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Poésie 19ème s. (S4) Pr.

El Yamlahi
Examen de fin de 2nd semestre
02/06/2018

Spleen

J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans.

Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans,


De vers, de billets doux, de procès, de romances,
Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances,
Cache moins de secrets que mon triste cerveau.
C’est une pyramide, un immense caveau,
Qui contient plus de morts que la fosse commune.
– Je suis un cimetière abhorré de la lune,
Où comme des remords se traînent de longs vers
Qui s’acharnent toujours sur mes morts les plus chers.
Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées,
Où gît tout un fouillis de modes surannées,
Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher,
Seuls, respirent l’odeur d’un flacon débouché.

Rien n’égale en longueur les boiteuses journées,


Quand sous les lourds flocons des neigeuses années
L’ennui, fruit de la morne incuriosité,
Prend les proportions de l’immortalité.
– Désormais tu n’es plus, ô matière vivante !
Qu’un granit entouré d’une vague épouvante,
Assoupi dans le fond d’un Saharah brumeux ;
Un vieux sphinx ignoré du monde insoucieux,
Oublié sur la carte, et dont l’humeur farouche
Ne chante qu’aux rayons du soleil qui se couche.

Question :

Commentez ce poème de Charles Baudelaire selon le plan suivant et en mettant


à profit ces quelques remarques relatives aux moyens poétiques et linguistiques
exploitées par le poète :
Introduction :

- Charles Baudelaire : un aperçu sur le 19ème siècle, la poésie moderne, le


symbolisme, l’homme, l’écrivain.
- Situation du texte : Les Fleurs du Mal (recueil), (« Spleen et Idéal »)
- Présentation succincte : forme et thèmes du poème.
- Annonce des axes :
 Le spleen et ses manifestations
 L’ennui et la solitude

Développement :

Axe I : Le spleen et ses manifestations

- Vers 1, indépendant = synthèse du poème + hyperbole


- Déséquilibre des strophes (1/13/10) = déséquilibre intérieur
- Comparaison : meuble = cerveau (v. 2 à 5)
- Enumération (v. 2 à 3)
- Champ lexical de la mort (v. 6 à 10)
- Présence d’un tiret = mise en valeur du moi baudelairien mort (v. 8)
- Métaphores sur la mort (v. 6 à 10)
- Métaphores (v. 11) et métonymies (v. 12 et 13) : éléments et objets
anciens

Axe II : L’ennui et la solitude

- Personnification (v. 15)


- Oxymore (v.16)
- Contre-rejet interne et diérèse (v.17)
- Diérèse (v. 18)
- Présence de tirets = mise en valeur du dédoublement du poète : « tu » (v. 19)
- Rimes plates + répétition de la rime [e] (vers 11 à 19) = ennui
- Contre-rejets internes (vers 17, 20, 21 et 22)
- Pétrification du poète (« granit », « sphinx »)
- Mélancolie morbide (« ne chante qu’aux rayons du soleil qui se couche »)

Conclusion :

- Bilan : rappel des axes étudiés et des moyens linguistiques et poétiques


utilisés par le poète pour les traiter.
- Ouverture : lien entre ce poème et la thématique générale du recueil Les
Fleurs du Mal (spleen/ennui).

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