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Chapitre IV Couplage des Machines Synchrones

I. Introduction
La puissance distribuée par un réseau électrique est généralement produite par un ensemble
des alternateurs débitants en parallèle sur ce réseau. Une centrale de production comporte
donc plusieurs alternateurs couplés en parallèle au lieu d’un seul alternateur puissant. Non
seulement parce qu'en cas d'une panne sur l'unique alternateur ou en cas de besoin de
maintenance périodique, il faudrait disposer d'une machine de secours de même puissance,
mais encore parce que la puissance demandée par un réseau est très variable. Ainsi un seul
générateur prévu pour la charge maximale fonctionnerait avec un rendement médiocre à
fraction de charge.
La mise en parallèle des machines synchrones exige les conditions de couplage suivantes :
- L’égalité de la fréquence ;
- L’ordre de succession de phase est la même ;
- Les tensions à vides de chaque machines sont les mêmes.

Remarques
Dans ce chapitre, nous négligeons la résistance de l’induit de la MS devant sa réactance.
II. Couplage des alternateurs à vide
II. 1. Cas de deux alternateurs identiques
Soient deux alternateurs identiques A1 et A2. L’alternateur A1 étant initialement relié aux jeux
de barres ABC (ne débite aucun courant) et les conditions de couplage étant vérifiés, c’est la
fermeture de l’interrupteur K2 qui met l’alternateur A2 en parallèle avec l’alternateur A1.

B
C

K1 K2

L’induit de ̅̅̅ ̅̅̅ L’induit de


l’alternateur A1 l’alternateur A2

Figure IV.1. Schéma de principe de la mise en parallèle de deux alternateurs A1 et A2

Après la fermeture de l’interrupteur K2, le schéma équivalent monophasé des deux


alternateurs sera comme suit :

̅ ̅

̅̅̅ ̅ ̅̅̅

Figure IV.2. Schéma équivalent monophasé du couplage de deux alternateurs

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A l’instant du couplage les deux f.é.m sont égales mais peuvent ne pas être en phase. Dans ce
cas, un courant ̅ égale ̅ circule entre les deux enroulements de l’induit des deux
alternateurs de sorte que :
̅ ̅̅̅ ̅ ̅̅̅ ̅ (IV.1)

Puisque les valeurs efficaces des courants ̅ , ̅ sont égales, les deux réactances sont égale
( ), ainsi que les valeurs efficaces des f.é.m ̅̅̅, ̅̅̅ , on peut déduire le vecteur
̅
tension comme suit :
̅̅̅̅ ̅̅̅̅
̅ (IV.2)

Ainsi que sa représentation vectorielle :

̅̅̅
̅

̅ ̅
O ̅

̅̅̅ ̅

Figure IV.3. Représentation vectorielle du couplage de deux alternateurs à vide

Les courants sont déduits du schéma de la figure IV.3 comme suit :


̅̅̅̅ ̅̅̅̅ ̅̅̅̅ ̅̅̅̅
̅ ̅ (IV.3)
( )

Avec sa valeur efficace est :


(IV.4)

L’alternateur A1 débite la puissance

(IV.5)

L’alternateur A2 débite la puissance


Cette puissance est dite la puissance synchronisante, elle est fournie par celui qui tend à aller
plus vite à celui qui tend à aller plus lent. Elle freine le premier et accélère le deuxième pour
les obliger à tourner à la même vitesse.
Après la fermeture de l’interrupteur qui met en parallèle les deux alternateurs, l’ensemble
provoque quelque oscillations autour de négligeable. Sinon, l’angle continue à croitre et
la puissance synchronisante augmente aussi. Le courant circulant entre les deux stators
augmente et prend des valeurs anormalement élevées qui doit provoquer l’ouverture
automatique de l’interrupteur de mise en parallèle.

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Remarque :
Si on couple deux alternateurs à réactances différentes ( ), il suffit de remplacer
par dans les relations (IV.4) et (IV.5) comme suit :
(IV.6)
Et
(IV.7)

II. 2. Cas du couplage d'un alternateur à un réseau puissant


Le réseau puissant est supposé comme un alternateur à réactance négligeable devant celle de
l’alternateur à coupler. Le réseau impose donc une tension aux bornes de l’alternateur.

Soient un alternateur de réactance à coupler à vide avec le réseau. En supposant que les
conditions de couplage sont déjà vérifiées. Le courant et la puissance de synchronisation sont
déduits directement des relations (IV.6) et (IV.7) en remplaçant par , par zéro et
par comme suit :
(IV.8)
Et
(IV.9)

Remarques :
En pratique, pour vérifier les conditions de couplage, on utilise des lampes montées aux
bornes des interrupteurs (figure IV.4).
- Les lampes doivent supporter , sinon, on utilise deux lampes en série qui supportent que .
- Les lampes doivent s’allumer et s’éteindre en même temps, sinon, on corrige l’ordre de
succession de phases.
- Le cycle d’allumage et d’extinction des lampes doit être très lent, sinon, on règle la vitesse
de rotation de l’alternateur.
- L’extinction des lampes doit être complète, sinon, on règle la f.é.m en agissant sur
l’excitation.
Pour les machines de fortes puissances, on utilise le synchronoscope. Un petit moteur qui
tourne à la différence des fréquences de l’alternateur et le réseau. Il ferme l’interrupteur dès
que sa vitesse est suffisamment lente.
A

B
C

L’induit de
l’alternateur

Figure IV.4. Schéma de principe du couplage d’un alternateur au réseau

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III. Marche en parallèle de deux alternateurs chargés


Comme la puissance active d’un alternateur est fournie par le moteur d’entraînement, on doit
donc pour charger l’alternateur après la mise en parallèle à vide, augmenter la puissance
mécanique du dispositif d’entraînement.
III. 1. Cas de deux alternateurs identiques
Soient deux alternateurs identiques débitants un courant total .

̅ ̅

̅̅̅ ̅ ̅̅̅

Figure IV.5. Schéma équivalent monophasé de deux alternateurs couplés en parallèle chargés

III. 1. 1. Cas de deux alternateurs également chargés


Lorsque l’on a deux alternateurs identiques à coupler sur une même charge, on préfère que les
puissances débitées par chaque alternateur soient égales. Sur le diagramme vectoriel des deux
alternateurs, les mêmes puissances actives et réactives donnent le même point de
fonctionnement. Les deux diagrammes correspondants sont donc confondus.
Le point de fonctionnement de l’ensemble M donne la puissance active équivalente
est la puissance réactive équivalente .

P
M

M2
M1

̅̅̅̅̅
̅̅̅̅

̅ Q
O
̅̅̅̅

Figure IV.6. Représentation vectorielle du couplage de deux alternateurs également chargés

Remarques :
En pratique, Si la puissance demandée par la charge augmente sans que la puissance
mécanique reçue augmente, les alternateurs ralentissent (ce qui provoque une diminution de la

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fréquence) et la tension aux bornes des alternateurs diminue. Dans le cas où les alternateurs ne
sont pas entraînés par le même dispositif, les angles et diffèrent. Ceci engendre un
courant circulant entre les enroulements des stators des deux alternateurs freinant celui qui
tend à aller plus vite et accélère celui qui tend à aller plus lent pour les obliger à tourner à la
même vitesse (phénomène de synchronisation) jusqu’à redevenir à l’état initiale.

III. 1. 2. Cas de deux alternateurs inégalement chargés


Sur le diagramme vectoriel des deux alternateurs, les points de fonctionnement de chaque
alternateur sont différents car les projections ne donnent pas les mêmes puissances.
La projection du point de fonctionnement M1 de l’alternateur A1 donne :
et (IV.10)
La projection du point de fonctionnement M2 de l’alternateur A2 donne :
et (IV.11)
La multiplication de la relation ̅ ̅ ̅ par donne :
̅̅̅̅̅ ̅̅̅̅̅̅ ̅̅̅̅̅̅ (IV.12)
D’où le point de fonctionnement de l’ensemble est le point M.
P
M

M1

̅
̅̅̅
M2
̅̅̅
̅
O Q
̅ A
̅
̅

Figure IV.7. Représentation vectorielle du couplage de deux alternateurs inégalement chargés

Remarques :
En régime permanent, si les déphasages des courants par rapport à la tension ( ) sont
différents, il y aura un courant de circulation entre les deux induits qui peut même les
surchauffer. Pour assurer un bon fonctionnement en parallèle, il faut que les courants issus de
chaque induit doivent être en phase.

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O ̅

U ̅

̅
T

Figure IV.8. Représentation vectorielle du couplage de deux alternateurs inégalement chargés

On a : ̅ ̅ ̅ donc ̅̅̅̅ ̅̅̅̅ ̅̅̅̅. Cette relation peut être écrite comme suit :
̅̅̅̅ (̅̅̅̅ ̅̅̅̅) ( ̅̅̅̅ ̅̅̅̅) (IV.13)
En posant ̅̅̅̅ ̅ , on abouti à ̅ (̅ ̅) ( ̅ ̅)
Le courant est le courant de circulation entre les deux induits. Il est autant plus important
que le déphasage est plus grand.
III. 2. Cas de deux alternateurs différents
Lorsque les alternateurs ont des réactances différentes, la projection des points de
fonctionnement donne les puissances actives et réactives à des échelles différentes.
La projection du point de fonctionnement M1 de l’alternateur A1 donne :
et (IV.14)

La projection du point de fonctionnement M2 de l’alternateur A2 donne :


et (IV.15)

Le problème revient maintenant à déterminer le point de fonctionnement (M) du groupe. En


choisissant l’échelle pour la lecture des puissances active et réactive équivalentes (on prend
pour l’illustration la même échelle que celle de l’alternateur A1), et partant de l’équation
suivante :
̅ ̅ ̅ ̅ ̅ , on aboutie à :

̅̅̅̅̅ ̅̅̅̅̅̅ ̅̅̅̅̅̅ (IV.16)

Le point de fonctionnement (M) du groupe se situe à l’intersection de l’axe ( ) avec le


parallèle de l’axe ( ). Le point (C) est sur le segment comme l’indique la figure
IV.9 de sorte que . La direction du vecteur ̅̅̅̅̅ est la même que ̅̅̅̅ .

On vérifie que . Sachant que , on peut déduire :

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P
M
M1

C
̅̅̅
M2
̅̅̅

O Q
̅ A

Figure IV.7. Représentation vectorielle du couplage de deux alternateurs inégalement chargés

Remarques :
- Le point de fonctionnement équivalent se rapproche de celui de la machine ayant
l’impédance la plus faible et ainsi à l’alternateur le plus puissant.
- En pratique, pour arrêter un alternateur sans perturber la charge, on diminue
successivement la puissance et l’excitation de l’alternateur à arrêter et on augmente la
puissance et l’excitation de l’autre de sorte que le point de fonctionnement du premier
atteint le point A et celui du deuxième atteint le point de fonctionnement du groupe.
Pour le couplage, on exécute les opérations inverses.
IV. Fonctionnement en Moteur Synchrone
Soit un moteur synchrone alimenté directement par un alternateur de réactances différentes.
Ainsi, la projection des points de fonctionnement donne les puissances actives et réactives à
des échelles différentes. La puissance active (réactive) du moteur et de l’alternateur sont égale
mais de signes différents (figure IV.8).
La projection du point de fonctionnement M1 du moteur donne :
et (IV.17)

La projection du point de fonctionnement M1 de l’alternateur donne :


et (IV.18)

La puissance s’exerçant entre le moteur est l’alternateur égale à la puissance synchronisante


calculée précédemment mais dans ce cas elle n’est pas oscillatoire (sens unique).
( ) (IV.19)

Dans le cas où le moteur est relié à un réseau puissant donc de faible impédance et de f.é.m
égale à sa tension aux bornes du moteur, la puissance échangée sera déduite directement de
l’équation précédente comme suit :
( ) (IV.20)
Avec , et désignent la f.é.m du moteur, sa réactance et l’angle interne successivement.

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M2

̅̅̅

̅ Q
O

̅̅̅
M1

Figure IV.8. Représentation vectorielle d’un moteur synchrone alimenté directement par un alternateur

Remarques :
Brancher un moteur synchrone triphasé sur le réseau est une opération assez délicate. Il faut,
en plus de réaliser les mêmes conditions de couplage d’un alternateur au réseau utiliser un des
deux procédés suivants.
- Entraîner le moteur synchrone jusqu’à une vitesse très proche du synchronisme par un
moteur auxiliaire, puis le coupler lorsque toutes les conditions de couplage sont réunies: En
fait, le moteur d'entraînement peut être de puissance nettement inférieure à celle du moteur
synchrone si le démarrage s'effectue à vide. Dans le cas des machines synchrone munies
des excitatrices, cette dernière joue le rôle du moteur auxiliaire lors du démarrage.
- Démarrer le moteur synchrone en asynchrone : Au départ, l'inducteur n'est pas alimenté,
mais refermé sur une résistance additionnelle. De ce fait, le système est équivalent à un
moteur asynchrone (à cela près que le rotor est monophasé ici) et il démarre donc comme
ce dernier. En régime établi, la vitesse de rotation étant proche de celle de synchronisme,
l'alimentation en courant continu de l'inducteur permettra alors au moteur de s'accrocher et
de tourner en moteur synchrone. Dans la pratique, cette opération peut être refaite plusieurs
fois si l’accrochage n’est pas atteint.

V. Bilan des puissances des machines synchrones couplés au réseau


Une machine synchrone couplée au réseau fonctionne donc sous la tension et la fréquence du
réseau supposées constantes. Nous nous contenterons ici d'un bilan simplifié, en ne prenant en
compte que les pertes les plus importantes, qui sont:
- les pertes mécaniques au niveau du rotor
- les pertes Joule dans le circuit d'excitation
- les pertes fer dans le stator
- les pertes Joule dans le circuit d'induit
Parmi ces pertes, on trouve des pertes constantes et des pertes variables.

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V. 1. Les pertes variables


Ce sont les pertes par effet Joule. Si nous ne négligeons pas les pertes de l’excitation, alors les
pertes variables sont localisées dans le circuit de l’induit et le circuit de l’excitation. Elles se
calculent selon les relations suivantes :
Pertes par effet Joule du circuit de l’induit
(IV.21)
où est la résistance d’une phase de l’enroulement de l’induit.
Pertes par effet Joule du circuit de l’inducteur
(IV.22)
où et est la résistance de l’inducteur et le courant d’excitation successivement.

V. 2. Les pertes constantes


Pour une vitesse de rotation constante et un courant d’excitation donnés, les pertes
suivantes sont considérées comme constantes :
- Les pertes mécaniques rotationnelles , qui sont dues aux frottements et à la résistance
de l’air ;
- Les pertes fer du circuit magnétique qui sont dues l’effet d’hystérésis et par courant de
Foucault, et qui ont pour cause l’échauffement du circuit magnétique de la machine.
Ces pertes ne sont pas mesurables mais, comme elles sont constantes, on peut les déterminer
en fonctionnement moteur à vide. La puissance absorbée dans ce cas égale pratiquement les
pertes constantes car les pertes par effet Joule sont négligeable à vide.
(IV.23)
V. 3. La puissance absorbée
Cas du fonctionnement alternateur :
Si l’alternateur n’est pas auto-excité, en plus de la puissance mécanique, l’alternateur absorbe
une puissance d’excitation qui se transforme totalement en pertes par effet Joule du circuit de
l’inducteur:
(IV.24)
Le dispositif d’entrainement (la turbine en générale) fournie une puissance mécanique :
(IV.25)
Avec est le coule mécanique sur l’arbre de l’alternateur et est la vitesse angulaire
de synchronisme.
Cas du fonctionnement moteur :
Si le moteur synchrone n’est pas auto-excité, en plus de sa puissance active, il absorbe une
puissance d’excitation qui se transforme totalement en pertes par effet Joule du circuit de
l’inducteur:
√ (IV.26)

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V. 4. La puissance utile
Cas du fonctionnement alternateur :
La puissance utile d’un alternateur est la puissance électrique fournie par son induit. Puisque
l’induit fournit une puissance triphasée, alors nécessairement :
√ (IV.27)
Cas du fonctionnement moteur :
La puissance utile d’un moteur synchrone est la puissance mécanique développée sur son
arbre sous forme d’une vitesse constante (vitesse de synchronisme) et un couple mécanique
variable:
(IV.28)

V. 5. Représentation du bilan de puissances

Puissance utile
Puissance Mécanique

Electromagnétique
Puissance

Puissance
Absorbée

Pertes joule de
Pertes fer l’induit
Perte mécanique
Perte d’excitation

Cas de l’alternateur
Puissance active de l’induit

Electromagnétique

Puissance utile
Puissance

Puissance
Absorbée

Perte mécanique
Pertes joule de
Pertes fer l’induit
Perte d’excitation

Cas du moteur synchrone


Figure IV.9. Représentation du bilan de puissances des machines synchrone

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Bibliographie
- G. Séguier, F. Notelet, ”Electrotechnique industrielle”. Téch et Doc, 1987.
- T. Wildi, ” Electrotechnique ”. 2ème édition, Presses de l'université de Laval.
- J. SAINT-MICHEL, ”Bobinage des machines tournantes à courant alternatif”. Techniques de
l’Ingénieur, D 3 420, traité Génie électrique.
- Luc Lasne, ”ÉLECTROTECHNIQUE ET ÉNERGIE ÉLECTRIQUE”. 2ème édition,
Dunod.

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