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REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR


UNIVERSITE D’ORAN

FACULTE DES LETTRES, DES LANGUES ET DES ARTS


DEPARTEMENT DES LANGUES LATINES

Section : Français

Option : Sciences du langage

THESE DE MAGISTERE

L’écriture humoristique et ses visées pragmatiques


dans le Discours de Gad Elmaleh :
« L’autre c’est moi ».

Présentée par : Melle. TAOURITE Besma.


Sous la direction de : Mme. CHIALI LALAOUI Fatima Zohra.

Membres du jury :

- Président du jury : Mme. Fewzia SARI MOSTEFA- KARA.


- Directeur de recherche : Mme. CHIALI LALAOUI Fatima Zohra.
- Codirecteur de recherche : Mr. LOUIS PANIER Université « Lumière »
Lyon II.
- Examinateur : Mme. OUHIBI GHASSOUL Bahia Nadia.

Année Universitaire : 2007/2008


REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier Dieu le tout puissant qui m’a procuré la


chance et la force durant toutes mes études.

Je remercie aussi :

- Mon Directeur de recherche Mme. Fatéma Zohra LALAOUI


CHIALI pour ses précieux conseils.
- Mon Co- Directeur de recherche Mr. Louis PANIER (Université
Lumière Lyon II) pour son exemplaire orientation.
- Mme. Fewzia SARI MOSTEFA- KARA de vouloir présider le jury
et de m’avoir aidée dans les moments difficiles.
- Mme. Bahia Nadia GHASSOUL OUHIBI d’avoir honorer le jury
en examinant ma thèse.
- Mme. Nacéra MESSABIH pour sa précieuse aide.
- L’assistante de l’Ecole Doctorale Mme. Nedjma pour sa
gentillesse.
Et tous les enseignants que j’ai eu tout au long de mon cursus
Universitaire.

2
DEDICACES

C’est avec grand honneur que je reconnais ce que je dois :

- A Dieu le tout puissant qui me protège toujours surtout


dans les moments difficiles.

- A mes chers Parents qui ont beaucoup souffert durant


cette recherche jusqu’à ce que je soutienne, et qui m’ont
beaucoup aidée et qui sont toujours présents.

- A ma sœur Khalida et à mon frère Tahar qui a choisi le


thème de ma thèse et à ma chère amie et conseillère
Imène Benabdallah.

- A ma chère tante Nora Boualem épouse Zenafi et ses


chers enfants qui me réconfortait toujours et me donne
de bons conseils psychologiques.

- A mes oncles Nono et Hamid et à mes tantes Samia et


Soraya.

- A mes tantes paternelles Naima et Fewzia et mes oncles.

- A Karima, Mohamed et leurs poussins Réda et Anissa.

A tous ceux que j’aime.

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SOMMAIRE

- Introduction………………………………………………......p06.
- Présentation du corpus……………………………………... p11.
- Résumé du spectacle……………………………………………..p12.

Chapitre1 : l’Expression humoristique chez Gad Elmaleh.

1. La mise en scène………………………………………………..…….p14.
1.1. Le décor, costumes et accessoires……………………………… p17.
1.2. La lumière……………………………………………………….p18.

2. La mise en dialogue…………………………………………………..p18.
2.1 One man show (caractéristiques)……………………………......p20.
2.2 Le code linguistique…………………………………………......p23.
2.3 Le code non- verbal : ……………………………………………p23.
- La Gestuelle…………………………….p26
- L’Intonation………………………… ....p49.
3. Séquence humoristique : - Séquence visuelle…………………….…p51.

Chapitre 2 : l’Analyse discursive du spectacle (un espace idéologique).

1. La visée illocutoire…………………………………………..….p54.
1.1. Les actes du langage……………………………………......p62.
1.2. Le repérage énonciatif. …………………………………….p68.
1.3. Les lois du discours : - Lois d’informativité………….p75.
- Lois d’exhaustivité…………..p76.
- Lois de la litote. ……………..p76.
2. l’humour dans l’élaboration des sens implicites.
2.1. Les Présupposés…………………………………………...p78.
2. 2. Les Sous- entendus………………………………………...p81.

4
2.3. Le Sens rhétorique……………………………………....p84.
2.4. L’ironie………………………………………………......p98.

3. Les maximes de conversation : - maxime de quantité……..…p104.


- maxime de qualité…….…...p105.
- maxime de relation……..….p105.
- maxime de manière…….….p106.

Chapitre 3 : De l’humoriste au public : la réception du discours


humoristique.

1. L’Humour chez Gad Elmaleh : un espace interculturel……....p108.


2. Réception du discours humoristique par les spectateurs …..…p112.
3. Les visées de l’humour chez Gad Elmaleh………….……..….p115.
4. Les niveaux de langue…………………………………….......p119.
5. Les registres littéraires…………………………………..…....p122.
6. L’humour et la société….……………………………...……..p126.

- Conclusion…………………………………………….……….p129.
- Annexe……………………………………………….…….........p131.
- Bibliographie…………………………………………………....p169.

5
- Introduction

« L’humour, forme d’esprit qui cherche à


mettre en valeur avec drôlerie le caractère
ridicule, insolite ou absurde de certains aspects
de la réalité, qui dissimule sous un air sérieux
une raillerie caustique ».

(In Dictionnaire de Français le Petit Larousse


1988).

Au moyen âge, on torturait les gens en les faisant rire ; à notre époque le
rire à une fonction thérapeutique, il combat le stress, l’anxiété régulière vis-à-vis
des problèmes quotidiens que l’homme affronte.
En plus de cette fonction, le rire a une fonction sociale et idéologique, il procure
un sentiment « d’évasion », de « libération », de toutes les tensions sociales, qui
le menacent dans sa vie quotidienne.
Si depuis l’antiquité au XIXème siècle la réflexion sur l’humour
a essentiellement été philosophique, la psychologie a largement dominé le champ
tout au long du XXème siècle. Peu à peu, les approches psychologiques ont été
nuancées par la sociologie, l’anthropologie et surtout la psychologie sociale qui,
dans les années 1970, a pris en charge l’étude sociolinguistique de l’humour, en
visant les sujets sociaux et culturels, sujets à sensibilité qui, lorsqu’ils sont
soumis à l’évaluation humoristique devenant plus accessibles à la critique.
Ces années 1970 marquent à la fois le renouveau de la recherche sur
l’humour et l’éclatement des frontières de la linguistique, avec l’apparition
d’analyses basées sur l’étude de corpus réels.
La sociolinguistique comme approche et entreprise, permet d’appréhender
de façon intéressante les problématiques de l’humour verbal et non verbal. Son
énonciation est en « contexte » variant selon des paramètres liés à sa mise en
scène. D’une part, elle prend en compte les situations de contacts linguistiques
(bilinguisme, diglossie, interférences, etc.), qui dominent à la surface du globe,

6
où le plurilinguisme est la règle maîtresse (Calvet, 1999). D’autre part, la
sociolinguistique s’intéresse aux phénomènes de variation, qu’il s’agisse des
variations sociales dans l’utilisation du langage ou au niveau de l’analyse de
discours ou conversationnelle, des registres linguistiques ou stylistiques. Enfin,
elle lie étroitement langue(s) et identité(s), en s’intéressant notamment aux
formes non standard des langues (argot, parlers régionaux, sociolectes, etc.) :
autant de degrés d’analyse qui permettent d’appréhender l’humour en contexte.

A ce propos, nous nous situons dans l’approche variationniste esquissée


par Paul Ginestier (1950) selon lequel les normes de l’humour varieraient suivant
les communautés géographiques, culturelles, sociales, et linguistiques.
L’humour varie d’un point à l’autre du pays, au gré des variations
historiques, culturelles et langagières : il ne répond pas partout aux mêmes
normes culturelles et ou linguistiques, ce qui nous fait rire ne fait pas forcément
rire les autres. Nous pouvons distinguer afin de l’éviter entre l’humour synonyme
du rire physique, quelques fois machinal, spontané, voire « hystérique » ; et
l’humour culturel caractérisant chaque région et communauté : code d’une
représentation et d’une mise en rapport vis-à-vis de l’autre : l’humour devient un
moyen de souscrire une idéologie, une vision de la vie, une manière de se
représenter le « sérieux », le « drame », « l’urgence », etc.
Si le premier rire est physique et spontané, le second est le fruit d’une
activité intellectuelle et donne à réfléchir. On fait rire pour pousser l’individu à
réfléchir, à raison, à évaluer ou à s’évaluer.
Dans ce travail, nous allons nous intéresser à un humour particulier
Francophone : un mélange de Français, d’Arabe et d’Anglais, qui représente une
certaine vision de la société et de ce qui la constitue.

7
L’humour Maghrébin de Gad Elmaleh connaît de plus en plus de succès
dans la société Française et Maghrébine, cela est dû selon nous à :

1- La diversité des styles de l’humoriste qui mêle à la fois les cultures et les
langues tout en s’intéressant à des sujets pertinents dans la vie des Français qui
eux sont une composite hétéroclite.

2- Les techniques humoristiques sont nombreuses chez Gad Elmaleh, il multiplie


les règles de l’ironie culturelle, de l’autodérision, du comique gestuel, du
mimétisme ancien, etc. Si bien que tout le monde se reconnaît « un peu » en Gad.
Ses techniques « d’ironie » concerneront à la fois le code verbal et le code non
verbal et se posent comme des éléments de sens.

3- L’énonciation humoristique de Gad se veut à la fois « simple » par les mots


utilisés « accessibles » par le ton de la voix annoncé, et saisissante par le flux
« des erreurs » commises par Gad sciemment. Ces « erreurs » rapprochent
le spectateur de l’auteur.

4- S’identifier aux différentes situations quotidiennes décrites par l’humoriste,


donne à l’espace théâtral plus d’intimité.

Cette étude se veut une analyse et une réflexion sur les techniques
humoristiques employées par Gad Elmaleh à travers son dernier spectacle :
« L’autre c’est moi », sorti en février 2005 au théâtre de Lyon en France, un
spectacle qui dure deux heures et dix minutes (2h10mn) contenant vingt et un
(21) fabuleux sketches.

8
L’analyse d’un texte humoristique (ou comique) veut retrouver dans sa
globalité les éléments qui expriment les forces sociales dont il serait la
manifestation. Notre intention de recherche considère à la fois le texte
humoristique comme l’expression d’une « construction décollée du réel » mais
aussi comme l’expression d’une idéologie particulière.

Nous nous pencherons pour ce faire sur les procédés humoristiques qui
mènent l’auteur à travers son discours vers le spectateur.
L’une des stratégies humoristiques de Gad pour faire rire son public c’est
de basculer d’une langue à une autre, de passer d’un niveau de langue à un autre,
et quelques fois de métisser les langues entre elles.
A l’instar de tous ses spectacles, son dernier est riche en interférences, en
alternances codiques, en gestuelles, en mimiques, en mimes, l’énonciation se
réalise dans un aller- retour entre le verbal et le non verbal.
Notre travail se divise en trois (3) chapitres, dans le premier chapitre, nous
analyserons les stratégies théâtrales de la mise en scène, le décor, la lumière, etc.
Ensuite, nous étudierons le langage scénique et artistique, c'est-à-dire, le langage
des signes représenté par la gestuelle et l’intonation énoncées par l’auteur
interprète, jouant ainsi le rôle fondateur de l’action projetée sur la scène.
Dans le deuxième chapitre, par l’outillage sémiologique, nous nous
pencherons d’abord sur une analyse discursive et idéologique, en visant à
expliciter d’une part la visée illocutoire que véhicule le discours humoristique,
et d’autre part, les énoncés implicites tels que les sous- entendus, les
présupposés, l’ironie, etc. En cherchant sur quels choix idéologiques reposent
les sketches, le regard qu’ils imposent, les éléments proposés à la réflexion et
observer les aspects connotatifs révélateurs d’idéologie. Ensuite, nous mettrons
en pratique les règles discursives issues des approches sémiologiques pour le
repérage énonciatif ; et enfin, nous terminerons ce chapitre en traitant les lois du
discours ainsi que les maximes de conversation.

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Dans le troisième chapitre, nous tenterons d’abord de découvrir la
spécificité de l’humour de Gad Elmaleh. Pour une bonne réception du discours
humoristique, nous traiterons le système de communication selon Jakobson, et
enfin, nous prendrons en considération les interférences de langue, les niveaux
de langue utilisés, les fonctions du langage employées ainsi que les registres de
langue.

Notre objectif principal tout le long de ce travail est de voir comment le


discours humoristique pourrait véhiculer des pensées, des idéologies, et comment
pourrait- il transformer et modifier le discours réaliste en discours drôle et
humoristique ?
À travers une approche sociolinguistique et sémio- linguistique les
thèmes que l’humour traite nous conduirons vers l’idéologie.

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- Présentation du corpus : Le spectacle : « L’autre c’est moi » de Gad
Elmaleh.

« L’autre c’est moi » est un spectacle de Gad ELMALEH qui s’est déroulé
au théâtre de Lyon en France en février 2005, réalisé par Jean- Louis CAP,
Musique animée par SINCLAIR, Lumière par Gaëlle de MALGLAIVE adaptée
par Laurent LECOMTE.
Durée du spectacle : deux heures dix minutes (2h10mn).
Productions : KS2.
Le spectacle se compose de vingt (20) sketches qui sont :
1- Les States.
2- La peur de l’avion.
3- Le plan Vigipirate.
4- Le ski.
5- Le blond.
6- Les sports.
7- Je ne suis pas blond.
8- Ma femme.
9- Le cinéma Américain.
10- I’m a Moroccan.
11- Je bois de l’eau.
12- Les comédies musicales.
13- R’N’B.
14- J’ai envie d’être chanteur.
15- L’Europe en chansons.
16- L’entracte.
17- Les grands magasins.
18- La télévision.
19- La discothèque.
20- L’australopithèque.

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- Le résumé du spectacle

Au début de son spectacle, Gad nous raconte son arrivée en France après
avoir passé un séjours aux States (Etats-Unis). Pas facile d’être revenu en avion
parce qu’il a une terrible peur de voyager en avion, il préfère prendre le train qui
est plus sûre et plus tranquille avec le plan Vigipirate plutôt que de planer dans
les airs.
En suite, il nous narre ses aventures à la montagne en faisant du ski, à
la piscine, là où il rencontre le « blond », personnage totalement différent de lui :
« le blond » skie bien, nage bien, il sait comment manger un sandwich (il n’a pas
les morceaux de salade coincées entre les dents, les tomates ne sortent pas elles
restent parallèles, …etc.).
Gad adore la musique surtout les comédies musicales, depuis qu’il était
petit il voulait devenir chanteur, c’est la raison pour laquelle il boit beaucoup
d’eau parce que selon lui ça fait chanteur.
Mais Gad n’aime pas uniquement la musique, il adore aussi regarder la
télévision, surtout les films Américains qui sont très émouvants, qui nous font
pleurer, il parle aussi des programmes diffusés sur les chaînes Françaises telles
que TF1, Canal+, …etc.
Comme la majorité des gens, Gad part souvent en discothèque, pas
seulement pour danser mais surtout pour observer les gens danser, et comme
la plupart des fêtards, en fin de soirée, on se retrouve ivre. C’est à ce moment là
que l’on fait marche arrière, l’être humain redevient australopithèque, c'est-à-
dire, à ses comportements de primitifs.
Pour clôturer son spectacle, Gad conseille le public quoi faire en état
d’australopithèque afin d’éviter tout conflit avec leurs femmes en rentrant le soir,
sachant que les femmes ne dorment pas quand leurs maris sortent seuls le soir,
c’est comme la télévision, tu l’éteins elle reste en veille.

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CHAPITRE I

L’expression humoristique chez Gad


ELMALEH.

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Dans ce chapitre, nous essayerons d’abord d’étudier la mise en scène
théâtrale dont le décor, les lumières, la musique. Ensuite, nous démontrons les
différentes caractéristiques du « One Man Show ».
Et enfin, nous passerons à l’étude de la communication verbale et non
verbale qui est le fait d’émettre ou de recevoir des messages sans passer par la
parole mais au moyen des expressions du visage, des postures, des gestes,
l’intonation, des bruits divers. Les choix vestimentaires, la coiffure, la position
du corps, le maquillage, les mimiques sont tous des éléments de la
communication non verbale.

1. La mise en scène ou mise en forme scénique de Gad Elmaleh

On ne peut concrètement parler de mise en scène proprement dite. Mais en


revanche d’une mise en forme scénique du spectacle « l’autre c’est moi », d’une
durée de 1 heure 56 minutes, Gad Elmaleh .Celle-ci, rejoint indubitablement le
genre du monologue théâtral appelé aussi le One man show .Le spectacle en
question, interprété seul sur la scène.

On peut considérer que le spectacle d’une durée fleuve presque deux


heures, se constitue de deux parties. Et sa mise en forme scénique ne relève pas
de la tendance de l’écriture Académique, celle – ci, basée en général sur
la littérature- théâtrale ou le texte qui demeure une composante essentielle de ce
théâtre. Elle rejoint sciemment, la tendance du théâtre, qui vit et se nourrit de
la réalité ou de l’actualité, le théâtre vit en prise directe sur le réel.

Et le titre lui-même du spectacle « L’autre c’est moi » confirme, la


tendance en question en ce sens, qu’il synthétise, tout le contenu et la forme
sociale du spectacle.

Il est construit au même titre que le spectacle, sur un paradoxe


fondamental qui peut signifier, que dans le temps et l’espace les individus

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sociaux sont communs et ordinaires, mais peuvent de façon imprévisible, dans
leurs comportements de tous les jours être très différents dans leurs rapports aux
uns et aux autres.

Et justement, c’est la différence des comportements des individus au sein


de la société, que l’auteur comédien exploite au maximum d’une manière
intelligente, extra- ordinaire et convaincante, sous la forme d’un grand spectacle
scénique, artistique, ayant une finalité purement distractive.

A travers le déroulement scénique l’on constate qu’il n’y a pas un prétexte


théâtral élaboré, c'est-à-dire, celui d’un conflit, d’un récit ou d’une histoire à
la base interprétée par un ou plusieurs comédiens par l’intermédiaire de
personnages.

Par- contre, l’on retrouve tout le long du déroulement que le spectacle


fonctionne d’une manière vivante et extraordinaire et non pas figée, cela grâce à
toute une multitude sans fin de sujets dans la majeur partie à l’origine sont des
fait de société tels à titre d’exemple succinct et qu’on peut intituler : le passager
dans l’avion, le vacancier skieur novice, les tracasseries des formalités
douanières, l’insécurité dans les moyens de transport, l’inefficacité de certains
programmes scolaires, etc. Des sujets s’étalant aussi sur l’enfance, ceux
passant au peigne fin et Avec acidité certaines émissions culturelles.

Des faits de société que reprend à son compte l’auteur comédien, et


développe sur la scène d’une façon parfois dramatique, lyrique, comique,
fantaisiste.

Certes des sujets de société ordinaires lesquels à l’accoutumée on attache


peu d’intérêt, appartenant à la vie quotidienne, celle de tous les jours. Mais
soumis à un traitement textuel, esthétique et scénique de grande qualité,
hautement révélateur qui souligne et caricature avec une grande force de
persuasion les défauts ceux de la dérision des travers, de l’absurdité, du paradoxe
que colportent certains comportements de la population au sein de la société.

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Ainsi, rendant par l’effet de la magie de la scène et de l’interprétation
théâtrale, ces sujets banaux intéressants et spectaculaires à telle enseigne que
le public joue le jeu à son tour en permanence, Et donc se transforme en un
parfait complice pendant toute la durée du spectacle.

L’interprétation ou le jeu théâtral

Dans le spectacle, l’interprétation occupe une place essentielle, celle ci


envahissante du commencement jusqu’à la fin du monologue, établissant dés
le départ des liens de communication humains, vivaces et chaleureux,
permanents et directs avec le public. Sa part dans le spectacle demeure à elle
seule, déterminante dans les sujets dramatisés. Et on ne peut pas parler de
personnages de théâtre au sens classique du terme. Mais plutôt de l’interprétation
d’un spectacle par un comédien de grosse pointure qui dispose de ressources
intarissables dramatiques ayant une polyvalence artistique incontestable qui
parfois dans le spectacle se traduisant dans une même situation avec le jeu
théâtral, le mime, la danse et le chant selon un dosage cohérant, spectaculaire et
intéressant.

Des situations très différentes qu’il développe et maîtrise sans transition


mais à l’aide de repères d’idées inhérentes en général à la vie sociale, familiale.
Avec aussi une démarche artistique par moment d’improvisation, mais qui reste
maîtrisée, car toujours conforme au sujet traité. Une démarche, où le verbe
et le geste demeurent puissants et convaincants et constituent ainsi les atouts
majeurs de l’interprétation qui visent à faire adhérer sans relâche le public au
discours que véhicule le spectacle sous la forme d’un monologue.

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1.1. Le décor, costumes et accessoires

On ne peut pas parler de décors mais plus précisément de dispositif


scénique, lequel dans son agencement technique est totalement aéré, et qui
donne délibérément la primauté à l’interprète.

Certes, celui ci est délimité au niveau de l’espace de l’avant-scène, celui


dit du proscenium et le prolonge par certains aspects dans l’espace occupé par
le public.

Cela pour des raisons justifiées et nécessaires, celles de la concentration du


déroulement de l’interprétation en direction surtout du public.

Sa fonction dans le spectacle se veut fluide et nue et donc favorise largement


la liberté d’action de l’interprète et dans le même temps oriente en permanence
l’attention du public sur celui ci.

Le costume inchangeable pendant tout le spectacle, composé d’un


pantalon et d’un tricot, lesquels sont bien ajustés sur le corps, confèrent
d’avantage de prestance et de liberté de mouvement à l’interprète.

D’une simplicité inouïe et de couleur neutre, dans le noir et le gris, n’attire


pas l’attention du spectateur et remplit plus un rôle effacé celui d’un costume de
base qui offre autant de possibilités à l’interprétation des différents
personnages.

Quant aux accessoires au nombre réduit, une chaise, un masque, une bouteille
d’eau, une guitare, etc. apportent un plus d’éléments, de détails, de richesse
artistique à habillement du spectacle. Leur utilisation est très précise, et
n’intervient que pour ajouter une touche, un trait à la confection et
l’interprétation de certains personnages.

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1.2. La lumière

La lumière participe fortement à l’embellissement de l’espace de jeu,


s’ajoutant harmonieusement sur le champ scénique et par moment même dans
la salle. Elle est en mouvement permanent et en parfaite symbiose avec
l’évolution de l’interprète le suivant dans ses moindres déplacements.

Des douches d’éclairages en mouvement et en forme circulaire, créant


ainsi une atmosphère de fête artistique continuelle, sans compter aussi que le
support musical contribue de temps à autre à souligner agréablement les
ambiances conviviales entre l’interprète et son public.

2. La mise en dialogue

La mise en dialogue du spectacle « L’autre c’est moi » construit des


ressources dramatiques, d’ailleurs avérées de l’humoriste Gad Elmaleh, celui- ci
étant le seul élément vivant évoluant sur une scène presque nue à l’aide de sa
propre mise en dialogue scénique, sans autres importants artifices, donne une
forme dramatique cohérente et surtout convaincante à la représentation en public
cela pendant une durée fleuve de 2 h 10 minutes.

Donc, on tenant compte de ce fait extraordinaire et évident, celui de


la parfaite maîtrise et de la grande capacité dramatique scénique de l’interprète,
la mise en dialogue en question dans sa relation envahissante et permanente avec
les spectateurs pendant tout le déroulant des 20 différents sujets développés
fonctionne à vrais dire avec une aisance captivante et envoûtante, voire même
convaincante et profondément intelligente.

18
En d’autre termes, celle ci arrive à dépasser complètement la rampe de
la scène (un fait très rare dans les annales du monologue théâtral,d’une durée de
plus de deux heures) pour obtenir ainsi la complicité et la participation parfois
active des spectateurs dans la salle.

Aussi, il est question avant tout ici d’un spectacle vivant, donc qui
s’inscrit dans le cadre d’une représentation en public d’où la nécessité pour les
besoins de son interprétation scénique de sa mise en dialogue ou plutôt comme
on dit dans le jargon de la profession de « sa mise en bouche » par l’interprète.

Dans le cas d’un spectacle qui dans son contenu et sa forme rejoint
le monodrame ou le One man show tel « L’autre c’est moi » c’est en dernier
ressort de l’art et la manière dont est conçue et traduite la mise en bouche des
dialogues sur la scène que dépend dans une grande mesure la réussite ou
l’échec de la représentation et de sa finalité.

En fin, en général, on peut soutenir du point de vue de l’expérience


pratique la fonction de la mise en dialogue, celle qui relève de la représentation
artistique, ayant la forme d’un monologue ou un One man show basé sur un seul
maître de jeu devient plus qu’importante, par rapport aux autres lesquelles à leur
tour concours à la conception et la réalisation du spectacle.

19
Le One Man Show

Le « One man show » est un sous genre dans la catégorie humoristique,


cette locution nominale est définie comme telle : One man show
(Anglicisme) :« nom masculin invariable, (spectacle d’un seul homme),
spectacle de variétés où l’artiste est seul sur scène. Recommandation : spectacle
solo ou solo ».1

Gad Elmaleh est l’un des humoristes Français les plus sollicités en France,
renommé en faisant des « One Man Shows ». Son premier « One Man Show »
était en 1995 sous le titre de « Décalages », mis en scène par Isabelle Nanty,
ensuite il enchaîne son parcours artistique avec un second « One Man Show » en
2001 intitulé « La Vie Normale », et enfin, il signe en 2005 un franc succès avec
son triomphe dans son troisième « One Man Show » :« L’autre C’est Moi ».

Ce dernier est différent des deux autres spectacles, avant,Gad Elmaleh,


dans « La Vie Normale » c’était un spectacle de moins de deux heures s’amusant
de l’essor du portable dans les mœurs quotidiennes, des Marocains, des fumeurs,
des juifs, et de tout un tas d’autres concepts par une série de personnages très
légèrement éventés, en outre, il parvient à faire un petit sketch avec des éléments
donnés par le public, comme le sketch de « Goldorak » ou « Une attaque extra-
terrestre ». Maintenant, Gad Elmaleh dans « L’autre C’est Moi » c’est autre
chose, Contrairement aux deux autres spectacles, Gad ne fait plus de sketchs
mais va parler directement au public, genre un Stand Up, qui est : « une forme
alternative du « One Man Show » consistant à laisser son auteur seul sur scène
en compagnie d’un micro, l’humoriste débite alors sans s’interrompre de courtes

1 .(le petit Larousse, grand format (100ème édition) 2005.

20
histories inspirées de la vie quotidienne et de la société contemporaine, en
cherchant à privilégier le coté spontané de son humour ».2

Il s’agit de communiquer avec le public directement comme dans le sketch


de « IKEA » quand l’humoriste demande au public « j’aime bien ma petite
chaise, vous savez où je l’ai acheté cette chaise ? (Le public répond : IKEA) » Et
aussi quand il leur demande : « y’a IKEA à Lyon ? (Le public répond : oui) »,
Notamment dans l’entracte, quand il leur pose la question suivante :

« Si je vous dis ici ce soir, racine carrée de 25 vous dites ? (Le public répond :
5) ».

Dans « L’autre C’est Moi », Gad Elmaleh nous fait un spectacle de deux
heures, nous laissant à la limite de l’interrogatif, sans personnages mais gavé de
musiques, de chansons, de rythmes, etc.

Concernant le titre du spectacle : « L’autre c’est moi», « l’autre » c’est un


peu de tout le monde : vous, moi, l’inconnu comme la célébrité, face au monde et
ses absurdités, et c’est aussi lui : Gad, qui « bondonne » la structure sketchs à
personnages pour réaliser un show de deux heures en tant que personne à part
entière, observant son quotidien pour s’en amuser sous les yeux ravis du public.

Une mise en scène bien travaillée et très agréable avec une structure
maîtrisée (les thèmes s’enchaînent sans interruption) où tout y passe : la
psychose de l’avion, le ski et les sports en général, les blonds, et surtout, les
comédies musicales, le R’N’B, et les clients des discothèques.

C’est dans ces moments illuminés, colorés, à la limite du festif, que Gad
Elmaleh montre son plein potentiel, il chante, il danse, il invente des mots (dans
le sketch de R’N’B) épinglant les stéréotypes pour les dépouiller et les présenter
à nue devant le public. Chacun peut se retrouver dans les situation présentées :

2
Dictionnaire.mediadico.com

21
l’impuissance de l’homme face à un meuble Ikea, récalcitrant la niaiserie des
cours d’Anglais classique (dans le sketch : Les States), les fins de soirées
complètement déchirées (dans le sketch : de L’australopithèque) et le petit
complexe d’infériorité face aux gens qui réussissent tout ce qu’ils entreprennent.
On remarque que dans ces différentes situations, Gad va centrer « Le Blond »,
l’homme parfait qui n’a aucun souci pour surmonter les aléas de la vie.

Une énergie communicative et un humour dévastateur avec un grand


public, une bonne surprise marquée de plusieurs moments qui font la réussite
d’un « One Man Show » pas comme les autres.

22
2.2 Le code linguistique ou code verbal

Le code verbal des sketches s’inscrit dans le contexte d’un spectacle


vivant, représenté en public, et spécifiant une interaction avec lui.

Le signe mobil de la théâtralité domine le langage théâtral. Une théâtralité


complexe et riche en signifiant. Et de ce fait, le code lui même verbal n’est pas
le seul élément important dans la compréhension d’une idée. Le langage verbal
est un moyen actif de participation parmi d’autres existants.
Le code verbal sera utilisé par l’interprète pour situer et définir le contour
de l’histoire ou du sujet interprété.
Le code non verbal prendra le relais et revêtue une importance certaine
dans le déroulement et le dénouement du sujet développé, tels le code mimique,
gestuel.

En ce sens que le langage verbal lui même placé dans le contexte et


le traitement de la représentation artistique scénique comme le cas de « L’autre
c’est moi » échappe à la seule analyse rationnelle. Le verbe, la phrase ou le mot
au contacte du signe mobil du langage théâtral peuvent dire tout et son
contraire : un langage propre à la théâtralité qui projette dans le cadre de
la représentation une multitude de lectures les unes plus intéressantes que les
autres.

2.3. Le code non - verbal : gestuelle, intonation

Le discours artistique du spectacle est structuré à l’aide d’une dynamique


verbale et non verbale. Les deux formes sont intrinsèques dans le spectacle tout
le long du déroulement scénique des différentes situations dont la plus part sont
faites d’humour et de fantaisie interprétées par Gad Elmaleh, la présence en force

23
dans le discours artistique interprétatif, de la dimension non verbale est
omniprésente.
Gad Elmaleh développe et utilise continuellement la notion dramatique
de la mimique, la gestuelle et de l’intonation. Il leur attribue des fonctions et des
objectifs de dosage dramaturgique précis, c'est-à-dire, sans verser dans le
superflu et la vulgarité. La plus part du temps ils sont renouvelés à travers son
interprétation du spectacle.
La fonction de la mimique et de la gestuelle interviennent pour satisfaire
certains besoins et nécessités scéniques ceux par exemple de créer et d’assoire
des situations et scènes de jeu, des ambiances et atmosphères dans lesquelles le
prétexte de l’histoire dramatique évolue.
Pour également décrire et fixer des éléments indispensables et nécessaires
à la réalité de son interprétation tel que le décor d’un lieu particulier et non
comme accessoires.
Des éléments indispensables prennent en charge le code non verbal ayant
une relation directe ou indirecte avec l’action projetée sur la scène, la rendant
ainsi plus vraisemblable et persuasive.
Quant aux objectifs, ils participent de façon intense et permanente à
donner un contenu et une forme vivante et particulière aux différents
personnages partenaires, construits dramatiquement par l’interprète principal.
Des objectifs de jeu propre au code non verbal contribuent dans le code
du déroulement scénique à rendre en quelque sorte plus vraisemblable les
personnages que confectionne lui même l’interprète de tout le spectacle.

L’auteur interprète par le biais du code non verbal celui de la mimique,


la gestuelle et l’intonation, étant seul physiquement et visuellement, développe
ces personnages intervenant au titre de véritables partenaires car leur attribuant
des objectifs de jeu afin de leur conférer un corps, un esprit et un visage. Donc
une présence et vraisemblablement une participation effective, active le

24
spectacle. On peut dénombrer et classifier certains objectifs selon les différents
prétextes que véhiculent les situations ou histoires interprétées.
Parmi les objectifs les plus utilisés, on retient ceux d’ordre physique,
psychologique et vocal. En somme, le code verbal et non verbal constituent une
entité indissociable, celle ci concourant dans le but de donner une dimension
linguistique et artistique humaine et convaincante au spectacle « L’autre c’est
moi ».
La participation du corps dans le langage est évidente et, au surplus, elle
est totale. Elle met en effet en action tout l’organisme. Ce n’est pas une simple
vue de l’esprit que nous tenons ici à établir comme un fait existant, mais une
réalité qui s’affirme chaque jour dés l’instant où le langage apparaît comme
le mode expressif le plus confortable pour extérioriser, le plus parfait pour
traduire nos pensées, le plus économique pour transmettre la somme
considérable d’informations que contient le discours lorsque ce dernier aborde
notamment la représentation symbolique.
Le corps de l’homme est l’instrument dont se sert la pensée humaine pour
parler. Le corps en entier participe aux moyens d’exprimer, il y contribue par le
regard, par la mimique, par le geste, par l’attitude, par tout l’ensemble de notre
être vivant et dynamique. Il le contrôle par l’audition, par la vue, par la peau, par
tous nos sens aiguisés à cet exercice des plus humanisants.
Chez Gad, l’interaction du verbal et du non verbal, l’implication de son
corps dans l’expression d’une thématique révèlent les instruments d’une
expression discursive où l’humour est explicité à des fins scéniques et
idéologiques. L’humour deviendra l’outil qui transformera « la vision
idéologique » et de certaines réalités sociales.

25
- La gestuelle

La communication non verbale, un univers méconnu et un potentiel sous-


exploité et pourtant le centre d’intérêt de l’interlocuteur, celui qui maîtrise la
relation, c’est celui qui sait observer l’autre, qui sait écouter. Le contrôle ne
signifie pas le monopole de la parole, le contrôle de soi et de la relation avec
l’autre passe par un art maîtrisé d’une alternance d’écoute, de questionnement
plus ou moins dirigé et d’une gestuelle adaptée ou synchronisée à son
interlocuteur.

La gestuelle (n.f) est définie comme étant : « un ensemble de mouvements de


gestes expressifs, considérés comme des signes, caractéristiques d’un comédien,
d’un acteur ou d’un style de jeu ».

La gestuelle est importante chez le comédien, l’acteur, mais aussi chez


toute personne qui Pratique la communication orale, car selon des recherches
scientifiques3 qui ont été faites récemment, on constate que 55% du message
capté par l’interlocuteur est directement liés à la Gestuelle du locuteur.

Nous distinguons quelques types de gestuelles qui sont les suivants :

1- gestuelle d’appui du discours :

a- c’est le fait de ponctuer le discours et de souligner un point précis en associant


le pousse et l’index, mais tout en conservant le bras prés du corps pour se
protéger des agressions extérieures. (Réf : Image 3).

b- le doigt pointé vers le haut attire l’attention sur l’importance du message.


(Réf : Image 4).

3 (TAO communication, Egostyle).

26
2- gestuelle d’ouverture : (Réf : Image 8).

En bon communicant, on fait preuve de bonne volonté en marquant sa


sincérité et cela en montrant les paumes des mains et en ouvrant les avant-bras.

Attitude de recul avec un pied en arrière signifie l’envie d’en finir le message.

3- gestuelle de fermeture : (Réf : Image 9).

C’est le fait de serrer les points qui est signe de désaccord, on recule, on n’est
plus face à l’autre

Mais légèrement de coté prêt à lui tourner dos, le menton en avant, on reste sur
ses gardes.

4- gestuelle de domination :

a- en rassemblant ses idées, en rapprochant ses mains, on reprend le contrôle et


on défie interlocuteur en poussant le menton vers l’avant. (Réf : Image 2).

b- les mains sur les hanches, façon cow-boy, est un signe de virilité donc signe
d’autorité. (Réf : Image 7).

5- gestuelle de soumission : (Réf : Image 10).

C’est la position de l’élève puni.

6- gestuelle de rupture de cohérence : (Réf : Image 5).

Le locuteur est mal à l’aise, il semble être ici et ailleurs en même temps.

7- gestuelle d’auto- contact :

a- le locuteur se rassure en touchant ses bras, geste de protection, ses bras sont
repliés vers lui, Ils protégent son buste, siége de ses émotions.

b- se frotter les mains au fur et à mesure qu’elles deviennent serrées est un signe
d’auto- contact et fermeture : c’est-à-dire le sujet est clos, le locuteur est pressé
d’en finir. (Réf : Image 1).

27
8- démarche :

a- la démarche volontaire et dynamique de celui qui se bat, un bras en avant,


les épaules et le buste en avant. (Réf : Image 11).

b- démarche tranquille et à pas feutré.

Nous distinguons aussi d’autres types de gestuelle et cela à travers le


langage des sourds muets, ou bien le langage des signes, tels que :

- Le signe : ici. (Réf : Image 12).

- La troisième personne du singulier : il / elle. (Réf : Image 13).

- La deuxième personne du singulier : tu. (Réf : Image 14).

- Le fait de manger. (Réf : Image 15).

- La salade. (Réf : Image 16).

- La première personne du singulier : je / moi. (Réf : Image 17).

- Le signe : avant. (Réf : Image 18).

- Le signe : là- bas. (Réf : Image 19).

- « L’heure » : (Réf : Image 20).

Nous avons remarqué que l’humoriste utilise ces gestes en communiquant


avec son public tel que nous allons l’observer dans les images suivantes :

28
(Image 1)

Gestuelle d’auto- contact :

b. Se frotter les mains au fur et à mesure qu’elles deviennent serrées est un signe
d’auto- contact et fermeture : c'est-à-dire le sujet est clos, le locuteur est pressé
d’en finir.

29
(Image 2)

Gestuelle de domination :

a. En rassemblant ses idées, en rapprochant ses mains, on reprend le contrôle et


on défie l’interlocuteur en poussant le menton vers l’avant.

30
(Image 3)

Gestuelle d’appui du discours :

a. C’est le fait de ponctuer le discours et de souligner un point précis en


associant le pousse et l’indexe, mais tout en conservant le bras prés du corps
pour se protéger des agressions extérieures.

31
(Image 4)

Gestuelle d’appui du discours :

B. Le doigt pointé vers le haut attire l’attention sur l’importance du message.

32
(Image 5)

Gestuelle de rupture de cohérence :

Le locuteur est mal à l’aise, il semble être ici et ailleurs en même temps.

33
(Image 6)

Démarche :

B. Démarche tranquille et à pas feutré.

34
(Image 7)

Gestuelle de domination :

B. Les mains sur les hanches, façon « Cow- boy » est un signe de virilité donc
signe d’autorité.

35
(Image 8)

Gestuelle d’ouverture :

En bon communicant, on fait preuve de bonne volonté en marquant sa sincérité


et cela en montrant les paumes des mains et en ouvrant les avant-bras.

36
(Image 9)

Gestuelle de fermeture :

C’est le fait de serrer les points qui est signe de désaccord, on recule, on n’est
plus face à l’autre mais légèrement de coté prêt à lui tourner le dos, le menton en
avant, on reste sur ses gardes.

37
(Image 10)

Gestuelle de soumission :

C’est la position de l’élève puni.

38
(Image 11)

Démarche :

A. La démarche volontaire et dynamique de celui qui se bat, un bras en avant, les


épaules et le buste en avant.

39
(Image 12)

Geste 1 :

En pointant l’indexe vers le bas, le locuteur communique le signe : ici.

40
(Image 13)

Geste 2 :

L’indexe pointé vers la gauche ou vers la droite signifie : il / elle (la troisième
personne du singulier masculin).

41
(Image 14)

Geste 3 :

L’indexe pointé vers l’interlocuteur signifie : tu (deuxième personne du


singulier).

42
(Image 15)

Geste 4 :

Les deux mains qui se dirigent vers la bouche figurant sur l’image, cela signifie
qu’on est en train de manger.

43
(Image 16)

Geste 5 :

Geste signifiant la salade.

44
(Image 17)

Geste 6 :

L’indexe pointé vers le buste signifie : je (la première personne du singulier).

45
(Image 18)

Geste 7 :

Le pousse pointé en arrière signifie : avant.

46
(Image 19)

Geste 8 :

L’indexe pointé vers l’interlocuteur en prolongeant son bras signifie : là-bas.

47
(Image 20)

Geste 9 :

En posant l’indexe sur le poigné de la deuxième main signifie : l’heure.

48
- L’intonation

A l’écrit, l’intonation est traduite par la ponctuation, tandis qu’à l’oral, elle
est repérée à travers le ton du discours, et la manière de parler.
Nous repérons l’intonation à travers quatre types de phrases qui sont les
suivants :

1- la phrase déclarative :
Elle se termine par un point et qui généralement donne une information,
oralement, le temps est simple, avec aucun signal spécifique à détecter.
Exemple :
- « Voir quelqu’un ça veut dire voir un psy je vous le dis tout de suite. »
(Sketch 8 : ma femme).
2- la phrase interrogative :
Elle se termine par un point d’interrogation et qui pose une question.
Oralement, le ton est révélé en ton de questionnement. Quelque fois
l’interrogation ne demande pas de réponses : ce sont des interrogations
rhétoriques.
Exemples :
- « qui c’est qui invente les sports? (…) pourquoi on nous parle pas de tous les
sports qui n’ont pas été acceptés par la fédération ? » (Sketch 6 : les sports).
- « j’aime bien ma petite chaise, vous savez où je l’ai achetée ? (…) il y a IKEA
à Lyon ? » (Sketch 17 : les grands magasins).
3- la phrase exclamative :
Elle se termine par un point d’exclamation et qui exprime un sentiment ou une
sensation (peur, douleur, joie, …etc.).
Exemples :
- « ah bon ! T’as peur en avion ! » (Sketch 2 : la peur en avion).
- « qu’est ce qui boit comme eau ! » (Sketch 11 : je bois de l’eau).

49
3- la phrase impérative :
Elle se termine par un point ou un point d’exclamation et qui exprime
l’ordre, l’interdiction ou le conseil.
Exemples :
- « tu sais pas, tu le cherches, tu le trouves, tu me suis, allez up up up » (Sketch
5 : le blond).
- « je te dis que c’est par là les assiettes ! » (Sketch 17 : les grands magasins).
L’intonation introduite à travers ces types de phrases ajoute au sens du
discours :
- La présence uniquement de phrases déclaratives peut signifier la neutralité de
l’énonciateur qui ne veut montrer aucun sentiment.
- La présence de phrases interrogatives, exclamatives et impératives signale
l’importance des sentiments et des émotions.
- Les interrogations rhétoriques contribuent à impliquer le récepteur dans le
discours, le poussant à deviner la réponse qui est implicite.

50
3. Séquence Humoristique

- Séquence visuelle

A travers le spectacle « L’autre c’est moi » et son visionnage, on constate


donc dans les sketchs au nombre de (20) interprétés par Gad Elmaleh, que les
suites « Séquentielles » visuelles ou textuelles sont conçues selon la forme
dominante de l’humour, et non par contre celle dramatique. Elles existent de
façon imbriquée et au nombre considérable. On peut dire une véritable synergie
humoristique et fantaisiste qui est la nature propre à l’ensemble des sketches.

Les moments forts humoristiques d’ordre dans le même temps visuel ou


textuel en réalité traversent comme une sorte de cascade durant tout le
déroulement du spectacle.

En ce sens qu’il n’y a pas lieu de faire une dichotomie entre le coté visuel
ou textuel qui éventuellement ne peut contribuer ou bien apporter des éléments
nouveaux dans la portée linguistique et artistique du spectacle.

Cependant on doit plus justement parler non pas de séquence qui veut dire
une suite de plans autonomes par rapport à un reste cinématographique mais de
scènes ou moments constitutifs des sketchs. Il est question d’analyse artistique
du déroulement d’un spectacle à partir d’un visionnage.

L’inventaire en question ne peut qu’atténuer les sens et significations des


sketchs. Inventorier les sketches à nombre, nécessite de prendre en considération
les paramètres scéniques liés à la mise en scène dont:
- Les paramètres textuels.
- Les paramètres interactionnels liés à la pragmatique et aux conditions du
contexte.

51
En général l’humour lui même dans son concept de spectacle, ses
ingrédients pour se faire et se réaliser, c'est-à-dire créer les conditions idéales
afin de provoquer le rire des spectateurs, fait appel aux sentiments qui doivent en
effet êtres justifiés de l’ironie, l’anti phrase, etc.

Les éléments scéniques du spectacle se réalisait dans une atmosphère dans


laquelle les spectateurs fonctionnent et donnent leurs assentiments, leurs
conventions sociales aux récits constituant le spectacle.
A partir de ces éléments scéniques et pragmatiques, le discours humoristique
s’aventure sur le terrain des représentations sociales et de l’idéologie.
L’humour « transforme », modifie les visions. Cette altération de la réalité est un
« dire » actif. L’humour atténue le sérieux mais arrive à « faire dire » et à « faire
agir ».

52
CHAPITRE II

L’analyse discursive du spectacle


(Un espace idéologique).

53
Les actes de langage ne consistent pas uniquement à convier une
information, mais aussi à créer, à modifier des rapports sociaux, à prendre
position dans un contexte institutionnel donné.
Aussi, l’acte de langage est « un tout de signification dont une partie est
explicite et l’autre explicite »4 le discours est enrichi de sous- entendus,
présupposés, ironie,…etc. Pour que l’énonciateur qui par le fait même
d’énoncer, assume des rôles sociaux, culturels, politiques, dénonciateurs et
révélateurs d’idéologies.
Aussi, le discours humoristique obéit à des lois et à des maximes de
conversation que nous allons voir avec plus de précision.

1. La visée illocutoire

« En parlant à un nouvel interlocuteur, chacun essaye toujours,


délibérément ou involontairement, de se découvrir un vocabulaire commun : soit
pour plaire, soit simplement pour se faire comprendre, soit enfin pour se
débarrasser de lui, on emploie les termes du destinataire. La propriété privée,
dans le domaine du langage, ça n’existe pas : tout est socialisé.»5.

En ce sens, Austin considère que tout énoncé est un acte de parole qui
contient trois composantes : le locutoire (le dire), l'illocutoire (le faire),
le perlocutoire (l'effet produit sur son interlocuteur) ; Searle quant à lui, il replace
la langue dans la théorie des actes de langage et plus généralement dans une
théorie des intentions. Pour A, énoncer une proposition résulte de l’intention de
4
P. Charaudeau, D’une théorie du langage à une analyse du discours, Connexions n°30, p 7 à10.
5
R. Jakobson, Essais d e linguistique générale. Paris: Edition de Minuit. 1963 : 33.

54
la produire ; pour B, la comprendre c’est interpréter l’intention qui l’a sous-
tendue, dans le contexte où elle a été produite.

Dans cette théorie, la communication se situe dans la pragmatique,


et la pragmatique des actes de langage s’inscrit à son tour dans une théorie du
langage et une théorie de l’action selon deux perspectives : la description des
actes de langage et leur régulation selon le principe d’exprimabilité, c’est- à-
dire :

(a) énoncer des mots = effectuer des actes d’énonciation,


(b) référer et prédiquer = effectuer des actes propositionnels (locutoires),
(c) affirmer, ordonner, promettre, etc. = effectuer des actes illocutoires,
(d) effectuer des actes perlocutoires = agir sur son interlocuteur

Formulée ainsi, il semble que cette théorie propose un lieu d’articulation


de l’illocutoire ou perlocutoire intéressant pour le genre humoristique. En effet
il semble bien que les niveaux (a), (b) et (c) soient réellement présents dans ce
type de discours avec un appauvrissement du niveau (c) — et absent pour le
niveau (d).

Cela supposerait qu’un sujet puisse mettre en œuvre ses capacités


linguistiques sans égard pour son destinataire dans un premier temps.
Les processus d’ajustement soient appelés dans un second temps pour
contraindre les formes de productions langagières.

55
Le schéma suivant présente le cadre que nous avons choisi de donner au
monologue et la relation qui existe entre chacun des éléments :

Destinateur perlocutoire Destinataire

Effets et suites

Locutoire illocutoire

Contenu Force et But


Propositionnel

Langue Monde

Relation entre le destinateur


et le destinataire dans le
monologue.

56
Ce cadre représente les éléments qui entrent en jeu à chaque tour de
parole. C’est-à-dire aussi bien les relations qui interviennent entre le locuteur (ou
destinateur) et l’allocutaire (ou destinataire), leur connaissance respective du
langage que les rapports qu’ils peuvent avoir au monde. Ce cadre permet
également de comprendre la composante perlocutoire dans les actes du
monologue et une simplification des formes langagières.

Dans le cadre de notre travail, retenons que tout fait humoristique suppose
une production intentionnellement marquée par une forme de communication
homogène et continue. Cette forme de discours résulte d’une construction
sémiotique complexe, jouant le plus souvent sur plusieurs substances (verbale,
iconique, sonore), adressée à un ou plusieurs destinataires. En ce sens ;

“ (…) le sujet du discours s’approprie bien plus largement la langue


puisqu’il choisit les catégories, sélectionne pour chacune une ou plusieurs
régimes, les met en relation, s’efforce de mettre en congruence des régimes
retenus et surtout les usages qui en découlent, et en cela aussi, il s’installe dans
son discours ”6.

En effet, l’analyse d’un discours humoristique mobilise davantage la visée


discursive et pragmatique des «discours», d'où l'intérêt certain d'ouvrir l'analyse
sémiotique à la perspective pragmatique, avec pour conséquence
"méthodologique", l'interrogation de la visée illocutoire des discours, et en
particulier celle du discours humoristique.

6
FONTANILLE Jacques et ZILBERBERG Claude, Tension et Signification. Hayen (Belgique) : Pierre
Mardaga, 1998 : 147.

57
De manière plus précise, l’intention humoristique dans ce genre de
discours provoque un effet local « perlocutoire » de connivence fondé sur les
caractéristiques souvent décalées d’un énoncé et d’une énonciation
essentiellement déictique et reposant sur le Moi dans le cas du théâtre et celui du
corpus en question.

Ce faisant, la «permanence» de ce sujet de l’énonciation «hypertrophié»


par le fait qu’il occupe la totalité des rôles énoncifs et énonciatifs, n’est-elle pas
le résultat de la construction d’un simulacre du cadre énonciatif, ou d’une
situation de communication «directe», mais d’une manifestation volontaire de
vouloir faire rire.

Toutefois, la visée de connivence l’emporte nécessairement sur la visée


hostile ou agressive, car le but ‫״‬illocutoire‫ ״‬de l’acte d’énonciation dans ce type
de discours peut varier tandis que la dimension humoristique tend à moduler la
force vers le haut (stratégie sarcastique) ou le bas (ironie) considérée comme «ce
qui devrait être en feignant de croire que c'est précisément ce qui est »7.

Dans notre corpus, l’auteur- locuteur propose un véritable scénario


d’action que le destinataire (spectateur) peut partager et rendre « réel » en le co-
énonçant et en le jouant dans le rituel d’un jeu de langage.

Dans cette perspective, Patrick Charaudeau pose que « l’acte


humoristique, comme acte d’énonciation, met en scène trois protagonistes : le
“locuteur”, le “destinataire” et la “cible” », et dépend des rôles que chacun
assume dans la situation de communication.

7
Henri Bergson, Le Rire, P.U.F., «Quadrige», p. 97.

58
Il peut multiplier les ambiguïtés sémantiques et les équivoques référentiels
en rapprochant des univers et visions peu comparables du monde, et instaurant
une (in)cohérence forte entre les dimensions ou isotopies considérées.

Ceci s’explique par le fait que , l’énonciateur « humoriste » n’est pas censé
assumer l’interprétation implicite ; autrement dit, la liste des pensées implicites
associables au message sérieuse relative à son énoncé. Son discours pourrait
éventuellement laisser entendre une forme de scepticisme, d’agressivité, de défi
aux normes logiques ou sociales, et de mise en cause critique des traditions et
des conformismes à travers les personnages et valeurs qui les incarnent comme
cette forme de « sous- entendu » étudiée par Oswald Ducrot8 (1972 : 132).

De façon plus précise, l’interprétation d’un acte humoristique dépend,


comme celle de toute énonciation, des contextes antérieurs et postérieurs et de la
situation. Une plaisanterie brève dans un discours « sérieux » n’a pas la même
portée que dans un discours non sérieux, où abondent blagues et railleries et
épisodes sémantiquement inachevés, tel le cas du spectacle ‫״‬l’autre c’est moi‫״‬.

En effet, pour interpréter le procédé énonciatif « ironique » et la visée


illocutoire du discours humoristique où l’on suppose que le locuteur veut dire
bien plus qu’il ne dit ou d’« hyperbole » pour le procédé « sarcastique », quand il
dit bien plus qu’il ne voulait dire.

Dans ce cas, l’interprétation constituerait lien symbolique lointain avec la


situation imaginée dans la vignette ironique du message transmis.

8
Ducrot O., 1972, Dire et ne pas Dire. Principes de sémantique linguistique, Paris, Hermann.

59
À ce jeu, toutes les communications humoristiques ne seraient que des
énonciations implicites, des sous-entendus ou du moins des laisser- entendre,
rendus nécessaires par des formes de censure sociale.

En ce sens, nous rejoignons Sperber et Wilson9 sur le fait que : L’énoncé


humoristique ne cache pas « une » signification figurée implicite au-delà d’un
énoncé littéral « malheureux », mais drôle. Il évoque plutôt un faisceau
d’impressions de sens ou d’effets « poétiques ».

Autrement dit, l’acte humoristique comme l’énoncé métaphorique ou


ironique, consiste à dire et faire entendre beaucoup plus que l’énoncé synthétique
qui tend à véhiculer d’une manière plus directe et explicite un message donné, tel
que l’exemple suivant :

- « Ses enfants à lui, au blond, non ils sont calmes, ils font du coloriage, et ils
dépassent pas, toi ton fils il colorie tout au tour du dessin et il te dit :’’ t’as vu
papa, je ne suis pas rentré !’’ ». (Sketch 5 : le blond).

L’interprétation du dessin si – dessous, vise une idéologie précise à travers toute


une représentation sociale de « l’Arabe », représentant des micros- sociétés en
France et dans les pays occidentaux où « le blond » est perçu comme un concept
d’un individu supérieur. Cette représentation dichotomique conduit d’une part à
s’imaginer (représentation pragmatique) et à s’identifier à travers un mécanisme
d’autodérision, d’autre part, elle conduit à réfléchir sur l’image de « soi » et celle
de « l’autre ». Ces deux systèmes de valeurs se complètent.

9
Sperber D., Wilson D., 1986, La pertinence. Communication et cognition, trad. De l’anglais par A.
Gerschenfeld et D. Sperber, Paris, Éd. Le Seuil, 1989.

60
« L’Arabe » « le blond »

(Sketch 5 : le blond).

Exemple de coloriages des deux enfants : le fils de


« l’Arabe » et le fils du « Blond » (le Français).

61
1.1. Les Actes du langage

La théorie classique des actes de langage prend son point de départ dans
la conviction que l'unité minimale de la communication humaine est
l'accomplissement (performance) de certains types d'actes. Le pionnier de cette
théorie est Austin.

Austin, philosophe, prend pour objet d'analyse le langage ordinaire et


prend le contre-pied des philosophes qui considèrent les phrases comme
représentant des états de choses qui peuvent être vrais ou faux.

C’est ici le point de départ de la recherche d’Austin qu'il précise dans sa


8ème conférence : les philosophes du langage ordinaire objectent que ce ne sont
pas les phrases en tant qu’entités grammaticales qui représentent des états de
choses et sont vraies ou fausses : on se sert des phrases dans un contexte donné
pour dire des choses vraies ou fausses. Il faut donc distinguer la phrase en tant
qu’entité grammaticale et l’énoncé fait au moyen de cette phrase : c’est l’énoncé
contextuellement situé, non la phrase qui représente un état de choses
simplement vrai ou faux.

Dans sa première conférence [1] Austin établit le concept de


« performatif » ou énonciations performatives qu’il veut distinguer des
énonciations qui sont des « affirmations » qui ont pour critères d’être vraies ou
fausses : ce sont des énonciations visant à faire quelque chose d’accompli (à
parier, se marier). En même temps que l'énoncé est produit, un acte est réalisé
"je vous marie", dit le maire, par exemple.

Mais Austin renoncera à sa distinction performatif/constatif (affirmation


classique) en s’apercevant que certains énoncés sont mi-performatifs, mi-
constatifs. Que l’on peut accomplir les mêmes actes avec ou non un performatif

62
par exemple : « je te promets de le faire » (performatif) peut être équivalent à
« je le ferai » (constatif).

Il va donc élaborer une théorie générale de la parole comme action. Dans


cette nouvelle théorie, tous les énoncés, sont investis d’une fonction
pragmatique.

Ce qui correspond à l’acte de dire quelque chose : c’est l’acte locutoire.

Austin va distinguer trois actes impliqués dans une énonciation : l’acte


locutoire, l’acte illocutoire et l’acte perlocutoire.

L’acte illocutoire contient tous les actes constitutifs de l’activité langagière, les
uns physiques, essentiellement la mise en jeu des organes phonateurs, c’est
pourquoi il les appelle « phonétiques », d’autres qu’il dénomme « phatiques »
comme prononcer des mots corrects du point de vue grammatical, d’autres enfin
qualifiés de « rhétiques » c'est-à-dire émettre des mots doués de « sens », mais
en entendant par là, nous est il dit, à la fois sens et référence ; il y a donc selon
Austin du sens dans le locutoire.

Ce qui correspond à l’acte de dire quelque chose : c’est l’acte locutoire.

Les actes locutoires vont toujours de paire avec les actes illocutoires : énoncer
une phrase, c’est donc accomplir plusieurs actes à la fois, les uns locutoires, les
autres illocutoires.

Ces actes ayant une valeur conventionnelle. Le terme de valeur a une


grande importance puisque Austin va faire une théorie des actes illocutoires à
partir de leur valeur (se rapportant à la convention). Valeur qu’il dissocie de
signification (signification équivalent pour Austin à sens et référence).

63
Pour ce qui est de l’acte perlocutoire, il faut saisir l’effet que l’acte
produit sur les sentiments, les pensées sur l’auditoire et même sur celui qui
parle. Un acte est produit par le fait de parler.

Dans l’énoncé : « a présent, vous allez retourner à votre travail » nous


faisons un acte locutoire, nous faisons l’acte de dire quelque chose : que vous
allez retourner à votre travail. Mais correspondant à cet acte locutoire on peut
avoir toute une série d’actes illocutoire différents : un ordre, une affirmation :
l’énoncé aura une valeur : d’ordre, d’affirmation…etc.

Si l’énoncé a de l’effet sur le récepteur, c’est à dire par le fait de dire


« maintenant vous allez rentrer chez vous » énerve, soulage, ou convainc le
récepteur, et que cet effet est prévu par l’émetteur : il aura accompli également
un acte perlocutoire.

Les théoriciens des actes de langage tiennent pour essentiel de distinguer


acte illocutoire qui est rigoureusement un acte de langage de l'obtention d'effet
perlocutoires qui peuvent provenir de moyens qui ne sont pas nécessairement
linguistique (voix, rythme, mimique etc.)

La classification des actes illocutionnaires proposée par Austin (1962) :

Dans sa douzième conférence, Austin en dénombre 5 actes illocutionnaires qui


sont les suivants:

1- Les "Verdictifs" (Verdictives) :

« Enonciations qui consistent à exprimer ce que l’on a constaté


(officiellement ou non), à partir de l’évidence ou des raisons concernant les
faits ou leur caractère axiologique. Il s’agit d’actes judiciaires, plutôt que
législatifs ou exécutifs ».

64
Prononcer un jugement (un verdict) : acquitter, considérer comme, calculer,
décrire, analyser, estimer, classer, évaluer, caractériser.

- « C’est interdit de conduire bourré » (Sketch 20 : l’australopithèque).

L’auteur fait un petit rappel au public qu’il existe une loi dans le domaine
juridique qui interdit de conduire en état d’ébriété.

2- Les "Exercitifs" (Exercitives) :

« Enonciations consistant à donner une décision pour ou contre une certaine


façon d’agir, à inciter les autres à se comporter de telle ou telle façon. Il
s’agit d’une décision concernant ce qui devra ou devrait être, plutôt que d’un
jugement sur ce qui est, présentement ».

C’est aussi le fait de formuler une décision en faveur ou à l'encontre d'une


suite d'actions : ordonner, commander, plaider pour, supplier, recommander,
implorer, conseiller, nommer déclarer une séance ouverte, avertir, proclamer.

Nous retrouvons cela dans l’énoncé suivant :

- « Vous savez quoi faire les jeunes si on vous propose de la drogue »


(Sketch 11 : je bois de l’eau).

Dans ce passage, l’auteur conseille et recommande les jeunes à la non


consommation de la drogue.

- « Il faut faire attention les amis, sérieux, vraiment, il faut vraiment faire
attention, il ne faut pas conduire en état d’ébriété » (Sketch 20 :
l’australopithèque).

L’auteur conseille et avertit le public de ne pas conduire en état d’ébriété.

65
3- Les « Promissifs » (Commissives) :

« Enonciations qui visent à obliger celui qui parle à adopter une certaine
façon d’agir, à s’engager ou à se compromettre. (Il est évident que ce terme
ne doit pas évoquer seulement la simple promesse) ».

En plus, ils engagent le locuteur à une suite d'actions déterminée : promettre,


faire le vœu de, s'engager par contrat, garantir, jurer, passer une convention,
embrasser un parti.

Nous retrouvons cela dans le passage suivant :

- « J’aimerai arrêter tous les mardi d’aller à la bibliothèque, jour de


fermeture de la bibliothèque, (…) j’aimerai arrêter de rester planté pendant
une demi heure devant une casserole pour que l’eau soit bouillante alors que
c’est la plaque d’à côté qui est en train de chauffer, (…) et bien ce jour où
j’aurai fait tous ces changements, je serai prêt à aimer une femme, et je
l’aimerai à la folie … » (Sketch 8 : ma femme).

Ici l’auteur révèle ses vœux au public sur le fait de changer ses habitudes, et
en même temps il fait la promesse d’aimer cette femme jusqu’au point
d’atteindre la folie.

4- Les "Expositifs" (Expositives) :

« Enonciations servant à exposer une façon de voir les choses, à développer


un argument, à clarifier l’usage que l’on fait des mots, ou cela même à quoi
ils renvoient ».

En outre, ils sont utilisés pour exposer des conceptions, conduire une
argumentation, clarifier l'emploi des mots, assurer les références : affirmer,

66
expliquer, signifier, nier, répondre, objecter, concéder, exemplifier,
paraphraser, rapporter des propos.

- « Mais non enfin Monsieur, une fourchette voyant ! » c'est-à-dire !!!


« Bun entre 8h et 18h » (Sketch 17 : les grands magasins).

Dans cet exemple, l’auteur nous fait part de l’affirmation de la vendeuse du


magasin « IKEA » et en même temps sa réponse pour clarifier et expliquer
ce qu’est une fourchette.

5- Les « Comportatifs » (Behabitives) :

« Enonciations qui expriment une réaction à la conduite et au sort des autres,


ainsi que des attitudes vis-à-vis du comportement antérieur, ou simplement
prévu, d’autrui ».

Autrement dit, il s'agit des réactions au comportement des autres, aux


événements qui les concernent : s'excuser, remercier, féliciter, souhaiter la
bienvenue, critiquer, exprimer des doléances, bénir, maudire, porter un toast,
boire à la santé de, protester, défier, mettre au défi de, se plaindre de, rendre
hommage.

- « J’aimerai juste avant de chanter une chanson si vous me le permettez


de dédier ce spectacle à ma maman qui est tranquille dans la salle ce soir à
qui je fais un gros bisou » (Sketch 14 : j’ai envie d’être chanteur).

Gad Elmaleh rend hommage à sa chère maman en lui dédiant son spectacle.

- « Mes dames, mes demoiselles, messieurs, je suis vraiment ravi de vous


accueillir ce soir à l’Eurovision 2005 » (Sketch 15 : l’Europe en
chansons).

L’auteur souhaite la bienvenue au public à l’Eurovision 2005.

67
3. Le repérage énonciatif

L’énoncé est l’encrage d’une unité contextuelle liée à une activité de


langage en situation, dans un « je- ici – maintenant », reliée à un contexte qui lui
donne un sens en fonction de la compréhension et de l’interprétation.
Il est défini comme « Toute suite de mots d’une langue émise par un ou
plusieurs locuteurs »10.

Autrement dit, c’est un construit de l’énonciateur en fonction de sa


situation spacio- temporelle, des co- énonciateurs auxquels il s’adresse et du
message qu’il veut faire passer.

En outre, le sens d’un énoncé ne peut être déterminé qu’en fonction d’un
acte énonciatif et d’une fonction communicative, c'est-à-dire que tout élément
présent dans la situation de communication est considéré comme pertinent dans
le processus d’énonciation.

Il faut donc distinguer entre situation de communication et situation


d’énonciation :

1- la situation de communication :
Représente le contexte effectif du sujet.
Les problématiques relatives à l’énonciation se situent ainsi à deux niveaux :
- Au niveau global :
Dans lequel il est question de définir le cadre à l’intérieur duquel se
développe le discours.

10
J.Dubois, « Enoncé et énonciation », langages 13, mars 1969.

68
- Au niveau local :
Des marqueurs du discours rapporté, des formulations, des modalités,
…etc.
Ceci nous amène à considérer que l’énonciation est principalement prise
dans l’inter discours :
« L’énonciation revient à poser des frontières entre ce qui est ‘sélectionné’ et
précisé peu à peu (ce par quoi se constitue ‘l’univers du discours’) et ce qui est
rejeté. Ainsi se trouve dessiné en creux le champ de tout ce à quoi s’oppose ce
que le sujet dit ».

2- la situation d’énonciation :

Elle représente un système de coordonnées abstraites associées à toute la


production verbale.
Elle correspond aux circonstances de temps (moment d’énonciation dans
lequel est produit un énoncé) et varie selon l’identité du locuteur et de
l’interlocuteur ainsi que le mode d’énonciation (direct/ indirect) suivant la
présence de l’un ou de l’autre.

« Toute parole, dit Todorov à la fois un énoncé et une énonciation… ».


L’énonciation matérialise le langage et représente l’acte de production de
l’énoncé.

« Le locuteur s’approprie l’appareil formel de la langue et énonce sa


position de locuteur par des indices spécifiques »11

11
D. Maingueneau, « Initiation aux méthodes de l’analyse du discours » Hachette,1979, page 07

69
Le tableau ci – dessous permet de rendre compte de l’ensemble des
circonstances variables qui agissent sur certains éléments de l’énoncé et permet
au locuteur de connecter son énonciation à la situation d’énonciation.
Ces indices d’énonciation sont variables en fonction du cadre spacio- temporel et
d’autres modalités.
Texte « ancré » dans
Indices révélateurs Exemples
Situation d’énonciation

-« je viens d’un pays où c’est pas le


Indicateurs relatifs : sport national ».sketch 4 (le ski).
Peuvent faire référence à -« je l’emmènerai au bout du
la situation Monde ». sketch 8 (ma femme).
d’énonciation.
Indications de lieu -« y’a Ikea à Lyon ? ».
sketch 17 (les grands magasins).
-« on va aller au restaurent
d’Altitude ».
Indicateurs absolus : sketch 4 (le ski).
S’appuient sur la -« on arrive à l’aéroport, en Plus on
connaissance commune tombe sur le blond ». sketch 5
aux destinateur et au (le blond).
destinataire. -« y’a pas longtemps j’ai été à la
piscine pour faire un peu de natation
aquatique ». sketch 7 (je ne suis pas
blond).
-« alors dés que j’arrive à la
discothèque, déjà cette musique me
parvient à l’intérieur. Sketch 19 (la

70
discothèque).
-« le nombre de fois où j’ai été à
Ney York, je me suis dit attends
J’espère qu’il va pleuvoir. sketch
1(les States).
-« je l’emmènerai chiner à Péquin et
on ira ensemble main dans la main
jusqu’au Japon à Tokyo pour
manger des Souchis. Sketch 8 (ma
femme).
-« en France on va combattre le
terrorisme avec du scotch. sketch
3(le plan Vigipirate).
-« les vacances ça sera la folie (…)
l’été à Vittel, le printemps à Evian,
l’automne à San Pellegreno.
sketch 8 (ma femme).

Indicateurs relatifs : -« on va utiliser maintenant le


Peuvent faire référence Télésiège ». sketch 4 (le ski).
A la situation -« moi quand je les enlève pendant
d’énonciation 5 semaines on me dit t’as été à la
Piscine ». sketch 7 (je ne suis pas
blond).
Indications de temps
-« tu marches dans l’eau avec les
chaussettes et tu le fais 3 fois dans la
semaine ». sketch 8 (ma femme).
___________________________________________________

Indicateurs absolus : -« c’est un peu comme en 1505


S’appuient sur la le médaillon d’Isis No Fnac ».

71
connaissance du monde sketch 18 (la télévision).
commune au destinateur
et destinataire.

Je, j’, moi, me, tu, t’, te, -« je vais beaucoup voir les
toi, il, elle, nous, vous, concerts ». sketch 12 (les comédies
ils, elles, on, cette, musicales).
ce, ces. -« moi, un jour j’ai bu tellement (…)
j’ai fait un coma hydraulique ».
sketch 11 (je bois de l’eau).
-« toi t’arrive avec le maillot
parachute celui qui gonfle dans l’eau
quand tu nages ». sketch 7
(je ne suis pas blond).
-« on est rentré il y avait le blond, il
était là en classe blond ».
sketch 5 (le blond).
Pronoms employés -« elle me fera du poulet farci, du
poulet farla ». sketch 8(ma femme)
-« y’a que des blonds là-bas, tu sais
ils mettent des lunettes en mousse
pour dormir ». sketch 5 (le blond).
-« il y avait des filles qui nageaient,
elles nageaient des nages de filles ».
sketch 7 (je ne suis pas blond).
-« on nous apprend des choses qui
ne sont pas très intéressantes ».
sketch 16 (entracte).

72
-« vous savez quoi faire les jeunes
si on vous propose de la drogue ».
sketch 11 (je bois de l’eau).
-« c’est gentil, ça me touche
beaucoup ». sketch 16 (entracte).
-« tu te vois en plein crash aérien
lui dire s’il vous plaît … ».
sketch 2 (la peur de l’avion).
-« heureusement qu’on l’a
connaissait cette racine ». sketch 16.
-« je les mets là dans ce plat ».
sketch 17 (les grands magasins).

Présent- imparfait- futur- -« j’ai peur en avion ». sketch 2


Passé composé- (la peur de l’avion).
impératif. -« moi j’arrêterai d’avoir peur en
avion le jour où on arrêtera
Système temporel d’applaudir les pilotes parce qu’ils
(verbes) ont réussi l’atterrissage ». sketch 2
(la peur de l’avion).
-« chérie sors le compas on des
invités ». sketch 16 (entracte).
-« dans le TGV (…) là où tu mettais
tes bagages avant ». sketch 3
(le plan Vigipirate).

73
Les temps de l’énonciation et les temps de l’énoncé
Les indices temporels

Tout texte comporte plusieurs ancrages internes au texte lui- même et à


l’organisation temporelle des évènements.
Les indices temporels au moment de l’énonciation qui leur sert de repère, à
une situation de simultanéité, d’antériorité ou à venir :
Simultanéité : adverbes (maintenant, à ce moment, …) :
« Qu’est ce que t’es entrain de faire là maintenant ? » sketch 11 (je bois de
l’eau).
« A ce moment là il y a un mec qui passe, il te fou la honte internationale »
sketch 4 (le ski).
« Vous savez quoi faire les jeunes si on vous propose de la drogue maintenant ! »
sketch 11 (je bois de l’eau).
Antériorité :
« Ils ont fait des nouveaux trucs, des mesures de sécurité (…) là où tu mettais tes
bagages avant » sketch 3 (le plan Vigipirate).
« Je vais beaucoup voir les concerts (…) surtout les comédies musicales, j’adore
ça, y’en a eu plein, avant y’en avait pas en France » sketch 12 (les comédies
musicales).
« Il y a quelques jours, on était aux States, les Etats-Unis » sketch 1 (les States).
A venir :
« Tu sens vraiment que le lendemain tu vas payer la facture » sketch 20
(l’australopithèque).

De cet ancrage temporel, retenant l’idée que Gad préfère l’imparfait, pour
paraphraser Austin « Quand dire c’est faire », l’imparfait permet l’évaluation du
dire.

74
4. Les lois du discours

L’analyse du discours vise non pas ce que dit un texte, mais la façon dont
il le dit, à travers les deux perspectives indissociables de l’analyse du discours
proprement dite (étude d’énoncés réalisés, constitués en corpus) et de la théorie
du discours (visant à établir des règles régissant des séquences potentielles de
phrases).
O. Ducrot propose une telle théorie du discours, qu’il appelle les « lois du
discours » car elles expliquent le choix d’une expression ou d’un sujet plutôt que
d’un autre, mais guident aussi l’auditeur dans sa reconstitution du sens, car le
locuteur, censé les respecter, n’est pas libre d’affecter à un énoncé un sens qui les
enfreindrait. Ces lois sont en effet des sortes de conventions, analogues aux
règles d’un jeu : qui prend part au jeu en accepte les règles, sinon il se rend
coupable de tricherie. De même qui se sert du langage se soumet à ses lois, sous
peine de se manifester.

La première est la loi d’informativité : d’après elle, un énoncé doit


apporter à son destinataire des informations qu’il ignore. Sinon, le locuteur
s’expose à des ripostes du type : Je le sais déjà ou Tu ne m’apprends rien.
Pourtant, en parlant de la pluie et du beau temps, on n’enseigne généralement
rien à son interlocuteur. Tout ce passe comme si, devant une urgente obligation
de parler et devant la nécessiter de satisfaire les principes régissant le discours,
on donnait la priorité à la convention d’intérêt sur la convention d’informativité.
Par ailleurs, un discours bien formé, s’il doit contenir de l’information neuve,
doit aussi rappeler des choses déjà sues. Dans le cas contraire, il semble que la
trop grande information, dépassant les capacités d’assimilation de l’auditeur,
gêne la compréhension.

75
Les linguistes ont distingué à ce point de vue dans tout énoncé le thème et
le rhème (on dit aussi, au lieu de rhème, focus ou propos), le thème reprenant du
déjà connu et le rhème constituant l’apport original exigé par le principe
d’informativité.
Nous retrouvons cela dans notre corpus, nous avons remarqué que l’auteur
communiquant avec le public en utilisant cette loi, il les informe : « Il y a
quelques jours on était aux States, aux Etats- Unis, on a fait une grosse tournée ».
(Sketch 1 : Les States). Information que le public ignore.

La seconde est la loi d’exhaustivité : stipulant que le locuteur est tenu de


donner, dans un domaine donné, l’information maximale compatible avec
la vérité. Cette loi correspond à la maxime de quantité de Grice, elle exige que
« le locuteur donne, sur le rhème dont il parle, les renseignement les plus forts
qu’ils possède, susceptibles d’intéresser le destinataire ».

En donnant une information qui est vraie en précisant la quantité comme


le fait notre humoriste dans ce passage, extrait du Sketch 4 : « le Ski » en parlant
des skieurs : « T’en as certains c’est la classe, ils ont du niveau tu vois, ils sont
habitués ».

Dans cet extrait, l’auteur fait allusions aux skieurs : ceux qui n’ont pas un
bon niveau de ski comme lui, et le « certains » renvoie aux personnes qui ont un
très bon niveau de ski.
La troisième est la loi de la litote : elle consiste à dire moins qu’on ne
veut laisser entendre.
Ducrot explique que la loi de la litote « amène à interpréter un énoncé
comme disant plus que sa signification littérale » elle se trouve être comme une
loi complémentaire de la loi d’exhaustivité.

76
Nous retrouvons cela dans le passage suivant, extrait de notre corpus :
quand t’es mome ta vie elle commence avec des exercices qui s’appellent des
problèmes (…) : « une baignoire se remplissant à 4 litres d’eau toutes les 47
secondes, (…) à quelle heure aurai- je 29 litres d’eau dans ma baignoire ?» ah
ouai !
- Et toi chéri, qu’est ce que t’as répondu ?
- J’ai dit je prends la douche.

La réponse du petit (je prends la douche) nous renvoie à interpréter la négation à


résoudre ce problème, pour ne pas l’affirmer par la négation.

77
2. L’humour dans l’élaboration des sens implicites

2.1. Les présupposés

« En choisissant un énoncé qui comporte tel ou tel présupposé, on définit


de ce fait une catégorie d’énoncés susceptibles de le continuer (ou, en tout cas,
une catégorie d’énoncés incapables de le continuer »12.

La présupposition signifie l’introduction d’un sens « présupposé » mise à


un autre niveau, antérieure au sens ordinaire dit « posé ».

L’énonciateur en usant de tel ou tel verbe se trouve engagé d’une manière


spécifique : il porte un jugement personnel sur l’exactitude des opinions
rapportées.

Parfois, il ne s’agit pas réellement d’un sens implicite, mais d’un sens
explicite, attribué conventionnellement à une suite donnée de mots, de la même
façon d’un sens explicite, ou dans les cas de polysémie, où les usagers n’ont pas
de peine à comprendre telle ou telle expression sauf s’ils l’ignorent.
D’un autre point de vue, certaines expressions peuvent êtres rapprochées des
énoncés à sens implicite, dans la mesure où elles sont analysables en mots, mais
le sens de l’ensemble n’est pas tout à fait déduit.

A travers ces 20 sketches, l’humoriste a utilisé les présupposés pour


enrichir son discours humoristique, en voici quelques extraits que nous avons pu
relever :

12
Christian Baylon, Xavier Mignot, Initiation à la Sémantique du langage, Editions Nathan / Her, fac, 2000.

78
- Le blond son nez il coule pas lui, y’a pas de, je crois que les blonds ça coule
vers le haut leur nez. (Sketch 4 : le ski).
Cela présuppose que ceux qui ne sont pas blonds leurs nez coulent.

- « Prends moi au moins en photo avec » eh je te jure 19 Euros le Coca tu


l’attaques pas directe, tu te ballades un peu dans le resto. (Sketch 4 : le ski).
Vu les prix dans le restaurent d’Altitude : 19 Euros le Coca, cela présuppose
qu’il y a une hausse des prix dans le restaurent d’Altitude et que c’est cher
jusqu’au point où l’on prend des photos avec pour que ça ne s’oublie pas, et
qu’on se ballade dans le restaurent pour montrer aux gens qui l’ont payé que lui
aussi il l’a acheté.

- Toi t’arrives avec le maillot parachute, celui qui gonfle dans l’eau quand
tu nages. (Sketch 7 : je ne suis pas blond).
Cela présuppose que le blond ne porte pas le maillot parachute celui qui se
gonfle dans l’eau quand on nage, et qui nous rend ridicule.

- T’as vu le blond quand il mange un sandwich ! La mayonnaise elle sort


pas, lui les tomates elles restent parallèles, y’a aucun problème (…) il a pas
lui la feuille de salade coincée entre les dents non, il a un système auto rotatif
(…) tu crois qu’il a lui du chocolat dans la bouche. (Sketch 5 : le blond).
Présupposition que les autres quand ils mangent tout déborde, et n’ont pas l’art
de manger comme « le blond ».

- Les blonds ils ont des détecteurs de bord de piscine dans la tête. (Sketch
7 : je ne suis pas blond).
L’auteur présuppose que les blonds sont supérieurs en natation.

79
- Le public : « Joyeux anniversaire Gad … » c’est la première fois de ma vie
que j’entends cette chanson qui m’est destinée, pour moi. (Sketch 16 :
entracte).
Cela présuppose qu’il n’a jamais célébré son anniversaire auparavant.

- Lui en sifflotant, il t’as monté la bibliothèque, il a mis les livres dedans il


en a lu 2. (Sketch 17 : les grands magasins).
Durant le spectacle, l’humoriste fait une comparaison entre lui et le blond, dans
cet extrait, il présuppose que contrairement au blond, l’humoriste n’a pas réussi à
monter son meuble facilement et parfaitement comme le blond.

- un jour j’étais tellement déchiré, je suis allé dans les toilettes d’une boite
pour me mouiller le visage comme tout le monde, et bun c’était tellement
crate que j’ai tout nettoyé, sauf qu’en sortant il y avait un écriteau que
j’avais pas vu en rentrant, il y avait écrit : « merci de laisser cet endroit tel
que vous l’avez en rentrant » je te raconte pas la galère pour tout remettre
après ! (Sketch 20 : l’australopithèque).
L’écriteau devant l’entrée des toilettes présuppose qu’avant l’endroit était propre
avant qu’on le salisse.

80
2.2. Les sous- entendus

Les sous- entendus ne sont pas codifiés dans les composants lexicaux et
syntaxiques. Ils sont dépendants du contexte, donc liés à l’énonciation.

- En France, on va combattre le terrorisme avec du scotch ! (Sketch 3 : le


plan Vigipirate).
Cela sous entend qu’en France les mesures de sécurité ne sont pas à la hauteur.

- T’imagines on est 2000, quand on sort d’ici on dit quoi ? On se suit !


Imagine on arrive en boite sur Lyon : « bonsoir on est 2000, 2 tables de
1000 SVP ! ». (Sketch 14 : j’ai envie d’être chanteur).
Cela sous entend que le public et l’humoriste ne peuvent pas aller en boîte
ensemble vu qu’ils sont trop nombreux.

- Tu connais toi des métiers où t’arrives au travail tu dis : « bonjour tout le


monde ! » ils te font : « wey ! » essaye lundi au bureau, je ne sais pas où tu
travailles, t’arrives tu dis : « bonjour est ce que ça va bien ! ». (Sketch 14 :
j’ai envie d’être chanteur).
Ce « tu connais toi des métiers » sous entend qu’il n’y a pas en fait des métiers
où t’arrives au travail et tu dis : « Bonjour tout le monde ! » à haute voix mise à
part le métier d’humoriste. Autrement dit, l’auteur vise à inclure le spectateur et
valorise le métier de chanteur.

- Si je vous dis ici ce soir racine carrée de 25 vous dites, public : « 5 » 5 ok


et alors ! Ça t’as déjà sorti d’une galère ce truc ! T’es déjà sorti d’un
appartement que t’as visité en disant à l’agent immobilier : « écoutez on
l’aime bien mais on le trouve un peu isocèle quand même ! ». (Sketch 16 :
entracte).

81
L’auteur sous entend que dans la vie on n’a pas besoin des mathématiques, on
peut s’en passer, on peut vivre sans avoir appris les maths.

- Je me rappelle quand on voulait que ma mère elle nous achète quelque


chose et que elle, elle voulait pas ou qu’elle ne pouvait pas, elle nous
disait : « écoute moi bien, ton père c’est pas Rod Child einh ! » (Sketch 16 :
entracte).
Rod Child est une personne très riche, en disant que son père n’était pas Rod
Child, cela sous entend que son père n’est pas riche tel que Rod Child, et qu’il
ne possède pas l’argent qu’il a.

- Est-ce que depuis que t’es sorti de l’école ok t’as déjà réutilisé dans ta vie
un compas ? (…) j’ai jamais dit à ma femme « allez chérie, sors le compas
on a des invités allez ! ». (Sketch 16 : entracte).
Cela sous entend qu’on peut s’en passer des mathématiques et de ses accessoires
dans la vie en dehors de l’école.

- Tu connais un gamin dans ton entourage qui est devenu flûtiste


professionnel grâce aux cours de flûte ? (Sketch 16 : entracte).
L’humoriste sous entend que c’est très rare de trouver des métiers de flûtistes
professionnels. Une sorte de critique de ce que devient l’Art dans les sociétés
dites modernes. L’auteur relève un paradoxe, d’une part ces sociétés aspirent à
l’Art, et d’autre part, l’Art ne permet pas les métiers rentables, donc l’artiste est
perçu à la fois fantaisiste et fou.

- Tu dis à ta femme : « chérie un tournevis, y’a pas ! Alors un couteau


pointu ! ». (Sketch 17 : les grands magasins).

82
L’auteur sous entend que lui il utilise comme certaines personnes un couteau
pointu parce qu’ils n’ont pas de caisse à outils, et que le blond à certainement
une caisse à outils contrairement à lui.
- Ils font des blagues d’intello que eux ils peuvent rigoler (…) genre : « c’est
un peu comme en 1505 le médaillon d’Isis No Fnac » vas rire à cette blague
toi qui a lu que un « Oui Oui » et le seul « Oui Oui » que t’as lu c’était « Oui
Oui ne veut pas aller à l’école ». (Sketch 18 : la télévision).
Dans cet extrait on sous entend que dans ces émissions culturelles on aborde des
sujets intellectuels que seuls les personnes instruites à haut niveau culturel
peuvent comprendre, alors que lui, son niveau intellectuel ne dépasse pas la
connaissance de « Oui Oui ».
- Quand t’es déchiré à 7h du mat (…) et c’est à ce moment là toujours, t’as
une de tes potes elle a encore la pêche, elle vient te voir : « bon alors qu’est
ce que vous faites ? » « qu’est ce qu’on fait dans la vie ou ? ». (Sketch 20 :
l’australopithèque).
En disant « qu’est ce qu’on fait dans la vie ? » dans une situation qui ne la
convient pas, l’auteur sous entend qu’il était vraiment ivre.
- Si tu lui dis que sa femme elle va pas se réveiller il peut ne pas respirer
pendant 8 minutes. (Sketch 20 : l’australopithèque).
L’auteur sous entend qu’il a peur de réveiller sa femme, et qu’il ne veut pas
qu’elle sache qu’il vient de renter à la maison dans une heure tardive et en plus
totalement ivre.

- Parce qu’on va se quitter bientôt, j’aimerai vous donner un conseil, le


public : « non ! » ah ok je donne pas de conseil ok d’accord. (Sketch 20 :
l’australopithèque).
Le « non » du public renvoie à la fin du spectacle, cela sous entend que le public
voudrait faire durer encore le spectacle et rester encore plus avec l’humoriste.

83
2.3. Le Sens rhétorique

La rhétorique est l’art de bien dire.


Le mot « rhétorique » vient du grec rhêtorikê, de rhêtor qui signifie
« orateur ». Les figures de rhétorique sont des manières volontaires de
s’exprimer pour donner plus d’originalité, de vie, de force au discours. Elles
permettent d’être expressif et donc de retenir l’attention de celui à qui l’on
s’adresse (les spectateurs ou le public dans notre cas).

Il existe plusieurs figures de rhétorique dans la langue de Molière, nous


citons quelques unes les fréquentes dans notre corpus de recherche : la
comparaison, la métaphore, la métonymie, l’hyperbole, …etc.

1- La comparaison

La comparaison rapproche deux terme, au moyen d’un mot comparatif,


pour insister sur les rapports de ressemblance qui les unissent.
Une comparaison comporte :
- un comparé : c’est l’objet ou l’être que l’on compare.
- un comparant : c’est l’objet ou l’être auquel on compare.
- un mot ou un groupe de mots comparatifs : comme, semblable à, ainsi, tel, …
etc.
- une motivation ou un point de comparaison.
Nous allons concrétiser tout cela à travers notre corpus de recherche :

- « J’ai appris l’Anglais comme vous quand on été petits » (Sketch 1 : les
States).
L’auteur fait une comparaison entre son public et lui sur le même apprentissage
des cours d’Anglais. Cette interaction est intéressante puisqu’elle

84
permet de faire fonctionner le système de représentation que partage l’auteur et
le public.
- « Le restaurent d’Altitude c’est quoi, c’est un restaurant comme tous
les restaurants sauf qu’un coca cola ça coûte 19 Euros » (Sketch 3: le
plan Vigipirate).
Ressemblance entre le restaurant d’Altitude avec les autres restaurants avec un
point divergent qui la différence des prix qui est plutôt exagérée.

- « Tu crois qu’il a lui du chocolat dans la bouche comme toi sur les dents »
(Sketch 5 : le blond).
En parlant du « blond », l’auteur fait la comparaison entre « le blond » et le
public sur la façon de manger du chocolat.
Parallèle entre cet énoncé et celui de Muriel Robin dans « Le Noir ». Les
deux spectacles combattent cette vision raciste que la société Française a de
l’échanger. Encore une fois qui pousse le spectateur et le critique à réfléchir sur
l’idéologie de la race supérieure. Les anecdotes de Gad réalistes et proches du
spectateur l’obligent à modifier après – coup sa vision de ce qui serait un régime
raciste.

- « Les pieds au bord de la piscine tel un hibou » (Sketch 7 : je ne suis pas


blond).
Ressemblance des pieds avec ceux du hibou.

- « Le dos crollé pas comme toi et moi où t’es angoissé de quand ta tête elle
va taper las- bas » (Sketch 7 : je ne suis pas blond).
Comparaison de la nage du dos crollé du « blond » avec celle de l’auteur et du
public ; d’où la bonne maîtrise du « blond » contrairement à eux.
Parallèle intéressant qui nous pousse à réfléchir sur les représentations sociales
de soi et de l’autre. Le titre même du spectacle a envie de faire fusionner l’autre

85
(l’étranger) en soi (ego). Il ne s’agit plus d’une image « dégradante » faite
d’opposition, de contraste, de différences, d’hiérarchie mais plutôt d’une vision
humoriste, globale, cosmopolite où l’autre c’est moi. Parallèle qui conduit à une
équivalence, voire une équation.

- « Toi tu nage le dos crollé comme moi » (Sketch 7 : je ne suis pas blond).
Ressemblance entre l’auteur et le public au niveau de la nage du dos crollé.

- « Tu m’aimes ! Comme un fou, comme un soldat ou comme une star de


cinéma ? » (Sketch 8: ma femme).
L’humoriste s’interroge sur cet amour reçu par la spectatrice, s’il s’agit d’un
amour identique à un amour envers un fou, un soldat ou une star de cinéma.

- « Tu me vois comme un couscous c’est ça ! » (Sketch 10 : I’m a Morrocan).


En comparant l’humoriste au couscous semble être déplaisante pour l’humoriste.

- « Dans la vie il vaut mieux être riche et en bonne santé que pauvre et
malade comme un chien » (Sketch 12: les comédies musicales).
Comparaison entre l’homme et le chien, où il serait préférable d’être riche et
avoir une bonne santé plutôt que d’avoir l’état pauvre malade du chien.

- « t’as déjà essayé d’avoir une conversation avec un enfant de 3ans ! C’est
comme si tu parlais avec un mec qui est bourré, (…) « et quand Mami,
à la piscine, elles disait à la cantine et toujours un avion et les autres » »
(Sketch 17: les grands magasins).
Une conversation avec un enfant de 3ans ressemblerait presque une conversation
avec une personne ivre.

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- « eh Michal je ne suis pas fou, ils sont comme moi, au moins ils ont la
maison équipée, tout équipé, avec la cuisine design, avec la machine à
expresso » (Sketch 17 : les grands magasins).
L’auteur se compare au public sur e même équipement de la maison.

- « Quand t’es déchiré tu vas nulle part, tu fais comme tous les mecs en
boîte, tu vas dans les toilettes et tu te mouilles le visage » (Sketch 20 :
l’australopithèque).
Comportement commun des personnes ivres : aller se mouiller le visage aux
toilettes.

- « sauf qu’elle a les yeux comme ça tel un hibou » (Sketch 20 :


l’australopithèque).
On compare des yeux qui ressembleraient à ceux d’un hibou.

- « Les femmes ne dorment pas quand on sort les mecs, c’est comme la télé
tu l’éteins elle reste en veille » (Sketch 20 : l’australopithèque).
On compare la femme à la télévision qui reste en veille, l’impression que
la femme dorme alors qu’elle ne dorme pas.

- « J’ai envie d’être comme lui » (Sketch 20 : l’australopithèque).


L’humoriste se compare au « blond » voulant à tout prix lui ressembler.

2- La métaphore

Le mot « métaphore » vient du grec meta qui signifie « changement » et


pherein « porter », c'est-à-dire « déplacement de sens ».

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La métaphore assimile deux termes pour insister sur les rapports de
ressemblance qui les unissent mais, à la différence de la comparaison, le mot
comparatif est absent. Elle comporte généralement un comparant et un comparé.

Eventuellement, l’humoriste enrichit son discours humoristique en


employant la métaphore, nous verrons cela dans les exemples suivants :
- « … l’avion reste le moyen de transport le plus sûr aujourd’hui »
- Ah oui c’est ça ! Oui et pourquoi un aéroport on appelle ça un terminal ?
(Sketch 2 : la peur de l’avion).
Sans outil de comparaison, l’auteur compare l’aéroport à un terminal.
Cette métaphore « déforme » et « transforme » l’exemple du (Terminal)
développe une vision humoristique où l’on rit de sa propre frayeur.

Terminal = fin.
Avion = le plus sûr.
Rapport syllogique qui flèche le terminal à l’avion.

- « En plus les douaniers ils ne sont pas là pour arranger les choses, parce
qu’avec la psychose du terrorisme les mecs ils sont paranos, ils
deviennent fous, ils sont à deux doigts de te faire une radio des poumons
quand tu prends l’avion, je te jure, je te jure, tu veux faire un scanner
ne vas pas chez le médecin tu vas à l’aéroport … » (Sketch 2 : la peur
de l’avion).
Nous remarquons que l’humoriste compare les douaniers aux médecins, car on
constate une ressemblance au niveau du comportement quant au scanner et aux
questionnements de ces derniers.

- « Il y a un truc qui m’énerve quand tu prends l’avion c’est quand l’hôtesse


elle prend à chaque fois ton carton d’embarquement pourquoi faire ?

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Pour te dire par où il faut marcher dans l’avion ! (…) tu crois quoi, je
vais y aller tout seul au bout de 5 minutes je vais dire : « j’aurai dû
demander oh la la ! Mais c’est un vrai labyrinthe alors hein ! » ».
(Sketch 2 : la peur de l’avion).
Il parait dans cette expression métaphorique que l’obligation de l’hôtesse de l’air
pourrait être facultative, car ce n’est pas un endroit où l’on pourrait se perdre tel
qu’un labyrinthe.

- « des lunettes comme ça, que si toi tu les mets on dirait une mouche »
(Sketch 4 : le ski).
Métaphore sur le port des lunettes qui font ressembler aux mouches.

- « Je te jure avant de commander le Coca tu sais t’es là, on dirait que tu vas
acheter un appart » (Sketch 4 : le ski).
Sans outil de comparaison, on compare l’achat du Coca à celui d’un appartement,
ce qui signifie la hausse des prix dans le restaurant d’Altitude vu le prix du Coca
(19 Euros) il n’est pas évident qu’on le compare à un appartement.

- « toi t’arrives avec le maillot parachute, celui qui gonfle dans l’eau quand
tu nages » (Sketch 7 : je ne suis pas blond).
L’humoriste compare le maillot de bain qui gonfle dans l’eau à un parachute.

- « et aussi un autre jour, j’étais vraiment australopithèque, je suis arrivé


chez moi, je me suis trompé, j’ai pris la clé de la voiture, je l’ai rentré
dans la porte de la maison, j’ai tourné, je te jure la maison elle a
démarré, à fond la maison sur l’autoroute » (Sketch 20 :
l’australopithèque).
L’humoriste compare la maison qui démarre et roule en pleine autoroute comme
une voiture qui roule.

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- « tu sens vraiment que le lendemain tu vas payer la facture ! » (Sketch 20 :
l’australopithèque).
La querelle des couples passerait presque pour le cas de payer une facture.

- « Les australopithèques tout à coup ils savent très bien faire les
cosmonautes » (Sketch 20 : l’australopithèque).
Sans outil de comparaison, on compare la marche des australopithèques qui
ressemble à celle des cosmonautes.

- « Et le mec il va aller se glisser dans le lit sans faire de bruit, tu connais


cette fameuse glissade de l’australopithèque ? En escalope ! » (Sketch
20 : l’australopithèque).
Par crainte de réveiller sa femme, l’australopithèque se glisse dans son lit à la
manière dont se glisse l’escalope.

- « Le mec il arrive, il ne se glisse pas dans son lit, il se faxe tellement il


a peur qu’elle se réveille » (Sketch 20 : l’australopithèque).

De peur de réveiller sa femme, l’australopithèque se met au lit à la manière dont


on faxe.

3. La métonymie

Le mot « métonymie » vient du grec méta qui signifie « changement » et


onoma, « nom », c'est-à-dire « emploi d’un nom pour un autre ».
La métonymie consiste à ne pas désigner un être ou un objet par son nom
mais par un autre nom qui est lié au premier par un rapport logique.
Aussi, on peut désigner :

90
- le contenu par le contenant : boire une bouteille, un verre, un bol de lait,
une tasse de café, …etc.
- par rapport à l’objet : prendre l’avion, prendre le train, …etc.
- le produit par son lieu d’origine : de l’eau, du vin, …etc.
Nous retrouvons la métonymie dans les passages suivants :

- « et là je parle avec une fille et on a commencé à boire des coups » (Sketch


1 : les States).
L’expression soulignée renvoie au fait de consommer une quantité de boisson
qui pourrait être alcoolisée.

- « On a pris l’avion pour venir » (Sketch 2 : la peur de l’avion).


A l’entendre, on croirait prendre cet immense appareil (l’avion) entre nos 2
mains, mais cela signifie de voyager en ce moyen de transport.

- « Il y a un truc qui m’énerve quand tu prends l’avion » (Sketch 2 : la peur


de l’avion).
Pareil que l’exemple précédant.

- « Du coup, moi je ne prends plus l’avion, c’est fini je prends le train »


(Sketch 2 : la peur de l’avion).
On croit aussi pouvoir prendre le train entre nos mains, mais il s’agit d’une
préférence de voyager en train qui est plus rassurant que de voyager en avion.

- « Quand tu prends le TGV … » (Sketch 3 : le plan Vigipirate).


Toujours, une impression de tenir le TGV dans les mains, or c’est un voyage par
train.

- « Il faut prendre les remontées mécaniques le tire fesse » (Sketch 4 : le ski).

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Aussi, une impression de pouvoir prendre les remontées mécaniques, alors qu’il
s’agit de les monter.

- « Viens on arrête le ski 2 secondes, on va aller boire un coup » (Sketch 4 :


le ski).
L’expression soulignée voudrait dire la consommation d’une boisson
(généralement alcoolisée).

- « Quand on me propose des chocolats, je tombe toujours sur le


dégueulasse avec la liqueur à l’intérieur là » (Sketch 5 : le blond).
Il ne s’agit pas du premier sens du verbe « tomber » mais de manger
toujours par mauvais choix ce chocolat à la liqueur.

- « On prend l’avion » (Sketch 5 : le blond).


Pareil que l’exemple précédant.

- « Elle voulait prendre l’avion » (Sketch 5 : le blond).


Répétition de l’exemple, pareil que l’exemple précédant.

- « On arrive à l’aéroport, en plus on tombe sur le blond » (Sketch 5 : le


blond).
Il ne s’agit pas de « tomber » au premier sens du verbe, mais de rencontrer
le personnage : « le blond ».

- « Viens boire un coup » (Sketch 6 : les sports).


Pareil que l’exemple précédant.

- « T’as pris ta douche, tu vas t’habiller » (Sketch 8 : ma femme).

92
A l’entendre le dire, on a l’impression de pouvoir prendre la douche avec les
mains, mais il s’agit plutôt de se laver, de se nettoyer dans la douche.

- « Les mecs qui doivent prendre un traitement » (Sketch 10 : I’m a


Morrocan).
L’expression soulignée renvoie sur le fait de consommer des médicaments.

- « J’ai dit je prends la douche » (Sketch 16 : l’entracte).


Pareil que l’exemple précédant.

5. L’hyperbole

Le mot « hyperbole » vient du grec huper qui signifie « au- delà » et de


ballein, « lancer », c'est-à-dire « dépasser la mesure, exagérer ».

L’hyperbole consiste à employer des mots très forts qui vont au- delà de la
pensée. C’est l’expression exagérée ou amplifiée d’une idée ou d’un fait.
Parmi les procédés qui produisent l’hyperbole, on peut noter :
- l’accumulation de superlatifs :
Le plus grand, le plus beau, le plus fort, …etc.
Très grand, très beau, très fort, …etc.
- La comparaison : il est fort comme un taureau.
- L’emploi d’un lexique constitué de mots comme :
Champion, géant, roi, extraordinaire, magnifique, génial, incroyable,
fantastique, grandiose, inoubliable, cent, mille, …etc.
- Certains préfixes ou suffixes :
Hyper-, super-, méga-, -issime, …etc.

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L’hyperbole est aussi employée dans la langue familière que le discours
politique, les grands titres des journaux, l’épopée, mais aussi les textes
humoristiques ou caricaturaux.

Elle est notamment particulièrement utilisée dans le langage publicitaire,


l’objectif étant de convaincre le consommateur que le produit présenté est
extraordinaire.
Aussi, l’Hyperbole est interprétée par des gestes qui signifient l’excès et
l’exagération, tel que nous l’avons constaté dans l’image suivante, extrait du
(Sketch 8: ma femme) :
Image

94
On observant cette image, on constate que l’auteur fait preuve d’amour
excessif envers sa femme, à travers ses gestes en ouvrant grand ses bras.
L’emploi de l’hyperbole résulte d’un désir de convaincre, de faire rire, de
provoquer l’indignation ou la pitié, en un mot d’interpeller celui à qui l’on
s’adresse.
Nous concrétisons cela à l’aide des exemples suivants :
- « moi j’ai peur en avion, moi j’ai super peur » (Sketch 2 : la peur de
l’avion).
L’auteur dévoile sa peur excessive de voyager en avion en employant le mot
« super ».
- « à ce moment là, il y a un mec qui passe, il te fou la honte
internationale, super skieur » (Sketch 4 : le ski).
Cette expression « honte internationale » signifie le sentiment d’éprouver une
honte incontrôlable face à sa méconnaissance de skier.
- « t’as remarqué que quand t’es débutant tu penses toujours que la pente
elle est trop en descente » (Sketch 4 : le ski).
Le mot « trop » signifie une pente difficile à descendre.
- « trop fort le mec » (Sketch 7 : je ne suis pas blond).
Le mot « trop » renvoie à la remarquable force de cet individu.
- « je serai prêt à aimer une femme, et je l’aimerai à la folie, attention je
serai fou d’elle, et quand je dis fou d’elle je parle de la vraie
foudellité » (Sketch 8 : ma femme).
« Aimer à la folie » renvoie vers l’absurdité d’aimer quelqu’un un amour
excessif.
- « moi j’ai été voir ce psy parce que j’étais trop possessif » (Sketch8 :
ma femme).
Le mot « trop » signifie l’importante possession qui atteignait l’auteur.

95
- « je vais beaucoup voir les concerts, beaucoup, beaucoup » (Sketch12 :
les comédies musicales).
Le mot « beaucoup » fait de l’auteur un grand admirateur des comédies
musicales.
- « en un instant de 2 secondes et demi on est très ému et très déçu »
(Sketch 14 : j’ai envie d’être chanteur).
Ici le mot « très » introduit à la fois une grande émotion et une grande déception.
- « j’ai eu une scolarité chaotique, mais ce n’était pas de ma faute,
c’était tout simplement parce que j’étais trop sentimentale, trop
affectif, je m’attachais trop à chaque classe » (Sketch 16 : entracte).
Etant enfant, l’auteur éprouvait une grande affection envers ses études.
- « je comptais jusqu’à des fois 13 000 !» (Sketch 16 : entracte).
Le chiffre 13 000 révèle à la fois l’exagération de pouvoir compter jusqu’à ce
nombre, aussi, la longue durée que restait l’auteur caché dans des placards.
- « c’est pas un phénomène incroyable ce truc ! chasse et pêche !»
(Sketch 18 : la télévision).
Le fait de ne pas être intéressé par l’émission « Chasse et Pêche » permet que
l’auteur la qualifie d’incroyable.
- « tu connais ce genre de mec, tu sais très timide, on dirait que ça fait 8
ans qu’il hésitait à aller sur la piste de danse » (Sketch 19 : la
discothèque).
On parle de la grande timidité de cet individu qui est introduite par le mot
« très » et par l’expression soulignée. Hésiter pendant 8 ans à aller sur la piste de
danse, cette longue période (8 ans) renvoie aussi à la grande timidité.
- « attends il y a une super jolie fille ! » (Sketch 19 : la discothèque).
Le mot « super » signifie que la fille dont on parle est d’une beauté
incomparable.

96
- « j’ai trop bu » (Sketch 20 : l’australopithèque).
Le mot « trop » signifie une grande consommation d’alcool.

- « tu t’allonges, la maison elle tourne, mais attention c’est une tournée


internationale » (Sketch 20 : l’australopithèque).
« Une tournée internationale » signifie l’impression que la maison fait un grand
tour.
- « le blond à il a bu à mon avis 4 fois plus que toi » (Sketch 20 :
l’australopithèque).

La référence « 4 fois » signifie la grande quantité de consommation d’alcool.

97
L’ironie

L’ironie est un principe très employé aussi bien dans les textes littéraires
que dans les énoncés plus pragmatiques, il est défini par Ducrot comme étant :

« parler de façon ironique, cela revient pour le locuteur L à présenter


l’énonciateur comme exprimant la proposition d’un énonciateur E, position dont
on sait par ailleurs que le locuteur L n’en prend pas la responsabilité et, bien
plus, qu’il la tient pour absurde. Tout en étant donné comme le responsable de
l’énonciation, L n’est pas assimilé à E, origine du point de vue exprimé dans
l’énonciation (…). D’une part, la position absurde est directement exprimée (et
non pas rapportée) dans l’énonciation ironique et en même elle n’est pas mise à
la charge de L, puisque celui – ci est responsable des seules paroles, les points
de vues manifestés dans les paroles étant attribuées à un autre personnage,
E ».13

L’ironie est une entité verbale qui « consiste à faire entendre à


l’interlocuteur le contraire de ce qu’énonce l’auteur » 14

Elle est une forme de transposition discursive, et permet à certaines


situations de par leur contexte d’être perçues comme ironiques ou non, en
fonction du co- énonciateur. Comme le remarque C.K Orecchioni :

« Le décodage de l’ironie met en œuvre les compétences culturelles et


idéologiques (…) du récepteur »15.

Dans les différents sketchs de notre corpus, nous avons pu relevé quelques
passages où figure l’ironie tels que :

13
O.Ducrot, « le dire et le dit », paris, Minuit, 1984, page 112.
14
Encyclopédia Universalis, 1996.
15
C.K.Orecchioni, citée par D.C.Mucke, « analyse de l’ironie », poétique n°24, 1975, page 479.

98
- (un spectateur rit) y’a des gens qui sont à leurs rythmes, toi tu ris pour le
truc de Bryan du début ! Elle la dernière vanne du spectacle elle va dire :
« c’est à emporter ». (Sketch 2 : la peur de l’avion).

L’auteur sait bien que le spectateur rit sur le deuxième sketch qui est « la
peur de l’avion », mais quand il utilise l’analepse, c'est-à-dire, retour au début
vers le premier sketch celui des « States », et qu’il suppose que le spectateur ne
rit pas sur le deuxième sketch mais sur le sketch précédent c’est là que repose
l’ironie.

- (…) l’hôtesse prend à chaque fois ton carton d’embarquement, pourquoi


faire ! Pour te dire par où il faut marcher dans l’avion ! (…) tu crois quoi, je
vais y aller tout seul au bout de 5 minutes je vais dire : « j’aurai dû
demander oh la la ! Mais c’est un vrai labyrinthe alors ! » (Sketch 2 : la
peur de l’avion).

En effet l’humoriste veut faire entendre à son public le contraire de ce


qu’il dit, c'est-à-dire, l’indication dans l’avion de la part de l’hôtesse de l’air est
inutile, les passagers peuvent entrer dans l’avion sans qu’on leur montre
la direction à suivre.

- Et la même nana après elle te fait les démonstrations de sécurité avec les
gestes approximatifs (…) tu te vois en plein crash aérien dire : « s’il vous
plait c’est quoi le truc comme ça il faut faire quelque chose » (sketch 2 : la
peur de l’avion).

Démonstration de sécurité que en réalité ne servent à rien lors d’un crash


aérien.

99
- Si un terroriste vient pour mettre une bombe il va dire : « ah il y a du
scotch ! Je ne peux pas terroriser ! » (Sketch 3 : le plan Vigipirate).

Tout à fait le contraire de ce qu’énonce l’auteur en disant : « je ne peux


pas terroriser ! » cela signifie que c’est une situation parfaite pour terroriser.

- Quand t’es débutant tu penses toujours que la pente est trop en descente
(…) et quoi tu veux comme ça monter ! (Sketch 4 : le ski).

En réalité on sait très bien qu’en skiant on descend une pente on ne la


monte pas.

- Y’a que des blonds là-bas je te jure avec des (…) lunettes en mousse pour
dormir parce qu’ils ne sont pas stressés, et tout ça de l’avion et tout, peut
être qu’on va mourir et tout, non non non « non je ne vois pas où est le
problème (…) » (sketch 5 : le blond).

Stresse et peur des blonds en avion qui ne veulent pas monter leurs
phobies en se cachant derrière des lunettes en mousse.

- (un spectateur rit) truc du dos crollé là tu rigoles ! Ce soir à Lyon chacun
son rythme ! Je sais vous n’êtes pas tous venus ensemble, vous avez chacun
votre vie. (Sketch 8 : ma femme).

L’auteur suppose que le spectateur rit sur le sketch précédant (7ème sketch)
du début celui de « je ne suis pas blond) alors qu’il sait bien que le spectateur rit
sur le sketch actuel (8ème sketch) celui de « ma femme », cette analepse, c'est-à-
dire, retour au début, réalise l’ironie.

100
- les comédies musicales, j’adore ça (…) avec des paroles profondes des fois
je te jure : « aimer c’est bien » ! (Sketch 12 : les comédies musicales).

Contrairement à ce qu’il dit sur les paroles qui sont profondes, cela
voudrait dire le contraire : elles ne le sont pas.

- et dans un texte faisant l’apologie du bien sur le mal très sincère et très
bien écrit il leur dit : « pourquoi vous faites ça ? C’est pas bien d’être
méchant, c’est mieux d’être gentil,… ». (Sketch 12 : les comédies musicales).

Selon Gad Elmaleh, ironiquement parlant, ce « très bien écrit » voudrait


dire pas bien écrit.

- Les paroles sont biens : « pourquoi être amoureuse de 4 personnes ça fait


souffrir, pourquoi vivre dans un donjon jusqu’à sa mort ça fait mourir, yeh
yeh, maman j’ai peur des méchants (…) et j’ai la pneumonie ». (Sketch 12 :
les comédies musicales).

Tout a fait le contraire de ce qu’il énonce à propos des paroles qui sont
biens.

- j’arriverai avec une guitare (Michal apporte une guitare), je m’y attendais
pas en plus, j’étais surpris, j’ai guitare tak il ramène une guitare. (Sketch
14 : j’ai envie d’être chanteur).
L’extrait signifie que l’auteur s’y attendait à ce qu’on lui ramène une
guitare, et il n’était pas surpris en apercevant la guitare.

- J’avais vu Patrick Bruel il avait fait un jour comme ça dans concert « ça


va ! » sauf que lui il y avait un mec qui jouait derrière. (Sketch 14 : j’ai
envie d’être chanteur).

101
En ironisant son discours, l’humoriste énonce qu’il y avait quelqu’un qui
jouait derrière Patrick Bruel ce est tout a fait le contraire.

- j’ai passé un coup de fil, j’ai fait un faux numéro, mais je m’étais trompé
que d’un seul chiffre, je trouve qu’un seul chiffre c’est pas grand-chose ok !
(…) quand on se trompe d’un seul chiffre on ne devrait pas tomber sur
quelqu’un de totalement différent de la personne à qui tu voulais parler à la
base non ! (Sketch 16 : entracte).
Logiquement parlant, on sait très bien que si on se trompe d’un seul chiffre
quand on passe un appel téléphonique, on passe à un autre numéro et on aura
quelqu’un d’autre au bout du fil. Même si on se trompe que d’un seul chiffre.

- « joyeux anniversaire » merci, comment vous saviez que c’était


aujourd’hui ? (Sketch 16 : entracte).
En demandant au public : « comment vous saviez que c’était
aujourd’hui ? » tout en sachant que ce n’était pas ce jour là.

- « Vas y chante, de toute façon t’as que 33 ans » ils disent aussi : « tu les fais
pas d’ailleurs ! » j’ai jamais compris ce que ça voulait dire faire son âge !
(…) comment tu fais ? Vas y fais comment tu fais 33 ans ? Vas y allez, vas y
je vais te faire 40 après ! (Sketch 16 : entracte).
Dans cet extrait, l’auteur veut transmettre à son public qu’on ne peut pas
faire son âge et cela en disant le contraire.

- on peut vous donner une fourchette (…) « bun entre 8h et 18h » ah ça c’est
un râteau ça madame! (Sketch 17 : les grands magasins).
Ici râteau voudrait dire le contraire de fourchette, c'est-à-dire, l’horaire de
8h à 18h ne correspond pas à fourchette mais plutôt à râteau.

102
- Le plat que tu as dans l’entrée, dans lequel il y a plein de choses que tu sais
pas quoi faire avec, mais tu veux surtout pas les jeter c’est très important,
dedans t’as des trucs incroyables : t’as des petites clés de valises que les
valises tu les as plus, mais tu veux pas jeter les clés, c’est important, t’as un
stylos, il écrit pas depuis 6 ans il est là tous les jours, tu dis : « non, non pas
celui là, il écrit pas » ah c’est vrai pardon ! Il n’écrit pas, ah c’est celui qui
n’écrit pas ! Il faut le laisser, il ne faut pas le toucher ! T’as des numéros de
téléphone sans le nom des gens, t’as des piles elles sont mortes, elles
marchent plus mais tu les gardes, et surtout, t’as des petits sachets avec des
boutons quand t’as acheté le costume t’as dit : « on ne sait jamais je les met
là dans ce plat ». (Sketch 17 : les grands magasins).
L’auteur parle de l’importance inutile de garder les clés de valises sans
les valises, et aussi de l’importance qui ne sert à rien à ne pas jeter le stylo qui
n’écrit plus depuis 6 ans, et de garder certaines choses qu’on devrait les jeter
dans le plat de l’entrée que presque tout le monde en a dans sa maison.

103
3. Les maximes de conversations

- Maxime de quantité (quantité d’information)

Elle consiste à contenir autant d’informations qu’il est requis, car elle
donne l’information la plus forte.

- « On est entré il y avait le blond, il était là en classe blonds, y’a que


des blonds là-bas » (sketch 5 : le blond ».
Nous constatons que dans ce passage, le « que » précise une quantité
absolue réservée aux blonds, rien que les blonds et personnes d’autres à part eux.

- « …La technologie, il faut faire confiance, totalement surréaliste d’avoir la


trouille… » (Sketch 5 : le blond).
On devrait faire confiance à la technologie, car il n’y aurait aucune raison
valable d’avoir peur de l’avion.

- « J’ai passé des journées entières dans des placards » (Sketch 16 :


l’entracte).
Ici, l’auteur informe avec précision qu’il avait passé des journées entières dans
des placards non pas des moments à courtes durées.

- « C’est une soirée spécialement faite pour les habitués coco » (Sketch 19 :
la discothèque).
En employant « spécialement » nous remarquons que la soirée est réservée
uniquement aux habitués et à personnes d’autres.

104
- Maxime de qualité (véridicité)

Maximes où l’on retrouve que ce qui est vrai, où l’on n’affirme pas ce que
l’on croit être faux et aussi dans le cas où l’on manque de preuves car le discours
doit être véridique.
-« Je rentre à la piscine, je vous jure que je ne vous mens pas sur qui je
tombe. – (public : le blond)
Le blond. » (Sketch 7 : je ne suis pas blond).
L’expression soulignée indique que l’auteur donne une information vraie,
de qualité. Pareil dans cet exemple :
-« Il plonge, je te jure ça fait pas une goutte » (Sketch 7 : je ne suis pas
blond).

- Maxime de relation (de pertinence)

Relation de pertinence entre l’information fournie par l’interlocuteur et la


demande du locuteur.

-« Chéri un tournevis ! Y’a pas ! Alors un couteau pointu ! » (Sketch 17 : les


grands magasins).
Nous constatons la relation qui se trouve au niveau de la ressemblance qui
existe entre la forme du tournevis et celle du couteau pointu.

105
- Maxime de manière

Elle consiste à être claire, c’est la maxime d’ordre en interprétant la valeur


temporelle du « et » et de « ensuite ». Il s’agit d’une sorte de correspondance
entre l’ordre des faits et l’ordre du discours, c'est-à-dire, respecter l’aspect
chronologique en utilisant les connecteurs logiques tels que : d’abord, ensuite,
après,…etc.

- « Ils parlent d’abord, après ils te chantent qu’est ce que le mec il avait déjà
parlé » (Sketch 12 : les comédies musicales).

Au terme de ce chapitre, nous sommes parvenus à montrer l’ensemble des


techniques discursives pour écrire l’humour dans les différents sketchs, qui
permettent de mettre en évidence et d’étayer des opinions sur les faits et les
réalités sociales et même politiques (l’insécurité dans les TGV); mais encore qui
font le positionnement idéologique de l’humoriste par rapport à ce qu’il énonce ;
tout en maintenant ce positionnement à travers l’utilisation de figures de style, en
obéissant aux lois du discours, …etc. qui permet d’élaborer ses idées directrices
et ses points de vue idéologiques.

106
CHAPITRE III

De l’humoriste au public : la réception


du discours humoristique.

107
Les techniques utilisées par notre humoriste afin d’avoir une
communication interactive et comprise par les spectateurs, reposent sur le
mélange des niveaux de langues et des modes culturels. En effet Gad inscrit
d’emblée son spectacle dans un espace interculturel et envisage de « gommer »
le temps d’une représentation les différences.

1. L’humour chez Gad Elmaleh: un espace interculturel

L’humour chez Gad Elmaleh transforme une situation banale en un gag,


sa matière première c’est tout simplement la vie et le contact avec la société.

Dans une interview réalisée dans le magazine Français « Psychologie »,


Gad annonce : « l’humour Pour moi est un mode de communication. On ne se
connaît pas et, par le biais de deux, trois « vannes », je vais entrer en contact
avec vous. Faire rire est mon moyen de faire disparaître la gène, en tordant
la situation. Mais il y a des gens qui zappent complètement l’humour (…) les
gens qui ne sont pas ouverts à l’humour ne sont pas ouverts à l’autre, ils ne
laissent pas entrer les choses. ».

En effet, on remarque que pratiquement dans tous ses spectacles il y a une


sorte de communication avec le public, l’humoriste s’ouvre sur les autres et les
incite à participer à la réalisation d’un spectacle : un contrat est souscrit.

Gad Elmaleh devient « familier » à son public, il évoque les


comportements quotidiens de chacun, et se base sur des faits réels où il dit :
« J’écris sur les petites « loose » du quotidien, sur mes fragilités » c’est ce qu’on
retrouve dans « l’autre c’est moi », par exemple, quand il pose la casserole
pendant vingt minutes sur la plaque, alors que c’est celle d’a coté qui chauffe

108
(Sketch 8 : Ma femme) alors les spectateurs se disent : « mais c’est pas possible,
lui aussi ! lui aussi nous ressemble ! ».

Et aussi, quand il marche dans la flaque d’eau dans la salle de bains dés
qu’il met ses chaussettes (Sketch 8: Ma femme).

Gad parle de « l’intime » telle que la timidité ou parfois le sentiment


d’infériorité de l’homme en consultant un psychologue, « les gens ne disent
jamais qu’ils consultent un psy, ils disent : « je vois quelqu’un » ou « je me fais
suivre », la meilleure raison de voire quelqu’un, c’est quand même quand tu
crois que tu te fais suivre » déclare Gad Elmaleh.

Ses amis représentent son premier public, cette familiarité et cette intimité
se réalisent grâce à la concorde que Gad « envisage » ou « espère » exister entre
les cultures et les sociétés : il est lui- même un juif Arabe qui mélange « David »
image du père avec son ami « Abderezzak El merhaoui » (Arabe). Ses sujets, ils
s’en inspirent de cette société sans frontières dont les voix se mêlent et se
rejoignent. Et c’est grâce à eux que naissent les meilleurs sketchs du comédien,
exagérer une situation, tourner en dérision mais sans jamais juger et encore
moins se moquer de ses personnages comme le personnage de «Abd Erezzak El
Merhaoui » dans « la Vie Normale », qu’il soit juif Marocain extraverti comme
le personnage de « coco » dans « la vie normale », Français moyen comme dans
le sketch de « Sébastien » dans « la Vie Normale » ou encore un travesti
Algérien comme le personnage de « chouchou » dans « la Vie Normale », mais
pour Gad la première source d’inspiration c’est au Maroc qu’il l’a puisé, pour
comprendre ce lien qui l’unie avec son pays natal, il faut le suivre sur les
marchés de Casablanca où tous ses DVD sont en tête de vente.

Parler Arabe mais aussi penser en Arabe, c’est un des secrets de l’humour
de Gad, une distorsion de la réalité et des mots qui ont une origine. « Youcef »
c’est lui qui a inspiré l’un des personnages les plus marquants des deux premiers

109
spectacles du comédien dans le sketch de « La chèvre de Monsieur Seguin » dans
« Décalages ».

Avec Gad Elmaleh, même les blessures sont de « la matière brute » pour
ses sketchs, tous les australopithèques sont seuls au monde, il dit : « on est avec
eux », c’est la raison pour laquelle il parle des Australopithèques dans « l’autre
c’est moi ».

Le comédien pourrait être content de lui, mais il ne pense qu’a une chose,
c’est de faire encore mieux, pour cela, il a trouvé un filon à l’origine de son
dernier spectacle : « l’autre c’est moi » qui se résument en ces petites choses du
quotidien que tout le monde fait sans vraiment y penser. Un vivier inépuisable
que Gad renouvelle en permanence, il fait des vannes en fonction de la situation
qu’il vit avec chaque public, prenant l’exemple quand il a fait un show à
polytechnique, l’introduction était représentée par les mathématiques puisque
tous les spectateurs étaient des étudiants.

Improviser, réinterpréter et surtout adapter ses sketchs en fonction du


public du soir, c’est la méthode Gad, un hommage permanent à l’art du Stand Up
né dans les comédies club New Yorkais.

Sa force illocutoire c’est la rapidité avec laquelle il analyse, assimile et


transforme en gag les quelques informations dans il dispose : « je crois vraiment
que c’est le seul endroit au monde ou je peux être profondément moi-même, la
scène », révèle l’humoriste.

Malgré sa volonté de tout contrôler, Gad a fini par révéler l’essentiel,


le meilleur de lui-même c’est sur scène , et nul part ailleurs qu’il le donne,
comédien, mime, danseur,chanteur,musicien, un artiste complet qui aura toujours
à nous surprendre.

Diversité d’identités (Française, Marocaine, Algérienne) ou de religions


(Juive, Chrétienne) représentées par différents personnages dans ses spectacles

110
qui marquent explicitement le concept d’interculturalité, né dans les années
1970, qui n’a le plus souvent guère été plus loin que les déclarations de bonnes
intentions, autrement dit, c’est l’interaction entre les cultures, l’échange et
la communication où une personne accepte la réciprocité de la culture.

Le préfixe « inter » suggère l’interaction, le partage, la complémentarité,


la reconnaissance de la culture de l’autre (…) en d’autres termes, on peut voir
l’interculturalitè comme une manière d’être, une vision du monde, une sorte de
relation égalitaire entre les êtres humains et les peuples, c'est-à-dire, le contraire
de l’ethnocentrisme.

En s’appuyant sur l’approche Interculturelle, nous constatons que dans


le spectacle : « L’autre c’est moi » l’humoriste dénote et suppose un changement
dans la perception de « l’autre », puisque l’interculturalitè suppose que l’on
perçoive la diversité culturelle comme quelque chose de naturel et d’évident et
qu’on y adhère de ce fait. Elle suppose une écoute mutuelle et un dialogue entre
les cultures, qui sont source de compréhension et de respect. Essentiellement,
l’approche interculturelle fait valoir le point de vue selon lequel la diversité
culturelle ne menace pas le tissu social d’une société mais l’enrichit.

Cette approche est donc foncièrement critique, auto-reflexive interactive et


constructive. Son orientation idéologique consiste à prendre résolument le parti
de la diversité culturelle et à miser sur l’intercompréhension pour rendre
le monde meilleur, apparemment c’est ce qu’a été l’objectif du comédien.

Cela est représenté à travers les actes illocutionnaires proposés par Austin
« Quand dire c’est faire », prenons l’exemple dans le cas des «Exercitifs », où
l’auteur essaye de manipuler idéologiquement les spectateurs en leur conseillant
de ne pas conduire en état d’ébriété :

- « Il faut faire attention les amis, sérieux, vraiment, il faut vraiment faire
attention, il ne faut pas conduire en état d’ébriété » (Sketch 20 :
l’australopithèque).

111
2. Réception du discours humoristique par les spectateurs

La réception du message nous renvoie au schéma de la communication


selon Jakobson qui se compose de :
1- L’émetteur (destinateur/ locuteur) : c’est celui qui émet le message, dans
notre cas il s’agit de l’humoriste (Gad ELMALEH).
2- Le récepteur (destinataire/ allocutaire) : c’est celui qui reçoit le message,
celui pour qui le message est émit. Dans notre corpus, il s’agit du public (les
spectateurs).
3- Le message : objet de la communication, constitué par le contenu des
informations transmises par le récepteur. Il s’agit du discours transmis par
l’auteur.
4- Le contact : c’est le canal de communication (orale, écrit, visuel ou
gestuel). Dans notre cas il s’agit d’un contact varié, à la fois oral, visuel
(mimique) et gestuel.
5- Le code : c’est le système linguistique qui doit être compris par les deux
interlocuteurs pour que le message puisse passer. Dans notre corpus, il s’agit de
la langue Française avec quelques mots en Arabe.
6- Le contexte : c’est le référent, la situation des objets réels aux quels
renvoie le message.

Exemples dans le spectacle : la peur de l’avion, le ski, …etc.

112
Contexte

Destinateur Message Destinataire


Gad ELMALEH Contact le public
(Les spectateurs)
Code

Le schéma de la communication selon R. Jakobson.

Jakobson définit ainsi dans son étude le « jeu » entre les 6 pôles du
schéma :
« Le destinateur envoie un message au destinataire ; pour être opérant, le
message requiert d’abord un contexte (le référent) au quel il renvoie, un contexte
saisissable par le destinataire et qui est soit verbale, soit susceptible d’être
verbalisé. Ensuite, le message requiert un code commun en tout ou au moins en
partie au destinateur et au destinataire. Enfin, le message requiert un contact, un
canal physique et une connexion psychologique entre le destinateur et
le destinataire, un contacte qui leur permet d’établir et de maintenir
la communication ». Cette communication devient conversationnelle entre
l’humoriste et le public en employant les maximes conversationnelles, nous
retrouvons cela dans le passage suivant:
- « Je rentre à la piscine, je vous jure que je ne vous mens pas sur qui je tombe !
(Public : « le blond ») le blond » (Sketch 7 : je ne suis pas blond).

Dans cette maxime de qualité (véridicité), nous remarquons un extrait de


conversation entre l’humoriste et le public parlant du « blond ».

113
Pour concrétiser, nous constatons que notre humoriste (destinateur)
transmet dans son spectacle un message au public (destinataire) ; pour être
opérant, son message requiert d’abord un contexte (les différents thèmes abordés
dans le spectacle) au quel il renvoie, un contexte saisissable par son public et qui
est soit verbal, soit susceptible d’être verbalisé.
Ensuite, son message requiert un code commun en tout (la langue
Française) ou au moins en partie (quelques mots en Arabes qui peuvent êtres
intelligibles par certains Français).

114
- 3. Les visées de l’humour chez Gad Elmaleh

Dans un message oral ou écrit, les énoncés répondent à des intentions


différentes ; on distingue 6 fonctions du langage :

1- La fonction référentielle : (dénotative).


C’est l’information sur une situation ou sur une réalité donc sur le référent,
c’est le contenu du message.
- « C’est pas un phénomène incroyable ce truc ! Chasse et Pêche !
Histoire Naturelle, Chasse et Pêche et tradition, l’émission que tu l’as
regardes jusqu’au bout, tu lâches pas l’affaire, (…) il y a 2 mecs avec
des botes en caoutchouc, ils cherchent un canard, et toi tu cherches
avec eux … ».
L’auteur affirme que rares sont les admirateurs des émissions telle que « Chasse
et Pêche », qui selon lui ne figure pas intéressante.
- « Sur France2, la nuit ils font des rediffusions d’un jeu au quel j’avais
rien compris avant :’’Pyramide’’ (…) si vous restez un peu plus tard
sur France 2, vous pouvez tomber sur des émissions littéraires qui
peuvent vous endormir un petit peu » (Sketch 18 : la télévision).
L’auteur informe les spectateurs du programme de la télévision des chaînes
Françaises qui n’est pas intéressante la nuit, où l’humoriste préfère regarder le
soir autre chose que les émissions culturelles ou éducatives.

2- La fonction expressive : (fonction subjective, présence du « je »).


C’est l’expression de la personnalité et des sentiments de celui qui parle, en
exprimant sa peur, sa joie, son émotion, …etc.
Nous retrouvons l’inscription du sujet « je » dans presque tous les sketches
du spectacle, où l’auteur s’exprime ouvertement à son public, voici quelques
passages :

115
- « Moi j’ai peur en avion, moi j’ai super peur, j’ai pas peur de dire que
j’ai peur, franchement j’ai super peur ! » (Sketch 2 : la peur de
l’avion).
L’auteur exprime sa peur en avion en toute franchise et honnêteté.
- « Je vais beaucoup voire les concerts, beaucoup, surtout les comédies
musicales, j’adore ça ! » (Sketch 12 : les comédies musicales).
Ici l’auteur exprime sa joie à aller voir les concerts en précisant sa préférence aux
comédies musicales.
- « J’ai un autre souvenir d’enfances, après j’arrête, parce que ça me
rend un peu triste, … » (Sketch 16 : entracte).
L’auteur devient nostalgique et ému en évoquant aux spectateurs ses souvenirs
d’enfance.

3- La fonction impressive :
C’est la volonté d’agir sur l’interlocuteur, elle se manifeste dans les formes
de la persuasion, de l’appel, de l’ordre, de l’injonction, le conseil ou la
recommandation.
- « Bon, je voulais juste vous donner un conseil à vous vraiment… »
(Sketch 20 : l’australopithèque).
L’humoriste donne un conseil à son public à la fin du spectacle de ne pas
conduire en état d’ébriété.

4- La fonction de contact : (phatique).


C’est le désir d’assurer l’efficacité de la communication, elle se manifeste
par des interjections, des locutions verbales, des expressions sans contenu
informatif précis.
Nous remarquons que durant tous le spectacle l’humoriste utilise des
interjections telles que : oh, ah, …etc. Et aussi des expressions comme : mais
oui ! Mais non ! ah bon !

116
Aussi, la fonction de contact est assurée par cette interaction conversationnelle
que l’auteur annonce dans ses sketches, en s’adressant au public, en leur posant
des questions telle que : « Il y a Ikea à Lyon ? » le public : « oui » (Sketch 17 :
les grands magasins).

5- La fonction métalinguistique : (scientifique).


C’est la valeur explicative du message, sa capacité à définir les termes qui
le composent, c’est la cohérence du message.
- « L’avion plane à cause de la pression des ailes, (…) la technologie, il
faut faire confiance, (…) l’avion qui ça fait plus de 50 ans qui plane
dans les airs » (Sketch 5 : le blond).
L’auteur utilise une vocabulaire scientifique comme : la pression, la technologie,
en donnant une explication du mécanisme et fonctionnement de l’avion.

6- La fonction poétique :
C’est le langage considéré dans sa valeur rythmique, sonore ou visuelle,
c'est-à-dire la forme du message.
- « Ce qui est bien quand t’es Marocain, quand tu vas aux States, si tu
sais comment leur dire que t’es Marocain en Anglais tu passes pour
un Américain, moi j’adore faire ça, ils me demandent d’où je suis, on
me dit : ‘’ where are you from ?’’ et moi je réponds : ‘’oh, I’m
Morrocan’’ » (Sketch 10 : I’m Morrocan).
Nous remarquons que dans ce passage, il s’agit d’un parallèle phonique qui
engendrant une confusion, dessine un jeu de mots entre les deux termes :
« American » et « Marrocan ». Ces deux derniers ont un même rythme
phonétique ou sonore en les prononçant en Anglais.
mаrokέ amerikε

117
Construction oxymore qui produit dans un premier temps un effet de rire, et
qui fait évoluer une double représentation : la première est faite de respect
Américain, la seconde est faite de mépris Marocain.
Implicitement Gad veut bousculer les représentations racistes que l’on pourrait
avoir sur les individus sans les connaître, juste en leur collant une nationalité
au dos.

- « Ok, d’accord, niquel, ok, super, ok, flexe, ok, d’accord, ok, top, cool,
ok, kiss, peace, love, peace, top, cool, ok, yes, top, ok, flexe, (…) ok,
peace, love, kiss, moah, ciao, clak,…” (Sketch 16: l’entracte).
Enchaînement et succession de mots qui voudraient tout simplement achever
une conversation téléphonique entre l’humoriste et sa fiancée pour dire : au
revoir ou à plus tard et enfin raccrocher.
- (Le videur qui zeuzote) « dites moi par exemple ma sœur, elle habite
à Dallas, elle joue du saxophone, elle s’appelle Samantha » (Sketch 19 : la
discothèque).
Phonétiquement parlant, l’humoriste a choisi volontairement les soulignés
qui contiennent le phonème sifflant « s » pour obtenir un rythme sonore amusant.
Les fonctions que nous venons de citer ne s’excluent pas l’une l’autre,
elles peuvent se superposer dans un même énoncé. Aussi elles permettent de
cerner les stratégies de communication, de ce fait, il existe des facteurs qui
conditionnent l’élaboration du message, autrement dit, on parle pour :
- Informer en utilisant la fonction référentielle.
- S’exprimer en utilisant la fonction expressive.
- Influencer ou pousser à l’action en utilisant la fonction impressive.
- Garder le contact en utilisant la fonction phatique.
- Apprendre ou faire apprendre quelque chose en utilisant la fonction
métalinguistique.
- Jouer avec et sur les mots en utilisant la fonction poétique.

118
4. Les niveaux de langue

Cette notion renvoie à un classement hiérarchisé des réalisations


linguistiques et permet d’établir des distinctions entre langage « populaire » et
langage« familier » (usuel) et aussi avec le langage « soutenu » (littéraire).
Chacun de ces langages se caractérise par des marques sociolinguistiques
particulières : (choix du vocabulaire, attitude par rapport aux normes, contrainte
de la grammaire, facteurs tenant à la prononciation et à l’intonation).
Le niveau de langue est souvent en accord avec le monde évoqué dans
le discours. En jouant sur les registres de langue, les auteurs ont pu typer leurs
personnages, montrer leurs émotions et marquer les différences sociales.
Ainsi le système linguistique peut s’utiliser selon des niveaux différents.
En Français, on peut distinguer schématiquement trois niveaux de langue qui
sont les suivant :

1- Le langage soutenu :
C’est celui des discours solennels (politiques, religieux), c’est aussi celui de la
littérature classique et moderne.
Ses caractéristiques :
- Vocabulaire recherché : très riche avec des mots rares, vieillis et rarement
utilisés).
- Syntaxe complexe : respectant les normes établies par les grammairiens, et
aussi élaborée : les phrases sont longues et complexes (plusieurs
subordonnées).
- Certains temps rares, comme l’imparfait du subjonctif ou le passé 2ème
forme du conditionnel sont employés.
- Des mots ou expressions sont créés.
Dans son spectacle, l’auteur utilise le langage soutenu dans le passage
suivant :

119
- « des émissions littéraires qui peuvent vous endormir un petit peu, (…)
‘’ il est vrai qu’à ce moment là, dans une France totalement réhabilitée,
on assiste à l’art et tension … c’est un peu comme en 1505 le médaillon
d’Isis No FNAC’’ ». (Sketch 18 : la télévision).
Nous remarquons que les invités de cette émission littéraire sont intellectuels
jusqu’au point où seuls les personnes cultivés peuvent comprendre leurs discours
littéraires et leurs blagues d’intellectuels. Et c’est la raison à la quelle
l’humoriste déclare ensuite : « vas rire à cette blague toi qui as lu que ‘’un Oui
Oui’’ et le seul ‘’Oui Oui’’ que t’as lu c’était ‘’Oui Oui’’ ne veut pas aller à
l’école ».
Contraste qui engendre un effet humoristique.

2- Le langage courant : (standard).


C’est celui des communications courantes, des articles de journaux, des
exposés scientifiques ou didactiques, en respectant la concordance des temps, ne
cherchant pas d’effets particuliers mais vise à la précision et à l’efficacité.
Ses caractéristiques :
- Vocabulaire et syntaxe simples et courants, conformes à la norme
scolaire.
- La langue est correcte.
- Les phrases sont simples et rarement et rarement complexes.
Nous retrouvons cela dans le passage suivant :
- « Si tu veux faire un scanner ne vas pas chez le médecin, tu vas à
l’aéroport, tu dis :’’bonjour, j’ai caché des choses dans ma tête’’ »
(Sketch 2 : la peur de l’avion).
En effet, nous remarquons un vocabulaire et une syntaxe simple employés dans
une phrase correcte et simple.

120
3- Le langage familier (usuel).
C’est celui de la conversation amicale, des parlers populaires et argotiques.
Il est fondé sur l’interjection, l’exclamation, la rupture syntaxique, les
répétitions, les néologismes, les jeux de mots et les ellipses.
Ses caractéristiques :
- Le vocabulaire et restreint et quelques fois argotique.
- La syntaxe est minimale et simplifiée mais l’intonation compte
beaucoup.
- Les syllabes peuvent êtres avalées et les mots déformés.
Ces caractéristiques engendrent un effet d’humour.
Nous concrétisons cela dans les passages suivants :
- « le mec il a fait 10 ans d’études, il est payé une fortune, il atterrit, tu
as là 200 passagers, ils te font :’’waw ! T’es trop fort !’’ » (Sketch 2 :
la peur de l’avion).
L’utilisation de 2 caractéristiques du langage familier qui sont : le mot
argotique souligné et l’emploi de l’interjection ‘’waw !’’.

- « et la même nana après elle te fait les démonstrations de sécurité »


(Sketch 2 : la peur de l’avion).
L’utilisation du mot souligné est l’une des caractéristiques du langage
familier (mot argotique).

- « attends ils sont galères à monter, tu met 2 heures, le mome, il a


l’œuf en chocolat (…) c’est comme si tu parlais avec un mec qui est
bourré » (Sketch 17 : les grands magasins).
L’utilisation de plusieurs mots argotiques permet de qualifier ce langage
en tant que familier.

121
- 5. Les registres littéraires

Le registre désigne la tonalité générale d’un texte. Il révèle la manière de


s’exprimer du locuteur, manière qui traduit ses sentiments, sa sensibilité, ses
intentions. Le registre d’un texte se manifeste à travers différents procédés
d’écriture : vocabulaire, rythme de la phrase, structure du texte et des phrases,
figures de style …etc.
Il existe plusieurs registres littéraires, mais nous nous sommes intéressés
dans notre recherche seulement aux registres qui utilisés dans notre corpus, pour
cela nous avons pu retirer les registres suivants :
1- le registre lyrique :

Tirant sa dénomination de la lyre d’Orphée, le registre lyrique vise à


traduire les émotions et les sentiments personnels du locuteur, comme la
tristesse, les regrets, mais aussi la joie, le bonheur, l’enthousiasme.
Ses caractéristiques :
- Pronom personnel de la première personne du singulier : « je ».
- Thème de l’amour, la solitude, la nature, …etc.
- Champ lexical des émotions et des sentiments.
- Figures de styles propres au sentiment amoureux : métaphore,
comparaison.
- Syntaxe émotionnelle : exclamation, interrogation, interjection, phrases
elliptiques.
- Musicalité.
Exemple :
- « je serai prêt à aimer une femme, et je l’aimerai à la folie, attention je
serai fou d’elle, et quand je dis fou d’elle je parle de la vraie foudellité. Je
l’emmènerai au bout du monde (…) les vacances ça sera la folie, on ne se
privera de rien, l’été à Vittel, l’automne à Evian, le printemps à San

122
Péllegreno ! je l’emmènerai chîner à Pékin et on ira ensemble main dans la
main jusqu’au Japon à Tokyo pour manger des Souchis (…) et non moi je
suis tellement amoureux que je suis jaloux » (Sketch 8 : ma femme).
Sentiment de joie, de bonheur qu’éprouve l’auteur en aimant sa femme, et en lui
procurant tous les bienfaits de la vie.

2- le registre pathétique :
Tirant son sens du mot grec « pathos » qui relève de la passion, la
souffrance, il cherche à provoquer l’émotion et la pitié chez le récepteur.
Ses caractéristiques :
- Thème de la souffrance, la douleur, la nostalgie.
- Cham lexical de la tristesse, la souffrance.
- Figures de style de la métaphore et la comparaison pour l’expression
des sentiments.
- L’ellipse narrative pour suggérer l’horreur de la situation.
- La ponctuation expressive qui se manifeste à travers l’exclamation.

Exemples :
- « dans ma vie, c’est comme ça, j’ai jamais fêté d’anniversaire, jamais,
ouai de toute ma vie » (Sketch 16 : entracte).
L’auteur est triste de n’avoir jamais eu l’occasion de fêter son anniversaire
durant toute sa vie.
- « j’ai eu une enfance un peu particulière, (…) ce qui nous a toujours
beaucoup frappé chez mon père c’était ses mains » (Sketch 16 :
entracte).
L’auteur affirme avoir eu une enfance un peu « particulière », c'est-à-dire, une
enfance « difficile », l’expression soulignée provoque d’une part un effet de rire,
car elle ne correspond au thème abordé, qu’est la souffrance, d’autre part, elle
informe que le père de l’auteur frappait ses enfants avec ses mains.

123
- « j’ai eu une scolarité chaotique, mais c’était pas de ma faute, c’était
tout simplement parce que j’étais trop sentimentale, trop affectif, je
m’attachais trop à chaque classe, je n’arrivais pas à me défaire »
(Sketch 16 : entracte).
Ellipse narrative, où l’auteur raconte son enfance, sa scolarité chaotique, élève
sentimentale, qui n’arrivait pas à se défaire de chaque classe.
- « moi le soir après le spectacle, je rentre dans mon hôtel tout seul dans
ma chambre d’hôtel (public : « oh ! ») je sais c’est dur ! il m’est même
arrivé des fois que ça soit le soir de mon anniversaire !
(public : « oh ! ») c’est dur ! » (Sketch 18 : la télévision).
Même le public est triste et ému de savoir que notre humoriste rentre seul le soir
dans sa chambre d’hôtel, sentiment de solitude et de chagrin.

3- le registre comique :

Associé au genre de la comédie, le texte comique cherche à faire rire le


spectateur.
Ses caractéristiques :
- Le comique de mots.
- Le comique de répétition.
- Le comique de caractère.
- Le comique de situation.
- Le jeu sur les niveaux de langage.

Exemples :
- « j’ai un copain à moi dans l’équipe c’est un fou furieux, le mec c’est
un génie, il a inventé l’eau en poudre ! Quand il nous l’a apporté on

124
lui a dit : ‘’avec quoi tu veux qu’on la mélange ?’’ » (Sketch 11 : je
bois de l’eau).
Effet d’humour à travers l’absurde de réaliser une eau en poudre.
- « t’as déjà essayé d’avoir une conversation avec un enfant de 3 ans !
c’est comme si tu parlais avec un mec qui est bourré, sérieux, c’est pas
possible, je te jure, le mec il est là il fait : ‘’et quand Mami à la piscine,
elle disait à la cantine, et toujours un avion et les autres’’ » (Sketch
17 : les grands magasins).
En effet, entretenir une conversation avec un enfant de 3 ans engendre un effet
comique, et cela à travers le vocabulaire d’enfant et l’ordre logique des enfants.
- « chérie, un tournevis ! y’a pas ! alors un couteau pointu ! » (Sketch
17 : les grands magasins).
Cette solution de vouloir remplacer l’outil de bricolage (le tournevis) par un
couteau, introduit un effet d’humour, car tout le monde se sent concerné par cette
mauvaise habitude.
- « Ils font des rediffusions d’un jeu au quel j’avais rien compris
avant :’’pyramide’’ sérieux, c’est pas un jeu de fous ça ! ‘’Pyramide’’ le mec
il est là, il dit :’’ (le papillon) l’autre il réfléchit, il répond : (Barbe Q ?) ouai
Barbe Q ! » (Sketch 18 : la télévision).
Tout comme Gad, la majorité des personnes n’est pas intéressée à regarder les
émissions éducatives telle que « Pyramide » à cause du niveau d’instruction
acquis (ils font des rediffusions d’un jeu au quel j’avais rien compris avant), en
général, on se moque toujours de quelque chose qu’on a pas compris ou qu’on
n’aime pas.
Un auteur peut mêler plusieurs registres pour renforcer l’impact de son
discours, comme dans un texte argumentatif, on peut trouver des passages
ironiques pour dévaluer la thèse combattue, des passages épiques ou oratoires
pour valoriser la thèse à défendre, des passages lyriques pour émouvoir le
récepteur, des passages didactiques pour présenter les argumentations.

125
6. L’humour et la société

L’humour chez Gad Elmaleh fonctionne comme une auto- analyse. Gad
ne déconstruit pas uniquement les mécanismes racistes d’une société, il part de
sa propre critique pour confondre les défauts des autres avec les siens.
L’humour méditerranéen qu’il traîne avec lui et qui repose sur un procédé
assez fort, se vanner continuellement pour mieux échapper aux soucis
quotidiens, dénote d’une envie accrue de vouloir mettre en avant des
personnages complexes, sans pour autant s’embourber dans une analyse
psychologique.
L’exemple parfait est Chouchou, travesti Algérien de la place Clichy qui « n’a
aucun tabou, qui déteste l’hypocrisie et qui vit très bien l’homosexualité ».
En une dizaine de minutes, Gad parle de tout : la religion extrémiste, l’identité
forte, la difficulté de s’intégrer, l’intolérance, etc. Tout en respectant le fil
conducteur qui lui est propre : l’absurde.
A l’image d’auteurs qu’il affectionne : Woody Allen ou dans un autre
registre Chaplin. Le créateur de Chouchou a dans l’idée de façonner des
« inventeurs de problématiques qui n’existent pas ». Et pour mieux illustrer
cette thématique, il réinvente et déconstruit la langue Française où il déclare :
« J’ai toujours beaucoup aimé la langue Française, même si je n’ai jamais été
un grand lecteur. Je crois d’ailleurs que ce besoin de jouer avec la langue vient
d’une certaine forme de complexe. Un complexe d’inculture littéraire. Alors je
crée ma langue à moi. Face à des gens très cultivés, j’invente des auteurs, des
passages pour me protéger »16.
Pour ses deux premiers spectacles (Décalages, 1997 ; La vie normale,
2000), il utilisera continuellement cette méthode particulière pour conter,

16
« Psychologie », Magazine, 2005.

126
toujours avec pudeur, ses différentes pérégrinations par le biais de personnages
hauts en couleur, grand- guignolesques et qui finissent par devenir attachants :
Baba Yiah, grand père traditionaliste, épouvanté entre autre par la technologie
du portable ; Abderrazak El merhaoui, agent immobilier et comédien Algérien
essayant tant bien que mal de s’épanouir dans un pays qui le regarde d’un
mauvais œil ( voir le sketch horripilant où il se réapproprie le conte de La
chèvre de Monsieur Seguin) ; Coco, génial milliardaire mégalomane qui
ordonne à son fils d’aller « dire à tout le monde combien papa a dépensé pour sa
Bar- Mitsva ».
Dans sa dernière création « L’autre c’est moi » (2005) il se concentre
énormément sur les travers de notre quotidien sans pour autant les fustiger (les
programmes de nuit à la télévision ; faire du ski ou bien prendre l’avion).
Ce spectacle, assez inégal, est l’occasion pour Gad Elmaleh de taquiner
tendrement certains aspects de la société Française qui lui paresse saugrenus (le
phénomène des comédies musicales ou le plan Vigipirate).
Son écriture redevient plus intéressante lorsqu’il revient sur sa vie, sur ses
angoisses.
L’humour de Gad fonctionne quand il se met en scène, cette auto-
analyse, que l’on retrouve dans le sketch 16 de l’entracte, est hilarante car elle
ne rentre pas dans un système de code propre aux saynètes audiovisuelles, c'est-
à-dire, dénué de la moindre recherche comique.

127
La transmission du discours humoristique a été acquise sans aucune
difficulté par le public, car les niveaux de langues utilisés (standard et familier)
étaient à la portée de tout le monde, et les sujets abordés concernaient presque
toutes les classes sociales qui existent, d’autant plus, chaque individu pouvait
s’identifier en fonction des sujets traités.

128
- Conclusion

Dans cette recherche, l’analyse du discours humoristique nous a permis


de comprendre d’une part le mécanisme de la communication, plus précisément
entre l’humoriste et le spectateur, et d’autre part, le fonctionnement discursif du
discours humoristique, dont il nous importait de connaître son tracé discursif et
idéologique.
Pour ce fait, nous avons tenté d’abord de déterminer la stratégie théâtrale
afin de connaître l’atmosphère scénique où nous avons découvert le décor, la
lumière et les accessoires aux quels requiert notre auteur interprète.
Ensuite, nous nous sommes intéressés à l’idéologie dans sa conception la plus
large en tant qu’ensemble d’idées propre à un groupe, et au mode de
fonctionnement du discours où nous avons pu constaté dans l’ensemble de ces
sketches la trace de l’articulation du culturel dans le social, et cela à travers la
constitution du discours amalgamé de procédés implicites dont l’implication des
sous-entendus, les présupposés, le sens rhétorique, etc.
Aussi, nous sommes parvenus à détecter le repérage des marques
énonciatives, et à déterminer les maximes conversationnelles et les lois aux
quels obéit le discours. Ces derniers nous ont montré comment s’opérait à
travers des stratégies discursives le passage de l’expression au positionnement
idéologique par le biais d’une typologie en structure des modalités locutoires et
des actes de langage qui ont permis de dégager la présence d’un discours
idéologique à travers des énoncés méta discursifs représentant les commentaires
que l’humoriste fait sur les évènements qu’il traite.
Enfin, nous avons terminé notre recherche par confirmer la réception
idéologique entre l’humoriste et le public que véhicule le discours humoristique,
en suivant le système de communication de Jakobson et en utilisant les niveaux
de langue et les fonctions de langue qui conviennent.

129
Du point de vue discursif, l’approche sociolinguistique à la quelle nous
avons procédé, nous a permis d’identifier les stratégies d’émission du message
au public au quel l’humoriste s’adresse, fournissant les informations nécessaires
à l’activation du social et au débat public.
Le principal résultat de notre recherche est de démontrer à travers
l’approche sociolinguistique que la stratégie humoristique produit un effet
idéologique sur l’espace public du moment où le locuteur est de la même
idéologie que le public et que les objectifs de celui-ci sont caractérisés par les
différents procédés que nous avons traité durant ce parcours de recherche,
partageant ainsi le même intérêt culturel et social que lui. Car l’humour ne fait
pas seulement rire, il nous entraîne beaucoup plus à réfléchir que de nous faire
rire !

130
- Annexe (Transcription de l’oral à l’écrit).

Bonsoir !
Bonsoir Lyon !merci, merci, merci waw !
Merci ça fait chaud au cœur et ça fait peur en même temps, arrête !
On sait pas ce qu’il va faire mais wé !
Moi ça me mets la pression mais c’est cool, je suis content de revenir ici c’est
toujours aussi chaud, j’aime bien, j’aime bien être là, (public : « wé ! ») Arrête !
Je me mets à l’aise d’ailleurs (Gad enlève sa veste), (public : « wé !») Moi je me
sens bien avec vous, attends ça va n’importe quoi !tiens (Gad donne sa veste).
Sketch 1 : les States.
Non vraiment je suis content de revenir en France parce qu’on vient de terminer
une bonne partie de la tournée des States, qu’est ce qu’il y a ? Y’a quelques
jours on était aux States, aux Etats-Unis, on a fait une grosse tournée, y’a
encore quelques jours toute l’équipe on était dans un bar, ces nouveaux bars qui
y’en a à New York, y’en a ici et partout dans le monde les nouveaux bars là, les
bars lounges partout y’a des lounges, genre tu bois et tu t’allonges, et là je
parle avec une fille et on a commencé à boire des coups et après elle m’a
emmené chez elle, on a commencé à faire l’amour et là elle crie: « oh my
God » (3) et moi je me suis dit : « comment elle connaît mon prénom ? »
C’est après que j’ai compris, parce que j’ai quelques notions d’Anglais quand
même !
J’ai appris l’Anglais comme vous quand on été petits, on a tous eu les mêmes
cours débiles, avec cette fameuse question existentielle à la quelle il fallait
trouver absolument une réponse : « where is Bryan ? » il vous a traumatisé aussi
ce Bryan!
On savait pas qui c’était ce Bryan, on s’en foutait, mais il fallait le localiser
dans la maison pour apprendre l’Anglais c’était ça ! il fallait trouver les gens de
la famille de Bryan pour apprendre l’Anglais, qu’est ce qui se passe ! « where is

131
Bryan ? » et toi comme un idiot tu répondais sagement : « Bryan is in the
kitchen ».
Moi, il m’a traumatisé ce Bryan parce qu’un jour, j’ai rencontré un grand
producteur de cinéma Américain, il est venu vers moi il m’a dit : « hello, my
name is Bryan », je lui ai dit : « go in the kitchen ».
Et après il fallait chercher la sœur de Bryan Génie « where is Génie ? the sister
of the Bryan ! » Et avec l’accent il fallait répondre, attention l’accent avec la
langue : « she is in the bathroom » ou je sais pas…
Après il y avait des phrases débiles à répéter : « oh it’s raining today ! where is
my umbrella? »
Va placer cette phrase dans un voyage aux Etats Unis et tu vas voir comment tu
vas galérer, le nombre de fois où j’étais à New York, je me suis dit mais attends
j’espère qu’il va pleuvoir je vais placer la « umbrella » là vite fait, mais bon je
suis content d’être là, on est tous arrivé, en avion, oh mais qu’est se qui se passe
ce soir ? Sketch 2 : la peur de l’avion.
Eh on a pris l’avion pour venir, moi j’ai peur en avion, moi j’ai super peur, j’ai
pas peur de dire que j’ai peur, franchement j’ai super peur ! Même si on a tous
dans notre entourage un copain qui a des théories comme quoi l’avion c’est pas
dangereux et tout ça, tu sais des copains qui te disent : « ah bon t’as peur en
avion ! T’as peur en avion ! Il a peur en avion, ah bon et bun dis donc, t’as peur
en avion, ah wé, tu sais qu’il y’a plus d’accidents de voitures que d’accidents
d’avion, il y’a beaucoup plus de gens qui meurent dans des accidents de
bagnoles que les accidents d’avion, l’avion reste le moyen de transport le plus
sûr aujourd’hui », ah oui, c’est ça ! oui, wé, et pourquoi un aéroport on appelle
ça un terminal ? Attends ! Moi j’ai peur ! En plus les douaniers ils sont pas là
pour arranger les choses parce qu’avec la psychose du terrorisme, les mecs ils
sont paranos, ils deviennent fous ils sont à deux doigts de te faire une radio des
poumons, quand tu prends l’avion, je te jure, je te jure, tu veux faire un scanner,
ne va pas chez le médecin tu vas à l’aéroport, tu dis : « bonjour j’ai caché des

132
choses dans ma tête ! » c’est là yallah, op là ! Ils ont une question très bien les
douaniers aussi, je l’adore cette question, c’est quand ils te disent : « bonjour,
est ce que quelqu’un que vous ne connaissez pas vous a donné quelque
chose ?! » moi je leur dis : « Monsieur, même les gens que je connais très bien
ils me donnent rien du tout ! » qu’est se qui se passe éw ! Moi j’arrêterai d’avoir
peur en avion le jour où on arrêtera d’applaudir les pilotes parce qu’ils ont
réussi l’atterrissage ! Le mec il a fait 10 ans d’études, il est payé une fortune, il
atterrie, tu as là 200 passagers, ils te font : « waw ! t’es trop fort ! » (Gad
applaudie) bientôt, ils vont lui faire : « oh oh oh », l’autre il va se chauffer, il va
re-décoller tu vas voir ! Il y a un truc qui m’énerve quand tu prends l’avion
c’est quand l’hôtesse elle prend à chaque fois ton carton d’embarquement,
pourquoi faire ! Pour te dire par où il faut marcher dans l’avion ! Elle le regarde
elle te dit : « allez-y c’est par là ! » ça va je sais ! Y’a pas de fuîntes, y’a pas de

Tu crois quoi, je vais y aller tout seul au bout de 5 minutes je vais dire : « j’aurai
dû demander oh la la ! Mais c’est un vrais labyrinthe alors einh ! » tu crois quoi
que je vais me mettre dans le truc des bagages ou quoi ? Et la même nana après
elle te fait les démonstrations de sécurité avec les gestes approximatiques (fs)
non je sais pas le, la fin du mot elle voulait pas venir, mon cerveau il disait !
Mais quand on fait une erreur, il faut toujours se reprendre quand on fait un
spectacle, parce que si tu le dis pas tout le public dit : « t’as vu il a dit
approximatique, t’as entendu, il a dit approximatique et après à la fin il a fait f f
f bizarre ! » tu peux faire la meilleure vanne du monde, il y a 2000 personnes
qui sont encore sur « approximatique, moi j’ai bien aimé le spectacle mais à un
moment donné approximatique, non ! c’est pas ! »
Cette hôtesse de l’air elle te fait alors des gestes donc flous ! (Gad gesticule) tu
sais les gestes, mesure de sécurité, tu sais en cas de problème eh eh ! Elle même
elle sait pas de quoi il s’agit, tu sais genre, (Gad gesticule) en cas de problème

133
toi tu vas galérer, toi aussi, moi aussi, peut être tu vas mourir, l’autre aussi, moi
je vais rester, je sais pas ! Ça veut dire quoi ces gestes ?
Tu te vois en plein crash aérien dire : « s’il vous plait c’est quoi le truc comme
ça il faut faire quelque chose » ah la la ça me fait peur tout ça, du coup, moi je
prends plus l’avion, c’est fini, je prends le train, ah oui sérieux, moi ça me
rassure le train, cela dit,(un spectateur rît) y’a des gens qui sont à leur rythme,
toi tu ris pour le truc de Bryan du début ! Elle la dernière vanne du spectacle
elle va dire : « c’est à emporter », temps en temps je te regarderai, je vais voir
où tu en es dans le spectacle ! Sketch 3 : le plan Vigipirate.
bref, non, dans le train, il y a eu des problèmes aussi alors ils ont pris des
mesures de sécurité Vigipirate et tout ça avec ce mot Vigipirate, tu imagines des
mecs avec des …et tout, attention Vigipirate oh la la ! Vigipirate ! Et le mot est
rentré dans la langue, wé tu me prends avec Vigipirate ! tu sais ils ont fait des
nouveaux trucs, des mesures de sécurité, je sais pas si vous avez remarqué dans
les TGV, quand tu prends le TGV, là où tu mettais tes bagages avant,
maintenant il y a du scotch, sérieux ! En France on va combattre le terrorisme
avec du scotch ! einh ! Oui je te jure ! mais ils ont raison, comme ça, si un
terroriste vient pour mettre une bombe il va dire : « ah merde, il y a du scotch !
je ne peux pas terroriser ! » moi j’aurai aimé être là le jour de la réunion au
ministère de l’intérieur quand le mec il a dit : « bon les gars, on va prendre des
mesures un peu draconiennes, ah je veux voir du scotch partout moi Ok, et s’ils
continuent à faire les malins, on leur met du double face » sérieux ! ça fait peur,
mais, non parlons pas de malheur franchement, on est là pour rigoler et en plus
moi j’ai la patate, je reviens de vacance, Sketch 4 : le ski.
J’ai été faire du ski dans la région pour la première fois de ma vie, et sérieux le
ski c’est un truc de fous, j’avais jamais fait einh, j’avoue à la base je viens d’un
pays où c’est pas le sport national, sauf si tu skies avec un ballon.
Le ski c’est bizarre parce que même si t’as un bon niveau de ski, y’a un truc moi
qui m’énerve au ski c’est quand tu marches avec les chaussures de ski sans les

134
skis, t’as l’air d’un idiot du début à la fin, y’a aucun problème, t’es, tu sais t’es
là, tu fais : « wé, tiens on va skier, wé, tu viens » il faut rester naturel tu sais
c’est comme ça et y’en a même ils courent avec,tu sais pas comment ils font,
« wé attends tu as mon forfait 2 secondes, attends » après, il faut les mettre les
skis, alors t’en as certains, c’est la classe, ils ont du niveau, tu vois, ils sont
habitués, tu sais les gens clack, clack, clack, clack, wé ! c’est où la glissade ? tu
sais toi tu fais rien que clack ton ski il fait oh, ça me rassure y’en a qui ont mon
niveau les mecs, c’est bien, après il faut se mettre en position de débutant,
position de Chasse la Neige, t’as pas l’air content de cette position, c’est ça qui
est l’avantage t’as remarqué que quand t’es débutant tu pense toujours que la
pente elle est trop en descente, y’a un mec qui dit : « wé mais c’est trop comme
ça » eh quoi tu veux comme ça monter ! t’es là comme ça tu prends ton courage
à deux mains, t’es là tu vas y aller, tu vas y aller, c’est la première fois de ta vie
que tu vas skier, t’es là, t’as le cœur qui fait, tan tan, et à ce moment là y’a un
mec qui passe, il te fou la honte internationale, super skieur genre clack clack
toi tu as pas décollé, tu es là tu regardes, et ta copine elle dit : « putain, il skie
trop bien ! » tu vois de quel genre de mec je veux parler, tu sais ces mecs
blonds, déjà il est blond, blond, très blond, blond, blond comme ça, avec des
lunettes comme ça, que si toi tu les met on dirait une mouche, lui ça lui va , il
est beau gosse avec, et il arrête pas clack clack, moi j’essaye, tu vois, je suis là
j’essaye de skier, y’a des gens devant, quand t’es débutant tu sais pas comment
faire pour les éviter tu veux leur dire poussez-vous mais tu peux pas t’as les
mains prises tu fais poussez-vous, t’arrive en bas il faut remonter, il faut prendre
les remontés mécaniques le Tire Fesse, tu connais le Tire Fesse ? c’est un truc,
tu peux le prendre, c’est jamais ton tour de le prendre, je sais pas pourquoi le
mec il veut pas, non celui là, non c’est pas pour toi, mais il est vide, c’est moi
qui décide y’a pas, sauf que toi t’es en suspense du Tire Fesse tu dis : « aller
bientôt ça va être à moi, il va me le dire, aller attention » ah! et quand il te dit
d’y aller faut pas te rater ew, il te dit maintenant, quoi, ok, rak, oh, et toi tu es

135
sur le Tire Fesse tu as peur, et tu dis : « faut pas que je tombe du Tire Fesse » en
plus la piste sur laquelle tu glisses elle est un peu bissextile, tu dis : « faut que je
tombe, faut pas que je tombe » et tu tombes du Tire Fesse, et là, t’as un réflexe,
humain certes, mais très bizarre, tu restes accroché au truc, c’est quoi ce délire !
tu pourrais te mettre à côté, attendre un autre garer, non, walou, c’est à moi ce
Tire Fesse, c’est à moi, je l’ai réservé. Tu remontes, il te manque un gan, il te
manque un ski, tu as les sourcils ils sont congelés, tu as le bonnet il t’arrive
jusqu’ici, le col roulé comme ça qui te serre, le nez qui coule, le blond son nez il
coule pas lui, y’a pas de, je crois que les blonds ça coule vers le haut le nez.
J’ai dit : « ok laisse tombé le Tire Fesse on va utiliser maintenant le Télé Siège,
le Télé Siège en fait, il faut te mettre comme ça tu vois, faut, il faut attendre que
le Télé Siège, tu sais, c’est pas toi qui le prend c’est lui qui te prend, tak, comme
ça, alors le mec du Télé Siège comme ça il nous dit : « oh yeh …. »(langage
incompréhensible) c’était un Monsieur de la montagne : « oh yeh dans, assis,
debout » assis debout, je savais pas ce que ça voulait dire ! je lui fais un truc,
einh, et là le Télé Siège, il arrive et tak, et nous voilà partis on part, on part, on
part dans le Télé Siège, et à un moment donné il se bloque, il paraît que c’est
normal, et toi tu regardes en bas et en tant que débutant t’as des réflexions tu te
dis : « si mon ski il tombe comment je fais pour le récupérer ? » j’en pouvais
plus quoi, j’ai regardé ma copine, (public : « wé ! ») C’est un sketch, et je lui ai
dit : « ma chérie viens, viens on arrête le ski 2 secondes, on va aller boire un
coup, on va aller au restaurant d’Altitude », parce qu’il y a le restaurant
d’Altitude dans les stations de ski, le restaurant d’Altitude c’est quoi, c’est un
restaurant comme tous les restaurants sauf qu’un Coca Cola ça coûte 19 Euro !
Je te jure avant de commander le Coca, tu sais t’es là, on dirait que tu vas
acheter un appart, tu dis, tu appelles des copains : « tu es sûr que ça vaut le
coup ? Je peux le revendre ou pas ! » 19 Euro le Coca ! Finalement je l’ai
acheté, j’ai dit à ma copine : « prends moi au moins en photo avec » eh je te jure
19 Euro le Coca tu l’attaques pas directe einh, tu te ballade un peu dans le resto

136
un peu comme ça, (Gad fait semblant de boire le Coca) : « aye 1 Euro ! chérie
t’as 50 Sens qui coulent ici comme ça » Sketch 5 : le blond.
Et là un mec qui mangeait un sandwich, j’ai dit : « quel frimeur ! » et le mec qui
mangeait ce sandwich c’était le blond ! T’as vu le blond quand il mange un
sandwich ! putain la mayonnaise elle sort pas, lui les tomates elles restent
parallèles, y’a aucun problème, toi tu mords dedans la feuille de salade elle
vient comme ça, t’as de la mayonnaise partout, t’as toujours une tomate elle
veut sortir la tête du sandwich pour voir ce qui se passe genre « eh oh ki rak ça
va !» il m’énerve, il était là avec ses mains de blond là, mains de blond, avec ses
avant-bras, des poils brushingués, et il mâchait, il avait des muscles de blond
qui faisaient pak pak pak, il a pas lui la feuille de salade coincée entre les dents
non, il a un système auto rotatif ou je sais pas quoi ce qu’il a dans la bouche,
c’est un fou, après il s’est mis à manger du chocolat le mec, tu crois qu’il a lui
du chocolat dans la bouche comme toi sur les dents, genre « ey oh, yo… » non,
moi déjà quand on me propose des chocolats, je tombe toujours sur le
dégueulasse avec la liqueur à l’intérieur là, eh, il est dégueulasse ce chocolat à
l’alcool, oui, les gens ils savent pas au début que c’est un chocolat à l’alcool, ils
sont contents quand tu leurs propose du chocolat, oui tu leur propose, il
font : « oui, bien sur, lila lila loum, ou la la bon lila lila loum » 2ième étape ils se
rapprochent un peu, alors « P, P, P » et quand ils se rendent compte que c’est à
l’alcool, il y a un réflexe psycho morphologique qui est le même pour tous,
clack, la main ils se baissent, ils courent « ah, ah merde » pourquoi ils courent ?
non c’est très bizarre, à ce moment là j’ai dit à ma copine : « on s’en va, c’est
fini », elle m’a dit : « on prend l’avion » j’ai dit : « non, tu sais bien que j’ai
peur » elle voulait prendre l’avion, j’ai dit : « laisse tomber » on arrive à
l’aéroport, en plus on tombe sur le blond, j’en pouvais plus, il était avec ses
enfants en train de leur parler en blond, je te jure, y’a ça, ça existe, tu sais : « eh
dis donc pitchounou loulout, up up up, et dis donc il est où ton sac ? Il est où ton
sac Bob l’éponge ? J’entends pas il est où ton sac papa te demande il est où ton

137
sac ? Tu sais pas tu le cherche, tu le trouve, tu me suis, allez up up up ! on a pas
le temps up up up ! ».
Pendant que toi t’es de l’autre côté avec ton fils, c’est autre chose : « le sac ! le
sac qui t’as dé ! il t’as donné un sac ou il t’as pas donné de sac, il va me rendre
fou ce gosse, l’avion va partir, tu sais quoi l’avion il va partir, tu vas rester, la
nuit peut être des loups ils vont venir, ils vont te manger voilà bon ».
Finalement on a trouvé le sac du petit, on a été dans l’avion, elle m’a à peine
pris le carton d’embarquement je lui ai dit : « je sais je connais la route ».
On est rentré il y avait le blond, il était là en classe blond, y’a que des blonds là
bas je te jure avec des, tu sais ils mettent des lunettes de, des lunettes en mousse
pour dormir parce qu’ils sont pas stressés, et tout ça de l’avion, et tout , peut
être qu’on va mourir et tout non non non, tu sais : « non je vois pas où est le
problème, attends la sécurité, l’avion plane à cause de la pression des ailes, je
vois pas de quoi tu parles, je dirai y’a rien d’irrationnel à un moment donné la
technologie, il faut faire confiance, totalement surréaliste d’avoir la trouille des
pétoches, l’avion qui ça fait plus de 50 ans qui plane dans les airs,
totalement… ».
Il dort le mec, les lunettes comme ça, tu sais en mousse, que tes enfants eux, ils
ont déjà fait un arc avec ces lunettes, ses enfants lui au blond, non ils sont
calmes, ils font du coloriage, et ils dépassent pas, toi ton fils il colorie tout au
tour du dessin et il te dit : « t’as vu papa je suis pas renté » et après ton fils te
dit : « papa, on a décollé, ça y est on va décoller, c’est bon on a décollé » non,
on a pas décollé, le décollage c’est quand papa il pleure.
Sketch 6 : les sports.
Quand je suis rentré j’ai dit à ma femme : « c’est pas pour moi tous ces sports,
c’est pas pour moi », le sport à par le ski, moi je le regarde à la télé seulement le
sport, sérieux, eh, je me suis dit un truc je sais pas qu’est ce que vous en pensez,
parce que je me pose beaucoup de questions, la question que je me suis posée
c’est : « qui c’est qui invente les sports ? Qui c’est qui s’est dit un jour j’ai un

138
bon sport je vais le proposer, peut être on metterait un mec qui court, et après on
lui met un carré avec du sable et s’il veut il saute, et s’il saute loin c’est bon ! et
tout », pourquoi on nous parle pas de tous les sports qui n’ont pas été accepté
par la fédération ? Celui avec les 2 ampoules où tu devais faire comme ça, et
quand tu regardes bien la télé y’a des sports bizarres, c’est étrange ! Y’a des
sports tu les comprends pas je te promet, l’autre jour je regardais les Jeux
Olympiques y’a quelques mois, y’a une course à pied où les mecs ils ont pas le
droit de courir, c’est quoi ce délire ! Les mecs ils sont là ils font : « pa la la »
t’as envie de lui dire : « mais cours ya lhmar si tu veux gagner qu’est ce que
t’es en train de faire là ? ».
Après je regardais l’haltérophilie c’est pas le sport le plus absurde du monde,
l’haltérophilie mais merde le mec il est là il soulève des centaines de kilos il
gonfle de partout, t’as envie de lui dire : « mais pourquoi tu fais ça ? Qui c’est
qui t’as demandé de te mettre dans cet état là ? Pose ça tout de suite arrête, viens
boire un coup t’es pas bien allez ew ! » Et lui il dit non : « je veux devenir tout
rouge jeune !», je comprends pas moi tous ces sports ! y’en a un autre aussi que
j’aime bien, le saut à la perche, j’aime bien quand il saute mais le mec avant de
sauter il fait un nombre de trucs, il te fait(Gad fait des gestes) tu dis : « c’est pas
possible, à quelle heure tu vas sauter ? C’est pas possible, je vais zapper je te
jure, allez arrête, vas y saute ».
Et après il te fait un petit saut avant la course qui sert à rien mais il te le fait
quand même tu le connaissais, Sketch 7 : je ne suis pas blond.
Je ne comprends pas moi ! moi y’a un seul sport que je pratique c’est la nage,
y’a pas longtemps j’étais à la piscine pour faire un peu de natation aquatique, je
rentre à la piscine, je vous jure que je vous ment pas sur qui te
tombe,(public : « le blond ») le blond et tu sais quoi avec son maillot de blond là
comme ça là, toi t’arrives avec le maillot parachute, celui qui gonfle dans l’eau
quand tu nages, ça me rasure on a le même les mecs ok, ok, d’accord, lui non il
a le petit maillot de blond avec les lunettes, tu sais ces lunettes de natation qui te

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font mal et qui te rentrent dans les yeux, et que quand tu les enlèves t’as
l’impression que tu vas enlever tes yeux et tout, lui il est beau gosse avec, « non
je vois pas le problème, je suis désolé, si t’arrives à trouver la bonne entorse,le
bon truc pour les mettre c’est bon y’a aucun problème, l’eau ne s’infiltre pas à
l’intérieur des auréoles … » tu veux lui dire : « mais comment tu fais ? moi
quand je les enlève pendant 5(cinq) semaines on me dit « waw t’as été à la
piscine ».
Le mec il est là, les lunettes, le maillot de blond, les pieds au bord de la piscine
tel un hibou, comme ça, tu sais, mais attention des pieds de blond niquel pas tes
pieds où t‘as des orteils qui disent : « laisse moi tranquille », pas des pieds où
quand t’es à la plage, tu les rentres dans le sable et après tu parles avec les
gens : « ça va wé ! Tu vas bien là ». Non les pieds niquel, le mec il est là,
l’athlète, il plonge, je te jure ça fait pas une goutte, ça fait pas un bruit, je sais
pas comment il fait. Moi je plonge, t’as l’impression que toute ma famille elle
est venue avec moi.
Pak pam le maillot il gonfle, tu remontes les lunettes elles sont comme ça ! t’as
les cheveux sur les yeux, tu rigoles tu fais (paf, ha ha ha) t’as vu ha ha tu sais à
peine nager tu veux faire le papillon « eh papillon, papillon » ou bien tu veux
faire le crolle mais tu sais jamais à quel moment il faut sortir la tête pour
respirer, « krak krak…. ».
Pendant ce temps là, il y avait des filles qui nageaient, elles nageaient des nages
de filles, y’a des nages de filles, la nage Indienne ! Parce que ça mouille que un
côté des cheveux, sérieux, et quand elle arrive au bout de la piscine elle part pas
dans l’autre sens, non, sinon elle va, non non, il faut rester en mono brushing.
Non, elle sort de la piscine, elle fait tout le tour comme ça, et elle repart.
Et le blond pendant ce temps là il faisait une nage sérieux, trop fort le mec, le
dos crollé ! mais attention le dos crollé pas comme toi et moi où t’es angoissé de
quand ta tête elle va taper là-bas, toi tu nages le dos crollé comme moi, tu fais
ça : « up, il reste de la piscine », des fois tu te fais des petits suspenses tu

140
dis : « allez je regarde pas putain », lui il regarde jamais il arrive au bord de la
piscine, il fait genre une cabriole à l’intérieur de l’eau et il repart, les mecs les
blonds ils ont des détecteurs de bord de piscine dans la tête je te jure.
Il est sorti de la piscine, il a commencé à marcher, le mec taillé en « V » comme
moi mais dans l’autre sens, je l’ai regardé, je me disais dans ma
tête : « t’inquiète, un jour je serai comme toi », je dis pas que j’ai envie d’être
blond, parce que pour moi blond c’est pas une couleur de cheveux c’est un
concept, tu peux être blond dans ta tête et brun sur ta tête et inversement
proportionnel ou égal wé .

Sketch 8 : ma femme.
Mais moi, sérieux, j’aimerai changer un petit peu, pas physiquement je sais pas
y’a des petites choses que j’aimerai changer dans ma vie, pour être plus FREX,
je sais pas je, par exemple, j’aimerai arrêter tous les mardis d’aller à la
bibliothèque jour de fermeture de la bibliothèque, et de dire : « merde c’est
vrai que c’est fermé le mardi, putain j’étais con », j’aimerai arrêter de rester
planté pendant une demi heure devant une casserole pour que l’eau elle soit
bouillante alors que c’est la plaque d’à côté qui est en train de chauffer,
j’aimerai aussi, y’a un truc que j’aimerai arrêter de faire c’est quand tu te sens
vraiment ridicule et nase c’est quand, t’as pris ta douche tu vas t’habiller, tu
retournes dans la salle de bain habillé, tu marches dans l’eau avec les
chaussettes, et tu le fais 3 fois dans la semaine. Et bien ce jour où j’aurai fait
tous ces changements, je serai prêt à aimer une femme, et je l’aimerai à la folie,
attention je serai fou d’elle, et quand je dis fou d’elle, je parle de la vraie
foudellité. Je l’emmènerai au bout du monde, et elle, elle me fera à manger, elle
me fera du poulet farci, du poulet farlà , les vacances ça sera la folie, on se
privera de rien, l’été à Vittel, l’automne à Evian, le printemps à San Pellégréno !
Je l’emmènerai chiner à Pékin et on ira ensemble main dans la main jusqu’au
Japon à Tokyo pour manger des Souchis, parce que moi, (public : « j’adore les

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Souchis ! ») Je sais pas d’où ça m’est venu (Gad boit de l’eau) c’est génial, en
plus, on avait pas répété ensemble et tout, excusez moi je bois un peu d’eau.
(public : « à la tienne ») merci, y’en a qui se le font en cachette, moi j’aime pas
le faire en cachette, tu sais ils vont dans des cachettes les artistes ils boivent de
l’eau, ils reviennent tu sais genre « ça va ! » il faut le faire devant le public, et je
sais pas si vous avez remarqué il y a une très grosse production ici, on a une
bouteille à côté là-bas.
La fille dont je vous parlais là il y a un instant,eh moi je racontais tout ça, mais
en revanche, je lui ferai l’amour pendant des heures entières sans jamais
m’arrêter, (public : « wé ») c’est un sketch aussi,tu crois que j’ai l’occasion de
dire ça dans ma vie moi, mais ça va j’ai déjà fait l’amour je suis pas con, et
même que j’aime bien alors arrête, oh la la oh la chaire d’ampoule !
La semaine dernière ma femme, elle m’a posé une question elle m’a dit : « wé
quand on fait l’amour j’aimerai que tu cris mon nom, pourquoi tu ne cris pas
mon nom ? » Je lui ai dit : « j’avais pas envie de te réveiller ! »
Il y a une dame elle a fait « ah, autant le début du spectacle, il était rigolo, le
côté fantaisiste maghrébin gesticulant n’était pas désagréable, mais par la suite
il a basculé dans une vulgarité terrifiante, ah non, il a oublié qu’il état à Lyon
enfin », Mais je le dis dans toutes les villes, que Lyon c’est comme ça ! Mais
non, non, non je déconne madame je plaisante, moi je suis pas comme ça,
j’oserai jamais, moi je suis fou amoureux, moi j’ai une copine et tout, je suis
tellement amoureux d’ailleurs que, mais attends qu’est ce qu’il y a !
(Spectatrice : « je t’aime ») tu m’aimes ! (Spectatrice : « wé ») comme un fou,
comme un soldat ou comme une star de cinéma ? Et non moi je suis tellement
amoureux que je suis jaloux tu vois, ça te conviendrai pas je suis jaloux, mais
grave, jaloux mais jaloux, (spectatrice : « ça fait rien ») tout le monde c’est
comme ça, sérieux, jaloux mais attention, pas jaloux tranquille, pas jaloux
genre, pas jaloux laïque, pas jaloux genre : « dis donc chérie, c’était qui le
monsieur qui était avec toi hier ? Juste pour info, juste pour, juste pour

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info ! einh ! Une connaissance ! Autant pour moi ! » Ah non, non, moi je suis
pas comme ça ! Moi je suis jaloux ! La possessivité, tiz, des fois elle sort de sa
douche je lui dis : « t’étais où ? » Mais heureusement moi je me suis fait soigné
j’ai pas peur de le dire einh ! j’ai été voir quelqu'un pour ça.
Voir quelqu'un veut dire voir un Psy je vous le dis tout de suite einh, les gens
quand ils voient des psys, ils disent pas on voit un Psy ils disent : « je vois
quelqu'un, t’as quelqu'un toi ? Moi je vois quelqu'un depuis longtemps wé » ou
bien ils disent : « je me fais suivre, tu te fais pas suivre ? » je peux te dire que
moi le jour où j’ai l’impression de me faire suivre je vais voir quelqu’un.
Moi, j’ai été voir ce psy, parce que j’étais trop possessif mais je vais plus le
voir, il m’a énervé, j’ai appris qu’il avait d’autres patients, ça m’a rendu dingue
sérieux, mais bon j’ai guéri, je vais beaucoup mieux ça y est maintenant on se
fait des supers soirées, on va au cineuche,(un spectateur rit) truc du dos crollé là
tu rigoles, ce soir à Lyon chacun son rythme einh, je sais vous n’êtes pas tous
venus ensemble, vous avez chacun votre vie, mais moi ça peut me rendre
dingue parce qu’il faut que je gère partout. Sketch 9 : le cinéma
Américain.
Mais sérieux on a été au cinéma, moi j’aime bien regarder les films Américains
parce qu’il y a plein de musique alors tu pleures, t’es ému dans les films
Américains, ils sont forts les Américains, parce que des fois ils te filment des
trucs qui sont pas très émouvants mais avec la musique tu pleures, ils peuvent te
filmer un mome en train de se brosser les dents, tu peux pleurer je te jure, le
mec il s’arrive devant la caméra comme ça et « ha, ha and the rain is full, you
know I kharbak my life, the fulling round, and pelling round, sketch around the
sketch, but I have one fucking question right now and you have to answer my
fucking question man ! Just one fucking question: « where is Bryan? » I’ve been
looking in the kitchen, he has been all his fucking life in the kitchen, and there
is no Bryan any more in the kitchen man, I’ve been looking in the bathroom, oh

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it’s raining to day where is my umbrella ? Bryan ! Bryan ! Where are you
Bryan?
Il faut sauver le soldat Bryan ! Ha, ha, oh, ha » c’est comme ça qu’ils pleurent
dans les films Américains « ha oh ah eih » je pleure en Anglais là « oh madame
Allsaint ! Monsieur Ingalls est triste, ça fait longtemps qu’il n’a pas coupé du
bois, il joue tout seul du violon avec un pied sur la cheminée et Alamonzo est de
plus en plus lunatique, vous n’avez pas vu Bryan par hasard ? Si ! Derrière moi,
oh, il est allongé non Bryan I will you decedied, Bryan ! Oh ah he, pourquoi t’es
sorti de la cuisine ? ».
« Oh ah ah », tous les soirs quand je joue ce moment de spectacle je me dis la
même chose, je me dis si j’étais né aux Etats Unis je serai un acteur Américain !
Sketch 10 : I’m a Morrocan.
Je suis né au Maroc, (Gad boit de l’eau) ce qui est bien quand t’es Marocain,
quand tu vas aux States, si tu sais comment leur dire que t’es Marocain en
Anglais tu passes pour un Américain, moi j’adore faire ça, ils me demandent
d’où je suis, on me dit : « where are from ? » et moi je réponds : « oh I’m
Moroccan » et là ils disent : « Really ! From America? » Et là tu dis : « from
Morocco » ça passe !
En France c’est différent, en France, il existe encore et il subsiste encore
malheureusement quelques clichés, moi j’aime pas les clichés ça me dérange,
j’aime pas, j’aime pas les gens qui me disent : « ah, t’es d’origine Marocaine ! »
tu dis : « oui » il dit : « putain j’adore le couscous ! » c’est quoi ça ? Tu me vois
comme un couscous c’est ça ! je viens d’un pays avec sa culture, avec son
histoire, de quoi tu me parles ! c’est comme les journalistes qui me disent :
« oui, vous avez pas l’impression que dans votre nouveau spectacle vous reniez
un peu vos origines ? » je dis : « non pourquoi ? » on me dit : « parce que vous
parlez normalement » tu crois toute ma vie je vais parler comme ça, tu crois que
je suis venu en France j’ai fait une cure de 10 ans d’intoxication de moi-même
ou quoi ? cela dit ça serait drôle s’il y avait des cures pour que les mecs qui

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perdent leur accent, qui renient leurs origines, ça serait triste, mais ça serait
assez drôle de voir comment ça se passerait, tu sais les mecs qui doivent prendre
un traitement, et si un jour un mec en pleine réunion il craque, il a pas pris le
traitement, ça fait 30ans qu’il est en France, il a un poste très important, il fait
une rechute devant 30 personnes, démasqué un beau jour comme ça, il est là en
pleine réunion : « il est vrai que j’aimerai voir à la fois subsister deux écoles de
cette entreprise à la fois la stratégie, documentalisée sur la plus part …… les
comprimés, également l’infrastructure reconnue salutaire » ah ces clichés ça
m’énerve, c’est aussi quand les gens, tu sais, t’es en soirée, ils savent que t’es
Marocain et tout, et il suffit que le DJ mette une chanson Orientale, tout le
monde se retourne vers toi, genre c’est ta chanson, voilà ! et ils pensent que ça
te fait plaisir, tu sais ils te disent : « allez up abdoullah et compagnie là ou je
sais pas quoi là, et dis donc einh les rali ralou rala ou je sais pas quoi là, You,
You les indiens et compagnie allez up up up » ça m’énerve ces clichés, on est
tous différents mais je sais pas moi ces clichés, je les prendrai, je les tuerai, je
les tordrai, je le metterai sur une place que je baptiserai la place des clichés.
(Gad boit de l’eau) Sketch 11 : je bois de l’eau.
« Qu’est ce qui boit comme eau ! Il n’a pas arrêté, une phrase, une petite
lampée, une lampée et une phrase, et en plus de ça il bafouille, et va savoir si
c’est de l’eau ! » non madame moi je bois que de l’eau je vous rassure, il y’a
des artistes qui prennent de la drogue, ça existe, moi je suis contre la drogue,
einh d’ailleurs y’a pas longtemps, euh, je sortais de chez moi, c’est vrai, je viens
de me souvenir, et il y’a un mec, un dilleur de drogue qui m’interpelle, il m’a
dit : « eh eh » je lui ai dit : « arrête ça me fait peur tes conneries, qu’est ce que
t’es entrain de faire là maintenant ? » ,«je veux la drogue » je lui ai dit : « non
non tu aimes la vache qui rit ou pas ?», ça là déstabilisé, vous savez quoi faire
les jeunes si on vous propose de la drogue maintenant.
Moi je bois de l’eau c’est beaucoup mieux, c’est con qu’ils mettent pas la
recette moi j’aimerai bien en faire chez moi il faut faire gaffe, einh, c’est pas

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parce que c’est de l’eau que tu fais n’importe quoi, moi un jour j’ai bu tellement
d’eau, j’ai fait un coma hydraulique.
J’ai un copain à moi dans l’équipe, c’est un fou furieux, le mec c’est un génie, il
a inventé l’eau en poudre ! Quand il nous l’a apporté on lui a dit : « avec quoi tu
veux qu’on la mélange ? ».
J’aime bien moi ce moment du spectacle moi, c’est une vanne qui passe, t’as
l’impression que le public il écoute du Jazz, tu sais il fait (Gad fait des
grimaces) non moi si je bois de l’eau c’est réellement et je vais être honnête
avec vous c’est parce que ça fait chanteur, les chanteurs ils boivent de l’eau tout
le temps dans les concerts. « Wé my name is… ».
Après ils jettent les bouteilles dans le public et tout et les gens : « wé une
bouteille en plastique » j’ai jamais compris ouai tu sais, dans les concerts ils
sont là wé ! ils allument les briqués, « ah tellement que tu chantes bien ça me
brûle les doigts ». Sketch 12 : les comédies musicales.
Moi j’aime bien les chanteurs. Je vais beaucoup voir les concerts, beaucoup,
beaucoup, surtout les comédies musicales, j’adore ça, y’en a eu plein einh, avant
y’en avait pas en France, maintenant y’a que ça, que des comédies musicales
que des : « fais la guerre et fais l’amour, fais l’amour et fais la guerre, fais
l’amour, fais la guerre » j’aime bien les paroles « on fais la guerre, on fait
l’amour, tu l’as déjà dit ».
« C’est nous le, ce soir, c’est nous, c’est demain ! » avec des paroles profondes
des fois je te jure, « aimer c’est bien » la seule chose que je comprends pas dans
les comédies musicales c’est que les mecs, ils parlent d’abord, après ils te
chantent qu’est ce que le mec il avait déjà parlé, je sais pas si tu vois ce que je
veux dire, tu sais il arrive, il lui dit, il joue un peu la comédie, il dit à son
partenaire : « mais je te dis que la reine était dans son château et qu’elle
t’attendait » l’autre il lui fait : « tu m’as dit que la reine était dans son château,
et qu’elle m’attendait hé hé hé » il l’avait dit qu’est ce que t’es en train de faire
toi là maintenant ! « Oui des brigadiers traînent au tour des carrosses il faut

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quitter la ville » « des brigadiers …» « vivre dans un donjon c’est difficile pour
une fille de 11ans qui a la pneumonie » « vivre dans un donjon ! Vivre dans un
donjon c’est difficile pour une fille de 11 ans, qui à la pneumonie, vivre dans
un donjon, et y vivre dans un donjon c’est difficile pour une fille de 11ans, oh
oh oh, yeh, yeh eh, na na na, don, don, c’est difficile pour une fille de 11ans qui
à la pneumonie ».
Bon, ok, dans les comédies musicales, y’a toujours les gentilles comme je viens
de vous faire, mais vous avez remarqué qu’il y a les méchants aussi, qui arrivent
au moment donné où tu t’y attends tu sais, dans les comédies musicales, ils
arrivent avec des chorégraphies de méchants et des habits de méchants, et ils
font : « c’est nous les méchants, on va tous vous tuer chers innocents, on est les
méchants, les méchants…. » Et là le chef des gentilles il en a marre oh ! Il en
peut plus, il les regarde d’un air d’autoroute. Et dans un texte faisant l’apologie
du bien sur le mal très sincère et très bien écrit il leur dit : « pourquoi vous faites
ça ! c’est pas très bien d’être méchant, c’est mieux d’être gentille, dans la vie il
vaut mieux être riche et en bonne santé que pauvre et malade comme un chien
pourquoi ?» et c’est pas fini, c’est pas fini, j’ai oublié une, la fille, à la fin la fille
avec les bouclettes blondes qui arrive, elle est triste avec la belle robe, elle est
là, elle arrive, et comme toutes les nouvelles chanteuses, elle commence sa
chanson par : « oh, oh, hi, hey, oh » et les paroles sont bien : « pourquoi être
amoureuse de 4 personnes ? Ça fait souffrir, pourquoi vivre dans un donjon
jusqu’à sa mort ? ça fait mourir, yeh, yeh, oh, maman j’ai peur des méchants,
ah, oh, oh, la la, li, attention, maman, j’ai peur des méchants oh ah oh la la, et
j’ai la pneumonie ».
Merci pour elle, c’était bouclette, Sketch 13 : R’N’B.
Et sérieux les nouvelles chanteuses, elles chantent comme ça vous avez
remarqué qu’elles articulent plus, elles font : « hey ha he » elles ont un forfait
voyelle. Si dans la chanson elles doivent dire : « je te dis que t’aime » elles
font : « he he dis que he » vous savez chantez en français !

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Bon ça c’est pas grave parce que dans le R’N’ B les mecs ils font mieux, en plus
ils inventent des mots, des mots qu’on ne connaissait pas en France, pour que ça
fasse beaucoup plus, tu sais, les mecs ils sont là ils commencent la chanson ils
font : « moi je stop sur mon flexe », ton flexe ! « wé ! Quand je stixe ma valse le
danse floor se brexe et se fluxe dans la valse » de quoi ça s’agit ! C’est une
ordonnance ! Et les paroles sont intéressantes c’est toujours des histoires
d’amour dans le R’N’ B francophone entre un mec et une nana tu sais
genre : « je lui dis donne moi ton numéro, ha ! Elle m’a dit j’ai pas mon
portable sur moi, elle m’a dit donne moi le tiens, ho, je lui dis je suis pas un
bouffon, fa fa fa fa fa fon ! » deuxième couplet « je t’ai laissé 3 messages ja ja
ja,je, comment t’as fait t’avais pas mon numéro ! Ah wé c’est vrai je crois que
c’était un texto, et bun je te signale qu’il faut quand même le numéro, wé wé,
wé c’est vrai mais pas autant, je crois même que c’était pas un texto, c’état un
SMS, et bun je te signale que texto et SMS et bun c’est la même chose, que
texto et SMS c’est la même chose » (le public applaudie et chante) ah non, c’est
pour ça !
Je comprends pourquoi ça marche ! Vous en voulez ok ! yeh yeh spéciale
dédicace à Lyon ici ce soir avec de la R’N’ B hey, on va inventer des mots
(Gad chante) : « hey hey ça va Lyon ! je lui dis donne moi ton numéro oh, elle
m’a dit j’ai pas mon portable sur moi, elle m’a dit donne moi le tiens, je lui dis
je suis pas un bouffon fa fa fa fa fon , je suis pas un bouffon, hey donne moi ton
numéro, je suis pas un bouffon hey je m’appelle pas Bruno, je suis pas un
bouffon, eh donne moi ton numéro, je suis pas un ah, ah, j’étais en bas de chez
toi, j’ai mis mes mains de part et d’autre de ma mâchoire, j’ai fait vibrer ma
luette, ça a fait tremblé ta fenêtre, et tu m’as dit, je suis pas un bouffon eh donne
moi ton numéro, je peux pas un bou yeh yeh , je suis pas un bouffon yeh donne
moi ton numéro, je peux pas un bouffon, yeh, je peux pas un bouffon, yeh, yeh,
je peux pas un bouffon (4) Lyon ! wé wé hey hey allez comme ça, allez voilà, je
peux pas un bouffon yeh yeh yeh ».

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Merci ! Lyon est sur le flexe ! (public : « wey ») arrête on sait pas ce que ça
veut dire, y’a pas longtemps j’étais dans un concert R’N’ B le mec il a dit :
« tout le monde est sur le flexe », j’ai dit à ma copine : « qu’est ce que je dis,
j’ai pas compris, je sais pas, qu’est ce qu’il faut faire ? », après il a dit : « tout le
monde stique ça va et bombe flexing de brixing de nece » je lui ai dit : « je peux
pas te répondre, laisse moi réfléchir t’es fou toi », Sketch 14: j’ai envie
d’être chanteur.
Ah non ça va pas ou quoi ! Non mais c’est cool, je me moque un peu et tout,
mais franchement c’est, pourquoi je fais tout ça ? Pour chanter, parce que
depuis que je suis mome je voulais être chanteur moi, (Gad boit de l’eau) tu sais
quoi, j’aimerai aller faire des concerts, tu sais, tu arrives dans des salles comme
ça wé ! Bonsoir ! wé tu sais avec des cheveux de chanteur et tout, j’arriverai ici
genre, tu sais, bonsoir !(public : « wey ») Arrête ça va pas oh ! tu sais quoi,
quand il y’a des trucs comme ça, je me dis toujours la même chose, on fait un
métier grâce à Dieu, un métier vraiment super quoi, tu connais toi des métiers
où t’arrives au travail tu dis : « bonjour tout le monde ! » ils te font :« wey »
essaye lundi au bureau, je sais pas ou tu travailles, t’arrives tu dis : « bonjour est
ce que ça va bien ! » « Et dis donc il a craqué son slip ! ».
Et franchement ça fait du bien, mais un jour je viendrai avec des musiciens ici
dans cette même salle, et j’arriverai avec une guitare et je dirai : « bonsoir
Lyon ! Et ça sera le feu dans toute la salle », (Michal apporte une guitare), non
non arrête, sérieux, Michal ! bon allez oh, je m’y attendais pas en plus, j’étais
surpris, j’ai dit guitare, tak il amène une guitare, waw, waw ! Si je dis Nicole
Kidman tu l’amènes ! (public : « petit oiseau, petit oiseau ») ok, ok, je peux pas
ne pas la faire, c’est la seule que je connais, non mais je me rappelle pas des
paroles parce que en plus ça s’est compliqué, non j’aimerai juste avant de
chanter une chanson si vous me le permettez de dédier ce spectacle à ma maman
qui est tranquille dans la salle ce soir à qui je fais un gros bisou voilà, (public :
« weh ») merci !

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C’est pas vrai, elle est pas là, je comprends ce que vous ressentez, vous vous
sentez trahis, j’aime bien le faire ce truc là, c’est ce qu’on appelle en
psychanalyse un ascenseur émotif, c’est à dire, en un instant de 2 secondes et
demi on est très ému et très déçu, j’ai même vu le regard de la dame quand j’ai
dit à ma mère je lui fait un gros bisous elle à dit : « ah ça c’est gentille !» après
elle a dû dire : «salaud, oh, tu m’as trahi oh ! » ma mère elle est pas là, ma mère
si elle était là elle serait sur la scène en train de rigoler, à un moment donné elle
vous aurait dit : « stop vous rigolez, mais c’est moi l’auteur de l’auteur » et que
Dieu me la garde c’est ma plus grande source d’inspiration, elle se rend même
pas compte, même les plus grands mecs du stand up Américain ils ont pas des
vannes aussi fortes que celles de ma mère. Tous les soirs après le spectacle
quand je lui téléphone parce que je suis obligé, elle me pose la même question
étrange, elle me dit : « alors, y’avait qui ? » elle a pas percuté que c’était mon
métier et que tu vois, elle croit qu’on se connaît super bien, et que après, on va
bouffer ensemble, tous ensemble, le public et tout, et après on va faire la fête,
(public : « weh ») mais arrêtez c’est impossible, même si je le voulais, même si
vous vous le vouliez, t’imagines on est 2000, quand on sort d’ici on dit quoi ?
On se suit ! Imagines on arrive en boîte sur Lyon : « bonsoir on est 2000, 2
tables de 1000 ! » le mec le portier : « allez ! Y‘a une bourse de travail et moi »,
en attendant on est là et c’est ça qui est bien quoi.
Franchement ! j’ai jamais compris un truc moi, c’est les guitaristes quand tu les
regardes à la télé ils font des têtes avec leur visage, alors que c’est avec les
mains qu’ils jouent, tu sais, les mecs ils sont là et(Gad fait des grimaces).
(Gad joue de la guitare) Ça va Lyon ! (Public : « weh ») oh, ah, spéciale
dédicace (Gad chante): « petit oiseau si tu n’as pas d’ailes, tu peux pas voler,
nouvelle version, tu peux pas voler, eh, eh, petit oiseau si tu n’as pas d’ailes,
tu peux marcher, eh, eh, tu peux marcher, na na na, oh, la, la, la, la, la », ça va
toujours Lyon ! (Public : « weh »), (Gad lève son bras pour saluer le public) ah
merde, ah pardon, « einh la la, ça va Lyon ! wèh » quel con !

150
Je voulais faire comme dans les concerts, tu sais ils font ça, parce que, ah, là, je
l’ai raté, ah ça gâché tout parce que tu vois, ah merde, parce que j’avais vu
Patrick Bruel il avait fait un jour comme ça dans un concert « ça va ! » sauf que
lui, il y avait un mec qui jouait derrière. Sketch 15 : l’Europe en
chansons.
« Mes dames, mes demoiselles, messieurs, je suis vraiment ravi de vous
accueillir ce soir à l’Eurovision 2005 (Gad chante) : « In de blukhen van de
blukh, ah nikht, vlat de loft, un nakhion, un flakhion, in nay de blukh, ton poins,
un, …, in the lay, in the lie, in the…tous ensemble », vous voulez pas chanter en
IKEA ? « In of lay, In of lay, la, la, ah, oh » j’ai fait une rechute merde, « hey,
eh, eh, mm, » (le public fait des You You) Allah Allah Allah «la la la oh».
Entracte. Sketch 16.
Merci ! Merci ! Merci beaucoup.
(Michal reprend la guitare) attends je kif un peu, Michal ! Attends reste un peu,
kif un peu, c’est filmé tu profites, qu’est ce que tu voulais me dire ? (Michal
donne à Gad son téléphone portable) sérieux ! Mais je peux pas l’a rappeler !
Mais je l’a rappelle tout à l’heure ! Attends je rêve un coup de fil en plein
spectacle, n’importe quoi, excusez-moi, oh la la je te jure, non mais je rêve
(public : « maman ») non même pas ! Attends, Gad met un masque « wé, allo,
wé ça va ! Qui c’est ! Tu sais pas, wé c’est vrai je t’appelle en masqué, tu veux
savoir qui c’est ? op la ! » (Gad enlève le masque) einh, « bon allez, tiens
regarde voilà, wé voilà, c’est toi qui a essayé de m’appeler avant le spectacle ?
parce que j’ai eu un appel numéro inconnu mais le même que le tiens, ah ok,
non là, je suis à Lyon wé, en plein spectacle, wé wé vraiment bien, bon clarma,
bonne vague, de bonnes énergies, wé » (public : « weh ») « regarde, t’entends,
wé franchement que du bonheur, wé wé, la paix, bien, zen, cool, enfin wé voilà,
j’aime bien quoi, et, non je suis à peu prés à la moitié du spectacle, j’ai fait la
première moitié pour l’état, je commence la deuxième pour moi tranquillement

151
quoi, wé, wé, wé, ok d’accord, ok super, je sais pas on va voir ce qu’on va faire
après, je suis avec des amis, tu réserves quand même de la place, » (public :
« weh »), « ok, d’accord, niquel, ok, super, ok, d’accord, ok, top, cool, ok, kiss,
peace, love, peace, top, cool, ok, yes, top, ok, flexe, ok, tu raccroches toi ou je
raccroche moi ? Pardon, on ? On raccroche à 3 ah bon ! Mais on ne peut pas on
est que 2 là ! D’accord, ok, ok je te rappelle tout à l’heure, ok, peace, love, kiss,
moah, ciao, clak, ah, mm, ciao ».
J’aime bien quand vous applaudissez parce que je peux boire de l’eau, Gad boit
de l’eau, j’ai tout fini !
Oh la la, bon maintenant, ça va être le moment un peu coup de gueule du
spectacle, c’est un peu mon quart d’heure guibeudoze là.
(Un spectateur rit) Ce soin y’a des gens, ils sont à leurs rythmes, chacun il…non
sérieux, j’ai un coup de gueule parce que hier j’ai passé un coup de fil, j’ai fait
un faut numéro, mais je m’étais trompé que d’un seul chiffre, je trouve qu’un
seul chiffre c’est pas grand chose ok ! et bun moi je pense personnellement, je
sais pas qu’est ce que vous en pensez mais quand on se trompe d’un seul
chiffre, on ne devrait pas tomber sur quelqu’un de totalement différent de la
personne à qui tu voulais parler à la base non ! Et il y a un autre truc qui
m’énerve un peu c’est quand par exemple ton numéro c’est : 06 20 30 je sais
pas quoi, y’a des gens qui t’appellent, ils disent : « bonjour, je suis bien au 06
98 12 13 57 75 ? » t’as envie de lui dire mais qu’est ce qui se passe, t’en as pas
un de bon dans tout ça, de quoi tu me parles ? sérieux ça arrive, mais bon, c’est
fini, j’ai pas envie de m’énerver trop, on est là pour rigoler, pour faire de la
musique, moi j’ai pris mon plaisir, j’ai réalisé une partie de mon fantasme tout à
l’heure, je vais les écouter, mes copains qui me disent à chaque fois : « vas y
chante, de toute façon t’as que 33 ans » ils disent aussi : « tu les fais pas
d’ailleurs ! » j’ai jamais compris ce que ça voulait dire einh ! Faire son âge !
Genre, les gens qui te disent : « tu les fais pas ! » j’ai jamais compris, comment

152
tu fais ? Vas y fais comment tu fais 33 ans ? Vas y allez, vas y je vais te faire
40 après !
C’est comme les gens qui disent aussi : « j’ai 32 mais je vais sur mes 33 ! » ça
veut dire quoi ça ? Eh tu vas où attends ? « Je vais sur mes 33 ! » ok tu reviens !
« Bun non tu peux pas revenir ! ».
Cela dit 32 ou 33 ou quelque soit mon âge, franchement, mais bon, dans ma vie,
c’est comme ça, j’ai jamais fêté d’anniversaire, jamais, ouai de toute ma vie,
(public : « oh! ») ouai, (public : « ce soir !») ouai mais c’est pas ce soir mon
anniversaire, mais non c’est pas ce soir (le public chante: « joyeux anniversaire,
joyeux anniversaire, joyeux anniversaire Gad, joyeux anniversaire »).
Merci, comment vous saviez que c’était aujourd’hui ? ça me fait plaisir mais
franchement c’est pas ce soir, c’est, c’est pas, c’est pas la même, c’est comme si
par exemple tu voyais un joueur de foot dans un restaurant entrain de manger, et
tu lui dis : « allez, vas y marque un but ! » et tout, il va te dire : « c’est gentille
mais y’a pas le contexte pour » , tu vois, non, non mais c’est gentille moi ça me
touche beaucoup, c’est pour la première fois de vie que j’entends cette chanson
qui m’est destinée pour moi, (public : « oh ! ») Je te promet non sérieux arrête,
tu connais pas ma vie ok ! Si tu connaissais ma vie ok !
J’ai eu une enfance un peu particulière, on était 3 enfants, un de chaque sexe, ce
qui nous a toujours, beaucoup frappé chez mon père, c’était ses mains !
Comme tous les enfants du monde, on jouait à cache cache, sauf que pour moi,
le problème, c’est pas qu’on ne me trouvait pas, c’est qu’on ne me cherchait
pas, j’ai passé des journées entières dans des placards à dire ça y est je suis
caché, je comptais jusqu’à des fois 13000 !
Après, j’ai eu une scolarité chaotique, mais c’était pas de ma faute, c’était tout
simplement parce que j’étais trop sentimentale, trop affectif, je m’attachais trop
à chaque classe, je n’arrivais pas à me défaire, et aussi pour ne pas vous mentir,
parce qu’à l’école, moi je trouve, et avec un peu de recul, s’il y a des jeunes
vraiment, ne prenez pas exemple sur moi, je parle pour moi, mais, franchement

153
je pense que des fois, on ne nous intéresse pas beaucoup, on nous apprend des
choses qui sont pas très intéressantes, (public : « wé »), voilà, quoi, y’a des
choses, tu te dis mais, par exemple si je vous dis ici ce soir, racine carré de 25
vous dites (public : « 5 ») 5 ok et alors ! ça t’as déjà sorti d’une galère ce truc !
Tu t’es déjà dit en sortant d’une soirée : « heureusement qu’on la connaissait
cette racine, sinon on était dans la merde ! », t’es déjà sorti d’un appartement
que t’as visité en disant à l’agent immobilier : « écoutez, on l’aime bien, mais
on le trouve un peu isocèle quand même !».
Attends, est ce que depuis que t’es sorti de l’école, ok, t’as déjà réutilisé dans ta
vie, un compas ? le compas ! sortez tous vos compas ! moi j’ai jamais dit à ma
femme allez : « chérie, sors le compas, on a des invités allez ! ».
Et en plus, les exercices, regarde avec quoi tu commences la vie, quand t’es
mome, t’as vie elle commence avec des exercices qui s’appellent « des
problèmes », des problèmes c’est comme ça que t’apprends l’éducation de base,
le prof il rentre dans la classe : « allez sortez les cahiers on va commencer les
problèmes ! ».
Le mome il rentre chez lui à la maison, son père lui dit: « t’as fait quoi
aujourd’hui à l’école ? » il dit : « des problèmes ! », et toi papa au travail : « des
problèmes ! », « et toi mon fils c’était quoi le problème ? » alors là super einh :
« une baignoire se remplissant, à 4 litres d’eau toutes les 47 secondes, toutes les
47 secondes, si je commence à remplir ma baignoire à 19h 12, sachant qu’il y a
un trou dans ma baignoire, laissant échapper 7 litres d’eau toutes les 9 secondes,
si je fais une interruption de remplissage de ma baignoire à 20h 16 et que je
reprends à 20h 19, tout en sachant que pendant les 4 dernières minutes de
remplissage j’ai essayé de boucher le trou avec la moitié de mon doigt, à quelle
heure aurai-je 29 litres d’eau dans ma baignoire ? »
Ah ouai ! « Et toi chéri, qu’est ce que t’as répondu ? » « J’ai dit je prends la
douche ».

154
Ah non c’est vrai, moi, il y a une seule matière que j’aimais bien à l’école, la
musique, vous voyez vous riez Gad boit de l’eau alors que vraiment c’est
sérieux j’adorais la musique, mais malheureusement quel était l’instrument
imposé ? (Public : « la flûte ») la flûte, c’est quoi ce délire la flûte ! Pourquoi ils
imposent la flûte ? Ça veut dire quoi ça la flûte ? Je veux faire de la musique,
« la flûte, c’est ça la musique y’a pas de » mais je veux jouer moi de la batterie,
« tu fais la batterie comme ça avec la flûte » je veux de la guitare « tu fais la
flûte comme ça » pourquoi la flûte ? Qui s’est qui a inventé ce truc de flûte ?
C’est un truc politique ? C’est un business qui est maqué avec le ministère de
l’éducation qui impose la flûte ? C’est quoi ce délire ? Pourquoi la flûte ?
Qu’est ce qui se passe ? Qui s’est qui a dit il faut la flûte ? Tu connais un gamin
dans ton entourage qui est devenu flûtiste professionnel grâce aux cours de
flûte ?
En plus tu peux pas avoir de bonnes notes en flûte, c’est impossible, dés que tu
essayes de répéter à la maison, tes parents te disent : « arrête cette flûte ! ».
Et j’ai un autre souvenir d’enfances, après j’arrête einh, parce que ça me rend
un peu triste mais, je me rappelle quand on voulait que ma mère elle nous
achète quelque chose et que elle, elle voulait pas, ou qu’elle pouvait pas, elle
nous disait : « écoute moi bien, ton père c’est pas Rod Child einh ! ».
Et nous on ne savait pas qui c’était ce mec, ça nous a angoissé toute notre
enfance, parce qu’on se disait ok, c’est pas Rod Child mais c’est qui ? Pourquoi
elle nous dit ça ? des fois on était à table comme ça, et mon frère me disait :
« regarde, regarde, papa, c’est pas Rod Child, regarde le bien » et tout.
Et un jour j’ai rencontré le vrai Rod Child je te promet, je vais vers lui, on me le
présente, tu sais quoi, toute mon enfance elle est venue ici comme ça, je l’ai
regardé, je lui ai dit : « maman elle m’a tout dit », il m’a dit : « comment, qu’est
ce qui se passe ? je comprends pas ! » je lui ai dit : « c’est pas toi mon père ! ».
Gad boit de l’eau, et non non, il faut qu’on arrête de parler de ces trucs
d’enfance parce que moi ça me rend triste, je propose qu’on reprenne le

155
spectacle, the real show vraiment le show stand up à l’armoricaine einh, all right
ladies and gentlemen let’s go !
(Éclairage sur le public) eh arrête, il est fou le mec des lumières, il a éclairé le
public, tu fais jamais ça, t’es fou ! J’ai vu des gens et tout, il y a des gens
bizarres, vas y refais ! (Eclairage sur le public) waw ! y’a des jolies filles !
(Public : « wé ») pas autant ! Sketch 17 : les grands magasins.
Ah la la, j’aime bien ma petite chaise, vous savez où je l’ai achetée cette
chaise ? (Public : « IKEA ») IKEA comment tu le sais ? Comment t’as réagi au
quart de tour, IKEA ! Je l’a reconnais, le modèle click et cluck.
Quoi, c’est les références chez IKEA, le genre de truc que t’assume pas, tu sais,
moi je suis sûre que le blond il doit assumer ce genre de choses, tu sais le mec là
le blond, il doit aller là bas dire : « il vous reste des bibliothèque floodybulg ? »
Y’a IKEA à Lyon ? (public : « oui ») ça va, oh, c’est pas une fierté nationale, je
parle pas d’un poète qui est né dans la région, c’est que IKEA einh !
Moi j’aime pas IKEA, enfin c’est pas que j’aime pas IKEA c’est pratique, mais
j’aime pas y aller quoi, même les grands magasins j’aime pas parce que déjà à
chaque fois que tu dis que tu vas y aller y’a quelqu'un de ta famille qui veut
venir avec toi, ça m’énerve, et s’ils viennent pas avec toi ils te demandent de
leur ramener un truc comme si t’allais dans un pays lointain.
En plus, quand tu arrives dans ces magasins, c’est le temple de la dispute des
couples, tous les couples ils s’embrouillent là bas, y’a que des femmes entrain
de dire à leurs maris : « je te dis que c’est par là les assiettes », et des mecs
entrain de dire à leurs femmes : « fais voir, wé prends le, ça rentrera jamais mais
prends le ».
T’as vu chez IKEA on te donne des mètres en plastiques pour mesurer ce que tu
vas acheter, au début tu mesures que ce que tu vas acheter et petit à petit, ça
devient une maladie bizarre, tu veux tout mesurer, comme si t’avais un pouvoir,
tu dis : « putain, tout est mesurable », tu passes devant un lampadaire, tu fais le
tour tu dis : « ah 47 ! J’aurai dit plus ! ».

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Après tu vas à la caisse, tu veux te faire livrer, on te dit le jour de livraison mais
jamais l’heure de la livraison, ils travaillent sur le suspense, la dame me regarde,
elle me dit : « on ne peut pas vous dire l’heure je suis désolée, mais en
revanche, on peut vous donner une fourchette » je crois que on en avait déjà
acheté chez vous, je vous rappelle, « mais non enfin Monsieur, une fourchette
voyant » c’est à dire ! « Bun entre 8h et 18h » ah ça c’est un râteau ça madame !
En plus quand on te livre il faut que tu montes le meuble toi même, moi qui suis
jamais arrivé à monter un jeu qu’il y a dans le kinder là, qu’est ce que tu
racontes !
Ils sont durs ces jeux à monter dans le kinder, je suis désolé, attends ils sont
galères à monter, tu met 2h, le mome, il a l’œuf en chocolat, il a fondu déjà
partout, et toi t’es là, au bout de 2h tu craques, tu lui fais croire qu’il y avait que
un chapeau de Lucky Luck dedans, tiens voilà, ils ont mis que un chapeau, je
sais pas, c’est bizarre einh, après t’essayes de parler avec lui mais il a 3 ans, t’as
déjà essayé d’avoir une conversation avec un enfant de 3 ans ! c’est comme si tu
parlais avec un mec qui est bourré, sérieux, c’est pas possible, je te jure, le mec
il est là il fait : « et quand mami, à la piscine, elle disait à la cantine et toujours
un avion et les autres ».
Non mais, je sais pas le blond lui il a l’habitude, je sais pas, tu sais, ses enfants
ils doivent avoir chacun leur caisse à outils et tout, laisse tomber, « allez,
pitchounou, louloute, chacun sa caisse à out ».
Caisse à out ! ok, caisse à out einh ! « On y va ».
En sifflotant clak clak boom boom attends, toi t’es là tu regardes le meuble il est
posé tu dis à ta femme : « chérie, un tournevis ! Y’a pas ! Alors un couteau
pointu ».
Lui en sifflotant, il t’as monté la bibliothèque, il a mis les livres dedans, il en a
lu 2, toi à chaque fois que tu montes une seule étagère, tu dis à ta femme : « ah,
tu as vu einh ! Alors, c’est moi ou c’est pas moi einh ! ».

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Après tu lui dis : « je vais manger, on continuera après », non mais c’est vrai, je
sais pas comment il fait le blond ! lui, il monte sa bibliothèque et passe à autre
chose.
Moi, quand j’ai fini de monter ma bibliothèque, elle tient debout, tout va bien,
mais il me reste toujours dans les mains une pièce, tu l’as connais cette pièce
qui te reste à la fin, qui va nul part dans le truc, dans le meuble, et que tu sais
pas quoi faire avec, ça t’angoisses, tu dis, mais si elle est là, c’est qu’il y a bien
une raison, tu revois le plan, tu retournes le truc, tu dis : « mais merde, elle va
où ? ». T’essayes de la mettre dans des endroits improbables de la bibliothèque,
t’as envie de la poser dessus, tu dis : « merde, ça doit être dans un autre
meuble », t’as envie de les appeler, merde, attends, combien de boulons numéro
«5»?
1, 2, 3, 4, 5, combien de petit papillons numéro « 8 » ? Oui ça c’est quoi ?
Et bun cette pièce chez toi en général, elle va terminer dans le plat que tu as
dans l’entrée, dans le quel il y a plein de choses, que tu sais pas quoi faire avec,
mais tu veux surtout pas les jeter, c’est très important, dedans t’as des trucs
incroyables, t’as des petites clés de valises que les valises tu les as plus, mais tu
veux pas jeter les clés, c’est important. T’as un stylo, il écrit pas depuis 6 ans, il
est là, tous les jours, tu dis : « non, non pas celui là, il écrit pas » ah c’est vrai
pardon ! Il n’écrit pas, ah c’est celui là qui n’écrit pas ! Il faut le laisser, il faut
pas le toucher. T’as des numéros de téléphone sans le nom des gens, t’as des
piles, elles sont mortes, elles marchent plus mais tu les gardes, et surtout, t’as
des petits sachets avec des boutons quand t’as acheté le costume t’as dit on sait
jamais je les met là dans ce plat.
Vous l’avez le plat ou quoi ? (Public : « oui »), eh Michal je suis pas fou ils sont
comme moi, au moins, ils ont la maison équipée, tout équipé, avec la cuisine
design, avec la machine à expresso.

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Y’a des gens qui ont des machines à expresso, ils m’énervent les gens qui ont
des machines à expresso, je te jure ils m’énervent, t’as pas remarqué que les
gens qui ont une machine à expresso ils sont contents toujours !
T’as pas remarqué ! dés que t’arrives chez quelqu'un qui a une machine à
expresso, t’es à peine arrivé, il veut absolument te faire un café, t’es à peine
arrivé, l’autre il est là : « ouai, un petit café ! » toi, tu lui dis : « non merci, c’est
bon, j’en ai déjà bu », il te fait : « ah, tu dégages, ah, non tu dégages ».
Les gens, ils ont raison, ils veulent dépenser leur argent, ils veulent kiffer la life,
ils ont raison, moi aussi, je suis un peu comme ça de plus en plus, du show beez
et tout ça, j’ai envie de kiffer la life, dépenser mon argent, là je suis sur un coup
d’ailleurs, je vais peut-être m’acheter des chaussures en marbre, show beez
quoi !
Costar 3 pièces en saumon fumé, chaussures en marbre et en avant, un appart de
fou, avec la salle de bain high-technology, avec la douche sans fil, des écrans
placenta dans toute la maison pour regarder la télé parce que moi j’adore
regarder la télé, je fais que ça toutes les nuits.
Moi je suis sûre que vous avez dans la tête des clichés par rapport aux artistes
en tournée, je suis sûre que vous pensez que les artistes tous les soirs on est
« pomp et rup », tu peux pas être « pomp et rup » tous les soirs non. Sketch
18 : la télévision.
Moi le soir après le spectacle, je rentre dans mon hôtel tout seul dans ma
chambre d’hôtel (public : « oh ») je sais c’est dur !
Il m’est même arrivé des fois que ça soit le soir de mon anniversaire
(Public : « oh ») c’est dur, tu sais ce que je regarde la nuit moi ! Comme la plus
part de tout le monde, (public : « Chasse et Pêche ») Chasse et Pêche, vous
aussi !
C’est pas un phénomène incroyable ce truc ! Chasse et Pêche ! Histoire
Naturelle, Chasse et Pêche et tradition, l’émission que tu l’as regardes jusqu’au
bout, tu lâches pas l’affaire, tu lâches pas l’affaire, tu sais pas pourquoi, t’as vu

159
comment tu bloques devant ces trucs je sais pas comment ça se passe, y’a 2
mecs avec des botes en caoutchouc, ils cherchent un canard, et toi tu cherches
avec eux, t’es là, à un moment donné, y’a un gros plan sur un chasseur il est là,
il te parle carrément, il te dit : « on va essayer d’attraper, on va attraper les
perdreaux ».
Et il fait, il est 4h 30 du matin, le mec il fait des bruits d’animaux et tout dans ta
télé, bruit d’animaux et toi tu dis : « ah, il le fait bien, on dirait vraiment un !
Je sais pas quel animal, mais on dirait vraiment un ! ».
Alors moi je zappe, j’arrête pas de zapper, je vais sur France 2, la nuit ils font
des rediffusions d’un jeu au quel j’avais rien compris avant : « Pyramide »,
« Pyramide », sérieux c’est pas un jeu de fous ça !
« Pyramide » le mec, il est là il dit : « le papillon » l’autre il réfléchit, il répond :
« Barbe Q ? » ouai Barbe Q, c’est une secte ! C’est pas possible !
Si vous restez un peu plus tard sur France 2, vous pouvez tomber sur des
émissions littéraires qui peuvent vous endormir un petit peu, où les invités de
ces émissions entre chaque phrase ponctuent de ce fameux : « euh » « il est vrai
qu’à ce moment là, dans une France totalement réhabilitée euh, on assiste à l’art
et tension totalement grossière, partiale, totalement, euh, ».
T’es là tu regardes, et là ils font des blagues d’intello que eux ils peuvent rigoler
einh, le mec, il est là, il fait des vannes à lui genre : « c’est un peu comme en
1505, le médaillon d’Isis no FNAC».
Vas rire à cette blague toi qui as lu que un « Oui Oui », et le seul « Oui Oui »
que t’as lu c’était « Oui Oui ne veut pas aller à l’école ».
Moi j’arrive pas à lire de toutes les manières, j’arrive pas à lire des bouquins,
des fois je lis, je lis, je vois : « Jean baptiste l’a regardé » je dis d’où il sort ?
Il y avait pas Jean baptiste au début, des fois, je lis, je lis, je lis, je ferme, je dis
moi aussi j’ai des problèmes laisse moi tranquille.
Heureusement qu’il y a Canal + la nuit, einh ! On est d’accord einh !

160
Canal + c’est pas ce que vous pensez einh ! Canal + non moi, clak et Langage
crypté, et toi t’as pas l’abonnement mais tes yeux, ils ont développé une
technique.
Y’a ARTE aussi, ARTE! ARTE! ARTE ! Avec leurs jingles, même leurs jingles
ils sont culturels, même les images, tching, bing, doung.
ça fait 4h que t’arrives pas à dormir, et ils te disent : « ARTE c’est la nuit ! » je
sais oh, où je galère depuis tout à l’heure !
Et ARTE des fois à 5h du matin, ils te mettent des programmes culturels, si tu
sais pas que ça s’appelle de la danse contemporaine tu peux te dire, qu’est ce
qu’ils ont les pauvres, ils font envoyer de l’argent, ou est ce qu’on peut le faire,
qu’est ce qui se passe ? (Gad danse de la danse contemporaine).
C’était un danseur content pour rien, Gad boit de l’eau.
Heureusement qu’il y a M6, pour nous mettre les clips du flexe, ils sont forts les
mecs vraiment, ils relatent la réalité des jeunes en France, un mec en train de
boire un cocktail dans une piscine, 24 mannequins qui fait : « toi t’es super eh
oh eh oh ».
Moi quand je vais à la piscine avec le maillot parachute y’a pas une nana qui me
dit : « eh oh, eh oh ». Sketch 19 : la discothèque.
Moi ça me donne envie de danser les clips, je te jure, tu sais quoi, ce soir j’ai
envie de bouger, je m’en fou, eh, franchement vous savez pourquoi moi j’aime
bien aller à la discothèque ? Les gens ne me croient jamais quand je leur dis,
moi j’aime bien aller en discothèque pour observer les autres danser.
Pour moi c’est un truc incroyable, je m’assoie comme ça, je commence à boire
des coups, et je me dis, je sais pas, quand je vois quelqu'un danser je me dis :
« qu’est ce qui a fait dans sa vie ce mec ? Quels sont les évènements inscrits
dans son chemin personnel qui font qu’aujourd’hui il danse de cette manière
là ? ».

161
C’est passionnant ! Alors dés que j’arrive à côté de la discothèque déjà cette
musique me parvient de l’intérieur, et je me dis : « ou là ça va être chaud ! »
(Le public : « wé ! »).
Attendez, attendez, on n’est pas rentré oh ! toi t’es devant la boîte t’attends
quand tu fais la queue, tu fais pas (Gad gesticule), ah wé, arrêté, surtout si le
mec il te dit : « tu rentres pas », tu lui fais pas : « c’est pas grave je kiffe »,
arrête.
Y’a le videur qui est là ou le rentreur ça dépend comment tu vois les choses, ce
que j’aime bien quand le videur il est grand, il mesure 2 mètres, il est balaise, il
est costo, ce que tu veux, mais il a un seul défaut qui démystifie tout, ça casse
tout : il zeuzote, j’adore !
« C’est pas possible, je suis désolé c’est pas possible » Monsieur, même si vous
ne me laissez pas renter, rien que parler c’est bon, ça me suffit, dites moi par
exemple ma sœur, elle habite à Dallas, elle joue du saxophone, elle s’appelle
Samantha.
« écoute, fais pas le malin, c’est pas possible, en plus, aujourd’hui on est le
samedi, c’est une soirée spécialement faite pour les habitués coco ».
Les habitués ? Ça veut dire quoi les habitués ? Comment veut-tu qu’on
s’habitue si tu nous laisse pas renter la première fois ? D’où tu veux qu’on
s’habitue ? laisse nous renter 10 minutes, on va bien s’habituer.
« Écoute, t’es mignon, t’es sympa, tu m’as l’air sincère, alors je vais faire une
exep je passe le mot, mais tu vas renter pour t’amuser coco » sérieux ! C’est
vrai ? « Vas y » sérieux ! « J’ai dit vas y ok ».
Yeh ! Waw ! Gad danse regarde, regarde, le mec, attends, attends, regarde le
mec sur la piste là bas waw ! tu connais ce genre de mec, tu sais très timide, on
dirait que ça fait 8 ans qu’il hésitait à aller sur la piste de danse, et finalement ce
soir ça y est, il y va, il a le courage, c’est parti, wey ! Gad danse comment tu
fais ?

162
Y’en a un autre là bas que j’aime bien je sais pas si vous le connaissez, c’est
celui qui joue tous les instruments de musique quand il danse, il croit que c’est
lui qui fait de la musique, tu sais il est là Gad danse.
Oh ça c’est mon préféré, le mec déchiré au milieu de la piste, il fait rien (Gad
imite l’homme déchiré).
Attends y’a une super jolie fille ! Waw ! je connais ce genre de filles dans les
discothèques, avec le forfait : string, piercing, je te raccompagne au parking.
Quand elle trinque avec toi, ce genre de filles, elle peut pas s’empêcher de dire à
chaque fois : « dans les yeux, dans les yeux sinon, dans les yeux je suis
désolée » et toi comme un con à chaque fois dans les yeux vas y aller dans les
yeux.
Quand elle veut aller danser cette fille, elle peut pas s’empêcher de dire à ses
copines : « ah, j’adore cette chanson ! » Gad danse.
Y’en a un là bas, il danse le Rock depuis le début de la soirée, il est 4h du mat,
depuis 23h, il veut danser que le Rock quelque soit la musique, lui, il s’est dit je
danse le Rock je sais faire que ça, j’y vais à fond quelque soit la chanson, allez
là vas y wey, Gad danse.
Y’en a un que j’aime bien aussi, c’est celui qui est sur le bar, et qui croit que
c’est lui qui met l’ambiance dans la discothèque, avec sa main tu sais, Gad
danse Lyon faites du bruit vous êtes là ? (Public : « wé ») oh wey !
Sketch 20 : l’australopithèque.
« Arrête, arrête, arrête, arrête, arrête, j’ai trop bu, arrête, arrête, arrête, ah, oh, je
suis déchiré, arrête c’est bon ».
Quand t’es déchiré en boîte à 7h du mat, tu commences à avoir une voix
d’australopithèque : « viens, viens, viens ! Viens ! Quelle heure il est ? L’heure,
l’heure, quelle heure il est ? 7h 10 ? On a passé une bonne soirée einh ! ».
Et c’est à ce moment là toujours, t’as une de tes potes, elle a encore la pêche,
elle vient te voir : « bon alors qu’est ce que vous faites ? » « Qu’est ce qu’on

163
fait dans la vie ou ? » « Non, je sais pas, vous voulez pas aller en after en
before, en stand by ! » « T’as craqué ou quoi ! Moi je suis déchiré ! ».
Quand t’es déchiré tu vas nul part, tu fais comme tous les mecs en boîte, tu vas
dans les toilettes et tu te mouilles le visage, c’est un truc sociologique qu’il
faudrait analyser, pourquoi les mecs qui sont là, tu rentres y’a que des
australopithèques qui se mettent de l’eau dans le visage ? Gad se mouille le
visage avec de l’eau.
Ils pensent que ça va les dé déchirer, ils sont là, et ils communiquent entre eux,
tu sais, ils se parlent, et l’autre il répond aussi, langage incompréhensible c’est
quoi ce truc de se mouiller le visage ? « weh ».
Un jour, j’étais tellement déchiré, je suis allé dans les toilettes d’une boîte pour
me mouiller le visage comme tout le monde, et bun c’était tellement crate que
j’ai tout nettoyé, sauf, qu’en sortant y avait un écritton que j’avais pas vu en
rentrant, il y avait écrit : « merci de laisser cet endroit tel que vous l’avez trouvé
en rentrant » je te raconte pas la galère pour tout remettre après einh !
« et aussi un autre jour, j’étais vraiment australopithèque, je suis arrivé chez
moi je me suis trompé, j’ai pris la clé de la voiture, je l’ai rentré dans la porte de
la maison, j’ai tourné, je te jure la maison elle a démarré, à fond la maison sur
l’autoroute ah, elle a ouvert les volets : « qu’est ce que tu fais, t’es fou ? » j’ai
dit : « t’inquiètes » pleurer les synchros quand t’es australopithèque.
C’est interdit de conduire bourré, ils ont raison bien sûr, oh, Gad glisse
(Le public rit) « T’as vu comment il a failli glisser et tout » tu crois que c’était
dans le spectacle ? « Non, non, vraiment il a failli glisser », il était vraiment
déchiré ! « non, non, il a fait le truc de, il a failli glisser » moi je croyais qu’il
allait tomber « mais non oh, y’a de l’eau, y’a trop d’eau en haut ».
Franchement, il faut pas conduire en état d’ivresse, mais cette loi elle est mal
faite, moi je pense qu’au lieu d’interdire aux gens de conduire bourrés, ils
devraient simplement rajouter une épreuve quand tu passes ton permis de
conduire c’est tout, une Epreuve Déchirée !

164
Y aurait un mec il s’occuperait que de ça, il serait au service des
australopithèques, il accueillerait tout le monde : « bonjour c’est moi qui
s’occupe ça va ! tout à fait oui, alors allez vous bourrer la gueule et on passe
l’examen allez, y’a tout, y’a du Gin de la vodka, du jet, tout ce qu’il faut allez
up up up, le premier qui boit de l’eau il est viré allez arrête tes conneries vas
y ».
Tu te déchires bien la gueule, tu vas passer l’examen sur l’autoroute, ils te
donnent une attestation comme ça si un jour un flic, tu la prends avec toi cette
attestation, si le flic il t’arrête : « bonsoir Monsieur, vous conduisez en état
d’ivréité là ».
« wé wé wé tout à fait, je ne vous le fait pas dire, Monsieur l’agent de la marre
et chaussée, mais attention, regardez, je suis un professionnel ».
C’est dangereux de conduire bourré, faites attention les amis, en plus, c’est le
week-end y’en a qui vont se mettre australopithèques, je le sens ce week-end, il
faut faire gaffe, c’est pour ça que tes copains quand tu sors de boîte, tu sais, ils
te donnent des conseils, c’est toujours des copains qui sont plus bourrés que toi
mais c’est eux qui donnent les conseils, c’est eux qui disent : « appelle un taxi
oh, fais pas le con appelle un taxi ».
En plus ils sont pas synchros les mecs bourrés : « tu m’entends ! » c’est toujours
eux qui donnent les conseils genre : « je te jure vomis, vomis, vomis, vomis vas
y t’as rien à perdre, vomis je te dis, alors met les doigts, met les doigts je te dis
oh, mais pas dans ma bouche, dans ta bouche à toi, t’es fou !».
Il faut faire attention les amis, sérieux, vraiment, faut vraiment faire attention, il
faut pas conduire en état d’évriété.
Et vraiment le plus grand problème dans tout ça quand t’es australopithèque
pour moi c’est pas de conduire ni rien c’est de rentrer à la maison sans faire de
bruit quand ta femme n’est pas sortie avec toi, surtout qu’il faut savoir que
l’homme déchiré est le seul être humain qui peut dialoguer avec des objets, je te
jure.

165
Il sort de boîte il trouve pas sa bagnole : « putain, t’es où oh ? Twingo fais pas
ta conne arrête tes conneries ! Twingo reviens ici ! ».
Il arrive chez lui, il rate la serrure il lui fait : « arrête, c’est bon ! » il rentre dans
l’appart il trébuche sur une chaussure il lui fait : « chut » très important sur le
« chut ».
Et là il faut qu’il aille dans la chambre à coucher sans réveiller sa chérie, déjà
qu’il est déchiré, australopithèque, en plus, il doit pas faire de bruit, les
australopithèques tout à coup ils savent très bien faire les cosmonautes Gad
marche comme les cosmonautes.
Si tu lui dis que sa femme elle va pas se réveiller il peut ne pas respirer pendant
8 minutes, et il va aller pour se glisser dans le lit, il croit même en plus qu’elle
dort, elle dort pas, les femmes ne dorment pas quand on sort les mecs, c’est
comme la télé tu l’éteins elle reste en veille !
« A un moment donné il a dit un truc sur les femmes un peu mizo, ah wé » ah
non c’est l’autre personnage du cosmonaute j’étais reparti vers la femme qui
faisait le cosmonaute c’est bizarre !
Si on faisait rencontrer les 2 personnages : « ah oui moi, j’ai pas du tout aimé ».
Et le mec il va aller se glisser dans le lit sans faire de bruit, tu connais cette
fameuse glissade de l’australopithèque ? En escalope !
Le mec il arrive, il se glisse pas dans son lit, il se faxe tellement il a peur qu’elle
se réveille, il est là Gad imite le faxe sauf qu’elle a les yeux comme ça, tel un
Hibou.
T’as vu, après quand t’es dans le lit, ta femme elle te regarde, elle t’as entendu
parler et tout ça, bon, toi, tu lui sors une phrase de mauvaise fois pour lui faire
croire que t’es rentré il y a longtemps genre, tu sais des formulations qui
peuvent lui faire comprendre soit disant que t’es rentré y’a longtemps genre :
« ah, j’arrive pas à dormir depuis longtemps ! J’ai fumé 2 paquets de cigarettes
avant de venir au lit » tu sens vraiment que le lendemain tu vas payer la facture.

166
Elle s’allonge, elle dort, tu t’allonges, la maison elle tourne, mais attention c’est
une tournée internationale, einh !c’est pas ! Et là tu dis oh qu’est ce qui se
passe ?
Et tu commences à avoir faim quand t’es australopithèque, quand t’es
australopithèque t’as faim, t’as vu comment on a faim quand t’es
australopithèque ! sauf que ton cerveau il peut pas passer à l’action, c’est pour
ça quand t’es déchiré, tu vas dans la cuisine, tu ouvres le frigo et tu bloques
devant, il peut y avoir un pot de yaourt périmé, le fond d’un tube de harissa, une
aubergine crue, tu les envisages, dans la porte du frigo y’a le fond d’une
bouteille de vin tu lui fais : « arrête, c’est bon tu vas te saouler oh ».
Moi je suis sûre tu vois que y’a des mecs c’est pas comme ça, par exemple le
blond, ah le blond il a bu à mon avis 4 fois plus que toi, il rentre chez lui, il est
juste là en train de dire : « oh là j’ai bien bu, et dis donc je suis un peu pompette,
qu’est ce qui se passe ? Et moi quand je suis pompette j’ai une petite fringale dis
donc, que cela me tienne, je vais me faire une salade de saison, est ce qu’il me
reste de la mâche de Rotterdam ? ».
Mâche de Rotterdam ! toi t’es devant ton frigo, tu es là ah …… et lui : « alors,
il me faut des aromates li la li la loum alors clak clak, les aromates, clik clak,
clak, est ce que j’ai du time ? Oui j’en ai ici, du time c’est bon ! très bien du
time ok, i la la la ».
Il est nette et tout, et toi t’es là devant le frigo : « il était un petit homme
pirouette cacaouette, s’est cassé le bout du nez, s’est cassé le bout du nez ».
« Là ! ».
Un jour, moi j’ai envie d’être comme lui, sérieux, niquel, sans problème,
t’arrives en australopithèque : « ok clak clak sans problème ! » mais un jour je
serai comme lui mais bon, c’est difficile, c’est difficile, je serai comme lui déjà
quand je saurai skier plus en Chasse la Neige mais en parallèle, quand je saurais
faire du dos crollé sans regarder ce qui se passe derrière, quand j’aurai
confiance en moi, quand j’aurai des muscles de blond, quand j’aurais des poiles

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brushingués et quand j’aurai, quand j’aurai changé tout ça, mais bon c’est pas
grave, un jour j’y arriverai (public : « mais non ! ») T’es sûre, attends dis moi,
ok d’accord, c’est bon, ah je savais pas.
Mais, mais franchement, par rapport à l’australopithèquisme, j’aimerai vous
donner un conseil parce que c’est le week-end là, je sais que tout le monde va
sortir « pom et rup » parce qu’on va se quitter bientôt, j’aimerai vous donner un
conseil (public : « non ! ») Ah ok je donne pas de conseil ok d’accord.
Non parce que ce soir on va ensemble après, attends c’est bon, bun wé tu sais
bien, on se suit ! (Public : « wé ») bon je voulais juste vous donner un conseil à
vous vraiment : Messieurs, si vous rentrez chez vous en australopithèque, faites
une chose et je dis ça pour votre bien vraiment, retirez vos chaussures et jetez
les dans la chambre à coucher, si elles reviennent, c’est que c’était pas l’heure
de rentrer les gars !
Merci Lyon ! Merci, merci, merci.

168
Bibliographie (Ce classement a été conçu par ordre alphabétique selon le nom
des auteurs).

- J.L. Austin, Quand dire, c’est faire, « How to do things with words »,
Editions du Seuil, 1970.
- Christian Baylon, Xavier Mignot, Initiation à la Sémantique du langage,
Editions Nathan / Her, fac, 2000.
- E. Benveniste, Problèmes de Linguistique générale, 2ème Vol, Paris,
Gallimard, 1974.
- Henri Bergson, Le Rire, P.U.F., «Quadrige», p. 97.
- Philippe Blanchet et Didier Robillard (Dir), 2003, langues, contacts,
complexité, Perspectives théoriques en sociolinguistique= cahiers de
sociolinguistique n°8, Rennes, presses universitaires de Rennes.
- Henri BOYER. Eléments de sociolinguistique, langue, communication et
société.
- Henri Boyer (dir), sociolinguistique, territoire et objets, Lausanne, Delachaud
et Niestlé, 1996.
- Louis- Jean Calvet et Pierre Dumont (Dir), L’enquête sociolinguistique, Paris,
1999, L’harmattan.
- Dominique Caubet, Les mots du bled, Paris, L’harmattan, collection « espaces
discursifs » 2004, page 239.
- Fatéma – Zohra Chiali- Lalaoui, Guide de Sémiotique Apliquée, Office des
Publications Universitaires, 2008.
- J. Dubois, Enoncé et Enonciation, langages 13 mars, 1969.
- O. Ducrot, 1972, Dire et ne pas Dire. Principes de sémantique linguistique,
Paris, Hermann.
- Jacques FONTANILLE et Claude ZILBERBERG, Tension et Signification.
Hayen (Belgique) : Pierre Mardaga, 1998 : 147.

169
- Gerschenfeld et D. Sperber, Paris, Éd. Le Seuil, 1989.
- Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, II, Paris, Editions de
Minuit, 1973.
- Roman. Jakobson, Essais d e linguistique générale. Paris: Edition de Minuit.
1963 : 33
- D. Maingueneau, Ininitiation aux méthodes de l’analyse du discours,
Hachette, 1979.
- C.K.Orecchioni, citée par D.C.Mucke, « analyse de l’ironie », poétique n°24,

1975, page 479.


- Bahia Nadia Ouhibi Ghassoul, Littérature, Textes Critiques, Editions Dar El
Gharb, Laros, 2003.
- Fewzia Sari Mostefa- Kara, Lire un texte, Editions Dar El Gharb, Laros,
2003.
- John R. Searle, Les actes de Langage, Essai de philosophie du langage,
Collection Savoir, Hermann, Paris 1972.
- D. Sperber, D. Wilson, 1986, La pertinence. Communication et cognition,
trad. De l’anglais par A.
- 2000 ans de rire, Permanence et Modernité, colloque International GRELIS-
LASELDI/ CORHUM. Besançon 29-30 juin, 1er juillet 2000.

Les dictionnaires :
- Le Petit Larousse, grand format (100ème Edition) 2005.
- Le Robert et Nathan, Vocabulaire, Edition Nathan, 1995

Autres :
- Attestation de réussite en apprentissage du langage des signes des sourds-
muets pour l’étude de la Gestuelle.
- Dictionnaire.mediadico.com.

170
- TAO Communication, Egostyle.
- « Envoyé Spécial », l’émission télévisée diffusée sur la chaîne Française :
France 2, 2005.
- Magazine Français « Psychologie », Février 2005, pages 30 et 31.

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