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La Rectification Rapport Final PDF
La Rectification Rapport Final PDF
La rectification
23.11.2012
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Méthodes de production
La rectification
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1. Introduction :
Parfois, un état de surface obtenu par fraisage ou tournage ne peut pas satisfaire
au cahier des
charges. C'est là qu’entre en jeu la rectification, un usinage de grande précision,
permettant des
états de surface de qualité.
C'est notamment lors du début du 20ème siècle, début du taylorisme (maximisation de
la
productivité par chronométrage des temps, division du travail, etc.), que la
rectification acquit toute
son importance. Un travail à la chaîne demande la mise en place de tolérances.
Effectivement, pour
garantir un assemblage, on doit pouvoir fournir une quasi-uniformité lors de série
pouvant aller
jusqu'à plus d'une centaine de milliers de pièces. Il fallait donc trouver une
technique d'usinage plus
précise encore que ne le permettent d'autres techniques telles que le perçage, le
tournage ou encore
le fraisage.
Figure 1 : aguille
( )
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2.2 Applications:
Cette technique de production n'est pas une étape obligatoire lors d'usinage de
pièces mécaniques
mais elle peut s’avérer indispensable lorsque l'assemblage d'une ou plusieurs
pièces nécessite des
tolérances fines, lorsque l’on veut obtenir une série de pièces les plus identiques
possible ou encore
si l’on souhaite obtenir un état de surface de faible rugosité (typiquement pour
préparer des pièces
telles que les galets de roulement à rouleaux par exemple). C'est le cas des
domaines tels que
l'aérospatial, le médical ou encore l'automobile par exemple.
2.3 Principe d'usinage:
La rectification est basée sur le principe de l'abrasion (ou meulage), soit un
enlèvement de matière
sous forme de très petits copeaux. C’est là, l’une des différences fondamentales
avec l’usinage au
tour ou à la fraiseuse. Cette technique permet l'enlèvement de très faibles passes
et d'usiner
finement des matériaux très durs.
L'abrasion est réalisée grâce à une meule. Celle-ci est composée de grains abrasifs
maintenus
ensemble grâce à une matrice d’agglomérant.
Les abrasifs :
Les grains abrasifs ou simplement abrasifs, sont formés de cristaux de matériaux
durs, dont les
arrêtes peuvent couper la matière d’un corps moins dur.
Ils sont caractérisés par :
leur dureté
leur taille
leur résistance à la fracture
leur résistance thermique et chimique
leur résistance à la compression (résistance aux chocs)
Concrètement, lors du frottement de la meule sur une pièce mécanique, les grains
sont confrontés à
de fortes contraintes mécaniques tout en subissant des chocs thermiques (les
températures au
passage de la meule sur une surface peuvent atteindre les 800°c). La résistance à
la rupture est l'une
des caractéristiques principales qui définit la durabilité de la meule. Si la
résistance à la fracture est
trop faible pour une rectification sur un certain matériau, le grain va se casser
avant d’avoir fait son
travail, et la meule s'usera donc très vite. Si au contraire la résistance est trop
élevée, l’arête du grain
va s’émousser et finir par perdre sa capacité à renter dans la matière. De plus la
température au
niveau du contact va augmenter, ce qui risque de nuire à la meule ainsi qu'à la
pièce.
En résumé, le grain doit pouvoir à la fois mordre dans la pièce à usiner et pouvoir
se fracturer pour
permettre le renouvellement des arêtes de coupe (auto-avivage).
La matrice d'agglomérant :
La matrice d'agglomérant sert, quant à elle, de liant pour les abrasifs. C'est elle
qui définit la forme de
la meule. Cette matrice joue un rôle très important dans les propriétés de celle-
ci. Le liant doit en
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effet retenir l’abrasif lors de la coupe mais surtout s’effacer lors de l’avivage
de la meule, pour que le
seul contact entre la meule et la pièce se fasse par l’intermédiaire de l’abrasif.
Si le liant est trop dur par rapport à la matière à usiner, la pièce va frotter
contre l’agglomérant et
provoquer des égratignures.
On peut définir également la porosité d’une meule, c’est-à-dire la proportion de
pores présents dans
la meule. La porosité définit la capacité d’une meule à évacuer les copeaux et à
apporter le liquide de
coupe au niveau du contact. Le but étant de limiter au maximum l’échauffement de la
pièce, qui
serait synonyme de perte de contrôle sur les tolérances exigées.
Les différents usinages par abrasion:
L'enlèvement de matière par abrasion vise à
retirer de la matière le plus parfaitement
possible, sans provoquer de l'entassement
de matière, ni de fractures dans celle-ci. On
distingue donc plusieurs phénomènes
d'enlèvement de matière par abrasion:
Figure 3 : Différents phénomènes lors de l'usinage par abrasion; A1 et A2 sont
des volumes de surface « poussés » sur les bords du passage de la meule;
Av est le volume de la trace.
Micro-cutting:
C'est le but de tout usinage par
abrasion. Le volume de copeaux enlevé est identique à la trace crée par la meule.
C'est à dire
qu’il n’y a pas de déformation plastique du matériau, soit un état de surface
conservé sur les
bords du passage de la meule, et aucune création ni propagation de fissures lors du
passage
de la meule.
Micro-plowing:
Le grain abrasif va, lors du passage sur la surface de la pièce, déformer celle-ci
plastiquement. Il va donc principalement pousser la matière sur les bords de la
zone de
contact avec la meule (création de bordure), et n'enlever qu'une très faible partie
de
matière. Le volume du copeau enlevé est inférieur à la trace créée par l'usinage.
C'est un
phénomène que l'on rencontre souvent lors de l'usinage de matériaux ductiles.
Micro-breaking:
L'usinage par abrasion sur des matériaux durs et cassants, tels que le verre ou
plus
généralement, la céramique, peut créer et propager des fissures, enlevant donc plus
de
matière que le volume de la trace.
Micro-fatigue:
Si on « laboure » plusieurs fois une même zone, le matériau aura tendance à se
fatiguer
mécaniquement et donc, provoquer la formation de fissures et de cassures, enlevant
donc à
nouveau plus de matière que le volume de la trace.
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3. Meules :
Le choix de la meule est le point crucial d'une rectification réussie. Son type de
grain, la taille de
celui-ci, sa matrice liante, son dressage, son usure et sa forme sont tous autant
de paramètres
importants à prendre en compte pour pouvoir garantir des tolérances précises ainsi
qu’un bon état
de surface.
3.1 Les abrasifs:
Ce sont les grains qui vont pénétrer dans la matière afin d’arracher celle-ci.
Actuellement, la majorité
des grains utilisés sont de nature synthétique (les grains naturels ont de moins
bonnes performances
et la taille des grains est difficilement maitrisable. Comme exemple, on peut citer
le diamant naturel
ou le corindon (minéral
)).
On distingue deux catégories d'abrasifs synthétiques :
Outre leurs coûts, ces deux catégories se distinguent par la dureté des grains. En
effet les
superabrasifs ont une dureté Knoop de l’ordre de 45 / 90 GPa alors que le SiC
avoisine les 27 GPa.
Cependant, les superabrasifs s’utilisent uniquement lorsque l’on doit usiner des
matériaux durs. Les
utiliser pour usiner des matériaux « trop » doux nécessiterait un avivage régulier
afin de garantir le
renouvellement des arrêtes de coupe. De plus il est intéressant de souligner qu’il
est déconseillé de
rectifier de l’acier à faible teneur en carbone avec du diamant. L’affinité du
carbone avec l’acier va
user le diamant par diffusion du carbone dans le métal. De plus sous certaines
conditions, une
trempe locale peut être observée.
L’état cristallin des abrasifs n'est pas anodin. On différencie deux états
différents, ayant tous deux
des propriétés différentes. On peut trouver ces différents abrasifs sous une
structure monocristalline
ou polycristalline. Les structures monocristallines ont une ténacité et une
résistance aux chocs
élevée. Les structures polycristallines quant à elles ont tendance, par leur
fragilité (fragile car moins
régulières), à éclater. C'est grâce à cette propriété que les grains vont pouvoir
créer de nouvelles
arrêtes et pointes lors de la rectification, et donc vont pouvoir améliorer la
qualité de l'abrasion lors
d'un usinage. On parle alors d'auto-avivage.
Il faut aussi savoir qu'une meule ne contient en général pas qu'une seule sorte de
grain, mais un
mélange. Soit plusieurs types de grains, soit un grain principal présent en
minorité ou en majorité et
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3.2 Le « coating »:
Le coating est un revêtement du grain permettant d'améliorer l'ancrage du grain
dans la matrice
liante, et de créer un pont ou une barrière thermique entre l'abrasif et le liant.
Typiquement, le
diamant ayant une très bonne conductibilité thermique, si l'on souhaite préserver
en partie le liant
de la chaleur, il faudra donc revêtir les grains du diamant.
3.3 La taille des grains:
Plus la taille du grain est grande, plus l'enlèvement de matière
sera rapide et plus la durée de vie de la meule sera grande,
mais en contrepartie la rectification sera moins fine. Pour de
la rectification de grande précision, on va devoir utiliser des
grains de très petite taille. On distingue donc des meules
d’ébauche et des meules de finition. Afin d’éviter de devoir
rectifier plusieurs fois la même pièce, il est possible de faire
une meule avec une moitié composée de grains « grossiers »
et l’autre moitié de grains « fins » et donc de gagner du temps
(cette technique est uniquement possible lors de rectification Figure 4 : abrasifs
SiC de taille 12 et 30
centerless en enfilade, cf. 5.4.1).
On trie les grains à l'aide de tamis. La nomenclature utilisée défini la taille du
grain à l'aide de la
densité de trou par
du filtre. Ainsi 50 désigne un grain grossier tandis que 150 désigne un
grain beaucoup plus fin.
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ici de « dureté statique »: c'est la force nécessaire qu'il faut appliquer sur le
grain entier ou un grain
brisé pour qu'il s'arrache de la meule.
On caractérise un liant par :
Sa dureté
Sa résistance aux chocs/ son élasticité
Sa résistance chimique (il ne doit pas être soluble dans le liquide de coupe par
exemple)
Sa résistance thermique
Les liants actuels sont répartis, selon leur utilisation, avec les deux catégories
de grain vues
précédemment :
Liants pour les abrasifs conventionnels :
Liants vitrifiés ou céramiques
Liants résine synthétique
Liants résine synthétique renforcé aux fibres
Liants caoutchouc
Liants polyuréthane
Liant pour les superabrasifs:
Liants vitrifiés par combustion
Liants résine synthétique
Liants au bronze cassant (liants au métal fritté)
Liants dépôt galvanique
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ainsi qu’une vitesse de coupe plus élevée que les liants vitrifiés. Son avantage
principal est
qu'ils permettent une rectification à sec et n'ont donc pas obligatoirement besoin
d'utiliser
de liquide de coupe car il est possible d’ajouter des lubrifiants dans la
composition du liant.
Ils présentent une très faible porosité qui oblige à aviver (nettoyer) la meule
régulièrement.
Leur durée de conservation est médiocre.
3.5.3 Les liants caoutchouc:
Semi dur ou dur, le caoutchouc produit des meules avec une résistance aux chocs et
vibrations élevées et va favoriser un enlèvement de matière net. La durée de vie de
ces
meules est courte et elles sont donc privilégiées pour les finitions
3.5.4 Les liants métalliques:
Ce sont des liants résistants à l'usure et à la pression notamment. Ils demandent
un
conditionnement minutieux et obligatoire. Ils doivent, tout comme les liants en
résine,
souvent être avivés entre les différentes coupes, ce qui pose généralement des
problèmes
car la meule est dure et résistante. On les utilise presque exclusivement avec des
superabrasifs, à l’exception du CBN à qui l’on préfère les liants vitrifiés.
3.5.5 Les liants dépôt galvanique:
Les meules utilisant ces liants sont souvent munies d'une seule couche de grains à
sa surface
(la meule est faite en métal), ne permettant plus de conditionnement une fois la
meule déjà
utilisée. Leur principal inconvénient est que la performance de coupe de la meule
diminue
avec le temps d'utilisation. Tant que le métal de la meule n'est pas abimé, on peut
nettoyer
la meule et redéposer une couche de liant. Ce sont des liants très agressifs,
utilisés
principalement dans des rectifications de profils et/ ou à grande vitesse.
Figure 9 : Porosité
faible
Figure 8 : Porosité
moyenne
Figure 7 : Porosité
élevée
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Figure 14 : Méthode de
planage simultané
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La roue de contrôle est faite dans une matière généralement souple, comme par
exemple, un
mélange de caoutchouc. Parfois même, ce mélange peut contenir des grains plus durs,
permettant
un bon accrochage entre la pièce et cette roue, et donc permettant de garantir une
bonne avance de
la pièce (rectification en enfilade également).
Le rail de guidage est placé en sorte que le centre de la pièce soit plus haut que
les deux autres
centres (roue de contrôle et meule) et forme un angle afin que la pièce soit
plaquée contre la roue
de contrôle et pas la meule (cf. figure 23).
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aussi provoquer ces défauts d'usinage. C'est pourquoi une meule doit toujours être
bien dressée,
polie, et reconditionnée fréquemment lors d'usinage d'une grande série de pièces.
On peut aussi
rencontrer quelques problèmes si le liquide de coupe n'est pas correctement
appliqué lors de
l'usinage, ou s'il manque du lubrifiant dans le mélange eau-huile (un exemple
concret est l'usinage
d'aluminium, ou il faut mettre jusqu'à 10% d'huile pour éviter que l'alu ne colle à
la meule).
r = 2mm
Pour cette étude de coût, nous prenons comme exemple un galet de roulement
cylindrique en acier utilisé dans des rails de guidage (typiquement pour rails
Schneeberger), en comparant une production en enfilade et en plongée. On
considère une série de 50'000 pièces.
3 mm
temps de cycle
temps de réglage
(
Amortissement :
prix machine
(
amortissement
Heures de production
Coût opérateur
puissance machine
prix électricité
Opérateur :
Electricité :
(
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Meule et dresseur :
prix meule
prix dresseur
prix liquide
Remarques :
L'amortissement représente ~65% du coût. L'opérateur compte lui pour ~33% du coût.
8.2 Coût centerless en plongée
On calcule maintenant la même série de pièces avec une autre technique de
production. On doit
considérer les changements suivants :
la machine coûte
(
)
un opérateur doit être constamment présent pour la manipulation des pièces
L'électricité, la meule/dresseur et le liquide de coupe sont négligeables
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Temps de production :
(
Amortissement :
Opérateur :
Remarques:
Le coût est 63 fois plus élevé qu'en enfilade.
On peut constater que le coût par pièce est sensiblement le même pour une série de
50'000 ou
15'000 pièces. Ceci est du au fait que, tant que le temps de réglage est
négligeable, le coût ne
dépend que du temps d'usinage (coût amortissement + coût opérateur fixe).
8.3 Formule générale :
Dans le but de pouvoir facilement estimer le coût d'une rectification
conventionnelle :
amortissement
(
opérateur
pièces)
temps de réglage : 2h (compter jusqu'à 8h si le profil de la pièce est plus
complexe)
)
) (
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9. Conclusion :
La rectification est un procédé de grande précision parfaitement maîtrisé : état de
surface à très
faible rugosité, usinage de tolérance allant au delà du µm, parallélisme ou
circularité presque
parfaite. Des atouts pouvant être indispensable à l’usinage de pièces
microtechnique !
Une technique de production extrêmement variée, fiable et pleine de savoir-faire au
service de
domaines d’applications des plus restreints au plus étendus : l’automobile,
l’aérospatiale, le médical
ou encore l’horlogerie.
10. Remerciements:
Nous remercions l’entreprise Adax SA (Bevaix), et tout particulièrement Monsieur
Jorge Bastos pour
nous avoir accueillis et fait visiter le secteur de rectification. Nous remercions
également nos
Professeurs responsables Messieurs Jacot et Lüthi pour avoir été disponibles tout
au long de notre
préparation et d’avoir répondu à nos questions, ainsi que Messieurs les Professeurs
Perriard et
Besse.
11. Références :
11.1 Webographie :
Consulté en octobre et novembre 2012,
-
http://fr.wikipedia.org/wiki/Rectification_(m%C3%A9canique)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Usinage_par_abrasion
http://www.atlantic-meules-abrasives.fr/68.html
http://www.meister-abrasives.ch/fr/
http://www.greenstone.org/greenstone3/nzdl;jsessionid=DDAF18209E7F17B1AE62F02474B
21ABF?a=d&d=HASH05a7d6d1ea75a24dbe73be.7&c=gtz&sib=1&dt=&ec=&et=&p.a=b&p.s=
ClassifierBrowse&p.sa
http://www.diametal.ch/diametal
http://www.crystec.com/
http://www.winterthurusa.com/osMedia/doc/walzen_f_3638.pdf
http://www.france.cgwheels.com/htmls/rectification-cylindriqueinterieure.aspx?
c0=13148&bsp=13090
11.2 Bibliographie:
[1] Theo Mang, Kirtsen Bobzin, Thorsten Bartels, Industrial Tribology:
Tribosystems, Wear and
Surface Engineering, Lubrication, page 41, 2011.
[2] Adrien Christan, Thierry de Roche, Séminaire de rectification, 2011
[3] Kilchoer Cédric, Merabet Abdelkader, Roth Yann, Séminaire d’usinage à grande
vitesse, 2012
[4] Mark J. Jackson, J. Paulo Davim, Machining with Abrasives, 2010
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