Vous êtes sur la page 1sur 12

La mitohormèse, le secret de la santé et de la longévité

lanutrition-sante.ch/la-mitohormese-le-secret-de-la-sante-et-de-la-longevite/

Dr. A. D'Oro 18 janvier 2023

La mitochondrie

Rencontre avec nos mitochondries


Les mitochondries sont des petites structures à l’intérieur de nos cellules qui produisent
toute l’énergie dont nos cellules ont besoin pour bien fonctionner. A part nos globules
rouges, toutes les cellules de l’organisme ont des mitochondries, c’est pourquoi tous nos
tissus sont dépendants de la production d’énergie de nos mitochondries. Tous nos
organes, dépendent exclusivement de nos mitochondries pour générer l’énergie
nécessaire pour effectuer leur travail.

Nos mitochondries, pour produire de l’énergie, peuvent métaboliser nos sucres, nos
graisses et même nos protéines, ceci par des mécanismes différents que nous n’allons
pas aborder dans cet article. A un certain point, tous ces nutriments vont alimenter le
cycle de Krebs et la chaine respiratoire afin de produire par oxydation de l’énergie sous
forme d’ATP (adénosine triphosphate) qui est le produit final de nos mitochondries. L’ATP
est notre monnaie énergétique pouvant être utilisée par toutes nos cellules.

Les mitochondries toutefois en même temps qu’elles produisent de l’énergie, elles


génèrent certains déchets oxydés que l’on appelle les radicaux libres qui peuvent abimer
nos cellules et nos mitochondries. Nous avons heureusement un systèmes antioxydant
interne de protection tels que le glutathion, la catalase ou encore la superoxyde
dismutase permettant d’éteindre le feu produit par ces déchets oxydants. Lorsque la
production de ces déchets est bien contrôlée par notre système antioxydant, on parle

1/12
d’homéostasie de la cellule. Un déséquilibre de ce système redox peut entrainer une
accumulation de radicaux libres provoquant inflammation et dommage aux cellules et aux
mitochondries. Les mitochondries peuvent se détériorer et devenir dysfonctionnelles.
Ainsi, un déséquilibre du système redox, c’est-à-dire trop de radicaux libres par rapport à
nos capacités antioxydantes, est impliqué dans la plupart des maladies chroniques telles
que le cancer, les maladies cardio-vasculaires ou métaboliques comme le diabète.
Fondamentalement, la recherche a montré qu’une des causes principales du
vieillissement, y compris des maladies liées au vieillissement, est en relation avec un
stress oxydatif mal contrôlé. Toutefois nous allons voir que la solution ne passe pas par
les antioxydants.

L’échec des antioxydants

Equilibre-antioxydant-et-radicaux-libres

Dès lors, lors d’une dysfonction de la mitochondrie, la stratégie principale en médecine


nutritionnel serait de soutenir le système de défense antioxydant avec certains
compléments alimentaires comme les vitamines B, C ou E, le coenzyme Q10, acétyle
carnitine, l’acide alpha lipoïque, le NAC ou encore le glutathion mais souvent ces
stratégies se sont révélées peu efficaces. Il existe effectivement de nombreuses études
montrant que la prise de pilules antioxydantes n’est pas associée à une prévention des
maladies ou au prolongement de la longévité. Le Prof Michael Ristow, spécialiste de la
mitochondrie, a démontré dans des études médicales récentes que la supplémentation
en antioxydants n’a permis aucune amélioration de la durée de vie (1). Diverses méta-
analyses ont démontré l’échec de ces stratégies et ont même montré dans certains cas
une augmentation de la gravité de la maladie et de la mortalité toutes causes
confondues. Les raisons du manque de succès ne sont pas entièrement comprises et le
concept d’une thérapie antioxydante est de plus en plus remise en question (2). Le
chercheur, Toren Finkel en examinant les fondements biologiques et de signalisation des
radicaux libres dans les organismes vivants a montré que selon la quantité de radicaux
libres cela pouvait avoir un effet positif sur la longévité ou un effet négatif (3). De

2/12
multiples études ont montré que l’exercice physique réduisait le risque des maladies
cardio-vasculaires, cérébrales et même le cancer. Le problème de l’exercice est qu’il
génère des déchets oxydés, appelés radicaux libres. La solution pour les chercheurs
semblait être la prise d’antioxydants pour éliminer ces radicaux libres et ainsi réduire un
aspect négatif de l’exercice. Toutefois ce que les études ont montré, c’est qu’en prenant
des antioxydants (vitamine C et E), on annulait les avantages adaptatifs de l’exercice
physique (4). Ce que les recherches récentes ont montré, c’est qu’un niveau de stress
sur la mitochondrie par des radicaux libres est nécessaire pour augmenter les effets de
l’exercice en boostant la réponse musculaire et en augmentant la réponse métabolique à
l’exercice (5,6), on parle dans ce cas d’une mitohormèse induite par l’exercice. Avant
d’aborder la mitohormèse et ses effets bénéfiques, il est nécessaire de mieux
comprendre le rôle complexe de la mitochondrie.

Le concept du mode défense de la mitochondrie (Cell Danger


Response)

Cell Danger Response

Cette dernière décennie, une meilleure compréhension de la mitochondrie nous permet


de mieux appréhender sa fonction. Certains chercheurs comme le Dr. Robert Naviaux,
responsable d’un laboratoire de la médecine mitochondriale à l’université de Californie,
ont permis d’améliorer notre compréhension de la mitochondrie en montrant que la
mitochondrie a une fonction duale, non seulement un rôle de productrice d’énergie mais
lorsque l’environnement n’est pas sûre, elle peut se mettre en mode de défense ce qui va
détourner la production d’énergie pour se protéger contre des dangers (7). La
mitochondrie est comme l’oiseau dans la mine, elle peut détecter la moindre menace
pour l’organisme, elle peut détecter pratiquement tous les facteurs pouvant stresser la

3/12
cellule tels qu’une malbouffe, un intestin en mauvais état, des problèmes psychologiques,
des substances toxiques, des déficiences en lumière, des agents pathogènes comme
des virus etc. La mitochondrie si elle sent un danger elle va abandonner son rôle de
productrice d’énergie et déplacer ses ressources vers la défense cellulaire. Ainsi nos
niveaux d’énergie sont fondamentalement le reflet du degré auquel nos mitochondries
sont soit en mode d’énergie soit en mode de défense. On retrouve un mécanisme
similaire lors d’une maladie qui va générer des messagers de l’inflammation et en
réponse à cela le cerveau va orchestrer une baisse de régime énergétique et les gens
vont se plaindre de symptômes tels qu’une léthargie, une apathie, un manque de
dynamisme, de motivation et d’énergie, il s’agit d’un mécanisme de protection face à une
agression, la personne va ainsi se mettre au repos pour que le corps puisse gérer la
maladie, dans ce cas la fatigue fait partie du processus de guérison, il s’agit d’un
mécanisme adaptatif de survie.

Lors de la présence de pathogènes, nos mitochondries commencent à produire


intentionnellement beaucoup plus de radicaux libres. Elles deviennent moins efficaces
pour produire de l’énergie afin qu’elles puissent rejeter plus de radicaux libres et pouvoir
endommager réellement tout agent pathogène qui pourrait être présent dans la cellule.
Cela remet en partie en question le paradigme voulant que les radicaux libres sont
mauvais et que les antioxydants sont toujours bons et surtout cela nous permet de
comprendre que la mitochondrie n’est pas une simple centrale d’énergie, elle agit aussi
comme une sentinelle qui prélève constamment des échantillons de l’environnement et
en réponse à la détection de ces signaux de stress, les mitochondries réduisent la
production d’énergie et déplacent les ressources vers le mode défense. Ce sont ces
différentes sources de stress qui vont déterminer le degré auquel nos mitochondries
décident si elles vont être en mode énergie ou en mode défense. Après que les dangers
sur la mitochondrie ont été éliminé ou neutralisé, des voies de régénération sont activées
afin d’inverser le mode de défense de la mitochondrie pour permettre une meilleure
production d’énergie. Toutefois, en cas de persistance de facteurs de stress dans le corps
comme des toxines de l’environnement, une dysbiose avec un leaky gut, des virus
persistants (EBV, COVID), un stress psychologique chronique etc. la persistance du
mode défense de la mitochondrie va ralentir la production d’énergie, impacter la fonction
de nos organes et favoriser l’émergence de maladies chroniques (diabète, cancer,
autisme, asthme, TDHA etc.) (7) ainsi qu’une accélération du vieillissement (8). Pour le
Dr Naviaux, la biologie du mode de défense de la mitochondrie représente une nouvelle
percée de la science qui permet de connecter la santé de notre environnement avec la
mitochondrie et l’augmentation des maladies chroniques (9). L’approche en médecine
fonctionnelle va donc consister à éliminer ou neutraliser ces facteurs de stress de
l’organisme. Nous allons voir maintenant qu’il existe aussi des possibilités d’améliorer la
qualité et la quantité de nos mitochondries pour une meilleure vitalité et une meilleure
santé et cela passe par un phénomène biologique appelé la mitohormèse.

La mitohormèse, la clé de la vitalité et santé

4/12
Bien que la théorie du vieillissement lié au stress oxydatif soit très populaire, les études
expérimentales tendent à prouver que cette théorie est en partie fausse, en effet diverses
publications ont montré que le fait de donner beaucoup d’antioxydants aux animaux ou
aux gens ne prolongent pas leurs vies alors qu’à contrario de nombreuses études
montrent qu’en provoquant un stress contrôlé et bien dosé, cela améliore la santé et
prolonge la vie. Ces stress contrôlés peuvent impliquer un exercice court et intense, une
exposition au froid, une hypoxie intermittente, un jeûne ou certains types de composés
phytochimiques.

Lorsque ces stress sur l’organisme sont appliqués à la dose appropriée, ils augmentent
notre vitalité et prolongent en fait la durée de vie. En effet, les mitochondries sont mises à
l’épreuve par des facteurs de stress, qui créent un pic de radicaux libres, ceux-ci vont
signaler aux mitochondries de s’adapter au facteur de stress, leurs permettant ainsi de
devenir plus fortes. Un des mécanismes pour expliquer cela est lié à une voie biologique
appelée la voie Nrf2 qui est directement stimulée par des radicaux libres, cette voie va
enclencher une augmentation de nos propres antioxydants comme le glutathion, la
catalase ou le SOD dans des ordres de grandeur plus importants que tous les
antioxydants externes que nous pourrions consommer (10) et cela va permettre ainsi une
meilleure protection de la mitochondrie et une plus grande résistance au stress oxydatif
(11).

La mitohormèse est donc un terme utilisé pour définir une réponse biologique où
l’induction par un stress oxydatif faible et non toxique sur des mitochondries conduit à
une augmentation de la santé au sein d’une cellule, d’un tissu ou d’un organisme (12).
L’activation de la réponse mitohormétique a montré la capacité d’augmenter la durée de
vie dans différents modèles animaux, du vers aux mammifères. De plus, la mitohormèse
améliore également la santé, en particulier en améliorant le métabolisme et le système
immunitaire.

Des études récentes montrent du doigt le rôle clé de la mitochondrie dans les maladies
métaboliques comme l’obésité, l’insulinorésistance ou le diabète. En effet, lors d’une
dysfonction des mitochondries, la baisse de la production d’énergie va faire que nos
centrales d’énergie ne peuvent plus décomposer efficacement les substrats comme les
sucres, les protéines et les graisses afin de les utiliser dans leur mécanisme énergétique.
La personne se retrouve avec une incapacité à métaboliser ces substrats énergétiques
absorbés et dont beaucoup vont finir par être stockés au lieu d’être transformés en
énergie avec les conséquences métaboliques telles que le syndrome métabolique ou le
diabète (13,14). De nombreux chercheurs étudient actuellement des médicaments contre
l’obésité et le diabète avec des mécanismes mitohormétiques axés sur la mitochondrie
(15). Des thérapies par mitohormèse sont étudiées également dans les maladies
neurodégénératives (16), ainsi que dans les maladies cardiaques (17), maladies souvent
liées à une dysfonction des mitochondries. Nous allons voir maintenant comment nous
pouvons, par des stratégies simples, stimuler nos mécanismes mitohormétiques pour une
meilleure santé et vitalité.

5/12
Les stratégies mitohormétiques

Stratégies Mitohormèses

La recherche dans ce domaine a montré que pour chaque décennie de vie, on observe
une baisse de la capacité mitochondriale d’environ 10 %. Cela ne semble peut-être pas
grand-chose, mais voici une autre façon de le dire : une personne typique de 70 ans a
perdu 50 % du nombre de mitochondries par rapport à quand elle avait 20 ans et de plus
les mitochondries qui restent dans les cellules, n’ont environ que 50% de leur capacité de
production d’énergie. Donc, si l’on fait le calcul, il existe une perte de 75% de la capacité
mitochondriale entre une personne de 75 ans et une de 20 ans. C’est donc une grande
différence dans la capacité de production d’énergie pour un individu, un peu comme
passer d’une Ferrari à une deux chevaux. Il est important de comprendre que si l’on a
perdu 75% de son moteur au niveau cellulaire, la solution ne peut pas être simplement
une amélioration des facteurs de vie par exemple en mangeant plus sainement, en
gérant son stress ou en réduisant sa charge toxique par une stratégie de détoxification ni
même en avalant de nombreux suppléments alimentaires (vitamines B, NAC, glutathion,
CoQ10 etc.). Bien entendu, les améliorations de nos modes de vie sont importantes et
vont permettre de réduire la charge de stress total corporel mais cela ne suffit pas pour
retrouver une forte capacité mitochondriale. En effet, les personnes qui veulent
augmenter leur capacité énergétique doivent également augmenter la quantité de bon
stress dans leur vie par des pics transitoires de stress intense afin de permettre une
réaction mitohormétique. Malheureusement, la plupart des gens ont dans leur vie des
activités d’intensité faible à modérée et souvent subissent un stress psychologique
constant qui est néfaste pour l’organisme. Pourtant notre vitalité et notre sentiment de
fatigue dépendent du nombre de mitochondries et de leur force, cela va déterminer le

6/12
seuil de résilience aux stress de l’environnement. Donc, pour retrouver une capacité
mitochondriale d’une personne plus jeune, il est nécessaire de combiner une réduction
de la charge de stress corporelle totale (en améliorant nos modes de vie) et d’améliorer
notre moteur cellulaire par des stratégies mitohormétiques. Même si nous ne pouvons
pas éliminer les facteurs de stress de notre vie, nous pouvons par certaines stratégies
renforcer notre capacité tampon pour permettre à notre corps de gérer le stress tout en
maintenant la santé et des niveaux d’énergies élevés. Voyons maintenant quelques
stratégies hormétiques bien documentées pour leur effet sur nos mitochondries.

L’exercice physique

La stratégie hormétique peut-être la plus connue est l’exercice physique. Il existe


plusieurs types d’exercice, nous avons des exercices de musculation, des entraînements
par intervalles à haute intensité ou des entraînements par intervalles de sprint, et nous
avons des exercices d’endurance, qui sont d’intensité plus faible pour une durée plus
longue. Chez une personne non entrainée, tout type d’exercice augmentera la biogénèse
et la croissance des mitochondries alors qu’une personne plus entrainée aura besoin de
stratégies plus spécifiques pour amplifier son énergie. Certaines études scientifiques
suggèrent que l’entraînement par intervalles à haute intensité (HIIT) et l’entraînement par
intervalles de sprint ont un avantage unique à cet égard. En résumé, si la personne ne
fait pas d’exercice, faire quelque chose est déjà super. Si une personne fait par exemple
déjà de la musculation alors elle pourrait rajouter un entrainement type HIIT ou un
entrainement d’endurance etc. Probablement le plus important pour créer un effet
hormétique, c’est de comprendre que lors de l’exercice, on doit repousser les limites de
son corps au maximum sur une courte période, si l’on ne rentre pas dans ce territoire où
l’on est mal à l’aise et que c’est vraiment difficile, alors on ne créer pas un stimulus pour
la mitohormèse (18,19). Il est aussi important de comprendre qu’après un effort bref et
intense, il faut laisser le corps récupérer afin qu’ils mettent en place les mécanismes de
renforcement des mitochondries. Ainsi, un exercice en hormèse se pratique environ 2x
par semaine seulement.

Les exercices respiratoires avec apnée

7/12
Apnée (Photo by Movoyagee on Pexels.com)

Les exercices respiratoires avec des apnées sont une merveilleuse forme de stress
hormétique en particulier pour les personnes souffrant de fatigue chronique car c’est
généralement un bien meilleur point de départ en ce qui concerne le stress hormétique,
car vous stimulez diverses adaptations mitochondriales sans épuiser réellement votre
réservoir d’énergie, comme le fait l’exercice. Pour ceux qui n’ont aucune expérience dans
les techniques respiratoires en apnée, vous pouvez vous inspirer d’une petite vidéo sur
youtube qui s’appelle « respiration, méthode Wim Hof guidée ». Récemment, de plus en
plus d’études s’intéressent au bienfait de ces techniques respiratoires (intermittent
hypoxia training) sur l’amélioration de la santé cardio-vasculaires (21) sur la protection
des maladies neurodégénératives (22), voir même sur le ralentissement du vieillissement
physique et cognitif (23). Ces techniques d’apnées sont également le sujet de
nombreuses publications dans le domaine de la performance sportive (20). Ainsi, dans
une étude, des chercheurs ont fait des tests d’effort sur vélo (ergomètre) avant et après 8
semaines d’entrainement en apnée. Huit semaines plus tard, les personnes entrainées
ont augmenté la capacité et la durée pendant laquelle ils pouvaient faire leur vélo de 27%
et ont augmenté leur capacité cardiaque de 15% et leur capacité pulmonaire de 40%.

D’autres stratégies d’hormèse

Le stress thermique est également une bonne stratégie hormétique que ce soit un stress
par la chaleur comme un sauna ou par le froid. Les deux types de stress thermique
améliorent la santé mitochondriale et présentent des avantages métaboliques. Le sauna
peut être une stratégie plus adaptée au début pour les personnes souffrant de fatigue
chronique. Ces dernières années, en partie grâce aux enseignements médiatisés de Win

8/12
Hof, diverses stratégies par le froid sont proposées telles que la douche froide le matin ou
l’utilisation de bains glacés ainsi que la cryothérapie corps entier. Ces approches par le
froid, en plus d’un effet hormétique, ont de nombreux bienfaits sur la santé tels qu’une
réduction des douleurs et des inflammations ainsi qu’une amélioration de la circulation et
de la production d’hormones (24). Le jeûne et les diverses techniques de jeûne
intermittent représentent aussi une bonne approche de stress hormétique, je vous invite à
regarder sur mon blog, la vidéo sur les différents types de jeûne intermittent ainsi que
l’article sur la diète qui mime le jeûne.

polyphénols et mitohormèse

Concernant les compléments alimentaires, nous avons vu au début de l’article que les
antioxydants n’étaient pas une bonne stratégie pour renforcer les mitochondries, toutefois
il existe des composés phytochimiques qui sont étiquetés « antioxydant » mais en réalité,
pour notre corps ils agissent comme des pro-oxydants, comme des facteurs de stress qui
stimulent les voie hormétiques comme la voie Nrf2 renforçant notre système de défense
antioxydant interne de façon beaucoup plus importante que l’utilisation de suppléments
antioxydants externes. Il s’agit souvent de polyphénols comme le curcuma, l’extrait de thé
vert (ECGG), la sulforaphane, le resveratrol ou des extraits de fruits rouges etc. Des
études récentes ont montré l’avantage de ce type de produits sur la santé et les
performances physiques (25). Par exemple, une publication de 2019 de la revue « Sport
med » a montré que la supplémentation d’un gramme de polyphénols par jour au moins 3
jours avant une compétition ainsi qu’après la compétition, a permis d’accélérer la
récupération musculaire et réduire les lésions musculaires via des mécanismes
antioxydants et anti-inflammatoires de la voie Nrf2 (26) alors que la prise d’antioxydants

9/12
après un effort à un effet contraire en empêchant les mécanismes de renforcement des
mitochondries, c’est pourquoi il est déconseillé de prendre des antioxydants classiques
(vitamine C, E, NAC, glutathion, CoQ10) après un effort (minimum attendre 2 à 3 heures).

La mitohormèse, une approche progressive


Les techniques hormétiques discutées dans cet article peuvent réellement améliorer
notre santé et notre vitalité. Il est conseillé de les intégrer progressivement et de manière
continue dans notre vie, en cherchant la dose de stress hormétique qui nous convienne.
En effet, une personne atteinte d’un syndrome de fatigue chronique ou d’une maladie
chronique handicapante ne pourra peut-être pas tolérer plus de 2 minutes d’exercices
avant d’être épuisée. Cette personne doit commencer lentement et commencer petit à
petit avec des stratégies hormétiques comme des exercices respiratoires avec apnée ou
du sauna (sauna à infrarouges plus facile à tolérer), ces techniques n’épuisent pas le
corps comme l’exercice physique et donnent des stimuli puissants pour les
mitochondries. Pour d’autres personnes, il peut être intéressant de combiner plusieurs
stratégies, par exemple faire une activité sportive avec des phases d’apnée ou combiner
des apnées avec des exercices peu agressif comme la marche ou du yoga. La
récupération de la vitalité et de la santé va dépendre du degré auquel la personne intègre
les facteurs de stress hormétiques dans sa vie. Les approches de mitohormèse sont
complémentaires à une prise en charge globale de la santé de l’individu. Il faut tenir
compte que beaucoup de problèmes de santé sont liés au mode défense de la
mitochondrie qui est provoqué par une perception hostile de l’environnement en lien avec
divers causes (toxines, altération du microbiote, virus persistants, autres infections
chroniques, stress psychologique chronique etc.). Dès lors, chez une personne malade, il
est nécessaire de traiter les causes qui altèrent ces mitochondries et dès que possible on
introduit progressivement des stratégies de mitohormèse.

Dr Antonello D’oro

Références
1. Michael Ristow “Unraveling the Truth About Antioxidants: Mitohormesis explains
ROS-induced health benefits” Nature Medecine, 2014, volume 20, pages709–711
2. Erez Koren “Supplementation with antioxidants fails to increase the total antioxidant
capacity of several cell lines in culture” 2008 Mar;62(3):179-88
3. Toren Finkel “Oxidant, oxidative stress and the biology of aging” Nature, 2000
408(6809):239-47
4. Michael Ristow “Antioxidants prevent health-promoting effects of physical exercise
in humans” Proc Natl Acad Sci USA, 2009 May 26;106(221):8665-70
5. Tae Kwan Yoon “Exercise, Mitohormesis and mitochondrial ORF of 12S rNA Type-
C” Diabetes Metab J 2022 May;46(3):402-413
6. Robert V Musci “ Exercise-Induced mitohormesis for the maintenance of skeletal
muscle and healthspan extension” Sports 2019 Jul 11:7 (7):170

10/12
7. Robert K Naviaux “Metabolic features of the cell danger response” Mitochondrion,
2014 May;16:7-17
8. Robert K Naviaux “Incomplete Healing as a Cause of Aging: The Role of
Mitochondria and the Cell Danger Response” Biology, 2019 May 11:8(2):27
9. Robert K Naviaux “Perspective: Cell danger response Biology-The new science that
connects environmental health with mitochondria and the rising tide of chronic
illness”
10. Shuya Kasai “Regulation of Nrf2 by Mitochondrial Reactive Oxygen Species in
Physiology and Pathology” Biomolecules, 2020 Feb 17;10(2):320.
11. Kira M Holmstrom “The multifaceted role of Nrf2 in mitochondrial function” Curr opin
Toxicol, 2016 Dec ;1:80-91
12. Clea Barcena “Mitohormesis, an antiaging paradigm” Int Rev Cell Mol Biol
2018;340:35-77
13. Heinonen S « White adipose tissue mitochondrial metabolism in health and in
obesity » Obes Rev. 2020 Feb ; 21(2)
14. Sarparanta J « Autophagy and mitochondria in obesity and type 2 diabetes » Curr
Diabetes Rev 2017 ;13(4) :352-369
15. Carlos Marques Palmeira “Mitohormesis and metabolic health: The interplay
between ROS, cAMP and sirtuins” Free Radic Biol Med, 2019 Sep;141:483-491
16. Dhruv Gohel “Mitohormesis; Potential implications in neurodegenerative diseases”
Mitochondrion, 202, Jan;56:40-46.
17. Sarah artwick Bjorkman “The Interplay Between Mitochondrial Reactive Oxygen
Species, Endoplasmic Reticulum Stress, and Nrf2 Signaling in Cardiometabolic
Health” Antioxid Redox Signal, 2021 Aug 1;35(4):252-269.
18. Troy L Merry “Mitohormesis in exercise training” Free Radic Biol Med, 2016
Sep:98:123-130
19. Robert V Musci “Exercise- induced mitohormesis for the maintenance of skeletal
muscle and healthspan extension” Sports 2019 Jul 11:7:170
20. Raphael Faiss “Advancing hypoxic training in team sports: from intermittent hypoxic
training to repeated sprint training in hypoxia” Br J Sports Med 2013 Dec;47
21. Serebrovskaya “Intermittent hypoxia training as non-pharmacologic therapy for
cardiovascular diseases: Practical analysis on methods and equipment” Exp Biol
Med 2016 Sep
22. Ryou MG “Intermittent Hypoxia Training Prevents Deficient Learning-Memory
Behavior in Mice Modeling Alzheimer’s Disease: A Pilot Study” Front Aging
Neurosci. 2021 Jul 1;13
23. Belay Tessema “Effects of Intermittent Hypoxia in Training Regimes and in
Obstructive Sleep Apnea on Aging Biomarkers and Age-Related Diseases: A
Systematic Review” Front Aging Neurosci. 2022 May 23;14
24. Seung-Hyun Ro “ Sestrin2. A regulator of thermogenesis and mitohormesis in
brown adipose tissue” Front Endocrinol 2015 Jul 24;6:114
25. Daniel S. Kashi “The Efficacy of Administering Fruit-Derived Polyphenols to Improve
Health Biomarkers, Exercise Performance and Related Physiological Response”
2019 Oct 7;11(10):2389

11/12
26. Johanna Bowtelli “Fruit-Derived Polyphenol Supplementation for Athlete Recovery
and Performance” Sport Med, 2019 Feb;49(Suppl 1):3-23.

© 2023, Dr. A. D’Oro. All rights reserved.

12/12

Vous aimerez peut-être aussi