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notamment à Adolphe de Benjamin Constant.17 Mais la remarque de Baudelaire est étran-
gère à cette signification, qui dénonce un éclectisme douteux. Il faut la confronter à
quelques mots des Mémoires d’outre-tombe: Chateaubriand, réfugié à Londres après son
retour d’Amérique, se plonge dans la nouvelle poésie anglaise. Selon lui, seuls les compa-
triotes des poètes peuvent comprendre leurs œuvres: ‘On soutient que les beautés réelles
sont de tous les temps, de tous les pays: oui, les beautés de sentiment et de pensée; non,
les beautés de style. Le style n’est pas, comme la pensée, cosmopolite: il a une terre
natale, un ciel, un soleil à lui.’18 Baudelaire, qui sans doute connaissait ces lignes, répond
au regret de René. Lecteur et traducteur d’Edgar Poe, il ne pouvait que désavouer Chateau-
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Edgar Allan Poe, Œuvres en prose, traduites par Charles Baudelaire, éd. Yves-Gérard Le Dantec (Paris: Gallimard, coll.
Bibliothèque de la Pléiade, 1951), p. 3.
20
Baudelaire, Œuvres complètes, II, p. 800.
21
Berchet, ‘Baudelaire lecteur de Chateaubriand’, p. 37.
22
‘L’Esprit et le style de M. Villemain’, Baudelaire, Œuvres complètes, II, p. 195.
doi: 10.1093/frebul/ktt010
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