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Exercices Partie I.

Cadre Introduction au droit

Le droit : caractères et sources

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Classez les branches du droit

Droit privé Droit public


Droit civil
Droit social
Droit constitutionnel X
Droit des contrats X
Droit de l’urbanisme X
Droit des sociétés X
Droit de la consommation X
Droit fiscal X
Droit commercial X
Droit de la famille X
Droit des affaires X

Retrouver pour chaque cas la branche de droit concernée


1. Pierre et Marie divorcent. Droit privé/Droit civil
2. Une secrétaire d’un concessionnaire Renault a été licenciée parce qu’elle a acheté un
véhicule Peugeot. Droit privé/ Droit du travail
3. Le Président de la République est élu au suffrage universel pour 5 ans. Droit public/Droit
constitutionnel
4. Vous avez gagné au loto mais vous ne verrez pas vos impô ts augmenter. Droit
public/droit fiscal
5. Josiane, Française, et Victor, Camerounais, se marient. Droit privé/droit international
6. Jean-Jacques a escroqué la Sécurité sociale en créant des sociétés fictives et en
employant de faux salariés pour obtenir des prestations indues. Droit public/Droit pénal
7. La société Castomax souhaite contester les sommes qui lui sont réclamées suite à un
contrô le fiscal Droit fiscal
8. Un voisin violent frappe Damien à la suite d’une altercation Droit pénal
9. Le photographe du mariage de Léa n’est pas assuré sa prestation et cause un préjudice
ux mariés Droit civil
10. La société Onepoint licencie 3 salariés Droit social : droit du travail
11. L’assemblée nationale adopte une loi en première lecture Droit constitutionnel
12. Emilien 90 ans est mis sous tutelle Droit civil
13. Aurélien commet une escroquerie Droit pénal
14. 4 médecins souhaitent créer une société civile professionnelle Droit des sociétés
15. Une association de protection de santé engage une action en justice contre un industriel
qui ne respecte pas les normes de sécurité sur les jouets qu’il produit Droit de la
consommation

Cas pratique 1:

Monsieur Bernard a acheté une voiture d’occasion au garagiste Tommel. Six mois plus tard, lors
d’un contrô le technique de routine, Monsieur Bernard apprends que le compteur kilométrique
n’indique pas le nombre réel de kilomètres parcourus avant la vente. Il semble avoir été truquée,
afin de faire croire que la voiture a beaucoup moins rouler qu’un réalité. Monsieur Bernard
estime avoir subi un préjudice. S’il avait su, il n’aurait pas acheté ce véhicule ou, en tout cas,
certainement pas à ce prix là  ! Il estime que le garagiste s’est montrée immoral : il n’a pas fait
preuve d’honnêteté ni de civisme.

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Son frère, lui, estime que ce qui s’est passé n’est pas un problème de moralité, mais de non-
respect du droit : le garagiste a cherché à le tromper pour vendre ce véhicule à bon prix et, ainsi,
sans réfléchir aux dépens de l’acheteur.

Vous êtes juriste et amis de la famille de Monsieur Bernard. Votre mission vise à les aider à y
voir plus clair.

1. Identifier à quelle branche du droit l’histoire de Monsieur Bernard pourrait se


relier. Justifier votre réponse en vous appuyant sur le vocabulaire utilisé dans le
texte
2. Apprécier si les déboires de Monsieur Bernard relève d’une question de morale ou
de droit
3. Indiquer si des sanctions pourrait être encourues par le garagiste

Base documentaire

Articles du code civil

Article 1130

L'erreur, le dol et la violence vicient le consentement lorsqu'ils sont de telle nature que, sans eux,
l'une des parties n'aurait pas contracté ou aurait contracté à des conditions substantiellement
différentes. 
Leur caractère déterminant s'apprécie eu égard aux personnes et aux circonstances dans
lesquelles le consentement a été donné. 

Article 1131

Les vices du consentement sont une cause de nullité relative du contrat. 

Article 1137

Le dol est le fait pour un contractant d'obtenir le consentement de l'autre par des manœuvres ou
des mensonges.
Constitue également un dol la dissimulation intentionnelle par l'un des contractants d'une
information dont il sait le caractère déterminant pour l'autre partie.
Néanmoins, ne constitue pas un dol le fait pour une partie de ne pas révéler à son cocontractant
son estimation de la valeur de la prestation.

Article du code pénal

Article 313-1

L'escroquerie est le fait, soit par l'usage d'un faux nom ou d'une fausse qualité, soit par l'abus
d'une qualité vraie, soit par l'emploi de manœuvres frauduleuses, de tromper une personne
physique ou morale et de la déterminer ainsi, à son préjudice ou au préjudice d'un tiers, à
remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque, à fournir un service ou à consentir un
acte opérant obligation ou décharge.
L'escroquerie est punie de cinq ans d'emprisonnement et de 375 000 euros d'amende.

Corrigé

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1. Identifier à quelle(s) branche(s) du droit l’histoire de M. Bernard pourrait se relier.
Justifiez votre réponse en vous appuyant sur le vocabulaire utilisé dans le texte.

Les mésaventures de M. Bernard peuvent potentiellement se rattacher à deux branches du


droit : le droit civil et le droit pénal.
Le droit civil sanctionne le fait pour un contractant, de tromper son partenaire potentiel dans le
but de le faire contracter. L’article1130 du Code civil évoque la notion de vice du consentement.
L’article 1137 précise la notion de dol : « Le dol est le fait pour un contractant d'obtenir le
consentement de l'autre par des manœuvres ou des mensonges. Constitue également un dol la
dissimulation intentionnelle par l'un des contractants d'une information dont il sait le caractère
déterminant pour l'autre partie. »
Le texte parle de préjudice subi par M. Bernard, ce qui relève des règles civiles : règles à
respecter entre particuliers et réparation en cas de non-respect de ces règles. Il y a donc la
protection d’un intérêt individuel.
Cette situation peut également relever du droit pénal, puisque le texte parle de compteur truqué.
Il y a donc a priori tromperie volontaire dans le but de vendre et donc de se voir remettre des
fonds. Cette attitude est susceptible de relever de la définition de l’escroquerie proposée dans la
base documentaire, considérée comme une infraction aux règles de la société et donc punissable
par le Code pénal pour protéger l’intérêt général.

2. Apprécier si les déboires de M. Bernard relèvent d’une question de morale ou de droit.

La morale recouvre un ensemble de valeurs et de principes sur lesquels s’appuient des règles de
conduite de nature personnelle comme sociale. La règle morale a trait au bien et au mal, au juste
et à l’injuste, à l’acceptable et l’inacceptable, dans un contexte historique et sociétal donné. Le
respect ou non de valeurs morales est un choix personnel et non contraignant ; il n’est pas en soi
sanctionné par la société.
Or, dans le cas présent, le garagiste Tommel a enfreint des règles juridiques civiles et pénales. Il
ne s’agit donc pas de simple morale, mais du non-respect de règles juridiques obligatoires et
coercitives.

3. Indiquer si des sanctions pourraient être encourues par le garagiste.


Une règle de droit est obligatoire et son non-respect est sanctionnable. L’attitude du garagiste ne
relevant pas d’un simple problème de morale, mais de non-respect du droit, il sera susceptible
d’être sanctionné.

Cette affaire ayant deux volets cumulatifs, civil et pénal, il pourra être poursuivi sur ces deux
terrains. L’article 1131 du Code civil évoque la nullité du contrat de vente et l’article 313-1 du
Code pénal une peine de prison et une amende.
(Pour aller plus loin sur les contrats et vices du consentement, voir Chapitre 12 ; pour aller plus
loin sur la responsabilité pénale, voir Chapitre 17.)

Cas pratique 2 :

EVAL est une société anonyme dont l’exercice comptable est clô turé le 31 décembre.

Après de brillantes études au sein d’une école de commerce notoirement connue de la région
parisienne et une solide expérience professionnelle, Sophie Kramer, 35 ans, reprend la
succession de son père, Georges, et de son grand père à la tête d’une importante brasserie, « La
Brasserie des Clos », située près de Strasbourg en Alsace, qui produit depuis de nombreuses
années toutes sortes de bières typiques de la région. Elle entend poursuivre la stratégie

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d’expansion de l’entreprise à l’étranger en étendant les contacts non plus simplement avec le
Luxembourg tout proche mais aussi avec la Belgique, l’Allemagne, la Suisse, l’Autriche…
La semaine dernière, elle a rencontré Ludwig Nacht, le PDG d’une grande société allemande,
implantée à Munich qui distribue toutes sortes de bières typées à travers toute la région Sud de
l’Allemagne aux centrales d’achat des hypermarchés, aux grossistes des collectivités, des
hô teliers-restaurateurs… Elle souhaite profiter de la notoriété de son groupe et développer des
relations commerciales avec lui pour prospecter d’autres marchés par la suite.
Ludwig Nacht a été séduit par le savoir-faire de la Brasserie des Clos et la variété de la gamme
des produits offerts. Il s’est engagé à s’approvisionner chaque année chez Sophie à condition que
les bières livrées soient d’une qualité constante.

Les nombreux échanges par mail ont abouti à un projet d’accord (Document 1):
Document : Extraits des mails échanges
Comme il est de pratique dans ces secteurs d’activités, la vente ne serait définitive qu’après
agrément par la société de Ludwig Nacht des produits vendus. Ludwig Nacht, acheteur, les
goû tera et les agréera à la livraison.

Puis il devra confirmer sa commande dans les 10 jours de la réception de la marchandise et de la


dégustation.

Si les produits ne sont pas retournés dans les 3 semaines, ils sont facturés. (…)
Pour tous les litiges, le tribunal de commerce de Strasbourg est compétent pour juger les
différends
Le droit français s’applique à la relation contractuelle des parties.

VOTRE MISSION
1. Indiquer les branches du droit applicables à cette relation
2. Déterminer les fonctions du droit dans ce type de situation
3. Expliquer pourquoi Sophie Kramer et Ludwig Nacht ont intérêt à prévoir les droits et
obligations de chacun dans un contrat électronique

Corrigé

1. Branches du droit applicables à la situation


Les branches du droit qui s’appliquent à cette situation pratique sont :
- Le droit international privé : le contrat est signé entre une entreprise française et une société
allemande ;
- Le droit commercial : le contrat concerne des relations entre deux sociétés commerciales ;
- Le droit fiscal : il sera soumis aux règles fiscales en vigueur (TVA intra communautaire) ;
- Le droit civil : pour les litiges en cas d’inexécution ou d’exécution fautive du contrat.
Le droit a pour fonction d’encadrer et d’organiser les relations d’affaires entre les entreprises.

2. Fonction du droit
Le droit a pour fonction d’encadrer et d’organiser les relations d’affaires entre les entreprises.

3. Intérêt de Sophie Kramer et Ludwig Nacht à prévoir leur relation dans un écrit
• L’écrit leur servira de preuve s’il y a le moindre litige entre eux.
• Il prévoit la compétence du tribunal de commerce de Strasbourg pour les éventuels litiges.
• Dans cet écrit, ils peuvent insérer des clauses particulières, qui serviront d’appui pour
encadrer leurs opérations commerciales (ex. clause de vente à la dégustation)

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LES SOURCES DU DROIT
Identifiez la sourcede droit

Situations Sources Sources européennes Sources nationales


internationales Droit Droit dérivé Source Source
primaire formelle informelle
Arrêté du 14 mars X
2020 portant diverses
mesures relatives à la lutte
contre la propagation du virus
covid-19 

LOI n° 2020-290 du 23 mars X


2020 d'urgence pour faire face
à l'épidémie de covid-19

Arrêt de la cour de cassation X


du 15 janvier sur la filiation
Directive européeenne de X
mars 2019 sur les droits
d’auteur
Traité de coopération entre la X
France et le Cameroun
Traité de Maastricht X
Ordonnance du 25 mars 2020 X
relative à la prorogation des
délais échus pendant la
période d'urgence sanitaire

Jules Petiot est avocat depuis trois ans et en charge de la formation de futurs praticiens. Le
dernier thème en date est celui portant sur les sources du droit, leur variété et leur
hiérarchisation. Il a créé un support pour expliciter les notions. Il n’est cependant pas très sû r de
lui il se tourne vers vous ; vous travaillez en effet dans le même cabinet d’avocats. Votre mission
est de tester ce support :

1. Identifier la notion décrite ci avant par le code du travail français


2. Déterminer les différentes sources de droit présente dans cet extrait
3. Expliquer ce que signifie pour ce thème la présence des paragraphes 1, 2 et 3
4. Résumé, en conséquence, les règles juridiques à retenir sur la qualification des
temps d’habillage et de déshabillage
5. Un texte de négociation collective ou un contrat de travail pourrait peut-être
prévoir de ne octroyer aucune contrepartie pour le temps nécessaire aux
opérations d’habillage et de déshabillage, lorsque le port d’une tenue est imposé
par le poste occupé ? Justifier votre réponse

Base documentaire

Articles du code du travail

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TRAVAIL EFFECTIF
Paragraphe 1 : Ordre public

Article L3121-1
La durée du travail effectif est le temps pendant lequel le salarié est à la disposition de
l'employeur et se conforme à ses directives sans pouvoir vaquer librement à des
occupations personnelles.

Article L3121-3
Le temps nécessaire aux opérations d'habillage et de déshabillage, lorsque le port d'une
tenue de travail est imposé par des dispositions légales, des stipulations
conventionnelles, le règlement intérieur ou le contrat de travail et que l'habillage et le
déshabillage doivent être réalisés dans l'entreprise ou sur le lieu de travail, fait l'objet de
contreparties. Ces contreparties sont accordées soit sous forme de repos, soit sous forme
financière.

Paragraphe 2 : Champ de la négociation collective (Articles L3121-6 à L3121-7)

Article L3121-7
Une convention ou un accord d'entreprise ou d'établissement ou, à défaut, une
convention ou un accord de branche prévoit soit d'accorder des contreparties aux temps
d'habillage et de déshabillage mentionnés à l'article L. 3121-3, soit d'assimiler ces temps
à du temps de travail effectif. 
Une convention ou un accord d'entreprise ou d'établissement ou, à défaut, une
convention ou un accord de branche prévoit des contreparties lorsque le temps de
déplacement professionnel mentionné à l'article L. 3121-4 dépasse le temps normal de
trajet.

Paragraphe 3 : Dispositions supplétives

Article L3121-8
A défaut d'accords prévus aux articles L. 3121-6 et L. 3121-7 : 
2° Le contrat de travail prévoit soit d'accorder des contreparties aux temps d'habillage et
de déshabillage mentionnés à l'article L. 3121-3, soit d'assimiler ces temps à du temps de
travail effectif ; 
3° Les contreparties prévues au second alinéa de l'article L. 3121-7 sont déterminées par
l'employeur après consultation du comité social et économique.

Corrigé

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Cas pratique 1 :

Damien et Victor ont loué une maison près de Sainte maxime pour y passer l’été. Début aoû t, ils
rencontrent leur amie Mathilde dans les rues de Saint Tropez. Deux jours plus tard, Mathilde
arrive chez eux sans prévenir : « Coucou, c’est moi ! Pardon, j’arrive un peu par surprise. ! »,
concède-t-elle. « Je me disais que cela pourrait être sympa de passer quelques jours de vacances
ensemble, tous les trois. On en a si souvent parlé sans, finalement, l’avoir jamais fait ! Et puis,
pour être honnête, je n’ai pas vraiment d’autres projets. Alors voilà, je me lance ! Seriez-vous
d’accord pour que je m’installe chez vous pour une petite semaine ? On s’amuserait bien ! ».

Damien et Victor sont perplexes et étonné de l’aplomb de Mathilde mais n’osent pas refuser. La
semaine se révèle être une catastrophe. Mathilde arrive les mains vides, se monte impolie, ne
participe pas aux tâ ches ménagères ni aux courses. Elle emprunte la voiture de Victor sans l’en
informer.

Très déçus par la répétition de ces comportements déplacés, Victor et Damien voudraient
obtenir le remboursement des sommes que ce séjour forcé et gâché les a obligés à dépenser :
frais de nourriture, essence, boissons diverses… Ils prévoient de soumettre leur cas au juge. S’ils
savent leur affaire mineure, ils pensent tout de même mériter d’être entendus : Mathide ignore
tout des règles de bonne conduite au point d’avoir grevé la quasi-totalité de leur budget d’été.
« C’est presque du vol ! », s’insurgent-ils. 
Comment appréciez-vous leurs chances de succès ?

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Problème de droit : La violation d’une règle de bienséance peut-elle être sanctionnée en
justice par l’octroi d’une réparation ?

Règle de droit  : Le droit et la bienséance ont en commun de constituer des ordres


normatifs. Si le droit constitue un système normatif qui pose des règles de conduite, il
existe d’autres règles de conduite qui, comme le droit, tendent à réglementer les
comportements humains. Les règles de bienséance, en font partie. 
Droit et bienséance partagent une finalité commune : ce sont deux ordres normatifs qui
tendent à organiser les rapports sociaux. Leur finalité est essentiellement sociale. Alors
que la morale et la religion, deux autres systèmes normatifs auxquels le droit est
fréquemment comparé, contiennent une dimension essentiellement individuelle, centrés
sur le rapport de l’homme à sa conscience, le droit comme la bienséance sont dépourvus
de cette finalité individuelle propre à la morale et à la religion qui tendent vers le
perfectionnement de l'homme. Au contraire, ils ont pour seule vocation de régler les
rapports avec autrui, leur objet est centré sur le for externe des personnes.
De surcroît, les règles de bienséance, à l’instar des règles de droit, imposent une conduite
et dans cette perspective, ont un caractère abstrait et obligatoire égal à la règle juridique,
dans la mesure où ne pas les respecter expose celui qui les enfreint à une sanction, la plus
connue étant la désapprobation ou l’exclusion du groupe. 
Cependant, la nature de leur sanction impose de les différencier. Le droit se distingue des
règles de bienséance par le fait que la violation de ses règles donne lieu à une sanction
socialement organisée visant à assurer leur respect. Cette sanction présente trois
caractéristiques qui confèrent à la règle juridique sa singularité : tout d’abord, elle est
prévue par l’autorité étatique habilitée à cet effet ; ensuite, elle peut être demandée en
justice et prononcée par un juge, tiers impartial et désintéressé ; enfin, elle peut donner
lieu à une exécution forcée qui se traduit par une coercition sur les personnes ou sur les
biens, laquelle est assurée, le cas échéant, grâce au concours de la force publique.
Si la méconnaissance d’une règle de bienséance est également susceptible d’une sanction
extérieure (réprobation ou exclusion du groupe, vengeance, etc.), elle n’est pas
susceptible d’une contrainte étatique. Il n’y a pas de juge ou de tiers impartial habilité à
juger du respect de la norme.
Le caractère coercitif de la règle de droit : son application est assurée au moyen de
la contrainte étatique. Or quelle que soit l’intensité de la sanction d’autres règles de
conduite, elle ne peut jamais bénéficier de la contrainte étatique et du recours au juge
dont le droit a le monopole.
Ainsi, la règle de bienséance se distingue-t-elle par sa sanction de la règle juridique. Elle
se démarque de la règle de droit par son absence de coercition étatique et de recours
possible au juge en cas d’infraction. 
 En l’espèce, Mathilde a enfreint, au préjudice de ses amis, les règles de bonne conduite
sociale. Cela étant, Victor et Damien ne pourront faire appel au juge pour en obtenir une
sanction, laquelle ne peut être, concernant la violation des règles de ce type, qu’extra-
juridique. Leur demande de réparation de la perte financière causée par le manque
d’éducation de Mathilde ne pourra donc aboutir. 
 
Eux seuls pourront sanctionner l’indélicatesse de son comportement en cessant de la
fréquenter, ce qui la dissuadera sans doute de s’inviter chez eux en vacances l’été
prochain.

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Replacez dans la pyramide les sources de droit suivantes :

1. Le préambule de la constitution de 1946 Constitution et bloc de constitutionnalité


2. Arrêt de la Cour de cassation du 9 juin 2021 pourvoi : 19-21. 770 Bloc de
conventionnalité
3. Arrêté du 24 mai 2022 portant délégation de signature (cabinet du ministre) Bloc
réglementaire
4. Directive du 23 février 2022 sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de
durabilité Bloc de conventionnalité
5. LOI organique n° 2021-1836 du 28 décembre 2021 relative à la modernisation de la
gestion des finances publiques Bloc de légalité

Situation pratique :

Monsieur Paul est en conflit avec son employeur. En effet, celui-ci lui refuse les jours de congé
supplémentaires qu’il réclame alors qu’un règlement communautaire, publié l’année dernière,
octroi désormais aux salariés ressortissants de l’union européenne cinq jours supplémentaires
de congé payés. Son employeur lui rappelle que le code du travail ne lui accorde pas ses jours
supplémentaires.

Qui a raison ?

Corrigé :

Règle de droit :

La directive est un acte juridique européen. Elle lie les É tats destinataires de la directive quant
à l’objectif à atteindre, mais leur laisse le choix des moyens et de la forme pour
l’atteindre dans les délais fixés par elle. La directive doit être transposée dans le droit national.
Elle ne peut pas être invoquée devant une juridiction nationale.

Le règlement communautaire est un acte à portée générale et obligatoire qui crée


immédiatement, des droits et obligations aux ressortissants communautaires ou aux É tats. Un
justiciable peut 'invoquer directement le règlement devant une juridiction nationale dans
le cadre d'un litige : principe de l’effet direct

Par ailleurs, le droit communautaire (primaire ou dérivé) est supérieur au droit national
postérieur ou antérieur au droit communautaire : principe de primauté.

En l’espèce : Un règlement européen prévoit 5 jours de congès supplémentaire pour les salériés.
Le droit européen prime sur le code du travail. Le règlement d’effet direct pourra être invoqué
devant la juridiction nationale.

M. P peut légitimement revendiquer ces 5 jours de congés supplémentaires devant la juridiction


nationale.

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La preuve des droits subjectifs

Acte ou fait juridique ?

M. Martin loue une voiture à Mme Buis Acte juridique contrat de location
M. Maladroit écrase les lunettes de M. Jean Fait juridique
Mme Daumas souscrit un crédit renouvelable Acte juridique Contrat de prêt
Lucas, fils de M. Lavion, a fait tomber son drone sur la voiture de son voisin ce qui a endommagé
la carroserie Fait juridique
Madame Davin assure son nouveau véhicule automobile Acte juridique Contrat d’assurance
Un tempête a détruit des entrepô ts Fait juridique
La location d’un bateau de plaisance Acte juridique
L’incendie de la grange de M. Pierre par le fils des voisins Fait juridique
La vente du fonds de commerce de M. Dupuis Acte juridique

Cochez la bonne réponse


Preuve par tout moyen Preuve écrite

Litige civil > à 1500 euros X

Fait juridique X

Matière commerciale X

Litige civil < à 1500 euros X

Prêt d’un montant de 5000 X


euros

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Preuve par tout moyen Preuve écrite

Existence d’un commencement X


de preuve par écrit

Dans les situations suivantes, précisez sur qui pèse la charge de la preuve, quel est l’objet
de la preuve et quels sont les modes de preuve admissibles:

a. Aristide a vendu sa vieille voiture à Camille. Quelques semaines après la livraison,


Camille prétend se faire rembourser une partie du prix d’achat parce qu’il a dû
remplacer à ses frais la boîte de vitesse et les freins qui étaient hors d’usage.
Aristide refuse car, d’après lui, Camille connaissait parfaitement l’état de la voiture
lorsqu’il a consenti à l’acheter.

Charge de la preuve : elle pèse sur le demandeur, ici Jordan.


Objet de la preuve : l’existence de la panne, un fait juridique.
Mode de preuve : preuve par tous moyens.

b. Pierre demande que son cousin Eric lui rendre les 3 000 € qu’il dit lui avoir prêtés pour
l’aider à régler les frais de maison de retraite de leur grand-tante Agate. Eric refuse car,
d’après lui, ces 3 000 € représentaient en réalité, le prix d’une vieille moto qu’Eric lui
avait acheté mais non encore payée.

Charge de la preuve : elle pèse sur le demandeur, ici Pierre.


Objet de la preuve : le contrat de prêt, un acte juridique.
Mode de preuve : preuve pré-constituée (article 1359 du Code civil).

c. Que devrait décider le tribunal si Antoine faisait la preuve qui lui incombe, sans que
Casimir parvienne à faire la sienne?

Dans ce cas, ayant réussi à convaincre le juge, l’affaire serait tranchée en sa faveur.

Commenter un document :

Cour de cassation. Chambre sociale Audience publique du mercredi 23 mai 2007 / N° de pourvoi:


06-43209 

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Agen,5 avril 2006), rendu sur renvoi après cassation (chambre
sociale,20 avril 2005, pourvoi n° Y 3 41-916), que Mme X..., négociatrice immobilière à la SCP Y...,
Z... et A... devenue SCP Y..., A..., B..., titulaire d'un office notarial, a été licenciée pour faute grave le
23 aoû t 2000 ; qu'elle a saisi le conseil de prud'hommes en contestant son licenciement et en
faisant état d'un harcèlement sexuel ; 
Attendu que la SCP notariale et M. Y... font grief à l'arrêt d'avoir déclaré établi le harcèlement
sexuel de la salariée et de lui avoir alloué une somme à ce titre, alors selon le moyen : 
1° / que l'enregistrement et la reconstitution d'une conversation ainsi que la retranscription de
messages, lorsqu'ils sont effectués à l'insu de leur auteur, constituent des procédés déloyaux
rendant irrecevables en justice les preuves ainsi obtenues ; que, dès lors, en se fondant sur des
messages téléphoniques d'aoû t 1998 reconstitués et retranscrits par un huissier à l'insu de leur
auteur et sur l'enregistrement d'un entretien d'avril 2000 effectué par la salariée sur une

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microcassette à l'insu de son employeur, la cour d'appel a violé les articles 9 du nouveau code de
procédure civile et 6 de la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés
fondamentales ; 
2° / qu'en imposant à M. Y... de rapporter la preuve qu'il n'était pas l'auteur des messages
envoyés à partir de son téléphone portable, la cour d'appel a inversé la charge de la preuve et
violé l'article 1315 du code civil ; 
3° / que le juge ne peut statuer par voie de pure affirmation ; que, dès lors, en se fondant sur ce
que les pressions de M. Y... s'étaient " traduites par un état dépressif de la salariée ", " qu'à
compter de la mi-juin elle a été informée qu'elle n'avait plus de bureau " et que le harcèlement
avait eu des " conséquences sur les conditions de travail de la salariée et son état de santé ", sans
analyser ni même préciser les pièces dont elle déduisait ces affirmations, la cour d'appel a violé
l'article 455 du nouveau code de procédure civile ; 
Mais attendu que si l'enregistrement d'une conversation téléphonique privée, effectué à l'insu de
l'auteur des propos invoqués, est un procédé déloyal rendant irrecevable en justice la preuve
ainsi obtenue, il n'en est pas de même de l'utilisation par le destinataire des messages écrits
téléphoniquement adressés, dits S. M. S., dont l'auteur ne peut ignorer qu'ils sont enregistrés par
l'appareil récepteur ; 
Et attendu qu'abstraction faite du motif surabondant tiré de l'enregistrement d'une conversation
téléphonique ultérieure, la cour d'appel a constaté, par une appréciation souveraine, que les
messages écrits adressés téléphoniquement à la salariée le 24 aoû t 1998 et les autres éléments
de preuve soumis à son examen établissaient l'existence d'un harcèlement ; 
D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ; 
PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

Cour de cassation. Chambre civile 1° du 17 juin 2009


01.05
Sur le moyen unique :
Vu les articles 259 et 259-1 du Code civil ;

Attendu qu’en matière de divorce, la preuve se fait par tous moyens ; que le juge ne peut écarter
des débats un élément de preuve que s’il a été obtenu par violence ou fraude ;
Attendu qu’un jugement du 12 janvier 2006 a prononcé à leurs torts partagés le divorce des
époux X... – Y..., mariés en 1995 ; que, devant la cour d’appel, Mme Y... a produit, pour démontrer
le grief d’adultère reproché à M. X..., des minimessages, dits « SMS », reçus sur
le téléphone portable professionnel de son conjoint, dont la teneur était rapportée dans un
procès-verbal dressé à sa demande par un huissier de justice ;

Attendu que, pour débouter Mme Y... de sa demande reconventionnelle et prononcer le divorce à
ses torts exclusifs, la cour d’appel énonce que les courriers électroniques adressés par le biais de
téléphone portable sous la forme de courts messages relèvent de la confidentialité et du secret
des correspondances et que la lecture de ces courriers à l’insu de leur destinataire constitue une
atteinte grave à l’intimité de la personne ;
Qu’en statuant ainsi, sans constater que les minimessages avaient été obtenus par violence ou
fraude, la cour d’appel a violé les textes susvisés ;

PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l’arrêt rendu le 20 mars
2007, entre les parties, par la cour d’appel de Lyon ; remet, en conséquence, la cause et les
parties dans l’état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie
devant la cour d’appel de Lyon, autrement composée ;

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Condamne M. X... aux dépens ;

ANNEXE 1 :
Art. 259 du Code civil : Les faits invoqués en tant que causes de divorce ou comme défenses à
une demande peuvent être établis par tout mode de preuve, y compris l’aveu. Toutefois, les
descendants ne peuvent jamais être entendus sur les griefs invoqués par les époux.

Article 259-1
Un époux ne peut verser aux débats un élément de preuve qu’il aurait obtenu par violence ou
fraude.

Travail à faire
1. Présenter la procédure des deux arrêts
2. Quelle est la position de la Cour d’appel de Lyon quant à la valeur probante des SMS ?
3. Quelle est la position de la Cour de cassation ?

Cas n° 1 :

Maxence a jeté son dévolu il y a deux semaines, sur une mini moto, exposée chez un
concessionnaire local XXL Motos.

À l’issue de plusieurs essaies avec des amis et de nombreux échanges par mail, la vente a été
consentie à un prix de 11 000 € par acte sous signature privée établi en un seul original, que la
concession XXL a voulu conserver (estimant en avoir besoin pour procéder à l’immatriculation
du véhicule). Or le concessionnaire prétend aujourd’hui pas avoir vendu la moto à Maxence.

Que peut faire Maxence ?

Corrigé :
Principes juridiques :
Il convient de distinguer fait juridique et acte juridique :
Le fait juridique est un événement volontaire ou non dans les effets juridiques ne sont pas
recherchés.
L’acte juridique est une manifestation de volonté destinée à produire des effets de droit
recherchés les parties.
La preuve incombe au demandeur (et non au défendeur). Le principe est imposé par l’article
1353 du code civil qui prévoit que « celui qui réclame l’exécution d’une obligation doit la
prouver ».
Les faits juridiques peuvent être prouvés par tout moyen : preuve libre
Les actes juridique portant sur une somme supérieure à 1500 euros doit être prouvés par une
preuve parfaite : preuve pré-constituée.

Lorsqu’un acte juridique est passé entre un commerçant et un non commerçant, l’acte est un
acte mixte : il est civil pour le non commerçant et il est un acte de commerce pour le
commerçant.

15
Lorsque la preuve de l’acte mixte doit être apportée par le particulier non commerçant contre le
commerçant, le non commerçant bénéficie des règles de preuve du droit commercial et il peut
apporter la preuve par tous les moyens (la preuve est libre). Si le commerçant agit, il devra
respecter les règles du droit civil.
Lorsque l’acte sous signatures privées concerne deux parties, qui ont des obligations
réciproques, il doit être établi en autant d’exemplaires que de parties.
Application aux faits
C’est Maxence, demandeur non commerçant, de prouver qu’il y bien eu vente de la moto par XXL
moto commerçant. Maxence pourra recourir à la liberté de preuve.
XXL Motos n’a pas n’a pas respecté le formalisme du double exemplaire pour l’acte sous
signatures privées qui a été passé avec Maxence. Maxence ne pouvait donc pas apporter la
preuve grâ ce à l’exemplaire qui devait lui être remis par XXL Motos. Maxence pourra avoir
recours aux témoignages, des commencements de preuve par écrit tel des relevés de compte,
des copies de chèques, des échanges de mails.
Cas n° 2 :

David et Thomas sont cousins. Il y a six mois, David a annoncé à Thomas vouloir ouvrir son
magasin de vêtements, mais il lui manquait 50 000 euros pour pouvoir mener son projet à bien.

Thomas proposa alors de lui prêter l’argent manquant, David accepta ; il lui remit donc 50 000 €
le soir de son anniversaire devant plusieurs invités. Connaissant les défauts de son cousin et
notamment son cô té très dépensier, il lui a demandé de laisser une trace écrite du prêt. Au
moment d’écrire un mot sur la carte d’anniversaire de Thomas, David y a donc a inscrit à la
main : « Je te remercie pour les 50 000 €. Je m’engage à te rembourser le plus vite possible. Ton
cousin David ».

Thomas est très inquiet. David n’a jamais ouvert de magasin : il a utiliser la somme prêtée pour
offrir un voyage à sa nouvelle compagne. De plus David prétend ne jamais lui avoir emprunté
d’argent et refuse donc de le rembourser.
 
Maëva, la sœur de Thomas, rencontre elle aussi des difficultés avec sa voisine à qui elle a prêté
1000 euros pour qu’elle s’achète des meubles. Le concierge de l’immeuble était présent lors de la
remise de la somme.

Maëva a demandé à sa voisine de rédiger une reconnaissance de dette, ce qui fut fait en bonne et
due forme. Malheureusement, l’immeuble où elle réside a été inondé et la reconnaissance de
dette détruite.

Thomas et Maëva vous demandent conseil.

Correction :

Questions posées :

Comment doit être prouvé le prêt d’une somme d’argent ?

La créance de Thomas envers son cousin David


  
Pour obtenir le remboursement de la somme de 50 000 euros qu’il a avancée à son cousin,
Thomas, sur qui pèse la charge de la preuve en vertu de l’article 1315 alinéa 1er du Code civil,

16
doit rapporter la preuve de l’existence du prêt et de son montant. Or s’agissant d’un acte
juridique, une preuve parfaite est en principe nécessaire, sauf à pouvoir se prévaloir d’une
exception à cette exigence
 
Règle de droit : ( Rappel qui ? quoi ? comment ?)

 « Celui qui réclame l’exécution d’une obligation doit la prouver ».

La charge de la preuve incombe ainsi au demandeur à l’instance qui supporte la charge d’établir
la réalité des faits qu’il allègue à l’appui de sa prétention.

« Réciproquement, celui qui se prétend libéré doit justifier le paiement ou le fait qui a produit
l’extinction de son obligation ».

Il convient de distinguer les faits juridiques ( Définition ) des actes juridiques (Définition)

 
L’article 1341 du Code civil pose deux principes : l’obligation de dresser un écrit pour constater
tout acte juridique dont la valeur excède 1 500 euros et l’interdiction de prouver par témoins
contre ou outre un tel écrit.

Selon l’article 1341 alinéa 1er du Code civil, la preuve d’un acte juridique portant sur une valeur
supérieure à 1 500 euros ne peut être rapportée que grâ ce à une preuve littérale, à savoir :
1. Soit un acte authentique, c'est-à-dire un acte reçu ou dressé par un officier public compétent
selon les formalités requises
2. Soit un acte sous seing privé, c'est-à-dire un acte établi par les parties elles-mêmes et sous
leur(s) seule(s) signature(s), sans intervention d’un officier public.

Les actes authentiques et les actes sous seing privé sont des preuves parfaites qui lient le juge.
 
Pour valoir acte sous seing privé, un écrit doit toujours comporter une signature. S’il constate un
contrat unilatéral, comme c’est le cas d’un prêt, il doit en plus comporter la mention en chiffres
et en lettres de la somme que le débiteur s’engage à restituer (article 1326 du Code civil).

Les exceptions à l’exigence d’une preuve parfaite


 
- Liberté de la preuve en matière commerciale (article L. 110-3 du Code de commerce)
- Existence d’une dérogation conventionnelle (article 1316-2 du Code civil) ;
- Impossibilité matérielle ou morale de présenter un écrit (article 1348 alinéa 1er du Code civil)
- Existence d’une copie fidèle et durable (article 1348 alinéa 2 du Code civil)
- Commencement de preuve par écrit, trois conditions doivent être réunies :
- Il faut un écrit
- Il faut que cet écrit émane de la personne à laquelle il est opposé
- Il faut que cet écrit rende vraisemblable le fait allégué.
 

Application : Or en l’espèce, toutes les conditions de l’article 1341 alinéa 1er du Code civil se
trouvent réunies : On est en présence d’un prêt, donc d’un acte juridique, dont il s’agit de
prouver l’existence. Cet acte juridique porte bien sur une valeur supérieure à 1 500 euros, à
savoir 50 000 euros.
 
En conséquence, la preuve du prêt consenti par Thomas à David ne peut être faite qu’au moyen
d’une preuve littérale - un acte authentique ou sous seing privé. 

17
Il est fait état dans l’énoncé d’un document écrit : le mot inscrit sur la carte d’anniversaire.
-  Plusieurs difficultés peuvent rapidement être éliminées :
+ Il importe peu que le mot soit porté sur une carte d’anniversaire et non sur un support
séparé ; c’est un écrit
+ Quant à la date, on ne sait pas si elle y a été portée, mais ce n’est pas une condition de validité
de l’acte sous seing privé.

- La signature : le mot est signé « ton cousin David ». Il est admis par la jurisprudence que la
signature par le seul prénom est valable, à condition que l’identité du signataire soit certaine. A
moins que Thomas n’ait d’autres cousins du même prénom, cette signature permet bien
d’identifier son auteur. Elle témoigne par ailleurs de sa volonté de s’engager. La condition
relative à la signature est donc remplie.
- La mention de la somme : la somme ne figure qu’en chiffres et non en lettres. Les conditions de
l’article 1326 ne sont donc pas satisfaites.

En conclusion, le mot sur la carte d’anniversaire ne peut pas valoir acte sous seing privé.
 
Thomas ne peut prouver le prêt au moyen d’une preuve parfaite. Il ne peut donc satisfaire au
principe posé par l’article 1341 alinéa 1er du Code civil.
 
Thomas ne peut pas invoquer l’impossibilité morale car :

- Tout d’abord, l’impossibilité morale de se procurer un écrit suppose l’existence entre le


créancier et le débiteur au moment de la conclusion de l’acte juridique d’une relation de
confiance qui peut résulter par exemple d’un lien de famille ou d’alliance. Or bien qu’ils soient
cousins, Thomas n’avait pas confiance en David dont il connaissait le caractère dépensier.
- De plus, et en raison de ce manque de confiance, Thomas a demandé à David de « laisser une
trace écrite » du prêt. Cela démontre qu’il n’existait pas d’impossibilité morale de se procurer
un écrit.
 
Une dernière exception est toutefois susceptible de profiter à Thomas : l’existence d’un
commencement de preuve par écrit , ce qui lui permettra de faire la preuve du prêt par tous
moyens.
 
Le mot laissé sur la carte d’anniversaire de Nicolas peut-il valoir commencement de preuve par
écrit, à défaut de pouvoir être qualifié d’acte sous seing privé ?
- Il s’agit d’un écrit
- Cet écrit émane de la personne à laquelle il est opposé, c'est-à -dire David qui a signé « ton
cousin David »
- Cet écrit rend vraisemblable le fait allégué, à savoir le prêt de 50 000 euros (« je m’engage à te
rembourser les 50 000 € »).

Thomas détient bien un commencement de preuve par écrit. Il est donc autorisé à prouver par
tous moyens l’acte juridique qu’il invoque (le prêt de 50 000 euros).
 
Le mot laissé sur la carte d’anniversaire par David permet à Thomas de prouver l’existence et le
montant du prêt par tous moyens.

En l’espèce, Thomas pourra fournir les témoignages des personnes présentes à sa fête


d’anniversaire, notamment celles qui ont assisté à la remise de la somme.  

En conclusion, Thomas peut satisfaire aux exigences de preuve issues du Code civil et
contraindre David à lui rembourser les 50 000 euros. Il exercera une action à cette fin devant le
tribunal judiciare dans le ressort duquel réside David, défendeur à l’instance.

18
La créance de MAEVA envers sa voisine
 
Seuls les faits contestés doivent être prouvés.
- L’existence de l’acte juridique (le prêt) 
- Le montant de l’acte juridique.
 
La preuve des actes juridiques portant sur une valeur inférieure à 1 500 euros est libre.

Application au cas : Mäeva pourra donc prouver sa créance par tous moyens.
 
Si la voisine nie lui devoir de l’argent, Maeva devra prouver l’existence et le montant du prêt en
vertu de l’article 1315, alinéa 1er du Code civil. La somme prêtée étant inférieure au seuil de
1 500 euros, la règle de l’article 1341, alinéa 1er du Code civil ne trouve pas application. Maeva
pourra donc prouver sa créance par tous moyens et notamment grâ ce au témoignage de son
concierge.
 
La reconnaissance de dette aurait permis de prouver le prêt et, en tant que preuve parfaite, elle
aurait lié le juge. Mais elle a été détruite.
 
Maëva peut cependant fournir le témoignage du concierge. S’agissant d’une preuve imparfaite, il
reviendra au juge d’en apprécier la force probante. Dans la mesure où le témoin a
personnellement constaté la remise de la somme, il est probable que le juge considère que la
preuve est ainsi rapportée et condamne en conséquence la débitrice à payer.
 
Pour obtenir le remboursement de sa créance, Maëva doit donc saisir le tribunal judiciaire dans
le ressort du domicile de sa voisine.

Cas n° 2 :

Amandine a dix années de plus que son jeune frère, Brian, dont elle s’est occupée dès son plus
jeune â ge. Il a accumulé beaucoup de bêtises qu’elle a toujours réparés.

Depuis 5 ans sa situation s’est stabilisé auprès de Sophie avec qui il a décidé de fonder une
famille. Brian a cherché pendant plus d’un an après leur mariage un appartement sur Marseille.
Mais la situation n’est pas facile. Sophie a été licenciée pour motif économique et Brian travaille
dans une petite entreprise de menuiserie où il peut gagner 1400 euros nets par mois. Les
banques ne lui prêtent pas une somme trop importante. Son frère étant déprimé par cette
situation, Amandine a décidé de lui prêter 60 000 euros pendant l’été 2010 afin de lui permettre
de réunir la somme nécessaire à l’achat d’un appartement situé à La Bédoule. Son frère lui avait
promis de lui rembourser chaque mois 500 euros à partir du 1 octobre 2012 pour laisser à sa
belle-sœur le temps de retrouver un travail.
Mais le 18 octobre 2012, aucun remboursement n’est encore intervenu. Amandine ne parvenant
plus à joindre son frère, elle commence à s’inquiéter pour lui et pour elle-même. Cela ne lui
ressemble pas de la laisser ainsi sans nouvelles pendant plusieurs jours. Elle n’a pas pris soin de
réaliser une reconnaissance de dette. Elle avait néanmoins photocopié le chèque de 60 000
euros à l’ordre de Brian, ainsi que la lettre qui accompagnait le chèque dans laquelle elle leur
souhaitait tout le bonheur du monde dans ce nouveau nid. Elle rappelait dans cette lettre qu’elle
était heureuse d’avoir pu les aider et qu’il ne s’inquiète pas pour elle pour le caractère tardif du
remboursement.

19
Le 1 novembre, elle finit par contacter l’une de ses sœurs, Audrey, pour savoir si elle n’a pas eu
de nouvelles de Brian. Elle apprend alors qu’il a découvert le journal intime de sa femme, ainsi
que des lettres enflammées adressées à sa femme par un certain, John. Il est complètement
effondré. Audrey est très surprise par cette situation concernant les 60 000 euros car Brian lui
avait précisé qu’Amandine lui avait donné cet argent. Amandine vient alors vous consulter pour
avoir vos conseils.

Correction : La preuve du contrat de prêt


Règle de droit :

La charge de la preuve de l’existence du contrat de prêt


La charge de la preuve incombe au demandeur à l’action.

Les modes de preuve de l’existence et du contenu du contrat de prêt

Quant aux modes de preuve de la nature du contrat, les actes juridiques se prouvent par écrit.
Les actes juridiques sont des manifestations de volonté ou des accords de volonté destinés à
produire des effets de droit.

Le contrat de prêt est un acte juridique devant s’établir par un écrit. Pour se dégager de cette
exigence de preuve littérale, deux voies peuvent être envisagées.

Le commencement de preuve par écrit se définit comme tout écrit émanant de celui contre
lequel la demande est formée et qui rend vraisemblable le fait allégué.

En second lieu, la preuve du prêt peut devenir libre, si l’écrit ne peut être produit en raison d’une
impossibilité morale de se le procurer. Les juges du fond apprécieront souverainement « le point
de savoir si une partie s’est trouvée dans l’impossibilité morale d’exiger un écrit ».

Application :
Si Amandine souhaite agir en justice contre son frère pour le contraindre à exécuter son
obligation de remboursement, elle aura la qualité de demandeur.
Elle devra donc rapporter la preuve de la nature du contrat passé entre elle et son frère.

Amandine n’ayant pas pris le soin d’établir un écrit , elle ne pourra pas établir ses prétentions
par ce mode de preuve.

En premier lieu, Amandine pourrait penser à invoquer un commencement de preuve par écrit. Il
convient ainsi d’examiner plus précisément si le chèque et la copie de sa lettre
d’accompagnement pourraient être considérés comme un commencement de preuve par écrit.
Or, le chèque et la lettre émanent tous les deux d’Amandine et non de Brian. La première
chambre civile de la Cour de cassation, dans un arrêt du 11 avril 1995, avait ainsi décidé qu’un
chèque émanant du prêteur ne pouvait être invoqué à l’encontre des bénéficiaires comme
commencement de preuve par écrit du prêt.
Ils ne pourront donc pas constituer un commencement de preuve par écrit.

La personne avec laquelle Amandine a contracté étant un membre de sa famille avec lequel elle a
toujours eu un lien particulier, l’impossibilité pourra être vraisemblablement retenue.

Il lui appartiendra alors de mettre en avant des témoignages ou tout autre moyen de preuve
pour emporter la conviction du juge. Faute de précisions suffisantes dans le cas pratique, il n’est
pas possible de savoir si elle disposera de ses moyens. Mais il est possible de préciser que la

20
charge de la preuve lui incombant, le doute profitera à son frère, si elle ne parvient pas à
emporter la conviction du juge.

Cas n° 3

Au cours de cette année, Joris Prudence a vendu à Jean Tourloupe un bahut en chêne massif pour
un prix de 4000 €. Il a laissé Jean Tourloupe emporter le bahut en l’autorisant à ne régler la
facture que le mois suivant. Or, deux mois plus tard, non seulement Jean ne s’est toujours pas
acquitté de sa dette, mais prétend désormais n’avoir jamais acheté de bahut. Jean Prudence reste
cependant confiant car il a en sa possession l’exemplaire unique de l’acte sous signature privée
reprenant les termes de la vente, ainsi qu’une lettre dans laquelle Jean Tourloupe lui demande
de délai de paiement. Bien que confiant, Jean Prudence préfère s’adresser à un professionnel. Il
choisit donc votre cabinet et vous confie son cas. Votre mission consiste à comprendre
j’entourloupe à lui verser les 4000 € qui lui doit.

Pour la réaliser, vous devez évaluer la possibilité car Jaurès prudence d’établir la vente
du bahut.

Corrigé

21
Cas n° 4

22
Jacques a acheté sur un site d’objet Vintage une table basse et une table de nuit pour un montant
de 2500 euros. Toutefois, lorsqu’il reçoit les objets, il prétend que le commerçant ne lui a pas
envoyé les meubles commandés. Le commerçant, s’appuyant sur la commande sur support
électronique affirme que les objets envoyés sont ceux qui ont été commandés.

1. Qui doit rapporter la preuve dans ce litige?

Règle de droit : c’est le demandeur à l’action qui a la charge de la preuve.


En l’espèce : Jacques étant le demandeur à l’action, c’est sur lui qui pèse la charge de la preuve

2. Comment doit se faire cette preuve?

Règle de droit : la preuve d’un acte juridique d’une valeur supérieure à 1 500 € est soumise à
l’obligation de pré-constituer cette preuve par un écrit parfait.
Toutefois, la preuve contre un commerçant est libre.
En l’’espèce : , il s’agit de la preuve d’un contrat de vente donc d’un acte juridique. Par ailleurs,
cet acte juridique porte sur une transaction supérieure à 1500 € donc sa preuve est en principe
subordonnée à la fourniture d’un écrit parfait. Toutefois, la preuve devant se faire contre un
commerçant, Jacques pourra prouver par tous moyens ces prétentions.

3. Les documents sur support électronique peuvent-ils servir de preuve?

Règle de droit : les supports électroniques ont la même valeur que les supports papier à
condition de pouvoir identifier la personne dont ils émanent et d’être établis et conservés dans
des conditions de nature à en garantir l’intégrité.
En l’espèce : la commande n’a pas fait l’objet d’un support papier mais uniquement d’échanges
électroniques. Si ces documents électroniques permettent d’identifier leur auteur et sont
parfaitement conservés, ils ont une force probante élevée, le marchand pourra rapporter la
preuve que les objets envoyés correspondent aux objets commandés et pourra gagner ce litige.

La résolution des litiges par les instances judiciaires

Cochez la bonne réponse

Appel possible Seulement Pourvoi en


cassation

Tribunal judiciaire montant < X


4000 euros

Tribunal de commerce montant X


de l’affaire > 5000 euros

Ordonnance du juge
d’instruction X

Arrêt de la Cour d’assises X

Décision du tribunal de X
proximité montant de l’affaire >
5000 euros

23
Appel possible Seulement Pourvoi en
cassation

Jugement en premier et dernier X


ressort

Ordonnez les différentes étapes de la procédure devant le tribunal judicaire:

- L’instruction 3
- Introduction de l’instance : l’assignation 1
- La clô ture des débats 5
- La saisine du tribunal 2
- L’audience 4

Exercice n° 1 : Distinction entre les différentes juridictions. Indiquez devant quel type de
juridictions, le demandeur devra agir

M. Z. est en désaccord avec son voisin qui a construit un mur sur son terrain, il devra s'adresser
devant *****

Mme K. est fonctionnaire et elle conteste sa feuille de paye. Pour ce litige elle veut devoir
s'adresser au ****

Mme V. veut divorcer mais son mari refuse. Finalement elle devra porter l'affaire ****

Mlle J est licenciée par le directeur de l'entreprise. Elle désire être indemnisée et être réintégrée
dans son emploi. Elle va s'adresser au ******

M. L. a prélevé de l'argent sur les comptes de la société dont il est le directeur. Il a ensuite fait
construire une piscine dans sa résidence secondaire. Mr L. est mis en examen pour abus de biens
sociaux devant le *****

La société Clamart qui a confié des travaux à la société Baticonseil ne parvient pas à faire
reprendre les malfaçons du chantier. Elle devra s’adresser *****

M.V. conteste la régularité des élections municipales. Il devra s'adresser au ****

Monsieur H. a assassiné sa belle-mère. Il passera en jugement devant la ****

Exercice n° 1 : Distinction entre les différentes juridictions. Indiquez devant quel type de
juridictions, le demandeur devra agir

M. Z. est en désaccord avec son voisin qui a construit un mur sur son terrain, il devra s'adresser
devant le tribunal judiciaire

24
Mme K. est fonctionnaire et elle conteste sa feuille de paye. Pour ce litige elle veut devoir
s'adresser au TA

Mme V. veut divorcer mais son mari refuse. Finalement elle devra porter l'affaire devant le
tribunal judiciaire

Mlle J est licenciée par le directeur de l'entreprise. Elle désire être indemnisée et être réintégrée
dans son emploi. Elle va s'adresser au Conseil des prud’hommes

M. L. a prélevé de l'argent sur les comptes de la société dont il est le directeur. Il a ensuite fait
construire une piscine dans sa résidence secondaire. Mr L. est mis en examen pour abus de biens
sociaux devant le tribunal correctionnel

Mme R. est en désaccord avec son frère sur le partage de l'héritage. Elle devra s'adresser au
tribunal judiciaire

La société Clamart qui a confié des travaux à la société Baticonseil ne parvient pas à faire
reprendre les malfaçons du chantier. Elle devra s’adresser au tribunal de commerce

M.V. conteste la régularité des élections municipales. Il devra s'adresser au tribunal administratif

Monsieur H. a assassiné sa belle-mère. Il passera en jugement devant la Cour d’assises

Exercice 1 :

1. M. Gaston, partant en randonnée en montagne après une nuit de violent orage est blessé par
une tuile qui est tombée du toit du chalet de son voisin. Il demande réparation de son préjudice
corporel et esthétique évalué à 800 euros.

2. Mme Rosalie salariée, quitte son entreprise. Son employeur refuse de lui verser l’indemnité
compensatrice de congés payés à laquelle elle a droit.

3. Vous êtes confronté à plusieurs pannes sur votre voiture neuve et vous suspectez un vice
caché. Vous demandez la restitution du prix de vente augmenté des frais accessoires pour un
total de 15 000 euros.

4. Sébastien a résilié son contrat de bail. Son propriétaire refuse de lui restituer son dépô t de
garantie correspondant à la somme de 1 200 euros car il a constaté diverses dégradations.

5. Monsieur Bertrand projette de faire construire une maison et le maire de votre commune
vous refuse le permis de construire.

6. Les époux Durand ont décidé de divorcer.

7. La Commission européenne constate que la France n’a pas respecté ses obligations relatives à
la mise en œuvre des mesures visant à protéger les poissons de taille inférieure à la taille
minimale légale.

25
8. Deux voisins sont en conflit au sujet de l’entretien d’un chemin. Au cours d’une discussion «
musclée » l’un d’entre eux se retrouve au sol et reçoit dans les yeux un jet de bombe
lacrymogène.

9. Un jeune détenu (19 ans) décède en prison à la suite d’un incendie provoqué par l’un de ses
compagnons de cellule, décédé lui aussi. Or le Code de procédure pénale dispose que les
dérogations au principe de l’encellulement individuel ne peuvent concerner des détenus de
moins de 21 ans.

Pour chacun des cas, indiquer le tribunal compétent en fonction du litige. Justifier vos
réponses.
1. Tribunal judicaire
2. Conseil de prud’hommes
3. Tribunal judicaire
4. Juge du contentieux de la protection
5. Tribunal administratif
6. Tribunal judiciaire
7. CJUE Recours en manquement
8. Tribunal correctionnel
9. TA

Exercice 2 :

Déterminez la juridiction matériellement et territorialement compétente

Geneviève résident à Cannes a acheté une caravane d’occasion à Sophie qui habite à Lyon
moyennant le prix de 4 000 euros. Geneviève se rend compte que l’année de mise en circulation
de la caravane a été falsifiée.

Tribunal judiciaire de Lyon

Bernadette souhaite contester la décision par laquelle le maire de sa commune a décidé de


construire une déchèterie sur le terrain jouxtant sa propriété à Brest.

Tribunal administratif de Brest

La société anonyme Les délices du Palais dont le siège social se trouve à Aix-en-Provence entend
poursuivre pour actes de concurrence déloyale la société Le Palais des Délices dont le siège
social se trouve à Nantes.

Tribunal de commerce de Nantes

Cas pratique 1: 02.03

M. Daumas, médecin à Marseille, achète un électrocardiographe à la société « Médishop ».


En lisant la facture correspondant à son achat, il découvre dans un paragraphe, intitulé
« Conditions de vente » une clause qui prévoit qu’en cas de litige portant sur le contrat, le
tribunal de commerce de Paris sera compétent. M. Daumas vous interroge sur la validité de cette
clause.
02.04
Le conseil municipal de la ville de Nice a pris en mars 2020 un arrêté stipulant que les épiceries
de nuit et les établissements de vente à emporter seraient fermés de 23 h à 6 h d u matin

26
du 1er mai au 1 er octobre et de 22 h à 6 h le reste du temps dans un vaste périmètre du centre-
ville.

Réunis dans un collectif, des épiciers niçois se sont interrogés sur la légalité d’un tel arrêté,
estimant que cette fermeture était une entrave à la liberté du commerce.

Quel type de recours ont-ils pu intenter ? Devant quelle juridiction ?

Corrigé :

Tribunal administratif de Nice

Cas pratique 2 :

Monsieur Fernand, commerçant indépendant, vend à Madame Buis du matériel informatique


pour une somme de 8 800 euros. C’est une somme importante car Madame Buis est dentiste et a
demandé à M. Fernand d’acheter pour elle deux postes informatiques, une imprimante, un
modem, de s’occuper de sa connexion internet et de sa connexion Sécurité sociale, et de
procéder à l’installation de l’ensemble. Au bout de quatre mois d’énervements et d’appels
incessants restés infructueux de Monsieur Fernand, le matériel ne lui permet toujours pas de se
connecter correctement ni de retrouver ses fiches clients. Madame Buis vous demande :

Quel est le tribunal compétent pour cette affaire ?


Madame Buis disposera-t-elle de voie de recours si elle perd en première instance ?

Corrigé :
Rappel des faits : Monsieur Fernand a vendu du matériel défectueux à Madame BUIS dentiste.

Problème de droit : Quelle est la juridiction compétente pour trancher le litige qui oppose un
commerçant à un non commerçant ?

Règle de droit :

Pour déterminer la juridiction compétente pour connaître ce litige, il faut distinguer


la compétence d'attribution de la compétence territoriale.

27
La compétence d’attribution est l’aptitude pour une juridiction à connaître, instruire et juger une
affaire. La compétence matérielle et fonction de la nature du litige, de sa valeur et du degré de
juridiction. Les juridictions ont chacune leur domaine de compétence.

La compétence territoriale détermine la juridiction géographiquement compétente.

Principe général : le tribunal compétent est celui du lieu du domicile du défendeur.

Si le demandeur agit contre une personne morale : domicile du siège social

Il existe toutefois des exceptions. En matières contractuelle, le demandeur dispose d’une option :
tribunal du domicile du défendeur ou le tribunal du lieu de livraison ou d’exécution de la
prestation.

Constitue un acte mixte un acte qui présente un caractère civil pour une partie et un caractère
commercial pour l’autre ;

Les professions libérales regroupent les “personne exerçants à titre habituel, de manière
indépendante et sous sa responsabilité, une activité de nature généralement civile ayant pour
objet d’assurer, dans l’intérêt du client ou du public, des prestations principalement
intellectuelles, techniques ou de soins mises en œuvre au moyen de qualifications
professionnelles appropriées et dans le respect de principes éthiques ou d’une déontologie
professionnelle. »

Si le demandeur est le commerçant la juridiction compétente est le Tribunal judiciaire.

Si le demandeur est le non commerçant, ce dernier dispose d’une option entre le tribunal de
commerce et le Tribunal judiciaire.

Application au cas : Le contrat conclu entre M Fernand et Mme. BUIS est un acte mixte c'est-à -
dire qu’il est commercial pour M. Fernand et civil pour Mme BUIS car elle exerce la profession
libérale de dentiste.

Le tribunal territorialement compétent sera celui dans le ressort duquel se situe le siège de
l’entreprise de M. Fernand ou celui du lieu d’exécution de la prestation.

Madame Buis est demandeur à l’action et bénéficie d’une option dans le choix du tribunal du
défendeur : soit le tribunal de commerce, soit le tribunal judiciaire du lieu dans le ressort duquel
se situe le siège de l’entreprise de M. Fernand ou celui du lieu d’exécution de la prestation.

Si jamais elle perd en première instance, pourra t-elle exercer des voies de recours ? Si oui,
devant quelle juridiction ?

Rappel des faits : Madame Buis se demande si elle dispose de voie de recours si elle en première
instance.

Règle de droit 

28
Le système français est caractérisé par 2 degrés de juridiction. Lorsqu’une personne intente
pour la première fois une action en justice dans le cadre d’un litige, elle doit saisir une des
juridictions de premier degré. Cette juridiction rend des jugements. Elle juge en fait et en droit.

Il est possible que l’une des parties au procès souhaite contester le jugement rendu. Elle va alors
pouvoir saisir un second juge, d’un rang plus élevé : elle va pouvoir faire appel de la décision. On
dit alors qu’elle interjette appel de la décision de la juridiction de premier degré et saisi une
juridiction de second degré : la Cour d’appel. Elle rend un arrêt.

Ne peuvent être frappe d’appel :


- les jugements qualifiés de « rendus en premier et dernier ressort » par le tribunal
- Les litiges dont le montant est inférieure à 5 000 euros

Solution : Le litige porte sur une somme supérieure à 5000 euros. L’appel est donc possible. Si
Madame Buis n’obtient pas satisfaction, elle pourra interjeter appel de cette décision devant la
Cour d’Appel.

Cas pratique 3 :

Monsieur Risque est négociateur dans l’entreprise VENDTOUT. Depuis plusieurs mois, il subit
des pressions de son supérieur hiérarchique M. Méchant, pressions morales afin de le faire
quitter l’entreprise sans bénéficier d’indemnité de licenciement. M. Risque fait l’objet d’un
changement de poste et se retrouve dans le service comptable, ce qui ne correspond ni à ses
qualifications ni à ses compétences. Il veut alors faire constater la rupture du contrat de travail à
l’initiative de son employeur, c'est-à-dire son licenciement, par le juge.

Monsieur Risque vous consulte :


1. Quelle juridiction peut-il saisir ?
2. Quelle est la composition de cette juridiction ?
3. Le ministère d’avocat est-il nécessaire ? La procédure est-elle orale ou écrite ?

1- La juridiction compétente en matière prud’homale c'est-à-dire pour trancher les litiges entre
salarié et employeur à l’occasion d’un contrat de travail est le Conseil des prud’hommes. Cette
juridiction est également saisie lorsque le litige intéresse des salariés de la même entreprise à
savoir un salarié et son supérieur hiérarchique et cela en particulier en matière de harcèlement
moral. Le chef d’entreprise peut également être attrait dans l’instance prud’homale.

Dans le cas d’espèce il s’agit d’un litige à l’occasion de l’exécution d’un contrat de travail et de sa
rupture, litige entre un salarié M. Risque et son supérieur M. Méchant ; la juridiction compétente
est donc le conseil des prud’hommes. Au regard de sa compétence territoriale, le conseil des
prud’hommes à saisir est celui du lieu d’exécution du contrat de travail. On peut imaginer qu’il
s’agit du lieu où M. Risque accomplit ses missions de négociateur.

2- La particularité des conseils de prud'hommes est de ne pas être composée de magistrats du


corps judiciaire mais de juges nommés sur propositions des organisations syndicales de salariés
et professionnelles des employeurs. A ce titre, le conseil des prud’hommes est une juridiction
paritaire, constituée pour moitié d'employeurs et pour moitié de salariés. L’objectif de la loi est
que les employeurs ne l’emportent pas sur les salariés et vice et versa.

Sauf exception, jugement est rendu par quatre conseillers prud’homaux : deux conseillers
prud’homaux employeurs et deux conseillers prud’homaux salariés, afin de respecter la parité.

29
Toutefois, s’il y a partage égal des voix, l’affaire est renvoyée devant le même bureau de
jugement présidé par un juge du tribunal d’instance dans le ressort duquel est situé le conseil
des prud’hommes. Le juge d’instance prend alors le nom de juge départiteur du conseil des
prud’hommes.

3- Devant la juridiction prud’homale, le ministère d’avocat n’est pas requis car la procédure est
orale, ce qui permet aux parties de s’exprimer directement à l’audience devant les juges, même
si dans la pratique les justiciables préparent des conclusions comprenant les différents
arguments.

Les parties sont tenues de comparaître en personne sauf à se faire représenter. Elles peuvent se
faire assister, sans que le ministère d’avocat ne soit obligatoire ; la présence de l’avocat est
toutefois souvent nécessaire en raison du caractère complexe et évolutif du droit du travail. Le
justiciable peut se faire assister ou représenter par des proches ; il s’agit des salariés ou des
employeurs appartenant à la même branche d'activité, un défenseur syndical, du conjoint ou
concubine ou partenaire de PACS; l'employeur peut également se faire assister ou représenter
par un membre de l'entreprise.

Cas pratique 4 :

Monsieur et Madame Vortex sont domiciliés à Lille, où ils vivent à titre principal. Il dispose d’une
maison secondaire à Toulouse, où ils passent l’essentiel de leurs vacances. Leurs nouveaux
voisins toulousain entretiennent cependant pas leur habitat et n’ont pas réparé une fuite qui a
causé un dégâ t des eaux aux Vortex l’an passé. Cette fois-ci, ils apprennent que leur chien a
déchiqueté une partie de leur clô ture. Le coû t estimé des réparations s’élèverait à 5800 euros.
Bien entendu, ces mêmes voisins ne sont pas assurés. Les Vortex décide d’agir, mais se demande
devant quel tribunal ils doivent présenter leur requête. Pour obtenir conseil, ils vous consultent
dans le cadre de leur assurance protection juridique. Votre mission est de leur apporter ce
conseil.

Vous devez déterminer, pour les époux Vortex, le tribunal compétent dans le cadre de
leur litige

Corrigé

Déterminer, pour les époux Vortex, le tribunal matériellement et territorialement


compétent dans le cadre de leur litige.

Principes juridiques

Un tribunal doit être matériellement et territorialement compétent.

Définition des deux compétences ( Voir cas pratique précédent)

Distinction juridiction de droit commun et juridiction d’exception

Les juridictions de droit commun sans les juridictions ayant compétences pour tous les litiges,
sauf c’est un texte de loi particulier la lui retire.

Les juridictions spécialisées, également appelées juridictions d’exception, désignent les


tribunaux dont un texte spécial prévoit la répartition des compétences. À l’inverse des
juridictions de droit commun, ils ne peuvent juger que des litiges qui leur sont expressément
attribués par un texte.

30
En matière d’affaires personnelles et mobilières, pour les sommes inférieures à 10 000 euros, le
tribunal judiciaire est matériellement compètent, ou le tribunal de proximité́ .

Le tribunal territorialement compétent est celui dans le ressort duquel se situe le domicile du
défendeur.

Application au cas
Or, dans le cas présent, les dégâ ts causés par le chien au bien des Vortex constituent, en termes
de compétence matérielle, un droit de créance de ces derniers vis-à-vis de leurs voisins et, donc,
une affaire personnelle et mobilière. Le montant estimé de la créance s’élevant à 5 800 euros, le
tribunal judiciaire ou de proximité sera compétent. En termes de compétence territoriale, les
demandeurs habitent Lille et les défendeurs, Toulouse. Le tribunal territorialement compétent
sera donc celui de Toulouse.

Cas pratique 5 :

Léa était comptable au sein d’un groupe de vente en ligne et travaillait au service achat depuis
cinq ans. Elle a été licenciée pour faute grave. Elle estime que son licenciement est injustifié : son
employeur invoque des faits de sa vie privée (Relations avec le dirigeant d’une société
concurrente) qui n’ont eu aucun impact sur la vie de l’entreprise pour fonder la sanction qu’il
a prise. Elle entend contester la qualification du licenciement devant le conseil des prud’hommes
et demande des dommages et intérêts. La phase de conciliation a abouti à un échec. Elle est
conviée à se présenter à l’audience de jugement.

1. Quelles sont les conditions que doit respecter Léa pour engager une action en justice$
2. Préciser qui est demandeur à cette action en justice et qui est le défendeur
3. Exposez les spécificités de la procédure devant le Conseil des prud’hommes
4. Quels recours sont à la disposition de Léa si elle n’est pas satisfaite du jugement du
Conseil des prudhommes
5. Comment serait alors rejugée l’affaire ?
6. Pourrait-elle intenter un pourvoi en cassation ?

L’employeur de Léa, assisté par son avocat, l’invite, avant l’audience de jugement, à un entretien.
Il voudrait « résoudre le conflit à l’amiable » car il craint d’être condamné par le Conseil des
prud’hommes à verser à Léa une indemnité de licenciement sans cause réelle et sérieuse.
Il serait prêt s’il le faut à faire des concessions. Il voudrait lui verser une somme forfaitaire qui
compenserait la perte de revenu que subit Léa. Cependant, il souhaite se prémunir contre tout
recours judiciaire par la suite. Léa souhaite, elle aussi, mettre un terme à ce litige rapidement.

7. Qualifier juridiquement les différents modes alternatifs de règlement des différends


auquel l’employeur de Léa pourrait recourir.
8. Indiquer à quelles conditions cet accord serait valable. Rappelez quels en seront ses
effets.

Corrigé :

1à 6
Demandeur et défendeur à l’action en justice
Les caractéristiques de la procédure devant le conseil des prud’hommes
Recours contre le jugement du Conseil des prud’hommes et contre l’arrêt de la Cour d’appel.

31
Principes juridiques
La demande est l’acte de procédure par lequel une partie saisit le tribunal pour qu’il statue sur
sa prétention. Elle est qualifiée de demande initiale lorsque le plaideur prend l’initiative du
procès.
La défense est le droit pour celui qui est attaqué de discuter les arguments du demandeur, la
forme de la prétention et d’invoquer une fin de non-recevoir.
La procédure est contradictoire, orale, formaliste, publique et le principe du dispositif doit être
respecté. Elle débute par une demande introductive d’instance et une saisine du tribunal. Devant
le Conseil des prud’hommes, les parties doivent comparaître d’abord devant le Bureau de
conciliation et d’orientation pour amener les parties à se mettre d’accord pour régler le conflit.
Ce bureau de conciliation et d’orientation renvoie les parties devant le bureau de jugement du
conseil des prudhommes en cas d’échec de la conciliation.
L’affaire est ensuite instruite et donne lieu à une audience orale et publique. À l’issue de cette
audience, l’affaire est mise en délibéré et le jugement est rendu. Il a force exécutoire et autorité
de la chose jugée.
Si l’une des parties n’est pas satisfaite, elle dispose de voies de recours :
- l’appel, si l’affaire est jugée en premier ressort à charge d’appel et la cour d’appel réexamine
l’affaire en fait et en droit. Elle rend un arrêt confirmatif ou infirmatif ;
- le pourvoi en cassation si l’affaire est jugée en premier et dernier ressort. La cour de cassation
ne statue que sur la bonne application du droit : elle est juge du droit et non du fait. Elle rend un
arrêt de rejet ou de cassation.

Application
Léa est demandeur à l’action devant le conseil des prud’hommes. Elle estime que son
licenciement est dénué de cause réelle et sérieuse et demande à être indemnisée. Son employeur
est défendeur à l’action. Ils ont été conviés à une phase de conciliation devant le bureau de
conciliation et d’orientation du conseil des prud’hommes. Cette tentative de conciliation a
échoué et ils ont été invités à se présenter devant le bureau de jugement.
Si Léa est déboutée devant le Conseil des prud’hommes, elle pourra faire appel du jugement
rendu par le conseil des prudhommes si l’affaire excède le montant de 4 000  (ce qui semble
être le cas ici). La Cour d’appel réexaminera l’affaire en faits et en droit et rendra son arrêt. Si
Manon n’était toujours pas satisfaite, elle pourrait envisager d’intenter un pourvoi en cassation
pour erreur de droit, vice de forme ou vice de procédure. La Cour de cassation n’étudiera que la
bonne application du droit par les juges du fond. Elle rendra un arrêt de rejet ou de cassation.

7. et 8.

Qualification du mode alternatif de conflit (MARD) utilisé – conditions et effets

Principes juridiques
Selon l’article 2044 du Code civil, la transaction est « un contrat par lequel les parties terminent
une contestation née ou préviennent une contestation à naître ». C’est un contrat écrit signé par
les parties qui met fin à des contestations par des concessions réciproques.
La transaction suppose l’existence d’un litige, une intention des parties de transiger et des
concessions réciproques de part et d’autre.
En cas d’accord entre les parties, la transaction éteint le litige et toute action devient
irrecevable : elle met fin à toute contestation et à l’autorité de la chose jugée.

Application
Léa et son employeur peuvent constater, par une transaction, leur intention de mettre fin au
litige qui les oppose.
Cette transaction permettra d’éteindre les différends qui les auraient conduits devant le Conseil
des prud’hommes et aura l’autorité de la chose jugée.
32
La question prioritaire de constitutionnalité (QPC) 

La question prioritaire de constitutionnalité (QPC) est un droit nouveau reconnu par la révision
constitutionnelle du 23 juillet 2008 (art. 61-1) et entré en vigueur le 1er mars 2010. 
Il permet à tout justiciable de contester, devant le juge en charge de son litige, la
constitutionnalité d’une disposition législative applicable à son affaire parce qu’elle porte
atteinte aux droits et libertés que la Constitution garantit.
Cette réforme modifie deux aspects importants du contrô le de constitutionnalité :
 la saisine du Conseil constitutionnel n’est plus réservée à des autorités politiques
(président de la République, Premier ministre, présidents des assemblées, 60 députés ou
sénateurs) ;
 le contrô le ne s’effectue plus seulement a priori, c’est-à-dire avant la promulgation d’une
loi, mais également sur tous les textes législatifs déjà entrés en vigueur (contrô le a
posteriori), y compris avant la création du Conseil constitutionnel en 1958.

La QPC peut être posée au cours de tout litige devant un tribunal de l’ordre judiciaire (à
l’exception de la cour d’assises) ou administratif, aussi bien en première instance qu’en appel ou
en cassation.
La juridiction saisie de la demande procède sans délai à un premier examen et vérifie trois
critères :
 si la disposition législative critiquée est bien applicable au litige qu’elle doit trancher ;
 si cette disposition n’a pas déjà été déclarée conforme à la Constitution par le Conseil
constitutionnel ;
 si la question présente « un caractère sérieux ».
Si la QPC est recevable, la juridiction saisie la transmet au Conseil d’É tat ou à la Cour de
cassation selon l’ordre juridictionnel ayant examiné la demande. Ces hautes juridictions ont
alors trois mois pour examiner la QPC et décider de saisir ou non le Conseil constitutionnel.
S’il est saisi, le Conseil a alors trois mois pour se prononcer. Il peut déclarer la disposition
conforme – le procès reprend alors devant le tribunal saisi en premier lieu – ou contraire à la
Constitution – la disposition concernée est abrogée.

Décision n° 2020-837 QPC du 7 mai 2020


Société A.D-Trezel [Conditions de revalorisation des loyers de certains baux commerciaux]

LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL A É TÉ SAISI le 6 février 2020 par la Cour de cassation


(troisième chambre civile, arrêt n° 219 du même jour), dans les conditions prévues à l'article 61-
1 de la Constitution, d'une question prioritaire de constitutionnalité. Cette question a été posée
pour la société A.D-Trezel par la SCP Bernard Hémery, Carole Thomas-Raquin, Martin Le Guerer,
avocat au Conseil d'É tat et à la Cour de cassation. Elle a été enregistrée au secrétariat général du
Conseil constitutionnel sous le n° 2020-837 QPC. Elle est relative à la conformité aux droits et
libertés que la Constitution garantit du dernier alinéa de l'article L. 145-34 du code de
commerce, dans sa rédaction résultant de la loi n° 2014-626 du 18 juin 2014 relative à
l'artisanat, au commerce et aux très petites entreprises.

LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL S'EST FONDÉ SUR CE QUI SUIT :


1. L'article L. 145-34 du code de commerce prévoit que, à moins d'une modification notable des
éléments de détermination de la valeur locative qui sont mentionnés aux 1 ° à 4 ° de l'article L.
145-33 du même code, le loyer de renouvellement des baux commerciaux dont la durée n'est
pas supérieure à neuf ans est plafonné. Le dernier alinéa de cet article L. 145-34, dans sa

33
rédaction résultant de la loi du 18 juin 2014 mentionnée ci-dessus, prévoit :« En cas de
modification notable des éléments mentionnés aux 1 ° à 4 ° de l'article L. 145-33 ou s'il est fait
exception aux règles de plafonnement par suite d'une clause du contrat relative à la durée du
bail, la variation de loyer qui en découle ne peut conduire à des augmentations supérieures, pour
une année, à 10 % du loyer acquitté au cours de l'année précédente ». 
2. La société requérante, rejointe par les parties intervenantes, soutient que ces dispositions
porteraient atteinte au droit de propriété du bailleur. Elle fait valoir que cette limitation de
l'augmentation du loyer lors du renouvellement du bail ne serait justifiée par aucun motif
d'intérêt général et pourrait avoir pour effet d'imposer un niveau de loyer fortement et
durablement inférieur à la valeur locative du bien, entraînant ainsi une perte financière
importante pour le bailleur. De plus, elle soutient que si ces dispositions peuvent être écartées
par les parties dès lors qu'elles ne sont pas d'ordre public, leur application aux baux en cours,
conclus avant leur entrée en vigueur mais renouvelés postérieurement, conduit dans ce cas à
priver, en pratique, les bailleurs de la possibilité d'y déroger. 
3. Il est loisible au législateur d'apporter aux conditions d'exercice du droit de propriété des
personnes privées, protégé par l'article 2 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen
de 1789, des limitations liées à des exigences constitutionnelles ou justifiées par l'intérêt
général, à la condition qu'il n'en résulte pas d'atteintes disproportionnées au regard de l'objectif
poursuivi. 
4. L'article L. 145-33 du code de commerce dispose que le loyer du bail commercial renouvelé
doit correspondre à la valeur locative du bien loué et que, à défaut d'accord des parties, cette
valeur est déterminée d'après les caractéristiques du local considéré, la destination des lieux, les
obligations respectives des parties, les facteurs locaux de commercialité et le prix couramment
pratiqué dans le voisinage. Le premier alinéa de l'article L. 145-34 du code de commerce
instaure un plafonnement du loyer ainsi renouvelé, en prévoyant que son taux de variation ne
peut excéder la variation de l'indice trimestriel des loyers commerciaux ou de l'indice trimestriel
des loyers des activités tertiaires intervenue depuis la fixation initiale du loyer du bail expiré. 
5. Cette règle de plafonnement ne s'applique cependant pas aux baux initialement conclus pour
une durée de plus de neuf années. Elle ne s'applique pas non plus aux baux dont la durée n'est
pas supérieure à neuf ans lorsqu'est intervenue, entre la prise d'effet du bail initial et celle du
bail à renouveler, une modification notable des caractéristiques du local considéré, de la
destination des lieux, des obligations respectives des parties ou des facteurs locaux de
commercialité. Dans ces deux cas, les dispositions contestées prévoient que la variation du loyer
ne peut toutefois conduire à des augmentations supérieures, pour une année, à 10 % du loyer
acquitté au cours de l'année précédente. 
6. Ces dispositions empêchent le bailleur de percevoir, dès le renouvellement de son bail et le
cas échéant jusqu'à son terme, un loyer correspondant à la valeur locative de son bien lorsque ce
loyer est supérieur de 10 % au loyer acquitté lors de la dernière année du bail expiré. Elles
portent ainsi atteinte au droit de propriété. 
7. Toutefois, en premier lieu, en adoptant ces dispositions, le législateur a entendu éviter que le
loyer de renouvellement d'un bail commercial connaisse une hausse importante et brutale de
nature à compromettre la viabilité des entreprises commerciales et artisanales. Il a ainsi
poursuivi un objectif d'intérêt général. 
8. En deuxième lieu, les dispositions contestées permettent au bailleur de bénéficier, chaque
année, d'une augmentation de 10 % du loyer de l'année précédente jusqu'à ce qu'il atteigne, le
cas échéant, la nouvelle valeur locative. 
9. En dernier lieu, les dispositions contestées n'étant pas d'ordre public, les parties peuvent
convenir de ne pas les appliquer, soit au moment de la conclusion du bail initial, soit au moment
de son renouvellement. En outre, s'agissant des baux conclus avant la date d'entrée en vigueur
de ces dispositions et renouvelés après cette date, l'application de ce dispositif ne résulte pas des
dispositions contestées, mais de leurs conditions d'entrée en vigueur déterminées à l'article 21
de la loi du 18 juin 2014. 
10. Il résulte de ce qui précède que le législateur n'a pas porté une atteinte disproportionnée au
droit de propriété. Le dernier alinéa de l'article L. 145-34 du code de commerce, qui ne

34
méconnaît aucun autre droit ou liberté que la Constitution garantit, doit donc être déclaré
conforme à la Constitution. 

LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL DÉCIDE :


Article 1er. - Le dernier alinéa de l'article L. 145-34 du code de commerce, dans sa rédaction
résultant de la loi n° 2014-626 du 18 juin 2014 relative à l'artisanat, au commerce et aux très
petites entreprises, est conforme à la Constitution.
Article 2. - Cette décision sera publiée au Journal officiel de la République française et notifiée
dans les conditions prévues à l'article 23-11 de l'ordonnance du 7 novembre 1958 susvisée.

Les modes alternatifs de règlement des litiges

03.0

Exercice 1 : 3.02

Un commerçant refuse de réparer un téléviseur encore sous garantie. Le client a essayé


d’obtenir gain de cause auprès du professionnel, sans résultat.

Quel recours peut-il tenter, sachant que qu’il ne veut pas intenter une action en justice ?

35
Exercice 2 :
03.03
La société de service informatique Datamine introduit toujours une clause compromissoire dans
ses contrats. Un de ses clients s’interroge sur les conséquences d’une telle clause.

1. Renseignez-le.

Quelques mois plus tard, à la suite d’un retard dans un développement informatique, le litige
opposant la société Datamine à son client est présenté devant un tribunal arbitral.
Datamine est condamnée au paiement de dommages-intérêts mais refuse d’exécuter la sentence
arbitrale.

2. Que peut faire son client ?

Tribunal judiciaire

Exercice 3 :

Après des études supérieures d’ingénieur chimiste, Martin Delarue a été salarié d’une grande
entreprise pharmaceutique. Il a cependant décidé de changer de vie lorsqu’il a fonder une
famille. Il s’est ainsi installé dans sa région d’origine pour s’adonner au cyclisme, tout en faisant
de sa passion de toujours sa source de revenus.

Il a ouvert à Tulle, seul, un commerce de cycle d’accessoires qui s’est rapidement développé,
d’autant qu’il compte parmi sa clientèle de nombreuses associations sportives du département.
Les affaires de Martin Delarue prospèrent.

Cependant il éprouve quelques difficultés de trésorerie suite à une vente impayée, d’un montant
de 15 000 €. En effet, il y a quelques mois, il a vendu 10 vélos de course à une association
sportive. Malgré un grand nombre de relances téléphoniques, courrier recommandé et mise en
demeure, il ne parvient pas à en obtenir le règlement.

Peu coutumier des procédures, il vous téléphone pour vous demander votre aide. En effet,
depuis que vous étudier le droit, vos conseils sont toujours très appréciés par votre entourage,

36
qui n’hésite pas à vous solliciter. Votre mission consiste à trouver de quelle manière il pourra
récupérer son argent.

Vérifier si Martin de la rue est en droit d’agir en justice

Corrigé

Exercice 4

Profitant des soldes de fin d’année, Héléna Vrante décide de changer de réfrigérateur de son de
la salle de repas des salariés de son commerce. Elle se rend dans une grande surface
d’électroménager, où elle a un coup de cœur pour un réfrigérateur intelligent de dernière
génération à écran tactile, connecté en wi-fi, d’une valeur de 3099 €. Elle règle content. De
retour dans son commerce, elle constate rapidement que l’appareil ne produit pas de froid.
Déçue, elle décide de retourner voir le responsable du magasin. Or, celui-ci refuse de faire quoi
que ce soit, prétextant qu’Hélena n’aurait en fait pas respecté les consignes de mise en service.
Héléna menace alors de saisir le tribunal, ce à quoi le responsable du magasin répond qu’une

37
clause figurant au dos du bon de commande ne lui permet pas d’agir en justice. Troublée, Héléna
relit attentivement la clause : « les différents ou litige qui viendraient à naître du présent contrat
seront résolus par voie d’arbitrage. D’ores et déjà , les parties choisissent d’un commun accord
Jesse Edmond Mieux, président du groupement interprofessionnels des fabricants d’appareils
électroménager, comme arbitre unique ». Hélène n’est pas sû re de bien comprendre ce qu’elle
vient de lire, mais une chose est sû re, elle ne compte pas en rester là . Elle fait alors appel à vous
car vous êtes amis depuis longtemps et elle sait que vous avez assisté une juriste d’entreprise
l’autre lors de votre dernier stage. Votre mission est de déterminer quelles sont les droits
d’Héléna dans cette situation.

1. Qualifier juridiquement cette clause et la définir


2. Identifier les intérêts qu’une telle clause peut présenter pour les parties
contractantes

Corrigé

1. Qualifier juridiquement cette clause et la définir.

Principes juridiques
La clause contractuelle par laquelle les contractants s’engagent à soumettre à l’arbitrage les
litiges qui pourraient survenir entre eux à l’occasion de l’exécution de leurs relations
contractuelles est appelée « clause compromissoire ».

Application au cas

Or, dans le cas présent, le contrat passé entre les deux commerçants contient une clause
stipulant que les litiges pouvant survenir seront résolus par voie d’arbitrage. Il s’agit donc d’une
clause compromissoire.

2. Identifier les intérêts qu’une telle clause peut présenter pour les parties contractantes.

Principes juridiques
La clause compromissoire fait partie des modes alternatifs de résolution des différends.
Plusieurs intérêts poussent les parties à insérer une telle clause dans le contrat :
 L’arbitrage est fréquemment utilisé par les professionnels dans la mesure où il présente
l’avantage de régler rapidement un différend.
 Il présente l’intérêt de résoudre le différend de façon confidentielle, la sentence arbitrale
n’étant pas publiée.
 Les parties portent leur choix sur un arbitre, dont la connaissance du monde des affaires
est en général reconnue. Elles espèrent donc de sa part une bonne compréhension du
litige et une solution adaptée.
 La sentence arbitrale présente les caractères d’un jugement : elle est revêtue de l’autorité
de la chose jugée. Toutefois, elle n’acquiert force exécutoire qu’en vertu d’une décision
d’exequatur rendue par le tribunal judiciaire.
 Les arbitres peuvent statuer en équité (en amiable compositeur) si la clause
compromissoire le prévoit.

Application au cas

Or, dans le cas présent, en insérant cette clause, le commerçant a essentiellement souhaité
résoudre le différend d’une manière confidentielle, rapide et en ayant recours à un expert
reconnu pour ses compétences dans le domaine.

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Exercice 5

M. Djammal Lattaite a exercé pendant de nombreuses années le métier de photographe


professionnel en tant que salarié, avant d’accomplir son rêve : ouvrir et exploiter sa propre
boutique de photographe de mariage, afin d’ immortaliser la beauté de cet événement. Il crée
ainsi seul une entreprise individuelle dénommé « photo spontanée », qu’il commence à exploiter
dans le centre-ville de Rennes à compter de janvier de cette année. L’activité fonctionne bien, la
clientèle apprécie particulièrement la qualité de ses produits et son accueil jovial. Suite au
conseil d’un ami, il confie la tenue de sa comptabilité au cabinet d’expertise comptable AD’Ex
Breiz situé à Rennes. Djamal Lattaite a signé avec Madame Jessica Binet expert-comptable qui
dirige le cabinet une lettre de mission portant sur la tenue des comptes et le conseil juridique et
fiscal. Djamal conteste cependant le montant des honoraires que l’expert-comptable lui a facturé.
Et il souhaite agir immédiatement en justice pour faire valoir ses droits. Il fait alors appel à vous,
juriste dans le pô le juridique d’un cabinet d’expertise comptable. Votre mission est d’étudier la
possibilité pour lui d’intenter une action en justice.

Vérifier, à l’aide du document ci-après et de vos connaissances si Djamal Lattaite est en


droit d’assigner immédiatement l’expert-comptable en justice.

Les tracas de Djamal ne sont cependant pas encore derrière lui. Quelques mois plus tard, par
acte sous-seing-privé en date du 20 avril, Justin Guigne et Justine Panpan ont confié à Monsieur
Lattaite le soin de réaliser le reportage photographique de leur mariage. Le 16 juin, Justin et
Justine versent au photographe l’acompte de 1400 euros prévus au contrat, à valoir sur le
montant de la prestation fixée à 2000 €. Le 20 juin, Monsieur Lattaite les informe que, pour des
raisons médicales, Il ne pourra pas exécuter une partie des prestations prévues et peut-être
même la prestation dans son ensemble. Le 22 juin, Justin et Justine indiquent au photographe
qu’ils engagent un autre professionnel pour effectuer le reportage photographique de leur
mariage. Courant juillet, les jeunes époux mettent en demeure Monsieur Lattaite de la restituer
l’acompte versée et se heurtent à un refus de la part du photographe. Monsieur Lattaite
privilégie cette fois la voie amiable, mais il vous sollicite tout de même car il ne connaît pas la
marche à suivre.

Déterminer le MARD approprié que l’on peut conseiller à Monsieur Lattaite et aux jeunes
époux pour tenter de résoudre le différend les opposant

Document

39
Corrigé

40
1. Vérifier si Djamal Lattaite est en droit d’assigner immédiatement l’expert- comptable
en justice.

Principes juridiques
La conciliation peut résulter d’un contrat ou du choix des parties lors du règlement d’un litige. Il
s’agit d’un mode amiable de règlement des conflits qui permet d’avoir recours à un tiers
impartial, le conciliateur, dont la mission est d’aider les parties à trouver un accord amiable.
Dès lors qu’une clause du contrat prévoit le recours à la conciliation, les parties sont tenues de
saisir le conciliateur avant toute action en justice.
Si les parties aboutissent à un accord, elles seront amenées à signer un contrat de conciliation
qui mettra fin au litige. En cas d’échec, elles pourront saisir le juge.

Application au cas
Or, dans le cas présent, la lettre de mission contient dans son article 5 une clause de conciliation.
Celle-ci oblige Djamal à solliciter le président du Conseil de l’Ordre régional des experts-
comptables de Bretagne. Il ne peut donc agir en justice dans l’immédiat.

2. Déterminer le MARD approprié que l’on peut conseiller à M. Lattaite et aux jeunes
époux pour tenter de résoudre le différend les opposant.

Principes juridiques
Plusieurs voies de résolution des différends peuvent être envisagées pour les parties.
D’abord, elles peuvent recourir à un arbitrage, qui est un mode juridictionnel de règlement des
différends.
Ensuite, les parties peuvent envisager une procédure de médiation ou de conciliation
extrajudiciaire.
La première est un mode amiable de règlement des différends qui consiste à faire appel à un
tiers impartial, le médiateur, pour proposer aux parties une solution au litige sans avoir de
pouvoir décisionnel. La médiation concerne les litiges civils tels les litiges familiaux ou les
affaires pénales. Cette formule repose sur la bonne volonté des parties, de sorte que le
conciliateur ne peut aucunement imposer une solution aux parties. Le médiateur est rémunéré.
La médiation est rapide et confidentielle.
La seconde est un mode amiable de règlement des différends qui consiste à faire appel à un tiers
impartial et bénévole, le conciliateur, pour amener les parties à trouver ensemble une solution
au litige. La conciliation concerne essentiellement les petits litiges de la vie quotidienne entre
des personnes physiques. Elle repose sur la bonne volonté des parties, de sorte que le
conciliateur ne peut aucunement imposer une solution aux parties. La conciliation est gratuite,
rapide et confidentielle.

Application au cas
Or, dans le cas présent, les jeunes époux veulent un mode amiable de résolution des différends.
Par conséquent, le recours à l’arbitrage n’est pas opportun. La médiation, théoriquement
possible, ne présente pas d’intérêt pour les parties. En somme, il faut conseiller au photographe
de tenter une conciliation extrajudiciaire avec les jeunes époux. En cas d’échec, les époux
pourront saisir la justice.

Exercice 6

Thomas, jeune conducteur, a souscrit un contrat d’assurance automobile auprès de FAAM


assurance membre de la fédération française de l’assurance. Il y a quelques mois, il a eu un
accident. L’expert qui a examiné son véhicule automobile a refusé de prendre en charge une
partie des réparations car l’expert estime que les dégâ ts étaient antérieurs à l’accident. Pour
pouvoir être indemnisé, le conseiller de Thomas lui indique de déclarer deux sinistres. Six mois
plus tard, FAAM Thomas que son contrat est résilié en raison d’un taux sinistralité trop élevé.

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1. Thomas peut-il recourir à la médiation ?

Règle de droit : La médiation est un MARD possible pour tous types de litiges dans lesquels les
parties ont la libre disposition de leurs droits. Le droit de la consommation est un domaine
privilégié pour la médiation. Le Code de la consommation dispose que : «Tout consommateur a
le droit de recourir gratuitement à un médiateur de la consommation en vue de la résolution
amiable du litige qui l’oppose à un professionnel. A cet effet, le professionnel garantit au
consommateur le recours effectif à un dispositif de médiation de la consommation. [...] »

La Charte de la Médiation de l’Assurance à laquelle l’assureur a adhéré prévoit un dispositif de


médiation destiné au «règlement de litiges pouvant intervenir entre les particuliers et les
entreprises d’assurances ou les intermédiaires d’assurances adhérant à la présente charte et
opérant en France, afin de rechercher des solutions amiables aux conflits opposant un assuré à
un assureur ou un intermédiaire portant sur l’application ou l’interprétation du contrat
souscrit.»

De plus, la charte prévoit que le Médiateur peut être saisi si l’assuré justifie avoir tenté de
résoudre préalablement son différend directement avec son assureur par une réclamation
écrite. De plus, ni l’assuré, ni l’assureur ne doivent avoir engagé d’action en justice.

En l’espèce, Thomas a un problème avec son assureur, l’entreprise FAAM Assurance qui déclare
vouloir résilier le contrat d’assurance de Thomas pour une raison qui semble relever d’un
conseil qui a été donné à Thomas par l’entreprise elle-même, ce que Thomas n’accepte pas. On
peut donc bien en déduire que nous sommes en présence d’un litige entre un particulier assuré
et son assureur portant sur l’exécution d’un contrat d’assurance auto. Pour pouvoir saisir le
Médiateur de l’Assurance, Thomas doit tout d’abord commencer par adresser une réclamation
écrite à FAAM Assurance afin de tenter de parvenir à un règlement amiable sans l’aide du
médiateur. Une fois que cela se révélera impossible, Thomas pourra saisir le Médiateur, tout en
sachant qu’en même temps, il ne doit pas intenter d’action en justice.

2. La médiation sera-t-elle payante ?

Règle de droit : En effet, la procédure de médiation est payante mais, en droit de la


consommation, ce coû t est entièrement pris en charge par les professionnels au bénéfice des
consommateurs.

La Charte de la Médiation précise bien, que «Le recours au Médiateur est gratuit pour le
consommateur».

En l’espèce : la médiation de la consommation et donc de l’assurance étant gratuite, Thomas


n’aura pas à rémunérer le médiateur.

3. Si le médiateur rend un avis défavorable, que pourra faire Thomas ?


Pourra-t-il saisir un juge ?

Règle de droit : l’avis du Médiateur peut, en effet, être différent de la «décision du tribunal
appliquant les dispositions légales», puisque l’objectif du médiateur est de proposer un
compromis aux parties. L’avis du Médiateur « ne lie pas les parties ».

En l’espèce, la charte que le recours à la Médiation n’exclut pas la possibilité d’un recours devant
une juridiction. Thomas est tout-à-fait en droit de saisir le juge.

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Charte du médiateur de l’assurance :

L’Association La Médiation de l’Assurance a pour objet de mettre à la disposition du


consommateur un dispositif gratuit de règlement des litiges pouvant intervenir entre les
particuliers et les entreprises d’assurance ou les intermédiaires d’assurance adhérant à la
présente Charte et opérant en France, afin de rechercher des solutions amiables aux conflits
opposant un consommateur à un assureur ou un intermédiaire portant sur la souscription,
l’application ou l’interprétation d’un contrat d’assurance souscrit.

Les assureurs membres de la fédération française de l’assurance sont tenus d’adhérer à la charte
de l’assureur.

Le Médiateur est une personnalité indépendante et impartiale, reconnue pour ses qualités et ses
aptitudes dans le domaine de la Médiation.

Il accomplit sa mission avec diligence et compétence. Il ne reçoit aucune directive d’aucune


partie.

Le consommateur peut saisir le Médiateur gratuitement :


 Par voie électronique : www.mediation-assurance.org
 Par courrier à l’adresse suivante : Monsieur le Médiateur de l’Assurance – TSA 50110 –
75441 Paris Cedex 09.

Le Médiateur ne peut être saisi lorsque :


 Le consommateur ne justifie pas avoir tenté, au préalable, de résoudre son litige
directement auprès du professionnel par une réclamation écrite selon les modalités
prévues, le cas échéant, dans le contrat ;

À compter de la notification de la recevabilité de la demande et à partir des documents sur


lesquels elle est fondée, le Médiateur formule une proposition de solution motivée en droit et/ou
en équité, qu’il adresse aux parties dans un délai de quatre-vingt-dix jours au plus tard. Ce délai
peut être prolongé à tout moment si la complexité du litige l’exige.

Dans sa proposition de solution, le Médiateur rappelle aux parties :


 qu’elles sont libres d’accepter ou de refuser sa proposition dans le délai d’un mois. En
l’absence d’accord explicite dans ce délai la proposition est considérée comme non
acceptée; en cas de refus de l’entreprise ou de l’intermédiaire d’assurance, la Direction
générale en informe le Médiateur en précisant les motifs de son refus
 que le recours à la Médiation n’exclut pas la possibilité d’un recours devant une
juridiction
 que la solution peut être différente de la décision qui serait rendue par un juge. 

Cour de cassation 1° chambre civile du 6 décembre 200503.04

La Cour (...) Sur le moyen unique, pris entre ses deux premières branches :
Vu l’article 1142 du Code civil ;
Attendu que MM. C., et B. ont été désignés en qualité d’arbitres pour trancher un litige opposant
MM. Louis et Benoît J. à M. D. ; que les arbitres ayant statué sur une convention
expirée, leur sentence rendue le 12 avril 1997, a été annulée par un arrêt de la cour d’appel ; que
MM. J. ont saisi le tribunal de grande instance d’une action en responsabilité contre les arbitres ;
Attendu que, pour rejeter la demande, l’arrêt retient que l’action en responsabilité exercée
contre les arbitres à raison de l’accomplissement de leur mission ne peut l’être que dans les
conditions du droit commun, que cependant, en raison de la spécificité de la mission des

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arbitres, d’essence juridictionnelle, tout manquement contractuel n’engage pas nécessairement
leur responsabilité et enfin qu’il en est ainsi, en l’absence d’une faute personnelle des arbitres
telle qu’un défaut de diligence, du manquement à l’obligation de respecter le délai fixé par les
parties, celles-ci ayant une part active au déroulement de l’instance ;
Qu’en statuant ainsi alors qu’en faisant expirer le délai d’arbitrage sans demander sa
prorogation au juge d’appui, à défaut d’accord des parties ou faute pour celles-ci de la solliciter,
les arbitres, tenus à cet égard d’une obligation de résultat, ont commis une faute ayant entraîné
l’annulation de la sentence et ont engagé leur responsabilité, la cour d’appel a violé le texte
susvisé ;

Par ces motifs, et sans qu’il soit nécessaire de statuer sur la troisième branche du moyen : Casse
et annule, dans toutes ses dispositions, l’arrêt rendu le 10 décembre 2002, entre les parties, par
la cour d’appel d’Angers ; (...) les renvoie devant la cour d’appel d’Orléans (...).

1. Quelle est la position de la cour d’appel d’Angers quant au principe d’une responsabilité
arbitrale ?
2. Caractériser la responsabilité des arbitres en ce qui concerne l’expiration du délai
d’arbitrage selon la Cour de cassation

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