repose sur ses épaules,
mais qu’il a pris les moyens et acquis l’assurance nécessaire pour réussir.
Mais par-dessus tout, le coach doit veiller à maintenir, à chacune de ces
étapes, un climat motivationnel qui peut se résumer en une injonction :
« Maintiens le cap ! » Des doutes ? Maintiens le cap, car ce n’est pas au
milieu de la tempête qu’on change de direction, et moins encore de bateau.
Ton cap te rebute ? Es-tu sûr que ce ne sont pas plutôt les moyens à mettre
en œuvre et la discipline à respecter qui te pèsent, parce qu’ils défient ta
paresse ? Alors maintiens le cap ! Ton cap, c’est toi qui l’as choisi, en
conscience, en connaissance de cause, de manière rationnelle et réfléchie.
Pareillement, le coach doit aider l’élève à vaincre les culpabilités ou les
scrupules qu’il pourrait ressentir au moment de se lancer. Tu as
l’impression – on (famille, amis, profs…) te donne l’impression… – que ce
cap est en deçà ou au-delà de tes capacités ? Mais ton cap, tu l’as fixé avec
les conseils de ton coach, qui a guidé ta réflexion, a vérifié tes arguments, a
jaugé ta motivation, tes capacités, tes failles, tes priorités et leur pertinence,
n’est-ce pas ? Alors maintiens le cap ! Dès lors qu’il a été fixé de manière
rationnelle, il est vital de maintenir le cap. À court terme, d’abord, parce
que rien ne vaut un but pour rendre le chemin intéressant et épanouissant. À
long terme, ensuite, car l’expérience d’avoir tenu un cap, même dans des
moments difficiles, représente un accélérateur de maturité. En effet la
maturité psychologique et intellectuelle n’est pas qu’un « donné » : certes,
si l’on veut de grandes jambes, il faut attendre qu’elles aient poussé. En
revanche, on peut décider d’être plus mûr. Choisir et garder un cap, c’est
aussi le moyen pour les élèves bons dans toutes les matières d’apprendre à
gérer l’inévitable frustration qu’engendre la spécialisation.

Se ménager des passerelles et des recours


On l’aura compris, le coach fait du pragmatisme l’une de ses règles de
conduite. Il apprend à son élève, dans les limites d’une certaine éthique
dont nous avons parlé, à faire feu de tout bois. Certes, c’est en se traçant
des routes solides et des itinéraires fiables qu’il pourra s’y retrouver dans
la jungle de la société liquide ; mais tout ce qui, dans les caractéristiques
même de cette société liquide, et notamment son extrême flexibilité, son
rapport de liberté vis-à-vis du temps et de l’espace, sa préférence pour la

117
souplesse dans les expériences d’engagement les plus diverses, et
notamment celles dont les implications contraignantes paraissent les moins
porteuses de sens et les plus disproportionnées – bref, les avantages du
liquide sans ses inconvénients, tout cela est bon à prendre pour l’élève.
C’est pourquoi le coach doit inviter ce dernier à toujours prévoir des plans
B et C – ou plutôt des plans A’ et A’’, car ils ne doivent pas être des options
par défaut ou par dépit, mais des voies différentes, dans le rythme et le
parcours, pour atteindre le même objectif. Plus précisément encore, ce ne
sont ni des raccourcis ni des itinéraires bis, mais des passerelles qui
permettent à l’élève de changer de secteur d’études, de formation, de
filières sans revenir en arrière, en restant dans une dynamique de
progression.

« La discipline est mère du succès. »


Eschyle

118
Quel coach choisir pour l’orientation de
votre enfant ?
Sachez d’abord que trois classes sont cruciales pour
l’orientation : la troisième, la seconde et la terminale. C’est à ces moments-
là que le recours à un coach sera précieux. Ensuite, il faut être clair sur le
« mandat » que vous allez donner au coach : aider votre enfant à se fixer
un cap, un impératif paradoxal dans la société actuelle où, en apparence,
tout paraît possible et constamment interchangeable.
Ne soyez pas dupe ! Dans la jungle actuelle, seuls ceux qui tracent leur
route mettent de leur côté toutes les chances d’atteindre leurs objectifs.
Sachez donc repérer le bon coach, celui qui fait d’un moment de choix un
moment de joie – car décider signifie grandir, créer, se prendre en main. Le
bon coach guide votre enfant sur une ligne de crête entre ses ambitions –
parfois différentes des vôtres ! – et sa situation réelle – parfois conforme
auxdites ambitions, parfois incompatible, rarement aussi bouchée qu’il y
paraît.
En définitive, le bon coach veille à ce que votre enfant maintienne son cap,
et ne s’éloigne pas de sa décision d’orientation, tout en gardant l’œil ouvert
sur les passerelles qui se trouvent forcément à sa portée.

« Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. »


Proverbe populaire

Si le coach scolaire était un objet…

119
Un révélateur : comme en photographie, le coach contribue à révéler sur la
surface apparemment uniforme d’une scolarité d’adolescent des couleurs et
des formes insoupçonnées, car il veille à porter sur son élève le regard du
sourcier qui sait détecter des talents enfouis.

Une loupe : tel le détective, le coach met en évidence les points saillants de
la scolarité de son élève : les forces, pour pouvoir les cultiver et les
modéliser ; les faiblesses, pour pouvoir y remédier sans leur laisser le
temps de métastaser. Auprès de l’élève, le coach est là pour favoriser la
prise de conscience de certains modes de fonctionnement, positifs et
négatifs, et de leurs effets, positifs et négatifs.

120
Une boussole : le coach aide l’élève à se repérer et à se diriger – l’une et
l’autre action ne sont pas équivalentes : la première est statique, la seconde
dynamique.

En route vers le coaching !

121
Votre enfant et son avenir
À presque toutes les étapes de la scolarité secondaire, au collège
comme au lycée, il faut faire des choix. Et même si cette nécessité
peut être facteur de stress, pour vous comme pour votre enfant,
elle doit être envisagée comme une chance et une occasion de s’épanouir
davantage. En effet, nous l’avons dit, votre enfant travaillera d’autant
mieux qu’il se sera approprié sa scolarité, et l’un des moyens pour ce faire
est d’ordonner cette dernière, au sens premier du mot : y mettre de l’ordre,
c’est-à-dire lui donner un sens, une direction, la placer dans une
perspective constructive, édifiante. C’est notamment le cas au lycée,
lorsqu’il faut choisir une filière (générale, c’est-à-dire S, ES, L, ou
technologique, comme STMG, ST2S, STL, etc.) puis une formation post-
bac. Avoir telle ou telle formation supérieure en ligne de mire, c’est
multiplier ses points d’appui, ses sources de motivation et donc ses
chances de succès. D’où l’importance de réfléchir assez tôt, sans stress
mais sans négligence, à la question de l’orientation : quel type d’études me
conviendrait ? Pour quel secteur de métier ? Pour quel job ?
En tant que parents, vous êtes souvent les premiers interlocuteurs de votre
enfant confronté à la question de l’orientation. Vous pouvez donc l’aider à
« déblayer le terrain ». Pour cela, je vous propose une série de questions à
lui poser, de manière formelle (« Viens, on va prendre un café et discuter
de ton orientation ») ou informelle, au détour d’une conversation (« Tiens,
tu devrais lire cet article sur le Net : ils expliquent que la créativité est de
plus en plus vue comme un atout en entreprise… »). Ces questions, qui
partent du triptyque goûts/capacités/situation du marché de l’emploi,
peuvent se représenter sous la forme du schéma suivant.

122
123
124
Ces questions ne sont bien sûr pas exhaustives. Les goûts et centres
d’intérêt peuvent par exemple être abordés non pas sous l’angle
thématique, mais sous l’angle cognitif ou méthodologique :

J’aime suivre des procédures pour aboutir à un résultat tangible ;

J’aime réfléchir et suis indifférent à la mise en œuvre concrète de mes


réflexions ;

J’aime apprendre et restituer ce que je sais ;

J’aime lancer des idées ;

J’aime suivre les modes d’emploi de manière scrupuleuse ;

J’aime faire confiance à mon intuition ;


Etc.

21. Zygmunt Baumann, Identité, L’Herne, Paris, 2010.


22. Ibid.
23. Louis Pasteur, 1854.

125
126
5
QUAND ? OÙ ? COMBIEN ?
LES ASPECTS PRATIQUES
DU COACHING SCOLAIRE

Le contenu et le déroulement des séances


De nombreuses déclinaisons sont envisageables dès lors que les objectifs
du coaching ont été fixés à l’avance et ne sont jamais perdus de vue :
comme pour le lieu, le calendrier et l’ordre du jour des séances relèvent
ensuite des moyens qui doivent être subordonnés à ces objectifs. D’où
l’attention portée à ce qu’on pourrait appeler l’étape 0 du coaching, à
savoir l’entretien d’évaluation : le coach et l’élève évaluent la situation
scolaire et les motivations de ce dernier, essayent de « se jauger » et de
percevoir si « le courant passe ». Lors de cette étape 0, il est fréquent que
les parents se demandent si les séances de coaching scolaire doivent suivre
un protocole précis, voire une méthode particulière, que le coach devrait
leur présenter avant de démarrer.
La réponse tient en deux éléments :

D’une part, comme nous l’avons déjà dit, le coach scolaire ne peut faire que du
surmesure, sauf à pratiquer autre chose que le coaching. Il lui est par conséquent
impossible de « vendre » aux parents un traitement « à la chaîne » de leur enfant,
avec un état de départ X et un état d’arrivée Y…

D’autre part, dans la mesure même où le coaching scolaire consiste à entraîner


l’élève à gérer sa scolarité de manière méthodique, et donc à soumettre ses
apprentissages à des procédures, à des « routines », le coach scolaire ne pourra se
dispenser lui-même d’utiliser des méthodes et des procédures – des méthodes et
des procédures, au pluriel, et non pas une méthode ou une procédure, c’est-à-dire
un système rigide qui ne s’adapterait pas à la situation individuelle de l’élève. Les
moyens doivent restés subordonnés aux objectifs, et non l’inverse.

127
Ne forcez pas votre enfant à être coaché !
« On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif. » Ce
proverbe populaire s’applique parfaitement au coaching
scolaire. Certains parents en découvrant la pratique, peut-être par
l’intermédiaire du présent ouvrage, se diront : « C’est exactement ce qu’il
faut à Thibaut/Déborah ! » et recourront à un coach comme à un
magicien, sans impliquer leur enfant dans la démarche. Exactement ce qu’il
ne faut pas faire… Certes, les parents sont dans l’immense majorité des
cas à l’initiative du coaching : il leur revient donc, en effet, de le proposer à
leur enfant s’il apparaît que ce dernier peut en bénéficier. Mais s’il refuse
la première rencontre ou si la première rencontre n’est pas concluante, il
faut stopper les frais tout net – c’est frustrant, et même rageant, mais la
contrainte risque d’être complètement contre-productive. Le coaching
scolaire vise notamment à conduire l’élève vers les ressources intérieures
qui lui permettront, une fois orientées et disciplinées, de réussir sa
scolarité. S’il n’adhère pas à la démarche, si son assentiment intime est
entravé par un blocage quelconque, tous les efforts du coach se heurteront
à une carapace impénétrable.

128
Les méthodes de travail intellectuel au cours de
l’histoire
Tout est bon à prendre pour travailler de manière plus méthodique
et donc atteindre ses objectifs de manière plus ajustée et plus rapide – bref,
être plus efficace. En particulier les leçons et enseignements de nos
devanciers, nos « aînés dans la carrière » comme on le chante dans La
Marseillaise ! Dans son livre magistral – mais ardu – intitulé Les
Méthodes des grands philosophes, Pierre Riffard donne un aperçu de la
généalogie intellectuelle qui unit Thalès de Milet à David Bloor, en passant
par Occam et Descartes. On découvre ainsi l’origine antique de la plus
formidable « boîte à outils » pour décortiquer un sujet (Qui ? Quoi ? Où ?
Avec quels moyens ? Pourquoi ? Comment ? Quand ?), les racines
patristiques de l’étude de texte (exégèse/commentaire/herméneutique, avec
des parties qui mènent aux leçons comprenant une explication globale et
différentes explications ponctuelles), la procédure de résolution des
problèmes de saint Thomas d’Aquin (sujet/problème/objections/contre-
objections/réponse/solutions), le fameux « rasoir d’Occam » (« Il est vain
de faire avec beaucoup ce qu’on peut faire avec peu »), la différence entre
« harmonie entre parties » et « harmonie entre parties et tout », la
« science générale » de Leibniz et ses deux méthodes (synthèse/analyse),
la triade thèse/antithèse/synthèse qui vient de Fichte et non de Hegel,
contrairement à ce qu’on affirme souvent, le couple conjecture/réfutabilité
de Popper, en passant bien sûr par la méthode de Descartes. De quoi
comprendre pourquoi « nous autres philosophes, nous aimons la méthode
plus que tout » (Pierre Bayle, 1676).

Cela étant dit, deux types de tâches complémentaires sont incontournables,


quel que soit le coach, et constituent le cœur de la prestation de coaching :

les tâches de fond recouvrent la formation méthodologique générale,


l’acquisition des automatismes (compréhension, mémorisation, utilisation des
connaissances), la confrontation aux objectifs et l’actualisation des moyens, la
consolidation du « climat motivationnel », la réflexion sur l’orientation, etc. ;

les tâches ponctuelles désignent quant à elles la remédiation immédiate de failles


récentes dans l’apprentissage (problèmes de compréhension graves qui peuvent
freiner la progression et qu’il faut endiguer sans tarder), la préparation à court
terme de certaines évaluations majeures (examens trimestriels, épreuves écrites et
orales des concours blancs, épreuves écrites et orales des bacs blancs, derniers
devoirs de l’année qui conditionnent un passage en classe supérieure), les dernières
révisions en vue des examens et concours officiels, etc.

129
Les trois temps d’une séance de coaching
Quoi qu’il en soit, trois temps peuvent être distingués dans une séance de
coaching.

Le débriefing, ou diagnostic

Fondé sur l’écoute et le partage des expériences vécues par l’élève dans la
période écoulée depuis la dernière séance, il peut reposer sur l’analyse des
copies, de la progression des notes, voire des problèmes relationnels avec
les professeurs. C’est également à cette étape que le coach et son élève
s’entretiennent de questions plus générales sur le rapport aux études, la
motivation, l’orientation, l’impact des problèmes extrascolaires sur la
scolarité, etc.

La remédiation méthodologique

Elle a pour but de répondre de manière concrète et efficace aux problèmes


identifiés à l’étape précédente – en utilisant les outils pédagogiques de
l’élève (cours, manuels…) mais en recourant également aux nouvelles
technologies (iPad) et aux multiples sources du savoir (Internet, cinéma,
musique…).

L’ajustement de l’emploi du temps de l’élève

130
Il s’agit de fixer une échéance et un cadre à la réalisation de la solution
définie à l’étape précédente.
Au fil des séances, dans un climat motivationnel le plus performant
possible, l’élève met ainsi en place :

son back-office méthodologique, c’est-à-dire la maîtrise de tous les outils et


processus qui permettent de comprendre, d’apprendre et de mémoriser les
connaissances, à travers la gestion du temps (travail scolaire, repos,
divertissements, sport, engagement…), l’acquisition des bonnes pratiques scolaires
(mind-mapping, fichage, prise de notes…), la gestion des forces et des faiblesses
pour chaque discipline ;

son front-office méthodologique, c’est-à-dire la capacité à répondre aux


exigences des évaluateurs (professeurs, correcteurs, jurés…) et à produire les
exercices attendus (apprendre à composer une dissertation, à formuler un
raisonnement scientifique, à développer ses réponses…) afin d’obtenir les
meilleures notes possibles ;

son projet d’orientation et le choix de sa formation post-bac, assortis de la


« stratégie de dossier » (donner à son dossier scolaire une certaine coloration en
fonction de l’orientation choisie).

Les séances-bilan
Précisons pour terminer que les parents sont parfaitement fondés à
demander que des séances-bilan soient régulièrement organisées en leur
présence. C’est pour eux un moyen d’évaluer, même intuitivement et
imparfaitement, l’intérêt du coaching pour leur enfant.

La durée du coaching et la fréquence des


séances
La fréquence et la durée des séances, ainsi que la durée du coaching lui-
même, dépendent du ratio suivant :

131
Tâches de fond
Tâches ponctuelles
Dans la mesure où l’on recourt à un coach pour traiter de problématiques
qui relèvent toujours, de manière plus ou moins aiguë, de tâches de fond
(méthodologie, motivation, orientation), ces dernières constituent le socle
des séances, quelle que soit par ailleurs l’urgence des tâches ponctuelles.
Même les coachings les plus courts (cf. ci-après) reposent sur les tâches de
fond. Soulignons par ailleurs que la fréquence et la longueur des séances,
elles aussi, dépendent de ce ratio. En considérant toutes les situations
possibles, c’est-à-dire tous les niveaux possibles pour ce ratio, on aboutit à
la typologie suivante.

Le deep coaching
Spécificités
Comme son nom l’indique, le deep coaching vise à modifier en profondeur
le rapport de l’élève à ses études et à son avenir professionnel, dans le sens
d’une plus grande efficacité et d’un plus grand épanouissement. Il est le plus
complet des coachings scolaires, celui qui permet la réflexion la plus
aboutie sur l’orientation, un enracinement maximal des automatismes
méthodologiques, une gestion optimale de la motivation. Il constitue un
complément et un approfondissement du coaching méthodologique (cf. ci-
après).

Ratio tâches de fond / tâches ponctuelles


Le ratio tâches de fond / tâches ponctuelles est élevé, c’est-à-dire qu’en
raison du suivi et de l’accompagnement approfondis, sur le long terme, les
enjeux de court terme sont rarement vécus comme des urgences et des
facteurs de stress. Ils sont plutôt un point d’appui pour réaliser des tâches
de fond.

Durée du coaching
Le deep coaching implique, par définition, une durée assez longue, en tout
cas supérieure à une année scolaire, afin de pouvoir, précisément, se référer
à une « étape » entière du parcours, avec ses spécificités, ses hauts et ses
bas, sa courbe de progression, etc. En pratique, le deep coaching démarre
souvent à l’issue d’une première année de coaching méthodologique (cf.

132
page 135).

Durée des séances


Dans la mesure où les objectifs du deep coaching sont entre autres
d’enraciner les automatismes méthodologiques, de consolider les objectifs
d’orientation et de renforcer la motivation, les séances doivent être assez
longues pour permettre la réalisation intégrale d’un exercice d’évaluation
(ex. : un plan de dissertation), ou la découverte détaillée d’une filière (ex. :
devenir expert-comptable), ou un entretien destiné à faire le point sur la
motivation (ex. : au retour des vacances de Noël, ou après un deuil
familial). Elles peuvent donc durer jusqu’à deux heures, voire trois heures
s’il s’agit d’un coaching « hors les murs » (ex. : rencontre d’un
professionnel).

Fréquence des séances


Si les séances, comme nous l’avons vu, peuvent être assez longues, leur
rythme n’est pas forcément très soutenu – elles peuvent intervenir toutes les
trois ou quatre semaines. Il n’est même pas souhaitable que le rythme d’un
deep coaching soit très soutenu, car il faut permettre à l’élève d’assimiler,
de « digérer », de « faire son miel » des conseils qui lui ont été donnés ou
des pratiques méthodologiques auxquelles il a été formé – tant il est vrai
que les fruits du coaching éclosent souvent en dehors des séances de
coaching. Un rythme modéré permet par ailleurs d’éviter l’assistanat, car
certains élèves se reposent d’autant plus sur leur coach qu’ils le voient
souvent. Ils perdent ainsi en autonomie et l’effet produit est alors contraire à
l’effet recherché.

133
« J’ai suivi un deep-coaching. » Paul, élève en
troisième degré général à Bruxelles
Ayant souvent déménagé, j’ai mal vécu mon passage du
deuxième au troisième degré (qui correspond à peu près au passage
collège/lycée en France). J’avais l’impression de ne rien savoir, de ne rien
savoir faire et de ne rien vouloir faire. J’étais en quelque sorte en
dépression, et les conséquences néfastes de cette dépression portaient
essentiellement sur le domaine scolaire. Mon psy m’a conseillé d’aller voir
un coach scolaire en complément de ses propres interventions, avec l’idée
suivante : « Tu dois retrouver le plaisir de faire et de voir le résultat de ce
que tu as fait. » J’ai alors commencé ce que mon coach appelait le deep
coaching. Nous avons en quelque sorte tout repris depuis le début, en
essayant d’articuler entre elles toutes les actions de la journée, et de
trouver à chaque fois la place qu’y occupent (ou que doivent y occuper)
les activités scolaires. Peu à peu, j’ai compris que, d’une part, mon
investissement scolaire représentait un rouage fondamental de mon bien-
être, et que, d’autre part, pour optimiser ce bien-être, il me fallait « faire
les choses », dans le domaine scolaire, d’une certaine manière, en utilisant
telle méthode plutôt que telle autre, et en veillant à ce que ça devienne
automatique.

Le coaching méthodologique
Spécificités
Comme son nom l’indique, le coaching méthodologique se concentre à la
fois sur la mise en place des outils du « back-office scolaire » et sur
l’acquisition des automatismes méthodologiques qui permettent de répondre
aux exigences des évaluateurs (professeurs, correcteurs, examinateurs), et
donc d’atteindre les objectifs du « front office scolaire ». Il est le passage
obligé de tous ceux qui voudraient recourir au deep coaching (cf. page
132).

Ratio tâches de fond / tâches ponctuelles


Ce ratio est proche de l’équilibre, car les tâches récurrentes (mémorisation
d’une leçon, dissertation à rédiger, oral à préparer…) et les défis
quotidiens (mauvaise entente avec un professeur, découragement face aux
dernières notes, stress pré-contrôle…) sont le matériau à partir duquel le

134
coach forme son élève aux méthodes et aux attitudes appropriées, dont la
maîtrise progressive constitue précisément une tâche de fond.

Durée du coaching
La durée d’un coaching méthodologique dépend de deux facteurs. D’une
part, l’ampleur de la feuille de route définie au départ : certains élèves,
notamment les étudiants confrontés à un seul type d’exercice (par exemple
le commentaire de document ou la dissertation pour les historiens en herbe),
n’ont besoin d’être formés qu’à la méthodologie dudit exercice ; le coaching
ne dure alors que quelques séances. D’autre part, la vitesse à laquelle les
bonnes pratiques méthodologiques sont acquises et consolidées par
l’élève : un élève de seconde aura besoin de plusieurs mois pour apprendre
à formuler un raisonnement mathématique de manière conforme aux
exigences des examinateurs ; un élève de première qui envisage de passer le
concours de Sciences Po aura également besoin de plusieurs mois pour
apprendre à rédiger une dissertation de sciences économiques et sociales
telle qu’elle est attendue par les correcteurs du concours.

Durée des séances


Dans la mesure où le coaching méthodologique consiste à s’appuyer sur les
tâches ponctuelles pour se livrer aux tâches de fond, il est là aussi
préférable que la séance dure 1 h 30 ou 2 h, pour se laisser le temps
d’aborder toutes les questions en jeu. Cela dit, la durée des séances doit
être harmonisée avec la fréquence des séances : si elles ont lieu chaque
semaine, il vaut mieux qu’elles ne durent qu’une heure – d’une part parce
que le budget d’un coaching scolaire peut vite devenir conséquent ; d’autre
part pour éviter l’assistanat et la lassitude de l’élève.

Fréquence des séances


Comme nous l’avons dit, il faut veiller à ne pas verser dans l’assistanat.
L’expérience montre que la fréquence est modulable : une séance
hebdomadaire est souvent utile au début, qui peut ensuite devenir
bimensuelle voire même mensuelle si, dans ce cas, elle dure assez
longtemps pour que le travail effectué reste en mémoire d’un mois sur
l’autre.

135
« J’ai suivi un coaching méthodologique. »
Lamia, élève en terminale ES à Saint-Étienne
J’ai commencé le coaching en première car j’avais beaucoup de mal à faire
des dissertations. Ou, pour être plus précise, je ne comprenais pas à quoi
sert cet exercice – et quand je ne comprends pas l’utilité d’un travail
scolaire, je n’arrive pas à m’y mettre et je passe à côté de ce qu’attendent
les profs. On m’a donc parlé du coaching scolaire et avec mes parents nous
avons décidé d’y avoir recours. Dès les premières séances, j’ai compris
que mon problème avec la dissertation allait être débloqué. Avec des
analogies complètement inhabituelles dans le domaine scolaire (une
dissertation comparée à un rapport de mission dans la jungle ou au speech
d’un vendeur du Téléshopping !), une mise en perspective de l’exercice (la
dissertation comme opération de communication) et surtout un
entraînement intensif et sur tous les sujets (« Le plombier et l’évier
bouché », « Quel vêtement porter aujourd’hui ? », « La rivière traverse-t-
elle la forêt au nord, au sud ou au milieu ? »), j’ai réussi à comprendre ce
qu’est et à quoi sert une dissertation : une fois le déclic opéré, tous mes
blocages se sont levés et c’est devenu pour moi comme un jeu de me
confronter à un sujet, le problématiser, et élaborer un plan pour le traiter.
J’étais devenu une pro de la méthodologie de la dissertation !

Le coaching compétition / coaching commando


Spécificités
Le coaching compétition et le coaching commando peuvent être rangés
dans la même catégorie, celle des coachings courts qui portent quasi
exclusivement sur des tâches ponctuelles et consistent la plupart du temps
en des remédiations de court terme. Ils se distinguent par l’objectif et
l’enjeu qui y est associé : le coaching compétition consiste à entraîner un
élève dont la situation est stable et la progression encourageante à « passer
à la vitesse supérieure », au plan méthodologique et mental, à l’occasion

136
d’une évaluation décisive proche dans le temps ; le coaching commando
consiste à entraîner un élève dont la situation est au contraire inquiétante et
régressive, à qui on (c’est-à-dire les professeurs) a donné une dernière
chance de faire ses preuves, à « reprendre pied », « sortir la tête de l’eau »,
« renverser la vapeur ». Dans les deux cas, le coaching vise à encadrer un
défi et à maximiser les résultats d’un véritable pari.

Ratio tâches de fond / tâches ponctuelles


Ce ratio est faible, voire sous l’unité, car l’enjeu est ici de répondre à une
urgence (tâche ponctuelle), sans possibilité d’entraîner l’élève dans
l’optique d’une acquisition pérenne des outils méthodologiques (tâche de
fond). L’objectif est ambitieux alors que les moyens sont limités. Là aussi,
le maniement des outils méthodologiques relève en grande partie du pari et
ne peut reposer que sur l’imitation du coach par l’élève – un risque assumé,
dans la logique du « one-shot », qui est souvent payant.

Durée du coaching
Par définition, les coachings compétition et commando sont courts,
rarement plus d’un mois.

Durée et fréquence des séances


En fonction de la situation de l’élève, il est en général souhaitable que les
séances de coaching commando et compétition durent au minimum deux
heures, afin de placer l’élève, s’il en est capable, dans un climat d’urgence,
de tension et de gravité. En réalité, le plus efficace est de ne pas fixer de
terme aux séances, mais de décider au départ qu’elles dureront aussi
longtemps que le coach le jugera nécessaire, à mesure que l’échéance (le
contrôle, l’examen, le concours…) approche. De même, la fréquence des
séances dépend de la proximité de l’échéance et du travail de
mémorisation, de compréhension, d’entraînement à la restitution, de
motivation qu’il reste à accomplir.

137
« J’ai suivi un coaching commando. » Maël,
deuxième année d’école d’informatique à
Strasbourg
J’ai toujours été un élève moyen, qui se contentait du minimum pour
passer d’une classe à l’autre. L’école ne m’a jamais vraiment intéressé, car
je trouvais les enseignements trop théoriques, mais j’aimais bien y aller
pour y retrouver mes potes. Par-dessus le marché, je ne m’étais jamais
préoccupé de mon orientation. En fait, c’est la deadline imposée par le
logiciel Admission Post Bac, la bête noire des élèves et familles de lycéens
de terminale, qui m’a poussé à m’intéresser à mon avenir et mes études
supérieures. Je suis donc allé au Salon de l’Étudiant et j’ai trouvé une
formation qui me correspondait, une école d’informatique. Je ne pourrais
pas dire que j’étais emballé mais, tout compte fait, ça m’allait plutôt bien.
Le problème ? Il fallait passer un concours avec des épreuves écrites et
orales – lequel concours devait avoir lieu… un mois plus tard ! J’étais à
deux doigts de tout abandonner : je n’avais ni les connaissances requises ni
les méthodes pour réaliser les exercices demandés (dissertation de culture
générale, synthèse de texte, entretien en anglais). Après 24 heures de stress
et de découragement, un de mes cousins me parle d’un coach qui l’avait
aidé à préparer le concours de l’IEP de Rennes. Je prends contact avec ce
dernier, qui me propose de suivre ce qu’il appelle un coaching commando :
on bloque trois semaines à raison de deux séances par semaine, on définit
trois ou quatre objectifs, pas davantage, et on s’entraîne avec obligation de
maîtriser sur le bout des doigts tous les moyens requis pour parvenir à ces
objectifs. Cerise sur le gâteau, le coaching commando m’a aidé à aller
chercher en moi-même la motivation et l’envie qui me manquaient au
départ. Une fois, mon coach a même commencé la séance par une analyse
détaillée de la chanson de Johnny Hallyday écrite par Michel Berger :
« L’Envie d’avoir envie ». Résultat : j’ai eu mon concours !

Nous aurions pu ajouter à cette typologie d’autres types de coaching aux


enjeux beaucoup plus ciblés, qui se rattachent peu ou prou à ces trois grands
types, en raison de leurs objectifs ou de leur durée : le coaching limité à
l’orientation ; le coaching de préparation aux concours post-bac en
terminale ; le coaching d’utilisation des logiciels de choix post-collège
(Affelnet) et post-bac (APB), le coaching de préparation aux études
internationales (sélection de l’établissement, installation, adaptation au
système étranger) ; le coaching destiné aux jeunes entrepreneurs ou aux
sportifs de haut niveau qui veulent continuer leurs études…

138
L’évaluation et le contrôle de l’efficacité
Nous l’avons dit, le coach est tenu par une obligation de moyens, dont
dépend l’obligation de résultats par laquelle l’élève est, lui, en revanche,
tenu. C’est en vertu de cette obligation de moyens qu’il doit rendre des
comptes aux parents (ou responsables légaux) des élèves qui lui sont
confiés. Le ou les indicateur(s) qu’il est susceptible de mettre en place pour
ce faire constitue(nt) d’ailleurs pour les parents un critère de sélection : à
l’issue de chaque séance, un bon coach se doit de rédiger à l’intention de
ces derniers un débriefing aussi complet que possible, notifiant l’état
d’esprit du coaché (voire les signes de bonne ou mauvaise santé apparente),
les points abordés en séance, le travail éventuellement donné pour la séance
suivante et les points d’attention ou de progression à suivre dans la semaine
ou le mois qui vient.

139
140
141
142
143
144
Si le coach scolaire était un objet…

Un hologramme : le coach est constamment confronté au défi d’être devant


l’élève quand ce dernier se met en mouvement, sans l’empêcher d’avancer
et d’accélérer. Il doit savoir s’effacer tout en restant présent, attitude
indispensable à la progression vers l’autonomie.

En route vers le coaching !

145
Votre enfant a-t-il besoin d’un coaching
scolaire ?
Au terme de cet ouvrage, la question à se poser est évidemment de
savoir si le coaching scolaire pourrait être bénéfique à votre enfant. Là
aussi, appuyons-nous sur un questionnaire qui vous permettra, je l’espère,
de vous faire une idée. Trois séries de questions sont incontournables.
Puisque le coaching est un accompagnement…
… votre enfant est-il docile ? Aime-t-il travailler avec d’autres ? Accorde-t-
il sa confiance aisément ? Est-il timoré ou au contraire amateur de
nouvelles expériences ? Est-il timide ? Se livre-t-il volontiers ? Est-il en âge
de se rendre seul chez un praticien professionnel ?...
Puisque le coaching implique un minimum d’introspection…
… votre enfant vous donne-t-il l’impression de consentir à analyser sa
situation ? Aime-t-il se poser des questions sur lui-même ? Est-il en général
lucide ? Est-il plutôt enclin à voiler la réalité, à être dans le déni ? A-t-il,
tout simplement, la maturité suffisante pour profiter des conseils qu’on lui
donne ? « Fonctionne »-t-il encore sur le mode de la consigne ?...
Puisque le coaching vise à aboutir à un résultat…
… votre enfant veut-il modifier sa situation scolaire actuelle, l’améliorer ?
Est-il enclin à la procrastination ? Est-il créatif ? Exprime-t-il une volonté
de voir le résultat de son travail ? Est-il méticuleux ? Aime-t-il se fixer des
défis ?...
Les réponses vous confortent dans l’intuition que votre enfant tirerait
profit d’un accompagnement par un coach scolaire ? Quelle que soit la
réponse, à vous de jouer !

146
CONCLUSION

La réussite scolaire, ça s’organise !


Au terme de cet ouvrage, une question se pose : le coaching scolaire, on sait
quand ça commence mais on ne sait pas quand ça s’arrête – autrement dit, à
quel moment le coaching scolaire devient-il de l’« assistanat » scolaire,
avec toute la charge négative que porte ce mot ? Ne plus pouvoir se passer
de son coach constitue, comme nous l’avons dit, un risque indubitable. Mais
le problème n’est pas celui de la durée : on peut avoir besoin d’un coach
toute sa vie, pendant ses études, sa vie professionnelle, sa retraite, etc. De
même, un athlète a besoin d’un coach – pas forcément le même, d’ailleurs –
aux différentes étapes de sa carrière. Il ne s’en débarrasse pas une fois la
compétition terminée, car derrière une compétition se profile toujours une
autre compétition. Le véritable enjeu est ailleurs, et rejoint parfaitement l’un
des leitmotivs de cet ouvrage, qui est également l’un des principes
fondamentaux du coaching, qu’il soit scolaire ou autre : quel est mon
objectif et dans quelle mesure le recours à un coach peut m’aider à atteindre
cet objectif ?
En fonction des personnes et donc des objectifs, l’intervention du coach
sera différente dans son contenu et ses modalités. Il se peut qu’un élève qui
a déjà été coaché ait à nouveau besoin de l’être. Ce deuxième coaching ne
signe pas l’échec du premier, car les objectifs peuvent être tout à fait
différents : coaching de contrôle dans le cadre d’une tâche de moyen ou
long terme, avec rapport d’étape ; coaching de remotivation à l’occasion
d’un événement personnel ou d’une échéance certificative ; coaching de
remédiation quand les difficultés scolaires reviennent de manière
structurelle ; coaching de gestion du changement à un tournant majeur,
comme le passage des études à la vie professionnelle...

147
Le bonheur ne se reçoit pas, il se construit
Quoi qu’il en soit, il me paraît important d’insister sur le message suivant,
qui résume la démarche à la fois très concrète et très profonde du coaching
scolaire, au sens où sa portée peut et doit être décisive dans la construction
d’une jeune personne : le bonheur ne se reçoit pas mais se fait, se construit,
s’organise. Entre 12 et 18 ans, le bonheur, c’est essentiellement le bien-être
lié à l’absence de contrariétés – et ces contrariétés concernent souvent
l’école. Ce bonheur est donc avant tout un bonheur expérientiel. Par
conséquent, à un jeune tenté par le coaching scolaire, je poserais volontiers
la question suivante : qu’es-tu prêt à changer dans ton mode de vie
quotidien ? Quelles sont tes priorités dans la multitude de tes envies ?
Qu’as-tu envie d’accomplir et de devenir ? De la réponse à ces questions
dépendront véritablement l’opportunité et la fécondité du coaching scolaire.
Personnellement, avec les jeunes que je coache, j’aime bien recourir aux
analogies sportives (on l’aura, je crois, remarqué !) mais aussi aux Fables
de La Fontaine, pour lesquelles je conçois une passion sans borne. J’en ai
sélectionné quatre qui me paraissent illustrer à merveille trois objectifs du
coaching.
D’abord Les Oreilles du Lièvre : alors que le lion, roi des animaux, a été
blessé par une bête à cornes, le peureux lièvre craint d’être assimilé à cette
dernière catégorie en raison de ses longues oreilles, et préfère s’exiler sans
tarder. Morale de la fable pour un coach : ne pas fantasmer sur les dangers
potentiels d’une situation, faire face à la réalité en étant lucide sur ce que
l’on est et en l’assumant totalement.
Deuxième fable, Le Lion s’en allant en guerre, qui met en scène le roi des
animaux refusant d’écarter de son état-major « les Ânes qui sont lourds, et
les Lièvres sujets à des terreurs paniques ». Au contraire, il veut les
associer à son entreprise car, comme l’explique le fabuliste, « le monarque
prudent et sage / De ses moindres sujets sait tirer quelque usage / Et connaît
les divers talents. / Il n’est rien d’inutile aux personnes de sens ». De même,
le coach doit savoir identifier, cultiver et exhausser les talents des individus
qui recourent à lui, et c’est d’autant plus vrai pour le coach scolaire à
l’égard des enfants et des adolescents, à une période de leur vie où ils ont
besoin de faire leurs preuves, de se distinguer par ce qu’ils sont et ainsi
trouver une place dans l’école et dans la société. Allons même plus loin : le
coach scolaire doit inviter l’élève à porter sur lui-même le regard du lion,
afin de ne mépriser aucune de ses propres capacités et d’apprendre à tirer
parti du moindre de ses dons, fût-il en apparence anodin ou ridicule.

148
Troisième fable, variante d’une autre très connue, La Mouche et la Fourmi,
où ces deux animaux discutent de leurs valeurs respectives, la première,
« fille de l’air », moquant les prétentions de la deuxième, « vil et rampant
animal ». En réalité, la fourmi pense à l’avenir, n’aspire pas à la vaine
gloire et gère au mieux les risques de la vie – toutes choses que l’élève
apprend auprès de son coach.

Pour finir, une fable de La Fontaine


Quant à la quatrième et dernière fable, si je l’ai choisie, c’est parce qu’elle
évoque indirectement le coaching lui-même – d’abord par l’intermédiaire
du mot qui en est l’origine étymologique (cf. page 22) mais aussi par sa
morale : Le Coche et la Mouche. C’est une ode au réalisme, à la lucidité, à
l’humilité dans l’action, à la persévérance dans le labeur, et je ne résiste
pas à l’envie de la restituer intégralement.

Le Coche et la Mouche
Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé,
Et de tous les côtés au soleil exposé,
Six forts chevaux tiraient un Coche.
Femmes, Moine, Vieillards, tout était descendu.
L’attelage suait, soufflait, était rendu.
Une Mouche survient, et des Chevaux s’approche ;
Prétend les animer par son bourdonnement ;
Pique l’un, pique l’autre, et pense à tout moment
Qu’elle fait aller la machine,
S’assied sur le timon, sur le nez du Cocher ;
Aussitôt que le char chemine,
Et qu’elle voit les gens marcher,
Elle s’en attribue uniquement la gloire ;
Va, vient, fait l’empressée ; il semble que ce soit
Un Sergent de bataille allant en chaque endroit
Faire avancer ses gens, et hâter la victoire.
La Mouche en ce commun besoin

149
Se plaint qu’elle agit seule, et qu’elle a tout le soin ;
Qu’aucun n’aide aux Chevaux à se tirer d’affaire.
Le Moine disait son Bréviaire ;
Il prenait bien son temps ! une femme chantait ;
C’était bien de chansons qu’alors il s’agissait !
Dame Mouche s’en va chanter à leurs oreilles,
Et fait cent sottises pareilles.
Après bien du travail le Coche arrive au haut.
Respirons maintenant, dit la Mouche aussitôt :
J’ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine.
Çà, Messieurs les Chevaux, payez-moi de ma peine.
Ainsi certaines gens, faisant les empressés,
S’introduisent dans les affaires :
Ils font partout les nécessaires,
Et, partout importuns, devraient être chassés.

150
BIBLIOGRAPHIE

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pédagogie positive, Eyrolles, Paris, 2013.
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www.meirieu.com
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Éditions de l’Aube, Avignon, 2004.
René DESCARTES, Discours de la méthode, Flammarion, Paris, 2000.
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Patrick FARBIAZ et Noël MAMÈRE, La Tyrannie de l’émotion, J.-C.
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Jean GUITTON, Le Travail intellectuel, Aubier, Paris, 1951 (nouvelle
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Marie-Anne HUGON, « Lutter contre le décrochage scolaire : quelques
pistes pédagogiques », in Informations sociales (sous la dir. d’Alain
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Philippe JEAMMET, Pour nos ados, soyons adultes, Odile Jacob, Paris,
2008.

151
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Aline LIZOTTE, L’Art de la définition, Parole et silence, Paris, 2007.
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Jacques MARITAIN, Les Degrés du savoir, DDB, Paris, 1932.
Philippe MEIRIEU, Le Choix d’éduquer, ESF éd., Paris, 1991.
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Julien POUGET, Intégrer et manager la génération Y, Vuibert, Paris, 2010
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Pierre RIFFARD, Les Méthodes des grands philosophes, Ovadia, Paris,
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(première parution chez J.-B. Baillière et fils en 1911).
Simone WEIL, Sur la science, Gallimard, Paris, 1966.

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158
Table des Matières
Le résumé et la biographie auteur 2
Page de titre 3
Copyright 4
Sommaire 5
Préface 9
Avant-propos 12
Un chemin pour avancer 12
Apprendre à organiser sa vie à l’école 13
Une histoire de méthode 13
Mes débuts en tant que coach 14
Objectif Post Bac ! 15
Introduction 17
À quoi sert le coaching scolaire ? 17
Le coach, l’élève, les parents 18
À qui s’adresse ce livre ? 18
Chapitre 1. Le coaching scolaire, un coaching pas comme
20
les autres
Le coaching : accompagner la flèche vers sa cible 23
Les trois composantes du coaching 24
Accompagner 24
Mobiliser les ressources intérieures 25
Se fixer des objectifs à atteindre 25
Coaching et développement personnel 26
Les spécificités du coaching scolaire 27
Milieu scolaire 27
L’adolescence 28
De bonnes notes et appréciations 28
Le bel avenir du coaching scolaire 29
Ce que le coaching scolaire n’est pas… 30
Une psychothérapie 30

159
Du soutien scolaire ou de l’aide aux devoirs 34
Comprendre 34
Apprendre 36
Utiliser/Restituer 36
Les cinq qualités du coach scolaire 36
L’exigence 37
La détermination 38
La bienveillance 38
Le pragmatisme 40
La rationalité 42
Une éthique féconde : la déontologie au service de l’efficacité 43
Une prestation inestimable… qui a un coût ! 44
Si le coach scolaire était un objet… 46
Chapitre 2. Le coaching scolaire pour amÉliorer le
51
rapport aux études
Se mettre en mode « Objectif » 52
(Re)prendre le leadership sur sa scolarité 55
Solution 1 : le travail régulier et suivi 56
Solution 2 : sortir du cycle infernal 57
Booster sa scolarité 59
Faire feu de tout bois pour améliorer sa scolarité 61
Bien gérer les cahots de sa scolarité 62
Le décrochage scolaire 63
Le changement de niveau ou d’établissement 64
Rationaliser les processus relationnels avec les autres acteurs de sa
65
scolarité
L’élève et ses parents 66
L’élève et ses professeurs 66
L’élève et l’administration scolaire 66
Les parents et les professeurs / Les professeurs entre eux 66
Quelle est la place du coach dans ces relations ? 67
Si le coach scolaire était un objet… 70
Chapitre 3. Le coaching pour apprendre à étudier 75
Oui, le plaisir scolaire existe ! 78

160
Découvrir 80
Créer 81
Partager 82
Répéter 82
Mettre en place le back-office scolaire 83
Se donner un cadre pour le travail personnel 83
Le bon moment 84
Le bon endroit 85
Le bon état d’esprit 86
Se mettre et rester au travail 89
Trouver du plaisir dans le travail 90
Persévérer dans le travail 90
Les trois objectifs du travail personnel 92
Apprendre à apprendre 93
Apprendre à comprendre 94
Apprendre à utiliser/restituer ses connaissances 96
Si le coach scolaire était un objet… 97
Chapitre 4. Le coaching pour s’orienter… et décider ! 103
Faire des choix 104
Se fixer un cap : un enjeu crucial à l’ère du « tout est possible » 105
Les tentations auxquelles résister 106
Trouver son chemin 106
Moment de choix, moment de joie 108
Un stress à gérer 108
Articuler le milieu scolaire et le milieu professionnel, un défi
109
pour le coach
Entre ambition et réalisme, bien se situer pour mieux s’orienter 111
Apprendre à se connaître 112
Des questions à se poser 112
Décider et s’en tenir à sa décision 113
Mais qu’est-ce que décider, au fond ? 114
Vouloir 114
Se donner les moyens 114
Se plier à une discipline. 114

161
Se lancer 115
Quel est le rôle du coach à chacune de ces étapes ? 116
Se ménager des passerelles et des recours 117
Si le coach scolaire était un objet… 119
Chapitre 5. Quand ? où ? combien ? les aspects pratiques
126
du coaching scolaire
Le contenu et le déroulement des séances 127
Les trois temps d’une séance de coaching 130
Le débriefing, ou diagnostic 130
La remédiation méthodologique. 130
L’ajustement de l’emploi du temps de l’élève 130
Les séances-bilan 131
La durée du coaching et la fréquence des séances 131
Le deep coaching 132
Spécificités 132
Ratio tâches de fond / tâches ponctuelles. 132
Durée du coaching. 132
Durée des séances 133
Fréquence des séances 133
Le coaching méthodologique 134
Spécificités 134
Ratio tâches de fond / tâches ponctuelles. 134
Durée du coaching. 135
Durée des séances 135
Fréquence des séances 135
Le coaching compétition / coaching commando 136
Spécificités 136
Ratio tâches de fond / tâches ponctuelles. 137
Durée du coaching. 137
Durée et fréquence des séances. 137
L’évaluation et le contrôle de l’efficacité 139
Si le coach scolaire était un objet… 145
Conclusion 147
Bibliographie 151
162

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