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DROIT CIVIL

1ère partie : Introduction au droit privé


Le droit est partout (cf. la cigale est la fourmi – exemple de donation ; le
chat botté –exemple d’héritage, de division des B … )
Introduction :
1.Pourquoi ?
Le droit est une règle d’organisation qui permet de vivre en
commun, en société : « ubi societas, ibi ius » (« là ou il y a société, au
meme endroit il y a du droit ». Etudier le droit c’est non seulement
connaitre les règles, mais aussi la justification de la règle.
Ex : l’article 212 du code civil dispose dans un texte relatif aux
effets du mariage que « les époux se doivent mutuellement respect,
fidélité, secours et assistance ».
Derrière cette règle on voit apparaitre des idéaux. Ainsi la règle de
droit est une disposition technique qui repose sur des choix
philosophiques :
- La fidélité : choix philosophique en faveur de la monogamie.
- Mutuellement : un devoir réciproque, une égalité.
- Assistance : notion de solidarité
- Epoux : concerne seulement les personnes mariées, les couples
n’ont donc pas cette obligation ! lecture a contrario
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Les règles de droit permettent, organisent les échanges entre les
hommes :
- Le droit du mariage organise une relation entre deux personnes,
- Le code civil et la jurisprudence ont élaboré des règles de droit
pour des personnes vivant ensemble hors mariage. Ainsi si un
conflit entre les deux individus aboutit dans un tribunal, ca sera au
juge de le régler.
- Le droit organise les échanges économiques, commerciaux. Il va
établir la relation entre client et commerçant. Il y aura contrat de
vente.
Contrat : c’est un accord de volonté entre deux ou plusieurs
personnes qui est destiné à créer des droits et des obligations.
C'est-à-dire le droit d’acquérir ce que l’on a demandé (le client a le
droit d’obtenir son pain), et l’obligation de donner ce qui a été
demandé en échange (le prix du pain).
o Il y a interdépendance des deux prestations car on est en
présence d’un contrat synallagmatique. C'est-à-dire un contrat
qui fait naitre des droits et des obligations a la charge des deux
contractants.
Certains contrats sont au contraire unilatéraux (contrat
unilatéral), c'est-à-dire un accord de volonté ou une seule partie
à des obligations. Ex : la donation, elle n’est valable que si elle
est acceptée par son bénéficiaire, cependant quand elle a été
acceptée elle ne créée des obligations qu’a la charge du
donateur.
Cas particulier : les donations avec charge, dans ce cas la les
deux parties ont des obligations donc c’est un contrat
synallagmatique.
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Troisième cas, l’acte unilatéral de volonté : une seule volonté
s’exprime, il n’y a pas d’acceptation, on ne créé d’obligations
que pour sois même (ex : le testament). Ce n’est pas un contrat.
o Il existe un lien indissociable entre droit et obligation. Un droit
n’existe jamais sans l’obligation qui lui correspond.
Ex : la boulangère a le droit d’exiger le prix et le client a
l’obligation de le payer = contrat de vente entre les deux. Le
pain est la contrepartie.
2.Définition du mot droit :
Juridiquement il recouvre deux sens. Le droit pris dans une
acceptation individuelle (j’ai le droit) dans ce cas on parlera de
droit subjectif, ou le droit dans son sens général (le droit civil,
l’introduction au droit) c'est-à-dire le droit objectif.
Ex : droit d’Ainesse : confère la totalité ou la majorité des biens
d'un foyer au premier garçon né dans la famille.
Remarque 1 : entre droit objectif et subjectif il n’y a pas d’opposition
mais correspondance. Le droit subjectif est reconnu à l’individu par le
droit objectif.
Ex : art 144 (code civil) du 4 avril 2006 : l’homme et la femme ne
peuvent contracter de mariage avant 18 ans révolus. Ainsi si Mlle X
décide de se marier c’est un droit subjectif qui découle d’une règle
de droit objective de l’art 144.
Ex : le code civil prévoit que les mineurs ne peuvent rédiger de
testament avant 16 ans. Ainsi si un mineur de moins de 16 ans
rédige un testament il n’exerce pas de droit subjectif car il n’y a
pas de droit objectif.
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Ex : art 544 du code civil : « la propriété est le droit de jouir et de
disposer des choses de la manière la plus absolue ».
Le propriétaire dispose de plusieurs prérogatives, il a :
- L’usus : l’usage, le « doit de retirer les fruits » = droit de disposer
- Le fructus : fruits naturels, ce que donne naturellement la chose
= droit de vendre
- L’abusus : fruits civils, ce que donne la chose par l’intermédiaire
d’une règle de droit = droit de détruire, d’abuser
Remarque 2 : pour bénéficier d’un droit subjectif il faut remplir le plus
souvent les conditions que prévoit le droit objectif.
Conseil Constitutionnel : vérifie la conformité des lois à la constitution. Il
retient le principe d’égalité par catégorie. Le principe d’égalité
n’interdit pas de faire des catégories entre les citoyens mais l’égalité par
catégorie impose qu’à l’intérieur d’une catégorie donnée, tout le monde
soit considéré de la même façon.
Droit subjectif = prérogative complète reconnue à un sujet de droit par le
droit objectif et il lui permet d’exiger d’autrui la remise d’un bien ou la
fourniture d’un service.
Titre 1 : LE DROIT OBJECTIF
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Chapitre 1 : La notion de droit objectif
Section 1 : Les caractères distinctifs de la règle de
droit
La règle de droit n’est pas la seule à organiser la vie en société, donc
comment fait-on pour reconnaitre la règle de droit ? Elle possède 5
caractères distinctifs.
Sous section 1 : Le caractère normatif
La règle de droit est une règle de conduite sociale, pour orienter les
comportements humains elle peut prendre 2 formes :
1) Elle impose des actions.
Ex. Conduire un véhicule à moteur a droite.
Ex. l’obligation des parents de nourrir et d’entretenir leurs enfants
(art 203 du Code Civil « les époux contractent ensembles par le seul
fait du mariage l’obligation d’élever leurs enfants ». Cet article
date de 1804, or à cette époque 99% des enfants naissaient dans le
mariage. Aujourd’hui la Cour de Cassation a étendu l’obligation
d’entretien a toutes les personnes ayant des enfants.
Ex : 223_6 du code pénal, non assistance à la personne en danger.
Dans ces exemples la loi impose une obligation de faire.
Droit positif = ensemble des règles juridiques qui sont en vigueur à un
moment donné sur le territoire. Cette expression s’oppose à l’Histoire du
droit (ce qu’il y avait avant) et au droit prospectif (droit futur).
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2) Elle impose des abstentions.
Ex. l’art 311_1 du Code Pénal puni le vol. Il impose donc à tous les
citoyens de s’abstenir de voler.
Ex. l’art 221_1 du Code Pénal puni le meurtre (30 ans de réclusion
criminelle).
Ex. L’art 9 du Code Civil est un texte protégeant la vie privée, c'està-
dire abstention de nuire a la vie d’autrui.
Remarque 1 : On va reconnaitre la liberté laissée à un Etat par le nombre
de textes d’action. En effet si on ne respecte pas ce que la loi dit on est
sanctionné, on n’a qu’une seule liberté. Alors que pour les lois
d’abstention on en a deux, le choix de faire autre chose ou de ne rien
faire.
Remarque 2 : Lorsque la loi crée un droit subjectif, elle crée toujours une
obligation correspondante.
Ex : On a le droit d’aller en cours car les enseignants ont l’obligation de
faire cours. Pour qu’un droit existe, il est forcé à ce qu’il y ait une
obligation.
Cf Contrat
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Sous-section 2 : Le caractère contraignant de la règle de droit
La règle de droit c’est celle dont le respect est assuré au besoin par le
recours d’une contrainte mise en oeuvre par l’Etat qui prend la forme
d’une sanction.
Ex. le débiteur qui n’a pas payé risque la saisie de ses biens.
Ex. la contrainte judiciaire, c'est-à-dire la prison pour dettes.
Ex. le huis-clos, en matière judiciaire c’est la possibilité qu’a le président
du tribunal d’ordonner que le procès se déroule a huis-clos (a portes
fermées, sans public) afin d’éviter les perturbations.
- Une contrainte étatique (mis en oeuvre par l’Etat) car l’on
considère que le respect des règles de droit ne peut être
obtenu par la vengeance privé, car elle ne donne aucune
garantie qu’elle sera juste, et aucune garantie de
proportionnalité par rapport au crime.
- Si l’on rencontre une règle non-sanctionnée par l’Etat ce n’est
surement pas une règle de droit. Les règles de politesse, de
bienséance sont la pour améliorer la vie en societe mais elles
ne peuvent être sanctionnées.
- Il existe des règles juridiques non-sanctionnées qui sont
souvent des lois mal faites. Ex. les entreprises de construction
immobilière ont l’obligation de souscrire une assurance,
cependant s’ils ne le font pas il n’y aura aucune sanction.
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§1 La diversité des sanctions de la règle de droit
A - Les sanctions préventives
Ce sont les sanctions destinées à éviter une violation de la règle
de droit.
Ex. Le huis-clos peut être préventif si a la suite d’une affaire
ayant soulevé beaucoup d’émotion le président du tribunal
souhaite prévenir toute perturbation pouvant venir de l’audience
(ex, les procès de J. Bové)
Ex. L’opposition au mariage réglementé par les articles 172 et
suivant du Code Civil. Ainsi on peut s’opposer à un mariage si
l’on sait que l’une des conditions de validité requise n’est pas
valable. Evitant ainsi un mariage qui mettra du temps à annuler.
B - Les sanctions répressives
Elles visent à punir la violation d’une règle :
a)Les sanctions pénales :
Elles punissent l’auteur d’une infraction pénale (crimes,
délits, contraventions).
- On peut frapper l’individu dans sa personne avec la privation
de liberté (pour l’auteur d’un crime : réclusion criminelle ;
d’un délit : emprisonnement ; d’une contravention : aucune
forme d’emprisonnement possible), le travail d’intérêt général
(difficile a appliquer), la perte de certains droits (conduire,
voter…).
- On peut frapper l’individu dans ses biens avec la peine
d’amende (versée au trésor public), les confiscations (ex. les
biens qui ont servi à commettre l’infraction).
b)Les sanctions civiles :
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Leur but est très différent de celui des sanctions pénales (qui
est de punir). Elles visent à restaurer une situation juridique
antérieure à la violation de la règle de droit. Les sanctions
civiles utilisent 3 techniques.
- L’annulation : c’est une sanction qui fait disparaitre un acte
juridique irrégulier, c'est-à-dire qu’il lui manquait une
condition de validité. L’annulation lorsqu’elle est prononcée a
un effet rétroactif (c'est-à-dire que l’acte irrégulier disparait
pour l’avenir mais aussi dans le passé). Concrètement cela
conduit à faire comme si l’acte annulé n’avait jamais existé.
Les deux partis engagés dans le contrat devront restituer les
prestations. Cependant les prestations de travail ne sont pas
restituables, seules celles matérielles le sont.
Ex. Arrêt de la 1ere Chambre civile de la Cour de Cassation du
12.07.89. Une femme avait acheté à un commerçant des
articles en vue de devenir voyante, cependant elle ne lui avait
jamais payée ces objets. A la cour son avocat plaida le contrat
nul, car le métier de devin est interdit. Il y eu donc
annulation.
Ex. Les contrats de mères porteuses sont nuls en droit positif
car considérés comme immoraux. Voir l’arrêt du 13.12.89
Ex. Cour d’Appel du 22.05.96, une femme s’est inscrite dans
une agence matrimoniale pour une durée de un an, cependant
elle n’a pas payé les dernières sommes. L’avocat de la cliente
a fait valoir que le contrat de l’agence était nul car au
moment ou elle y avait souscrit elle était en instance de
divorce et donc devait encore fidélité à son époux selon l’art
212 du Code Civil. Le contrat était donc nul.
- L’exécution forcée : on va obliger le débiteur d’une obligation
à exécuter cette obligation, on va le contraindre au respect de
la loi.
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. La saisie : afin d’obliger le débiteur à payer ce qu’il doit, ces
biens seront vendus aux ventes aux enchères et le prix servira
à payer sa dette. On saisie parfois un objet ayant porté
atteinte a quelqu’un.
. L’astreinte : on l’oblige à s’exécuter avec la menace d’avoir
à payer une somme d’argent par jour de retard.
Ex. l’acheteur d’un local commercial découvre que celui-ci est
toujours occupe par les affaires du propriétaire précédent, il
peut donc demander a celui-ci de vider les locaux sous peine
d’avoir à payer une certaine somme par jour de retard.
On la rencontre aussi en procédure civile (ensemble de règles
qui organisent les procès) à propos de ce que l’on appel la
communication des pièces de procédure.
- L’exécution par équivalant : le débiteur va s’exécuter
autrement, en donnant autre chose que ce qu’il devait. On
l’utilise quand l’exécution en nature est devenue impossible/
inutile.
Ex. on annule le contrat d’un professeur d’université, il va
restituer son salaire mais on ne pourra lui rendre ses heures
de cours qu’il a déjà donné. Donc dommages et intérêts.
Ex. dans un accident de circulation le responsable de
l’accident ne peut restituer un mort donc on va allouer aux
proches de la victime des dommages et intérêts. Mais est-ce
satisfactoire ? Non mais on va verser a l’intéressé une somme
d’argent qui lui permettra de faire autre chose.
Parfois l’exécution peut être inutile, par exemple si un
commerçant avait loue un emplacement au bord de la plage
qui ne serait finalement pas disponible avant octobre. Il
refusera le dédommagement car son commerce serait inutile
en octobre et demandera des dommages et intérêts.
§2 L’inefficacité partielle des sanctions de la règle de droit
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A - Sur le terrain du but poursuivi
Le but de la sanction c’est le respect de l’obligation. Or un certain
nombre de sanctions manquent leur but.
Ex. les dommages et intérêts en cas d’accident.
Ex. le divorce pour faute. Mr est volage, l’épouse trompée veut obtenir le
divorce, Cependant le divorce ne permet par d’obtenir le respect du
devoir de fidélité. La sanction fait seulement disparaitre l’obligation.
Ex. Mitterrand découvre peu après son élection qu’il a un cancer. Or il
avait promis de publier tous les 6 mois un bulletin de santé afin de
prouver qu’il va bien. Il a donc décide de fausser ces bulletins de santé.
Peu de temps après sa mort son médecin publia un livre intitulé Le Grand
Secret dévoilant tout. La famille de Mitterrand entame un procès et la
cour ordonne la saisie du livre qui portait atteinte à la vie privé.
Cependant le livre avait déjà été publié sur internet, l’efficacité de la
sanction n’était donc que partielle.
B - Le caractère éventuel des sanctions
En droit le mot éventuel s’oppose a actuel (c'est-à-dire a ce qui
existe au moment ou l’on parle). Eventuel c’est ce qui existera
peut-être, plus tard, une possibilité.
Aussi cela veut dire que les sanctions de la règle de droit ont
vocation à ne pas s’appliquer. Puisque la sanction c’est une
menace légale, destinée à obtenir le respect de la règle, donc si
elle marche le citoyen va préférer suivre la règle. La sanction est
donc éventuelle.
Si la sanction s’applique cela voudra dire qu’elle n’a pas été
suffisamment incitative au respect de la règle.
Il existe des phénomènes d’observation spontanée de la règle de
droit. C'est-à-dire que les citoyens vont respecter la loi par
reflexe. Dans ce cas la les sanctions sont éventuelles. Il y a 2
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facteurs qui conduisent à l’observation spontanée de la règle de
droit :
- L’intériorisation de la règle, elle a été mise en évidence par
Emile Durkheim qui a dégage le concept d’anomie. Il explique
que certains individus transgresse les règles de droit par ce
qu’ils ne les ont pas intériorisés. Alors que si elle a été
intériorisée ils ne penseront même pas à ne pas la respecter
(ex. on ne pense même pas a conduire du coté gauche de le
route ; ex. le CC fait obligation aux pères et mères ne nourrir
et d’entretenir leurs enfants, pour 98% des parents ca sera une
évidence).
- Les sentiments (ex. une personne en détresse et
spontanément on lui porte assistance, on ne se rend pas
compte que l’on était en train de respecter la loi ; ex. 2
personnes mariées couchées dans le même lit et ne font pas
que dormir, or les relations sexuelles entre époux sont un
devoir).
Conclusion : La règle de droit est une règle qui est sanctionnée, mais à ce
schéma il existe une dérogation : le problème des obligations naturelles
(s’opposent aux obligations civiles), c'est-à-dire un devoir de conscience,
un devoir oral qui est dépourvu de sanctions juridiques. Donc ce ne sont
pas des obligations juridiquement obligatoires, mais des obligations
naturelles.
Ex. Il n’existe pas d’obligation alimentaire entre frères et soeurs.
Moralement on va l’aider, mais juridiquement on n’est pas obligé.
Ex. Juridiquement il n’y a pas d’obligation alimentaire entre concubins.
Mais la Cour de Cassation s’en est mêlée, par ce qu’elle considère que
l’exécution spontanée d’une obligation naturelle transforme cette
obligation en une obligation civile. Elle devient donc juridiquement
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obligatoire, et l’on pourrait encourir des sanctions si l’on ne l’exécute
pas.
Ex. Maintenant si l’on verse spontanément de l’argent a notre frère/soeur
en besoin on est obligé de continuer.
L’exécution spontanée d’une obligation naturelle devient une novation
(c'est-à-dire passer d’une obligation naturelle a une obligation civile).
Sous-section 3 : Le caractère général de la règle de droit
Une règle de droit est toujours générale, cette généralité se rencontre
dans 2 directions :
- Une généralité pour un groupe de personnes auquel elle s’applique, elle
vise toujours un groupe humain mais les dimensions de ce groupe sont
variables.
Ex. Les règles de police s’appliquent à toutes les personnes qui se
trouvent sur le territoire.
Ex. Le droit de vote aux élections locales : seules les personnes de
nationalités françaises, plus les ressortissants de l’UE.
Ex. L’élection du Président de la République ne s’applique qu’aux
personnes de nationalités françaises.
Ex. Le code de commerce s’applique à tous les commerçants.
- Quant à des situations juridiques, c'est-à-dire qu’une règle juridique va
concerner un type de situation donnée.
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Ex. Dans l’art 212 relatif au mariage, on vise seulement les personnes
mariées.
Sous-section 4 : Le caractère social de la règle de droit
La règle de droit est un modérateur de l’activité humaine. En droit
français on considère que le droit a pour finalité la paix sociale. Pour
faire régner cette paix, la règle de droit doit avoir pour idéal la justice
par ce que seule une règle juste sera facteur d’harmonie. Il existe 2
atténuations à ce principe :
- Les règles techniques qui n’ont aucun rapport avec la justice
(on doit conduire à droite).
- Certaines règles tournent le dos à l’idéal de justice.
Ex. La prescription de l’action publique (c’est l’action par
laquelle l’Etat poursuit l’auteur d’une infraction pénale, cette
action est diligentée par les magistrats du ministère public) en
matière pénale. La prescription c’est un mécanisme juridique
qui fait produire à l’écoulement du temps des effets de droit
lorsque l’écoulement du temps fait acquérir un droit on est en
présence d’une prescription acquisitive, lorsque l’écoulement
du temps fait perdre un droit on est en présence d’une
prescription extinctive. La prescription de l’action publique
en matière pénale c’est donc la durée pendant laquelle on
peut poursuivre l’auteur d’une infraction. En matière de
contravention la durée est de 1 an, pour les délits elle est de
3 ans, et elle est de 10 ans pour les crimes. On ne poursuit pas
après ces périodes car l’on considère que le risque d’erreur
judiciaire est trop important. On considère aussi que la paix
sociale a été restaurée.
Ex. La prescription acquisitive en matière civile des
immeubles (l’immeuble s’oppose au terme meuble. Le meuble
ca vient du latin mobilis, c’est un bien qui peut se déplacer ou
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qui peut être déplacée ; les immeubles en revanche
recouvrent tous les biens qui ne peuvent être déplacés, ainsi
le sol est un immeuble, tout ce qui s’enracine dans le sol est
un immeuble, tout ce qui est construit sur le sol est un
immeuble, tout se qui s’incorpore a ces constructions se sont
des immeubles. Mais un bien peut changer de catégorie, ainsi
un fruit peut passer d’immeuble lorsqu’il est sur l’arbre a
meuble lorsqu’il est cueilli. Cette distinction est ainsi pas
totalement étanche, en effet certains immeubles sont
considérés comme des meubles, on parle de meubles par
anticipation - les récoltes, on va anticiper sur le devenir de la
récolte car on ne va vendre que la récolte et garder la
propriété du terrain. De même des meubles peuvent être
considérés comme des immeubles, on parle d’immeuble par
destination (c’est un meuble qui est affecté au service ou a
l’utilisation d’un immeuble) – les chaises, les bancs d’une salle
de cours pourraient être déplacés, mais ils entretiennent avec
l’immeuble un rapport de dépendance.). Le code civil prévoit
que si une personne utilise un immeuble pendant plus de 30
ans de manière continue, paisible et publique, il deviendra
propriétaire de l’immeuble. Ce n’est pas très juste, puisque
ca dépossède le vrai propriétaire de son bien sans
compensation. Sauf que l’on considère que si le propriétaire
était au courant de cet effet, laisse faire c’est qu’il se
désintéresse du bien et donc on préfère le donner a quelqu’un
qui s’en occupera plutôt que de le laisser dépérir.
Remarque : Quels sont les rapports du droit et de la morale ? On
considère actuellement qu’il y a 2 grandes différences entre la règle
juridique et la règle morale. Une différence de but, et de domaine. Le
but premier de la règle morale c’est la perfection individuelle de
l’Homme. Saint Paul disait que tout ce qui est permis n’est pas forcement
honnête. La perfection sociale est un effet secondaire. Alors que c’est
l’inverse pour la règle juridique.
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Il y a aussi des différences domaines :
1.Domaine propre de la morale.
2.Domaine propre du droit.
3.Domaine commun.
1.On va y trouver des valeurs morales qui ne sont pas reprises
par le droit (espérance, charité).
2.On va y trouver un certain nombre de mécanismes
juridiques qui ne sont pas admis par la morale mais admis
par le droit (le divorce, insémination artificielle avec
donneur).
3.On va y trouver des règles qui font à la fois partie des
règles de morales et des règles de droit (Ex. l’art 371 du CC
dit que tout enfant, a tout âge doit respect a ses pères et
mères - Ex. l’art 6 du CC prévoit que l’on ne peut déroger
aux lois qui intéressent l’ordre public et les bonnes moeurs -
l’ordre public désigne les règles juridiques impératives – il
appartient alors au juge de dire si c’est conforme ou non
aux bonnes moeurs. Arrêt « Dangereux » du 27.02.1990 :
Décès accidentel du concubin, la jeune femme engage alors
une action contre le responsable car elle vivait grâce a son
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revenu et souhaite une réparation. Jusque alors on
considérait qu’elle avait tort car le concubinage n’était pas
conforme aux moeurs, mais désormais on pense que la
concubine peut avoir réparation en cas de décès accidentel
du concubin. Lorsque les tribunaux changent leur manière
de juger, on appelle ca un revirement de jurisprudence.
Dans l’arrêt du 26.10.1995 qui concerne un spectacle qui
s’appelait « spectacle de lancé de nains », un homme se
déplaçait de ville en ville avec son spectacle dans lequel 2
personnes de taille normale utilisaient les 2 nains comme
des ballons. Un jour il souhaite s’installer en Aix-en-
Provence, mais la ville refuse car elle dit que c’est
contraire aux bonnes moeurs. Ils se retrouvent devant un
arrêt municipal qui dit que cette attraction porte atteinte à
la dignité de la personne.).
L’ampleur du domaine commun varie dans l’espace et
dans le temps.
Sous-section 5 : La structure spécifique de la règle de droit : le syllogisme
Le syllogisme c’est le modèle sur lequel toutes les règles de droit sont
construites. C’est un résonnement si/alors :
- Le si vise une situation, qu’on appelle en droit une hypothèse.
- Le alors vise les conséquences que la loi attache a cette
situation. Que l’on appelle « les faits juridiques ».
Ex. Dans l’art 3 du CC : Si on habite sur le territoire alors on doit
respecter les lois de police et de sûreté.
Ex. Dans l’art 212 du CC : Si on est époux alors on est tenu de respect, …
Ex. Dans l’art 311-1 du CP : « Le vol est la soustraction frauduleuse de la
chose d’autrui » - si on commet une soustraction frauduleuse de la chose
d’autrui alors c’est du vol.
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Ex. Dans l’art 1382 du CC : Si on cause un dommage à autrui alors on doit
le réparer.
Ex. Dans l’art 1341 du CC : Si il y a la mort de l’un des époux, si il y a
divorce … Alors la communauté se dissout.
Le raisonnement juridique c’est un raisonnement descendant, on part
d’une hypothèse et on en déduit une conséquence.
Quel est le rôle du juge ? Le juge va être saisi de certains faits, il doit les
comparer avec les faits qui figurent dans l’hypothèse du texte qu’on lui
demande d’appliquer. A partir de la il y a 2 possibilités : soit ils sont
identiques et alors il applique le texte ; soit ils ne sont pas identiques et
alors il ne peut pas appliquer ce texte là a ces faits la.
Ex. On ne peut engager une procédure de divorce si on n’est pas marié.
Ex. Un de vos amis vous a prêté sa voiture, mais au bout de 15 jours on
reçoit une citation à comparaitre devant un tribunal correctionnel par ce
qu’il a porté plainte pour vol. Pour qu’il y est vol il devra avoir toutes les
conditions présentent dans l’art 311-1 du CP mais il n’y a pas eu
soustraction donc les faits ne sont pas identiques a l’article.
Ex2. Si on nous a prêté une voiture pour une semaine mais qu’on ne le
fait pas ce n’est pas du vol mais les faits répondent a l’hypothèse de l’art
314 (abus de confiance).
Le travail de comparaison entre l’hypothèse et les faits matériels
s’appelle la qualification. Lorsque le juge en tire les conséquences de la
qualification c’est ce que l’on appelle la sanction (pas dans le sens
punition mais dans le sens déduire la conséquence de l’hypothèse).
Ex. Votre banquier porte plainte contre vous par ce que vous avez retiré
plus que vous aviez sur votre compte. Est-ce que c’est du vol ? C’est bien
une chose qui appartient a autrui prise oui ou non par manière
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frauduleuse (la personne savait peut être qu’il n’avait pas l’argent sur
son compte), mais la Cour de Cassation a décidé qu’il n’y avait pas
soustraction car la machine lui a laissé prendre l’argent.
Ex. On reçoit un pot de fleur sur notre tête, on porte plainte au
propriétaire pour réparation. D’après l’art 1382 il y a eu dommage, causé
par autrui, c’est un fait quelconque mais il n’a pas été directement
généré par autrui et ce n’est pas une faute intentionnelle. Dans ce cas les
faits ne s’appliquent pas a l’art 1382, cependant ils s’appliquent a l’art
1383 qui lui prend en compte les imprudences, ou l’art 1384 alinéa 1er (la
garde d’une chose c’est l’usage, le contrôle et la direction. Donc pour
être gardien on n’est pas obligé d’être propriétaire.)
Le raisonnement juridique c’est un raisonnement de déduction, mais dans
certaines hypothèses les juristes ont recours au raisonnement
syllogistique mais aussi au raisonnement téléologique. C’est un
raisonnement dans lequel on se fixe le but à atteindre et on essaie de
trouver le moyen juridique d’y parvenir.
Ex. Le CP puni l’escroquerie, c'est-à-dire le fait d’obtenir la remise d’une
chose a l’aide de manoeuvre frauduleuse. Depuis un arrêt de 1870
applique l’escroquerie au comportement suivant : la fabrication de
rondelles mécaniques qui ont le même diamètre, la même épaisseur et le
même poids qu’une pièce de monnaie que l’on va utiliser dans les
parcmètres… Sauf que le temps ce n’est pas une chose. La Cour de
Cassation décide alors ne pas avoir recours a un résonnement
syllogistique. Il part donc du but de punir des comportements
malhonnêtes et applique donc le texte de l’escroquerie. Le problème
c’est qu’on pourrait alors appliquer le texte sur l’escroquerie à tous les
comportements malhonnêtes.
Ex. Le transsexualisme c’est une modification de l’identité sexuelle. La
Cour de Cassation décide depuis les années 1990 qu’à certaines
conditions le transsexuel peut obtenir des opérations chirurgicales et
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qu’il peut obtenir à certaines conditions aussi la rectification de l’acte de
naissance. Le problème s’est posé du transsexualisme d’un homme marié.
Il subit les opérations et rectifie son acte de naissance. Aux yeux de la loi
il est désormais une femme. Le mariage a priori n’est pas nul par ce que
les conditions de validité sont requises seulement au jour du mariage.
Mais on pourrait faire valoir la caducité c'est-à-dire l’acte juridique qui va
perdre une condition essentielle de validité. La jurisprudence n’a pas
retenu la caducité mais le divorce pour faute, l’épouse ne va plus
supporter le changement de son mari. On retient le divorce pour faute, le
mari en rectifiant son acte de naissance a commis une faute. On s’est
fixé un but, le divorce pour faute et comme il faut bien un responsable,
on a choisi le mari.
Le raisonnement téléologique s’est l’inverse du raisonnement
syllogistique. Et la logique est parfois un peu bancale.
Section 2 : Les rapports du droit avec la
philosophie
A toutes les époques les juristes se sont interrogés sur le droit de savoir
pourquoi la règle de droit était obligatoire, ils se sont demandé d’où
venait le caractère obligatoire de la règle de droit. A cette question
fondamentale il y a 2 réponses possibles :
§1 La théorie du droit naturel
A - Le contenu de la théorie
On considère que la règle juridique tire son caractère obligatoire de sa
conformité a un ordre supérieure qui représente un idéal de justice.
L’idée c’est qu’au-dessus du droit des hommes (du droit positif) il existe
un ordre juridique supérieur composé de règles justes, universelles et
immuables qui s’impose aux législateurs des Etats (le législateur : c’est
celui qui fait les lois et dans la 5e République c’est l’Assemblée Nationale
Droit Civil Page 20
et le Senat). Et donc si la règle de droit n’est pas conforme à ces règles
supérieures alors ce n’est pas une règle de droit. Mais quel est l’auteur
de cet ordre juridique supérieur ? Deux réponses possibles :
- Dieu (St Augustin, St Thomas d’Aquin),
- La nature (Le droit naturel). La théorie du droit naturel a été défendue
en Hollande par Grotius, en France par Montesquieu, Voltaire, Rousseau,
Diderot. La DDCH c’est du droit naturel
B - Les critiques du droit naturel
C’est une théorie qui est indémontrable.
Elle est conçue comme universelle et immuable alors que l’Histoire nous
a montré que les exigences de la justice (ce qui est ressenti comme
juste) varient, évoluent avec le temps.
Ex. On considérait que le parricide était sanctionné par la peine de mort –
la sanction pour le vol était l’amputation de la main voleuse (de nos jours
cela paraît barbare).
Elle n’est pas proprement universelle.
Ex. Dans la loi des XII Tables la sanction était la mise a mort d’un
débiteur, ensuite on partageait les restes entre les créanciers.
Aujourd’hui les partisans du droit naturel considèrent qu’elle a un rôle à
jouer, qu’elle est utile a la société.
§2 La théorie positiviste – le positivisme juridique
A - Le contenu de la théorie
Dans cette doctrine on refuse, on nie l’existence d’un ordre juridique
supérieur qui s’imposerait aux Etats. Le droit positif représente tout le
droit, il n’y a rien au-dessus, ailleurs. Il vient du législateur, de l’Etat.
Mais d’où tire-t-elle son caractère obligatoire ? Ihering nous dit que le
caractère obligatoire de la loi vient du pouvoir de contrainte de l’Etat.
Hans Kelsen nous dit que la loi tire son caractère obligatoire de sa
Droit Civil Page 21
conformité à la norme qui lui est supérieure. Il explique qu’il existe dans
les Etats une hiérarchie des normes juridiques :
- Tout en bas il y a les arrêtés qui sont conforme à la règle qui lui est
audessus…
- Décret,
- Loi,
- Constitution.
Droit Civil Page 22
B - Critiques
La critique centrale c’est qu’elle ne permet pas de justifier le caractère
obligatoire de la Constitution. Kelsen nous dit que ce caractère
obligatoire est un postula que tous les juristes doivent admettre.
On a critiqué ce commentaire sur le postula par ce qu’il conduit à rendre
obligatoire toutes les Constitutions (libérales ou dictatoriales, approuvées
par referendum ou par coup d’Etat).
Conclusion : Plutôt que d’opposer ces 2 théories il faudrait essayer des
les concilier, car elles sont toutes les 2 en parties vraies. Il est vrai qu’il y
a un ordre des règles (pyramide de Kelsen). Mais il est dangereux pour les
libertés naturelles d’admettre qu’un Etat puisse légiférer sans limites.
Jean Etienne Marie Portalis, un des rédacteurs du CC Napoléonien dit « le
législateur ne doit pas perdre de vue que les lois sont faites pour les
Hommes et non les Hommes pour les lois ». Ce qui est premier
c’est l’Homme et non le système juridique.
Section 3 : Les divisions du droit positif
L’idée c’est que la règle de droit depuis 1804 s’est considérablement
diversifiée par ce que de plus en plus on attend de la loi qu’elle règle
toutes les situations de l’accident d’avion en passant par l’accident causé
par un animal, par la catastrophe naturelle pour arriver jusque aux effet
du mariages. Il y a donc de plus en plus de branches de droits.
§1 Les différentes branches de droit
Il y a une distinction fondamentale, on parle de sumadivisio c'est-à-dire la
distinction du droit public et du droit privé.
Si l’Etat au sens le plus large (collectivité publique) est présent dans un
rapport juridique c’est du droit public.
Droit Civil Page 23
Ex. On fait un procès à la Mairie de Toulouse, c’est un droit public.
Ex. L’Etat a conclu une convention avec une région c’est du droit public.
Le droit privé ne s’applique que dans les rapports juridiques qui mettent
en présence 2 personnes privées.
La loi applicable n’est pas le même d’une situation a l’autre. La
compétence juridictionnelle n’est pas la même. Si c’est un procès de
droit public on va devant le juge administratif (Tribunal administratif,
Cour Administrative, Conseil d’Etat). Si c’est un procès de droit privé, on
va devant le juge judiciaire (Tribunal de Grande Instance, Cour d’Appel,
Cour de Cassation)
NB. La Cour de Cassation, le juge du fond va faire du syllogisme. On ne
peut plus discuter des faits car ils sont définitivement acquis. La Cour de
Cassation ne juge qu’en droit, elle juge l’arrêt d’Appel, la décision qui lui
est déférée, la rectitude juridique de cette décision (est ce qu’on a bien
appliqué la règle de droit).
A - Le droit public
Il régit d’abord les rapports d’un Etat avec les autres Etats. La branche
du droit concernée est le droit international public. Mais il s’applique
aussi au plan interne, il y a essentiellement 2 grandes dimensions qui
relèvent du droit public :
- l’organisation et le fonctionnement de l’Etat. Deux branches du droit :
Le droit constitutionnel et le droit administratif qui organise la
composition et le fonctionnement des collectivités publiques et des
établissements publics (organes chargés d’une mission de service public).
- Les rapports de l’administration avec les tiers. Ces rapports sont pour
l’essentiel de 2 ordres : des rapports de responsabilité, des rapports
d’autorisation (autorisation de conduire, de chasser).
B - Le droit privé
Droit Civil Page 24
C’est l’ensemble des règles juridiques qui régissent les rapports des
particuliers entre eux. On dit communément que c’est le droit des
personnes privées (il existe en droit privé 2 catégories de personnes : les
personnes physiques c'est-à-dire les êtres humains, et les personnes
morales, c'est-à-dire des groupements de personnes physiques ou de
personnes morales. C’est un groupement dont la personnalité juridique
est reconnue par la loi, mais à partir de quand un groupement voit-il sont
existence reconnue par la loi – Cour de Cassation 1954 : pour qu’un
groupement ai la personnalité morale il doit remplir 2 conditions, être
doté des moyens d’une expression collective c'est-à-dire avoir un
minimum d’organisation et qu’il agisse pour la défense d’intérêt licite). A
partir de la, il se diversifie en branches spécifiques :
- Le droit commercial, la Cour de Cassation décide que l’activité
commerciale c’est la réalisation d’un acte d’achat pour revendre (pas de
transformation).
- Le droit rural, c’est les rapports entre personnes privées qui concernent
la terre, l’élevage…
- Le droit social - Le droit de la sécurité social, il réglemente la
protection des individus contre certains risquent (maladies, maternités,
invalidités, décès, dépendance)
- Le droit international privé, c’est le rapport de 2 personnes privées dans
lequel intervient un élément d’extranéités c'est-à-dire un élément
étranger. Il peut s’agir d’un lieu étranger (ex. un contrat conclus entre 2
personnes françaises en Espagne), d’une personne étrangère (ex.
accident de la circulation qui survient en Espagne entre un français, et un
espagnol). Deux problèmes se posent : quelle est la loi applicable a ce
rapport juridique (ex. 2 personnes qui se marient a Toulouse, l’une de
nationalité française et l’autre comorienne. Mariage régit par qui ?
Français ou comorien ?), problème de juridiction compétant.
- Le droit judiciaire privé, c’est le droit des procès. Il y a 3 points : La
détermination de la compétence des juridictions, l’organisation de la
procédure c'est-à-dire le déroulement de l’instance et les voies de
Droit Civil Page 25
recours et d’exécution (on a gagné mais l’adversaire ne veut pas exécuter
sa peine).
Remarques : cette spécialisation des branches du droit a un avantage et
un inconvénient. Elle permet d’avoir des règles mieux adapter à la
matière qu’il s’agit de régir… Mais plus on a de branches spécialisées plus
il y a un risque de contradictions entre ces branches du droit.
Ex. Un délit de cheque sans provisions. Le cheque cela relève du droit
commercial qui nous dit que le cheque est un document qui doit
absolument présenter des mentions obligatoires (le nom de l’émetteur du
cheque, le montant, la signature et la date), mais certaines personnes
oubliait de remplir un des éléments ainsi lorsqu’on les poursuivait ils
disaient que ce n’était pas un cheque puisqu’il manquait un élément. En
droit commercial ce n’était pas un cheque mais en droit pénal ca l’était.
§2 Que reste-t-il au droit civil ?
Le droit civil s’occupe essentiellement de 2 questions :
- Quelles sont les personnes qui peuvent être sujets de droit ?
Sujet de droit cela veut dire titulaire de droit mais aussi d’obligations.
- Quels sont les droits qui peuvent être reconnus aux sujets de droit ?
Ils se rangent selon 2 distinctions :
a. La distinction des droits patrimoniaux et des droits extra
patrimoniaux.
Le critère c’est le patrimoine (le patrimoine c’est un sac qui regroupe
l’ensemble des droits et des obligations d’une personne qui sont
évaluables en argent) – a contrario les droits et les obligations qui ne sont
pas évaluables en argent sont qualifiés d’extrapatrimoniaux, on dit aussi
qu’il s’agit de droits qui sont attachés a la personne de leur titulaire.
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Exemple : Les droits patrimoniaux : la boulangère et son client, lorsqu’on
achète un bien on n’achète pas seulement le bien mais le droit de
propriété sur la chose, ce droit est évaluable en argent.
L’art 154 du CC : le droit de propriété c’est le droit de jouir et de
disposer des choses. Le droit de propriété confère a son titulaire 3
prérogatives : l’usus (le droit d’utilité), le fructus (le droit de retirer les
fruits) et l‘abusus (le droit d’abuser, ou bien le droit de vendre de
disposer ou le droit de détruire).
* l’usufruit qui regroupe l’usus et le fructus. C’est un droit viager (qui
s’éteint au décès de son titulaire), calcul autour de la valeur locative de
l’immeuble multiplié par l’espérance de vie du l’usufruitier.
Ex. les droits extrapatrimoniaux : * art 9-1 « chacun a le droit au respect
de sa vie privée ». * Le droit a la vie. * Les diplômes, permis de conduire
(ils sont attachés exclusivement a la personne, la vente est illégale)…
b. La distinction des droits réels et des droits personnels.
Le droit réel c’est le droit qui porte directement sur une chose (ex. le
droit de propriété, l’usufruit, le droit du locataire…). Par opposition le
droit personnel n’est pas le droit que l’on aurait sur une personne, c’est
un droit contre un personne et plus précisément le droit d’exiger de cette
personne une prestation, une abstention, un service… Les droits
personnels sont aussi appelés les droits de créance.
Ex. * créance de paiement entre la boulangère et son client. * Lorsqu’on
dépose de l’argent sur son compte on devient immédiatement créancier
des sommes que l’on a déposé (créance contre la banque de distribution)
. (Contrat de dépôt – entre banque et client) 2 obligations pour
dépositaire : banque
Conserver argent
Restituer a date d’échéance.
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. (Contrat de vente – entre client et bénéficiaire du cheque) Client paye /
cheque – ce cheque c’est l’ordre que le client donne au banquier de
payer le commerçant la somme inscrite sur le cheque.
. (Session de créance – entre bénéficiaire du cheque et banque) Le
bénéficiaire doit demander la restitution de l’argent du cheque à la
banque.
client
beneficiaire
banque du cheque
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Chapitre 2 : Les sources du droit objectif
Section 1 : Les sources historiques
Le 21 mars 1804 c’est l’entrée en vigueur du Code Civil.
Sous-section 1 : La période antérieure au Code Civil
§1 Le droit romain
Pendant toute la période romaine on note une importante production de
règles juridiques qui émanent des autorités publiques sous la forme
notamment des édits du prêteur.
Le droit romain c’est un droit écrit qui a fait l’objet d’une tentative de
codification sous l’Empereur Justinien. Ca a donc énormément
d’avantages : la précision, la certitude, la transmission.
C’est un droit qui s’est installé par sédimentation. C’est le droit de tout
l’Empire romain, toutes les provinces qui ont été conquises par l’Empire
romain ont connu le droit romain. Il a donc eu une influence considérable
dans un très grand nombre de pays.
§2 L’ancien droit français
C’est une période de temps très longue (de la fin de l’Empire romain au
18e siècle – 10 siècles).
L’idée générale est la multiplicité et la diversité des sources de cet
Ancien droit Français car il y a 4 catégories de sources :
a.Les coutumes
La coutume est une règle de droit issu des usages et qui se perpétue en
raison de la croyance dans son caractère obligatoire. Ce sont les
habitudes des gens.
Ex. Lorsqu’une femme se marie dans 90% des cas elle porte le nom de son
mari mais juridiquement ce n’est pas obligatoire.
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L’importance des coutumes : La France est partagée en 2 parties selon
une ligne qui irait de la Rochelle jusqu’au lac Léman. Au Sud de cette
ligne il y a une forme de sédimentation du droit commun, tant que les
romains occupaient ils ont appliqué leur droit écrit, quand ils se sont
retirés, on a continué d’appliquer le droit romain en tant que
coutume. Les règles de droit romain sont restées par ce que les coutumes
étaient alignées sur le droit romain. On désigne parfois cette partie de la
France comme « pays de droit écrit ».
Au Nord ce sont les coutumes germaniques qui dominent. Ce sont des
règles orales qui ont été apportées par les invasions germaniques. Comme
ces vagues d’invasions n’ont pas porté toute la partie Nord il y a eu des
sédimentations différentes de sorte que si l’on voyage dans la partie Nord
de la France on ne sera pas soumis par toutes les mêmes coutumes.
Voltaire disait : « lorsqu’on voyage au nord de la France on change de loi
aussi souvent que de chevaux ». On appelle ces pays du Nord : « Pays de
coutumes ».
b.Le droit canonique
C’est le droit de l’Eglise catholique. Ce droit est exprimé par les travaux
des conciles et par les ordonnances (= bulles) que donnent les papes.
Ces droits s’appliquent dans les régions catholiques. Il réglemente les 3
grandes étapes de la vie humaine (naissance, mariage, décès). Du coup,
ce droit va atténuer cette séparation Nord/Sud.
c. Les ordonnances royales :
C’est l’acte par lequel le Roi ou ses ministres vont créer des règles
juridiques. Ces ordonnances royales ont pendant très longtemps été sans
effets. Il a fallut attendre que le roi soit suffisamment puissant pour qu’il
puisse imposer une législation partout sur le territoire, cela c’est
manifestée assez tardivement au 17e siècle avec les ordonnances de
Colbert. L’ordonnance sur la procédure civile (1667), elle a été reprise
quasiment telle quelle en 1806. Les ordonnances d’Aguesseau sur les
donations qui seront recopiées dans le CC.
Droit Civil Page 31
Les prétentions législatives du roi seront perturbées par l’activité des
Parlements.
d. L’activité des Parlements
Aujourd’hui le Parlement est une assemblée politique censée représenter
le peuple, alors qu’à l’époque c’est une assemblée juridique. C’est
l’ancêtre des cours d’appel :
- Ils ont eu un rôle unificateur : les arrêts de règlements.
Lorsqu’ils tranchaient un litige, les Parlements pouvaient statuer pour le
cas particulier ou bien donner a la solution retenue une portée générale
qui s’imposait pour tous les litiges futurs du même type. Les Parlements
devenaient législateurs.
- Ils ont aussi un rôle perturbateur : le refus d’enregistrement.
Les ordonnances royales n’étaient applicables dans le ressort d’un
Parlement que si elles étaient enregistrées par lui. Le refus
d’enregistrement contredisait les prétentions législatives du Roi. Les lits
de justice étaient relativement rares (le Roi se déplaçait au Parlement
pour faire valoir son droit).
§3 Le droit intermédiaire
C’est le droit qui est promulguée pendant la période révolutionnaire,
cette période est très courte (1789 – coup d’Etat du 18 Brumaire de l’an
8, 1799). Mais c’est une période très importante.
a. Un effort d’unification
Unification tout d’abord politique avec l’abolition du système féodal
(décrets du 4 et 11 aout 1782), suppression des provinces.
Unification judiciaire, avec la suppression des Parlements. La mise en
place du tribunal de Cassation pour éviter que les cours d’appel
reprennent du pouvoir.
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Unification juridique, à partir de la Révolution se met en place une
législation nationale, c'est-à-dire une législation qui est la même sur tout
le territoire
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b. La proclamation de principes essentiels
On les trouve dans la DDHC de 1789. Il y a d’abord :
- L’égalité civile que l’on trouve dans l’article 1 : « les hommes naissent
etdemeurentlibresetégauxendroit».
Cependant la liberté et l’égalité sont 2 notions incompatibles, on les a
donc mis dans le même article afin de les concilier. Ainsi en France le
conseil Constitutionnel a mis en oeuvre le principe d’égalité par
catégorie, c'est-à-dire que le principe d’égalité impose de traiter de la
même façon des personnes qui se trouvent dans des situations identiques.
Exemple : Le principe d’égalité n’impose pas de traiter tous les étudiants
en droit de la même façon. Ainsi les étudiants de 1ere année n’ont pas le
droit de s’inscrire en 4e année. En revanche tous les étudiants de 1ere
année ont le droit sous réserve qu’ils réussissent leurs examens de
s’inscrire en 2e année.
- Proclamation de la liberté individuelle. L’art 1er, l’art 4 (« la liberté
consiste à faire tout ce qui ne nuit pas a autrui »), l’art 5 et l’art 10
(« nul ne peut être … pour ses opinions même religieuses pourvu que cela
ne trouble pas l’ordre public »). L’art 10 = liberté d’expression, de
pensée.
- Proclamation de la propriété privée. Art 17 de la DDHC : la propriété
étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé si ce n’est
lorsque la nécessité public l’exige et sous la condition d’une juste et
préalable indemnité.
Il y a eu des tentatives de codification mais aucune n’a abouti. La
révolution laisse un double héritage : un droit national et des principes
fondamentaux qui régissent encore aujourd’hui.
Sous-section 2 : Le Code Civil
Napoléon Bonaparte, le 13 aout 1800, va constituer une commission
chargée de rédiger un projet de CC. Ils sont 4 à faire partie de cette
commission. Deux représentent les pays de Nord (Tronchet – Président du
Tribunal de Cassation ; Bigot de Preameneu – commissaire au
Droit Civil Page 34
gouvernement) et deux représentants des pays du Sud (Portalis –
magistrat ; Maleville – magistrat). En 4 mois ils ont terminé la rédaction
du projet de CC.
Mais comment fait-on techniquement pour voter le CC : il a été divisé en
36 lois qui ont toutes été discutées et ensuite votées séparément. Elles
ont été présentées par Portalis. La dernière (37e) a été votee le 21 mars
1804 (30 Ventôse de l’an 12) : loi sur la réunion des lois civiles (les 36
autres) en un seul corps sous le titre de Code Civil des Français.
Remarque : Les caractères du CC sur la forme, Stendhal lisait le CC tous
les soirs, il le trouvait littéraire. Il y a même eu un CC en vers. Sur le
fond, le CC est une oeuvre de transaction c'est-à-dire qu’ils ont essaye de
parvenir a une conciliation entre les coutumes germaniques et le droit
romain. C’est la première fois que l’on voit en France un droit laïc. Le
principe de laïcité date de 1804 et non de 1905.
Sous-section 3 : La période postérieure au Code Civil
Les piliers du droit privé sont le droit de propriété, de droit de la famille
et le droit des contrats.
§1 Le droit de propriété
En 1804 le droit de propriété est conçu comme un droit absolu a la suite
de l’art 17 de la DDHC. Cette idée d’absolutisme réapparaît dans le CC
dans l’art 744. Et progressivement le droit de propriété a fait l’objet d’un
certain nombre de limitations, on a limité les prérogatives du
propriétaire, il y a dans ces limitations pour l’essentiel 2 tendances :
- Les limitations législatives : certains textes de loi sont venues limitées
les prérogatives du propriétaire.
Exemple : Le bail (contrat de location) commercial, c’est le bail que
conclu un commerçant pour l’exercice de sa profession. Le décret de
1953 prévoit que ce bail à une durée minimale de 9 ans et le preneur
(locataire) bénéficie d’un droit au renouvellement. Ainsi, à l’expiration
du contrat, le locataire a le droit de rester dans les lieux et le bail va se
Droit Civil Page 35
renouveler. Donc tant que le locataire souhaite rester dans les lieux le
propriétaire doit le laisser. Cela limite les droits du propriétaire.
Exemple : Il existe le même mécanisme pour le bail de l’habitation, mais
la durée initiale est de 3 ans. Le propriétaire ne peut reprendre le bail à
la fin que si c’est pour se loger ou loger un membre de sa famille.
- Les limitations jurisprudentielles. Il y a 2 théories :
*L’abus du droit de propriété développé au 19e par un juriste lyonnais qui
dit : le droit de propriété ne doit pas conduire à nuire aux tiers. Il écrit
que chaque fois qu’un propriétaire utilise son droit de propriété pour
nuire a quelqu’un, ce droit perd sa légitimité, et il propose des sanctions.
La Cour de Cassation a consacré cette thèse a plusieurs reprises :
Affaire Clément Bayard, la Cour de Cassation explique qu’il y a abus de
droit lorsque le droit de propriété est exercée dans l’intention de nuire a
autrui.
Dans cette affaire la Cour précise « à partir de quand notre liberté de
propriété nuit a autrui », 2 critères : absence d’utilité de l’acte pour son
auteur, et caractère nuisible pour un tiers. Si ces 2 éléments sont remplis,
alors le propriétaire a agit dans l’intention de nuire. La Cour de
Cassation distingue 2 types de sanctions : Les dommages et intérêts et
des sanctions en nature (elle a commandé a Clément Bayard de démonter
toutes ses installations).
Droit Civil Page 36
Droit Civil Page 37
* La théorie des troubles anormaux de voisinage.
La Cour de Cassation décide que l’auteur d’un trouble anormal de
voisinage peut être condamné à des dommages et intérêts en raison du
préjudice déjà réalisé, ainsi qu’une obligation en nature de cesser les
troubles.
Ex. Un garçon habite avec ses parents dans un immeuble collectif et joue
du cornet à piston dont il joue le soir pour s’entrainer. La Cour d’Appel a
condamné les parents à verser des dommages et intérêts, et leur a
demandée de cesser les troubles avec une sanction en astreinte (chaque
fois qu’il y rejouait les parents devaient verser une somme pour les
victimes). Ils ont aussi commandé aux parents d’insonoriser la cave afin
que leur enfant puisse y jouer.
Mais à partir de quand y a-t-il trouble anormal/excessif de voisinage ? La
Cour de Cassation a posée une règle : le trouble anormal c’est celui qui
dépasse la moyenne des bruits ambiants dans l’endroit concerné.
Dans la théorie des troubles du voisinage on peut sanctionner sans qu’il y
ait eu l’intention de nuire.
§2 Le droit de la famille
En 1804 on avait un modèle familiale unique (la famille fondée sur le
mariage – la famille légitime), c’était une famille hiérarchisée (notion de
chef de famille) et autoritaire (prérogatives d’autorités sur sa femme et
ses enfants. Ainsi l’ancien art 215 du CC disait que le mari choisissait la
résidence de la famille et la femme devait le rejoindre, elle lui devait
obéissance et il lui devait respect).
Il y a ensuite eu l’apparition de plusieurs modèles familiaux, d’autres
formes d’unions : le pacte civil de solidarité (PACS) et le concubinage.
Disparation de la hiérarchie, la notion de chef de famille a été supprimée
an 1870, l’homme et la femme sont égaux. La puissance paternelle a
disparu.
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Une loi du 4 mars 2002 dispose que les parents doivent associer leurs
enfants dans les décisions prises les concernant.
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§3 Le contrat
1804 est dominée par la théorie de l’autonomie de la volonté. C’est la
liberté contractuelle. En 1789 on a proclamé la liberté des citoyens, donc
celui-ci doit aussi avoir la liberté des contrats. Cette liberté se traduit
par 3 prérogatives :
- La liberté de contracter ou de ne pas contracter.
- La liberté de choix du cocontractant.
- La liberté de définir le contenu du contrat. En 1804 il n’y avait
que 2 limites : l’ordre public des bonnes moeurs, et l’obtention
de l’acceptation du cocontractant.
Il y a eu un recul de la liberté contractuelle. On est passe à la
réglementation du contrat. Ce recul se traduit par un recul des 3
prérogatives.
Les contrats ne sont pas juridiquement obligatoires mais concrètement
obligatoires (aucune loi ne nous impose d’avoir de l’électricité). En
revanche il y a des contrats que la loi nous oblige à souscrire, ils ne sont
pas obligatoire de facto mais de jure (ex, les contrats d’assurance).
La liberté de choix du cocontractant est aussi en recul en raison de la
lutte contre les discriminations (certains ne voulaient pas contracter avec
les femmes ou les jeunes…). Le législateur puni le fait de refuser le
contracter pour un motif discriminatoire.
La liberté de fixer le contenu du contrat. Aujourd’hui il existe des clauses
qui sont interdites, on n’a pas le pouvoir de stipuler, alors même que
l’autre parti serait d’accord. Il y a les clauses abuses, ce sont les clauses
existant dans un contrat conclu entre un professionnel et un
consommateur et qui confèrent au professionnel un avantage excessif.
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Section 2 : Les sources actuelles du droit
Sous-section 1 : La source principale : la loi
Le mot loi est susceptible de 2 définitions/sens :
Au sens large, la loi c’est une règle juridique formulée par écrit et qui
émane de l’Etat.
Au sens strict, c’est une règle juridique formulée par écrit, votée par le
Parlement (réunion de l’Assemblée nationale et du Senat).
Ainsi au sens large le mot loi inclus les décrets, et au sens strict c’est
uniquement la règle qui vient du Parlement.
Le mot loi en latin c’est Lex, au génitif : Legis (= c’est ce qui se lit).
§1 L’origine de la loi (au sens large)
A - Les domaines respectifs de la loi (au sens strict) et du règlement :
Cette répartition du domaine de la loi et du règlement est faite par la
Constitution.
Avant 1958, c'est-à-dire dans la Constitution de 1946 et dans celle de
1875, la loi était le principe. Ainsi on ne pouvait légiférer par décret que
dans certaines matières qui étaient limitativement énumérées par la
Constitution. Tout le reste c’était le domaine de la loi, ca revenait au
Parlement. C’était assez logique, car le Parlement est composé des
représentants directs du peuple, il est donc normal que ces représentants
puissent légiférer dans les matières les plus nombreuses. Le pouvoir
réglementaire (exemple : les ministres) n’est pas le représentant direct
du peuple, il a donc une légitimité démocratique moindre.
La 4e République s’est caractérisée par une instabilité presque constante,
aucun parti n’avait une majorité, ils devaient donc faire des alliances. Or
ces alliances n’étaient pas durables.
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La Constitution de 1958 a inversé la proportion. Aujourd’hui on a une île
légale (art 34) dans un océan réglementaire (art 37).
Le domaine de la loi ----> art 34 :
Les auteurs de la Constitution de 1958 : Michel Debré et Henri Capitan.
Cet article énumère limitativement les matières qui sont du domaine de
la loi. Il distingue 2 catégories de matières :
- Celles entièrement soumises à la loi, c'est-à-dire que la loi va
déterminer les principes mais encore pour fixer les détailles de mise en
oeuvre.
Ex. Les droits civiques, les libertés publiques (les libertés que l’Etat
garanti au citoyen – liberté de conscience, d’association, de culte…), la
nationalité, l’état des personnes, la détermination des crimes et des
délits, l’impôt.
- Les matières qui sont partiellement soumises à la loi, c'est-à-dire
qu’elle n’est compétente que pour la détermination des principes
fondamentaux. On les appelle les lois d’orientation, les lois de
programmation, les lois cadre.
Ex. La Défense nationale, l’enseignement, le régime de la propriété, le
droit du travail…
C’est une compétence limitative, c'est-à-dire que toutes les matières qui
ne sont pas énumérées dans l’art 34 relèvent du pouvoir réglementaire.
Le domaine du règlement ----> art 37 :
L’art 37 alinéa 1 nous dit « Tout ce qui n’est pas du domaine de la loi a un
caractère réglementaire ». Il donne au règlement une compétence
identique à celle qui revient à la loi dans l’art 34. Il ne concerne pas ce
qu’on appelle les décrets d’application (= le décret d’application d’une
Droit Civil Page 42
loi). Les 2 pouvoirs sont sur le même niveau hiérarchique. On parle de
décrets autonomes car ils ne sont pas dépendants d’une loi (c’est pour les
opposer aux décrets d’application).
La Constitution de 1958 contient plusieurs articles qui consacrent le
pouvoir réglementaire :
L’art 37 – les décrets autonomes :
- Un pouvoir réglementaire par délégation, c'est-à-dire que dans
les matières qui sont dans l’art 34, le Parlement peut remettre
son pouvoir de légiférer au gouvernement. On organise un
transfert.
Il y a 2 textes qui organisent l’incursion du pouvoir :
- Article 38 de la Constitution organise une délégation consentie
du pouvoir législatif, car c’est le Parlement qui va déléguer
ses pouvoirs au gouvernement. Il faut une loi d’habilitation,
une durée limité et une loi de ratification.
- Article 16 de la Constitution prévoit qu’en cas de menace pou
l’intégrité du pouvoir, ou pour les intérêts fondamentaux de la
Nation, ou lorsque le fonctionnement des pouvoirs publics est
interrompu. Alors le Président de la République prend seul les
mesures exigées par les circonstances, il en informe les
assemblées et la Nation par un message.
L’utilisation de cet article est rare, et il y a assez peu de
garanties.
Droit Civil Page 43
Il faut retenir la promotion considérable du pouvoir réglementaire qui
aboutit à une dépossession des pouvoirs du Parlement.
B - Les différentes sortes de texte
La loi au sens formel : C’est une règle écrite qui a pour origine le
Parlement. Il existe 3 grands types de lois :
- La loi constitutionnelle qui institue les règles fondamentales de
l’organisation de l’Etat. La Constitution de la 5e République, approuvée
par referendum, date du 4 octobre 1958. Cette Constitution comporte 2
parties : le corpus (ensemble des articles) et le préambule (sorte
d’introduction qui contient l’exposé d’un certain nombre de principes
fondamentaux auxquelles la République française est attachée, il renvoi
aux principes contenus dans le préambule de la Constitution de 1946, or
celui-ci renvoyait a la DDHC de 1789. Les 17 articles de la DDHC ont
pleine valeur constitutionnelle car une loi qui ne serait pas conforme a un
de ces articles pour être censuré par le Conseil constitutionnel).
- La loi organique c’est celle qui modifie ou qui complète la Constitution.
Exemple : loi du 6 novembre 1962 : loi sur l’élection du Président de la
République au SU.
Exemple : loi du 26 octobre 1974 : loi qui a élargi la saisine du Conseil
Constitutionnel.
Exemple : révision constitutionnelle du 23 juillet 2008.
- Les lois ordinaires c’est celles par lesquelles le Parlement légifère
(créée une loi) dans les matières qui sont de sa compétence (dans les
matières de l’art 34).
Le règlement : C’est une règle juridique écrite, générale, impersonnelle.
Elle émane d’une autorité exécutive.
Droit Civil Page 44
On a une multitude d’autorités qui sont titulaires d’un pouvoir
réglementaire :
- Le Président de la République : il signe les décisions prises en vertu de
l’art 16 de la Constitution ; les ordonnances de l’art 38 ; les articles 16 et
19 qui donnent au Président un certain nombre de pouvoir…
- Le Premier ministre : il tire son pouvoir réglementaire de l’art 21 de la
Constitution, cet art prévoit que le gouvernement détermine la politique
de la nation, il exerce le pouvoir réglementaire et à ce titre il peut signer
les décrets d’application, les décrets autonomes, les arrêtés (exemple :
pour l’organisation de son ministère).
- Les ministres : ils disposent tous d’un pouvoir réglementaire sous la
forme d’arrêtés.
- Il y a une multitude d’autres autorités titulaire d’un pouvoir
réglementaire : le préfet (arrêtés préfectoraux), le maire (arrêtés
municipaux), tous les dirigeants d’un établissement public (hôpitaux,
universités…).
Remarque : la multitude de personnes investies d’un pouvoir
réglementaire engendre un risque, c’est l’excès de pouvoir. Pour
sanctionner les éventuels excès de pouvoir il existe un recours
spécifique : le recours pour excès de pouvoir que toute personne peut
exercer devant le Tribunal administratif dans un délai de 2 mois à
compter de l’acte irrégulier.
Les traités internationaux : Ils sont devenus source de droit. Il s’agit des
traités qui sont conclus par la France avec un autre Etat. Le problème est
de savoir leur valeur juridique en droit interne :
- Avec des Etats non membre de l’UE : l’art 55 de la Constitution
s’applique ici, il prévoit que ces traités ou accords régulièrement ratifiés
ou approuvés ont, dès leur publication une autorité supérieure à celle des
Droit Civil Page 45
lois sous réserve de leur application par l’autre Etat (condition de
réciprocité). La ratification prend la forme d’une loi, c’est donc le
Parlement qui va être saisi du traité et qui va dire s’il le valide,
l’approbation se fait elle par référendum.
Plusieurs situations peuvent se présenter :
- Le traité international est ratifié et entre vigueur en présence d’une loi
antérieure contraire. La Cour de Cassation décide que la ratification ou
l’approbation du traité international entraine l’abrogation de toutes les
lois antérieures contraires. Cette solution résulte d’un arrêt du 24 mai
1975.
- Un conflit entre un traité international ratifié et une loi postérieure
contraire (ex. l’abrogation de la peine de mort 1981 et pour la rendre
encore plus définitive on a ratifié une convention européenne interdisant
la peine de mort) Dans un régime démocratique on considère que c’est la
dernière expression de la souveraineté qui doit l’emporter. Mais le
Conseil d’Etat dans son arrêt Nicolo du 20 octobre 1989 décide que le
traité l’emporte sur la loi postérieure contraire. C’est une limite à la
souveraineté du Parlement. Pour établir une loi il faut donc dénoncer le
traité afin de l’annuler.
- Problème de la conformité du traité à la Constitution. En théorie pour
qu’un traité ratifié entre en vigueur il faut qu’il soit conforme à la
Constitution, mais comment apprécier cette conformité ? 1ere solution le
Conseil Constitutionnel, mais il ne contrôle que les lois et non les traités.
Si le Président signait un traité contraire à la Constitution le Parlement
refuserait la ratification. On partait du principe qu’aucun traité contraire
ne serait ratifié. Concernant la construction de l’UE, la France a pris
l’habitude de signer des traités contraire a la Constitution (ex, le traité
de Maastricht qui prévoyait que les étrangers ressortissant d’un Etat de
l’Union auraient le droit de vote aux élections locales : mais la
Constitution prévoyait que seuls les français pouvaient voter, François
Mitterrand a donc fait voter une loi organique modifiant la Constitution. Il
a ensuite soumis le traité et la loi organique a un référendum). Donc en
théorie le traité est supérieur au traité mais on a pris l’habitude de
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modifier la Constitution en faveur du traité, en pratique le traité est donc
au sommet.
- Les traités conclus par la France avec les Etats membres de l’UE : Ils ont
une valeur supérieure aux lois nationales de plein droit, c'est-à-dire qu’il
n’y a pas besoin de ratification ou d’approbation par référendum. Le
problème est donc qu’on organise la primauté d’un droit diplomatique sur
des droits démocratiques.
C - La hiérarchie des textes
La reconstitution de la hiérarchie :
• Au sommet il y a la Constitution (préambule et lois
organiques inclues), puis les traités internationaux, avec
au même degré hiérarchique les lois et les décrets de
l’art 37. En dessous les décrets d’application de l’art 21.
Puis les arrêtés ministériels, préfectoraux et municipaux.
Remarque : les circulaires, ce sont des instructions écrites,
données par une autorité superieure a des subordonnés. Elle
illustre le pouvoir hiérarchique.
Sont-elles sources de droit ?
Non car elles ne procèdent par d’une loi de l’art 34, elle ne
procède pas non plus d’un pouvoir règlementaire. C’est une
instruction de service. Elle n’est pas obligatoire pour les
administrés. Le Conseil d’Etat en matière fiscale décide que
les administrés peuvent opposer à l’administration ces
circulaires.
• A quoi sert la hiérarchie ?
Droit Civil Page 47
L’utilité c’est de permettre le contrôle de la validité des
normes les unes par rapport aux autres. Il faut distinguer :
- Le contrôle interne :
Le contrôle de la validité des lois au sens stricte. Il s’agit
d’un contrôle de constitutionnalité avec le Conseil
Constitutionnel (date de 1958), celui-ci est composé de 2
catégories de membres (membres de droit qui sont les
anciens Président de la République, membres nommés au
nombre de 9, nommés pour 3 ans et renouvelable par tiers
– 3 par le Président de la République dont le Président du
Conseil, 3 par le Président de l’Assemblée Nationale et 3
par le Président du Senat), il peut être saisi par le
Président de la République, par 60 députés où 60
sénateurs.
Il ne peut être saisi qu’avant la promulgation (= 15 jours
maximum après que la loi est été votée par le Parlement)
or le Président peut la promulguer directement et
empêcher ainsi que l’on saisisse le Conseil. La loi du 23
juillet 2008 créée une question préjudicielle de
constitutionnalité (art 61-1 de la Constitution), le juge à le
pouvoir de transmettre ou de ne pas transmettre cette
question préjudicielle. Les juges ordinaires deviennent
donc des juges constitutionnels, alors qu’à la base ils ne
sont pas habiliter pour en juger.
Les effets du contrôle de constitutionnalité : ou bien le
grief d’inconstitutionnalité est rejeté ou bien il est retenu
(le Président peut annuler les textes inconstitutionnels, ou
bien il peut censurer la totalité de la loi).
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Contrôle de la validité des règlements :
On n’a pas d’organes spécialement chargés de ce contrôle,
il est donc opéré par des juridictions de droit commun.
- La voie d’action : se déroule devant les juridictions
administratives sous la forme du recours pour excès de
pouvoir (un individu saisi le tribunal administratif pour un
règlement qu’il considère illégal), c’est un procès fait à
l’acte. Si le recours abouti l’acte irrégulier est annulé
(erga omnes = a l’égard de tous, il n’existe plus).
- La voie d’exception : le mot « exception » pris dans son
sens procédurale c’est un moyen de défense. On
l’appelle aussi l’exception d’illégalité. C’est donc un
moyen de défense tiré de l’illégalité du texte. Elle n’est
admise que devant le juge pénal (que les
contraventions). Le juge pénal est un juge judiciaire. La
conséquence : si l’acte est illégal le juge n’a pas le
pouvoir de l’annuler car il n’est pas un juge
administratif, le texte est donc écarté pour le procès en
cours mais puisqu’il n’est pas annulé il reste en vigueur
et d’autres personnes pourront être poursuivies qui
devront à leur tour soulever l’exception d’illégalité.
- Le contrôle par rapport au droit international :
- Les traités internationaux dépourvus de juridictions
chargées de leur application. Ce sont les juridictions de
droit commun qui sont chargés de contrôler la
conformité. En France la convention des nations unies
relative aux droits de l’enfance est ratifiée en novembre
1990.
- Les conventions dotées d’une juridiction chargées de leur
application. Le contrôle du droit interne par rapport à la
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Convention européenne des droits de l’Homme. Cette
Convention a été signée à Rome le 4 novembre 1950, a
été ratifiée par la France en 1973. Elle est dotée d’une
juridiction chargée de son application : la Cour
Européenne des Droits de l’Homme (CEDH).
La CEDH est de plus en plus souvent saisie du contrôle
de droit interne par rapport à la Convention car en 1981
la France a ratifié un protocole additionnel à la
Convention sur le recours individuel. Avant 1981, la
CEDH ne pouvait être saisie que par des parlementaires.
Désormais, en plus de la saisine par un parlementaire, le
Cour peut être saisie par les Etats ayant signés la
Convention, La Cour a même admis que les étrangers
ressortissants d’un Etat non signataire peuvent saisir le
Convention tant qu’ils vivent dans un pays ayant ratifié
la Convention.
La France est régulièrement condamnée par la CEDH.
L’article en raison duquel on est le plus condamné est
l’art 6-1 qui prévoit que les citoyens doivent être jugés
dans un délai raisonnable par un tribunal indépendant et
impartial établi par la loi.
Lorsque la France est condamnée par la CEDH elle n’a
pas l’obligation de modifier sa législation ou sa
jurisprudence car les condamnations de la Cour sont des
condamnations à dommages et intérêts ; la CEDH ne
peut pas condamner pour autre chose. En fait la France
modifie très souvent sa législation pour des raisons
politiques (ca ne fait pas bien d’être condamné).
§2 La force obligatoire de la loi
A - La durée de la force obligatoire de la loi
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La loi est obligatoire entre 2 dates : sa promulgation et son abrogation.
a. L’entrée en vigueur :
Elle suppose 2 conditions :
- La promulgation est un décret du Président de la République par lequel
il constate le vote d’un texte au Parlement et va donner l’ordre de
l’exécuter. Ce décret donne à la loi sa date.
- La publication sert à faire connaitre la loi, à la porter à la connaissance
des citoyens. Et elle se réalise par l’insertion du texte au Journal Officiel
de la République Française et depuis une ordonnance du 20 février 2004
le journal est aussi électronique : ca modifie la date d’entrée en vigueur
(art 1er du CC).
Il est possible de déroger à l’art 1er du CC car on peut anticiper (cela
arrive régulièrement en matière fiscale avec une dérogation au principe
de non rétroactivité des lois) ou retarder (cela arrive souvent lorsqu’on
procède à une réformation importante qui modifie beaucoup de normes
juridiques et qui requiert un temps d’adaptation – ex. en 1992 on a
adopté le nouveau Code Pénal dont l’entrée en vigueur a été en 1994)
l’entrée en vigueur.
b. L’abrogation :
La loi c’est l’expression de la volonté générale. Et dans notre système
juridique la volonté générale est souveraine donc la loi garde sa force
obligatoire de manière perpétuelle.
Le seul moyen de faire disparaitre l’effet obligatoire d’une loi c’est de
l’abroger.
Il existe 2 types d’abrogation :
- L’abrogation expresse : on est en présence d’un texte de loi qui déclare
expressément abroger une disposition législative ou règlement
antérieur. Cela a un avantage de clarté et de précision. Mais le législateur
oubli souvent de nous dire quelles sont les dispositions qu’il abroge.
Droit Civil Page 51
- L’abrogation tacite : c’est une abrogation qui ne dit pas son nom. La loi
nouvelle modifie un texte ancien mais elle ne dit pas qu’elle l’abroge.
Faut-il considérer que les 2 lois sont en vigueur, ou bien admettre que la
loi antérieure est abrogée ? Dans notre système on retient l’abrogation
tacite, mais comment savoir quelles sont les dispositions de la loi
ancienne qui sont abrogées et quelles sont celles qui restent en vigueur.
On retient le critère de l’incompatibilité. On considère que sont abrogées
les dispositions de la loi ancienne qui sont incompatibles, inconciliables
avec la loi nouvelle.
Exemple : Depuis une loi du 5 juillet 1994 la majorité civile est fixée à 18
ans, mais imaginons qu’une loi nouvelle la porte à 21ans mais qu’elle ne
nous dit pas qu’elle abroge la loi antérieure. Il y a incompatibilité et on
considérera que la loi nouvelle a abrogée la loi ancienne.
Exemple : La loi nouvelle prévoit que l’on peut conclure un contrat de
travail dès l’âge de 14ans (de nos jours c’est 16ans) alors que l’on est
majeur à 18ans. Ces 2 lois sont cohérentes car il y a exception pour le
contrat de travail.
On s’est demandé si une loi peut être abrogée par désuétude.
B - L’intensité de la force obligatoire de la loi
La loi est obligatoire pour tous, c'est-à-dire qu’elle acquiert force
obligatoire erga omnes (a l’égard de tous). Elle s’applique donc à tous et
au juge.
a. La soumission du juge à la loi :
Au 18e siècle on considère que la justice est une dette de l’Etat envers
les citoyens et ca entraine plusieurs conséquences :
Droit Civil Page 52
- Le juge est tenu d’appliquer la loi, il doit respecter les termes de la loi
et si un texte ne prévoit pas d’exception à son application il est obligé de
l’appliquer.
- Si le juge n’applique pas le bon texte, sa décision encours la censure de
la Cour de Cassation.
- Le déni de justice qui figure dans l’art 4 du CC (le juge qui refusera
d’appliquer la loi sous prétexte du silence, de l’obscurité ou de
l’insuffisance de la loi pourra être poursuivi comme coupable de déni de
justice). Le déni de justice est puni de 7500€ d’amende et d’une
interdiction d’exercer.
b. La soumission du citoyen à la loi :
On considère que les citoyens ont l’obligation de se renseigner sur le
contenu des dispositions législatives ou réglementaires, cela conduit à un
adage : nemo censitur ignoare legem (nul n’est censé ignorer la loi).
Donc il est impossible en principe pour un citoyen de se prévaloir de son
ignorance de la loi. Car cet adage abouti à une présomption irréfragable
de connaissance de la loi.
Sauf qu’il y a quelques dérogations, car notre système juridique est de
plus en plus complexe. Cela rend plus difficile la connaissance. On voit
ainsi apparaitre 2 séries d’exceptions :
- La force majeure (événement qui présente en principe 4 caractères :
imprévisible, irrésistible, insurmontable et extérieur a la personne qui
invoque cet événement de force majeur) : la jurisprudence autorise un
individu à se prévaloir de son ignorance de la loi lorsqu’il a été empêché
d’en connaitre les dispositions par un événement de force majeur.
- La théorie de l’erreur invincible de droit : une personne est poursuivie
pour le non respect d’une règle, elle fait valoir qu’elle a pris la
précaution de s’informer sur le contenu de la loi mais qu’elle a été
induite en erreur par celui auprès duquel elle s’est informée.
Droit Civil Page 53
En jurisprudence cette théorie a été consacrée par un arrêt du 9 octobre
1959 de la Cour de Cassation : On poursuit le dirigeant d’une société qui
a organisé une réunion du Comité d’entreprise à laquelle il n’a pas laissé
participer les représentants du personnel. Le dirigeant avait écrit
précédemment au ministre du travail qui lui dit qu’il n’a pas l’obligation
de convier les représentants du personnel. Or ces représentants portent
plainte. Le dirigeant invoque alors la lettre et la Cour de Cassation décide
que l’erreur était invincible pour le dirigeant qui était de bonne foi et
pouvait ignorer la loi. Mais la Cour de Cassation n’a quasiment jamais
rééditée cette jurisprudence car plus on admet qu’il y a une erreur de
droit, plus on minimise le caractère contraignant de la règle de droit.
Le Code Pénal a consacré cette théorie dans l’art 122-3, mais la Cour de
Cassation continue rarement l’invoquer.
c. Les degrés dans la force obligatoire de la loi :
Il s’agit de distinguer les lois impératives et les lois supplétives.
Les lois impératives ne supportent pas de dérogations par une volonté
contraire. On ne peut pas s’y soustraire. (on est obligé de s’y soumettre)
La loi supplétive c’est celle qui pallie à l’absence de manifestation de
volonté.
A quoi reconnait-on une loi impérative ?
- Le législateur le dit expressément (les dispositions de la présente loi
sont d’ordre public ; toute disposition contraire est nulle).
- Le législateur ne dit rien : dans ce cas il faut soit regarder les travaux
préparatoires, soit se référer a l’objet, la matière concernée, si celle-ci
met en jeu l’intérêt général on en déduira que la loi est d’ordre public
(droit pénal, droit fiscal) et au contraire si elle ne concerne que l’ordre
privé on en déduira qu’elle est d’ordre privé.
Droit Civil Page 54
Quelle est la distinction entre les nullités absolues et les nullités
relatives ?
- Différence de nature : c'est-à-dire que ce n’est pas la même chose.
- La nullité absolue sanctionne la nullité d’une règle publique impérative
(exemple : 2 époux se dispenseraient de l’obligation d’entretient de leurs
enfants dans un close de leur contrat)
- La nullité relative sanctionne la violation d’une règle d’intérêt privé
(exemple : la boulangère et son client, si la boulangère force son client à
payer plus cher ou a acheter plus de pain. Cela n’a pas de conséquence
sur la société mais seulement sur la personne concernée)
Différence de régime : 3 domaines :
- Les titulaires de l’action en nullité, c'est-à-dire qui peut agir.
En nullité absolue : toute personne qui a un intérêt.
En nullité relative : la personne protégée par la nullité peut agir.
- Le délai de prescription :
En nullité absolue : 30 ans.
En nullité relative : 5 ans.
- La confirmation de la nullité, c'est-à-dire la renonciation à agir en
nulité, à se prévaloir, à invoquer la nullité.
En nullité absolue : elle est insusceptible de confirmation car cela porte
atteinte à l’intérêt général.
En nullité relative : la confirmation est possible avec une précision : elle
peut être expresse, ou tacite (il aurait pu agir en nullité, mais il confirme
sans le dire) qui se déduit de l’exécution spontanée du contrat nul (ex. un
mineur de 17 ans est propriétaire d’un appartement, il décide de le louer
et conclu un bail supérieur à 9 ans. Or comme il est mineur il n’a pas
Droit Civil Page 55
l’autorisation de faire cet acte sans l’assistance d’un tuteur. Donc ce
contrat est nul, mais d’une nullité relative car il peut choisir de
confirmer soit avec le tuteur soit quand il a 18 ans par confirmation
expresse ou tacite – le fait de continuer à exécuter le bail c’est comme
s’il renonçait à une action en nullité).
Sous-section 2 : Les autres sources du droit
§1 La coutume
Définition : C’est une règle qui est issue de la pratique, un droit constitué
par l’habitude. On considère qu’il y a un élément matériel (l’habitude
répétée, ancienne, conscience) et un élément intentionnel (la croyance
dans le caractère obligatoire de la règle).
Rôle : En tant que source. La loi du 21 mars 1804 on a abrogé toutes les
sources de l’ancien droit et notamment toutes les coutumes générales et
locales. On considère depuis que la coutume a un rôle réduit.
Mais quelle est la force obligatoire de la coutume ? Il y a 2 situations :
- La coutume secundum legem, c'est-à-dire la coutume qui suit la loi ;
elle est obligatoire par ce que la loi renvoie à la coutume, elle la valide
(exemple : l’art 645 renvoi a la coutume concernant l’écoulement des
eaux ; les distances qu’il faut respecter pour les clôtures, les
plantations… sont définies par les coutumes).
- La coutume praeter legem, c'est-à-dire la coutume au-delà de la loi.
La loi ne donne pas de réponse, la coutume complete la loi
- la coutume contra legem : (contre la loi) coutume qui se dresse contre
la loi, distinction : loi imperative : sans valeur, loi supplétive : valeur
§2 La jurisprudence
a. Définitions :
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Au sens le plus courant, elle désigne l’ensemble des décisions de justice
rendues sur le territoire français par les juridictions françaises. (cour et
tribunaux)
Au sens étroit, elle désigne l’ensemble des décisions rendues par une
juridiction. Ex : la jurisprudence de la Cour de cassation.
B - Le rôle de la jurisprudence en tant que source de droit :
Les obstacles théoriques :
- Le principe de la séparation des pouvoirs
- L’interdiction des arrêts de règlement = article 5 CC
- L’article 1351 CC pose le principe de la relativité de la chose
jugée / l’effet relatif de la chose jugée. Ce qui a été décidé par
le tribunal n’est valable que pour les parties au procès.
= la jurisprudence n’est pas créatrice de droit
Une réalité pratique:
Il arrive que la jurisprudence crée du droit
- La loi définit une règle générale. Le juge tranche un cas
particulier ; dans ce passage du général au particulier, il est
conduit à interpréter la règle.
Ex : Il existe des textes imprécis.
- Le juge est parfois amené à compléter la loi car la loi n’a pas
prévue toutes les possibilités (article 4 CC).
- Les notions à contenu variable. Il arrive de plus en plus souvent
que le législateur utilise une notion qu’il ne définit pas car le
contenu de cette notion varie avec les circonstances.
Ex : La notion d’intérêt de l’enfant en droit de la famille est une
notion centrale dans certains contentieux, en matière d’autorité
parentale ou de divorce. Aucun texte ne légifère sur l’intérêt de
l’enfant. Il appartient au juge de définir l’intérêt de l’enfant.
Cela lui permet de statuer au plus près du cas mais avec sa
subjectivité.
La jurisprudence est bien une source de droit même si elle reste
marginale.
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§3 La doctrine
a. Définition
La doctrine signifie l’avis, les opinions émises par les savants. Les savants
du droit étaient les jurisconsultes. Aujourd’hui, les savants sont les
professeurs de droit, les praticiens du droit, c’est-à-dire les notaires, les
magistrats, les huissiers de justice.
b. Son rôle
Elle n’est pas une source directe de droit, elle n’a aucune légitimité
démocratique.
Elle a une influence indirecte en droit car elle source d’inspiration pour
les juges
Exemple : Elle est source d’inspiration pour le juge. Elle est source
d’inspiration pour le législateur car de plus en plus souvent, le
gouvernement, quand il envisage une réforme, confie au législateur le
soin de rédiger le projet = Jean Carbonnier, professeur à Poitiers, est
l’auteur de tous les projets de réforme du droit des personnes et de la
famille entre 1964 et 1982. Gérard Cornu, professeur à Poitiers, est
l’auteur du Code de procédure civile et Jean Foyer, ancien garde des
sceaux et professeur de droit.
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Chapitre 3 : L’application de la règle de droit
Section 1 : L’application de la loi dans le temps
§1 Le problème
Le problème est ce que l’on pourrait appeler une succession de lois. On
est en présence de 2 lois, une loi nouvelle entrant en vigueur qui modifie
la loi antérieure.
Quelle loi appliquer ?
A partir de quand la loi nouvelle commence t'elle à s’appliquer ?
Quelles sont les situations qui seront soumises à la loi nouvelle ?
A partir de quand la loi ancienne ne s’applique plus ?
On parle de conflit de lois dans le temps.
3 hypothèses peuvent se rencontrer :
1. - Il n’y a aucun conflit de lois dans le temps si les lois anciennes et
nouvelles ont vocations à régir la situation.
2. - Il n’y a aucun conflit dans le temps si uniquement la loi nouvelle a
vocation à régir la situation.
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3. - On rencontre un conflit de lois dans le temps lorsque 2 conditions
s’appliquent : une loi nouvelle, et une situation en cours.
§2 Les solutions
a. Un principe
Article 2 CC : Le principe de non rétroactivité = « La loi ne dispose que
pour l’avenir ; elle n’a point d’effet rétroactif. » La loi nouvelle va régir
les effets futurs de la situation.
Pq ? Pour des considérations de sécurités juridiques
La sécurité juridique : Lorsque la situation a pris naissance, la loi
nouvelle n’existait pas. Les parties se sont engagées en prenant en
considération les dispositions de la loi ancienne.
Exeption :
1 seule : les loi expressement rétroactives ; les lois en matières fiscales.
b. L’atténuation
C’est l’application immédiate de la loi nouvelle aux situations en cours.
Il y a 3 atténuations :
- Loi interprétative : Une loi interprétative est une loi expliquant,
précisant, éclairant les dispositions d’une loi antérieure obscure.
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Elle entre en vigueur au jour de la loi qu’elle interprète. Une loi nouvelle
de 2009 qui interprète une loi de 1999 entre en vigueur en 1999 mais elle
ne s’applique qu’aux situations en cours.
- Loi de forme : Pour les actes juridiques, la loi de forme est relative aux
formalités à accomplir pour que l’acte soit valable. Si l’on raisonne sur un
procès, la loi de forme est relative à la compétence des juridictions, à la
procédure, aux voies de recours et à la prescription.
Les lois de forme sont des applications immédiates aux situations
juridiques en cours. On estime qu’elles ne sont pas défavorables aux
personnes concernées. La faveur ou la neutralité ne sont pas toujours
vraies. Il existe des lois de forme défavorables.
Exemple : Les lois de forme relatives aux voies de recours = La loi
nouvelle supprime une voie de recours. Les lois de forme relatives à la
prescription = Une personne a commis un vol et la prescription est de 3
ans. Or, on allonge cette prescription à 6 ans.
On considère que la loi de forme défavorable n’est pas d’application
immédiate si elle contredit un droit acquis sous l’empire de la loi
ancienne.
2 hypothèses :
• si elle entre en vigueur après que la condamnation a eu
lieu : loi nouvelle ne s’applique pas car j’ai acquis le
droit de faire appel (loi nouvelle, je n’ai pas le droit)
• la loi nouvelle allonge la prescription en matière pénale
- Loi de fond : C’est une loi relative à l’existence des droits et des
obligations.
Comment s’appliquent les lois de fonds en matière pénale ? On considère
que la loi pénale de fond est d’application immédiate aux situations
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juridiques en cours si elle est plus douce, moins sévère que la loi
ancienne.
Exemple : La loi nouvelle supprime une infraction, elle était punissable
avant, elle ne l’est plus. La loi du 11 juillet 1975 sur le divorce a
supprimé le délit pénal d’adultère. La loi nouvelle correctionnalise un
crime, contraventionne un délit. La loi nouvelle supprime une peine ; la
loi de 1981 supprime la peine de mort.
Comment s’appliquent les lois de fonds en matière civile ?
a) En matière contractuelle = La loi nouvelle n’est pas d’application
immédiate, survie de la loi ancienne, on va continuer d’appliquer la loi
ancienne si la situation en cours se trouve à la fois dans la durée de la loi
ancienne et de la loi nouvelle. Il y a cependant une exception, si la loi
nouvelle est d’ordre public, elle est alors d’application immédiate.
b) Dans les autres matières = Le décès est une matière civile non
contractuelle. Cela créé une situation juridique nouvelle. La notion de
succession ne relève pas du domaine contractuel. L’accident de la
circulation va engendrer une situation juridique nouvelle qui n’est pas
contractuelle. La loi nouvelle n’est jamais d’application immédiate si
cela a pour conséquence de remettre en cause un droit acquis sous
l’empire de la loi ancienne.
Exemple : 2 personnes A & B, A est très malade, B va bien. A est décédé
hier, sa succession s’est donc ouverte. Demain entre en vigueur une loi
nouvelle qui prévoit que pour hériter, il faut être beau. Les héritiers de A
sont très laids. Le droit d’hériter s’acquiert à l’instant même du décès de
l’auteur. Les héritiers ont donc acquis le droit d’hériter hier, donc dans
les termes de la loi ancienne, la loi nouvelle ne peut donc pas
s’appliquer. B meurt postérieurement à la loi nouvelle donc elle est
applicable et les enfants doivent donc être beaux pour pouvoir hériter.
Droit Civil Page 62
Section 2 : L’application de la loi dans l’espace
La loi française ou le règlement français sont d’application territoriale, il
s’applique sur tout le territoire de la République.
Comment définit-on le territoire français ? Il comprend 3 dimensions :
- Le territoire terrestre est l’ensemble des terres sur lesquels s’applique
la souveraineté française. Cet ensemble est composé des départements
de la métropole, des départements d’outre-mer (Mayotte, Guadeloupe,
Martinique, Guyane, La Réunion), des territoires d’outre-mer (Nouvelle-
Calédonie, Saint Pierre et Miquelon, Polynésie française), des collectivités
territoriales (Clipperton).
- Le territoire maritime/mer territoriale est une zone de 12 mille
nautiques au-delà des côtes.
- L’espace aérien est la colonne d’air surplombant les territoires
terrestres et maritimes.
Il existe des exceptions au principe de territorialité, il y en a
principalement 2 :
- Le respect des particularismes locaux :
a) L’Alsace Lorraine, départements du Haut-Rhin, Bas-Rhin, Moselle, n’a
pas toujours été sous la souveraineté française. Quand elle est revenue,
on lui a proposé un référendum : elle restait soumise au droit allemand, à
nouveau soumise au Code civil français ou elle était soumise aux 2. Elle a
choisi de revenir sous le Code civil français sauf dans quelques matières
où elle est soumise au droit allemand, local comme les incapacités, les
partages lors d’un décès, les contrats d’assurance.
b) Les DOM = Le droit voté en métropole y est automatiquement
applicable mais l’article 73 C° permet des adaptations ou des exceptions
pour tenir compte de la spécificité des DOM.
Droit Civil Page 63
c) Les TOM = La loi de Paris n’est pas applicable sauf si le législateur le
prévoit expressément car dans les TOM, il y a de nombreuses coutumes.
- L’intervention d’un élément étranger = Il y a 4 principes de solution :
a) Le statut personnel est le droit des personnes, l’ensemble des règles
qui fixent la situation juridique de la personne (le nom, l’état-civil, la
filiation, le mariage, le divorce,...). Il est soumis à la loi nationale. 2
personnes d’origines étrangères se marient en France, au moment du
divorce sera appliqué le droit de leur pays d’origine.
b) Le statut réel est l’ensemble des règles s’appliquant aux choses. Les
immeubles sont soumis à la loi du lieu de leur situation. Les meubles sont
soumis à la loi nationale de leur propriétaire.
c) Les faits juridiques sont soumis à la loi du lieu de leur réalisation.
L’accident de la circulation a lieu en Espagne, la loi espagnole sera
appliquée.
d) Les actes juridiques, comme le contrat, doivent être distingués. La
forme est soumise à la loi du lieu de rédaction du contrat. Le fond, c’està-
dire les droits et obligations qui vont naitre du contrat ; les parties
peuvent choisir la loi applicable qui peut être leur loi nationale de
l’acheteur, celle du vendeur ou la loi du lieu du contrat.
Droit Civil Page 64
Titre 2 : Les droits subjectifs
Ces sont des prérogatives concrètes reconnues aux individus par le droit
objectif.
Chapitre 1 : La classification des droits subjectifs
Section 1 : La distinction des droits patrimoniaux et
des droits extra patrimoniaux
Le critère est l’évaluation en argent. Le droit patrimonial est évaluable
en argent, contrairement au droit extrapatrimonial.
Acte à titre onéreux : dans lequel il existe une contre partie
Acte à titre gratuit : il n’y a pas de contre partie
Acte à titre consensuel : pour être valable exige seulement l’échange des
consentements
Acte à titre solennel : celui dans lequel l’échange du consentement ne
suffit pas à la rendre valable.
Droit Civil Page 65
Les droits patrimoniaux:
- le droit de propriété,
- les créances (notamment de sommes d’argent),
- les droits intellectuels (droit de l’auteur sur son oeuvre), les droits
de clientèle, le monopole d’exploitation
Les droits extrapatrimoniaux:
- le droit à la vie,
- le droit à l’honneur,
- le droit à l’intégrité physique,
- les diplômes,
- le droit de vote,
- l’autorité parentale.
Ce critère n’est pas toujours absolument vrai. 2 exemples:
4. Le nom de famille est attaché à la personne, on considère que c’est
un droit extrapatrimonial. Mais dans certaines professions, on peut
vendre son nom ; il y a donc une patrimonialisation du nom.
Exemples : le commerçant, l’artisan...
5.Une personne est victime d’un accident, ce qui entraine une
atteinte à l’intégrité corporelle. Ce n’est pas évaluable en argent
puisque c’est un droit extrapatrimonial. Or, la victime va pouvoir
faire une action en responsabilité civile où elle va demander des
dommages & intérêts. On considère que l’atteinte à un droit
extrapatrimonial donne naissance à un droit patrimonial qui est le
droit à réparation. Les dommages & intérêts ne sont pas le prix de
l’intégrité physique puisqu’elle n’en a pas. Il s’agit ici de réparer le
préjudice en évaluant le prix de la douleur, le prix des traitements
médicaux, le prix de la perte de salaires, la perte des plaisirs de la
vie,... On indemnise les conséquences que l’accident a eues sur la
vie de la victime. Dans les Cours d’appel, existent des barèmes :
décès pour un conjoint, un enfant, un parent 100000 €-150000€
Droit Civil Page 66
Section 2 : La distinction des droits réels et des
droits personnels
Le droit réel est le droit dont est titulaire sur une chose. Le droit de
propriété est un droit réel. Le droit personnel est le droit dont on est
titulaire contre une personne.
Chapitre 2 : Les sources des droits subjectifs
Des droits subjectifs viennent du droit objectif.
Section 1 : L’acte juridique
§1 La définition
Il est une manifestation de volonté en vue de faire naitre des droits et
des obligations.
Pour qu’un acte juridique soit valable, il faut toujours 4 conditions :
6.Le consentement doit être libre et éclairé,
7. La capacité,
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8. L’objet, c’est-à-dire ce sur quoi porte le contrat, doit être possible
et licite,
9. La cause est les raisons pour lesquelles les parties ont conclu ce
contrat, elle doit être licite et morale.
Si l’une de ces 4 conditions manque, le contrat est nul.
§2 Les principales sortes d’actes juridiques
L’acte consensuel est celui qui n’exige pour être valable que la
manifestation de volonté, qui n’exige pas de formalité. Exemple: l’offre
de contrat (boulangère & client).
L’acte solennel est celui qui exige non seulement l’expression de la
volonté mais en plus l’accomplissement d’une formalité, le plus souvent
la rédaction d’un écrit. Exemple : la vente de fond de commerce.
Remarque : Quelle est l’effet des actes juridiques ? L’effet est de faire
naitre des droits et des obligations. Mais ces droits et ces obligations sont
régis par les articles 1134 et 1165 CC. Article 1134 CC = Ces droits et ces
obligations sont complètement contraignants (effet obligatoire) mais ils
n’ont d’effet qu’en direction des parties au contrat (effet limité/relatif).
Article 1165 CC = Les tiers ne sont pas tenus par les obligations crées par
le contrat et ne bénéficient pas des droits créés par ce contrat (effet
relatif). Les contrats légalement formés sont opposables aux tiers ; même
s’ils ne sont pas tenus par le contrat, ils ne peuvent pas ignorer son
existence. Exemple: La boulangère et son client, il reste un pain acheté
par la personne devant ; notre client n’est pas tenu des droits et des
obligations du contrat (effet relatif) mais il ne peut pas faire comme s’il
restait du pain (opposabilité). Le contrat va modifier le paysage
juridique, la situation qui nous entoure.
Les tiers ne sont pas tenus d’exécuter le contrat mais ils sont tenus de le
respecter. L’opposabilité est une garantie, et s’il y a fraude,
l’inopposabilité est le droit de faire comme si le contrat n’a jamais été
conclu.
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Section 2 : Le fait juridique
C’est un événement ou un comportement qui produit des effets de droit
qui ne sont pas forcément voulus par l’auteur de l’événement ou du
comportement.
Exemple : l’accident est une situation de fait engendrant des obligations
(réparer, versement de dommages & intérêts) qui n’a pas forcément été
voulue par l’auteur. Le décès est une situation de fait qui ne résulte pas
d’un contrat et entraine un certain nombre de droits et d’obligation.
Un fait juridique peut parfaitement être volontaire sans être un acte
juridique. Le fait juridique volontaire reste un fait juridique.
Exemple : Le convoyeur de fond qui part avec son fourgon est un fait
juridique parfaitement voulu.
Chapitre 3 : La preuve des droits subjectifs
La preuve est une démonstration destinée à convaincre le juge. On
applique en droit français le principe de l’intime conviction ; le juge
seulement apprécie souverainement la valeur des preuves produites.
Au contraire, dans un système de légalité des preuves, pour chaque type
de litige, de procès, la loi prévoit les preuves qu’il faut rapporter ; le
juge n’a pas de pouvoir d’appréciation de la valeur des preuves.
2 grandes situations pour les personnes titulaires en droit :
- Personne ne conteste notre droit.
- Quelqu’un s’oppose à notre droit, il faut donc le prouver.
Droit Civil Page 69
Le système de preuve est un système déterminant.
Section 1 : La charge de la preuve
Qui doit prouver ? Il y a 2 règles :
- « Actori incubit probatio » = La preuve incombe au demandeur. Lorsque
commence le procès, le demandeur supporte la charge de la preuve, qui
prouve ce qu’il demande. Tant que le demandeur n’a pas rapporté
d’éléments de preuve, le défendeur peut rester passif.
- « Reus in excipiendo fit actor » = L’accusé (le défendeur) lorsqu’il se
défend devient acteur. Lorsque le défendeur supporte la preuve, il
devient actif. Lorsque le demandeur apporte une preuve, il y a un
transfert de la charge de la preuve du demandeur au défendeur. Chaque
partie au procès supporte la charge de la preuve de ses prétentions, elle
doit prouver ce qu’elle prétend.
Remarque : Les parties au procès qui supportent la charge de la preuve.
Le juge a un rôle passif ; en principe, il n’a pas de pouvoir de rechercher
les preuves. Il est l’arbitre, il va trancher le litige au regard des preuves
fournies par les parties. Cela ne concerne que le procès civil ; en matière
pénale, le juge d’instruction est chargé de la recherche des preuves car
on recherche la vérité des faits. La vérité du procès pénale est LA vérité,
la vérité du procès civil est UNE vérité.
Section 2 : Les moyens de preuve
Comment peut-on prouver ? Comment peut-on rapporter la preuve ?
§1 La preuve des actes juridique
a. En matière commerciale (achat pour revendre) :
Droit Civil Page 70
La preuve est libre quelque soit la valeur de l’acte, le montant, l’intérêt
en jeu. On peut prouver par les mêmes moyens de preuve que ceux qu’on
applique pour trouver les faits juridiques.
La preuve est libre car on considère que la matière commerciale est
soumise à un impératif de rapidité qui ne permet pas concrètement de
rédiger des écrits.
b. En matière civile :
Un principe :
Article 1341 CC = Il faut rédiger un écrit pour prouver les actes juridiques
dont la valeur est supérieure à 1500 €.
Les actes juridiques dont la valeur est inférieure ou égale à 1500 €,
puisqu’on n’a pas besoin d’écrit, la preuve est libre.
Cet écrit peut être :
- Un acte authentique est rédigé par un officier public (notaire, huissier
de justice) en un seul original, la grosse, qu’il va conserver dans ses
minutes (archives) et les parties reçoivent une copie de cet acte, une
expédition.
Un seul original est conservé par le notaire car sinon, il y a un risque de
modification par celui à qui le notaire l’a prêté et donc il ne pourrait y
avoir de comparaison possible.
La force probante d’un acte authentique ? L’officier public a l’obligation
de vérifier l’exactitude, le contenu de l’acte. Il a une force probante très
importante, il ne cède pas devant la preuve contraire. Pour contester
l’acte authentique, il faut apporter la preuve que le notaire s’est trompé,
c’est la procédure de l’inscription de faux.
- Un acte sous-seing privé est un écrit dressé en autant d’originaux qu’il y
a de parties, c’est la règle du double original, afin d’éviter le risque de
modification unilatérale, et signé par toutes les parties du contrat.
Chaque partie conserve un original.
Droit Civil Page 71
La force probante d’un acte sous-seing privé ? Il ne fait pas l’objet d’un
contrôle préalable de véracité, il a donc une force probante limitée, il ne
fait foi que jusqu’à preuve contraire.
Il est possible de ne rédiger qu’un original, qui va être déposé chez un
tiers qui va se charger de sa conservation.
- Un écrit électronique = Une loi du 13 mars 2000 a adapté le droit des
preuves aux nouveaux moyens de communication. (article 1316 CC).
L’article 1316 CC donne la définition de l’écrit.
Les articles 1316-1 CC & 1316-3 CC relatifs à la force probante d’une
preuve électronique. Il faut qu’il soit conservé sans possibilité de
modification.
L’article 1316-2 CC envisage les conflits de preuve (conflit entre 2
preuves électroniques ou entre une preuve électronique et un acte
sousseing
privé). Le juge apprécie souverainement la preuve la plus crédible,
la plus vraisemblable.
Les exceptions :
Un acte en matière civile d’une valeur supérieure à 1500 € dispensé d’un
écrit. 6 exceptions :
10.La convention contraire = On considère que l’article 1341 CC n’est
pas d’ordre public, les parties peuvent donc l’écarter et donc se
dispenser d’un acte écrit.
11.L’aveu (voir infra – faits juridiques) est une dispense d’écrit.
12.Le serment (voir infra – faits juridiques).
13.L’impossibilité matérielle ou morale de se procurer un écrit. Cette
exception est prévue par l’article 1348-1 CC = on est dispensé de
l’écrit si :
a) Impossibilité matérielle = l’écrit n’a pas pu être rédigé car
les parties ne savent pas écrire, en raison des
circonstances ; l’écrit rédigé a été détruit par un incendie,
par une guerre.
b)Impossibilité morale = La jurisprudence décide qu’il y a
impossibilité morale de rédiger un écrit lorsqu’il existe entre
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les parties au contrat ou bien un rapport de confiance, ou
bien un rapport de subordination.
14.L’existence d’un commencement de preuve par écrit (article 1347
CC). Il doit s’agir d’un écrit ; cet écrit doit émaner de l’adversaire,
du défendeur ; cet écrit doit rendre vraisemblable ce que l’on veut
établir.
Il n’est pas certain qu’un chèque soit un commencement de
preuve car il n’indique pas sa cause, la raison pour laquelle il est
fait.
Remarque : Lorsqu’il existe une impossibilité matérielle ou morale ou
bien un commencement de preuve par écrit, la preuve est libre mais elle
reste obligatoire.
15.L’existence d’une copie de l’original : prévu par l’article 1348
dernier alinéa, cette copie doit être la reproduction fidèle et
durable de l’original. Deux problèmes :
• Qu’est ce qu’une reproduction fidèle et durable ? Cette
copie doit être exactement original, notion de fidélité.
Une copie durable c’est une copie qui n’est pas
susceptible d’altérations par la main de l’homme (toute
tentative d’altération volontaire doit entrainer une
dégradation du support de la copie).
Dans l’ancien droit lorsqu’on rédigeait un écrit cela se
faisait toujours sur un papier parchemin avec de l’encre,
car cela n’était pas modifiable.
• Est-ce qu’une photocopie c’est une reproduction fidèle
et durable ? La Cour de Cassation depuis un arrêt du 30
mai 2000 – 10505, a décidé que la photocopie était une
reproduction fidele et durable même si cela permet des
altérations (c’est au juge de décider si la photocopie est
acceptable).
§2 La preuve des faits juridiques
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Le fait juridique est le plus souvent imprévu donc on ne peut pas en
prévoir la preuve à l’avance. Il n’est pas possible de préconstituée la
preuve ; donc les faits juridiques peuvent être prouvés librement par tous
les moyens admissibles.
a. Le témoignage :
C’est la déclaration d’une personne. Elle peut la faire verbalement, par
écrit.
En matière civil on appelle ca une attestation (témoignage écrit).
Problème : À partir de quand le témoignage est-il crédible ?
Il doit s’agir :
- D’un témoignage direct, c'est-à-dire celui qui a constaté
personnellement les faits.
Le témoignage indirect c’est celui qui a entendu dire que… on rapporte
les faits.
- « pestis unus » : un témoin unique est un « pestis ulus » : un témoin nul.
Un témoignage unique a une force probante réduite. Le témoignage est
véritablement probant lorsqu’il est conforté par d’autres éléments de
preuve.
b. Les indices :
Ce sont des constatations matérielles qui rendent vraisemblables ce que
l’on cherche à prouver, à démontrer. Ils sont à l’appréciation souveraine
du juge.
c. Les présomptions :
C’est un mécanisme d’induction (raisonnement remontant, on connait un
fait et on essaie de remonter à sa cause) qui a partir d’un fait que l’on
connait permet d’établir un fait antérieur et causal.
Exemple : La présomption de paternité.
Droit Civil Page 74
d. L’aveu :
Il permet d’établir des faits juridiques et peut permettre de se dispenser
d’écrit.
Reconnaissance solennelle de la véracité d’un fait ou d’un acte.
En matière pénale l’aveu est toujours révocable.
En matière civile l’aveu est irrévocable. Mais cela ne veut pas dire que le
juge est obliger d’en tenir compte, on retrouve ici le principe de l’intime
conviction.
L’aveu peut être judiciaire, ou extrajudiciaire (en dehors de tout
procès) : dans un acte juridique, un testament, une donation (exemple :
on lègue tout à notre fils que l’on avait jamais reconnu auparavant, cela
peut constituer un établissement d’un lien de filiation).
e. Le serment :
Il peut s’appliquer en matière d’actes juridiques.
- Le serment décisoire : c’est le seul mode de preuve qui s’impose au
juge. Il dicte la décision.
- serment supplétoire : c’est un serment qui est déféré par le juge à l’une
des parties.
Droit Civil Page 75
Hypothèse : un litige se déroule devant lui et les preuves ne sont pas très
probantes ; le juge se tourner alors vers le demandeur et lui demande de
jurer. Ici le demandeur ne peut pas référer. Il ne s’impose pas au juge.
Droit Civil Page 76
2ème Partie : Les droits des personnes
Les personnes physiques, ce sont les êtres humains.
Les personnes morales sont des groupements de personnes. 2 types de
personnes morales :
- Régit par le droit public (les collectivités territoriales comme les
départements, les établissements publics).
- Régit par le droit privé. 2 catégories :
° Des groupements de personnes : sociétés, associations, groupements
d’intérêts économiques,
° Des groupements de capitaux : sociétés civiles de moyens, les
fondations.
Droit Civil Page 77
Titre 1 : La personnalité juridique des personnes physiques
Chapitre 1 : L’attribution de la personnalité
Section 1 : La durée de la personnalité
La personnalité juridique est attachée à la qualité d’être humain, tous les
êtres humains ont la personnalité juridique c a d qu’ils sont considérés
comme des personnes par le droit.
§1 Le début de la personnalité juridique
a. Principe :
On enseigne habituellement que la personnalité juridique s’acquiert à la
naissance. Mais la loi pause ici quelques conditions pour acquérir la
personnalité juridique :
- Il faut naître : celui qui ne naît pas n’est pas une personne.
- Il faut naître vivant : l’enfant mort-né n’est pas une personne car si on
le considérait comme tel il faudrait lui dresser en même temps un acte
de naissance et un acte de décès. Seulement cela pose problème car on
ne peut inhumer quelqu’un que si celui-ci a un acte de décès. Donc en
2005, le législateur a créé l’acte d’enfant sans vie qui ne donne pas de
personnalité juridique mais qui permet l’inhumation.
Droit Civil Page 78
- Il faut naître viable : c’est une notion médicale, elle est définie comme
le fait que l’enfant est porteur de tous les organes nécessaires à la vie en
ordre de fonctionnement (notamment un poids supérieur à 500g).
L’enfant qui n’est pas viable n’a pas de personnalité juridique car il ne
survivra pas longtemps. La loi de 2005 permet la délivrance d’un acte de
naissance d’enfant non-viable afin de permettre son inhumation.
b. Atténuations :
- De droit civil : c’est la règle « Infans Conceptus », c a d que l’enfant
simplement conçu est considéré comme né si tel est son intérêt. C’est
l’hypothèse du décès du père pendant la grossesse, on va faire comme si
l’enfant était né, on va lui faire acquérir sa personnalité juridique afin
qu’il puisse hériter.
Mais il faut que ca soit dans son intérêt (ainsi si la succession du père est
bénéficiaire pour l’enfant on obéira à la règle, alors que si au contraire
ce n’est pas a son avantage de recevoir la succession on n’y obéira pas),
et il faut que par la suite il naisse vivant et viable.
Arrêt Segers du 10 Décembre 1985, Cour de Cassation n. 339 : Mr et Mme
Segers se sont mariés, Mr décède dans un accident de la circulation, hors
celui-ci avait souscrit une assurance décès qui prévoyait qu’en cas de
décès accidentelle, la veuve et ses enfants percevaient un capital décès.
Mais ce contrat avait une clause : le capital majorait proportionnellement
au nombre d’enfants vivant dans son foyer au jour de son décès.
Cependant Mme est enceinte de 2 jumeaux lorsque son mari décède et
elle demande la majoration pour ses 4 enfants. La Cour de Cassation
casse l’arrêt d’appel en visant expressément l’Infans Conceptus.
- De droit pénal : problème du décès accidentel de l’enfant à naître. Ce
problème se rencontre le plus souvent dans les accidents de la
circulation : le femme enceinte est blessée et perd son enfant. Poursuite
pour coups et blessures ? Ou poursuite pour coups et blessures et
homicide involontaire ?
Arrêt de la CA de Douai le 2 juin 1987 : un accident de la circulation
entre une voiture et une ambulance de pompier. La voiture s’était
Droit Civil Page 79
engagée au feu vert alors que l’ambulance au feu rouge. Elle avait
déclenché sa sirène tardivement. Il résulte de cet accident des blessures
corporelles pour les 2 époux et l’épouse perd son enfant dont elle était
enceinte de 9 mois. On lui fait une césarienne qui conduit à l’extraction
d’un foetus à l’état de mort-né : cela permet d’établir le lien de causalité
entre le décès du foetus et l’accident. Ainsi, le Parquet poursuit le
conducteur de l’ambulance pour coups et blessures sur les parents ainsi
qu’homicide involontaire sur le foetus. La CA confirme ainsi cette
accusation.
Arrêt de la CA de Lyon le 13 mars 1997, affaire Vo : Cela s’est déroulé
dans un hôpital public. Dans la salle d’attente de la consultation il y a 2
femmes d’origines vietnamiennes qui ne parlent pas français et
s’appellent toutes deux Vo. L’une vient pour le suivit régulier de sa
grossesse de 4 mois. L’autre vient pour qu’on lui retire un stérilet. Le
médecin se trompe de patiente et cela se traduit par la perte
accidentelle du foetus. Le Parquet poursuit l’obstétricien à la demande
de Mme Vo pour homicide involontaire du foetus. Il est condamné à une
peine d’emprisonnement avec sursis et à une amende. Il fait un pourvoi
en Cassation, celle-ci dans un arrêt de la Chambre criminelle le 30 juin
1999 casse l’arrêt de la Cour de Lyon avec les motifs suivant : l’homicide
involontaire c’est le fait de causer la mort d’autrui hors ce texte n’est
pas applicable à un foetus.
§2 La fin de la personnalité juridique
L’idée c’est que la personnalité juridique disparaît avec la vie, donc la fin
de la personnalité c’est la mort.
Mais il peut s’agir aussi d’un jugement déclaratif d’absence ou de
disparition.
Problème de définition de la mort : la mort n’est pas toujours le passage
brutal d’un état à un autre. De plus en plus souvent, la mort est le
résultat d’un processus de dégradation des fonctions vitales, elle est
progressive. Donc il faut savoir à quel moment on va situer le point de
mort.
Droit Civil Page 80
Dans l’archéologie funéraire on constate que chez les civilisations
anciennes on enterrait les morts comme s’ils dormaient, avec à leurs
cotés de la nourriture et des armes. Les archéologues en sont venus à la
conclusion que ces civilisations considéraient que la mort n’était qu’un
sommeil, et que donc ils se réveilleraient un jour et auraient besoin de se
nourrir et se défendre. L’homme a commencé à s’apercevoir que la mort
n’était pas un sommeil lorsqu’il a commencé à enterrer ses défunts sur le
dos.
Le 1er texte par lequel on a défini la mort est une circulaire du 24 avril
1968. Pendant longtemps la mort a été perçue comme l’arrêt
respiratoire. Puis comme l’arrêt circulatoire (l’arrêt du coeur) et c’est ce
qui a été l’objet du circulaire. Celle-ci définissait la mort comme l’arrêt
du coeur et de la circulation sanguine auxquelles il fallait ajouter
l’existence de lésions incompatibles avec la vie. Cette circulaire a durée
3 jours. Le 27 avril 1968, un professeur français réalise la première greffe
cardiaque dont le bénéficiaire a pu vivre une quinzaine d’années
supplémentaires. Cela a été la fin de la circulaire car on a maintenu en
vie quelqu’un dont le coeur s’était arrêté.
Décret du 2 décembre 1996 « relatif au constat de la mort préalable à un
prélèvement d’organes, de tissus ou de cellules ». C’est un décret
d’application de plusieurs lois de juillet 1994 (lois bioéthiques), une de
ces lois aurait entendu encourager les prélèvements d’organes. Ce décret
donne 2 définitions :
- La mort ordinaire : absence totale de conscience et d’activité motrice
spontanée + absence totale de ventilation spontanée + abolition de tous
les reflexes du tronc cérébral. Cela résulte de l’article R 1232-1 du Code
de la santé publique.
- La mort spéciale : le texte R 1232-2 envisage une hypothèse
particulière, celle de la personne maintenue artificiellement en vie pour
les besoins de prélèvements. Le texte prévoit qu’en plus des éléments de
l’article R 1232-1 il faut démontrer le caractère irréversible de la
destruction encéphalique. Pour prouver cela, 2 électroencéphalogrammes
plats à plus de 4 heures.
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Remarque : Après la mort quelles sont les conséquences juridiques ?
- La personnalité juridique disparaît : la personne n’existe plus donc elle
ne peut plus être titulaire d’aucuns droits.
- Le défunt devient une chose, mais il n’est pas une chose ordinaire. Il
fait l’objet d’une protection :
° Par la loi pénale (exemple : art 225-17 alinéa 1er du CP, alinéa 2 qui
punit les violations ou les profanations de sépultures, la loi sur la presse
dans l’art 34 punit l’injure ou la diffamation contre la mémoire des
morts.)
° Par la jurisprudence qui concerne la dignité de la personne humaine
dégagé par un arrêt d’assemblée du Conseil d’E du 2 juillet 1993. Une
personne est décédée dans un hôpital public et cet hôpital attend
plusieurs jours avant d’alerter les proches et de remettre le corps à la
famille. Cela entraine des suspicions et on demande à un médecin
d’examiner le corps. Cet examen révèle qu’on s’est livré à des
expériences sur le corps. Le CE dit que c’est un manquement à la dignité
de la personne humaine. Ce principe fondamental continu à s’imposer
aux médecins après la mort de leur patient.
Section 2 : L’incertitude la personnalité
Dans certaines circonstances l’existence de la personne est incertaine,
cela se rencontre essentiellement dans 2 hypothèses :
- La personne a disparut dans des circonstances qui mettent sa vie en
danger. Sa mort est donc vraisemblable.
- La personne ne donne plus de ses nouvelles. Avec le temps qui passe le
décès devient probable. C’est ce que l’on appelle l’absence.
Sous-section 1 : L’absence, articles 112 et suivants du Code Civil
§1 Définition
Droit Civil Page 82
L’absence c’est la situation de la personne qui a cessé de paraître à son
domicile et dont on est sans nouvelles.
L’absence se distingue de 2 autres notions :
- La non présence : celui qui n’est pas à l’endroit où l’on pensait le
trouver. Ici, il n’y a pas de doutes sur son existence.
- La disparition : le décès est immédiatement probable dû aux
circonstances. Alors que dans l’absence le décès ne devient probable que
si l’absence de nouvelles se prolonge.
§2 La situation juridique de l’absent
Période de présomption de survie : présomption d’absence :
Elle débute aux dernières nouvelles, l’absent est présumé être vivant
mais puisqu’il n’est plus là un certain nombre de difficultés se posent,
notamment pour la gestion de son patrimoine.
C’est la raison pour laquelle le CC prévoit des dispositions.
Droit Civil Page 83
Distinction des actes conservatoires, des actes d’administration et des actes de
dispositions.
Ils ont tous en commun le fait que se sont des actes patrimoniaux, mais ils sont
différenciés par leur degré de gravité :
- Acte de disposition : il entraine une sortie du patrimoine. C’est le plus grave
car il fait naître un risque : l’appauvrissement du patrimoine (ex. la donation
qui est un appauvrissement certain du patrimoine. Ex2. Les actes à titre
onéreux, bien qu’il y ait une contrepartie le risque d’appauvrissement
existe car le prix risque de ne pas être versé, ou il peut ne pas representer la
valeur véritable du bien).
- Acte d’administration : c’est un acte de gestion du patrimoine, qui vise à faire
fructifier le patrimoine. En principe cet acte n’entraine aucune sortie du
patrimoine et donc il n’y a aucun risque d’appauvrissement.
- Acte conservatoire : il vise à préserver un bien ou un droit (ex. bâcher le toit
de la maison dont le propriétaire est absent. Ex2. L’inscription d’une
hypothèque – garantie de paiement que le créancier prend sur un immeuble de
son débiteur – pour que l’hypothèque soit valable il faut qu’elle soit inscrite
auprès d’un service de l’Etat. Ex3. L’interruption d’une prescription extinctive –
écoulement du temps qui fait perdre un droit).
Remarque : cette distinction n’est pas totalement étanche car certains actes de
dispositions peu graves sont assimilés à des actes d’administration (ex. les actes de
la vie courante. Ex2. Certains actes de l’administration graves sont assimilés à des
actes de dispositions – les baux (bail) pour une durée supérieure à 9 ans car ils font
L’art 113 du CC : il permet au juge des tutelles de designer un
représentant qui aura pour mission, d’après le texte :
° De représenter l’absent : agir au nom et pour le compte de l’absent.
° D’administrer toute ou une partie des B de l’absent.
Mais le représentant ne pourra pas faire d’actes de dispositions, il ne
peut faire que des actes d’administrations et des actes conservatoires.
- L’art 114 du CC : il règle un problème financier. L’absent avait des
revenus qui permettaient à ses proches de survivre. Mais maintenant qu’il
n’est plus là, la famille ne peut plus vivre.
Le juge des tutelles peut décider qu’une certaine somme sera prélevée
chaque mois sur le patrimoine de l’absent et que celle-ci sera employée à
l’entretient de la famille.
2 Remarques :
1) Alternative conventionnelle : l’art 121 alinéa 1 du Code Civil qui
s’applique – il n’y a pas lieu de saisir le juge sur les fondements des
articles 113 et 114 si il a choisi par contrat un représentant. Cela suppose
que l’absent ait prévu son départ.
2) Alternative conjugale : art 121 alinéa 2 du Code Civil – les articles 113
et 114 ne s’appliquent pas si en application du régime matrimonial, le
conjoint peut représenter de manière suffisamment protectrice les
intérêts de l’absent. Cela suppose qu’ils soient mariés.
Ces articles marchent par 2, les articles 217 et 1426 prévoient la même
chose ; de même pour les articles 219 et 1429. Ce sont des règles qui
s’appliquent à tous les époux :
° 217 et 1426 : prévoient que l’un des époux peut être autorisé par le
juge à passer seul un acte pour lequel le consentement du conjoint est en
Droit Civil Page 84
principe nécessaire. Ils parlent d’une autorisation pour un acte, il faut
donc autant d’autorisations que d’actes à accomplir.
° 219 et 1429 : prévoient que l’un des époux peut être autorisé non pas
pour un acte particulier, mais à représenter son conjoint d’une manière
générale ou pour certains acte particuliers.
- Durée de la présomption d’absence : Le Code Civil de 1804 avait prévu
une durée de 100 ans à partir des dernières nouvelles, à la fin de ce délai
l’absent était considéré comme mort. Sauf que ce procédé faussait
complètement l’ordre des successions. Cette durée a été reformée par
une loi du 23 décembre 1977 qui prévoit 2 durées différentes : la
présomption de survie dure 10 ans si les proches de l’absent avaient fait
constater par le juge des tutelles la situation d’absence (en sollicitant les
articles 113 et 114). Elle est de 20 ans dans le cas contraire.
On a mis ce système en place afin de lutter contre un risque : les proches
plus ou moins bien intentionnés se servent dans son patrimoine. Aussi
s’ils ont vu leurs intérêts avant ceux de l’absent et n’ont pas saisi le juge
ca sera 20 ans.
La présomption de décès : la déclaration d’absence :
Au bout de 10 ou 20 ans les proches peuvent saisir le TGI pour obtenir un
jugement déclaratif d’absence. Ce jugement a tous les effets que le
décès aurait eut s’il avait été constaté.
Droit Civil Page 85
Remarque : différence entre un acte ou jugement déclaratif et un acte ou
jugement constitutif :
- L’acte ou le jugement constitutif: il créé pour l’avenir une situation
juridique nouvelle, c'est-à-dire une situation qui n’existait pas
antérieurement à cet acte ou à ce jugement. Ainsi les actes ou les
jugements constitutifs n’ont d’effets que pour l’avenir (ex. le jugement
d’adoption va créer une situation nouvelle. Ex2. Le jugement de divorce).
- L’acte ou le jugement déclaratif : il constate une situation qui existait
antérieurement. Ces actes ou jugements sont rétroactifs (ex. le jugement
en matière de filiation et plus spécialement l’action en recherche de
Effets de ce jugement déclaratif :
- Le mariage est dissout,
- Les mesures de protection prises pendant la période d’absence prennent
fin.
- La succession est partagée entre ses héritiers,
- Le dispositif du jugement déclaratif est transcrit en marge de l’acte de
naissance de l’intéressé.
On raisonne sur un décès probable mais pas sur un décès certain, il faut
envisager le retour de l’absent.
Dans ce cas c’est l’article 129 qui s’applique. On va essayer de rétablir la
situation antérieure. L’article prévoit que le jugement déclaratif peut
être annulé à la demande des proches ou du procureur de la République.
S’il y a annulation du jugement déclaratif, l’article prévoit qu’il y aura
une tentative de reconstitution patrimoniale. L’art 130 nous dit qu’il va
récupérer les biens dans l’état où ils se trouvent, ou le prix du bien s’il a
été vendu, ou si ce prix a été utilisé pour acheter de nouveaux biens il
peut récupérer ces biens en question. En théorie il devrait aussi
récupérer les revenus produits par ces biens.
L’art 132 prévoit que le mariage de l’absent reste dissout pour éviter
d’éventuelles situations de bigamie.
Sous-section 2 : La disparition
Droit Civil Page 86
§1 Définition
Article 88 et suivants : la disparition c’est la situation de la personne a
disparu dans des circonstances mettant sa vie en danger et dont le corps
n’a pas été retrouvé. Le décès est probable immédiatement (ex. Le vol
Rio – Paris en 2009).
§2 Procédure
Les membres de la famille ou le ministère public peuvent saisir le TGI
pour obtenir un jugement déclaratif de disparition.
Section 3 : Le reflet de la personnalité : l’Etat civil
L’Etat civil c’est un service qui est organisé par les mairies qui a pour
mission de rédiger, de dresser les actes de l’Etat civil (actes juridiques
constatant les principaux éléments de l’Etat des personnes. Exemple :
l’acte de naissance, l’acte de mariage, l’acte de décès).
Ces actes de l’Etat civil ont une finalité probatoire, ils apportent une
preuve.
§1 L’état des personnes
C’est l’ensemble des éléments de droit privé qui caractérisent la
personne dans son existence juridique et dans sa situation familiale.
Exemple : Le nom, l’âge, le sexe, le lien de filiation, la situation
matrimoniale. En revanche un certain nombre d’autres éléments ne
relèvent pas de l’état des personnes : la nationalité, le prénom, la
religion.
L’état des personnes présente certains caractères fondamentaux :
Droit Civil Page 87
- L’indivisibilité de l’état des personnes : donc une personne ne peut pas
avoir en même temps 2 états contraires (exemple : on ne peut être en
même temps jeune et vieux, on ne peut pas être en même temps mariés
et concubins, on ne peut pas être en même temps enfant légitime et
naturel, on ne peut pas être à la fois une fille et un garçon – cela soulève
l’hypothèse de l’intersexualité lorsque à la naissance l’enfant est pourvu
des 2 sexes, dans ce cas on a une circulaire relative à l’état civil qui
prévoit que l’officier d’état civil inscrira « sexe indéterminé »).
- L’imprescriptibilité : c a d que l’état des personnes ne se perd pas, ni ne
s’acquiert par l’écoulement du temps.
- L’indisponibilité :
° Principe : cela veut dire que l’individu ne peut pas disposer de son état,
on ne peut pas le transférer à autrui. Aussi l’individu ne peut pas modifier
lui-même son état sans intervention de l’autorité publique (ex. le
mariage). Les éléments de l’état des personnes servent à son
identification et si on peut changer trop facilement d’état l’identification
va se trouver en péril ; dans la société il est primordial de savoir qui est
qui (ex. quelqu’un meurt : il faut savoir qui est mort, il faut partager sa
succession entre ses héritiers – et si on ne connait pas ses héritiers cela
pose problème).
° Application : le problème du transsexualisme.
° Le problème : c’est un syndrome, un trouble de l’identité sexuelle
(concordance de 3 composantes : anatomique, génétique, psychologique.
Le plus souvent les 3 facteurs sont en conformités, le transsexualisme
c’est une discordance entre 2 de ces 3 facteurs). Les médecins ont essayé
dans un premier temps de réaccorder psychologiquement la discordance,
mais dans la plupart des cas la conviction d’appartenir au sexe opposé est
tellement forte que le traitement psychothérapique échoue, que des
évolutions spontanées de l’anatomie se produisent, et qu’il y a, lorsqu’on
n’intervient pas, un taux de suicide proche de 80%. Ainsi les médecins
pratiquent des interventions de conversion sexuelle.
Droit Civil Page 88
° En quoi ce problème concerne-t-il le droit ? Celui qui a subit une
opération de conversion sexuelle peut-il obtenir la rectification de son
acte de naissance ? Quelles sont les incidences de la conversion sexuelle
sur le mariage (un homme marié faisant l’intervention) ?
° Solution :
La rectification de l’acte de naissance : la jurisprudence a beaucoup
fluctuée :
1ère étape : Le libéralisme, la Cour de Cassation a distingué 2 situations :
*le « vrai » transsexuel qui a subit une évolution spontanée de son
anatomie, et pour lequel l’intervention chirurgical n’a fait qu’achever ce
que la nature avait commencée. Pour lui la rectification de l’acte de
naissance a été autorisée. *le « faux » transsexuel, c'est-à-dire celui qui
s’était fait opérer en l’absence de modification spontanée de son
anatomie, pour lui on refusait la rectification de son acte de naissance
car il avait porté atteinte au principe d’indisponibilité. Arrêt du 3 et 31
mars 1987 de la 1ere Chambre civil de la Cour de Cassation (à lire !).
2ème étape : La sévérité, revirement de jurisprudence par 4 arrêts de la
1ere Chambre Civile du 21 mai 1990, JCP 1990 n21588 : on est dans la
présence de la demande d’un « vrai » transsexuel et la Cour de Cassation
s’y oppose, car même s’il est médicalement reconnu le transsexualisme
ne peut s’analyser comme un véritable changement de sexe car le sexe
génétique n’est pas modifié, il n’a donc pas acquis tous les caractères du
sexe opposé.
3ème étape : La censure, dans les 4 arrêts précédents, l’un des
transsexuels a saisi la CEDH. Celle-ci statue le 25 mars 1992, JCP 1992
n21955 : la Cour Européenne sanctionne la violation des droits proclamés
par le CEDH, hors la Convention ne parle pas du transsexualisme, aussi le
demandeur a rattaché la question du transsexualisme au droit du respect
de la vie privée. Il dit qu’à chaque fois que le transsexuel aura à justifier
de son identité les tiers vont découvrir qu’il est transsexuel hors
l’identité sexuelle c’est intime. Et la Cour Européenne retient ce
Droit Civil Page 89
raisonnement et a condamné la France à verser des dommages et intérêts
au plaignant.
4ème étape : Le revirement, arrêt de la 1ere Chambre civile du 11
décembre 1992 JCP 1993 n21992, la Cour de Cassation revient a la
jurisprudence de la 1e étape, elle fait à nouveau la distinction entre les
« vrais » et les « faux ». Ce revirement ne nous mets pas à l’abri d’une
nouvelle condamnation par la Cour Européenne car l’arrêt de la Cour
Européenne ne distingue pas les « vrais » des « faux ». Aussi un « faux »
pourrait très bien saisir la Cour Européenne pour atteinte à la vie privé.
La Grande-Bretagne dans un arrêt de la Cour Européenne du 11 juillet
2002, arrêt Good Win Dalloz 2003 p2032, la CEDH a condamné
l’Angleterre.
Effet du transsexualisme sur le mariage en cours :
1ère conséquence : la nullité du mariage n’est pas admise car elle
sanctionne le non respect d’une condition de validité relative au mariage
au jour de la conclusion de l’acte juridique.
2ème conséquence : le divorce.
3e conséquence : la caducité, c'est-à-dire la disparition d’un acte
juridique en cours de validité parce qu’une de ses conditions de validité a
disparu.
La jurisprudence a eu 2 affaires dans lesquelles elle a reconnu le divorce
pour faute au tort exclusif du transsexuel. CA de Nîmes 7 juin 2000 arrêt
n4 (droit de la famille), TGI de Caen 28 mai 2001.
§2 Les actes de l’état civil
Ce sont des actes authentiques, ils ont donc la force probante spécifique de ces
actes là. Ils servent à constater les principaux éléments de l’état des personnes, les
3 principaux étant la naissance, le mariage, le décès.
L’acte d’état civil doit être le reflet exact de l’état des personnes. Il a une finalité
probatoire, il sert à prouver l’état.
Droit Civil Page 90
Que faire si l’acte ne correspond pas exactement à l’état de la personne ? Le
problème se posera à chaque fois qu’une personne modifie son état. Deux
situations possibles :
- Il s’agit de rectifier une erreur purement matérielle (ex. on a oublié un prénom, on
a mal orthographié un nom ou prénom). La demande de rectification doit être
adressée au Procureur de la République avec des preuves convaincantes. On est
dans une procédure administrative.
- Il s’agit de mettre l’acte en conformité avec un changement d’état. Il faut engager
une action en rectification de l’acte de l’état civil, de la compétence exclusive du
TGI. On est dans une procédure judiciaire.
Droit Civil Page 91
Chapitre 2 : Les attributs de la personnalité
Ce sont des prérogatives de droit privé qui appartiennent à toute personne, tout
individu du simple fait de sa naissance. Elles sont classées en 3 catégories :
16.Les libertés individuelles (exemple : liberté d’expression, d’opinion)
17.Les droits de la personnalité
18.Le droit au respect de la vie privée
Section 1 : Les droits de la personnalité
C’est une création prétorienne, jurisprudentielle.
Ce sont des droits défensifs, c a d qu’ils permettent de tenir les 1/3 à distance de
l’intimité.
Ils présentent plusieurs caractères :
- Ils sont généraux (toute personne en bénéficie),
- Ils sont extrapatrimoniaux,
- Ils sont absolues (ils sont opposables à tous).
§1 Les différents droits de la personnalité
a. Le droit au nom (voir plus bas) :
b. Le droit à l’image :
Principe :
La jurisprudence décide que toute personne a le droit de s’opposer à la captation, la
transmission, la publication, la reproduction de son image. Celui dont on convoite
l’image doit donner son consentement. Dans le cas contraire elle pourra s’y
opposer.
Application :
Droit Civil Page 92
- L’utilisation de l’image privée à des fins commerciales :
° Jugement du TGI de Paris du 4 avril 1970 JCP 1970 n16328 Georges Pompidou.
Une publicité pour des moteurs de bateaux, montage avec la présence du visage de
Pompidou sans le consentement de celui-ci.
° TGI de Nancy 15 octobre 1976 JCP 1977 n18526 Giscard d’Estaing. Un éditeur
de cartes à jouer qui remplace les figures des cartes par des caricatures de Giscard
d’Estaing. Ce dernier saisit le tribunal car il n’avait jamais donné son autorisation.
L’avocat de l’éditeur déclare que ce n’est pas une image du Président mais un
dessin. Le TGI considère qu’il y a tout de même atteinte à l’image car les
caricatures étaient reconnaissables.
° TGI d’Aix en Provence 24 novembre 1988 JCP 1989 n31329 Raimu. Le visage
de l’acteur apparait dans une publicité mais après la mort de celui-ci. Du coup les
héritiers agissent devant le tribunal. L’agence de publicité déclare qu’elle ne
pouvait pas demander son autorisation puisque ce dernier était mort. Le tribunal
écarte cet argument, seuls les héritiers du défunt peuvent consentir à la diffusion de
l’image de celui qui est mort.
- Utilisation à des fins de propagande :
° CA de Paris 15 mai 1990 Dalloz 1990 p172. Un ministre de l’Education nationale
provoque une manifestation par des lycéens, il y a donc une couverture médiatique.
Quelques mois plus tard il y a des élections et un parti politique utilise sur ses
tracts des photos des manifestations. Certains lycéens contestent la réutilisation de
leur image. La CA va leur donner raison, il fallait obtenir leur consentement
formel, expresse.
Précisions :
- S’agissant des enfants mineurs, l’autorisation doit être donnée par les titulaires de
l’autorité parentale.
° CA de Toulouse 15 janvier 1991 Dalloz 1991 p600. Reportage fait dans un
établissement pour mineurs handicapés diffusé. Les parents contestent car il y avait
des gros plans sur certains mineurs sans leur consentement. La CA a ordonné la
remise de dommages et intérêts et la censure de certaines scènes.
Droit Civil Page 93
- L’autorisation ne peut pas être présumée : Cela vise les situations de tolérance.
Quelqu’un a laissé publier son image pendant une certaine durée sans jamais s’y
opposer, puis du jour au lendemain, il assigne l’agence. La Cour de Cassation
refuse malgré tout son autorisation.
L’autorisation est spéciale : Elle ne vaut que pour l’organe de presse auquel elle a
été donnée et que pour l’usage auquel il a été consenti (si j’ai consenti à la
captation, je n’ai pas consenti à la publication, à la diffusion).
Exceptions :
On va pouvoir capter l’image sans l’autorisation de la personne concernée. 3
situations :
- L’image captée dans un lieu public :
° Qu’est ce qu’un lieu public ? C’est un lieu librement accessible au public, y
compris même s’il faut payer un droit d’entrée. Les personnes qui se trouvent dans
un lieu public ont en quelque sorte consentie à l’avance à la captation de leur
image. Elles s’exposent à être vu. Les rues, les places, les voies de circulation, les
stades, les piscines publiques, les plages, les champs de course et les sites
historiques sont des lieux publics. En revanche, les jardins, les maisons, les voies
privées, l’intérieur des véhicules sont des lieux privés.
° CA de Paris 24 mars 1965 JCP 1965 n14305 la Tour de Pise. Une carte postale
représente la tour de Pise, et sur celle-ci un groupe de touriste français dont
plusieurs femmes sont en maillot de bain. Elles agissent contre l’éditeur et la CA
rejette leur demande car la Tour de Pise est un lieu public.
Remarque : il existe une exception à l’exception ! L’autorisation redevient
nécessaire lorsque la photographie est prise dans un lieu public mais en cadrant
uniquement sur une personne ou sur un petit groupe de personnes. L’autorisation
redevient nécessaire car ce n’est pas le lieu public que l’on photographiait mais une
personne déterminée.
TGI de Paris 3 mai 1989 Dalloz 1989 p228. Dans un stade il y a une rencontre de
football, au cours de ce match il y a un accrochage entre 2 joueurs, dont l’un se
Droit Civil Page 94
retrouve déshabillé. Le lendemain, un journal publie en 1ère page la photo. Le
joueur assigne l’entreprise de presse qui elle fait valoir que c’était un lieu public.
Le TGI rejette l’argument car le cadrage était sur le joueur.
- La participation à la vie publique ou à l’actualité :
On considère que les H publics lorsqu’ils sont dans leur activité publique peuvent
être photographiés sans leur autorisation. Le droit du public à l’information justifie
cette autorisation. Cela concerne aussi les personnes engagées dans un événement
d’actualité.
Précisons :
° Pour les hommes publics, leur autorisation n’est présumée que dans le cadre de
leurs activités publiques
° La jurisprudence décide que les personnages publics peuvent révoquer cette
autorisation présumée.
° Pour les personnes engagées dans un événement d’actualité. La diffusion de leur
image n’est possible que dans la limite de ce qui est utilise à l’information du
public.
- L’image captée pour des raisons d’ordre public :
3 hypothèses :
° L’automobiliste en excès de vitesse qui a reçu à son domicile un avis d’infraction
auquel est jointe une photographie du conducteur. Cependant il était accompagné
d’une femme dont il ne voulait pas que son épouse apprenne l’existence. Il saisit le
Tribunal, arrêt de la Chambre criminelle le 7 mai 1996 Légifrance pourvoir
95-85674. Elle considère que la captation de l’image était justifiée car il s’agissait
de rapporter la preuve de l’infraction et de l’identité du conducteur.
° TGI de Marseille 23 mars 1995 Dalloz 1996 p40. Une personne est placée en
garde a vue et puisque on est presque certain de sa culpabilité on prend des
photographies. La personne fait valoir que sa garde à vue est nulle car on ne lui a
pas demandé son autorisation pour les photographies. La commission d’une
infraction justifie la captation de son image.
Droit Civil Page 95
° Arrêt Chambre criminelle 16 mars 1994 JCP 1994 n22547 : Paul Touvier. Il est
accusé de crime contre l’humanité, on l’accusait d’avoir participé à des arrestations
d’enfants juifs. Le Président de la Cour d’Assise fait application de la loi du 11
juillet 1985 « loi tendant à la constitution d’archives audiovisuelles de la justice ».
C’est un procès qui a un intérêt historique. Paul Touvier conteste la décision car il
n’a pas donné son consentement à l’enregistrement. La Cour de Cassation écarté
l’argument avec l’attendu que l’atteinte est justifiée par un intérêt supérieur.
Remarque : Il existe une protection pénale de l’image qui figure dans l’article
226-1 du CP. Ce texte puni d’1 an d’emprisonnement et de 45000€ d’amende pour
le fait de capter ou de reproduire l’image d’une personne se trouvant dans un lieu
privé sans son consentement.
c. Le droit à l’honneur :
Toute personne peut agir en défense de son honneur et de sa réputation :
- TGI de Paris 14 avril 1972 JCP 1973 n17561 Monnerville : Gaston Monnerville a
été Président du Sénat de la 5ème République et n’était pas de la couleur politique
de De Gaulle. Il a donc maintenu l’opposition au sein du Sénat. Dans les années
1970 est publié un livre anonyme qui accuse Gaston Monnerville d’avoir tenté
d’assassiner le Général de Gaulle. Le TGI a constaté qu’il y avait une atteinte à son
honneur, et puisque l’ouvrage était anonyme, c’était à l’éditeur qu’il était tenu de
réparer l’atteinte.
Droit Civil Page 96
d. Le droit à la voix :
Elle est l’image sonore de la personne. La jurisprudence a transposé à la voix les
dispositions prises pour l’image :
- TGI de Paris 3 décembre 1975, Claude Piéplu : Utilisation dans une publicité
d’une imitation de la voix de Claude Piéplu. Le TGI a considéré que même si
l’agence avait engagé un imitateur, la voix était reconnaissable et donc il fallait
demander l’autorisation à l’intéressé.
- TGI de Paris 11 juillet 1977 Dalloz 1977 p700 Léon Zitrone : Il avait une voix
particulière et un message publicitaire est illustré avec la voix de celui-ci sans son
autorisation. Le tribunal a retenu que « la voix est un attribut de la personnalité,
toute personne est en droit d’interdire que l’on utilise ou que l’on imite sa voix
dans des conditions susceptibles de créer une confusion ».
Remarque : protection pénale de la voix, art 226-1 CP puni le fait d’écouter,
d’enregistrer ou de transmettre les paroles prononcées par une personne se trouvant
dans un lieu privé sans son consentement.
§2 La sanction des atteintes au droit de la personnalité
On applique les mêmes sanctions qu’en cas d’atteinte à la vie privée.
Section 2 : Le droit au respect de la vie privée
La protection de la vie privée est un phénomène récent, du 19ème S. Au Moyen
Age, la majorité des gens habitaient ensemble dans de petites maisons, il n’y avait
pas de vie privée. Louis XIV n’avait quasiment jamais de vie privée, il était
rarement tout seul.
C’est aussi une construction jurisprudentielle, mais à la différence des droits de la
personnalité, elle a été codifiée. Loi du 17 juillet 1970 a modifié l’article 9 du CC
« chacun à droit au respect de sa vie privée ».
Droit Civil Page 97
§1 La notion de vie privée
a. L’identité et l’adresse :
CA de Paris 15 mai 1970 Dalloz 1970 p466 Jean Ferrat : Un hebdomadaire avait
publié son nom véritable (Jean Ferrat était un pseudonyme) plus l’adresse de sa
résidence principale, plus l’adresse de sa résidence secondaire ainsi que tous ses
numéros de téléphone. L’organe de presse est assigné. La CA décide que la liberté
de la presse et le droit du public à l’information ne sauraient justifier des atteintes
au droit de chacun à la paix et à la tranquillité.
TGI de Paris 1 mars 1989 Dalloz 1989 p240 : Un journal avait délivré l’adresse
d’un magistrat qui s’occupait d’affaires antiterroristes.
Arrêt du 19 mars 1991 Dalloz 1991 p568 : Un salarié qui assigne son employeur
pour atteinte à la vie privé car ce dernier avait révèle l’adresse du salarié à un tiers.
Le tiers étant un créancier du salarié. Il n’y a pas d’atteinte à la vie privée car
l’employé poursuivait le dessein illégitime d’échapper à ses obligations.
b. La nudité :
La reproduction, la diffusion de la nudité d’une personne sans son autorisation est
une atteinte au droit de l’image.
Il y aura atteinte à la vie privée en raison :
- Des commentaires qui accompagnent l’image,
- De l’atteinte à l’intimité.
° Arrêt 5 juin 1979 JCP 1980 n19943. Une actrice a été photographiée nue sur une
place. La CA a considéré qu’il y avait atteinte à l’image.
c. La santé :
Arrêt CA de Paris 9 juillet 1980 Dalloz 1981 p72 Jacques Brel. Un photographe
mitraille Brel supporté qui a du mal à se déplacer seul. Il y a non seulement une
atteinte à l’image mais une atteinte à la vie privée du fait des commentaires (sur la
santé de Brel) accompagnant la photo.
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Affaire du Grand Secret. Le Dr Gubler qui avait publié un livre sur la maladie de
Mitterrand
d. La vie sentimentale :
On ne peut pas la révéler sans l’autorisation de l’intéressé.
La révélation des fiançailles porte atteinte à l’intimité de la personne,
Révéler un projet de mariage n’est pas forcément une atteinte à la vie privée. Le
mariage est un acte public.
La maternité : L’accouchement est un acte public. Mais révéler la grossesse est une
atteinte à la vie privée.
° CA de Paris 26 février 1981 Dalloz 1981 p457 Isabelle Adjani.
L’adultère : Se pose ici la difficulté de preuve. On utilise des constats par huissier
de justice mais cela soulève une double difficulté.
Est-ce qu’il n’y a pas atteinte à la vie privée de constater l’adultère ? Il y a toujours
une atteinte pour l’amant ou la maitresse, et peut-être pour le conjoint.
La violation du domicile est un délit. Si le constat a lieu au domicile conjugal il n’y
a pas de violation, mais s’il est au domicile de l’amant ou de la maitresse il y a
violation de domicile.
° Arrêt 6 février 1979 JCP 1980 n19290. La Cour de Cassation exige que le constat
de l’adultère soit autorisé par le Président du TGI statuant au moyen de
l’ordonnance sur requête (L’ordonnance sur requête et l’ordonnance de référé sont
toute 2 des procédures d’urgence, cela veut dire que l’on peut obtenir une décision
rapide. Mais dans l’ordonnance de référé l’adversaire est averti et doit pouvoir
présenter sa défense. L’ordonnance sur requête est non contradictoire, on n’est pas
obligé d’avertir les concernés). Il y a tout de même atteinte à la vie privée et une
violation de domicile mais la Cour de Cassation décide que cette atteinte est licite.
Il en résulte que la maitresse, l’amant et l’autre époux ne peuvent plus invoquer
l’article 9 du CC et l’atteinte à la vie privée.
° CA de Lyon 2 juillet 1991 Dalloz 1991 p252. La révélation des faits par l’épouse
trompée au mari de la maitresse de son mari est une atteinte à la vie privée.
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° CA de Paris 5 mars 1990 Dalloz 1990 p104. Une actrice publie ses mémoires, et
raconte combien les infidélités de son mari l’ont fait souffrir. Elle révèle les noms
des maitresses, des enfants des dites maitresses. Le mari saisit le tribunal. La CA
déclare qu’il y a atteinte à la vie privée de l’ex époux car il n’avait pas donné son
autorisation à la publication du livre.
e. La correspondance :
- La correspondance privée : elle est couverte par le principe du secret des
correspondances. Donc la violation de correspondances est un délit (article 226-15
du CP prévoit 1 an d’emprisonnement et 45000€ d’amende) ; de plus les lettres
sont la propriété de leur destinataire car la règle (art 1279 du CC) concernant la
possession de meuble prévoit que la possession vaut titre de propriété. Mais le
propriétaire ne peut pas produire la lettre en justice sans l’autorisation de
l’expéditeur.
- La révélation d’une correspondance relève t’elle de la vie privée : la Cour de
Cassation est intervenue dans une affaire correspondant une correspondance
électronique (email).
° Affaire Nikon. Arrêt de la Chambre Sociale de la Cour de Cassation du 2 octobre
2001 Dalloz 2001 p3148. La société Nikon France a embauché un salarié et le
contrat de travail prévoit à la disposition du salarié un ordinateur et une connexion
à internet. Mais le contrat de travail stipule que l’ordinateur et la connexion sont
remis au salarié pour les besoins de son activité professionnel et toute utilisation
non professionnelle est interdite. Le salarié s’est inscrit sur des sites de rencontre,
et a échangé des emails avec des personnes rencontrés sur ces sites. La société s’en
est rendue compte et engage une procédure de licenciement. Le salarié conteste
cette procédure, en faisant valoir qu’il n’a commis aucune faute, et qu’on ne
pouvait pas lui reprocher le non respect car l’employeur n’avait pas le droit de
prendre connaissance du contenu de la boîte mail, car la correspondance fait partie
de la vie privée. Attendu que le salarié a le droit, même au temps et au lieu du
travail, au respect de l’intimité de sa vie privée, et la Cour ajoute que celle-ci
implique le secret des correspondances. L’employeur ne peut, sans violer cette
Droit Civil Page 1 00
liberté fondamentale, prendre connaissance des messages personnels du salarié
alors même que l’employeur aurait interdit une utilisation non professionnelle de
l’ordinateur.
f. La situation patrimoniale
La révélation de la richesse d’autrui est-elle une atteinte à la vie privée ?
La Cour de Cassation a tranché cette difficulté :
- Arrêt du 28 mai 1991 Dalloz 1992 p213. Le respect dû à la vie privée n’est pas
atteint par la publication de renseignement purement patrimonial. Si la révélation
s’accompagne de commentaires notamment sur la vie privée alors il y aura atteinte
à celle-ci.
§2 La sanction des atteintes à la vie privée
Article 9 du CC alinéa 2 :
- La victime peut demander les dommages et intérêts en réparation du préjudice
déjà réalisé.
- Il est utile d’empêcher la poursuite des troubles. Dès lors on a recours à des
sanctions préventives qui visent à empêcher que le préjudice ne se renouvèle.
L’alinéa 2 parle du séquestre (mesure de confiscation provisoire en attente du
jugement), de la saisie (les exemplaires litigieux sont retirés du commerce, ils sont
détruits. Les juges du fond prononcent très rarement des saisies nationales pour des
raisons économiques et lorsqu’ils en prononcent elles sont généralement limitées
géographiquement).
D’autres sanctions n’apparaissent pas dans l’article 9 :
- L’insertion, au frais du condamné, du dispositif de la décision de condamnation
dans plusieurs journaux.
- La suppression des passages litigieux. On va censurer.
Précisions :
- L’article 9 alinéa 2 du CC prévoit les sanctions préventives en cas d’atteinte à
l’intimité de la vie privée. Le problème s’est posé de savoir ce qu’était l’intimité.
Droit Civil Page 1 01
La Cour de Cassation admet, aujourd’hui que la victime d’une atteinte à la vie
privée ou au droit de la personnalité peut saisir le juge des référés (le président de
chaque juridiction) sur le fondement de l’article 809 du Code de procédure civil,
qui prévoit que ce juge peut ordonner toute mesure propre à faire cesser un trouble
manifestement illicite.
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Titre 2 : L’individualisation des personnes physiques
Pour qu’un rapport juridique puisse se nouer et produire ses effets, il est impératif
que les parties à ce rapport juridique soient identifiées.
L’individualisation des personnes est une nécessité de la vie juridique.
Exemple : l’accident de la circulation : si le responsable n’est pas identifié, la
victime ne pourra jamais saisir et l’article 1382 ne lui servira à rien.
Exemple : le décès : il va engendrer sur le plan civil une conséquence, celui de la
succession. Mais si l’on ne connaît pas les héritiers ou le défunt ===> pbs.
Chapitre 1 : Le nom et ses accessoires
Section 1 : Le nom
Il permet le rattachement à une famille.
Sous-section 1 : L’attribution du nom
§1 L’attribution du nom par filiation
Il y a eu une réforme, loi du 4 mars 2002 relative au nom de famille.
a. Un aperçu du droit antérieur :
Auparavant il y avait 3 types d’évolutions liées au lien de filiation :
- L’évolution patrilinéaire du nom (seule réformée par la loi du 4 mars 2002) : la
dévolution du nom dépendait de la nature du lien de filiation. Il fallait distinguer :
° L’enfant légitime : C’est l’enfant qui naît de 2 personnes mariées ensemble, il
portait le nom du père. C’était une règle coutumière.
Droit Civil Page 1 03
° L’enfant naturel : C’est l’enfant qui naît de 2 personnes non mariées. Plusieurs
règles : Il portait le nom du parent à l’égard duquel sa filiation était établie en
premier. En cas de reconnaissance simultanée, le code prévoyait que l’enfant
portait le nom du père. D’un commun accord, les parents pouvaient faire porter à
l’enfant l’autre nom par le biais d’une déclaration conjointe. A défaut d’accord
entre les parents, la demande des parents était soumise au JAF (Juge des Affaires
Familiales).
° L’enfant adoptée : Il existe 2 formes d’adoption :
L’adoption plénière : Dans laquelle l’adopté perd son nom d’origine et acquiert à la
place le nom de l’adoptant. Elle fait disparaître le lien de filiation d’origine.
L’adoption simple : Elle laisse subsister la filiation d’origine car elle s’adresse à
des enfants de plus de 16 ans. Puisqu’il y a cumul des liens de filiations, il y a
double nom. L’adopté va ajouter à son nom d’origine le nom de l’adoptant.
- Le nom d’usage : Il résulte de l’article 43 de la loi du 23 décembre 1985 relative
aux régimes matrimoniaux. Il prévoit que toute personne majeure peut ajouter à
son nom, à titre d’usage, le nom de celui de ses parents qui ne lui a pas transmis le
sien. Ce nom d’usage était en quelque sorte un nom viager, il était non
transmissible aux héritiers.
- L’attribution administrative du nom : Elle est réglementée par l’article 58 du CC,
il vise l’hypothèse dans laquelle l’enfant n’a aucun lien de filiation établie (enfant
trouvé). Il prévoit que l’officier d’état civil doit choisir 3 prénoms dont le dernier
fera office de nom. En cas d’établissement ultérieur du lien de filiation, le 3e
prénom va redevenir un prénom ordinaire.
b. Les règles applicables depuis le 1er janvier 2005 :
Aujourd’hui, le nom de filiation est choisi par les 2 parents : article 311-21 du CC.
Le Code prévoit que pour choisir ce nom, il faut faire une déclaration conjointe
devant l’officier d’état civil. En l’absence de déclaration conjointe, l’enfant porte :
19.Le nom de celui à l’égard duquel la filiation est établie en premier.
20.En cas de filiation simultanée, le nom du père.
Droit Civil Page 1 04
L’article 311-21 alinéa 3 : le nom dévolu au premier enfant vaut pour les autres
enfants communs.
L’article 211-23 prévoit que la faculté de choix ne peut être exercée qu’une fois.
Ces articles risquent de créer des conflits au sein des familles qui voudraient
chacun donner leur nom de famille à leur enfant.
§2 L’attribution du nom par le mariage
Par le mariage la femme a acquis le nom d’usage de son mari, mais en cas de
divorce ?
L’article 264 du CC pose le principe selon lequel à la suite du divorce chaque
époux reprend l’usage de son nom.
A ce principe il existe une exception : article 264 alinéa 2, l’un des époux peut
conserver le nom d’usage du mari dans 2 cas :
- Avec l’autorisation du mari. Il s’est posé en jurisprudence la Q de savoir si cette
autorisation est révocable. Celle-ci a décidé que l’autorisation ne peut être
révoquée que pour juste motif (Exemple : la femme utilise le nom de son mari pour
exercer une profession interdite). En cas de remariage, la jurisprudence fait que
cela fait perdre le droit de porter le nom de l’ancien mari.
- Avec l’autorisation du juge, elle doit justifier d’un intérêt particulier ou bien pour
elle-même (exemple : lorsque la femme exerce sa profession sous le nom du mari,
ou lorsqu’elle a acquis une notoriété sous le nom du mari de sorte que la perte du
nom marital engendrerait un préjudice professionnel) ou bien pour les enfants
(exemple : lorsqu’elle réside avec les enfants).
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§3 L’acquisition du nom par possession prolongée
Le fait de porter pendant plusieurs années un nom sur lequel on n’a aucun droit
fait-il acquérir un droit sur ce nom ?
La Cour de Cassation a admis que l’usage prolongé fait acquérir un droit sur le
nom à 2 conditions :
- Il faut une durée de possession très longue. Certains arrêts disent plusieurs
générations, d’autres parlent d’une concession séculaire (au moins 100 ans). C’est
pour éviter que les gens ne changent trop facilement de nom.
- L’absence de fraude, c a d que celui qui porte ce nom ne doit pas savoir qu’il n’a
aucun droit sur ce nom.
Arrêt de la Cour de Cassation du 25 mai 1992 1ère Chambre civil Dalloz 1992
p445.
Sous-section 2 : Le changement de nom
Si on veut que le nom remplisse sa fonction de désignation de la personne, il faut
que les changements soient exceptionnels.
En droit positif il existe 2 catégories de changements :
- Un changement de nom par changement d’état (exemple : l’adoption).
- Des changements de nom par voie administrative. Il faut engager une procédure.
Il existe 2 catégories :
° Le changement pur et simple du nom : L’article 61 du CC prévoit que toute
personne qui justifie d’un intérêt légitime peut demander à changer de nom
(exemple : le nom est ridicule soit en lui-même, soit en association avec le
prénom ; le nom déshonoré dans le cas par exemple d’un grand criminel ; le nom
qui engendre un risque de confusion et qui du coup peut être générateur de
préjudice). La demande de changement de nom doit être présentée au Ministre de
l’intérieur, qui l’acceptera par décret qui sera publié au Journal Officiel (article
61-1) et à partir de cette publication commence à courir un délai de 2 mois pendant
lequel les porteurs légitime du nom (que l’on vient d’attribuer à l’intéressé)
peuvent faire opposition.
Droit Civil Page 1 06
° La francisation du nom : c’est une modification du nom qui est l’accessoire d’une
procédure de naturalisation (attribution de la nationalité française à un étranger).
On cherche à faciliter l’intégration dans la communauté nationale. La francisation
s’obtient par traduction du nom étranger, lorsque ce n’est pas possible la
francisation consiste à supprimer la consonance étrangère. Pour le reste c’est la
même procédure que pour le changement pur et simple de nom.
Sous-section 3 : La protection du nom
Fondement de la protection du nom ?
Evolution historique : les 1ers arrêts ayant admis la protection du nom se fondaient
sur le droit de propriété ; la jurisprudence se disait que chacun étant propriétaire de
son nom, il peut défendre son nom contre toutes les usurpations de celui-ci (Arrêt
de la CA de Paris du 20 mars 1826 qui se fondait sur l’article 824 du CC).
Aujourd’hui, le droit de propriété ne se conçoit que sur des choses. On considère
que le nom est un attribut de la personnalité et que du coup la défense du nom fait
parti des droits de la personnalité.
Pourquoi peut-on considérer que le nom est un attribut de la personnalité ? Le nom
est un facteur d’identité.
2 hypothèses car 2 types d’utilisation.
§1 La défense du nom contre les usurpations
L’usurpation c’est le fait d’utiliser le nom d’autrui à la place de son nom de
famille, dans tous les actes de sa vie civile. Celui qui l’usurpe décide de changer
son nom seul, sans procédure.
Les porteurs légitimes du nom usurpé peuvent engager une action en usurpation de
nom, c a d une action de la compétence du TGI qui permet d’obtenir l’interdiction
de l’usage du nom usurpé.
Les conditions de l’action en usurpation sont réduites :
Droit Civil Page 1 07
- Il faut montrer que le demandeur (celui qui agit en usurpation) est bien le porteur
légitime du nom, qu’il a un droit sur le nom.
- Il faut ensuite établir que le défendeur n’a pas de droit sur le nom.
- L’action ne suppose pas la démonstration d’un préjudice.
Arrêt de la CA de Paris, du 25 octobre 1961 JCP 1961 n12377 : Action en
usurpation dont l’usurpateur est un descendant par les femmes. Il a choisi d’utiliser
dans tous les actes de sa vie civile le nom du son arrière grand-père du côté
maternel. Les gens de la ligne paternelle agissent en justice, le défendeur fait valoir
que c’est le nom du son arrière grand-père. La CA décide qu’il n’a aucun droit sur
le nom.
Arrêt de la 1ère Chambre civile de la CC du 17 mai 1966 Dalloz 1966 p631, affaire
Mortemart : Un membre de la famille Mortomard de Boisse à transformer son nom
en Mortemart de Boisse mais il est assigné en usurpation de nom par le Duc de
Rochechouart de Mortemart en faisant valoir qu’ils sont les porteurs légitimes du
nom choisit. Pour sa défense, il fait valoir que cela n’engendre aucun préjudice et
la CC estime qu’il y a tout de même usurpation puisque les 2 conditions sont
remplies. En l’espèce, le défendeur explique que ce n’est pas lui qui a modifié son
nom mais qu’elle date du 18ème. Il invoque donc l’usage prolongé (200ans) et la
CC écarte l’argument au vu qu’il ne fallait pas qu’il y ai de vices à l’origine de la
modification, or l’arrière grand-père a consciemment changé le nom.
L’usurpation d’identité est un délit. Il y a donc une double protection : par les
règles civiles et par la loi pénale.
§2 La défense du nom contre les utilisations abusives
Une utilisation abusive : un individu prend, utilise le nom d’autrui dans le cadre
d’une activité particulière.
Exemple : Utilisation du nom d’autrui à des fins commerciales ; à des fins
publicitaires …
La victime d’une utilisation abusive peut saisir le TGI pour qu’il soit fait
interdiction au 1/3 d’utiliser son nom. Cette action doit remplir 3 séries de
conditions qui sont celles de la responsabilité civile de droit commun :
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1) Une faute : Il peut s’agir d’une faute intentionnelle (article 1382 du CC),
exemple : l’auteur d’une oeuvre de fiction créé un personnage ayant tous les défauts
de la terre et lui donne le nom de son pire ennemi ; mais plus souvent il s’agit
d’une faute d’imprudence, de négligence (art 1383 du CC), exemple : l’auteur va
utiliser un nom sans vérifier si ce nom appartient à quelqu’un et il n’a donc pas
obtenu le consentement des porteurs légitimes.
2) Un préjudice : L’action ne peut aboutir que si le demandeur démontre
l’existence d’un préjudice. Exemple : le préjudice sera lié au fait que le nom est
associé à un personnage présenté sous un jour défavorable ou s’il y a un risque de
confusion.
3) Un lien de causalité entre le préjudice et la faute : Il faut démontrer que le
préjudice invoqué par le demandeur est bien la conséquence de la faute qui a été
commise.
Il peut s’agir :
- D’une utilisation abusive à des fins commerciales :
° Arrêt du tribunal civil de Nantes (ancêtre du TGI) du 11 juillet 1910, affaire
Brillat-Savarin : Le Brillat-Savarin a été inventé par un juriste du même nom. Un
fabriquant de conserve a voulu donner une appellation synonyme d’excellence
pour ses conserves et a choisi le nom Brillat-Savarin. Les descendants de ce nom
font valoir leur droit. Le tribunal leur a donné raison.
° Affaire Planta, CC du 12 octobre 1965 de la 3ème Chambre civile n491 : Un
fabriquant a choisi de commercialiser sa production sous la marque Planta, les
descendants d’un général de l’armée napoléonienne engage une action contre
l’industriel. La CA de Paris a rejeté cette action et la C. de Cassation a rejeté le
pourvoi sous motif qu’aucun préjudice n’est établi.
° Affaire DOP, arrêt de la CC du 26 mai 1970 Dalloz 1970 p520 : Une société de
produit cosmétique, a décidé de commercialiser des shampoings sous la marque
DOP et s’est ainsi lancée dans une campagne publicitaire assez importante. Un
homme dénommé François Dop agit en justice au motif qu’il est porteur légitime,
qu’il y a une faute de négligence. M. Dop explique qu’il est enseignant et qu’il ne
peut plus rentrer dans une classe sans que ses élèves chantent la chanson DOP de la
Droit Civil Page 1 09
pub. La Cour de Paris et la C. de Cassation ont rejeté au motif qu’on ne pouvait pas
vraiment démontrer le lien de causalité.
- D’une utilisation à des fins littéraires ou artistiques :
Le nom du personnage de roman :
° Arrêt du 2 juillet 1969 Dalloz 1969 p161 : Un auteur de roman Pierre Daminos
s’est, dans un de ses romans intitulé Snobissimo, moqué des gens snobs et le plus
ridicule des personnages a le nom de son concierge. La C. de Cassation a estimé
qu’il y avait une utilisation abusive car l’auteur a fait exprès d’utiliser ce nom et de
plus il y avait préjudice pour le concierge.
Les pseudonymes, utilisation du nom d’autrui à titre de pseudonyme :
° 1ère Chambre civile du 23 février 1965. La C. de Cassation décide que tout
porteur légitime d’un nom peut s’opposer à l’utilisation de ce nom à titre de
pseudonyme dans des conditions lui causant un préjudice.
Remarque :
La femme mariée utilisant le nom de son mari reste titulaire de droits d’agir en
défense de son nom alors qu’elle ne le porte plus dans l’usage courant.
Le porteur légitime du nom peut autoriser un 1/3 à utiliser ce nom ; mais s’il y a
plusieurs porteurs légitimes ?
TGI de Paris 3 janvier 1986 Dalloz 1987 p115 : Un négociant en vins a choisit
d’utiliser le nom de Rothschild pour vendre ses vins. Il est assigné par l’un des
membres de la famille Rothschild. Le négociant fait valoir qu’il a obtenu
l’autorisation d’un autre des membres de la famille. Le TGI écarte cet argument en
disant qu’il faut obtenir l’autorisation de tous les porteurs du nom.
Section 2 : Les accessoires du nom
§1 Le prénom :
Droit Civil Page 1 10
A – Le choix du prénom
Il y a une liberté quasiment totale. Le CC de 1804 exigeait que les prénoms soient
choisis parmi ceux qui figurent dans les calendriers en vigueurs.
Une loi du 11 germinal de l’an 11 (abrogée en 1993) prévoyait qu’outre les
calendriers on pouvait choisir comme prénom, ceux des personnages de l’histoire
ancienne.
Une circulaire du 12 avril 1966 avait autorisé les prénoms locaux ou régionaux.
Ce système a été abrogé par une loi du 8 janvier 1993 qui a institué le système
suivant : les parents choisissent librement le prénom de leurs enfants, l’officier a
l’obligation d’inscrire ce ou ces prénoms sur l’acte de naissance. Cependant si cet
officier estime que le prénom n’est pas adapté (ridicule) ; il en avise le procureur
de la République. Ce procureur peut saisir le TGI d’une action en contestation du
prénom.
Il y a régulièrement des actions :
- Bergamote – autorisé.
- Cerise – autorisé, arrêt du 10 juin de la C. de Cassation.
- Mégane (ses parents s’appelaient Renaud) – autorisé.
- Fleur de Marie – rejeté, arrêt du 2 octobre 1986.
- Prune – rejeté.
- Manhattan – CC du 17 juillet 1984 Dalloz 1984 p609.
B – Les changements de prénom
L’article 60 du CC prévoit que toute personne peut demander à changer de prénom
si elle le justifie d’un intérêt légitime.
C’est une procédure judiciaire, l’action relève de la compétence du JAF.
L’intérêt légitime, plusieurs situations :
- Le prénom ridicule (en principe on l’a déjà fait disparaître au moment du choix),
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- L’usage prolongé du prénom. Un arrêt de la CA de Paris du 21 novembre 1991 a
décidé que l’usage prolongé pouvait constituer un intérêt légitime.
- Les prénoms étrangers : 2 types d’action :
° Changement demandé pour des raisons d’intégration dans la communauté
française. Jugement du TGI de Montluçon du 12 avril 1974, Slavska – Simon.
° Demandes visant à permettre l’intégration dans une communauté étrangère. Arrêt
de la CA de Nancy du 7 mars 1979 JSP 1980 4e partie n°136. Un enfant d’un
couple mixte (franco-tunisien) a à sa naissance été prénommé Nicolas et voudrait
une adjonction à son prénom pour pouvoir s’intégrer dans la famille de son père
(Karim).
- Le changement pour des raisons liées à l’exercice de la religion, Q du pèlerinage
de la Mecque, Arrêt de la CA d’Orléans du 23 janvier 1992 JCP 1992 4e partie
n2786 : Un homme né en Algérie au temps de la présence française a été appelé
Mourad. Il demande de conserver la nationalité française et revient en France. Il
saisit le tribunal pour un changement de prénom (Marcel Paul), celui-ci l’autorise.
Quelques temps après il saisit le TGI d’Orléans pour obtenir la substitution dans
l’autre sens (Mourad) car il souhaite faire le pèlerinage de la Mecque et doit alors
avoir un prénom musulman. La CA décide que la C de 1958 consacre la DDHC,
qui elle proclame le principe de la liberté religieuse. Elle estime donc qu’il y a un
intérêt légitime à demander la substitution de son prénom afin de pratiquer
librement sa religion.
Remarques : Il existe une procédure de francisation des prénoms.
En cas d’adoption plénière, l’article 347 alinéa 3 du CC permet aux adoptants de
demander le changement des prénoms de l’enfant.
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Chapitre 2 : Le domicile
Section 1 : La notion
Le domicile de tout français est au lieu où il a son principal établissement. C a d au
lieu où il a le centre de ses intérêts, notamment le lieu où il est connu des
administrations.
Le domicile est une localisation juridique : c’est l’endroit où la loi situe la
personne. Il ne faut pas confondre le domicile et la résidence. Le domicile c’est
l’endroit où l’on est pour la loi ; la résidence c’est l’endroit où l’on habite. Le plus
souvent le domicile et la résidence coïncident. Car la personne habite effectivement
dans son principal établissement. Mais il peut arriver qu’une personne ait sa
résidence ailleurs qu’à son domicile.
Exemple : Les officiers ministériels ont un domicile à l’endroit où ils exercent leur
fonction mais ils ont une résidence différente.
Exemple : Les magistrats du Parquet sont juridiquement domicilié au tribunal.
Exemple : Les professions libérales sont le plus souvent domiciliées dans leurs
cabinets mais ils sont aussi leur résidence ailleurs.
Section 2 : Détermination du domicile
§1 Le domicile volontaire
Toute personne majeure peut fixer son domicile là où elle souhaite. Ce principe de
liberté inclut la liberté de changer de domicile.
A – Le domicile volontaire ordinaire
C’est le domicile des personnes physiques majeures. Il suppose 2
éléments cumulatifs :
- Un élément matériel : l’occupation d’un lieu ou bien physique, personnel ; ou
bien par l’intermédiaire de certains objets.
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- Un élément intellectuel : l’installation, c a d l’intention de fixer durablement le
siège de ses intérêts dans ce lieu.
Ces éléments posent un problème de preuve, notamment pour l’élément
intellectuel. La preuve est libre, en pratique on a recours à plusieurs éléments : les
témoignages, les indices (électricité, abonnement téléphonique, etc.), l’article 104
du Code Civil prévoit la preuve de l’intention.
Exemple : La jurisprudence décide qu’une chambre d’hôtel n’est pas un domicile,
de même pour une chambre d’hôpital, pour les sites internet [TGI de Paris 14 août
1996 Dalloz 1996 p486. Un site internet n’est pas considéré comme un domicile],
les caravanes (car mobiles).
B – Le domicile élu
L’élection de domicile c’est le choix d’un domicile différent du domicile ordinaire
pour les besoins d’un acte juridique (les partis élisent domicile dans l’étude du
notaire si acte authentique) ou pour les besoins d’un procès (les partis élisent
domicile au cabinet de leur avocat).
L’élection de domicile sert à centraliser tous les documents, toutes les pièces dont
on aura besoin dans le cadre du procès ou de la rédaction de l’acte.
§2 Le domicile légal
C’est un domicile qui est déterminé d’office par la loi. C’est donc une exception à
la liberté de domicile.
Le CC prévoit plusieurs domiciles légaux :
- Le domicile d’origine prévu par l’article 108-2 : domicile de l’enfant mineur qui
est juridiquement domicilié chez ses parents.
- Le domicile de fonction prévu par l’article 107 : les fonctionnaires publics ont un
domicile légal. En pratique cet article n’a plus beaucoup d’utilité (il concerne les
fonctions à vie).
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- Le domicile des domestiques prévu par l’article 109 : les domestiques sont
juridiquement domiciliés chez leurs employeurs.
- Le domicile d’attache prévu par l’article 102 alinéa 2 : le domicile des bateliers,
toute personne vivant à bord d’un bateau doit choisir un domicile dans l’une des
communes de leur parcours.
- Le domicile des incapables prévu par l’article 108-3 : le majeur en tutelle à
domicile légal chez son tuteur.
Remarque : jusqu’à la loi du 11 juillet 1975, la femme avait domicile légal chez
son mari car celui-ci était chef de famille. Cette règle a été abrogée en 1975 car elle
ne correspondait plus aux moeurs et car elle avait des inconvénients pratiques
énormes en cas de divorce (les papiers étaient envoyé au domicile du mari). Cette
loi a donc modifié l’article 108 : le mari et la femme peuvent avoir un domicile
distinct sans qu’il soit, pour autant, porté atteinte aux règles relatives à la
communauté de vie.
Section 3 : Les intérêts de la détermination du domicile
Plusieurs intérêts :
- La détermination de la compétence territoriale des juridictions. Principe selon
lequel le tribunal compétant c’est celui dans le ressort duquel se trouve le domicile
du défendeur.
- Le domicile permet de déterminer la loi applicable. Exemple : L’article 309 du
CC prévoit que la loi française est compétente pour prononcer le divorce d’époux
de nationalité étrangère dès lors qu’ils ont leur domicile en France.
- Le domicile sert à la signification des actes de procédure. La signification c’est
un acte (le plus souvent d’huissier) qui permet de porter à la connaissance d’une
personne un document qui la concerne. Exemple : Dans un procès, il faut signifier
son assignement à une personne et le jugement rendu. La signification est faite au
domicile.
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- Le paiement des dettes : Principe selon lequel les dettes sont quérables, c'est-àdire
que le créancier doit aller chercher son paiement au domicile du débiteur. Il y
a néanmoins une exception en ce qui concerne les aliments. La dette d’aliment est
portable, c’est au débiteur d’apporter la pension alimentaire.
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Titre 3 : La capacité des personnes physiques
La capacité : c’est une aptitude. Il y a 2 degrés dans la capacité :
21.La capacité de jouissance, c a d l’aptitude à être titulaire d’un droit, ou débiteur
d’une obligation. Elle concerne donc la titularité.
22.La capacité d’exercice, c a d l’aptitude à mettre en oeuvre soi même les droits
dont on est titulaire, les obligations dont on est tenu.
D’après l’article 414 du CC, toute personne majeure dispose de la double capacité.
Exceptions :
Les incapacités, c’est une inaptitude. Il y a une double distinction au sein des
incapacités :
23.Les incapacités de jouissance, c a d qu’une personne ne peut pas être titulaire
d’un droit.
24.L’incapacité d’exercice, c a d l’inaptitude à mettre en oeuvre soi même un droit.
Opposition entre :
° L’incapacité générale, c’est celle qui concerne tous les actes juridiques.
° L’incapacité spéciale, c’est celle qui ne concerne que certains actes juridiques.
On a alors 4 hypothèses pour l’incapacité :
25.L’incapacité de jouissance générale, c’est la situation de celui qui ne peut être
titulaire d’aucun droit, et débiteur d’aucune obligation. Aujourd’hui, cela
n’existe plus. Auparavant, on pouvait citer la mort civile (abolie en 1864).
26.L’incapacité de jouissance spéciale, elle empêche d’être titulaire de certains
droits. Exemple : L’art 144 du CC prévoit que pour se marier il faut avoir 18 ans.
Si l’on a 17 ans, alors l’on n’est pas titulaire de ce droit. Exemple 2 : Le mineur
de moins de 16 ans ne peut pas rédiger un testament.
27.L’incapacité d’exercice générale, une personne qui est effectivement titulaire de
ses droits mais cette personne ne peut en mettre en oeuvre aucun en agissant seul.
Exemple : L’infans (celui qui ne parle pas), le bébé est titulaire de droits mais il
Droit Civil Page 1 17
ne peut pas les mettre en oeuvre. Exemple 2 : L’aliéné total qui est totalement
privé de lucidité. Exemple 3 : La personne qui est dans un coma profond.
28.L’incapacité d’exercice spéciale, une personne est titulaire de ses droits mais
elle ne peut pas exercer certains d’entre eux. Exemple : Les majeurs en curatelle,
ou en tutelle ne peuvent pas accomplir seuls les actes graves.
Remarque : Les incapacités poursuivent deux finalités :
29.Certaines incapacités viennent sanctionner l’individu. Exemple : La déchéance,
donc la personne n’est plus titulaire du droit duquel il a été déchu.
30.Une finalité de protection contre certains risques comme les tiers qui pourraient
vouloir abuser de la faiblesse psychologique de la personne.
Chapitre 1 : Les enfants mineurs
Ce sont toutes les personnes qui n’ont pas atteint l’âge de 18 ans. Entre la
naissance et le 18ème anniversaire les mineurs sont placés sous la protection de
leurs pères et mères, cette protection s’oriente dans deux directions : la personne de
l’enfant et le patrimoine.
Section 1 : La protection de la personne de l’enfant :
l’autorité parentale
Droit Civil Page 1 18
Elle a fait l’objet de toute une série de réformes qui ont sensiblement obscurci la
matière. Le concept d’autorité parentale date de 1970. Auparavant, en droit romain,
la famille était hiérarchisé sous l’autorité d’un chef, le « pater familias » qui
disposait de certaines prérogatives : droit de vie ou de mort, droit de vendre les
membres de sa famille, droit de les abandonner (notamment l’abandon noxal, c a d
en guise de dommage et intérêt).
En ancien droit français, dans les coutumes germaniques que l’on appliquait dans
le Nord le droit de vie ou de mort existait aussi. Ce droit va disparaitre, notamment
sous l’influence de l’Eglise catholique, et est remplacé par le droit de correction.
Dans la coutume d’Orléans : « le père peut battre son enfant pourvu qu’il ne le
blesse pas grièvement. Il peut le tenir enfermé dans une chambre ou le faire placer
dans un couvent, ou dans une prison publique ».
Le Code Napoléon atténue encore la sévérité de l’ancien droit. Il place le droit de
correction sous le contrôle du juge. C’est l’ancien article 375 du Code Napoléon :
le père pouvait par voie d’autorité obtenir l’incarcération de son enfant par
décision du président du tribunal civil. Lorsque le père demandait l’incarcération,
le juge était obligé de signer l’ordre. Les juges se sont mis à contrôler les motifs
d’incarcération.
La loi du 4 juin 1970 supprime la puissance paternelle du Code de 1804 et elle la
remplace par le concept d’autorité parentale que l’on connaît encore aujourd’hui.
La puissance devient autorité, c a d un droit qui est contrôlé, limité. Ce sont les 2
parents qui prendront les décisions relatives à l’enfant.
Cette loi a été réformée à son tour par une loi du 4 mars 2002 n°305, celle-ci a
modifié le texte définissant l’autorité parentale « l’autorité parentale est un
ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité la préservation de l’intérêt de
l’enfant ».
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§1 Les titulaires de l’autorité parentale
Avant la loi du 4 mars 2002, le CC distinguait l’autorité selon la nature du lien de
filiation. Lorsqu’on était enfant légitime (issu du mariage) les 2 parents exerçaient
l’autorité parentale ; lorsqu’on était enfant naturel (issu de deux personnes non
mariés) le 1er parent à reconnaître l’enfant exerçait l’autorité.
La loi du 4 mars ne distingue plus selon la nature du lien de filiation.
A – Les titulaires pendant la vie commune
Pendant la vie commune, le principe c’est que l’autorité parentale est exercée en
commun. On voit cette règle apparaître à deux endroits :
31.L’art 371-1 alinéa 2 : « elle appartient aux mères et pères ».
32.L’art 372 alinéa 1 : « les pères et mères exercent en commun l’autorité
parentale ».
3 précisions :
- L’exercice en commun (les 2 parents doivent prendre les décisions ensemble)
suppose que la filiation soit établie à l’égard des deux parents. Mais l’enfant n’est
pas toujours reconnu par son père et sa mère. L’art 372 alinéa 2 prévoit que s’il n’y
a qu’un seul lien de filiation établie, alors ce parent exercera seul l’autorité
parentale. S’il y a, plus tard, une 2ème reconnaissance alors s’il est établi plus d’un
an après la naissance, l’autorité parentale est conservée par l’autre. Mais
dérogation avec l’article 372 alinéa 3 : on passera à l’exercice commun soit par
déclaration conjointe devant le greffier adjoint du TGI, soit par décision du juge si
les parents ne sont pas d’accord. Si la 2ème reconnaissance intervient moins d’un an
après la naissance, alors l’autorité parentale est exercée en commun.
- Le conflit : si les deux parents ne sont pas d’accord en matière de décision. La loi
du 4 mars a supprimé les solutions et ne les a pas remplacé. Aussi, la Cour de
Cassation décide que les désaccords sont tranchés par le juge en considération de
l’intérêt de l’enfant. Mais, aucun texte ne définit l’intérêt de l’enfant. C’est un
Droit Civil Page 1 20
oubli volontaire car c’est une notion à contenu variable d’un enfant à l’autre, et va
aussi varier avec le temps. C’est au juge qu’il appartient d’évaluer l’intérêt de
l’enfant.
Exemple : Civil 1ère 11 juin 1991, Dalloz 1991 p521 : Conflit sur l’orientation
religieuse : une jeune fille qui a 16 ans, née de 2 parents mariés. Au cours de
mariage la femme reçoit le baptême des témoins de Jéhovah et souhaite que sa fille
reçoive elle aussi le baptême. Or le père ne veut pas. C’est au juge de décider, mais
comment peut-il juger de l’intérêt de l’enfant ? Le JAF refuse de statuer. La CA
confirme la décision du juge en ajoutant que la fille a 16 ans donc il n’y a qu’à
attendre sa majorité. La Cour de Cassation rejette le pourvoi de la mère.
- L’article 371-1 alinéa 3 : Les parents doivent associer l’enfant aux décisions qui
le concernent selon son âge et son degré de maturité. Cette obligation a été créée
par la loi du 4 mars 2002. Le texte prévoit une obligation des parents. Le terme
« associent l’enfant » est obscur. L’article ne nous dit pas non plus les sanctions
prévues.
B – Les titulaires de l’autorité en cas de séparation
a. La séparation par décès :
En cas de décès, l’autre exerce seul cette autorité. Mais cela suppose que l’enfant
avait 2 liens de filiation établis, si l’enfant n’avait qu’un seul lien de filiation est
que celui-ci décède on ne pourra pas appliquer cette règle et on passera à un régime
de tutelle.
b. La rupture / le divorce :
2 problèmes :
- Problème de l’autorité parentale : l’article 376-2 alinéa 1 : l’autorité parentale
reste exercée en commun.
A ce principe d’autorité commune il existe une dérogation. C’est l’article 373-2
alinéa 1 relatif à l’exercice unilatéral : si c’est l’intérêt de l’enfant alors le juge peut
confier l’autorité à 1 des 2 parents. Cela peut se faire en cas de conflit important, si
l’un des parents se désintéresse ou si l’un des parents est incarcéré.
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Le parent qui est privé de l’autorité parentale conserve un droit de surveillance des
décisions prisent par l’autre. L’art 373-2 -1 alinéa 4 : il doit être informé des choix
important vis-à-vis de l’enfant. L’objectif c’est de lui permettre d’être informé et
éventuellement de saisir le juge.
- La Q de la résidence : La résidence doit être unilatérale, elle doit être chez l’un ou
l’autre des parents. Le parent chez qui ne réside pas l’enfant dispose d’un droit de
visite et d’hébergement sauf motif grave (art 373-2-1 alinéa 2).
L’article 373-2-9 autorise la résidence alternée.
§2 Les prérogatives que confère l’autorité parentale
Avant la loi du 4 mars, les prérogatives étaient définies par le Code dans l’article
371-2. Mais cet article concerne désormais les pensions alimentaires. Aujourd’hui
on ne connaît plus les prérogatives.
Aussi, la Cour de Cassation fait comme si l’article 371-2 n’avait pas été aboli.
Ainsi, l’autorité parentale concerne la garde, la surveillance et l’éducation :
- Le droit de garde : c’est le droit d’avoir l’enfant avec soi, le droit d’habiter auprès
de lui et le droit de le retenir.
- Le droit de surveillance : les parents doivent contrôler l’activité de l’enfant, ainsi
que ses relations avec le monde extérieur. La Cour de Cassation admet qu’au titre
du droit de surveillance, les parents peuvent intercepter la correspondance.
- L’éducation : ce sont les parents qui décident de l’éducation quotidienne, de
l’orientation scolaire, religieuse, sportive, culturelle. Dans l’éducation, on admet
aussi le droit de correction (gifles et tapes inoffensives).
° Affaire du Sahaja Yoga : c’est une secte où l’on considère que Dieu est une
femme. Les adeptes ont créé en Inde, un certain nombre d’établissement
d’éducation. Cette secte prône l’effacement de la famille par le sang et l’éducation
par la Mère universelle. Cette affaire est née d’une lettre qui a été écrit par un
enfant de 8 ans (Yohann) à ses grands-parents contenant 2 mots : « au secours ».
Les grands-parents découvrent que les parents s’étant converti à la secte avaient
envoyé leur enfant en Inde. Ils vont donc saisir le juge des enfants (c’est un juge
qui intervient au titre de l’assistance éducative, lorsqu’un mineur est en danger).
Droit Civil Page 1 22
Ce juge va faire une enquête et convoquer les parents. À la suite de cela il va
ordonner que l’enfant revienne et que celui-ci soit confié aux grands-parents. Les
parents ont fait valoir qu’on ne pouvait rien leur reprocher car ils avaient pris la
décision qu’ils pensaient la meilleure pour leur enfant. Cette affaire soulève le
problème du contrôle de l’exercice de l’autorité parentale. Cette décision a donné
lieu à de nombreux arrêtes : arrêt du 11 juillet 1994.
Remarques :
1) Si les parents n’exercent pas leurs prérogatives ou s’ils les exercent mal (dans
un sens qui n’est pas conforme à l’intérêt de l’enfant) ils peuvent faire l’objet de 2
procédures :
- La procédure de retrait de l’autorité parentale : articles 378 et suivants du CC.
- La procédure d’assistance éducative : réglementé par les articles 375 et suivants
du CC. Cela suppose une situation de danger. Ici, c’est le juge des enfants qui est
compétent (TGI). Il ne s’agit pas de sanctionner les parents, mais de les aider à
exercer leurs prérogatives d’une manière compatible avec l’intérêt de l’enfant.
Pour les aider le Code prévoit plusieurs mesures :
° L’enfant doit être maintenu dans sa famille. Mesure d’Action en Milieu Ouvert,
le juge va désigner un éducateur qui sera chargé d’apporter des conseils à la famille
afin qu’ils exercent leur autorité parentale d’une manière convenable à l’intérêt de
l’enfant. Cet éducateur doit régulièrement faire des rapports au juge.
° L’article 375-3 prévoit que si l’enfant ne peut être maintenu dans son milieu
naturel alors il doit être confié à l’autre parent ou à un membre de la famille, ou à
un établissement.
2) Les droits de l’enfant :
Il existe une Convention Internationale des Droits de l’Enfant, qui a été ratifiée par
la France par une loi de novembre 1990. Cette convention prévoit par l’article 24
que « l’enfant a le droit de jouir de la meilleure santé possible » ; par l’article 27
que « l’enfant a le droit a un niveau de vie adéquat » ; par l’article 28 que
« l’enfant a le droit à l’éducation ». Quelques articles sont intéressants. L’article 6
Droit Civil Page 1 23
prévoit que « l’enfant a le droit à la vie » et il a le droit dans la mesure du possible
« de connaître ses parents et d’être élevé par eux ». L’article 12 dit que « l’enfant a
le droit dans toute Q et procédure le concernant d’exprimer son opinion et de voit
cette opinion prise en considération ». L’article 16 dispose que « l’enfant a le droit
d’être protégé contre les immixtions dans sa vie privée, sa famille, son domicile et
sa correspondance ». On est ici en présence de droits subjectifs. Le droit interne
est-il en conformité avec ces droits ?
L’article 388-1 du CC nous dit que pour toute procédure le concernant, le mineur
capable de discernement peut être entendu par le juge. Est-ce qu’il faut forcément
traduire en droit interne les dispositions de la Convention ? Il y a eu une
controverse à propos de l’arrêt Lejeune de la Cour de Cassation de Nice du 27
mars 1993 Dalloz 1993 p361 : lorsque le droit français n’est pas en conformité
avec la Convention, faut-il appliquer directement la Convention ou continuer
d’appliquer la règle interne ? Juridiquement on devrait considérer que les
dispositions du Code qui sont contraires à la Convention devraient être modifiées.
Ici, la Cour de Cassation décide que les dispositions de la Convention ne sont pas
directement applicables devant les juridictions et elle ajoute qu’elles doivent être
introduites en droit interne par le législateur. La solution de la Cour de Cassation
est contraire à la hiérarchie des N mais elle a été retenue afin d’éviter
l’écroulement de pans entier du CC.
Section 2 : La protection des B du mineur
Il est de plus en plus fréquent qu’un mineur se trouve à la tête d’un
patrimoine, parfois important.
Exemple : Si l’un de ses parents décède il recevra une succession.
Exemple : Il peut s’agir d’argent indemnitaire. Si un mineur est victime
d’un accident, d’un préjudice il recevra des dommages et intérêts.
Exemple : Les enfants du spectacle (qui jouent dans un film, dans une
publicité) qui ont un contrat pour leur travail.
Droit Civil Page 1 24
Ce sont les parents qui sont chargés d’administrer ce patrimoine, mais ils
n’en sont pas propriétaires.
Sous-section 1 : L’administration légale
L’administration légale c’est une charge, une obligation qui incombe au
titulaire de l’autorité parentale, d’administrer, de gérer le patrimoine de
leur enfant mineur.
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§1 L’administration légale pure et simple
A – Le domaine
Il est défini par l’article 389-1 du CC : « l’administration est pure et
simple quand les deux parents exercent en commun l’autorité
parentale ». Ca sera donc le cas des parents mariés, des parents non
mariés qui ont reconnu tous 2 le lien de filiation, des parents séparés (le
régime d’autorité parentale n’est pas modifié), et en cas d’adoption par
2 personnes.
B – Le domaine
On parle ici du pouvoir de gestion. Puisque les 2 parents sont
administrateurs légaux, chacun a le pouvoir d’administrer le patrimoine
du mineur.
Problème :
On est en présence de 2 personnes qui ont les mêmes pouvoirs sur les
mêmes B. Il y a donc conflit. Si l’on admet que chacune des personnes
peut agir seule, il y a un risque de contradiction. Pour éviter ce risque il
faut exiger le double consentement. Seulement cela présente plusieurs
inconvénients. En effet, en cas de désaccord il n’y aura aucun moyen de
trancher (sauf saisir le juge) ; de plus, pour tous les mouvements, il
faudra l’accord des deux (lourdeur de la procédure).
Dans les articles 389-4 et 389-5 on fait une distinction selon la gravité des
actes à accomplir : « chaque parent a le pouvoir de faire seul les actes
conservatoires et les actes d’administration » (article 389-4).
Pour les actes de disposition ils doivent agir d’un commun accord. En cas
de désaccord l’article 389-5 alinéa 2 prévoit que l’acte doit être autorisé
par le juge des tutelles.
L’article 389-5 alinéa 3 prévoit des règles dérogatoires pour des actes
particulièrement graves comme la vente de gré à gré, l’apport en société
d’un immeuble, l’apport en société d’un fond de commerce, l’emprunt
Droit Civil Page 1 26
au nom du mineur. Pour ces actes la règle du double consentement ne
suffit pas, il faut l’autorisation du juge des tutelles.
C – La fin de l’administration légale pure et simple
Elle disparaît lorsque l’autorité parentale n’est plus exercée en commun,
elle sera remplacée par l’autorité légale sous contrôle judiciaire.
§2 L’administration légale sous autorité judiciaire
A – Le domaine
L’administration est sous contrôle judiciaire lorsque l’autorité n’est plus
exercée en commun. C’est ce que prévoit l’article 389-2. Cela concerne
l’enfant qui n’a qu’un lien de filiation établi, dont l’un des parents est
décédé, le cas des parents séparés avec décision d’exercice unilatéral du
juge, le retrait de l’autorité parentale, l’enfant adopté par une seule
personne.
B – Les pouvoirs
Le parent qui exerce l’autorité parentale est seul administrateur légal, il
peut accomplir seul les actes conservatoires et les actes d’administration.
En revanche, pour les actes de disposition il doit obtenir l’autorisation du
juge des tutelles (article 389-6).
C – La fin de l’administration sous contrôle judiciaire
Elle prend fin en cas de décès de l’administrateur. Dans ce cas, on
basculera dans un régime des tutelles. L’article 391 donne au juge des
tutelles la possibilité de clôturer à tout moment le régime
d’administration légale sous contrôle judiciaire (s’il estime que le parent
n’est pas apte) et le remplacer par un régime des tutelles.
Remarque : Il existe une cause de disparition qui est commune à
l’administration pure et simple et sous contrôle judiciaire : la majorité ou
l’émancipation. Dans les 2 cas, le mineur acquiert la pleine capacité
juridique.
Droit Civil Page 1 27
En contrepartie de l’administration légale, les parents disposent du droit
de jouissance légal. C’est le droit pour les administrateurs de percevoir
les revenus que produit le patrimoine du mineur (article 383 alinéa 2).
Sous-section 2 : La tutelle des mineurs
La tutelle des mineurs est un régime de protection du mineur qui vise à
confier la gestion de son patrimoine à un 1/3 qui est chargé de le
représenter. Cela concerne le plus souvent le cas d’un enfant dont les
deux parents sont décédés.
§1 L’ouverture de la tutelle
L’article 390 prévoit plusieurs situations :
33.Les 2 parents sont décédés.
34.Les 2 parents sont privés de l’exercice de l’autorité parentale.
- L’enfant sans filiation.
Le code ne prévoit pas le cas où l’enfant dont la filiation est établie à la
suite d’un procès (c’est l’action en recherche de paternité ou de
maternité). Lorsque la filiation est établie, le parent ne se voit pas
confier l’autorité parentale car s’il avait voulu s’en occuper il l’aurait
reconnu.
L’article 391 prévoit qu’à tout moment le juge peut retirer l’autorité
parentale et faire basculer dans un régime des tutelles.
L’enfant sans filiation qui vient à être reconnu restera soumis au régime
des tutelles mais l’auteur de la reconnaissance peut saisir le juge des
tutelles afin qu’il clôture la tutelle et ouvre une administration légale
sous contrôle judiciaire.
§2 L’organisation
A – Un organe actif (exécutif) – le tuteur :
Les fonctions de tuteur sont personnelles, obligatoires, gratuites.
Droit Civil Page 1 28
Depuis la loi de 2007, il n’y a plus que 2 modes de désignations :
- La tutelle testamentaire (article 403) : C’est un droit du parent
survivant qui prend effet à son décès.
- La tutelle dative (article 404) : Le tuteur est choisi par le conseil de
famille.
B – Les organes de contrôle
Ils sont au nombre de 3 :
- Le subrogé tuteur : la subrogation est un mécanisme de remplacement,
une personne en remplace une autre dans un rapport juridique. Dans
notre cas, une personne va remplacer le tuteur. Celui-ci est choisi par le
conseil de famille et il a une double mission : surveiller la gestion du
tuteur et remplacer le tuteur en cas d’empêchement ou en cas
d’opposition d’intérêt entre le tuteur et le mineur.
- Le conseil de famille : il est composé de 4 à 6 personnes (article 399
alinéa 2) choisis par le juge des tutelles en fonction de l’intérêt qu’ils
portent au mineur. L’article 399 dernier alinéa ajoute que le juge doit
éviter une des deux branches sans représentation (Il doit y avoir des
membres de la famille du père et de la mère). Les décisions du conseil de
famille peuvent être contestée en justice et si une ligne familiale n’est
pas représentée, elle va se sentir exclue et aura tendance à contester
systématiquement les décisions prises.
- Le juge des tutelles : c’est celui du dernier domicile ou de la résidence
du mineur afin qu’il y ait une proximité entre le juge et le mineur. Ce
juge a 2 séries d’attributions. Tout d’abord, il surveille la gestion du
tuteur et à tout moment, il peut lui demander des comptes et des
éclaircissements sur sa gestion. A côté de cette mission, il a aussi un
pouvoir d’autorisation de certains actes juridiques au nom et pour le
compte du mineur.
§3 Les pouvoirs du tuteur
Ils ont été déplacés par la loi de 2007 aux articles 496 et suivants.
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A – Les actes d’administrations
C’est l’article 504 qui prévoit que le tuteur accompli seul les actes
conservatoires et d’administration. Il peut engager les actions en justice,
c a d qu’il peut assigner et donc être demandeur. On admet qu’il peut
aussi être défendeur aux actions en justice engagées contre le mineur. Il
peut conclure seul les baux inférieurs à 9 ans.
B – Les actes de disposition
C’est l’article 505 qui s’applique. Le tuteur ne peut pas agir seul, il doit
obtenir l’autorisation du conseil de famille, ou à défaut (article 505
alinéa 1) l’autorisation du juge des tutelles.
On va retrouver ici, les actes de disposition sur les immeubles, les fonds
de commerce, les emprunts, les baux supérieurs à 9 ans.
L’article 506 relatif aux actions en justice : la transaction est un contrat
qui permet de mettre fin au procès.
Remarque : Certains actes sont toujours interdits au tuteur. Il ne peut pas
les accomplir seuls, mais il ne peut pas non plus les accomplir avec une
autorisation. Ce sont des actes qui sont à la fois personnels au mineur et
particulièrement graves. Ils figurent dans l’article 509 : l’aliénation
gratuite, l’acquisition d’un droit de créance sur une personne protégée. Il
faudra attendre que le mineur devienne majeur et ce sera à lui de
prendre la décision.
C – La sanction des règles de pouvoirs
En droit commun, quand un acte ne respecte pas certaines conditions de
validité la sanction c’est l’annulation.
En droit des incapacités, deux sanctions.
a. La rescision pour lésion :
Droit Civil Page 1 30
C’est un anéantissement rétroactif du contrat qui a pour origine un
déséquilibre des prestations.
En droit commun, la rescision doit être d’une certaine importance. En
droit des incapacités, on n’a pas ces exigences. Dès lors, dès qu’il y a
déséquilibre des prestations, l’action peut être engagée. Elle concerne :
- Les actes d’administrations et les actes de disposition peu graves.
- Si l’acte n’est pas déséquilibré, il va demeurer valable alors même qu’il
a été accompli par le mineur seul.
b. L’annulation :
Elle concerne les actes de disposition qui sont accomplis ou bien par le
mineur agissant seul, ou bien par le tuteur sans autorisation.
Cette annulation ne nécessite pas la démonstration d’un déséquilibre des
prestations car l’on cherche à sanctionner un défaut de pouvoir. La nullité
est de droit. Cela ne veut pas dire que c’est automatique mais que le
juge n’a pas de pouvoir d’appréciation. Dès lors que l’on va prouver que
l’acte a été accompli par le mineur seul ou par le tuteur sans
autorisation, le juge est obligé de prononcer l’annulation.
L’action en nullité, et l’action en rescision se prescrivent par 5 ans à
compter de la majorité du mineur. On veut multiplier les chances
d’annulation. L’action en nullité peut être engagée pendant toute la
minorité de l’enfant, plus pendant les 5 ans qui suivront.
Sous-section 3 : La condition juridique du mineur
Il s’agit d’étudier la portée de son incapacité.
§1 Un mineur non émancipé
Il y a un principe selon lequel le mineur non émancipé est soumis à une
incapacité d’exercice générale, il doit être représenté. En réalité, la
situation varie avec l’âge du mineur, cette incapacité a tendance à
décroître plus le mineur avance en âge.
Droit Civil Page 1 31
A – Le mineur inconscient de la portée de ses actes
C’est le jeune enfant :
- S’agissant des contrats ou des actes juridiques : Il en est incapable car il
n’a pas la lucidité suffisante.
- Incapacité quant au délit : C’est la question de la responsabilité civile.
En principe, il n’est pas personnellement responsable, mais depuis
plusieurs arrêts d’assemblée plénières de la Cour de Cassation du 9 mai
1984 : la jurisprudence décide que la responsabilité des parents est
engagée dès lors que l’enfant a commis un fait qui est à l’origine d’un
dommage (fondé sur l’article 1384 alinéa 4).
B – Le mineur conscient de la portée de ses actes
A quel âge ? Dans notre système juridique il n’y a pas d’âge, on concerne
qu’il est conscient quand il y a discernement.
- S’agissant des délits : on admet que le mineur capable de discernement
est personnellement responsable des dommages causés à autrui. Donc il
engage sa responsabilité civile personnelle. Ainsi, ou bien il a un
patrimoine et c’est sur celui-ci que seront prélevés les dommages et
intérêts ou bien il n’est pas solvable et dans ce cas là on va retomber
dans la responsabilité des pères et mères.
- S’agissant des actes juridiques : Le principe d’incapacité connaît un
certain nombre d’exceptions :
° Les exceptions ponctuelles : à partir de l’âge de 16 ans le mineur peut
rédiger un testament. A partir de 15 ans, il peut conclure un contrat
d’apprentissage.
° Les exceptions générales : la théorie dite des actes de la vie courante,
on admet que le mineur peut accomplir seul les actes de la vie courante,
ce qui inclut les actes de dispositions (article 473). La jurisprudence a
dégagé 3 critères pour définir un acte de la vie courante : il est usuel
(habituel chez le mineur), l’âge (un acte usuel pour un jeune de 15 ans
ne le sera pas forcément pour un enfant de 5 ans), le prix (il doit être
Droit Civil Page 1 32
modéré ou en rapport avec les capacités financières du mineur). Cette
théorie permet de reconnaître au mineur une capacité tout en contrôlant
l’importance des actes qu’il accomplit.
§2 La situation du mineur émancipé
L’émancipation est un jugement qui donne au mineur la pleine capacité
juridique. Il faut avoir au moins 16 ans pour prétendre à l’émancipation
et il faut justifier un motif légitime (exemple : l’exercice d’une
profession). L’émancipation fait disparaître l’autorité parentale,
l’administration légale ou la tutelle. Le mineur émancipé a les mêmes
capacités qu’un majeur mais il ne peut pas exercer d’activité
commerciale.
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Chapitre 2 : Les majeurs protégés par la loi
Ce sont des personnes qui souffrent d’une altération de leurs facultés
mentales, et aujourd’hui il y a une très grande diversité. Cela concerne
aussi les personnes du 4ème âge, ou celles qui souffrent d’une altération
passagère de leurs facultés (exemples : grave dépression nerveuse,
coma).
Ces majeurs protégés sont dans des situations très différentes. Il n’y a
rien de commun entre l’aliéné mental total, celui qui est en cure de
sommeil, et la personne âgée.
Le CC prévoit 3 (voir 4) régimes de protection :
- Le régime de la sauvegarde de justice.
- Le régime de la curatelle.
- Le régime de la tutelle.
Mais, ces régimes ne s’appliquent que sur décision du juge des tutelles.
Ainsi, il est parfaitement possible qu’une personne soit atteinte de
troubles mentaux sans qu’elle soit placée sous un régime de protection.
Section 1 : La situation du malade mental en
l’absence de régime de protection
Sous-section 1 : Le régime de droit commun
Un majeur avec des facultés mentales altérées et pour lequel aucune
mesure de protection n’a été réalisée.
Ce majeur peut poser 2 difficultés.
Droit Civil Page 1 34
§1 Le sort des actes juridiques réalisés par le majeur malade
Article 414 : la majorité est fixée à 18 ans, à cet âge, chacun est capable
d’exercer les droits dont il a la jouissance.
En l’absence de régime de protection, les actes qu’il a accomplis sont
pleinement valables.
L’article 414-1 prévoit que pour faire un acte valable, il faut être sain
d’esprit. Cela veut dire que l’on peut agir en nullité si l’auteur n’est pas
sain d’esprit.
La difficulté est que cette action en nullité est soumise à des conditions
strictes. Plusieurs illustrations :
- Celui qui agit en nullité supporte la charge de la preuve du trouble
mental. 2 hypothèses :
° Hypothèse simple : la preuve intrinsèque, c'est-à-dire que la preuve de
l’altération mentale résulte de l’acte lui-même.
° Hypothèse complexe : le trouble mental ne ressort pas de l’acte, l’acte
semble avoir été rédigé par une personne lucide. En jurisprudence, on
considère que la preuve doit être apportée par tout moyen dont
l’expertise psychiatrique. Cette expertise suppose que l’auteur de l’acte
soit encore vivant et même dans ce cas, on va se heurter à un problème
de date, l’article 414-1 dispose que l’on doit être sain esprit au moment
de l’acte. Celui qui agit en nullité pour trouble mental doit démontrer
l’altération des facultés au moment de l’acte. Dernière difficulté, même
si l’expert dit qu’au jour de l’acte la personne n’avait pas toutes ses
facultés, on peut trouver l’intervalle lucide (la personne a eu un moment
de lucidité).
- L’article 414-2 alinéa 1: si l’auteur de l’acte est toujours vivant, lui seul
peut agir en nullité. La seule solution est l’ouverture d’un régime de
protection.
Droit Civil Page 1 35
- L’article 414-2 alinéa 2 : à la mort de la personne, les actes ne peuvent
être attaqués en nullité que pour 2 raison :
° Si l’on dispose d’une preuve intrinsèque.
° Si l’on était en cours de procédure de mise en place d’un régime de
protection.
La nullité pour trouble mental est une nullité relative (en droit des
obligations on considère que s’il y a absence de consentement c’est une
nullité absolue. La nullité relative ne concerne que les vices de
consentement) qui se prescrit au bout de 5 ans à compter de
l’accomplissement de l’acte.
§2 La responsabilité des personnes se trouvant sous l’empire d’un trouble
mental
La responsabilité est un mécanisme juridique dans lequel on doit
répondre des conséquences de ses actes.
En matière pénal : l’article 122-1 du Code Pénal fait une distinction
lorsque :
- Le trouble mental a abolie le discernement, alors la responsabilité
pénale disparaît.
- Le trouble mental a altéré le discernement, alors la responsabilité
pénale demeure mais le juge doit tenir compte du trouble lorsqu’il
détermine la peine.
En matière civile : l’article 414-3 prévoit que la responsabilité civile
demeure. On l’a maintenu pour l’indemnisation des victimes.
Sous-section 2 : La protection conventionnelle : le mandat de protection
future
C’est une création de la loi du 5 mars 2007 qui est entrée en vigueur le
1er janvier 2009.
Prévu par les articles 477 et suivants du Code Civil.
Droit Civil Page 1 36
Le mandat est un contrat de représentation par lequel une personne (le
mandant) donne à une autre personne (le mandataire) le soin de la
représenter dans un acte juridique. Cela veut dire d’agir au nom et pour
le compte du mandant. De ce fait, seul le mandant est tenu, engagé par
les actes accomplis par le mandataire.
Exemple : Une vente accomplis entre A (vendeur) et B (acheteur), or B ne
peut être présent le jour de la signature du contrat, ainsi B (acheteur/
mandant) va demander à C (mandataire) de le représenter. La vente sera
conclue par C au nom de B, qui sera le seul engagé.
Dans le mandat de protection future, le mandant est un majeur qui ne
souffre pas d’altération mentale. Le mandant donne au mandataire la
mission de le représenter dans le futur, le jour où il aura perdu ses
facultés mentales (démarche d’anticipation).
L’idée est de préparer l’hypothèse d’une incapacité éventuelle.
§1 Les conditions du mandat de protection future
S’agissant de la forme, le mandat peut être ou bien notarié ou bien sous
seing privé (signé par un avocat).
La loi de 2007 prévoit qu’un décret d’application nous donnera des
modèles de mandant de protection future.
S’agissant du fond, 2 Q se posent :
- Les personnes : le mandant est une personne physique majeure ou un
mineur émancipé. Le mandataire peut être ou bien une personne
physique majeure (choisie par le mandant) ou une personne morale
(association tutélaire). La personne morale a une durée de vie supérieure
aux personnes physiques, ainsi le mandant sait qu’il y aura toujours
quelqu’un.
Droit Civil Page 1 37
- Les pouvoirs : on retrouve la distinction du mandat sous seing privé ou
du mandat notarié :
° Le mandat sous seing privé ne peut conférer que des pouvoirs limités. Il
ne peut accomplir que des actes conservatoires ou d’administration.
° Le mandat notarié (article 490) permet d’accomplir tous les actes
patrimoniaux que le tuteur peut accomplir seul ou avec une autorisation.
Les actes à titre gratuit doivent être autorisés par le juge des tutelles.
§2 Les effets du mandat de protection future
Un premier problème se pose, celui de la date de la mise en oeuvre. Ce
problème est résolu par l’article 481 alinéa 1 qui prévoit l’exigence d’un
certificat médical d’un médecin inscrit sur une liste d’experts.
Concernant les obligations du mandataire. Le risque est que ce dernier ne
soit pas honnête et qu’il se serve sur le patrimoine de celui qui a perdu
ses facultés. Afin de conjurer ce risque, l’article 486 prévoit que le
mandataire a l’obligation de dresser un inventaire du patrimoine. Il doit
aussi rendre compte, a intervalle régulier, de sa gestion et d’actualiser
l’inventaire auprès du juge des tutelles. L’objectif est d’assurer une
« traçabilité » patrimoniale.
Remarque : le mandant conserve la possibilité d’accomplir des actes
juridiques, y compris des actes de disposition. Il n’est pas dessaisi de ses
droits. On considère que les actes qu’il accompli sont valables mais ils
peuvent faire l’objet d’actions en justice comme en matière de
sauvegarde de justice (article 488).
§3 La fin du mandat de protection future
L’article 483 vise plusieurs hypothèses :
- Il a retrouvé ses facultés mentales. Pour prouver cela il faut un
certificat médical.
- En cas de décès du mandataire. On n’admet pas la transmission du
mandat aux héritiers du mandataire car le mandat est un contrat
Droit Civil Page 1 38
« intuitu personae » (c a d un contrat qui est conclu en raison des
qualités personnelles du contractant).
- En cas de décès du mandant.
- L’ouverture d’un régime de protection.
- La révocation prononcée par le juge des tutelles. Celui-ci peut à tout
moment mettre un terme au mandat, s’il estime qu’il n’est plus suffisant
ou que le mandataire n’agit pas dans l’intérêt du mandant.
Section 2 : La situation du malade soumis à un
régime de protection
L’article 425 prévoit d’organiser un régime de protection en cas
d’altération médicalement constatée, le texte prévoit 2 raisons :
- Une altération des facultés mentales.
- Une altération des facultés corporelles de nature à empêcher
l’expression de la volonté.
Il existe 3 régimes de protection : la sauvegarde de justice, la curatelle,
la tutelle des majeurs.
§1 La sauvegarde de justice
A – Le domaine
Ce régime apparaît à l’article 423 : il s’agit d’une personne ayant besoin
d’une protection juridique temporaire ou pour certains actes déterminés.
Il s’agit de personnes qui souffrent de troubles légers ou de troubles plus
importants mais temporaires (Exemples : certaines formes de dépression
nerveuse). On peut aussi placer sous sauvegarde de justice celui qui est
en cours de mise sous tutelle ou sous curatelle.
B – Procédure
Il y a 2 types de procédures :
Droit Civil Page 1 39
- L’initiative judiciaire : article 433 alinéa 2 : en cours de mise sous
tutelle ou sous curatelle.
- L’initiative médicale : un médecin va demander le placement de son
patient sous sauvegarde de justice. Elle apparaît dans l’article 434. On a
2 procédures :
° Le patient soigné à son domicile par un médecin généraliste (L 211-6
alinéa 1er), il va saisir le procureur de la République afin qu’il place
l’intéressé sous sauvegarde de la justice. De plus, la demande du
généraliste doit être accompagnée de l’avis conforme d’un psychiatre.
° Les personnes soignées dans une institution (L 221-6 alinéa 2). Le
médecin va saisir le procureur de la République, mais ici on n’exige pas le
contrôle d’un psychiatre.
Le procureur doit inscrire le nom de la personne protégée sur un
registre : le registre des sauvegardes de justice.
C – Les effets
La sauvegarde de justice est un régime de capacité, cela veut dire que le
majeur n’est pas dessaisi de ses droits. Ainsi, il peut continuer
d’accomplir des actes juridiques. Les actes qu’il aura accomplis peuvent
être anéantis plus facilement. L’article 435 alinéa 2 prévoit 3 possibilités
d’actions :
- La nullité pour altération des facultés mentales.
- La rescision pour lésion.
- L’action en réduction pour excès, concernant les actes qui ne sont pas
proportionnés ou au revenu du majeur, ou à ses besoins. Cette action en
réduction prend la forme d’une restitution partielle.
Remarque : concernant la prescription, toutes ces actions se prescrivent
au bout de 5 ans à compter de l’acte.
D – La fin de la sauvegarde de justice
Droit Civil Page 1 40
Elle se termine soit par l’amélioration des facultés soit par la
détérioration des facultés (mise sous tutelle ou sous curatelle).
De plus, l’article 439 prévoit un délai maximum : la sauvegarde de justice
ne peut être prononcée que pour un an avec un seul renouvellement
possible.
§2 La tutelle
A – Le domaine
L’article 440 alinéa 3 : la personne doit être représentée d’une manière
continue. Cela désigne les personnes souffrant d’un trouble mental
suffisamment grave car c’est un régime de représentation.
La Cour de Cassation, sous l’empire du droit antérieur à 2007, décide
qu’il n’est pas nécessaire que l’altération mentale soit totale.
Remarque : l’article 428 prévoit qu’il n’y a pas lieu d’ouvrir une tutelle
lorsqu’il peut être suffisamment pourvu.
B – Procédure
Article 430, la demande : elle peut être formée par le majeur lui-même,
son conjoint, concubin ou partenaire, à moins que la communauté de vie
ait cessé entre eux. La demande peut aussi être demandée par le
procureur de la République ou par un 1/3 (procédure de signalement).
La demande doit être accompagnée de pièces justificatives (certificat
médical).
La demande est adressée au juge des tutelles (juge du TGI) qui va
entendre le majeur, si c’est possible, ou son avocat.
Le dossier est obligatoirement communiqué au ministère public.
L’audience de jugement : elle se tient en Chambre du Conseil (à huis
clos), le juge à plusieurs possibilités : il peut ouvrir une tutelle, ou
refuser d’ouvrir la tutelle.
Droit Civil Page 1 41
L’article 473 alinéa 2 permet au juge des tutelles, ou bien dans le
jugement d’ouverture, ou bien dans une décision ultérieur, d’énumérer
certains actes que le majeur pourra continuer d’accomplir. C’est une
règle à finalité médicale, il s’agit de restituer au majeur une capacité
correspondant à sa lucidité résiduelle.
Avant la loi de 2007, un contentieux existait : le juge des tutelles peut-il
restituer au majeur sa capacité électorale ? La Cour de Cassation a donné
une réponse négative, car l’article 473 concerne les actes civils (arrêt du
9 novembre 1982).
C – Les effets
Principe : après l’ouverture de la tutelle, le majeur ne peut plus
accomplir seul les actes juridiques sauf en cas de l’article 473 alinéa 2 :
- S’agissant des actes postérieurs à l’ouverture de la tutelle, l’article 465
alinéa 3 dispose que ces actes sont nuls de plein droit. Du coup, le
placement sous tutelle est un régime très efficace.
- Problème, les actes antérieurs : on est en présence d’une personne qui
était capable et on devrait en déduire que si l’on veut faire tomber ses
actes on devrait utiliser l’article 474-1.
L’article 464 prévoit que le placement sous tutelle permet d’agir en
nullité des actes accomplis dans les 2 ans qui précèdent la publicité du
jugement. Ils ne sont pas nuls de plein droit, leur annulation suppose la
démonstration d’un préjudice subit par le majeur (article 464 alinéa
2ème).
Remarque : l’article 473 et la théorie des actes de la vie courante,
s’applique aussi en matière de tutelle des majeurs.
D – La fin de la tutelle
2 possibilités :
- Le décès.
- L’amélioration.
Droit Civil Page 1 42
§3 La curatelle
C’est un régime intermédiaire, de semi capacité.
A – Le domaine
L’article 440 alinéa 1er : il s’agit de la personne qui a besoin d’être
assistée ou contrôlée d’une manière continue. La curatelle n’est pas un
régime de représentation mais d’assistance. On ne va pas agir à sa place
mais avec lui.
B – La procédure
Les articles 446 et suivants prévoient les mêmes règles que pour la mise
sous tutelle.
C – Les effets
Distinction entre :
- Les actes conservatoires et d’administration : le majeur agit seul, il n’a
pas besoin de l’assistance de son curateur. Mais, la loi lui donne une
garantie, une protection : l’article 465-1 prévoit que si l’acte est
désavantageux, on pourra faire une action en rescision pour lésion, ou
une action en rescision pour excès. Problème : le majeur en curatelle
peut-il ouvrir seul un compte bancaire ? Oui, car c’est un acte
d’administration et, de plus, cela ne fait rien sortir du patrimoine de
l’individu. Le majeur n’a pas besoin de l’assistance de son curateur.
Cependant, un jour une personne sous curatelle s’est retrouvée avec un
découvert important. La banque porte plainte, et la Cour de Cassation
casse dans l’arrêt de la 1ère Chambre civile du 21 novembre 1984 Dalloz
1985 p297 : la délivrance d’une carte de crédit nécessite l’accord du
curateur.
- Les actes de disposition : le majeur ne peut les conclure qu’avec
l’assistance du curateur. A défaut, il est possible d’agir en nullité, mais
l’article 465-2 prévoit qu’il faut démontrer l’existence d’un préjudice.
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Remarque : s’agissant des actes antérieurs, on applique le même régime
(article 464), mais la aussi il faut apporter la preuve du préjudice.
D – La fin de la curatelle
On trouve :
- Le décès
- L’amélioration
- L’aggravation
3ème Partie : Le droit de la famille
Il représente plus de 50% des contentieux de juridictions du premier
degré. Le particularisme du droit de la famille fait qu’on ne peut pas
réglementer la famille comme on réglemente un contrat et ce pour
plusieurs raisons :
Droit Civil Page 1 44
- La famille est un lieu de non droit : « dans la famille il y a de longs jours
de non droit, pour quelques instants de droit » (le doyen Jean
Carbonnier).
- La famille est au carrefour de plusieurs législations. A côté du droit
civil, il y a le droit fiscal, le droit social, le droit pénal, et le droit
administratif.
- La famille c’est une réalité sociale qui est en constante évolution : avec
la diminution du nombre des mariages et le développement corrélatif des
unions hors mariage ; avec l’augmentation du nombre des naissances hors
mariage et avec la diminution du taux de fécondité.
Face à ces bouleversements de la structure familiale, le législateur est
intervenu.
Exemples : 1966 : réforme de l’adoption ; 1970 : réforme de l’autorité
parentale ; 1972 : réforme du droit de la filiation ; 1975 : réforme du
divorce.
Droit Civil Page 1 45
Titre 1 : Les couples
Sous Titre 1 : La formation du couple
Chapitre 1 : Le concubinage
Bonaparte : « les concubins se désintéressent de la loi, la loi se
désintéresse d’eux ». Il aurait dit ca pour expliquer la non présence du
concubinage dans le CC de 1804.
Aujourd’hui de plus en plus de couples de concubin se sont constitués et
ont donc demandé à avoir une législation. Le législateur est intervenu
pour créer quelques règles applicables.
Section 1 : Définition du concubinage
§1 Définition jurisprudentielle
Si on prend la définition étymologique, ce sont « les gens qui couchent
ensemble ». Donc très vite, les juges ont exigé 3 conditions cumulatives
supplémentaires pour être défini comme concubin :
- Situation de cohabitation stable, il y a une idée de durée.
- Situation de cohabitation exclusive, on ne doit être en concubinage
avec qu’une seule personne à la fois.
- Ca doit être une cohabitation hétérosexuelle (Chambre sociale du 11
Juillet 1989 : Air France, dans ses statuts prévoit un avantage pour les
salariés d’AF. Ils peuvent bénéficier de places gratuites pour le conjoint
ou le concubin. Il s’agit d’un Stewart qui demanda la délivrance d’un
billet pour son concubin. La cour de cassation confirme l’avis d’AF). Du
coup le mouvement gay s’est développé, entrainant au final le PACS.
§2 Définition législative
Droit Civil Page 1 46
A – Approche ponctuelle
Elles ont été le fait d’un réalisme juridique qui concerne surtout le droit
fiscal et social. Le droit fiscal avantage les couples concubins tout comme
le droit social qui étudie la notion de personne à charge.
B – Définition générale
Loi du 15 Novembre 1999 : Article 515-8 « le concubinage est une union
de fait, caractérisée par une vie commune présentant un caractère de
stabilité et de continuité, entre 2 personnes, de sexe différent ou de
même sexe qui vivent en couple ». Les homosexuels peuvent être
considérés comme concubin donc le PACS ne sert à rien.
Section 2 : La situation juridique du couple de
concubin
§1 La situation des concubins entre eux
C’est une union de fait donc on ne peut appliquer les règles du PACS, ni
celles du mariage. Juridiquement, les concubins sont donc des étrangers
l’un à l’autre donc ils n’ont pas plus de relations que des étrangers.
A – Situation personnelle des concubins
1. Principe
Il n’y a pas de devoirs entre les concubins, pas de devoir de fidélité, de
contribuer à la charge de la vie commune, de cohabitation. En réalité, ce
qui distingue concubinage et mariage c’est la promesse du lendemain.
2. Atténuations
La cour de cassation a dégagé une jurisprudence qui tient en 2 actes :
- Le fait de quitter son concubin n’est pas fautif dans un concubinage
parce qu’il n’y avait pas de promesses d’avenir. Du coup la rupture du
concubinage est libre.
Droit Civil Page 1 47
- Si les circonstances de la rupture sont de natures à créer un préjudice
alors l’auteur de la rupture peut être condamné à des dommages et
intérêts (Arrêt de la 1ère chambre civile du 7 Avril 1998, il s’agit d’Aldo
M).
B – Situation patrimoniale des concubins
2 idées :
- Il n’y a pas de vocation successorale entre concubins : à la différence
des époux, les concubins ne sont pas héritiers l’un de l’autre. Si l’un des
concubins décède, ses biens seront généralement partagés entre ses
enfants.
La Cour de Cassation admet la validité des libéralités (donations et
testaments) entre concubins : les concubins peuvent se consentir des
donations ou des testaments. Mais intervient une considération fiscale
puisque les concubins sont des étrangers l’un à l’autre, le droit fiscal
applique à ses libéralités les droits applicables entre les étrangers (60%).
- Absence de régime matrimonial entre concubins : le régime matrimonial
est un effet du mariage, il a pour vocation de régler 2 types de
difficulté : qui est propriétaire de quoi ? Et il sert à régler une Q de
pouvoir : quels sont les pouvoirs dont les époux disposent sur leurs B ? Le
régime matrimonial a un autre intérêt, il permet de liquider et de
partager les B des époux en cas de séparation. Quand on partage une
communauté, il faut déterminer l’actif net, c a d ce qui reste une fois
qu’on a payé toutes les dettes.
En matière de concubinage, on n’a pas de régime matrimonial. Le
problème est donc de savoir comment partager les B des concubins. La
jurisprudence utilise 3 techniques :
1) Chaque concubin reprend les B qui lui appartiennent mais il faut qu’il
puisse prouver son droit de propriété. A défaut, les B sur lesquels il n’a
pas réussi à prouver sa propriété tombent en indivision (c a d une espèce
de copropriété mais sans indentification matériel de la part de chacun) ;
de même que les B que les concubins ont achetés ensemble. Les
Droit Civil Page 1 48
indivisions se partagent par moitié. Le problème est que généralement
quand on se sépare, cela veut dire que l’on ne s’entend plus.
2) Il existe une technique afin d’échapper à ce partage à égalité (on peut
se retrouver dans un cas où le concubin avait payé 80% des B mais n’a
aucun moyen de le prouver): la technique des sociétés crées de fait :
lorsque 2 personnes ont exercé une activité commune qui remplie 3
conditions (des apports en nature ou en industrie de la part de chacun,
une participation au résultat de l’activité, et l’affectio societatis
[l’intention de se comporter comme des associés, c a d de collaborer sur
un pied d’égalité]), on va considérer qu’en fait elles ont crées une
société. Ainsi, si ces 3 conditions sont remplies on va considérer que le
patrimoine de la société doit être partagé en proportion des apports.
3) Problème, si un des concubins a collaboré en tant que subordonné mais
bénévolement à l’activité professionnelle de l’autre. Il subit un préjudice
car il n’a pas été rémunéré. La Cour de Cassation admet que celui qui a
collaboré bénévolement peut invoquer la théorie de l’enrichissement sans
cause. Celle-ci permet d’obtenir des dommages et intérêts lorsque 3
conditions sont remplies : l’appauvrissement d’une personne au profit
d’une autre personne qui s’est enrichie, et l’absence de cause, c a d
l’absence de justification juridique. L’appauvrissement peut être vu
comme une absence de rémunération. De même, l’enrichissement peut
être pris en compte si on évite des dépenses.
§2 La situation des concubins à l’égard des 1/3
A – Le décès accidentel
L’un des concubins décède dans un accident, le survivant peut-il
demander des dommages et intérêts au responsable de l’accident ? Entre
époux, on a toujours admis que le survivant pourrait obtenir des
dommages et intérêts car le décès lui cause un préjudice (préjudice
matériel et moral).
Entre concubins, la jurisprudence exigeait la preuve d’un intérêt légitime
juridiquement protégé. Arrêt du 25 juillet 1937 : un homme richissime
meurt accidentellement et 17 concubines saisissent le juge pour obtenir
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réparation. Chaque concubine doit prouver qu’elle a été victime d’un
préjudice à la suite de la mort du défunt et qu’il y avait l’existence d’un
couple.
Arrêt dangereux, Cour de Cassation de 1970 : la Cour abandonne
l’existence d’un intérêt légitime juridiquement protégé mais certains
arrêts refusaient toute indemnisation en cas de concubinage homosexuel.
Aujourd’hui, avec la loi de 1999 qui a élargit la définition de concubinage
aux couples homosexuels, eux aussi devraient pouvoir obtenir réparation
de préjudice.
B – Le problème des contrats conclu avec les 1/3
En pratique, le problème est le suivant : quelles sont les garanties de
paiement dont dispose la personne ayant conclue un contrat avec un
concubin ? Exemples : un contrat de bail, si le locataire, un des concubins
(A), ne paye plus les loyers, dans quelles mesures le propriétaire (C)
peut-il agir sur l’autre concubin (B). Juridiquement, B ne doit rien. En
pratique, on peut exiger la double signature du bail et stipuler une clause
de solidarité pour le paiement du loyer.
Vocabulaire :
Il existe 2 sortes d’obligations :
- L’obligation conjointe : le débiteur conjoint ne doit que sa part de la
dette. Cela produit 2 conséquences : Ainsi, le créancier doit faire autant
d’action en justice qu’il y a de débiteur et le créancier supporte le risque
d’insolvabilité de l’un des débiteurs. Toutes les dettes sont conjointes
(exception de la solidarité, mais il faut qu’elle ait été stipulé).
- L’obligation solidaire : le créancier peut exiger de l’un des codébiteurs
le paiement de la totalité de la dette. Le créancier n’a pas à agir
plusieurs fois en justice, mais juste contre une personne et obtient d’elle
le paiement. Ce dernier (un des débiteurs, le solvens) à la possibilité de
faire des actions récursoires (sous forme d’obligation conjointe) pour
obtenir le paiement des autres débiteurs.
Droit Civil Page 1 50
Chapitre 2 : Le PACS (Pacte Civil de Solidarité)
Il a été crée par la loi du 15 Novembre 1999 puis reformé par une loi du
15 Juin 2006.
Sur l’année 2000, 75% des PACS étaient conclus entre personne de même
sexe. En 2008, 95% des PACS concernent des hétérosexuels.
Article 515-1 du CC et suivants : « Le PACS est un contrat conclu entre 2
personnes physiques majeures, de sexe différent ou de même sexe, pour
organiser leur vie commune ». Pour que le PACS soit valable, il faut que
toutes les conditions générales de validité des contrats soient remplies :
- l’incapacité
- le consentement
- l’objet
- la cause
Section 1 : La formation du PACS
Puisque c’est un échange, il faut un consentement. Mais quelles sont les
preuves de ce consentement ? :
- Le PACS est conclu sous la forme d’un acte sous seing privé.
- Les partenaires doivent déclarer leur PACS devant le greffier du TI du
lieu de leur résidence. La loi de 1999 prévoit que le greffier doit vérifier
les conditions de validité du PACS. Ensuite il doit inscrire le pacte sur un
registre et tamponner les 2 originaux en indiquant la date et pour finir les
rendre aux 2 parties.
Remarques : 1) L’objectif de cette publication est l’information des 1/3.
2) En cas de rupture du PACS et en cas de parallélisme des formes … Sur
ce point, la loi du 15 Juin 2006 a ajouté la motion de l’acte de naissance
de chaque partenaire dans l’article 515-3-1. Le CC prévoit que pour
Droit Civil Page 1 51
conclure un PACS il faut être ni marié, ni pacsé. Il existe des
empêchements pour conclure un PACS. Ca aboutit à une conséquence, il
semble bien qu’on retourne à une forme de cohabitation exclusive, par
cette exigence on retrouve une sorte de devoir de fidélité.
Section 2 : Les effets du PACS
§1 Pendant la vie commune
A – Entre les partenaires
a. Les effets personnels :
Quelles sont les obligations que le PACS impose aux partenaires ? On
prend comme point de comparaison les effets du mariage : devoir de
fidélité, d’assistance, et de cohabitation.
Concernant le devoir de fidélité, aucun texte du CC ne prévoit
d’obligation de fidélité entre les partenaires pacsés. Mais, la
jurisprudence a été confrontée à la question de l’infidélité de l’un des
deux partenaires. C’est le cas où l’1 des 2 demandait au Président du
TGI, statuant par voie d’ordonnance sur requête, l’autorisation de faire
constater l’adultère commis par l’autre. Le TGI de Lille statut le 5 juin
2002 et autorise la constatation de l’infidélité. Le problème, c’est que le
PACS ne requiert pas de devoir de fidélité. Le Président justifie donc sa
décision en disant que le PACS est un contrat, or les contrats doivent être
exécutés de bonne foi (devoir de loyauté) ainsi cela autorise la
constatation de l’infidélité (article 1134 alinéa 3). L’intérêt est que l’on
peut agir ensuite en résiliation du PACS aux tords exclusifs du partenaire
infidèle.
On retrouve aussi le devoir de cohabitation, dans l’article 515-4 « Les
partenaires liés par le PACS s’engagent à une communauté de vie » (23
juin 2006).
Le devoir d’assistance, de soutien moral du conjoint se retrouve lui aussi
dans le PACS, à travers l’article 515-4 alinéa 1 « … et à une assistance
réciproque ».
Droit Civil Page 1 52
b. Les effets patrimoniaux :
Dans le cas du PACS, il n’y a pas de régime patrimonial puisque celui-ci
est un effet du mariage. La loi du 15 novembre 1999 avait là-dessus une
position extravagante, ainsi l’ancien article 515-5 prévoyait que les
partenaires étaient soumis à l’indivision. L’indivision a l’inconvénient de
la lourdeur, ainsi toutes les décisions relatives aux B doivent être prises
d’un commun accord. La loi de 2006 a instauré le principe de séparation
des B (article 515-5). On a changé l’article car en 2006 on disposait de
statistiques qui démontraient que les pacsés ne mettaient pas leurs B en
commun.
Mais, à ce principe il y a une exception, c’est l’article 515-1 : ils peuvent
choisir le régime de l’indivision pour les B qu’ils ont acheté ensemble.
Il y a aussi une exception à l’exception, c a d que certains B ne
tomberont jamais dans l’indivision. Ce sont les biens énumérés par
l’article 515-5-2 : les deniers perçus à quelque titre que ce soit (cela vise
les salaires), les B créés et leurs accessoires (pour l’essentiel ce sont les
clientèles), les B à caractère personnel (ce sont, entre autres, tous les B
nécessaires à l’exercice de la profession), etc.
B – A l’égard des 1/3
On va retrouver le problème de garanti de paiement. L’article 515-4
alinéa 2 prévoit que chacun est tenu solidairement des dettes contractées
pour les besoins de la vie courante. On retrouve le même mécanisme que
pour les époux.
§2 La rupture
Le CC énumère en quelque sorte des situations qui vont entraîner la
rupture du PACS dans l’article 515-7 :
- Le décès.
- Le mariage : celui-ci entraîne des obligations différentes de celles du
PACS.
Droit Civil Page 1 53
- La mise sous tutelle : on retrouve l’idée que le PACS n’est pas ouvert
aux incapables.
- Les ruptures par acte de volonté :
° Rupture par volonté commune : une déclaration conjointe. Ils vont faire
un deuxième contrat mettant fin au PACS. Cette déclaration est
enregistrée par le greffier du TGI de leur résidence et depuis la loi de
2006, elle sera mentionnée sur l’acte de naissance.
° Rupture par volonté unilatéral : elle apparaît dans le 515-7 alinéa 5 « le
partenaire qui décide de mettre fin au PACS le fait signifier à l’autre, soit
par acte d’huissier, soit par lettre recommandée avec demande d’avis de
réception ». Ce qui est surprenant, c’est que ni le 515-7, ni les textes
suivants ne prévoient de garanties pour le partenaire qui a été congédié.
Du coup, cela abouti à une sorte de répudiation. En 1999, lorsque la loi a
été votée, les Paires de l’opposition ont saisi le ConCon en considérant
que cette disposition était contraire au principe d’égalité. Le Conseil a
écarté l’argument au motif que le partenaire abandonné peut demander
des dommages et intérêts. Cette décision date du 9 novembre 1999.
Ainsi, le ConCon prévoit un droit à la réparation, que la loi de 1999 ne
prévoyait pas. De plus, les articles 1382 et suivants ont pleine valeur
constitutionnelle.
Le PACS apparaît alors comme un régime intermédiaire.
Droit Civil Page 1 54
Chapitre 3 : Le mariage
Section 1 : La formation du mariage
Sous-section 1 : Les conditions de fond
§1 Les conditions positives
A – Les conditions d’aptitude physique
a. Une condition d’âge :
L’article 144 du CC, loi du 4 avril 2006 : pour se marier il faut avoir 18 ans
révolus. On a relevé l’âge du mariage afin d’éviter le mariage forcé.
b. Une condition de santé :
Il s’agit pour l’essentiel de santé physique. Cette condition apparaît dans
les textes sur l’état civil et particulièrement dans l’article 63 alinéa 2 qui
prévoit que les époux doivent remettre à l’officier d’état civil un
certificat médical qui atteste que les futurs époux ont été examinés par
un médecin en vu de leur mariage. Ici, s’est posé le problème suivant : le
médecin qui découvre chez l’un des futurs époux une maladie grave et
transmissible. A-t-il l’obligation d’en avertir l’autre ? Juridiquement non,
d’après le Code pénal et l’article 226-13 et 14 du CP relatif au secret
médical. Ca serait donc au malade d’en avertir son conjoint.
c. La différence de sexe :
Pour se marier il faut être de sexe différent. Mais on ne sait pas
exactement quel est le texte qui prévoit cette condition car en 1804 elle
paraissait évidente.
On cite habituellement l’article 144 du Code Civil relatif à l’âge nous dit
que « l’H et la F ne peuvent contracter le mariage avant 18 ans révolus ».
Droit Civil Page 1 55
Le véritable fondement se situe dans l’Instruction Générale Relative à
l’Etat Civil (IGREC) : c’est un texte qui s’adresse aux officiers d’état civil
où l’on voit expressément apparaître la différenciation de sexe.
Le contentieux, on le doit à Noël Mamère et à l’affaire du mariage de
Bègles : il a décidé d’unir par le mariage 2 H à la mairie car il estime
qu’il faut admettre le mariage de 2 personnes de même sexe. Cette
affaire a fait l’objet de 3 décisions de justice :
- Jugement du TGI de Bordeaux du 17 juillet 2004 : le Tribunal a annulé le
mariage au motif que le mariage suppose une différence de sexe.
- La CA de Bordeaux du 19 avril 2005 Dalloz 2005 p1687: La CA confirme la
décision du TGI.
- La Cour de Cassation statue le 13 mars 2007 Dalloz 2007 p1389 : La CC
rejette le pourvoi avec la motivation que selon la loi française, le
mariage est l’union d’un H et d’une F. La Cour ajoute qu’attendu que ce
principe n’est contredis par aucune des dispositions de la CEDH.
Remarque : Le ConCon reconnaît le principe d’égalité par catégorie ;
l’égalité n’impose par de reconnaître les mêmes droits à tout le monde
mais de reconnaître les mêmes droits aux personnes d’une même
catégorie.
B – La condition psychologique : le consentement
On voit cette condition apparaître dans l’article 146 du Code Civil : « Il
n’y a pas de mariage lorsqu’il n’y a point de consentement ».
a. La liberté du consentement :
L’idée est que les époux doivent rester libre de ne pas se marier jusqu’au
dernier moment, c a d jusqu’à la célébration. Ainsi, il faut qu’il ne puisse
pas s’engager avant la célébration. Cette idée produit 3 séries de
conséquences :
Droit Civil Page 1 56
- Les fiançailles : Dans l’ancien droit, on les appelait aussi « les
promesses de mariage ». Elles étaient un contrat juridiquement
obligatoire. Donc ceux qui s’y étaient engagés avaient l’obligation de
contracter un mariage. Ils engageaient leur responsabilité contractuelle.
En 1804, on a refusé tout caractère obligatoire aux fiançailles. Ainsi, la
rupture des fiançailles n’est pas une faute. La jurisprudence estime que
l’auteur de la rupture engage sa responsabilité délictuelle si les
circonstances sont de nature à créer un préjudice : la rupture à la veille
du mariage, la rupture à l’annonce de la grossesse. Remarque :
concernant les cadeaux, et notamment la bague. On applique l’article
1088 du CC qui prévoit que les donations faites en faveur du mariage sont
caduques si le mariage ne s’ensuit pas. Ainsi, cela entraîne l’obligation de
restitution. A ce principe il y a une exception : lorsque la rupture à un
caractère fautif de la part du fiancé, la jurisprudence décide que la
fiancée a le droit de conserver la bague, c’est un élément de son
indemnisation. Mais, il y a une exception à l’exception, c a d que même
en cas de faute, elle est obligée de restituer la bague si celle-ci constitue
un bijou de famille. La fiancée, dans ce cas, n’est est pas propriétaire, il
s’agit d’un prêt à l’usage.
- Le courtage matrimonial : C’est le contrat d’agence matrimonial. Dans
l’ancien droit, on considérait que le courtage matrimonial était nul pour
cause immorale. On considère aujourd’hui qu’il est valable mais il doit se
borner à rapprocher les candidats au mariage sans exercer une pression
sur leur volonté. Sur le fondement de cette jurisprudence (arrêt de
1944), les juridictions civiles se sont reconnues le droit de contrôler les
tarifs des agences matrimoniales.
- Les clauses de célibat ou de viduité : il arrive que certains actes
juridiques contiennent des clauses qui interdisent le mariage, notamment
les contrats de travail des hôtesses de l’air. Il peut aussi s’agir de clauses
interdisant le remariage, ce sont les clauses de viduité. On se demande si
ces clauses sont valables :
Droit Civil Page 1 57
° Qu’est ce qu’on aurait dû admettre ? On aurait dû admettre que cette
clause porte atteinte à la liberté de se marier, et que ceci porte atteinte
à des libertés fondamentales (CEDH).
° La jurisprudence fait une distinction. Dans les actes à titre onéreux (les
contrats de travail par exemple), la Cour de Cassation a posé un principe
selon lequel ces clauses sont nulles sauf si elles sont justifiées par « des
nécessités impérieuses tirées de la nature des fonctions ou de leur
condition d’exercice ». Cette exception a été posée par la Cour de
Cassation dans l’affaire Madame Roy, arrêt rendu par l’Assemblée
plénière le 19 mai 1978 Dalloz 78 p546 : c’est une institutrice, travaillant
dans un établissement privé d’enseignement catholique. Son contrat de
travail contient une clause de viduité, dans un cas particulier : le divorce.
Madame Roy divorce et se remarie. Elle fait donc l’objet d’une procédure
de licenciement. Elle saisi donc le juge car on lui reproche une faute dans
sa vie. La CA d’Aix en Provence considère que la clause est nul, et donc
licenciement abusif. L’établissement forme un pourvoi en Cassation,
celle-ci statue par un arrêt en Chambre mixte en 1975 et considère que la
clause est valable. Elle casse, et renvoi à la CA de Lyon qui statue en 1976
en décidant que la clause est nulle. L’Assemblée plénière considère que
la clause était valable par ce qu’elle était justifiée par la nature des
fonctions ou de leur condition d’exercice. Mais qu’est ce qui, dans la
nature des fonctions ou de leur condition d’exercice justifie la clause ?
Aujourd’hui on considère que la justification tient au caractère propre de
l’entreprise, qui est une entreprise de tendance, c a d une entreprise qui
s’est fixée une orientation particulière. On considère donc que
l’entreprise de tendance a le droit d’exiger de son personnel qu’il
respecte cette tendance.
Remarque : Lorsque la clause est insérée dans un acte à titre gratuit
(donation, testament) elle est valable sauf si elle est inspirée par des
motifs illégitimes. Affaire Jeanne Tranchant : c’est la maîtresse d’un H
marié et la femme légitime était au courant de l’infidélité de son mari.
Celle-ci était atteinte d’une très importante maladie et léguait la totalité
de ses B à celui-ci à condition qu’il ne se remarie pas avec Jeanne
Droit Civil Page 1 58
Tranchant. La Cour a annulé la clause en considérant qu’il s’agissait d’une
jalousie posthume.
S’agissant des actes à titre gratuit, on considère que l’atteinte à la
liberté est moins importante, car il suffira de rejeter la donation.
b. La réalité du consentement :
Le mariage simulé c’est un mariage qui est contracté sans intentions
matrimoniales, c a d que les 2 époux n’ont pas l’intention de s’unir
durablement mais se marient pour obtenir un avantage. Historiquement il
y a eu plusieurs avantages :
- Durant la 1ère G-M, le mariage avec une allemande faisait échapper à la
mobilisation de la guerre.
- Des considérations liées au lien de filiation. Par exemple, un H qui a eu
un enfant adultérin a pendant longtemps eu des droits successoraux
réduits. Sentant la fin arriver le père décide de se marier avec la mère de
son enfant afin que ce dernier puisse hériter. Cet intérêt est aujourd’hui
historique, puisque la loi du 29 décembre 2001 a égalisé les droits
successoraux des enfants. Une ordonnance du 4 juillet 2005 portant
réforme sur la filiation a même supprimé la notion d’enfant légitime,
naturel et adultérin.
- Concernant les étrangers en situation irrégulière. S’ils se marient avec
un français, 2 conséquences : 1) il fait obtenir un titre de séjour de 10
ans. 2) il permet d’obtenir la nationalité française. C’est désormais au CC
aux articles 21 et suivants sur la nationalité. Puisque le mariage entraîne
un devoir de cohabitation, il était logique d’accorder le titre de séjour à
l’époux étranger.
Ce mariage dépourvu d’intentions matrimoniales est-il valable ou pas ?
Cour de Cassation Arrêt Appietto du 20 novembre 1963 : Cet arrêt pose le
principe d’une distinction entre le mariage simulé qui est toujours nul, et
le mariage à effets limités qui est valable. La Cour de Cassation précise
que le mariage est simulé lorsque les époux ont cherché à obtenir un
résultat étranger à l’union matrimoniale, c a d un résultat accessoire, un
Droit Civil Page 1 59
résultat que l’on pourrait obtenir en utilisant une autre procédure
(exemples : le titre de séjour ou la nationalité sont des effets
accessoires).
Un mariage est à effets limités lorsque les époux voulaient obtenir un
effet spécifique du mariage, c a d un effet que seul le mariage permet
d’obtenir (exemple : la légitimité). Aujourd’hui, la catégorie des
mariages à effets limités n’a plus beaucoup de cas (dû à la loi sur la
filiation).
Les mariages simulés sont nuls pour absence de consentement (article 146
du CC). L’absence de consentement se distingue du vice de consentement
(article 180), il ne s’agit pas de la même nullité. L’absence de
consentement est sanctionnée par une nullité absolue du mariage, c a d
que tout individu peut faire annuler ce mariage pendant 30 ans ; alors
que le vice de consentement est une nullité relative.
c. L’absence de vice (article 180 alinéa 2 du CC) :
Pour être valable, le consentement au mariage ne doit pas être vicié.
Quelles sont les vices du consentement qui rendraient ce mariage nul ?
En droit général des contrats, il existe 3 types de vices de consentement :
la violence (ou la contrainte), l’erreur et le dol (c’est l’erreur qui est
provoquée par des manoeuvres frauduleuses, exemple d’un propriétaire
d’un vieux bâtiment qui n’arrive pas à vendre et créé une mise en scène
afin de vendre) :
- La violence : le mariage peut être annulé si le consentement de l’1 des
époux a été obtenu par des violences ou des menaces. En jurisprudence
on cite :
L’arrêt de la CA de Bastia rendu le 27 juin 1949 (réf CC sous l’article
180) : il s’agit de 2 jeunes gens qui se sont fréquentés un peu trop
assidument de sorte que la jeune fille est tombée enceinte. Le père de la
fille demande réparation, il veut que le garçon épouse sa fille et il va le
Droit Civil Page 1 60
contraindre par des menaces de mort à l’épouser. Ils arrivent séparément
à l’Eglise et repartent séparément. Le mariage a été déclaré nul.
Dans un jugement du TGI de Versailles du 25 avril 1979 : un jeune homme
est fiancé avec une fille et découvre quelques jours avant le mariage
qu’elle a une liaison. Il décide qu’il ne veut plus se marier mais ses
parents le force et il se mari donc sous la pression familiale. Un peu plus
tard il agit en nullité et le TGI le lui a accordé.
Arrêt de la CA de Colmar du 28 avril 2005 : un mariage arrangé par les
parents. Le CA a annulé le mariage.
- L’erreur : elle est visée par l’article 180 alinéa 2 qui distingue 2 types
d’erreurs. Cet article nous dit que s’il y a eu :
Erreur dans la personne : erreur sur l’identité physique, sur l’état civil.
Erreur sur les qualités essentielles de la personne : l’autre époux peut
demander la nullité du mariage. Mais le mariage s’accompagne toujours
de certaines désillusions. Si la simple erreur sur les qualités suffisait à
obtenir l’annulation, tous les mariages seraient annulés. La jurisprudence
limite ces annulations : pour que le mariage soit annulé, il faut que
l’erreur porte sur une qualité essentielle mais aussi que celle-ci ait été
déterminante du consentement. C’est une qualité sans laquelle on
n’aurait pas accepté le mariage. Problème : comment apprécier le
caractère déterminant de cette erreur ? La Cour de Cassation a limité les
risques d’annulation :
Il faut démontrer que l’erreur est déterminante in concreto: pour la
personne cette qualité était déterminante.
Et que l’erreur est déterminante in abstracto : la qualité qui fait défaut
est considéré comme déterminante par l’opinion commune ; ainsi a été
admise l’erreur sur la santé mentale, l’erreur sur le passé pénal,
l’aptitude aux relations sexuelle (la jurisprudence décide que la
dissimulation de l’impuissance est une cause de nullité alors que la
stérilité est elle admise), l’erreur sur les sentiments religieux.
Droit Civil Page 1 61
- Le dol : il n’est pas une cause de nullité du mariage. Loysel disait
qu’«en mariage qui trompe qui peut », c a d que pour se faire aimer
l’être humain a tendance à exagérer ses qualités et limiter ses défauts.
S’il n’est pas une cause de nullité, le dol facilite la preuve de l’erreur et
notamment du caractère déterminant de l’erreur.
§2 Les conditions négatives : l’absence d’empêchement
Il s’agit de situations dans lesquelles il ne faut pas se tromper.
Aujourd’hui il y a deux séries d’empêchements.
A – L’existence d’un mariage antérieur non dissous
L’empêchement de bigamie signifie que l’on ne peut pas se marier une
seconde fois si on est encore dans les liens d’un mariage antérieur.
Lorsque le précédent mariage est dissout ou bien par décès, ou bien par
jugement déclaratif de disparition, alors le remariage est possible.
Problème : le mariage des étrangers de statut personnel polygame. C’est
celui dont la loi nationale admet la polygamie. Depuis un arrêt Rivière de
1954 de la Cour de Cassation, la jurisprudence française fait une
distinction. Cet étranger ne peut pas contracter un 2ème mariage en
France. En revanche, l’étranger qui est valablement marié plusieurs fois
dans son pays d’origine peut faire reconnaître ce mariage en France.
Sur le plan pénal, la polygamie est un délit.
B – La parenté ou l’alliance à un degré prohibé
C’est l’interdiction de l’inceste. Le mariage est interdit aux personnes :
- En ligne directe : le mariage est interdit sans limitation de degré.
- En ligne collatéral : le mariage est interdit jusqu’au 3ème degré
inclusivement (c a d oncles et tantes avec neveux et nièces).
Remarques :
° En matière d’adoption, il existe aussi des empêchements. S’il s’agit
d’une adoption plénière, il y a les mêmes empêchements que pour la
Droit Civil Page 1 62
famille par le sang. En matière d’adoption simple, les empêchements
concernent le mariage entre l’adopté et l’adoptant, entre l’adoptant et
les enfants de l’adopté, entre l’adopté et le conjoint de l’adoptant,
entre l’adopté et les enfants de l’adoptant, et entre les enfants adoptés
par une même personne.
° L’article 164 du CC permet au PdR d’accorder une dispense
(autorisation de se marier) pour les empêchements en ligne collatérale.
C’est l’hypothèse des frères et soeurs par le sang ayant été placés dans
des familles d’accueil de sorte qu’ils ont passé toutes leurs enfances sans
se connaître et se retrouvent à l’âge adulte.
Sous-section 2 : La procédure de célébration
Code Civil articles 165 et suivants.
Section 2 : La sanction des conditions de validités
du mariage
§1 La sanction préventive
C’est l’opposition au mariage. Celle-ci est régit par les articles 172 et
suivants du CC. On est dans l’hypothèse où les proches des futurs époux
savent qu’une condition de validité du mariage fait défaut. Ils peuvent
donc empêcher la célébration en faisant opposition auprès de l’officier
d’Etat civil.
A – Les titulaires de l’opposition
Il s’agit d’abord des ascendants, ceux-ci peuvent faire opposition pour
n’importe quelle cause. Puis du conjoint qui ne peut faire opposition que
pour bigamie. Des collatéraux qui peuvent faire opposition pour trouble
mental. Et enfin du ministère public qui peut faire opposition pour
n’importe quel motif.
Droit Civil Page 1 63
B – Les cas dans lesquels on peut faire opposition
Il s’agit de l’absence de consentement, du vice de consentement, de la
bigamie, et de l’inceste.
C – Les effets de l’opposition
L’opposition empêche l’officier d’état civil de procéder à la célébration
du mariage.
Le mariage redevient possible dans 2 cas :
- Au bout d’1 an.
- La mainlevée de l’opposition qui doit être ordonnée par le TGI. Ici, le
tribunal va se prononcer sur les motifs d’opposition. Soit il estime que
l’opposition est injustifiée, soit qu’elle est réelle.
Remarque : la mainlevée soulève souvent des difficultés de preuve. Pas
tellement pour la bigamie ou pour l’inceste. Mais on a souvent des
difficultés en ce qui concerne la simulation. Dans un arrêt rendu par la CA
de Versailles le 15 juin 1990 Dalloz 1991 : il s’agit d’une jeune fille de
nationalité française qui est contactée par un étranger en situation
irrégulière, il lui propose le mariage et ils se mettent d’accord sur une
rémunération. Il est convenu entre eux qu’ils divorceront dans les 6 mois
à suivre. Les parents de la jeune fille font opposition et produisent des
témoignages, notamment la déclaration de la jeune fille. Cependant, les
futurs époux saisissent la TGI et la CA pour obtenir la mainlevée et
démontrer qu’ils avaient vraiment l’intention de se marier. Ils font valoir
qu’ils habitent ensembles et produisent de nouveaux témoignages comme
quoi ils étaient tombés amoureux.
§2 La sanction répressive
C’est l’hypothèse de l’annulation du mariage.
A – Les titulaires de l’annulation
Droit Civil Page 1 64
Si on est en présence d’une nullité absolue, cela concerne toutes les
personnes. Alors qu’en nullité relative seules les personnes concernées
peuvent agir en nullité.
B – Les cas de l’action en nullité
La nullité absolue :
- L’âge
- La bigamie
- L’inceste
- L’absence de consentement
- L’identité de sexe
- Le défaut de célébration : pas célébré par un officier d’état civil.
- La clandestinité : le mariage doit être célébré en public.
- L’incompétence de l’officier d’état civil : en principe seul le Maire (ou
un délégué) peut célébrer les mariages. Une affaire jugée par la Cour de
Cassation en 1883 met en cause un conseiller municipal ayant célébré des
mariages pendant 25 ans, jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’il n’avait
jamais reçu de délégation.
En nullité relative, seuls sont concernés les vices du consentement.
Remarque : la prescription de ces actions en nullité : pour la prescription
absolue, c’est un délai de 30 ans ; pour la nullité relative c’est un délai
de 5 ans.
C – Les effets de l’annulation
Le principe est que l’annulation du mariage est rétroactive, c a d qu’il
disparaît pour l’avenir mais aussi qu’il faut effacer les effets passés. On
en déduit que le régime matrimonial disparaît et que les intérêts
patrimoniaux et financiers des époux seront réglés comme en matière de
concubinage.
Droit Civil Page 1 65
Les limites : c’est la théorie du mariage putatif, c a d celui que l’on
croyait valable. Pour les enfants, l’annulation du mariage n’est pas
rétroactive, ils vont donc rester des enfants légitimes.
Pour les époux, s’ils sont de bonne foi (ignoraient la cause de nullité) on
écarte la clause de rétroactivité. Si seul l’un des époux est de mauvaise
foi, il perd tous les avantages que le régime matrimonial lui accordait.
Section 3 : Les effets du mariage
L’évolution historique s’est faite dans le sens d’une réduction constante
des prérogatives du mari et promotion corrélative de l’égalité entre les 2
époux.
Le CC de 1804 a repris la puissance maritale, l’article 213 prévoyait que
« le mari doit protection à sa F et que la F doit obéissance au mari ».
La loi du 18 février 1938 supprime l’incapacité de la F mariée. La loi du
22 septembre 1942 supprime la puissance maritale et réécrit l’article 213
en disant que « le mari est le chef de la famille ». Le véritable
renversement c’est la loi du 13 juillet 1965 sur les régimes matrimoniaux
qui donnent à la F 2 prérogatives :
Le droit d’exercer une profession séparée sans l’autorisation du mari ; la
femme a la libre disposition de ses salaires.
La loi du 4 juin 1970 fait disparaître la qualité de chef de famille, et
donne à l’article 213 sa rédaction actuelle. La loi du 23 décembre 1985 a
retiré au mari sa dernière prérogative, c a d l’administration de la
communauté.
Les effets du mariage sont d’ordre public, c a d qu’ils sont définis par le
Code de manière impérative. La conséquence est que les époux ne
peuvent pas décider d’écarter un ou des effets du mariage. Ces
engagements (choix de bigamie, de séparation à l’amiable) sont nuls et
de nullité absolue. Il n’y a que le juge qui puisse dispenser les époux des
devoirs qu’impose le mariage.
Droit Civil Page 1 66
Sous-section 1 : Les effets personnels du mariage
§1 Le devoir de fidélité
Ce devoir de fidélité interdit aux époux d’avoir des relations sexuelles
avec un 1/3. Mais 2 problèmes se posent :
- La sanction : l’impossibilité de l’exécution forcée car c’est incompatible
avec les libertés fondamentales. La seule sanction juridiquement
prononçable est le divorce pour faute (article 242).
- La durée : le devoir de fidélité commence à la célébration du mariage.
Pendant toute la procédure de divorce, le mariage demeure, et donc tous
ses effets demeurent aussi (dont le devoir de fidélité).
Le devoir de fidélité prend fin lorsque la décision qui prononce le divorce
devient définitive, c a d lorsqu’elle passe en force de chose jugée.
Qu’en est-il des fautes commises en cours de procédure ? Une fois la
requête mise en place, ils ont eu l’autorisation d’habiter séparément.
Approche juridique : l’adultère commis en cours de procédure reste une
faute. La Cour de Cassation rappelle ce principe depuis un arrêt de la
chambre civile 2ème du 3 mai 1995 : l’introduction d’une demande en
divorce ne confère pas aux époux encore dans les liens du mariage une
Droit Civil Page 1 67
immunité qui ferait disparaître les fautes. La conséquence c’est qu’il est
possible d’invoquer les fautes commises par le conjoint en cours de
procédure. Mais certains arrêts retiennent une solution opposée au motif
que le devoir de fidélité devient « nécessairement moins contraignant du
fait de la longueur de la procédure ».
§2 Le devoir de communauté de vie (art 215 alinéa 1)
On parle aussi du devoir de cohabitation. Il y a 2 difficultés.
A – Le contenu du devoir de cohabitation
Les époux doivent habiter ensemble, et concrètement cela signifie qu’ils
doivent avoir une résidence commune.
On considère que le devoir de cohabitation inclus les relations sexuelles
entre les époux. Si cela n’est pas indiqué dans le CC, la jurisprudence est
claire là-dessus.
En jurisprudence, une difficulté s’est posée : le problème du viol. Jusqu’à
un arrêt de 1984, la jurisprudence était assez libérale, les personnes qui
étaient poursuivies pour viol invoquaient le devoir conjugal. Le 17 juillet
1984, la chambre criminelle de la Cour de cassation (Dalloz 1985 p7)
écarte l’argument sur le devoir de cohabitation et elle condamne le viol
entre époux.
Mais on a aussi une difficulté de preuves, puisque le viol est défini comme
étant un acte de pénétration imposé, cela suppose l’absence de
consentement. Mais comment prouver cette absence de consentement ?
B – Le lieu du devoir de cohabitation
Avant 1975, c’est le mari qui choisissait seul le lieu de résidence de la
famille et la femme pouvait saisir le juge si elle estimait que ce choix
n’était pas satisfaisant.
La loi du 11 juillet 1975 a supprimé cette prééminence du mari. Le 215
alinéa 2 prévoit aujourd’hui que les époux doivent choisir d’un commun
accord la résidence de la famille. La difficulté est que la loi de 1975 a
Droit Civil Page 1 68
aussi supprimé le recours au juge en cas de désaccord. Aujourd’hui si les
époux ne parviennent pas à se mettre d’accord sur le choix de la
résidence, il n’y a plus la possibilité de recourir au juge et donc aucune
solution possible.
Concrètement, s’ils persistent à ne pas être d’accord sur le lieu de
résidence ils vont saisir le juge du divorce.
Pour transférer la résidence de la famille dans un autre lieu, il faut
l’accord des 2 époux. Cette règle est importante puisqu’en matière de
divorce, le juge compétent est celui de la résidence de la famille.
§3 Le devoir d’assistance
C’est un devoir de soutien moral que la loi impose aux époux. Il figure
dans l’article 212 du CC. Jean Marie Portalis disait que « le mariage est la
société de l’H et de la F qui s’unissent pour perpétuer leur espèce et pour
s’aider par des secours mutuels à porter le poids de la vie ». Mais
aujourd’hui la procréation n’est pas une condition de validité du mariage
[NB. Le mariage entre personnes âgées met de côté toute possibilité de
procréation. Le CC admet le mariage in extremis, c’est le mariage des
mourants ; il admet aussi le mariage posthume, si l’on rapporte la preuve
du consentement au mariage du défunt, cela vise le décès accidentel 2 ou
3 jours avant la célébration. Mais le mariage posthume n’entraîne pas de
vocation successorale pour le survivant].
§4 Le devoir de respect
Il a été ajouté à l’article 212 du CC par une loi du 4 avril 2006 afin de
lutter contre les violences conjugales. Cette loi n’apporte quasiment
aucune valeur ajoutée à la législation car le devoir de respect était déjà
inclus dans la théorie des devoirs innommés du mariage. Cette théorie
concerne les devoirs qui ne sont pas nommés dans le CC (les devoirs
nommés) mais que la jurisprudence considère que la violation est cause
de divorce. Ces devoirs innommés regroupent tous les comportements qui
Droit Civil Page 1 69
sont incompatibles avec l’état d’époux (frapper son conjoint, nuire à la
réputation de son conjoint).
La justification principale de l’adition de la notion de respect au CC est
l’effet symbolique de la loi.
Sous-section 2 : Les effets patrimoniaux du mariage
Ils sont au nombre de 4 : le régime matrimonial, la vocation successorale
(ces 2 aspects relèvent du programme de la 4ème année), la contribution
aux charges du mariage et le devoir de secours.
§1 La contribution aux charges du mariage
L’article 214 du CC prévoit que la vie en commun induit des dépenses de
vie commune et les 2 époux doivent participer à ses dépenses. A partir de
là, 3 difficultés se posent.
A – La notion de charge du mariage
Ce sont les dépenses de la vie commune. La jurisprudence a donnée une
liste des dépenses : les dépenses de nourriture, d’habillement, de
logement, de santé, de loisirs (Cour de cassation dans un arrêt de 1981).
B – Les modalités de contribution
Plusieurs précisions :
- Les 2 époux doivent contribuer aux charges du mariage.
- Pour cela, soit ils font la répartition dans le régime matrimonial soit ils
le font en proportion de leurs facultés respectives.
- Problème : que décider lorsque l’un des époux n’a pas d’activité
professionnelle rémunérée ? La Cour de cassation admet que l’époux en Q
contribue aux charges du mariage par son activité domestique. La
jurisprudence se veut protectrice de l’époux qui n’a pas d’activité
professionnelle rémunérée. Mais cela a pour conséquence que
régulièrement on a des arrêts qui prononcent le divorce pour faute avec
pour motivation la paresse ménagère de l’épouse.
Droit Civil Page 1 70
C – La sanction
Plusieurs précisions :
- L’absence de contribution aux charges est une faute.
- L’exécution forcée de ces charges est possible. L’un des époux peut
assigner l’autre aux charges du mariage, le juge s’il fait droit à sa
demande condamnera au versement d’une pension alimentaire qui est
susceptible d’une exécution forcée (saisie sur salaire).
- En jurisprudence, il y a un problème : celui de la séparation de fait (2
époux qui se séparent sans autorisation de justice). Dans ce cas là la
contribution aux charges subsiste-t-elle ?
° En théorie, elle subsiste car c’est un effet du mariage et en cas de
séparation de fait, le mariage demeure.
° En pratique, on a vu se présenter le cas dans lequel l’épouse est partie
s’installer avec son amant, sauf que ce dernier n’a pas d’activité
professionnel rémunérée. La femme assigne donc son mari à la
contribution aux charges du mariage. Certaines CA ont fait droit à cette
demande. La Cour de cassation est intervenue, dans un arrêt du 18
décembre 1978, pour dire que le refus de l’un des époux de cohabiter
avec son conjoint n’exclu pas qu’il puisse obtenir une contribution aux
charges du mariage s’il existe des motifs suffisant pour refuser une
reprise de vie commune.
§2 Le devoir de secours
C’est l’obligation de fournir à son conjoint le minimum vital. C’est
l’obligation alimentaire que le mariage créé entre les époux.
2 observations :
- Ce devoir alimentaire est prioritaire : cela veut dire que si l’un des
époux est dans le besoin, il doit assigner d’abord son conjoint. Ce n’est
que si le conjoint ne peut rien lui verser qu’il pourra assigner un autre
membre de sa famille.
Droit Civil Page 1 71
- En cas de séparation, le devoir prend la forme d’une pension
alimentaire.
Sous Titre 2 : La rupture du couple, les atteintes au lien matrimonial
Chapitre 1 : Le divorce
C’est la dissolution du mariage du vivant des époux. Cela s’oppose à la
dissolution pour cause de mort ou les jugements déclaratifs d’absence/de
disparition. A l’heure actuelle, il s’agit d’une dissolution judiciaire, seul
le juge peut prononcer le divorce. Ce caractère judicaire de la dissolution
est discuté aujourd’hui, discuté par les partisans du « divorce sans juge ».
Ces personnes considèrent que si l’on se mari à la mairie, on doit aussi
Droit Civil Page 1 72
pouvoir divorcer devant un officier d’état civil. Le législateur n’a pas
retenu cette solution parce que se démarier c’est beaucoup plus difficile
que de se marier, il faut donc un contrôle du juge. Du point de vue
juridique, au moment du divorce on doit résoudre des problèmes que l’on
n’avait pas auparavant (des enfants mineurs, un régime matrimonial). Un
projet de loi vise en ce moment même à instaurer une possibilité de
divorce sans juge dans les cas où les époux n’auraient pas d’argent, ni de
patrimoine à se partager.
Le droit romain autorisait le divorce mais non judiciaire. En droit français, avec le
développement de la doctrine catholique, le divorce est interdit. En 1792, le
législateur révolutionnaire rétablit le divorce et notamment le divorce pour
incompatibilité d’humeur devant l’officier d’état civil, ce qui s’est traduit par une
multiplication des divorces. Le CC de 1804 conserve le divorce mais le limite au
divorce pour faute. Au moment de la restauration, la religion catholique redevient
religion d’E donc le divorce est interdit jusqu’en 1884. En 1884 la loi Naquet
rétablit le divorce pour faute. La loi du 11 Juillet 1975 est le grand basculement,
elle poursuit plusieurs objectifs :
1) Elle élargit les cas de divorce.
2) On accélère dans le temps la procédure de divorce.
3) Elle favorise le règlement concerté des effets du divorce, elle incite les époux à
régler eux mêmes les conséquences du divorce notamment au moyen de
conventions.
La dernière réforme en date du 26 Mai 2004 poursuit 2 objectifs principaux : 1)
accélérer encore les procédures 2) supprimer les contentieux qui pouvaient
subsister avec le développement des conventions.
Section 1 : Les causes et la procédure de divorce
Qu’est ce qu’une cause de divorce ? C’est l’élément qui justifie le prononcé du
divorce.
Sous-section 1 : Les divorces par consentement mutuel
§1 Loi du 11 Juillet 1975
Droit Civil Page 1 73
Le consentement justifie le prononcé du divorce. Mais la loi de 1975
prévoit 2 types de consentements mutuels.
A – Le divorce sur requête conjointe
Prévue par les articles 229 et suivants, pour la loi de 1975 (p414).
Dans ce divorce, le consentement des époux est à la fois initial et total.
Initial signifie que dès le début de la procédure, les époux sont d’accords
pour divorcer et ils vont saisir le juge ensemble par une requête
conjointe. Total signifie que les époux règlent ensembles toutes les
conséquences de leur divorce et ils vont le faire au moyen d’une
convention de divorce.
Les conséquences du divorce :
- Entre les époux : Sur le plan personnel - disparition de toutes les
obligations personnelles du mariage, le problème du nom. Sur le plan
patrimonial - liquidation du régime patrimonial, pension ou prestation,
dommages et intérêts.
- A l’égard des enfants : ils devront se mettre d’accord sur la résidence,
sur l’exercice de l’autorité parentale, sur les droits de visite et sur les
pensions alimentaires.
Procédure : plusieurs étapes :
- La requête conjointe : elle est présentée au JAF qui va convoquer les
époux pour une tentative de conciliation et lors de cette tentative, les
époux doivent lui présenter un projet de convention définitive et une
convention provisoire.
- Si les époux refusent de se concilier, le juge rend une ordonnance de
non conciliation dans laquelle il va autoriser les époux à résider
séparément et dans laquelle il valide la convention provisoire.
Droit Civil Page 1 74
- La deuxième audience devant le juge : le juge devait :
° Demander aux époux s’ils confirmaient leur intention de divorcer.
° Prononcer le divorce sur requête conjointe et homologuer la convention
définitive si (ancien article 232) elle préservait suffisamment les intérêts
des époux et des enfants. Le juge exerçait donc un contrôle de la
convention mais il ne pouvait pas la modifier lui-même. En jurisprudence
s’est posée une difficulté : quel est le sort de la convention définitive
homologuée ? 2 éléments de réponse :
Remarque : La convention homologuée ne peut être modifiée que par une
nouvelle convention également soumise à une convocation. Exception :
les dispositions relatives à l’autorité parentale, aux droits de visite, aux
pensions alimentaires et à la prestation compensatoire sont toujours
révisables par le JAF. Problème : l’erreur d’évaluation d’un B ou
l’omission d’un B.
Exemple : 2 époux divorcent sous requête conjointe, le mari se
retrouvent avec une toile qui se trouve être celle d’un maître de la
Renaissance. Action en rescision pour lésion contre la convention
définitive homologuée. La Cour de cassation depuis un arrêt de la 2e
chambre civile du 6 mai 1987 Dalloz 1987 p358 écarte l’action en
rescision pour lésion. Elle retient deux arguments : l’article 232 alinéa 2
indique qu’il y a indivisibilité entre le prononcé du divorce et
l’homologation de la convention (il faudrait donc remettre en cause le
divorce). Et deuxième argument, la purge, c a d que le juge a contrôlé la
convention et si elle était déséquilibrée, il ne l’aurait pas homologué,
lorsqu’elle est homologuée elle est purgée de tous ses vices.
B – Le divorce sur demande acceptée (ancien article 233)
Le consentement est la cause. Mais ce consentement n’est ni initial, ni
total.
Droit Civil Page 1 75
Cela veut dire qu’un seul des époux veut divorcer et il va essayer
d’obtenir l’accord de l’autre.
Procédure : l’époux va saisir le JAF et doit présenter dans sa demande un
mémoire dans lequel il explique les raisons qui justifient le prononcé du
divorce. Dans le système de 1975, le juge transmettait ce mémoire à
l’autre époux qui pouvait soit accepter le mémoire (donc accord pour
divorcer), soit refuser le mémoire ou ne pas répondre et dans ce cas là,
la procédure s’arrêtait.
S’il avait accepté, le JAF recevait les époux :
- Il leur demandait de confirmer leur accord pour divorcer.
- Le juge prononçait le divorce et statuait sur les conséquences.
§2 La loi du 26 mai 2004
On observe un changement procédural :
- Dans le divorce accepté : on supprime l’échange de mémoire, ainsi
lorsqu’on a présenté une demande de divorce accepté, le juge va
convoquer l’autre époux à l’audience.
- Dans le divorce par consentement mutuel : on met en place le système
de l’audience unique afin d’accélérer la procédure. Cependant, arriver à
une convention définitive ça prend du temps, les avocats déposent leur
requête conjointe seulement après avoir un accord définitif. Le temps de
délai est donc avant la procédure.
Sous-section 2 : Le divorce pour faute
§1 La loi du 11 juillet 1975
LA CAUSE :
A – La notion de faute
2 articles : articles 242 et 243 du CC.
Droit Civil Page 1 76
L’article 242 : la loi de 1975 n’énumérait pas les faits constitutifs d’une
faute. Elle dresse un portrait robot de la faute : est une faute tout
comportement qui remplit les critères de l’article 242 du CC.
a. Les caractères de la faute :
Pour qu’il y ait faute, il doit y avoir des faits qui doivent être imputables
(c a d un fait que l’on peut reprocher à son conjoint. L’imputabilité
suppose deux conditions : la conscience et la volonté) à l’autre, ainsi
qu’une violation grave ou renouvelée des obligations du mariage. Ces
faits doivent rendre intolérable le maintien de la vie commune.
b. Le cas de l’adultère :
C’est une violation du devoir de fidélité, qui remplit les 4 conditions.
Dans la loi du 11 juillet 1975, l’adultère n’est plus une cause péremptoire
de divorce. C a d, une cause qui oblige le juge à prononcer le divorce.
Donc aujourd’hui, le juge a un pouvoir d’appréciation, il n’est pas obligé
de prononcer le divorce. Il pourra estimer que l’adultère est excusé par
le comportement du conjoint (réciprocité de la faute).
c. Le moment de la faute :
A quel moment la faute doit-elle se produire pour constituer une cause de
divorce ? Après la célébration du mariage, car c’est à ce moment là que
naissent les obligations et les devoirs relatifs au mariage.
Cela dure jusqu’à ce que la prononciation du divorce passe en force de
chose jugée.
Certaines décisions de jurisprudence sanctionnent par le divorce des
fautes commises avant la célébration du mariage : ces comportements
portent atteinte au devoir de loyauté qui doit exister entre les époux. On
parle ici de la dissimulation de l’état de santé psychique (troubles
mentaux). Arrêt de la 2e chambre civile de la Cour de cassation du 12 mai
1960. Arrêt de la CA de Rennes du 22 février 1978 Dalloz 1979 p210.
B – La preuve de la faute
Droit Civil Page 1 77
Les moyens de preuve : cette faute est un fait juridique (article 242) et à
partir de là, la preuve peut être rapportée par tout moyen. La preuve est
libre.
La Cour de cassation a admis, l’année dernière, la preuve par sms sous
réserve que l’expéditeur soit clairement identifiable.
La seule difficulté juridique à résoudre est celle du témoignage. L’article
205 du Code de procédure civil interdit d’entendre les descendants des
époux sur les fautes qu’ils invoquent. Cet article a été repris par l’article
259 alinéa 2 du CC. Le témoignage doit être écrit sous forme d’une
attestation. Plusieurs observations :
- Pourquoi cette interdiction ? Les enfants doivent être protégés de ce
contentieux.
- Quels descendants ? La jurisprudence l’applique aux enfants, aux
petitsenfants,
aux enfants d’un premier lit d’un des époux, aux conjoints des
descendants, aux concubins des descendants y compris lorsqu’ils se sont
séparés
- Une incertitude subsiste en jurisprudence, concernant les lettres :
° Les lettres écrites par l’enfant : c’est interdit car témoignage écrit de
l’enfant.
° Les lettres reçues par l’enfant : ici se pose une incertitude, certains
disent qu’elles ne peuvent pas être utilisé et d’autres que si (arrêt du 4
octobre 1990).
C – Les moyens de la défense
a. La réconciliation :
C’est une fin de non recevoir (c a d une contestation du droit d’agir, elle
paralyse le droit d’engager une action en justice).
Droit Civil Page 1 78
Si les époux se sont réconciliés, ils ne peuvent plus agir en divorce pour
les faits antérieurs à la réconciliation. On a ici l’idée du pardon.
Mais, l’article 244 du CC apporte une exception à cette règle : la
réconciliation n’excuse que les fautes que l’on connaissait. Dès lors
qu’une nouvelle faute apparaît, on pourra invoquer les autres fautes. La
faute postérieure fait revivre les fautes antérieures. La réconciliation n’a
plus lieu d’être.
On estime que dans la réconciliation il y a 2 éléments :
- Un élément matériel : la reprise de la vie commune.
- Un élément intentionnel : d’une part la volonté de pardonner et d’autre
part la volonté de respecter dans l’avenir les obligations du mariage.
b. La faute de l’autre :
Elle est envisagée par l’article 245 du CC :
- Alinéa 1 : La faute de l’autre n’est pas une fin de non recevoir. La faute
du demandeur ne l’empêche pas d’agir. C’est une défense au fond.
Alinéa 2 : Le demandeur agit en divorce pour les fautes du défendeur,
mais il se trouve que lui-même il a commis une faute. Les fautes qu’il a
commises peuvent enlever aux fautes commises par le défendeur toute
leur gravité. Le juge doit évaluer la gravité des fautes respectives et il
pourra évaluer si la faute de l’un est excusée par la faute de l’autre.
Dans ce cas, le divorce n’est pas prononcé. Le divorce ne peut être
prononcé que si les 2 parties le demandent. Le défendeur pourra
contrattaquer par le dole reconventionnel, si ses fautes s’annulent le
divorce sera prononcé aux torts du demandeur. La faute de l’un est
excusée quand elle a entraîné la faute de l’autre. Il faut qu’il y ait ce
lien de causalité. Si les fautes s’annulent respectivement le divorce sera
prononcé aux torts partagés.
- Alinéa 3 : Même en l’absence de dole reconventionnel, le juge va
pouvoir d’office relever la réciprocité des torts et prononcer le divorce
Droit Civil Page 1 79
aux torts partagés, et ce même en l’absence de demande
reconventionnelle.
LA PROCÉDURE :
Cela commence par une requête de l’un des époux. Ensuite, on est en
face de la tentative de conciliation. Si les époux ne se concilient pas, le
juge statuera sur les mesures provisoires.
Ensuite, les époux ont 6 mois pour assigner au fond dont le JAF est
compétent.
A partir de là, on arrive devant l’audience du juge qui va entendre le
demandeur et ensuite le défendeur et 2 possibilités se présentent à lui :
- Il prononce le divorce et doit statuer sur ses conséquences.
- Il refuse de prononcer le divorce car il estime que les fautes ne sont pas
suffisamment graves. Dans cette hypothèse, le mariage demeure, de ce
fait les devoirs et obligations du mariage demeurent aussi.
Concrètement, les époux doivent reprendre la vie commune. L’article 258
du CC permet au juge d’autoriser la résidence séparée des époux.
§2 Loi du 26 mai 2004
3 idées :
- La loi de 2004 a maintenu le divorce pour faute. Certains demandent la
suppression du divorce pour faute en soutenant que cela favoriserait la
discorde entre époux. Mais, si ce divorce n’existait plus, il en serait de
même pour les obligations du mariage.
- La loi de 2004 a réduit les avantages qui s’attachaient autrefois au
prononcé d’un divorce pour faute. On veut dissuader les époux d’utiliser
cette procédure.
- Cette loi a supprimé l’ancien article 243 (du 11 juillet 1975) : c’était la
dernière cause péremptoire du divorce. Cet article permettait d’obtenir
le divorce en cas de condamnation de l’un des époux à une peine
criminelle. On considérait que la condamnation pour un crime était une
Droit Civil Page 1 80
peine déshonorante. Ainsi, l’autre époux pouvait vouloir échapper à ce
déshonneur. Mais statistiquement, on ne relevait quasiment plus de
divorce sur le fondement de l’article 243.
Sous-section 3 : Le divorce pour rupture de la vie commune
§1 Loi du 11 juillet 1975
Le divorce était réglementé par les anciens articles 237 et suivants
(abrogés par la loi de 2004). Il y avait 2 causes de rupture de la vie
commune :
- La séparation de fait prolongée (ancien article 237) : la séparation avait
durée au moins 6 ans.
- La maladie mentale du conjoint (ancien article 238) : il faut que cette
altération des facultés mentales date d’au moins 6 ans.
Ces deux causes de divorce étaient particulièrement discutables car le
défendeur était ou bien un malade mental ou bien un époux abandonné
par son conjoint.
La loi de 1975 avait imposé au demandeur des contreparties très
importantes :
- Il devait prendre en charge tous les frais du divorce, y compris les frais
d’avocats de l’adversaire, les dépends (frais de justice).
- Il devait à son conjoint une pension alimentaire au titre du devoir de
secours. On estimait qu’une pension alimentaire c’est plus protecteur
qu’une prestation compensatoire, car celle-ci est à durée limitée, elle
repose sur l’état de besoin.
§2 Loi du 26 mai 2004
Elle a supprimé le divorce pour rupture de la vie commune et l’a
remplacé par le divorce pour l’altération définitive du lien conjugal
(nouveaux articles 237 et 238).
Droit Civil Page 1 81
Le divorce peut être demandé par l’un des époux lorsque le lien conjugal
est définitivement altéré (article 237). L’altération définitive du lien
conjugal résulte de la cessation de la communauté de vie entre les
époux, lorsqu’ils vivent séparés depuis au moins 2 ans. Ce délai de 2 ans
se compte au moment de l’assignation (article 238). On a réduit ce délai
en pensant aux couples jeunes qui souhaiteraient refaire leur vie.
Une circulaire est venue préciser que le juge ne dispose d’aucun pouvoir
d’appréciation dans cette procédure de divorce. Dès lors que le délai de
2 ans est acquis au jour de l’assignation, le juge a l’obligation de
prononcer le divorce. C’est une renaissance de la cause péremptoire.
Une difficulté se pose en pratique : l’un des époux veut divorcer, l’autre
non. Celui qui ne veut pas divorcer peut-il, par la suite, agir en divorce
pour faute (due à la séparation)? A priori oui. Seulement, certains
magistrats disent qu’il n’y a jamais de faute dans l’exercice d’un droit, or
la loi de 2004 autorise la prononciation du divorce si rupture de la vie
commune.
Ce divorce pour altération définitive du lien conjugal revient à une
rupture unilatérale du mariage sans aucune compensation pour l’époux
abandonné.
Section 2 : Les effets du divorce
Sous-section 1 : Les effets du divorce entre les époux
§1 La date des effets du divorce
Cette date n’est pas la même qu’il s’agisse :
- Des effets personnels : l’article 260 dispose que les effets personnels
disparaissent à la date à laquelle la décision passe en force de chose
jugée c a d qu’elle n’est plus susceptible d’une voie de recours d’appel).
- Des effets patrimoniaux : l’article 262-1 dispose que si le divorce est
prononcé par consentement mutuel, alors les effets patrimoniaux
disparaissent à la date de l’homologation (assignation et audience, c a d
quand le divorce est officiel) de la convention qui règle les conséquences
Droit Civil Page 1 82
du divorce. Dans les autres cas, le divorce prend effet à la date de
l’ordonnance de non conciliation. Et ceci pour éviter que ne tombent en
communauté les B que les époux ont achetés alors qu’ils sont déjà
séparés. Le dernier alinéa du 262-1 prévoit la possibilité de faire
remonter la date des effets patrimoniaux de la séparation encore plus
loin. Ainsi, à la demande de l’un des époux le juge peut fixer la
séparation des effets patrimoniaux à la date à laquelle ils ont cessé de
cohabiter et de collaborer.
§2 Les effets personnels du divorce entre les époux
C’est la disparition du devoir de cohabitation, du devoir d’assistance et
du devoir de fidélité.
A partir de là, chacun des époux peut se remarier. La loi de 2004 a
supprimé le délai de viduité délai de 300 jours que la femme devait
attendre avant de se remarier, et ce afin d’éviter les confusions de
paternité. Aujourd’hui, il suffit d’apporter un certificat médical prouvant
qu’elle n’est pas enceinte.
Le nom (cf. article 264 du CC).
§3 Les effets patrimoniaux du divorce entre les époux
A – Les règlements pécuniaires entre les époux : la prestation
compensatoire
Avant 1975, l’époux qui avait les ressources les plus fortes pouvait être
condamnés à verser une pension alimentaire à l’autre époux si il était
dans le besoin (= si il ne pouvait pas subvenir à sa subsistance avec ses
seuls revenus). Or la pension alimentaire est toujours révisable pour tenir
compte de l’évolution des besoins du créancier et du coup cela entrainait
en matière de divorce un contentieux à retardement. Mais plus de 50 %
des pensions alimentaires n’étaient pas payé en totalité ou en partie. De
plus, la pension alimentaire disparaissait en cas de remariage, du coup
certaines créancières préféraient vivre en concubinage pour ne pas
perdre la pension.
Droit Civil Page 1 83
La loi de 1975 a voulu supprimer le contentieux de la pension alimentaire
donc on a inventé la prestation compensatoire mais il fallait lui donner un
autre fondement. La prestation compensatoire vise à réparer un
préjudice, c’est désormais un fondement indemnitaire et non plus
alimentaire. Le préjudice étant la disparition des devoirs patrimoniaux du
mariage qui conduit à une perte de train de vie (devoir de secours et
contribution aux charge du mariage). La contribution aux charges du
mariage permet à celui des 2 qui a les revenus les plus faibles de profiter
des revenus de l’autre. Désormais, les 2 époux doivent dès lors vivre avec
leurs revenus respectifs ===> perte de train de vie.
a. Evaluation :
C’est un préjudice, il faut donc l’évaluer. Mais comment ?
C’est à l’appréciation souveraine du juge du fond. Le juge doit mettre en
oeuvre certains critères qui figurent dans l’article 271 « il faut tenir
compte de la situation au moment du divorce et de l’évolution dans
l’avenir prévisible. Le juge prend en considération notamment la durée
du mariage, l’âge et l’état de Santé des époux … ».
b. Versement :
Pour éviter les contentieux à retardement, le CC prévoit « que la
prestation doit être versée sous forme d’un capital (donc en principe en
une seule fois)». Pour tenir compte de la réalité, le CC prévoit des
atténuations :
- Article 214 ===> ce capital, on peut le verser sous la forme d’une
somme d’argent, de l’attribution d’un B en propriété.
- Article 275 ===> paiement fractionné du capital sur une période de 8
ans (Article 275 alinéa 2, on peut augmenter cette période de 1 ou 2
ans). Au bout de la durée fixée par le juge, le versement prend fin.
- Article 276 ===> paiement sous forme viagère. Le juge peut donc, à
titre exceptionnel, dans le cas d’un époux âgé, très malade ou
handicapé, autoriser le versement sous forme d’une rente viagères (qui
va durer jusqu’au décès du créancier).
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c. Révision :
Principe, la prestation compensatoire est forfaitaire, c a d qu’elle ne
peut pas être révisée.
Droit Civil Page 1 85
2 Exceptions :
- Lorsque le versement s’étale dans le temps, la prestation
compensatoire est indexée (l’indexation, c’est la révision d’une somme
d’argent en fonction de la variation d’un indice de référence). Pour le
règlement sur 8 ans, la règle de l’indexation est fixée par le 275 alinéa 1
et pour la rente viagère c’est le 276-1.
- Les ex époux peuvent demander la révision « en cas de changement
important de leur situation financière » (275 alinéa 2 pour le règlement
sur 8 ans et 276-3 pour la rente viagère). La cour de cassation estime que
la perte d’emploi, l’accident de santé sont des changements importants.
Le problème s’est posé pour le départ à la retraite, la cour de cassation
refuse de l’admettre comme un changement important (Article 271 ===>
la retraite était prévisible donc le juge ne le prend pas en considération).
d. Le sort en cas de décès :
En cas de décès du créancier, la prestation compensatoire s’arrête.
Le problème s’est posé pour le décès du débiteur : La loi de 1975
prévoyait que la charge passait à ses héritiers vu que lorsqu’on hérite, on
hérite du passif et de l’actif. Elle a été contestée par les héritiers qui
estimaient qu’ils ne leur appartenaient pas de payer pour l’ancien
conjoint de leur père ou de leur mère. Le législateur a donc modifié ce
système avec la loi du 26 Mai 2004, le système a été modifié par l’article
280 : à la mort de l’époux débiteur, la prestation est prélevée sur la
succession. Désormais, les héritiers ne sont plus personnellement tenus
de la dette, ils ne sont plus tenus sur leurs B personnels. La prestation va
être prélevée sur l’actif successoral. Si il n’y a pas suffisamment d’actif
sur la succession, il n’y a plus de prestation. Cette reforme va à
l’encontre du créancier vu qu’il peut perdre sa compensation.
e. Le sort en cas de remariage :
Le remariage du créancier ne produit aucun effet sur la prestation
compensatoire donc elle continue à être versée.
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B – Les dommages et intérêts
Il y a un contentieux important à cause de l’article 266 du CC. Celui-ci
nous dit que sans préjudice de l’application de l’article 270, des
dommages et intérêts peuvent être accordés à un époux en réparation
des conséquences d’un préjudice d’une particulière gravité qu’il subit du
fait de la dissolution du mariage. Peut demander les dommages et
intérêts, l’époux qui était défendeur dans un divorce pour altération de
la vie conjugale ou demandeur dans un divorce prononcé pour faute aux
torts exclusifs du conjoint.
Problème : le divorce prononcé aux torts exclusifs de Mr qui a été infidèle
ou pour violence conjugale. La Cour de cassation casse, car ces décisions
ne relèvent pas de l’article 266. Le préjudice n’est pas causé du fait de la
dissolution.
Les dommages et intérêts peuvent aussi être fondés sur l’article 1382.
Sous-section 2 : Les effets du divorce à l’égard des enfants
L’époux avec lequel les enfants ne résident plus est tenu de verser une
pension alimentaire correspondant au besoin de l’enfant. Cette pension
alimentaire est toujours révisable et elle peut se poursuivre au delà de la
majorité dans 2 cas :
1)Enfant handicapé ou malade.
2)Enfant qui poursuit ses études supérieures.
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Chapitre 2 : La séparation de corps
C’est une décision judiciaire qui ne met pas fin au mariage mais entraine
la suspension du devoir de cohabitation. S’agissant des causes et de la
procédure, ce sont les mêmes qu’en matière de divorce (Article 296).
Section 1 : Les effets de la séparation de corps
§1 Les effets personnels
Article 299 : « Disparition du devoir de cohabitation ». Le juge doit
statuer sur la résidence et si il y a des enfants, il doit fixer l’exercice de
l’autorité parentale, la résidence et les visite comme en matière de
divorce. Mais subsistance de tous les devoirs personnels du mariage =
devoir d’assistance, devoir de fidélité.
§2 Les effets patrimoniaux
L’article 302 prévoit que le jugement de la séparation de corps entraine
toujours la séparation de B, c a d qu’il y aura un changement de régime
matrimonial. Le devoir de secours et la contribution aux charges
subsistent mais ils prennent la forme d’une pension alimentaire. Il y a
aussi un maintien de la succession successorale entre les époux.
Section 2 : La fin de la séparation de corps
Hypothèses :
- Le décès.
- La réconciliation.
- Le divorce indépendant : Le plus souvent, c’est un divorce pour faute en
raison de l’inexécution des obligations du mariage qui subsistaient.
- Article 306 qui prévoit un divorce par conversion de la séparation de
corps : Cette conversion est possible au bout de 2 années, elle est de
plein droit. Ce divorce sera prononcé pour la même cause que pour la
séparation de corps.
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Titre 2 : Les enfants
Sous-titre 1 : Le rattachement de l’enfant à sa famille, étude du droit de
la filiation
1) Définitions :
La filiation légitime : Filiation de l’enfant qui nait de 2 personnes mariées
ensembles.
La filiation naturelle : Filiation de l’enfant qui nait de 2 personnes non
mariées ensembles.
Enfant naturel simple lorsque les 2 parents sont célibataires.
Enfant adultérin lorsque l’un des parents ou les 2 sont mariés avec un
1/3.
Enfant incestueux : Lorsque le mariage des parents est juridiquement
impossible pour cause d’empêchement.
La filiation adoptive : C’est celle qui résulte d’un jugement.
L’ordonnance du 4 Juillet 2005 qui a reformé le droit de la filiation ne fait
plus de différence entre les enfants selon qu’ils sont ou non exclus du
mariage.
2) Aperçu historique du droit de la filiation :
On est passé d’une supériorité de la filiation légitime à une égalité totale
des filiations quelle que soit leur nature.
Dans l’ancien droit, sous l’influence de l’église catholique la filiation qui
domine est la filiation légitime et c’est d’ailleurs la seule qui donne des
droits successoraux entiers par opposition à la filiation hors mariage dans
laquelle selon les coutumes on admet tout au plus des droits
alimentaires.
Le droit intermédiaire renverse totalement les choses parce qu’on vient
de proclamer l’égalité de tous les citoyens donc de tous les enfants,
notamment sur le plan successoral. Ce principe va se révéler
Droit Civil Page 1 89
catastrophique sur le plan pratique. En 1789, on est dans une société
essentiellement agricole qui vit sur des petites exploitations. L’égalité
successorale faisait que les enfants se partageaient les terres à égalité
===> désordre économique ===> CC de 1804 reprend la supériorité de la
filiation légitime mais l’enfant naturel simple peut être reconnu mais il a
des droits successoraux réduits puisqu’il ne peut obtenir qu’une demie
part des enfants légitimes. Quant à l’enfant adultérin, il ne peut pas être
reconnu parce que l’on estime que c’est une filiation qui est contraire à
l’ordre public.
Le législateur est intervenu en 1955 pour donner à l’enfant adultérin des
droits alimentaires.
Loi du 3 Janvier 1972 poursuit comme objectif de promouvoir l’égalité
des filiations, elle donne à l’enfant naturel simple les mêmes droits qu’à
l’enfant légitime. On donne à l’enfant adultérin la possibilité d’avoir une
filiation établie mais ses droits successoraux sont la moitié de ce qu’il
aurait eu si il avait été légitime.
Ordonnance du 4 Juillet 2005 a fait l’objet d’une loi de ratification du 18
Janvier 2009. Elle met en place une égalité quasiment totale entre les
filiations. L’enfant adultérin a les mêmes droits successoraux qu’un
enfant légitime. Seule précision, dans le cas de l’enfant incestueux, celui
ci ne peut avoir qu’un seul lien de filiation établi (Article 310-2).
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Chapitre 1 : Règles générales relatives à la filiation
Section 1 : Les présomptions relatives à la filiation
La filiation d’un enfant repose sur deux liens, il faut un rattachement à la
mère et au père. Le rattachement à la mère ne fait pas l’objet d’une
présomption, il s’établit par l’accouchement. L’accouchement c’est un
fait juridique établit par un certificat d’accouchement et un acte d’état
civil.
En revanche, la paternité fait l’objet de présomptions. L’ordonnance de
2005 n’a pas supprimé ces présomptions car elles sont le plus souvent
vraies. Désormais ce sont des présomptions simples. Trois présomptions :
la présomption de l’article 312, la présomption relative à la durée de la
grossesse et la présomption relative à la date de la conception.
§1 La présomption relative à la durée de la grossesse (article 311 alinéa
1)
La loi présume que l’enfant a été conçu pendant la période qui s’étend
du 300e au 180e jour avant la naissance.
§2 La présomption relative à la durée de la grossesse et la présomption
relative à la date de la conception
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Dans le 311 al 2 : la conception est présumée avoir eu lieu à un moment
quelconque de cette période de 120 jours, suivant ce qui est demandé
dans l’intérêt de l’enfant. Ainsi le Code prévoit que l’on peut choisir la
date de la conception de l’enfant. Le 311 dernier alinéa prévoit que la
preuve contraire est possible.
Section 2 : La possession d’état
Elle s’établit par un ensemble de fait qui réveil le lien de filiation entre
une personne est une famille.
§1 La notion de possession d’état
La possession d’état c’est le nomen (nom) tractatus (le traitement) fama
(réputation). C’est donc deux personnes de même nom qui vont se
traiter comme père et fils et que les tiers vont considérer comme tel.
La possession d’état doit être :
- Continue : elle n’est donc révélatrice que si elle s’inscrit dans la durée
(qui est de l’appréciation souveraine des juges)
- Exempte de vice : pour être crédible, la possession d’état doit être
sincère, pas être vicié par la violence.
§2 Le rôle de la possession d’état
Code 1804 La possession avait un rôle de preuve subsidiaire = Elle servait
à prouver ce lien de filiation en cas de perte ou de destruction des actes
de l’état civil.
Loi 25 juin 1982 La possession d’état est un mode d’établissement du lien
de filiation. Etablissement = Constatation par le droit du lien de filiation.
A chaque fois qu’il existe une possession d’état entre un adulte et un
enfant, cela établit le lien de filiation : Cet adulte devient le père ou la
mère de cet enfant alors même qu’il n’y a pas eu reconnaissance.
Effet pervers dans cette évolution : Risque de multiplication des conflits
de filiation. Conflit de filiation = Existence sur un même enfant de 2 liens
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de filiation contradictoires (2 maternités ou 2 paternités). Le simple fait
de s’occuper d’un fait établit un lien de filiation.
§3 La preuve de la possession d’état
Fait juridique : Preuve libre
Mais obligation : Acte de notoriété = Acte délivré par le juge des tutelles
sur déclaration de plusieurs témoins. Article 71 CC = Déclaration de 3
témoins.
Difficulté : Calculs successoraux.
L’acte de notoriété est délivré sans vérification de l’exactitude de la
possession d’état.
La Cour de cassation décide que l’acte fait foi jusqu’à preuve contraire :
Création d’une présomption simple de lien de filiation.
Section 3 : Les actions relatives à la filiation
- Compétence exclusive du TGI = Le TGI est une juridiction collégiale.
- La preuve = En principe, preuve libre. Cour de cassation, 1ère CC 28
mars 2000 N°103 = L’expertise biologique est de droit en matière de
filiation ! Sans élément de preuve. Or, en droit commun, le
demandeur a la charge de la preuve. Souci de simplification mais
contraire aux droits généraux du droit de la preuve. L’expertise permet
l’identification de gènes, pas d’un père ou une mère.
- Les titulaires = Le lien de filiation touche à l’intimité. Il permet
l’identité. Les actions sont donc personnelles.
Dérogations :
° S’agissant des enfants mineurs, l’action peut être engagée par les
représentants légaux.
° Les héritiers peuvent poursuivre l’action engagée par leur auteur.
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° Les héritiers peuvent engager l’action s’ils sont encore dans les délais
d’exercice.
Chapitre 2 : L’établissement du lien de filiation
Section 1 : Etablissement non contentieux du lien
de filiation
En dehors de tout procès. Article 310-1 CC : 3 modes d’établissement non
contentieux
§1 La reconnaissance volontaire :
Article 316 CC:
- Mode d’établissement de la filiation hors mariage.
- Déclaration solennelle de paternité ou de maternité devant l’officier
d’état civil.
- Conditions de forme :
° Acte authentique : Acte d’état civil
° Acte notarié.
- La reconnaissance contenue dans un acte sous-seing privé ou dans un
écrit domestique n’a aucun effet juridique.
Conditions de fond :
- Capacité minimum.
- Possibilité par un mineur.
- Pas d’exigence de date. Avant ou après la naissance. Reconnaissance
prénatale = A l’instant même de la naissance, le lien de filiation est
établi : pas de vide.
- Il faut que la filiation soit vraisemblable. Il faut un écart d’âge suffisant
entre l’auteur de la reconnaissance et l’enfant concerné.
- Il n’y a pas de contrôle de véracité de la reconnaissance. Le lien de
filiation est établi et considéré comme véritable. La reconnaissance peut
ensuite faire l’objet d’une action en contestation.
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- Divisibilité = La reconnaissance ne produit son effet qu’à l’égard de son
auteur. On ne peut pas déduire la maternité de la paternité.
- Mais lorsque les parents sont mariés : Filiation indivisible.
§2 La possession d’état
Article 317 CC alinéa 3 : 5 ans pour se faire délivrer l’acte de notoriété.
Au delà des 5 ans : Action en justice devant le TGI pour faire constater sa
possession d’état.
§3 L’établissement par l’effet de la loi
Etablissement automatique = Etablissement intervenant sans
reconnaissance ou sans possession d’état.
A – La maternité
Article 311-25 CC.
Dès lors que le nom de la mère est indiqué dan l’acte de naissance de
l’enfant, la filiation maternelle est établie automatiquement. Cela
existait déjà pour les femmes mariées. Il est étendu aux femmes non
mariées. L’indication du nom de la mère dans l’acte de naissance n’est
pas obligatoire. Si elle a annoté son nom, le lien de filiation est établi
automatiquement. Mais s’il n’y est pas, il n’y a pas reconnaissance.
Article 326 CC = Accouchement sous X.
La loi garantit alors à la mère le secret.
Le lien de filiation ne peut pas être établi à l’égard de la mère.
Pour la satisfaction des enfants nés sous X : Conseil national d’accès aux
origines personnelles. Demande, enquête, mère contactée & informée,
décision de la mère.
Loi de ratification de l’ordonnance 16 janvier 2009 = L’enfant qui a
retrouvé sa mère peut engager une action en recherche de maternité.
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B – La paternité
Etablissement automatique = Article 312 CC Présomption de paternité.
Cela suppose le mariage.
Cet article ne peut s’appliquer que si la mère est connue & qu’elle est
connue. La présomption de paternité est véritable à 85%.
Article 313 CC = 2 cas d’exclusion de la présomption de paternité
L’acte de naissance ne désigne pas le mari.
Ecartée en cas de procédure de divorce et de séparation de corps à La
paternité du mari est douteuse. La présomption de paternité apparaît 180
jours après et disparaît toujours 300 jours après le divorce.
Section 2 : Etablissement contentieux du lien de
filiation
§1 Les principes communs aux actions relatives à l’établissement de la
filiation
Article 320 CC - Principe chronologique = Tant qu’une filiation est établie,
elle fait obstacle à l’établissement d’une autre filiation qui la
contredirait. Il faut d’abord contester la 1ère filiation pour pouvoir
ensuite établir la 2nde.
Article 321 CC - Prescription = Les actions relatives à la filiation se
prescrivent par 10 ans SAUF délai plus cours. Le délai est suspendu
pendant la minorité de l’enfant.
Articles 325 & 327 CC - Titulaires = L’action en recherche appartient à
l’enfant et à l’administrateur légal pendant la minorité.
Pour les actions en contestation, il faut ajouter l’autre parent ou celui
qui se retend le parent véritable.
Très peu d’actions de filiation sont librement ouvertes à toute personne
intéressée.
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§2 Les différentes actions en établissement de la filiation
A – L’action en recherche :
- La maternité :
Double preuve :
1) Accouchement = Fait juridique à Preuve libre (témoignages, certificat)
2) Identité de l’enfant = Bien l’enfant auquel la mère a donné naissance.
- La paternité :
Par expertise génétique : de droit.
Le refus de participer aux opérations d’expertise : Le juge est libre
d’interpréter le refus de participer aux opérations d’expertise comme un
aveu de paternité.
B – L’action en rétablissement de la présomption de paternité
Article 329 CC = Cas dans lesquels la présomption de paternité est
écartée. Rétablie en prouvant que le mari est le père.
C – L’action en constatation de la possession d’état :
On intègre dans un code un dispositif qui était déjà admis par la
jurisprudence. On ne modifie pas les règles de fond. Cette action en
constatation de la possession d’état a été admise à la suite de la loi du 25
juin 1982. Avec la réforme de 2005 cette action est consacrée dans
l’article 330 qui appelle 3 dispositions :
1) Constatation de la possession d’état en dehors de tout acte de
notoriété.
2) Titulaires de cette action en constatation : toute personne qui est
intéressé. Cela contredit le fait que les articles relatifs à la filiation sont
personnels et réservés à un certain nombre de personnes. Explication : ne
pas avoir de filiation établie est forcément un handicap, donc on va
ouvrir largement cette action pour diminuer les gènes de l’enfant.
3) Le délai pour agir en action de constatation de la possession d’état :
c’est un délai de 10 ans.
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Chapitre 3 : La contestation du lien de filiation établi
On a essayé d’unifier les actions en contestation car dans le droit
antérieur le Code prévoyait deux actions et la jurisprudence en avait
ajouté une bonne dizaine d’autres. Aujourd’hui, dans les actions en
contestation il existe deux catégories.
Section 1 : Les actions en contestation du lien de
filiation
A – Des conditions de fond
a. Une action en contestation de la maternité :
° Pour que l’action aboutisse il faut démontrer que la mère n’a pas
accouché. Ces exigences sont retrouvées dans l’article 332.
° L’expertise biologique peut aussi être utilisée dans ce cas de figure.
b. Une action en contestation de la paternité :
Article 332 al 2 : la paternité peut être contestée en rapportant la preuve
Droit Civil Page 1 98
de la non paternité. On retrouve ici le droit à l’expertise sanguine ou
génétique.
B – Des conditions de forme
Ce sont les mêmes conditions de forme pour la contestation de la
maternité ou de la paternité. L’ordonnance distingue deux hypothèses :
En présence d’une possession d’état – article 333 : L’idée est que l’action
est plus difficile à engager. Peuvent seuls agir l’enfant, l’un des parents
ou celui qui se prétend le parent véritable. L’action se prescrit en 5 ans à
compter de la cessation de la possession d’état ou bien du décès de celui
dont la possession est attaquée.
En l’absence d’une possession d’état – article 334 : l’action est ouverte à
tout intéressé avec un délai de 10 ans.
Section 2 : L’action en contestation de la filiation
établie par possession d’état
Article 335 : lorsque la filiation est établie par possession d’état, elle
peut être contestée par tout intéressé dans un délai de 10 ans. Il faut
rapporter la preuve contraire de la possession d’état. Cette preuve
contraire ce n’est pas le véritable lien de filiation mais la contestation de
la possession d’état. On pourra contester le caractère efficace de la
possession d’état (et pas forcément l’existence même). La possession
d’état doit être continue et non viciée.
Remarque : l’action à fins de subsides est réglementée par les articles
342 et suivants du CC. C’est une action alimentaire ouverte à l’enfant qui
n’a pas de filiation paternelle établie. C’est une action qui va lui
permettre de réclamer des subsides à celui qui a eu des relations avec la
mère pendant la période légale de la conception. Il ne s’agit pas d’une
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action en établissement de la paternité, elle ne se fonde pas sur une
paternité prouvée mais sur un risque de paternité. Si la mère a eu des
relations avec plusieurs hommes pendant la période de conception ils
sont tous susceptibles de devoir des actions alimentaires.
Dans les moyens de défense qui aboutissent au rejet de l’action, le Code
prévoit l’établissement de la paternité véritable. Cela veut dire que celui
contre qui ont agi va pouvoir demander une expertise sanguine.
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