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Image de couverture : Kiev. Visite d’Etat en Ukraine de Jacques Chirac, Président de la République.

Cérémonie de signature de l’accord entre l’Université Nationale Chevtchenko et l’Université de Nancy


II. 02-04/09/1998, Archives : Actualités diplomatiques A114051 ©

2
SOMMAIRE :

Sommaire 3
Le reflet d’une histoire fragmentée dans l’historiographie : 4
1) La perspective dominante dans le paysage universitaire français : l’historiographie
soviétique et post-soviétique. 4
2) L’historiographie ukrainienne et ses échos en France. 5
3) Comment aborder l’histoire de la politique extérieure d’une république fédérée ? 5
Le mémorandum de Budapest, un document central pour les relations extérieures de
l’Ukraine : 7
1) La dénucléarisation : un enjeu post-soviétique. 7
2) L’Ukraine, territoire en transition : entre Est et Ouest. 8
L’Ukraine, nouvel acteur du jeu international : un ouvrage marquant. 10
Bibliographie 12

3
Le reflet d’une histoire fragmentée dans l’historiographie :

Les relations franco-ukrainiennes sont marquées par un contexte profondément


nouveau, en évolution constante sur la période de 1985 à 2005. Les relations diplomatiques
concernent, dans cette étude, à la fois les relations bilatérales entre ces deux acteurs mais aussi
les relations qu’ils peuvent entretenir au sein des structures internationales. Cette étude est donc
à replacer dans une perspective régionale pour les partis prenants de ces relations dont la
politique concernant l’un l’autre est pensée principalement par ce prisme. De ce fait, il convient
de répondre à l’interrogation suivante : Comment penser une histoire des relations
internationales d’un espace politiquement fragmenté connaissant une multitude de transitions
politiques ?
Pour éclairer cette problématique, un état de l’art s’impose. Celui-ci expose dans un
premier temps l’historiographie plurielle que présente le territoire fragmenté qu’est l’Ukraine,
pensée avant vis-à-vis de son voisin de l’Est, puis les échos de l’historiographie ukrainienne en
France et enfin les études permettant d’aborder l’histoire de la politique extérieure d’une
république fédérée.

1) La perspective dominante dans le paysage universitaire français : l’historiographie


soviétique et post-soviétique.

Il est intéressant de constater que le courant historiographique dominant en France


concernant l’Ukraine coïncide avec la grille de lecture adoptée par Paris. Ainsi, l’Ukraine est
tout d’abord pensée par rapport à sa relation avec l’URSS puis la Russie. Ce faisant, cet état est
d’abord perçu à travers son histoire coloniale et la majorité des informations le concernant sont
à chercher au rayon des études russes et dans les ouvrages traitant des républiques fédérées
comme un ensemble. Les titres de certains ouvrages sont de ce fait éloquents sur cette situation.
Citons à ce titre l’ouvrage sous la direction de Marc Ferro, L’état de toutes les Russies1 (1993),
ou encore La Russie et son ex-empire : Reconfiguration géopolitique de l’ancien espace
soviétique2 (2003) de Yann Breault, Pierre Jolicoeur et Jacques Levesque. Cela peut s’expliquer
à la fois du fait de l’organisation du champ académique français où sont regroupés les états
post-soviétiques mais aussi par l’émergence encore récente de l’historiographie ukrainienne en
France nécessitant la formation de nouveaux chercheurs s’inscrivant dans ce courant.

1
FERRO, Marc (dir), L’état de toutes les Russies : les états et les nations de l’ex-URSS, Paris, La Découverte,
L’Etat du Monde, 1993, 446 pages.
2
BREAULT Yann, JOLICOEUR Pierre, LEVESQUE Jacques, La Russie et son ex-empire. Reconfiguration
géopolitique de l’ancien espace soviétique, Presses de Sciences Po, « Académique », 2003, 348 pages.

4
Notablement, les chercheurs ukrainiens en France déplorent régulièrement le manque de
spécialistes français maitrisant l’ukrainien. En effet, la plupart des chercheurs français
s’intéressant à l’Ukraine ne maitrisent que le russe ce qui contribue à propager une vision de
l’Ukraine pensée vis-à-vis de la Russie.

2) L’historiographie ukrainienne et ses échos en France.

A partir des années 2000, un certain nombre d’ouvrages en France commencent à être
publiés s’inscrivant dans la perspective historiographique ukrainienne adoptée par l’Ukraine en
1990 et telle qu’elle a pu être pensée par Mykhaïlo Hrouchevsky, président de l’Ukraine en
1918. Cette vision connait une propagation accélérée par l’Indépendance. Aussi, elle est encore
aujourd’hui à ses balbutiements en France et les auteurs s’inscrivant dans ce mouvement restent
minoritaires. Cela se traduit surtout par la publication d’ouvrages généraux reprenant le cours
de l’histoire de l’Ukraine sans entrer dans les détails tel l’ouvrage d’Arkady Joukovsky,
Histoire de l'Ukraine des origines à nos jours3 (2005) par exemple. Les publications de ce
courant sont plus développées chez les anglo-saxons ce qui se traduit aussi par un nombre plus
élevé de départements des études ukrainiennes dédiés dont le seul équivalent en France est celui
de l’INALCO. C’est cependant ce courant qui est favorisé dans la présente étude du fait de
l’approche retenue et de la nécessité de décentraliser le regard porté sur cette région, souvent
centré sur Moscou.

3) Comment aborder l’histoire de la politique extérieure d’une république fédérée ?

Cependant, cette approche se heurte à certaines limites : comment replacer dans un


temps long la politique extérieure d’un état qui était une république fédérée de l’URSS ? De
fait, la politique extérieure en URSS est l’apanage de l’état central mais il convient de noter que
deux autres républiques fédérées avaient leur place dans les institutions internationales à savoir
l’Ukraine et la Biélorussie soviétiques. De ce fait, il est possible de s’intéresser à la politique
extérieure de ces deux républiques fédérées à travers leur comportement à l’ONU, ce que se
sont d’ailleurs proposés de faire Sabine Dullin et Etienne Forestier-Peyrat dans un article de
20204. Cette approche reste très marginale et il convient de noter que le courant d’histoire des
nationalités soviétiques, encore en plein essor, attend encore d’atteindre un niveau de

3
JOUKOVSKY, Arkady, Histoire de l'Ukraine des origines à nos jours, Paris, Editions du Dauphin, 2005,
324 pages.
4
DULLIN Sabine, FORESTIER-PEYRAT Étienne, « Ukrainiens et Biélorusses à l’ONU : la Guerre froide
d’États subalternes », Monde(s), 2020/2 (N° 18), p. 31-50.

5
développement satisfaisant. Des travaux doivent être fait en ce sens et la présente étude tente
en parti d’y contribuer.

Il ressort de ce bilan succin, une historiographie de l’Ukraine en tant qu’état encore


largement marquée par le domaine des études russes mais dont des tendances centrifuges, visant
à décoloniser ce regard ou à propager l’historiographie ukrainienne telle que conçue par les
ukrainiens eux-mêmes, émergent en France avec un retard certain sur les milieux anglo-saxons
forts d’une diaspora plus importante.

6
Le mémorandum de Budapest, un document central pour les relations
extérieures de l’Ukraine :

« Pour parler franchement, tout le monde nous a aimés tout de suite, avant
tout à cause de notre renonciation aux armes nucléaires. Cette décision a été
trop rapide et sans corrélation avec les intérêts nationaux, mais nous n'avions
pas le choix5. » Léonid Koutchma (1994).

Cette citation de Léonid Koutchma revenant sur le mémorandum de Budapest dans un


entretien pour Uryadovny Kurrier explicite parfaitement la situation. Ce mémorandum est
relatif aux garanties de sécurité dans le cadre de l’adhésion de l’Ukraine au Traité sur la non-
prolifération des armes nucléaires. Il date du 5 décembre 1994 et a été ratifié par l’Ukraine, la
Fédération de Russie, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord et les Etats-
Unis d’Amérique. En effet, lorsqu’en 1991 l’Ukraine acquiert son indépendance, celle-ci
récupère une part importante de l’arsenal nucléaire soviétique stationné sur son sol ce qui est
perçu comme un facteur d’instabilité dans la région par les puissances nucléaires. Si la France
ne ratifie pas ce mémorandum, elle signe un document similaire parallèlement, tout comme la
Chine. Cet accord fait suite à un autre accord, trilatéral, entre l’Ukraine, la Russie et les Etats-
Unis, prévoyant entre autres dispositions des assurances de sécurité en échange de la
dénucléarisation de l’Ukraine qui date du 14 janvier 1994. Le 16 novembre 1994, Léonid
Koutchma, fraichement élu, fait ratifier à la Rada le traité de non-prolifération nucléaire ayant
force obligatoire6. Aussi, comment l’attitude des Etats signataires traduisant une situation
tendue, transparait-elle à travers l’expression des clauses du traité du mémorandum de
Budapest ?
Pour traiter cette question, dans un premier temps l’aspect de la dénucléarisation en tant
qu’enjeu post-soviétique a été mobilisée. Ensuite, la situation de l’Ukraine comme territoire en
transition, entre Est et Ouest se doit d’être explicitée.

1) La dénucléarisation : un enjeu post-soviétique.

« L’Ukraine, la Fédération de Russie, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande


du Nord et les États-Unis d’Amérique, […] Notant les changements intervenus dans la situation

5
Léonid Koutchma cité par GALAKA, Serge, « La coopération entre l’Ukraine et l’Occident : le cas de la non-
prolifération nucléaire », in DE TINGUY, Anne (dir), L'Ukraine, nouvel acteur du jeu international, Paris,
Bruylant LGDJ, 2000, page 160.
6
VERKHOVNA RADA, Sur l’adhésion de l’Ukraine au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires du
1er juillet 1968, Document 248/94-ВР, 16.10.1994 [en ukrainien].

7
sécuritaire à l’échelle mondiale, notamment la fin de la Guerre froide, qui ont créé les conditions
nécessaires à une forte réduction des forces nucléaires7 » ont décidé de ratifier un accord de
dénucléarisation de l’Ukraine en échange de garanties de sécurité. En effet, l’Ukraine hérite au
sortir de l’URSS d’une part conséquente de l’arsenal nucléaire soviétique mais il convient de
noter que ce pays avait affirmé, avant même la dissolution de l’URSS, son souhait de ne pas
être une puissance nucléaire. Ce choix, motivé par plusieurs raisons, est surtout un idéalisme
très pragmatique étant donné que ces missiles avaient vocations à être une arme de dissuasion
tournée vers les Etats-Unis et que leur portée minimale est de quelques 3000km8. Ils n’ont donc
aucun intérêt tactique pour l’Ukraine qui s’en sert de monnaie de marchandage dans le jeu
international pour acquérir des garanties à la fois économiques par des compensations, mais
aussi de sécurité se plaçant sous la protection des autres puissances nucléaires en cas d’attaque.
Ainsi, les signataires du traité « réaffirment leur engagement envers l’Ukraine […] de respecter
son indépendance et sa souveraineté ainsi que ses frontières existantes.9 » Cependant, de
manière d’autant plus intéressante que cela constitue le levier principal de pression sur
l’Ukraine par ses partenaires, que ce soit les Occidentaux ou la Russie, les signataires du
mémorandum réaffirment « leur engagement envers l’Ukraine de ne pas recourir à la coercition
économique afin de subordonner à leur propre intérêt l’exercice par l’Ukraine des droits
inhérents à sa souveraineté et d’en tirer un avantage quelconque10. »

2) L’Ukraine, territoire en transition : entre Est et Ouest.

Cette clause est d’autant plus intéressante car l’Ukraine, traversant une grave crise
économique11, est particulièrement tributaire des tarifs russes préférentiels sur les
hydrocarbures et des aides occidentales au développement dont elle bénéficie. La crise
économique peut être associée à la transition que connait l’Ukraine sur cette période. En effet,
si l’Ukraine est un état post-soviétique, elle reste un cas particulier du fait de son héritage
historique vis-à-vis de la Russie. Ainsi, les premiers temps de l’Indépendance sont marqués par
le souci de prouver la pérennité de l’Etat ukrainien qui est perçu par ses partenaires comme une

7
ORGANISATION DES NATIONS UNIES, « Mémorandum relatif aux garanties de sécurité dans le cadre de
l’adhésion de l’Ukraine au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires », Recueil des Traités, volume
3007, New-York, 2021, page 181.
8
GALAKA, Serge, « La coopération entre l’Ukraine et l’Occident : le cas de la non-prolifération nucléaire », in
DE TINGUY, Anne (dir), L'Ukraine, nouvel acteur du jeu international, Paris, Bruylant LGDJ, 2000, page 157.
9
ORGANISATION DES NATIONS UNIES, « Mémorandum… » op. cit. page 181.
10
Ibidem.
11
Pour une présentation de la situation exhaustive voir DUCHÊNE, Serge, « Courte histoire économique de
l’Ukraine indépendante », in DE TINGUY, Anne (dir), L'Ukraine, nouvel acteur du jeu international, Paris,
Bruylant LGDJ, 2000, pages 227-262.

8
terre vouée à revenir sous influence russe. Pour illustrer le cas particulier que constitue
l’Ukraine, une comparaison avec l’attitude de la France envers les états baltes peut être faite. À
ce titre, la France appuie les pays baltes sur leurs contentieux avec la Russie concernant le
stationnement de forces militaires12. Un parallèle simple peut-être fait avec la situation de la
flotte de la mer Noire où la France semble prendre une position russophile dans la question du
partage. Aussi, il est évident que la France reconnait une légitimité différente aux états-baltes,
dont elle n’avait pas reconnu l’annexion de 1939, qu’à l’Ukraine. De ce fait, la renonciation à
son arsenal nucléaire place l’Ukraine en position de faiblesse face à une initiative de la Russie
(dont on connait les conséquences du fait de l’actualité13) et c’est pour cela que l’état cosaque
se doit d’obtenir des garanties de sécurités. Il se place alors sous le parapluie nucléaire de
l’Occident (les signataires « réaffirment leur engagement […] d’intervenir immédiatement pour
venir en aide à l’Ukraine, en tant qu’État non doté d’armes nucléaires […], si celle-ci faisait
l’objet d’une agression ou d’une menace d’agression faisant appel à l’arme nucléaire14. ») pour
assurer sa sécurité vis-à-vis de la Russie. La formulation indique aussi que la Russie est chargée
de défendre l’Ukraine même si, étant son voisin le plus proche et du fait de sa domination
historique, elle est la principale menace nucléaire pour l’Ukraine. Cette formulation est dotant
plus intéressante qu’elle traduit la politique extérieure bi-vectorielle de l’Ukraine ainsi que sa
volonté de non-alignement dans les premiers temps de l’indépendance.

Ainsi, si ce mémorandum marque un tournant dans les relations ukrainiennes du fait du


règlement pacifique du point de tension majeur pesant sur celles-ci, l’Ukraine perd aussi son
principal atout lui permettant de faire valoir ses intérêts sur la scène internationale. De plus, elle
a été trompée à bien des égards, ce que Mitterrand aurait prédit à Koutchma dans une discussion
informelle précédent la signature du mémorandum15. De plus, la confiance de l’Ouest n’est pas
totalement acquise, même en matière de nucléaire militaire, du fait des infrastructures et du
grand savoir-faire de ce pays hérité de la période soviétique dans toutes les entreprises
militaires, nucléaires et la fabrication de missiles.

12
DE TINGUY, Anne, « Paris, Moscou, et les indépendances », in FERRO, Marc (dir), L’état de toutes les
Russies : les états et les nations de l’ex-URSS, Paris, La Découverte, L’Etat du Monde, 1993, page 356.
13
En 2014, la Russie annexe illégalement la Crimée et déploie des éléments pour soutenir les séparatistes pro-
russes de l’Est de l’Ukraine. Non contente de ce conflit de moyenne intensité et du financement du séparatisme,
le régime de Poutine décide le 24 février 2022 de lancer une invasion à pleine échelle de l’Ukraine.
14
ORGANISATION DES NATIONS UNIES, « Mémorandum… » op. cit. page 181.
15
Si cette anecdote est largement méconnue des Français, elle est bien connue des Ukrainiens et de nombreux
articles la relate. A titre d’exemple, parmi d’autre, voir l’article « Koutchma: Mitterrand a également dit de ne pas
faire confiance aux garanties de sécurité », Ukraïnskaya Pravda, 25 octobre 2009 [en russe].

9
L’Ukraine, nouvel acteur du jeu international : un ouvrage marquant.

Tout d’abord, il convient de souligner que cet ouvrage n’est pas un ouvrage historique
à proprement parlé. En effet, celui-ci se range plutôt du côté des sciences politiques par les
thèmes abordés, les auteurs qui y interviennent mais aussi par sa démarche. Cependant, il est
très proche d’un ouvrage historique à plusieurs titres ce qu’entend défendre cette présentation
synthétique. Paru sous la direction d’Anne de Tinguy en 2000, L’Ukraine, nouvel acteur du jeu
international16 entend présenter une synthèse des premières années d’indépendance de
l’Ukraine. En effet, lorsqu’en 1991 la dislocation de l’URSS prend effet, la scène internationale
se trouve avec une multitude de nouveaux états dont certains, comme l’Ukraine, étaient déjà
connus17.

Anne de Tinguy, historienne et politologue, est à cette époque chargée de recherche au


CNRS et maitre de conférences rattachée au prestigieux Centre d'Etudes et de Recherches
Internationales de Sciences Po et à l’INALCO. La même année, elle devient vice-présidente de
l’Association française des études ukrainiennes. Aussi, elle reste aujourd’hui en France, la
référence incontournable à toute étude de sujets politiques concernant l’Ukraine ou la Russie
contemporaine. Dans cet ouvrage qu’elle dirige, les profils des auteurs des différents chapitres
sont très éclectiques réunissant stratégistes, politologues, historiens, économistes, géographes
et même diplomates, originaires de différents pays (Allemagne, Autriche, France, Pologne et
Ukraine). L’ouvrage, intégralement en français, permet donc de varier à la fois les sujets mais
aussi les points de vue.
En effet, composé de trois parties, il aborde les enjeux principaux des premiers temps
de l’Ukraine indépendante à savoir la composition de son identité nationale, ses relations avec
l’extérieur et ses défis internes. De ce fait, le panel de sujets traités est complet combinant études
de cas et chapitres plus généraux permettant au spécialiste comme au non-spécialiste de s’y
retrouver. Aussi, la perspective plurinationale de cet ouvrage est intéressante permettant de
décentraliser le regard, d’autant plus que c’est l’un des premiers ouvrages en français à ne pas
s’inscrire dans le courant des études soviétiques et post-soviétiques, traitant l’Ukraine pour elle-
même et non vis-à-vis de la domination russe ou l’espace post-soviétique dans son ensemble.
A titre d’exemple, la perceptive polonaise apportée par le chapitre de Bogdan Klich et Andrzej
Nowosad permet de mieux appréhender le décalage de perception qui peut subsister entre le

16
DE TINGUY, Anne (dir), L'Ukraine, nouvel acteur du jeu international, Paris, Bruylant LGDJ, 2000, 322
pages.
17
Il convient alors de rappeler que l’Ukraine soviétique siégeait déjà à l’ONU et l’OSCE parmi d’autres
organisations internationales.

10
regard ukrainien et celui des pays occidentaux, gênant parfois le dialogue où la Pologne tient
une place de médiateur promouvant l’intégration de l’Ukraine à l’Union Européenne
activement.

Ainsi, si cet ouvrage n’aborde que de manière anecdotique la spécificité française sur
les questions relatives à l’Ukraine, il permet de mieux saisir les enjeux qui dirigent à la politique
extérieure du pays sur la période de 1991 à 1999, tout en mettant l’accent sur les points de
ruptures influant sur la coopération des acteurs. Pour qui s’intéresse aux relations franco-
ukrainiennes de 1985 à 2005, cet ouvrage est précieux à plus d’un titre car, produit au cours de
la période étudiée, il est à la fois une source primaire permettant d’aborder les positions
universitaires sur les sujets importants de la période mais aussi d’illustrer la coopération
académique et scientifique dans le contexte de ces relations, et secondaire du fait de sa
complexité qui le rend d’autant plus complet par le paysage varié d’approches et de sujets
traités, toujours dans le plus grand respect de la méthode universitaire.

11
BIBLIOGRAPHIE :

Sources primaires :

En langues slaves :

ВЕРХОВНА РАДА, Про приєднання України до Договору про нерозповсюдження ядерної зброї
від 1 липня 1968 року, Document 248/94-ВР, 16.10.1994. [VERKHOVNA RADA, Sur l’adhésion de
l’Ukraine au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires du 1er juillet 1968, Document 248/94-
ВР, 16.10.1994, en ukrainien].

« Кучма: еще Миттеран говорил не верить гарантиям безопасности », Украинская правда,


25.10.2009. [« Koutchma: Mitterrand a également dit de ne pas faire confiance aux garanties de
sécurité », Ukraïnskaya Pravda, 25 octobre 2009, en russe].

En français :

ORGANISATION DES NATIONS UNIES, « Mémorandum relatif aux garanties de sécurité dans le
cadre de l’adhésion de l’Ukraine au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires », Recueil des
Traités, volume 3007, New-York, 2021, page 181.
Sources secondaires :

BREAULT Yann, JOLICOEUR Pierre, LEVESQUE Jacques, La Russie et son ex-empire.


Reconfiguration géopolitique de l’ancien espace soviétique, Presses de Sciences Po, « Académique »,
2003, 348 pages.
DE TINGUY, Anne (dir), L'Ukraine, nouvel acteur du jeu international, Paris, Bruylant LGDJ, 2000,
322 pages.
DULLIN Sabine, FORESTIER-PEYRAT Étienne, « Ukrainiens et Biélorusses à l’ONU : la Guerre
froide d’États subalternes », Monde(s), 2020/2 (N° 18), p. 31-50.
FERRO, Marc (dir), L’état de toutes les Russies : les états et les nations de l’ex-URSS, Paris, La
Découverte, L’Etat du Monde, 1993, 446 pages.
JOUKOVSKY, Arkady, Histoire de l'Ukraine des origines à nos jours, Paris, Editions du Dauphin,
2005, 324 pages.

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