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des aliments
antioxydants
Juliette Pouyat-Leclère
Du même auteur
ISBN: 978-2-36549-032-0
Notes et références
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Références bibliographiques
Introduction
Vous devez savoir que vous vous exposez à un stress oxydant si:
• vous consommez de l’alcool;
• vous fumez: la fumée de cigarette est un mélange complexe de plus de 4000
espèces chimiques (dont beaucoup ont des propriétés oxydantes). La
consommation de tabac double les besoins en vitamine C et des études ont même
démontré que le tabagisme passif augmentait le stress oxydant chez les enfants et
affaiblissait leur système de défense antioxydant;
• vous avez une activité physique intense;
• vous vous exposez au soleil de manière prolongée;
• vous vivez dans un environnement pollué (ville, fort trafic routier…).
Paradoxalement, les radicaux libres peuvent aussi avoir un effet anticancer car
ils sont capables d’induire l’apoptose de cellules cancéreuses, c’est-à-dire leur
mort programmée. Les traitements anticancéreux comme la radiothérapie par
exemple reposent sur la production massive de radicaux libres qui vont «tuer»
les cellules cancéreuses. Il apparait alors évident dans ce cas qu’une
consommation non contrôlée d’antioxydants peut nuire au traitement. Toute
supplémentation en antioxydants est donc à proscrire. Encore une fois c’est la
prévention qu’il faut privilégier, en optimisant la consommation
d’antioxydants par le biais d’une alimentation riche en fruits et légumes.
L’étude AREDS (Age-Related Eye Disease Study) a été lancée en 1992 pour
savoir si un supplément quotidien de vitamines C et E, bêta-carotène, zinc et
cuivre peut limiter la progression de la DMLA (dégénerescence maculaire liée
à l’âge) et réduire le risque de cataracte. En 2001, les chercheurs ont rapporté
que par rapport au placebo, cette association d’antioxydants réduit de 25%
environ le risque de progression de la DMLA, sans effet sur la cataracte. Sur
10 ans, le risque de DMLA avancée est réduit de 25 à 30%.
La formule de l’étude AREDS:
• Bêta- carotène - 15 mg (25 000 UI)
• Vitamine C - 500 mg
• Vitamine E - 400 UI
• Zinc (oxyde) - 80 mg
• Cuivre (oxyde) - 2 mg
L’étude AREDS2 publiée en 2013 a montré qu’en remplaçant dans la formule
le bêta-carotène par deux autres caroténoïdes, la lutéine et la zéaxanthine, la
progression de la DMLA est davantage ralentie (le risque de progression vers
un stade avancé diminue de 18%).
Des échelles d’évaluation du stress oxydant ont été brevetées par le Docteur
Michel Brack (médecin attaché INSERM U 9939 qui exerce actuellement à la
clinique Alleray-Labrouste à Paris). Il s’agit des échelles Oxyscale et
Oxyscreen qui permettent d’évaluer le statut de stress oxydant d’une personne
à partir de biomarqueurs dosés dans le sang.
L’échelle Oxyscale est basée sur 15 biomarqueurs, considérés comme les plus
pertinents. Ces biomarqueurs sont répartis en trois groupes, chacun rendant
compte d’un volet spécifique:
• les marqueurs du statut antioxydant (lié à l’alimentation),
• les marqueurs de l’agression cellulaire,
• les marqueurs prédictifs du développement de maladies graves.
Une note globale est attribuée sur une échelle de 0 (absence de stress oxydant)
à 10 (stress oxydant maximal). Celle-ci est associée à trois scores permettant
de connaître l’implication de chacun des groupes dans la note globale.
L’avantage de l’échelle Oxyscale est qu’elle apporte des informations
quantitatives mais aussi qualitatives sur le stress oxydant.
L’échelle Oxyscreen est la version simplifiée de l’échelle Oxyscale et prédit le
score de stress oxydant à partir de seulement 6 marqueurs.
Les antioxydants de l’alimentation
Le test Folin-Ciocalteu
Il s’agit d’un dosage par spectrophotométrie de la quantité de polyphénols totaux
(après réaction avec le réactif de Folin-Ciocalteu). La grande famille des
polyphénols comprend les flavonoïdes, les acides phénoliques, les stilbènes
(resvératrol) et les lignanes.
L’inconvénient de ce test est son manque de spécificité, car d’autres composés
comme la vitamine C par exemple peuvent réagir avec le réactif de Folin-
Ciocalteu. Il peut donc y avoir une surestimation des composés phénoliques.
Le test ORAC
L’indice ORAC qui est certainement l’indice le plus utilisé, permet d’évaluer la
capacité antioxydante d’un aliment. Il est calculé au moyen d’un test qui porte le
même nom.
Des radicaux libres, produits par un générateur et mis en présence d’une sonde
fluorescente, vont oxyder cette sonde et donc diminuer l’intensité de la
fluorescence. Le changement d’intensité de la sonde reflète la quantité des
dégâts occasionnés par les radicaux libres.
L’addition d’un antioxydant permet d’absorber les radicaux libres, ce qui
réduit les dégâts sur la sonde et prolonge sa fluorescence. L’expérience se
poursuit jusqu’à ce que l’activité antioxydante soit épuisée. Les radicaux libres
qui restent détruisent alors la fluorescence de la sonde.Pour quantifier la
protection permise par un antioxydant donné, on mesure l’aire sous la courbe de
l’échantillon testé et on la compare à l’aire sous la courbe d’un autre antioxydant
ou d’un antioxydant de référence comme le Trolox (6-hydroxy-2,5,7,8-
tetramethylchromane-2-carboxylic acid), un analogue de la vitamine E (voir
courbes page suivante).
Cette méthode a permis aux chercheurs américains (Nutrient Data Laboratory,
Agriculture Research Service, United States Department of Agriculture) de
déterminer l’indice ORAC de nombreux aliments. Celui-ci est exprimé en µmol
TE/100 g d’aliments c’est-à-dire la micromole d’équivalent Trolox pour 100 g
d’aliment. Plus le chiffre est grand, plus l’aliment est antioxydant.
Les nutritionnistes américains préconisent une consommation quotidienne
compriseentre 3000 et 5000 unités ORAC (µmol TE/100 g) réparties dans la
journée afin de contenir le stress oxydant dans l’organisme.
Même chose pour l’artichaut. Une étude a montré que l’artichaut cuit a des
propriétés antioxydantes fortement augmentées après la cuisson notamment à la
vapeur. D’autres études viennent confirmer que les méthodes de cuisson comme
la cuisson à l’eau bouillante, la cuisson au four à micro-ondes ou la cuisson
sous-pression améliorent l’activité antioxydante totale de certains légumes:
courge amère, haricot long chinois, brocoli, carottes, courgettes. Ce phénomène
est plus modéré après une cuisson par friture.
À l’inverse, l’ail voit ses capacités antioxydantes diminuées après toutes les
cuissons (eau bouillante, four à micro-ondes, cuisson sous-pression…).
Il est difficile de savoir à quoi attribuer les augmentations des capacités
antioxydantes des aliments après leur cuisson mais plusieurs explications
peuvent être envisagées:
• il est possible qu’une quantité plus importante d’antioxydants soit libérée
depuis la matrice cuite grâce à l’influence de la chaleur sur les parois cellulaires;
• il est possible également que sous l’effet de la chaleur, certains composés aient
des propriétés antioxydantes accrues;
• enfin, l’augmentation de la capacité antioxydante peut provenir de la formation
à la chaleur de nouveaux composés (composés antinutritionnels ou composés
issus de la réaction de Maillard) ayant eux-mêmes des propriétés antioxydantes.
Lorsque nous mangeons, les nutriments contenus dans les aliments doivent
être extraits de la matrice alimentaire, absorbés par la muqueuse intestinale et
transportés vers les tissus cibles. Les caroténoïdes étant hydrophobes, la
présence de graisses est indispensable pour faciliter leur absorption et leur
transport jusqu’aux cellules qui en ont besoin. Trois à cinq grammes de
matières grasses par repas seraient suffisants pour améliorer la biodisponibilité
des caroténoïdes.
PARTIE II
La deuxième partie de cet ouvrage est consacrée à la table d’indices ORAC ainsi
qu’aux teneurs en antioxydants déterminées par le test FRAP. Nous avons
présenté les données dans des tableaux dans lesquels les aliments sont regroupés
par familles.
Au total nous passons en revue 12 familles d’aliments: Légumes, Fruits, Noix
et graines oléagineuses, Épices et Herbes aromatiques, Boissons, Chocolat et
Confiserie, Céréales et Pain, Huiles/Matières grasses/vinaigre, Légumineuses,
Produits laitiers, Produits de la ruche, Viandes/poissons/œufs.
Nous avons rassemblé les aliments les plus fréquemment consommés en
France. À l’intérieur de chaque famille, les aliments sont classés par ordre
alphabétique.
Nous utilisons dans cette table les indices ORAC déterminés par le «US
Department of Agriculture(1)». Les teneurs en antioxydants déterminées par le
test FRAP sont issues d’une table publiée par une équipe de chercheurs
d’Oslo(2). À noter que nous ne disposons pas des deux indices pour tous les
aliments.
Pour faciliter l’interprétation de toutes ces données, nous précisons pour
chaque aliment si sa capacité antioxydante est faible (✶), moyenne (✶✶), élevée
(✶✶✶) ou très élevée (✶✶✶✶). Cela permet en un clin d’œil de situer
précisément l’aliment parmi le large éventail d’aliments à notre disposition.
Par convention, les plages d’indices ORAC sont définies de la manière
suivante:
Les plages d’indices FRAP sont définies ainsi:
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