Vous êtes sur la page 1sur 188

Les Clés

de l’Auto-Hypnose
ROMAIN VANDENDORPE
>
© IDEO 2017, un département de City Editions
Couverture : © Shutterstock/Studio City
ISBN : 978-2-8246-1019-1
Code Hachette : 69 4531 4
Catalogues et manuscrits : city-editions.com/IDEO
Conformément au Code de la Propriété Intellectuelle, il est interdit
de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage, et ce,
par quelque moyen que ce soit, sans l’autorisation préalable de l’éditeur.
Dépôt légal : Septembre 2017
À propos de ce livre…
Ce livre s’adresse aux lecteurs qui rencontrent une difficulté dans leur vie,
et qui souhaitent la surmonter grâce à l’outil hypnotique. Il est donc écrit
dans un langage atypique et propose des enregistrements audio d’auto-
hypnose. Après avoir découvert les bases techniques de l’hypnose, vous
pourrez lire l’introduction pratique et le chapitre lié à votre problème. Puis
vous aurez le loisir d’évoluer au gré des pages, selon vos besoins… Chaque
partie est une clef qui permet d’accéder à vos ressources internes pour
devenir vous-même.
Tous les chapitres fonctionnent sur le même modèle :

Une explication rationnelle pour l’esprit critique, précédée du signe


G
Une illustration pour l’esprit créatif
Une piste audio pour l’esprit auditif
Une carte mentale pour une meilleure mémorisation
Un exemple clinique issu de ma pratique en cabinet

Le langage de l’hypnose

Bonjour et bienvenue dans ce livre. Comme tu peux le constater, lecteur,


j’utilise le tutoiement. C’est tout à fait normal : le tutoiement est l’une des
techniques employées dans le langage hypnotique. Car l’hypnose est un
ensemble de techniques. Il n’y a là ni don ni magie, ni même ésotérisme.
On peut donc tout à fait apprendre à connaître l’hypnose, à la reconnaître et
à l’utiliser… Dans cet ouvrage, l’ensemble des connaissances hypnotiques
te sera enseigné. Et comme pour tout enseignement, il faudra faire appel à
ton cerveau afin de comprendre, mémoriser et ancrer les nouvelles
connaissances.
Index et adresse des enregistrements audio
Voici l’adresse Web des vidéos auxquelles tu es invité à te reporter dans
chaque chapitre :

http://www.alternativ-therapies.com/#!blank/dgl04

Chapitre 4 : La sécurité : 10’50 min*


Chapitre 5 : Le temps : 11’20 min*
Chapitre 6 : L’équilibre et la vie : 28’40 min***
Chapitre 7 : Le juste échange : 15’35 min***
Chapitre 8 : La douleur : 13’00 min**
Chapitre 9 : Les morts : 20’00 min***
Chapitre 10 : Les traumatismes : 11’40 min***
Chapitre 11 : Les rêves : 10’57 min**
Chapitre 12 : La physique quantique : 13’27 min**
Chapitre 13 : Le destin : 11’52 min**

Difficultés :
* Niveau idéal pour débuter
** Niveau intermédiaire
*** Niveau avancé
Préface
Avant d’entrer dans le vif du sujet, rappelons certaines choses à propos du
cerveau… Le cerveau humain est l’une des structures les plus étonnantes et
complexes de l’univers. Il possède, à lui seul, 100  000  milliards de
neurones. Un nombre équivalent à celui des étoiles dans la galaxie. Si nos
neurones étaient mis bout à bout, l’ensemble correspondrait à la distance
Terre-Lune !

G La segmentation du cerveau
Pour comprendre le cerveau, les scientifiques l’ont segmenté en parties.
Le cerveau se partage en deux hémisphères : d’un côté le cerveau gauche :
rationnel, logique, siège de la conscience critique ; et de l’autre le cerveau
droit : artistique, intuitif, imaginatif, siège de la conscience virtuelle.
C’est grâce aux travaux du professeur Henri Laborit qu’une nouvelle
segmentation est apparue : celle des trois cerveaux. Le cerveau « reptilien »,
relique d’un passé instinctif, pulsionnel, lié à la survie, répond aux réflexes
les plus primaires. Le cerveau «  limbique  », siège des émotions, de
l’adaptation à l’environnement, est un filtre entre nos perceptions
sensorielles et notre interprétation émotionnelle. Et enfin le cerveau
« cortical », plus connu sous le nom de néocortex, est le Saint Graal de la
réflexion, de l’analyse, de l’abstraction et de la créativité. De son côté, le
physicien Ned Herrmann distingue cinq parties différentes dans les deux
cerveaux. Il est intéressant d’observer que ce découpage se rapproche
étroitement des cinq  principes énergétiques chinois (feu, eau, bois, terre,
métal). Nous y reviendrons dans le chapitre 6, dédié aux religions et aux
philosophies de vie…
Et enfin, c’est en 1969, à l’université de Stanford, que le renommé docteur
Karl Pribram, physiologiste du cerveau, suggéra l’idée d’un «  cerveau
holographique  ». Un modèle qui résulte de l’analogie entre deux
découvertes majeures  : celle des microchamps, par Sir John Eccles, en
1963, et celle de l’holographie, en 1948, par Dennis Gabor, prix Nobel de
physique. Les microchamps sont des ondes électriques de courte distance
qui se propagent localement autour de toutes les synapses, c’est
-à-dire autour des connexions entre les neurones qui constituent le cerveau.
Comme le cerveau, ce livre est segmenté, afin que son enseignement soit
mieux assimilé. Sur le mode du tutoiement, on suivra un cheminement
créatif, imaginatif, qui fait appel à la métaphore et aux techniques
hypnotiques. Cette partie concerne le cerveau droit. Par ailleurs, on trouvera
aussi dans ce livre des explications rationnelles, documentées et
explicatives, qui font appel, elles, au cerveau gauche (parties précédées du
signe G). Tout au long de ta lecture, tu voyageras donc entre cerveau droit
et cerveau gauche, un peu comme la respiration va entre inspiration et
expiration. Comme si ta conscience, elle aussi, bougeait, vivait, dans ce
mouvement entre conscience critique et conscience virtuelle.

G Qu’est-ce que la conscience ?


Le modèle holographique repose sur une thèse selon laquelle des milliards
d’ondes du cerveau formeraient des hologrammes cérébraux pouvant servir
de support biophysique au processus de la pensée, de la mémoire, mais
également à notre interprétation sensorielle de la réalité. Cette idée est
reprise par le docteur David Bohm pour qui «  nos sens s’entendent pour
créer l’illusion du monde qui nous entoure  ». Malgré toutes ces
segmentations, tous ces modèles, nous restons dans l’hypothèse. Le
fonctionnement du cerveau est toujours l’un des plus grands mystères de
l’univers. Comme le dit André Comte-Sponville, le terme «  conscience  »
est « l’un des mots les plus difficiles à définir ». Notre difficulté viendrait
du fait que la conscience ne peut que s’autodéfinir. Et de fait, définir la
conscience, c’est un peu comme se mettre à la fenêtre d’un balcon pour
s’observer jouer dans le jardin.
Que les puristes m’excusent donc lorsque j’essaie de donner une définition
de la conscience  ! Ma démarche a pour seul et unique but d’éclairer le
lecteur. Au sens psychologique, la conscience pourrait se définir comme
une relation interne et/ou externe, avec le monde et/ou avec soi-même.
Cette notion regroupe généralement certains éléments comme  : les
émotions, les pensées, les sensations, la réflexion. La conscience, en ce
sens, est une représentation de soi et/ou du monde. Elle est une fonction
vitale permettant d’apporter une réponse aux sollicitations externes (à la
différence du coma). Dans sa première topique, Sigmund Freud définit ainsi
la conscience comme l’une des trois composantes de l’appareil psychique,
les deux autres étant le pré-conscient et l’inconscient. Pour ma part, comme
pour de nombreux thérapeutes, la conscience pourrait se définir en deux
sous-modalités : la conscience critique et la conscience virtuelle.

G Conscience critique et conscience virtuelle


La conscience critique est une conscience rationnelle, globale. C’est elle
qui régit nos relations quotidiennes, réelles. Elle s’établit sur le sens
commun des choses et fait appel à notre faculté «  matérialiste  » des
événements. Elle est logique. Prenons un exemple pour comprendre : « Je
suis assis devant mon ordinateur, la lumière est allumée et les enfants jouent
dans leurs chambres. » La conscience virtuelle est focalisée. Elle appartient
au monde de l’imaginaire regroupant les rêveries et le vagabondage de
l’esprit, qu’il soit positif ou pas. En voici un exemple : « Pendant que je suis
en train d’écrire, je pense à cette plage où je me sens bien au chaud, calme
et détendu. »
Dans la vie, nous passons toujours d’un type de conscience à un autre, de
manière parfaitement naturelle. Ces deux types de conscience coexistent en
permanence. Leur prédominance fluctue au fil des situations. C’est comme
s’il s’agissait d’une respiration de l’esprit. Par moments, la conscience est
rationnelle : « Deux plus deux égale quatre » ; à d’autres moments, elle est
plus imaginaire  : «  Ah oui, je pense aller au ski retrouver ces montagnes,
cette neige… »

Conseils pour la lecture


Il est conseillé de lire le début du livre jusqu’à la fin du chapitre 3 d’un
seul tenant. Puis, chaque chapitre étant une entité indépendante, ils peuvent
se déguster, un par un, au fil des envies. Veille à utiliser les éléments
auditifs et visuels d’un même chapitre ensemble. Par exemple, si je décide
de lire le chapitre sur la douleur, je le parcours en entier et j’enchaîne avec
la piste audio. Pour l’efficacité de l’auto-analyse, il est préconisé de lire un
chapitre clé par semaine. Ainsi tu assimileras au mieux chaque étape.
Comme une partie de toi le sait déjà, les miracles n’existent pas. Cet
ouvrage se veut didactique et intuitif. Il n’a aucune prétention thérapeutique
et encore moins médicale. Il permet à chacun de cheminer dans son for
intérieur, afin d’y développer les ressources nécessaires aux changements
pour devenir soi-même.
Bonne lecture !
ROMAIN VANDENDORPE
1

L’hypnose

« Le seul voyage est intérieur. »


RAINER MARIA RILKE

L’hypnose est, selon le dictionnaire, «  un état modifié de conscience,


distinct du sommeil ». Nous avons pu constater dans les pages précédentes
la difficulté de déterminer avec précision ce qu’était la conscience, alors un
état modifié…

G Petite histoire de l’hypnose


Un peu d’histoire pour contextualiser cette pratique ancestrale nous fera le
plus grand bien. La paternité du mot « hypnose » est relativement difficile à
établir. Pour certains, elle revient à Étienne Felix de Cuvillers, magnétiseur
«  imaginationiste  » du XVIIIe siècle. Comme l’abbé Faria, ou comme le
médecin Alexandre Bertrand, mais contrairement à Franz-Anton Mesmer,
Cuvillers ne croit ni à l’existence du fluide magnétique universel ni à celle
du magnétisme animal. Par le mot «  hypnose  », l’abbé Faria désigne un
sommeil lucide. Puységur, élève de Mesmer, voit dans cet état un
somnambulisme artificiel, où le magnétiseur n’est que le vecteur de la
guérison, un passage, une voie.
En 1843, James Braid, médecin écossais, contribuera à la compréhension
du phénomène d’hypnose en utilisant un objet. L’objet utilisé est souvent un
pendule, objet brillant qui mobilise l’attention visuelle du sujet. C’est ainsi
que naît l’image mystique et populaire de l’hypnose. En 1978, le médecin
Jean-Martin Charcot donne ses premières lettres de noblesse à l’hypnose. Il
est le premier à considérer ce phénomène comme un véritable sujet d’étude
scientifique. Charcot présente ainsi l’hypnose comme un trait de l’hystérie,
une pathologie psychologique.
Quelques décennies avant, Hippolyte Bernheim, professeur de médecine
et neurologue français, avait démontré l’importance de la suggestion.
Suggestion dont l’hypnose moderne est la digne héritière.
Sigmund Freud, de son côté, considérait l’hypnose comme une porte
d’accès à l’inconscient…
Pour ce qui est de l’hypnose thérapeutique, c’est Milton Erikson,
psychiatre et psychologue américain, qui a transformé la pratique empirique
en démarche rationnelle. Son approche et ses nombreux travaux sur
l’hypnose sont tout à fait novateurs. Cette fois, le sujet est au cœur du
changement et l’hypnose n’est qu’un outil de sa transformation (intérieure
et/ou extérieure). C’est la personne elle-même qui puise en elle des
ressources pour se guérir.

Qu’est-ce qu’une « transe » ou un « état de transe » ?


Cette notion de « transe » semblera très mystique au néophyte, mais il ne
s’agit, en fait, que d’une focalisation de l’attention, qui permet de
s’abstraire des éléments extérieurs. Prenons un exemple explicite. Un
patient vient parfois me trouver et me dit :
— Il n’y a rien qui marche !
— Ah bon ? Vous vous êtes cassé les deux jambes ce matin ?
On constatera que toute l’attention du patient est focalisée sur ses
problèmes. Tout ce qui serait une ressource pour lui, il en fait abstraction.
Nous pouvons donc orienter notre propre attention : cela nous influence et
nous permet de nous adapter. Nous pouvons, en gérant notre attention,
modifier notre appréhension et notre compréhension des choses, changer
nos croyances et notre vie quotidienne.

La gestion de l’attention
Afin que tu puisses réaliser par toi-même l’importance de la gestion de
l’attention, je t’invite à regarder cette vidéo. Mais avant le visionnage,
prépare-toi. Tu vas devoir noter dans les lignes suivantes le nombre de
passes réalisées par l’équipe blanche. En fonction de ton score, tu pourras
déduire ton niveau de vigilance. Alors concentre-toi bien ! Pour un test dans
les meilleures conditions, je t’invite à arrêter la vidéo dès que le test est
réalisé. Tu pourras ensuite revenir au livre.
► Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=vJG698U2Mvo
Alors, combien as-tu trouvé de passes ? Note dans le cadre ci-dessous ton
score :

As-tu pu voir quelque chose en particulier  ? Si cette chose t’a marqué,


note-le ici :
Très bien.
Maintenant, as-tu vu le gorille qui est passé au milieu de la vidéo ? Si c’est
nécessaire, je t’invite à revoir la bande-vidéo jusqu’à la fin…
Incroyable  !!! Pour 70  % des personnes qui réalisent ce test, le gorille
passe totalement inaperçu.

Si tu fais partie des 30 % qui ont vu le gorille, ton attention est plus
globale, et tant mieux.
Si tu te trouves dans les 70 % qui ne l’ont pas vu, c’est génial : c’est
toi qui possèdes la plus grande capacité à améliorer ce qui doit être
amélioré.

L’attention est donc un processus que tout un chacun doit prendre le temps
de domestiquer. ON peut ainsi améliorer sa compréhension, celle de soi, des
autres et du monde.

L’état de transe
Pour en revenir aux phénomènes de transe, il y a différents types de transe
et différentes profondeurs de transe que nous allons prendre le temps de
décrire ensemble.
« Transe » est un mot à connotation spirituelle, chargé d’un vécu plus ou
moins ésotérique, mystique, voire magique… La transe correspond à un
état, on parle bien d’ « état de transe ». Il s’agit d’un état dit « modifié de
conscience » permettant l’accès à un ensemble de ressources internes. Cet
état possède des caractéristiques propres que nous allons prendre le temps
de décrire. Bien évidemment, tous les signes ne sont pas repris dans leur
intégralité. Aux férus de physiologie humaine, je conseille les articles du
professeur Faymonville…
LES SIGNES OBJECTIFS DE LA TRANSE
La transe correspond, au niveau des ondes cérébrales, au stade 1 du
sommeil paradoxal. Le sommeil paradoxal est une phase très active du
sommeil, faisant suite à la phase de sommeil léger, de sommeil moyen et de
sommeil profond. Le sommeil évolue selon une courbe caractéristique que
nous connaissons tous : éveil, temps, inactivité cérébrale.
Cela, bien sûr, dans l’idéal ! Chaque graphique peut être différent et si tu
souhaites découvrir le tien, tu peux utiliser des applications gratuites
comme « isommeil ».

Il est possible également d’observer des mouvements oculaires


rapides sous les paupières.
La peau connaît elle aussi un changement  : une augmentation de la
résistance cutanée. Ne l’oublions pas, notre corps est conducteur. La
peau jouant le rôle d’un élément électrique en série, sa résistance peut
être mesurée.
On peut aussi observer, à l’aide de l’IRM fonctionnelle (Imagerie par
résonance magnétique), une activation des neurones miroirs. Les
neurones miroirs correspondent à un ensemble de neurones, dans le
cerveau, qui s’activent aussi bien lorsqu’un individu réalise une
action que lorsqu’il observe une autre personne exécuter cette même
action. C’est également le cas lorsque nous imaginons cette action.
(Ce qui explique l’activation de ces neurones quand la personne est
en état de transe, état où l’imagination prédomine sur la réalité). D’où
le terme de « miroir ». Dans la transe, le cadre relationnel a toute son
importance. Il facilite, notamment, l’activation des neurones miroirs.
L’environnement influence la relation de sécurité et intervient au sein
du processus physiologique lui-même.

Les signes les plus facilement observables sont le battement des paupières
à la fermeture des yeux, ou encore le rythme respiratoire plus calme et plus
profond, un état proche de celui de la relaxation. On peut également repérer
une salivation plus importante, des déglutitions ou encore des
larmoiements.
LES SIGNES SUBJECTIFS DE LA TRANSE
Dans le processus de transe, des signes plus subjectifs sont observables sur
le sujet, tels que :

une sensation de grand relâchement et de désintérêt pour tout effort,


une lourdeur physique,
des fourmillements,
une pesanteur au niveau des membres et des mains, comme s’ils
étaient engourdis,
à cela peuvent s’ajouter une sensation de flottement, de légèreté, un
détachement vis-à-vis de l’environnement et la conscience de stimuli
habituellement ignorés.

Comme si l’attention était plus aiguisée, plus intense, focalisée sur


l’intérieur. Car il faut le dire, le rapport est actuellement totalement
disproportionné entre l’attention que nous donnons aux stimuli externes et
celle que nous donnons aux stimuli internes. Notre vie actuelle détourne
l’attention de notre intérieur. Les smartphones, la télévision, les ordinateurs,
le quotidien aspirent malgré nous notre attention.
Il est indispensable de prendre conscience de la monopolisation de notre
attention vers l’extérieur et de la recadrer régulièrement. Comme on
pourrait le faire lors du réglage, lors de l’étalonnage d’une imprimante…
Car en réalisant ceci régulièrement, on permet à notre esprit de se
reconcentrer sur ce qu’il y a d’important pour soi, sur l’essentiel.
Néanmoins, il faut savoir que sortir de la société en bannissant la
télévision ou en interdisant les smartphones aux enfants n’est pas une
solution en soi  : il faut vivre dans la société et non en marge de cette
dernière ! En recadrant ton attention, tu obtiendras de nombreux bienfaits :
pour toi, mais aussi pour ton entourage, ta femme et tes enfants, qui seront
les premiers à remarquer ces changements. Bien avant toi !
L’effet de l’environnement dans la transe
L’état de transe est également le résultat d’une phénoménologie. En effet,
le rôle des observateurs est prépondérant. Par exemple, lorsqu’une personne
veut dépasser une phobie et qu’elle le réalise sur un plateau de télévision,
c’est comme si l’ensemble des spectateurs et téléspectateurs lui apportait
une force supplémentaire… Comme si le simple fait d’être observée, d’être
le centre de l’attention ou de l’intention de son environnement, lui
permettait de dépasser les limites qu’elle s’était elle-même fixées. Au
cabinet, cela se passe totalement différemment. C’est la relation de
confiance (le préalable indispensable à tout travail hypnotique) qui permet
au sujet de faire émerger les changements dont le thérapeute n’est que le
vecteur, le support. La ressource ainsi récupérée, émanant exclusivement du
patient, est inévitablement plus juste, car elle vient de lui-même.

Les types de transe


Dans la littérature consacrée au sujet, nous trouvons plusieurs types de
transe  : transe chamanique, transe de possession, transe de vision, transe
divinatoire, transe médiumnique, transe érotique, transe onirique, transe
somnambulique, transe méditative, transe hypnotique… Et la liste est
longue. Ce qui est tout à fait normal, car l’état de transe est un état
parfaitement naturel… Et tu l’as déjà expérimenté sans le savoir…
UNE SITUATION VÉCUE
Prends le temps de te rappeler cette situation que nous avons tous déjà
expérimentée. Tu es dans ta voiture en train de conduire en direction des
vacances. Tu es sur l’autoroute et en même temps qu’une partie de toi est en
train de conduire, une autre partie se déplace, comme si tu partais dans tes
pensées. Tu te demandes  : «  Que vais-je faire en arrivant  ? À quoi va
ressembler le lieu vers lequel je me dirige  ? Qui vais-je rencontrer en
premier  ?  » Et puis ce «  film  » du déplacement de ta conscience va
continuer plusieurs minutes, peut-être plus, bien plus… Et à un moment, tu
reviens dans ta voiture. Ce qui sous-entend que tu étais parti ! Et tu te dis :
« Je suis déjà là ! Je n’ai pas vu le temps passer ! Et comment ai-je fait pour
ne pas avoir un accident ? »
Eh bien, que s’est-il passé dans cet exemple ? Tout d’abord, tu as fixé ton
regard sur la route puis laissé les commandes à un système automatique
supervisé par un observateur caché (cette partie de ta conscience qui te
protège et te garde en sécurité dans toutes les situations). Puis, tu as
augmenté la part de ta conscience virtuelle par l’imagination (en imaginant
ton arrivée). Ta conscience critique ayant été réduite à la seule tâche de
conduire, tu as basculé dans un état de transe de manière parfaitement
naturelle. Ton corps est bel et bien resté dans la voiture, mais ta tête, grâce à
l’imagination, est partie se balader… Comme tu peux le constater, il n’y a
rien de magique. C’est un phénomène qui, s’il est utilisé dans une stratégie
thérapeutique, active tout un ensemble de ressources pour atteindre le but
que tu t’es fixé en toute sécurité.
LA SÉCURITÉ GARANTIE PAR « L’OBSERVATEUR CACHÉ »
La sécurité. Il est très important de souligner ce point. Beaucoup de
personnes que je rencontre me demandent : « Avec l’hypnose, vous avez le
pouvoir de faire faire n’importe quoi à n’importe qui  ?  ». Eh bien, la
réponse est NON  ! Comme dans l’exemple donné plus tôt, il y a toujours
l’observateur caché qui est présent. Mais qu’est-ce que l’observateur
caché  ? L’observateur caché est tout simplement cette partie de toi, cette
partie de ton esprit qui garantit ton intégrité physique et morale.
Quel que soit ton état de conscience, que tu sois énervé, triste, gai, joyeux
ou encore en état amplifié de conscience (comme en méditation ou en
sophrologie), cet observateur caché est présent. Il guette ce qui t’entoure :
les sons, les sensations, les mouvements ou actions autour de toi. Et ce, afin
d’apporter une réponse immédiate et instantanée si un événement contraire
à ta morale, ton éthique et à ce que tu es, venait à se produire.

Qu’est-ce que l’état amplifié de conscience ?


Pour finir ce chapitre sur l’hypnose, j’aimerais revenir sur ces mots : « état
amplifié de conscience  ». Tu as peut-être déjà entendu l’expression «  état
modifié de conscience » qui, pour certains, décrit l’état d’hypnose. Pour ma
part, l’appellation « état amplifié de conscience » a un sens beaucoup plus
large.
Elle regroupe l’ensemble des pratiques qui utilisent un état de conscience
différent de celui qui est le plus présent, au quotidien, chez le sujet. Cet état
amplifié de conscience peut s’acquérir de plusieurs manières, en fonction de
la sensibilité du sujet et surtout de son sens le plus sensible (visuel, auditif,
kinesthésique, olfactif, gustatif).

G Les techniques pour entrer dans l’état amplifié de


conscience
Plusieurs techniques, possédant chacune leurs caractéristiques et
spécificités, augmentent la capacité à entrer dans un état amplifié de
conscience. Parmi elles, citons :
LA SOPHROLOGIE
Alfonso Caycedo l’a conçue en 1960, un an après avoir créé une école
d’hypnose… Celle-ci a dû fermer, car elle n’était pas «  exploitable  » à
l’époque. La sophrologie est, selon moi, une fille de l’hypnose. Elle utilise
les mêmes techniques. Leur différence tient peut-être à la technique
linguistique utilisée  : l’hypnose «  dissocie là où la sophrologie hyper-
associe1 ».
LA MÉDITATION
Il s’agit d’une technique de gestion de l’attention, issue de la culture
orientale. Elle trouve son origine dans le boud-dhisme. Ceux qui pratiquent
la méditation ont pour objectif de trouver la paix intérieure. Il est intéressant
de souligner qu’un des courants de la méditation appelé « méditation pleine
conscience » se rapproche fort de l’hypnose du « ne rien faire ». La seule
chose qui les différencie est, là aussi, la technique linguistique utilisée.
LE CHAMANISME
Le chamanisme est une pratique rituelle qui prend sa source dans les
sociétés traditionnelles sibériennes. Il s’agit d’un état de transe durant
lequel le chamane communique avec «  des entités, des esprits  », qu’ils
soient de nature animale, végétale ou autre. Le chamanisme est associé,
pour les profanes, à des fonctions magiques  : faire tomber la pluie, traiter
certaines maladies, faire venir le gibier, accompagner l’âme des morts, ou
encore, faire du tort à un ennemi. Cette pratique entre dans un rituel
spécifique, rituel toujours accompagné de musique. L’ensemble, techniques
et contexte, permet au chamane d’entrer dans un état modifié de conscience
et de réaliser les attentes de la tribu.
LE REIKI
Le reiki est une technique énergétique d’origine japonaise qui consiste à
réaliser «  l’harmonisation énergétique  » d’un sujet par apposition des
mains. Si, à ce jour, aucune preuve scientifique n’atteste l’efficacité du
reiki, l’on peut cependant observer que l’expérimentateur se trouve dans un
état amplifié de conscience (sûrement une concentration intense) lors des
séances. Il induit par son travail une modification en miroir du patient…
L’OSTÉOPATHIE
L’ostéopathie se définit comme une médecine «  manuelle  », consistant à
traiter les troubles fonctionnels du corps humain. La majorité des
techniques utilisées par cette discipline sont issues des techniques
pratiquées par les rebouteux. La rebouterie est, à l’origine, de l’ostéopathie
structurelle. Les « videurs de bile » ont fait naître l’ostéopathie viscérale et
les magnétiseurs ont largement influencé la pratique crânienne et tissulaire.
C’est dans cette dernière pratique que l’état amplifié de conscience est le
plus visible, chez le thérapeute, comme chez le patient…
Comme tu as pu le constater, l’état d’hypnose est tout ce qu’il y a de plus
naturel. Tu vis avec, sans même t’en apercevoir. Alors pourquoi en faire
tout un fromage  ? Eh bien, tout simplement parce qu’il y a une grande
différence entre être en état amplifié de conscience et savoir que l’on est en
état amplifié de conscience. Ce « savoir » permet une meilleure maîtrise de
l’état amplifié. Il permet d’apprivoiser cet état et, au fur et à mesure de la
pratique, de l’optimiser, pour en faire une ressource utilisable au quotidien.
Dans la suite de cet ouvrage, tu trouveras également des exemples de cas
cliniques. Ces derniers, issus de ma pratique quotidienne, illustreront de
manière concrète la thématique choisie (traumatismes, sécurité, deuil…).
Tout au long du processus, garde à l’esprit la phrase suivante  : « Le seul
voyage est intérieur » (Rainer Maria Rilke).

Passons maintenant à la pratique


Bienvenue à l’intérieur de ce livre. Si tes yeux sont d’ores et déjà focalisés
sur les mots, prends quelques instants pour laisser le son environnant entrer
dans tes oreilles. Prends le temps de sentir le contact de chaque partie de ton
corps avec les éléments qui l’entourent. Laisse l’odeur du lieu où tu te
trouves entrer dans tes narines. Ouvre ton esprit…
Aujourd’hui, tu as décidé de te lancer dans une aventure exceptionnelle :
partir à la recherche de tes propres ressources, de tes propres capacités. Si
durant cette aventure, je serai ton guide, sache que c’est TOI, qui en seras le
héros  ! Après avoir fait un état des lieux de ta situation intérieure, tu
découvriras, page après page, qu’un énorme potentiel sommeille en toi…
Pendant ce voyage extraordinaire, que tu as déjà commencé, tu découvriras
comment prendre le contrôle de ta vie, grâce au magnifique outil qu’est ton
cerveau ! Tu es prêt ? Alors, allons-y !
Un petit conseil tout de même : fais bien attention, car chaque page qui se
tourne t’emmènera vers ce que tu souhaites devenir : toi-même !
1. Je ne suis pas un spécialiste de la sophrologie. Les puristes m’excuseront pour ce raccourci didactique.
2

La vie

« Si l’aventure vous fait peur, essayez la


routine ! Elle est mortelle… »
PAULO COELHO

La parabole du nageur
La vie est loin d’être un long fleuve tranquille… Elle est plutôt comme
une succession de vagues, d’épreuves, où chacun développe sa stratégie.
Lorsqu’une vague arrive, tu laisses les yeux l’observer et les oreilles capter
le son du défi qui t’attend  ! En parallèle, le cerveau active le système
nerveux autonome, sa branche sympathique (augmentant ainsi ta fréquence
respiratoire, ta fréquence cardiaque, ainsi que ton tonus musculaire). Ton
corps est alors prêt ! Puis, tu te mets à nager, nager de plus en plus fort, de
plus en plus vite, encore et encore, pour traverser cette vague ! Tu mobilises
ainsi l’ensemble de tes ressources disponibles. C’est de cette énergie
physique et mentale dont tu as besoin pour avancer dans la vie. Puis, au prix
de nombreux efforts, tu passes enfin au-dessus de la vague. Et à peine as-tu
eu le temps de profiter de ce moment que déjà une autre vague se profile à
l’horizon, concentrant à nouveau ton regard. Tu recommences ainsi sans
cesse…
Dans un premier temps, la régénération du corps et de l’esprit permet de
recharger ce qui doit être rechargé. Une alimentation équilibrée permet
d’apporter les nutriments nécessaires aux différents acteurs de notre corps.
La respiration y contribue en apportant l’oxygène indispensable au bon
fonctionnement de chaque cellule.
Mais qu’en est-il de l’esprit  ? Eh bien… l’esprit a besoin de temps. Du
temps, pour intégrer. Du temps, pour digérer les informations, les sensations
et les émotions issues de notre perception de la réalité. Le temps à lui
accorder est proportionnel à la taille de la vague bien sûr, mais également à
la capacité de récupération du nageur, à sa capacité à s’adapter en
permanence. Dans la majorité des cas, nous avançons sur le chemin de la
vie de cette manière, jour après jour, vague après vague…
Jusqu’au jour où, soit les vagues deviennent trop grandes, soit elles sont
trop nombreuses… Le nageur, ne connaissant aucune autre stratégie,
s’épuise… Il essaie dans un premier temps de redoubler d’effort. Les yeux
le préviennent dès qu’ils le peuvent. Les oreilles deviennent presque
sourdes au son environnant. Le cerveau donne l’ordre de mettre toutes les
ressources au service de la stratégie. Le corps est au maximum de ses
possibilités… Mais cela reste insuffisant. Tous les efforts ne permettent pas
de franchir la vague…
Et ce qui devait arriver, arriva  ! La vague emporte le nageur dans son
rouleau compresseur, secouant tout son corps et tout son être. Les repères
disparaissent, l’éloignant encore davantage de son objectif.
C’est à ce moment que le cercle vicieux commence. La difficulté se
transforme en problème  : la recherche de solutions cesse et les ressources
s’épuisent. Le nageur ne prend plus le temps. L’esprit ne peut plus intégrer
de nouvelles sensations, de nouvelles données. Il ne dirige plus le nageur
dans la bonne direction et progressivement, à son insu, ce dernier se laisse
emporter par le courant…
Durant cette dérive, le nageur se pose des questions, une question :
POURQUOI ?

Pourquoi moi ?
Pourquoi je n’y arrive pas ?
Pourquoi suis-je comme ça ?
Pourquoi cela est-il arrivé ?
Pourquoi je n’ai pas su penser à ?
Pourquoi en suis-je arrivé là ?
Pourquoi j’ai fait ça ?
Pourquoi je pense ça ?
Pourquoi j’ai dit ça ?

Et puis un jour, inconsciemment, alors que le nageur ne semble rien faire


en particulier, tandis qu’il semble juste laisser s’égrainer les secondes,
apparaît la véritable question, celle qui est à la base du changement, à la
genèse d’un cercle vertueux :
COMMENT ?

Comment vais-je faire pour m’en sortir ?


Comment veux-je devenir ?
Comment y arriver ?
Comment vais-je devoir agir ?
Comment vais-je devoir évoluer ?
Comment dois-je changer ?
C’est à ce moment, en général, que tu pars à la recherche d’une aide,
d’un guide…

Le guide montre le chemin, indique la route à prendre, mais c’est toi qui
avances  ! Le guide est toujours à tes côtés… à une condition  ! Fais ton
maximum pour le rendre inutile ! Le guide te permet de prendre le temps.
Prendre le temps de trouver une nouvelle stratégie pour passer la vague.
Juste s’arrêter quelques instants. Comme si le temps était suspendu…
Observer la vague, pour, au bon moment… plonger dedans. Ce n’est pas
facile, c’est vrai, de plonger à l’intérieur de la vague au bon moment…
Mais cela a un but : restaurer l’équilibre, même instable, de la vie.

G La vie est homéostasie


Car, s’il y a le jour et la nuit, s’il y a le noir et le blanc, s’il y a le yin et le
yang, s’il y a le calme et la colère, s’il y a les moments où l’on fait des
choses et les moments que l’on prend à ne rien faire… c’est bien la preuve
que la vie est un équilibre instable. C’est bien la preuve que la vie est
HOMÉOSTASIE.

Homéostasie et équilibre
Il est très important de faire la différence entre la notion d’équilibre et la notion
d’homéostasie. L’homéostasie est un processus par lequel le système (que ce soit un
être humain, un système professionnel, un écosystème ou un système de croyance)
cherche à maintenir les différentes constantes d’un milieu dans les limites de valeurs
dites « normales » sans jamais, cependant, les atteindre. Un mouvement intrinsèque est
ainsi maintenu en permanence dans le système. Ce mouvement est la vie.

Beaucoup de mes patients lorsqu’ils arrivent au cabinet se mettent à


déballer toute leur vie. Certains dans les moindres détails. M’obligeant,
lorsque cela s’avère indispensable, à les arrêter par la phrase suivante  :
«  Arrêtez  ! Vous allez m’hypnotiser  !  ». Ce qui a pour conséquence
immédiate de les faire sourire et de me permettre d’en placer une. Souvent,
on pense qu’il faut parler de ce qui ne va pas pour aller mieux. Parfois c’est
indispensable, mais dans la plupart des cas, cela s’avère long et inefficace.
Comme si le déballage de paroles plus horribles les unes que les autres
pouvait aboutir à la paix intérieure…
Avoir un problème, c’est comme si l’on tombait dans le fond d’un trou de
20 mètres. Une fois au fond du trou, il y a deux solutions. La première est
de vouloir savoir pourquoi :
Pourquoi moi ?
Pourquoi maintenant ?
Pourquoi c’est arrivé ?
La deuxième est de prendre le temps de s’asseoir au fond du trou et
d’observer. En effet, en regardant attentivement, il y a peut-être une échelle
dans le fond du trou. Tu prendras peut-être l’échelle et tu sortiras du trou.
Une fois dehors, une fois libre de faire ce que tu souhaites et de profiter de
l’instant, tu pourras toujours chercher à savoir pourquoi tu es tombé, mais
au moins tu seras dehors ! En répondant au pourquoi, tu as gagné du temps
et de l’énergie : tu t’es seulement posé la bonne question.
3

Le problème

« Un problème sans solution est un


problème mal posé. »
ALBERT EINSTEIN

Définir le problème
Dans cette partie, tu vas prendre le temps de définir le problème  : sa
manifestation, sa fréquence. De quelle manière il influence ton corps, ton
comportement. De quelle manière il vient brouiller le flot de tes pensées…
Pour cela, je t’invite à remplir le cadre suivant le plus honnêtement
possible !
Prends tout le temps nécessaire pour remplir les lignes suivantes. Cela sera
peut-être rapide ou un peu plus long, peu importe… Il n’est pas facile d’être
honnête avec toutes les parties de ses consciences. Il s’agit là d’une épreuve
dont la réussite ne dépend que de la motivation que tu y insuffleras. Que la
force soit avec toi…
Bien  ! Tu as pris le temps de mettre les mots sur tes maux  ! Laisse
maintenant une partie de ton esprit réfléchir  : quels sont les facteurs qui
augmentent ton problème (la période de la journée, au travail, à la maison,
une personne, une activité, ou toute autre chose…) ?
Excellent ! Ton problème a la capacité de changer ! Et s’il est capable de
changer dans un sens, c’est qu’il est capable de changer dans l’autre…
Peut-être pas tout de suite, mais bientôt. Qui sait… ?
Maintenant, laisse une partie de ta mémoire observer quels ont été les
éléments qui ont favorisé la solution (le repos, une personne, un animal, le
soleil, un moment dans la journée, ou toute autre chose…).
Bravo  ! Comme tu peux le constater, «  le problème  » est une entité
vivante  ! Il fait partie de toi. De nombreuses fois, tu as essayé de le
diminuer, de l’oublier et même de le faire disparaître. Tu as peut-être déjà
réalisé des démarches, rencontré plusieurs spécialistes du monde médical et
paramédical…
Si une certaine colère t’anime, je l’entends. Sache que toutes ces
personnes qui ont croisé ton chemin ont fait du mieux qu’elles pouvaient.
Elles ont toutes essayé de soigner, de guérir ton problème… Chaque
intervenant a participé à la mise en place de stratégies qui, rajoutées aux
tiennes, se sont toutes révélées inefficaces.
Eh bien, je vais te demander une chose, une seule  : STOP  ! Arrête
d’essayer, arrête de vouloir améliorer quoi que ce soit ! C’est une stratégie à
laquelle tu t’emploies depuis trop longtemps… Laisse tout simplement les
choses se faire… Lorsque tu te coupes, tu cicatrises ! Tu ne fais rien pour
cicatriser ? Eh bien là, c’est pareil : prends le temps de ne rien faire ! Car
continuer à s’épuiser, continuer à rapprocher les bords, n’est pas utile ! Cela
ne permet pas de cicatriser  ! Que la cicatrisation soit physique, psychique
et/ou émotionnelle.
Alors, laisse juste le temps à la partie de ton esprit incons-cient de faire ce
qu’il a à faire… Même si cela n’est pas facile, même si ce n’est pas encore
dans tes habitudes. Laisse-toi guider pour devenir toi-même… Car si le
problème est une partie de toi, tu ne peux le supprimer, ni même l’enlever.
Par contre, tu peux le modifier… Le modifier jusqu’à le rendre
confortable…

Ça commence à changer !
Maintenant que tu as enfin stoppé le cercle vicieux, une partie de ton
esprit va pouvoir se transformer en détective…
Revenons là où tout a commencé… Pour cela, prends quelques instants
pour laisser ton esprit voyager dans le passé… Pour te remémorer ce que les
yeux viennent de lire. Pour te souvenir de ton étonnement à la lecture de ces
pages et, au fur et à mesure que les images défilent dans ton esprit, revenir
là où tout a commencé…
Bien ! Je t’invite maintenant à indiquer quelle est ta vie à ce moment-là.

Y a-t-il des disputes ?


Quel est ton niveau de stress ?
As-tu des conflits avec certaines personnes  ? Dans la famille  ? Au
travail ?
Quel en est l’élément déclencheur  ? Un traumatisme  ? Une douleur
physique ou émotionnelle ?

Note ce que les yeux voient, ce que les oreilles entendent, ce que le corps
sent et ressent. Note la période à laquelle cela s’est déroulé (1 an avant, 2
ans après).
Note toutes les scènes qui te semblent importantes autour de cet instant. Et
surtout, si les émotions se présentent  : laisse faire  ! Une fois que tu auras
répondu aux questions, n’y apporte plus aucune correction.
Réaliser un génogramme
On continue  ! Reviens au temps présent. Tu vas réaliser l’arbre
généalogique et social de ton système de vie. C’est ce que l’on appelle un
génogramme. Le génogramme est la représentation symbolique de ton
système de vie sociale.
Il se construit de la manière suivante :

Un rond pour une femme, un carré pour un homme.


Un point dans le carré ou le rond, en fonction de ton appartenance
sexuelle, te situe.
Les parents sont au-dessus des enfants et les grands-parents sont au-
dessus des parents.
Un trait plein signifie une relation en cours (frère, sœur, parent,
enfant). Un trait brisé signifie une rupture (divorce, séparation…).
Une croix signifie le décès.

Voici un exemple :

Comme sur l’exemple, prends le temps de noter tous les indices :

l’âge des personnes


les dates importantes (naissance, séparation, grosse dispute, divorce,
décès)

Demande-toi aussi si d’autres personnes de ton système ont le même


problème que toi.
Une fois le génogramme réalisé, il est possible que des analogies
apparaissent entre le début du problème et un événement de ta vie. Par
exemple : je me suis séparé et 6 mois après j’ai commencé à avoir mal au
dos… Bizarre… Eh oui  ! Comme tu viens de le comprendre, rien n’arrive
par hasard… Si ton problème est bien réel, il n’est que le résultat d’une
étape de ta vie qui n’a pas pu être intégrée…
Je t’invite maintenant à identifier les analogies si tu en vois en les
enchâssant dans un cercle rouge. Il se peut qu’il n’y ait aucune
concordance. Sois rassuré, cela peut être tout à fait logique !
Puis, prends le temps d’inscrire les « personnes-ressources » : celles qui te
soutiennent, qui sont positives, qui améliorent le problème. Et également les
personnes qui ont su résoudre le même problème que toi, s’il y en a dans
ton génogramme. Poursuivons notre chemin… Je vais te poser une
question… C’est une question bizarre… Elle est tellement bizarre qu’on
l’appelle la « question miracle » !
Tu es en train de lire ce livre…
À un moment, tes yeux vont s’arrêter… et tu vas continuer tes
occupations…
La journée passe et touche à sa fin…
Il est bientôt temps d’aller te coucher…
Et puis, tu dors !
Et pendant que tu dors, il y a une petite fée qui passe…
Et d’un coup de baguette magique, hop, MIRACLE !
Tous tes problèmes ont disparu ! Mais toi, tu ne le sais pas ! Tu dors… La
nuit continue d’avancer à son rythme…
Puis le petit matin arrive… Et là… quelle est la première chose qui te fait
dire que la petite fée est passée ?

Qu’est-ce qui est différent par rapport à hier, lorsque tu lisais ce


livre ?
Qu’est-ce que ton esprit a gagné ? Note ici les adjectifs qui arrivent à
ton esprit.
Ton corps a gagné quoi  ? Note ici les adjectifs qui arrivent à ton
esprit.
Quelle est la première personne à qui tu en parles  ? (Il y a quand
même eu un MIRACLE !)
Que lui dis-tu ?
Que te répond-elle ?
Ton corps a gagné quoi  ? Note ici les adjectifs qui arrivent à ton
esprit.
Et donc, tout ce changement, tu en fais quoi ?
De quelle manière vas-tu utiliser ce changement ?
Quelle va être la première chose qui va changer ?
Quel est le plus petit changement observable que tu vas pouvoir
réaliser  ? Choisis quelque chose de très simple, le plus simple
possible  ! Un élément visible par les autres, une action réelle  ! Car
souviens-toi que nous sommes ce que nous faisons. Par exemple : si
je commence à aller mieux, j’irai me promener au parc et cela se
verra. Ou alors, quand le changement aura commencé, cela me
permettra de commencer à lire tel livre, à aller au sport…

Félicitations  ! Tu viens de créer la première marche pour devenir toi-


même… Comme tu peux le voir, le sentir, le nirvana est un peu ce qui se
trouve au sommet de l’escalier. Mais, pour monter cet escalier, il est
nécessaire de gravir la première marche. Et surtout, de savoir que tu as
réussi à monter cette marche, pour pouvoir te féliciter, ensuite, d’avoir
franchi cette première grande étape vers le chemin qui mène à toi !

Identifier l’objectif de base


Pour bien prendre conscience de la transformation de ton cercle vicieux en
cercle vertueux, il faut que tu trouves un élément marquant ta progression,
un élément réel et observable par tous. Il te rappellera d’où tu viens et,
surtout, où tu vas désormais  ! Cet élément, cette première marche du
chemin qui est désormais le tien, tu l’as écrit dans le cadre précédent, que je
t’invite à relire…
Ce que tu viens de lire correspond à ton «  objectif de base  ». C’est un
passage obligatoire sur le chemin pour «  tomber guéri  »  ! Et ce n’est pas
facile de tomber guéri… Eh oui, «  tomber guéri  », c’est comme tomber
malade, mais dans un autre sens ! Quand tu tombes malade, tu ne te poses
pas la question de savoir pourquoi tu es tombé malade. Non, tu es juste
malade  ! Eh bien là, c’est pareil. Tu es actuellement sur le chemin pour
«  tomber guéri  ». Comment cela va se produire, à quelle vitesse tu vas
grimper les marches (vite ou très vite) je n’en ai aucune idée. Mais sache
que ce guide ne sera efficace qu’à une seule condition  : que tu fasses ton
maximum, pour le rendre inutile le plus rapidement possible  ! Il ne va
quand même pas y avoir un MIRACLE…
L’objectif est maintenant fixé et il te faudra être attentif au changement
durant les prochains jours, les prochaines semaines. Car plusieurs
changements vont arriver, de petites choses, pas grand-chose… C’est un
peu comme une pyramide, à première vue  : ce ne sont que des blocs de
pierres posés les uns sur les autres, un ensemble de petites choses, qui, mois
après mois, année après année, ont permis à ces merveilles, parmi les plus
belles du monde, de se construire…
Nous voici à la fin du chapitre. Tu as pu découvrir que ton problème
évoluait dans un système de vie, qu’il était, lui aussi, en mouvement. Une
partie de ton esprit (le cerveau analytique) a eu le loisir de l’observer, de
l’analyser, de le décrypter. Afin de continuer sur ta lancée, je t’invite à
mettre des images sur les maux. Tu vas pouvoir laisser s’exprimer une autre
partie de ton esprit, plus créatrice (le cerveau intuitif) à l’aide de dessins, de
schémas… Attention : les mots sont interdits ! Respecte bien l’ordre de
l’exercice. Dans le premier cadre, je t’invite à exprimer ton état intérieur
d’AVANT  : comment étais-tu avant de commencer ce livre  ? Dans le
deuxième cadre, tu vas pouvoir exprimer ton FUTUR  : comment seras-tu
quand tu seras tout en haut de l’escalier ? Puis dans le troisième cadre, tu
laisseras exprimer ce qui représente pour toi le passage (l’étape entre
l’AVANT et le FUTUR). Laisse ton imagination s’exprimer en toute
confiance, avec toi-même…
AVANT

FUTUR

PASSAGE

Félicitations. Car il n’est pas facile de laisser la place à l’artiste qui


sommeille en nous… et tu l’as fait. Je te laisse maintenant déchirer la page
du futur et l’afficher dans un endroit où tes yeux pourront la voir sans y
prêter attention (sur le frigo ou sur la table de nuit par exemple). Cette
image te servira de guide pour la suite du chemin… car à partir de
maintenant chaque chapitre est une clef. La clef pour devenir toi-même…
4

La sécurité

« Au commencement, Dieu créa le ciel et la


terre… »
LA BIBLE, GENÈSE

La sécurité est un besoin naturel. Elle est à la base de l’évolution positive


de chacun d’entre nous. Elle accompagne chacun d’entre nous durant les
différentes étapes de notre vie. Certains trouvent la sécurité chez un tiers
(un parent, un ami, un proche…). D’autres, plutôt dans un lieu (une
chambre, une cabane, un salon…) ou encore dans une époque différente
(lorsque j’étais petit, chez mes grands-parents…).
Quelle que soit la manière dont tu as intégré la sécurité dans ta vie, quel
que soit l’état dans lequel tu te trouves en lisant ces lignes, ce chapitre va te
permettre d’augmenter ce sentiment, cette confiance de toi, pour toi  ! Tu
cherches à l’extérieur, mais elle est déjà à l’intérieur…

La sécurité selon moi


La sécurité est une notion extrêmement personnelle. C’est pourquoi je te
propose de prendre le temps d’y réfléchir. Dans le cadre qui suit, laisse tes
consciences exprimer ce qu’est la sécurité. Dans le premier paragraphe avec
des mots et dans le deuxième paragraphe avec des images.

LA SÉCURITÉ SELON MOI, AVEC DES MOTS

LA SÉCURITÉ SELON MOI, AVEC DES IMAGES


Bien ! La sécurité est à la base de la confiance en soi. Certaines relations
toxiques ont peut-être entravé ce sentiment inteérieure, cette image de nous-
même en tant que personne.
Alors, pour te permettre de devenir toi-même, nous allons créer une
ressource interne. Pour qu’à chaque fois que tu en as besoin, tu puisses
atteindre directement ce sentiment de confort, de bien-être et de sécurité.
Pour le créer, tu vas prendre quelques minutes et laisser grandir ton
imagination.

Se créer un lieu sûr


Imagine un endroit : lorsque tu y es, tu es parfaitement confortable et en
sécurité. Ce lieu peut être passé, présent ou futur, réel ou imaginaire. C’est
un lieu dans lequel tu es principalement seul mais où il est possible d’avoir
des interactions (une chambre, un salon, la cuisine de ta grand-mère…). Car
nous vivons dans un monde relationnel (nous y reviendrons plus tard). Ce
lieu que ton esprit imagine est un lieu sûr.
Avant de le créer dans ton esprit inconscient, je t’invite à répondre à ces
quelques questions.

DANS TON LIEU SÛR…


Qu’est-ce que les yeux peuvent voir comme images, comme
couleurs, comme formes ?
Qu’est-ce que les oreilles peuvent entendre comme sons, comme
bruits ?
Quelles sont les sensations à l’extérieur de ton corps  ? Et à
l’intérieur ?
Qu’est-ce que les narines peuvent percevoir  ? Y a-t-il une odeur
particulière ? La fraîcheur des petites molécules d’air ? Ou juste le
souffle de la respiration s’engouffrant dans les narines ?
Y a-t-il un goût dans ta bouche quand tu y penses ?

Les personnes-ressources

Comme nous en avons parlé précédemment, ton lieu sûr doit être
relationnel, dans le cas contraire ce serait un lieu de fuite. Je t’invite donc à
réfléchir aux personnes qui pourraient te rendre visite dans ce lieu sûr
(attention, il est indispensable que tu sois seul dans ton lieu sûr  : les
personnes-ressources sont uniquement de passage !).
Prends quelques instants pour noter quelles sont les personnes-ressources
qui pourraient te rendre visite dans ton lieu sûr. Inscris-les par ordre
d’importance pour toi. Note bien qu’une seule suffit largement… même si
elle est imaginaire ou improbable !

MES PERSONNES-RESSOURCES
Te voilà maintenant prêt à créer la clef, pour utiliser ta première ressource.
Tu peux maintenant te reporter à la vidéo « Premier enseignement : Le lieu
de confort et de sécurité ».

Carte heuristique de la sécurité


Observe bien le schéma page suivante. C’est une carte heuristique.
Ajoutes-y des dessins, des couleurs. Laisse ton esprit y mettre de la
sensorialité, afin que cette carte puisse être mémorisée au mieux.

G Cas clinique : rebâtir le sentiment de sécurité


La sécurité est la base de la construction d’une confiance en soi. Pour le
monde des psychiatres, dont je ne fais absolument pas partie, elle s’acquiert
durant l’enfance grâce à l’amour de nos proches (famille, amis, école).
C’est sur elle que se construit l’être en tant qu’individu autonome. Il est
donc indispensable de donner à tes enfants une solide sécurité intérieure
pour qu’ils disposent pour toujours de racines profondes et durables. Ces
racines lui permettront de franchir les étapes de la vie, qui ne manqueront
pas d’arriver.
Que faire si tu en as manqué  ? Car tu n’es peut-être plus un enfant, et
maintenant que le passé est derrière toi, tu te demandes comment tu vas
pouvoir faire sans ces fondations… Tu peux bien sûr en faire le deuil, le
réussir plus ou moins bien, et t’arrêter là. Tu devras cependant passer par
les sept phases de deuil.
Les phases du deuil
LE CHOC
Il s’agit d’une phase très courte. Elle correspond à un état de sidération, un
arrêt sur image, le temps d’un instant donné, une torpeur fulgurante. Cet
état fait suite à un stimulus radical. C’est l’état qui suit des affirmations
définitives, telles que : Je te quitte ! Il est parti ! Vous êtes viré !
LE DÉNI
C’est le refus de croire l’information  : non, ce n’est pas pos-sible. Si la
phase de déni peut être considérée comme courte, il faut néanmoins s’en
méfier, car certaines personnes s’enferment dans ce stade. Elles ne touchent
à rien depuis l’apparition du problème, ou encore, elles gardent des
habitudes qui ne sont plus en lien avec la réalité. Si c’est ton cas, modifie
très légèrement cette habitude. Par exemple, en déplaçant un objet dans la
pièce où rien n’a bougé depuis longtemps, ou en changeant l’heure de ton
habitude. Plus le changement sera infime, plus le résultat sera efficace.
LA COLÈRE ET/OU LE MARCHANDAGE
Il s’agit de la phase de confrontation avec les faits. Elle peut engendrer
une attitude de révolte. C’est également une phase durant laquelle l’on peut
se tourner vers « une force supérieure » ; on se promet par exemple : Je ne
ferai plus jamais ça, si… C’est durant cette phase que l’expression des
émotions est la plus forte. À ce tumulte émotionnel, la réponse idéale est
l’observation, la bienveillance et la patience…
LA TRISTESSE
C’est un état de désespoir durant lequel chercher une solution est vain.
Alors encore une fois, trois maîtres mots pour cette période  : patience,
bienveillance et observation.
LA RÉSIGNATION
Pendant cette phase, on arrête la lutte afin de récupérer de l’énergie.
Énergie que l’on pourra réutiliser dans la reconstruction.
L’ACCEPTATION
Pendant cette période, l’ensemble des informations cognitives liées au
problème est disponible. Nous pouvons ainsi porter un regard objectif sur la
situation. À ce stade, la confiance commence à revenir…
LA RECONSTRUCTION
Accepter ne suffit pas. Cela créerait un vide, et la nature déteste le vide…
Il est donc indispensable de combler le vide par une nouvelle source
positive (de joie, de plaisir, de bien-être, d’expériences…) Pour se créer un
sentiment de sécurité, une autre stratégie est néanmoins possible.
Tu connais maintenant l’ensemble du processus de deuil. Je te propose
d’observer tes émotions, sans vouloir les changer, et dans l’ordre des sept
phases. Une fois que tu l’auras fait, tu pourras passer directement à la
dernière étape, la reconstruction. En effet, en état d’hypnose, il est tout à
fait possible de se créer une ressource sécurisante (dans l’exemple
précédent, un lieu). Cette ressource, une fois acquise, devra être travaillée.
Le but est de l’intégrer en toi, de t’équiper sur le plan émotionnel, de
remplir les manques. C’est pour toi une solution assez simple, donc
réalisable, et en même temps assez complexe, donc intéressante.

Le cas de Théo
Ce cas clinique étayera mes propos. Théo est un petit garçon de cinq ans.
Selon sa maman, il a peur du noir. Pour elle, cela vient d’une vidéo sur les
zombies, qu’il a regardée avec son grand frère. Depuis, il ne trouve plus le
sommeil… Il se réveille plusieurs fois par nuit en hurlant et finit dans le lit
de ses parents.
Par ailleurs, Théo est un petit garçon charmant. Tout se passe bien pour lui
à l’école. Il a de bons rapports avec ses camarades de classe et avec sa
maîtresse qui, comme il le dit lui-même, lui permet de découvrir le
monde… Théo adore la Chine (merci maîtresse  !) et comme beaucoup de
petits garçons, il est fan de Spider-Man.
Une fois le problème explicité par la maman, je lui demande de sortir afin
de pouvoir m’entretenir seul avec Théo :
— Alors Théo, j’ai entendu le problème que maman avait avec ton dodo,
mais toi, est-ce que tu as un problème que tu voudrais résoudre et que tu
n’arrives pas encore à résoudre ?
— Ben, c’est ma nouvelle chambre…
— Ta nouvelle chambre ?
— Oui, on a déménagé et je suis arrivé dans une nouvelle chambre. Avant,
dans mon ancienne chambre, tout allait bien pourtant…
— Depuis que tu as déménagé, c’est différent ? Et tu les as déjà vus, ces
monstres ?
— Ben non, les monstres, ça n’existe pas, dit maman…
— Pourtant, tu les entends, ce ne sont pas encore des monstres calmes et
tranquilles. (Sourire)
— Non, ils me font peur. Du coup, je me cache sous ma couette, je fais un
petit trou pour respirer, et quand vraiment j’ai trop peur, je me mets à crier
de toutes mes forces et je cours dans la chambre de papa et maman.
À ce moment, on pense que le cas de Théo correspond au schéma
classique du déracinement, qui est dû au déménagement de sa famille. On
se dit que pour résoudre le problème, il faudra l’obliger à faire le deuil de
son ancien chez-lui. Mais une autre possibilité plus rapide et plus efficace
existe…
— Hmm… Ce n’est pas un problème facile ce que tu me racontes là. La
dernière fois que j’ai entendu une chose pareille, c’est quand Spider-Man
est venu dans mon cabinet.
— Ah bon, tu connais Spider-Man ?
— Oui, enfin, je connais ce qu’il veut bien partager avec moi… L’autre
jour, il est venu parce qu’un gros méchant terrorisait la ville. C’était un
méchant qui détruisait tout sur son passage. Spider-Man avait très peur qu’il
détruise la maison dans laquelle il a grandi avec sa tante. Pour lui, cette
maison est l’endroit le plus beau du monde  : il y a tous ses jouets, ses
déguisements et même son lit…
— Spider-Man aussi a peur ?
— Oui, tout le monde a peur à un moment dans sa vie. Mais la différence
entre un héros et un zéro, c’est que le héros écoute sa peur pour mieux la
transformer en force. Et toi, elle est où, dans ton corps, la peur ?
— Elle est dans mon ventre.
— C’est bien. Ferme les yeux et prends le temps de l’observer de
l’intérieur… Elle ressemble à quoi ?
— À un zombie qui enflamme une maison. (L’imagination des enfants est
exceptionnelle !)
— Un zombie qui enflamme une maison… Super  ! Surtout, ne fais rien
qui pourrait lui faire peur ou s’enfuir. Qu’est-ce que tu pourrais faire pour
transformer le zombie ?
— Ben, je pourrais appeler Spider-Man, pour qu’il ramène le zombie dans
sa maison et qu’il laisse la mienne tranquille.
— Excellent ! Comment tu vas faire pour l’appeler ?
— J’ai un talkie-walkie Spider-Man…
— Génial  ! Appelle-le et laisse-le régler le problème. Et lorsque le
problème sera résolu, tu pourras me le dire.
Après quelques minutes, toujours les yeux fermés…
— C’est bon  : il a ramené le zombie dans le monde des zombies et il a
éteint l’incendie. Le feu s’est éteint et il a même reconstruit toute ma
maison.
— Il est trop fort ce Spider-Man ! Et cette maison, tu la connais ?
— Oui, c’est mon ancienne maison, avec ma nouvelle chambre !
— OK, c’est cool, ça ! Et il y a ton talkie-walkie dans ta chambre ?
— Oui, il est sur ma table de nuit.
— Super  ! Et est-ce qu’il y a un endroit dans ton corps où tu voudrais
installer ton ancienne maison et ta nouvelle chambre ?
— Oh oui, dans mon cœur : comme ça, elle sera toujours avec moi !
— Très bien, prends le temps de l’installer confortablement dans ton cœur,
pour qu’elle se sente en sécurité. Lorsque ce sera fait, installes-y le passage
secret qui te permettra de retrouver tout de suite ton ancienne maison, et
d’être en totale sécurité. Prends-le à chaque fois que tu en auras besoin, et
aussi souvent que nécessaire. Tu auras juste à frotter ton cœur, comme toi
seul sais le frotter. Dès que tu auras installé le passage, tu pourras rouvrir
les yeux et revenir ici et maintenant, avec moi, dans cette pièce.
Quelques instants plus tard, Théo ouvre les yeux. Je lui explique qu’il a
maintenant un pouvoir magique, comme Spider-Man, et qu’à chaque fois
qu’il aura besoin de cette ressource, il n’aura qu’à frotter son cœur, comme
il l’a fait ici. Puis je l’invite à aller chercher sa maman dans la salle
d’attente. Je lui explique, à elle aussi, que désormais Théo a un pouvoir
magique. J’ajoute que si son fils a peur des monstres, il faut simplement
l’encourager à frotter son cœur, sans lui dire que les monstres n’existent
pas. Il faut l’aider à devenir le héros de la nuit (clin d’œil à la maman). Très
surprise, la maman comprend néanmoins assez vite le système.
C’est ainsi que Théo a été acteur de sa guérison. À la séance suivante, il
m’a rapporté un beau dessin de Spider-Man à côté d’un gros cœur. La
maman, très étonnée du résultat (notons qu’elle avait déjà fait de multiples
séances avec d’autres thérapeutes), m’a remercié chaleureusement. Je lui ai
dit que le plus grand merci devait être fait à Théo, car c’est lui qui a trouvé
la solution.
Bien sûr, il ne s’agit que d’un exemple, et loin de moi la prétention de
vouloir en faire une généralité  ! La résolution n’est pas toujours aussi
spectaculaire ni aussi rapide. Cepen-dant les résultats sont là.

Petite astuce
L’histoire du soir est un moment privilégié entre le papa ou la maman et l’enfant. Les
contes utilisent un langage métaphorique puissant, qui parle directement à l’imagi-naire
de l’enfant. C’est le mode de communication auquel les enfants sont le plus réceptifs,
car ils ont une imagination débordante  ! Alors pourquoi ne pas créer tes propres
histoires du soir, en reprenant les problématiques du jour ou de la semaine  ? Cela
favorisera l’échange entre toi et ton enfant et augmentera ta propre créativité.

Voici les étapes pour construire ton histoire :

1. Placer l’auditeur dans un autre temps et un autre espace (ex : Il était une fois…)

2. Créer un décor (... au royaume des fées)

3. Faire apparaître le héros (... vivait la fée Clochette)

4. Aborder le problème, avec une phrase exprimant l’émotion ressentie (... qui avait peur
de voler)

5. Énoncer les tentatives infructueuses pour le résoudre (...  elle essaya de se lancer
d’un arbuste, mais tomba par terre)

6. Imaginer une rencontre salvatrice à l’extérieur de l’espace premier (...  elle décida
d’aller voir le grand sage de la forêt)

7. Montrer comment le problème est résolu (...Il faut que tu t’envoles du cerisier de la
forêt, il te donnera la force).
5

Le temps

« Chaque matin, nous renaissons. Ce que tu


feras aujourd’hui est ce qui compte le plus. »
BOUDDHA

Le temps est considéré comme la quatrième dimension en physique


moderne. Notre perception du temps a beaucoup évolué ces vingt-cinq
dernières années. L’arrivée du e-commerce, des drives ou encore des
smartphones l’a complètement bouleversée  ! Tous ces outils et systèmes
permettent de gagner du temps.
Le temps est par définition en mouvement. Il avance inévitablement
seconde après seconde, jour après jour, année après année. Sa course
frénétique et incontrôlable nous pousse à le considérer comme l’une des
denrées les plus précieuses…
Mais le temps est relatif. Sa relativité s’exprime de manière physique.
Albert Einstein a montré que le temps et l’espace devaient être perçus
comme une seule entité. Il a également démontré que les mesures de
diverses quantités étaient relatives à la vitesse de l’observateur.

Prendre conscience de la relativité du temps


Nous pouvons observer cette relativité dans notre vie de tous les jours…
Prenons, par exemple, le temps de retomber en enfance, lors des cours
ennuyeux de certains professeurs… À cet instant, le temps te paraît
extrêmement long, car ton esprit comme ton corps sont passifs. À l’inverse,
lorsque la journée est bien chargée, que le matin, l’après-midi et la soirée
comportent une multitude de tâches ou d’activités à réaliser, le temps passe
très vite !
Une autre donnée rentre en jeu. Il s’agit de « l’ascenseur émotionnel ». La
mémoire, comme la notion du « temps », est soumise à notre interprétation,
qui elle-même dépend de nos émotions… Si tu laisses ton esprit divaguer
jusqu’à un souvenir agréable, tu t’apercevras que le temps s’est vite écoulé
pendant que tu te rappelais cet instant… n’est-ce pas ? En revanche, lorsque
tu te remémores un moment désagréable ou traumatisant, le temps semble
s’écouler plus lentement. Il paraît donc indispensable de jongler avec ces
moments : les moments d’activité et les moments d’inactivité. Car si notre
ascenseur émotionnel varie par rapport à notre environnement, l’utilisation
du temps ne dépend que d’une seule variable : TOI.
De nombreux patients me disent qu’ils n’ont pas le temps. Entre les
enfants, les devoirs, l’entretien de la maison, le travail, les
responsabilités… Je n’ai le temps de ne rien faire… Je les invite, en règle
générale, à lire un écriteau dans la salle d’attente du cabinet reprenant les
paroles du Dalaï-Lama. Paroles que je t’invite à découvrir et lire à voix
haute :

« Ce qui me surprend chez l’homme, c’est


qu’il perd sa santé pour accumuler de
l’argent, puis dépense cet argent pour
retrouver la santé. Et qu’à force de penser
anxieusement au futur, il oublie le présent de
sorte qu’il finit par ne jamais vivre le présent.
Les hommes vivent comme s’ils n’allaient
jamais mourir et meurent comme s’ils
n’avaient jamais vécu. »
DALAÏ-LAMA

Tu vas maintenant prendre quelques instants afin de prendre conscience de


la manière dont tu utilises ton temps…
Question 1 : Comment organises-tu ton agenda ?
1. Tu le laisses vierge, tu fais tout à l’instinct.
2. Tu y notes les éléments importants, à ta manière.
3. Tout y est soigneusement consigné dans les moindres détails.
Question 2 : Les vacances se profilent…
1. Tu verras ce qui arrivera.
2. Tu as déjà tout prévu : lundi visite, mardi marché…
3. Tu as préparé les activités clés et tu te laisses la liberté de modifier ce
qui doit être modifié.
Question 3 : Une amie t’invite à l’improviste…
1. OK, mais pas longtemps parce que…
2. Avec plaisir, je décale mes autres rendez-vous.
3. Pas le choix, je ne vais pas la vexer…
Question 4 : Le temps, c’est…
1. Le chemin de la vie.
2. De l’argent.
3. Une denrée précieuse.
Question 5 : Tu arrives à l’anniversaire d’un ami et…
1. Tu es en retard de 10 minutes.
2. Tu arrives 10 minutes en avance.
3. Tu arrives pile à l’heure.
Question 6 : Dimanche matin, à 10 heures…
1. Tu es encore dans ton lit, tu flemmardes…
2. Tu es levé depuis deux heures et tu as déjà réalisé plein de choses.
3. Tu es levé depuis une heure, à ton rythme…
Question 7  : Tu fais les magasins et deux paires de chaussures te
plaisent…
1. Tu prends les deux.
2. Tu choisis une sur les deux.
3. Tu te dis que ce n’est pas raisonnable et tu passes ton chemin.
Question 8 : La fin de soirée arrive et…
1. Tu proposes d’aller boire un verre dans un endroit sympa.
2. Tu proposes de prolonger la soirée jusqu’au bout de la nuit.
3. Tu préfères rentrer chez toi pour ne pas être fatigué demain.
Question 9 : Les courses, c’est…
1. Drive : rapide et efficace.
2. Le samedi matin, tous les jours à la même heure.
3. Dès que mon frigo est vide.
Question 10 : On te propose des vacances entre amis…
1. OK, on réserve, on verra plus tard pour l’organisation.
2. Si c’est avec Hervé, OK.
3. On va où ? Avec qui ? Ça coûte combien ?
Chaque réponse correspond à une lettre A, B ou C. En fonction de tes
réponses, compte ton nombre de A, de B et de C.

QUESTION 1 2 3
1 A B C

2 A C B

3 B A C

4 A C B

5 A C B

6 A C B

7 A B C

8 B A C

9 B C A

10 B A C

Tu as une majorité de A
Tu te laisses bercer par le rythme du temps, tu es souvent passif et
contemplatif face à ton environnement. Tu le laisses agir à ta place. Le
risque est que cette utilisation oisive du temps t’empêche de devenir cette
personne que tu souhaites devenir… Chez toi, tout se passe à l’intérieur…
Alors après l’observation, passe à l’action !
Tu as une majorité de C
Tu n’as pas le temps, l’organisation dont tu fais preuve ne te laisse pas le
temps de te centrer sur toi-même… Tu es donc toujours en train de courir…
mais après quoi  ? Tu ne le sais peut-être pas encore… Alors prends le
temps, car ce que tu cherches à l’extérieur se trouve à l’intérieur…
Tu as une majorité de B
Tu as réussi à trouver ton équilibre entre faire et ne rien
faire… Cet équilibre dynamique te permet d’optimiser ton mode de vie.
Continue sur cette voie et si tu t’en éloignes, prends le temps de te
remémorer cet instant, ce moment, cette réussite.
Il est évident que nous sommes tous un peu de A, un peu de B et un peu de
C et que le résultat d’aujourd’hui sera peut-être différent demain, et peut-
être encore après-demain, car vivre, c’est s’adapter. C’est être flexible face
aux vagues de la vie… Il n’est pas rare que pour s’adapter, pour passer les
différentes étapes clés de la vie, certaines personnes dépensent l’énergie,
qui, dans le futur, pourrait leur manquer.

Voyager dans les âges de la vie


Prends quelques instants pour te situer dans la frise ci-dessous (entoure
l’étape où tu te trouves) et pour te souvenir de quelle manière tu as franchi
ces étapes.

Maintenant que tu t’es situé dans le temps de la vie, laisse ton esprit
divaguer à travers ces différentes périodes…
… comme si tu laissais le film de ta vie se dérouler devant les yeux de
l’esprit inconscient.
… comme si tu laissais à une partie de ton esprit la possibilité d’observer
les situations d’un angle différent  : comment vois-tu ton enfance  ? ton
départ du cocon familial  ? ton premier travail  ? cet instant où tu deviens
parent ? l’âge de la retraite ?
Il est possible que ces pensées ne soient pas encore agréa-bles, ni
confortables : laisse-les alors voyager dans ton esprit tranquillement comme
si un nuage d’informations passait…
En parcourant les étapes clés de ta vie, tu as peut-être pu mettre en
évidence des périodes, des âges qui n’ont pas été faciles, fluides pour toi…
Il est possible qu’une partie de toi y soit encore… ou pas… Sache que ce
phénomène d’âge clandestin est tout à fait normal, et il est plus ou moins
visible selon les personnes. Dans l’image ci-dessus, on voit facilement
comment la part d’enfant qui est en l’homme, ses émotions, se manifeste
dans sa vie. Il est souvent bien moins facile d’en prendre conscience… Il
est important de savoir qu’un âge clandestin peut être également une très
belle ressource. Il est indispensable d’être en phase avec l’enfant qui
sommeille en toi… Prends le temps de le laisser grandir, en ne faisant rien
d’autre que laisser les choses se faire.
Pour aller plus loin, je te laisse le soin de remplir les lignes suivantes :
Nom :

Prénom :

Âge officiel :

Étape de vie actuelle :

Étape de vie difficile :

Âge clandestin possible :

Si hier est à l’histoire et que demain est au mystère… Aujourd’hui est un


cadeau ! Certaines personnes sont toujours dans le futur, elles programment
et extrapolent ce qui va leur arriver. Elles utilisent leur «  calculateur
cérébral » pour imaginer les futurs possibles…
Cela me rappelle un patient (nous l’appellerons Luigi) qui a subi, dans un
accident de voiture, un traumatisme crânien important. Cet accident a lésé
la région frontale du cerveau, celle qui sert à prévoir, planifier des
événements. Bien que son traumatisme fût handicapant au quotidien, il lui
avait apporté un cadeau inattendu… Comme il ne pouvait plus planifier une
tâche dans le futur, Luigi ne ressentait aucune angoisse (alors qu’il aurait pu
en développer au vu de sa situation). Il expérimentait, physiologiquement,
l’adage de : « Vivre au jour le jour ».
Un autre exemple me vient à l’esprit  : celui de mon fils qui, avec une
innocence naturelle, m’a demandé un jour :
— Papa, on va quand au basket ?
— Aujourd’hui, Louca.
— Et maintenant, on est aujourd’hui ?
— Ben oui…
— Mais papa, on est tout le temps aujourd’hui !
C’est à ce moment que mon idée de vivre dans l’instant présent, à l’image
de l’innocence naturelle d’un enfant, s’est renforcée…
Pour les personnes qui sont toujours dans le futur, revenir dans l’instant
présent est primordial. La méditation, la pleine conscience ou l’hypnose du
« ne rien faire » sont des outils intéressants pour y parvenir… Si durant ce
chapitre, certains éléments ont «  raisonné  » dans ton esprit, le prochain
enseignement va te permettre d’écouter tes sensations, ta présence au
monde, et de laisser le temps faire son œuvre, en ne faisant rien, absolument
rien d’autre que de laisser les choses se faire…

Tu peux maintenant te reporter à la vidéo « Deuxième enseignement : Le


temps de ne rien faire ».

Carte heuristique du temps


Prends le temps d’ajouter dans cette carte heuristique du temps des dessins
et des couleurs. Laisse ton esprit y mettre de la sensorialité, afin que la carte
puisse être mémorisée au mieux.
G Gérer autrement son attention
Je n’ai pas le temps  ! Voilà une phrase récurrente dans la bouche des
patients du cabinet. Je leur fais souvent remarquer que tout le monde
possède un temps défini sur cette terre et que nous n’avons pas le choix de
la quantité de temps qui nous est imparti. Que l’on soit riche ou pauvre,
femme ou homme, jeune ou vieux, le temps qui nous est donné reste un
mystère. Ce n’est donc pas la quantité de temps qui est en jeu dans un
processus intellectuel, mais la capacité à utiliser ce temps.
Comme expliqué dans le début de ce chapitre, le temps est dépendant de
l’attention qu’on lui porte. Notre attention est comme un projecteur qui
éclaire une scène de cinéma. En fonction de l’éclairage que nous donnons à
la scène, la notion même de temps est modifiée.

L’attention
Elle désigne la tension de l’esprit vers quelque chose. Ce mot, dont la racine est latine et
vient du mot attentio, est le synonyme de concentration. Il est intéressant d’observer
attentivement cette définition. En effet, dans l’ensemble tension de l’esprit, le mot
tension sous-entend un effort. Ce dernier peut être soit physiologique, comme un biceps
lors d’un exercice de musculation, soit psychologique, comme la concentration devant
un devoir. Ou encore émotionnel. Par exemple : mon fils est en décrochage scolaire et
cette situation m’épuise. Cette situation me demande trop d’attention…
Durant les trente dernières années, notre mode de vie et notre gestion du
temps ont beaucoup évolué. Avec l’arrivée des téléphones portables,
d’Internet, de la télévision numérique et de ses multiples programmes, c’est
comme si notre attention était constamment sollicitée, surexploitée. Pour
certaines personnes, dont tu fais peut-être partie, cette sur-sollicitation
maintenue sur le long terme peut entraîner une dégradation générale de la
santé. Trois facteurs de santé sont menacés  : le physique, le psycho-
émotionnel et le métabolisme.

SIGNES D’ATTEINTE AU NIVEAU PHYSIQUE :

Fatigue
Migraines
Courbatures
Tendinites (souvent bilatérales)
Torticolis
Contractures musculaires (surtout au niveau des trapèzes)
Blocages du dos type lumbago
Hypertension artérielle
Syndromes inflammatoires
Diminution des défenses immunitaires

Soulignons ici la puissance des expressions en rapport avec le corps que


nous utilisons au quotidien. Quand « on ne sait plus où donner de la tête »,
cela se ressent souvent au niveau physique par des migraines, des douleurs
au niveau du cou. Impressionnant et étrange comme le corps peut nous
parler par moments.
SIGNES D’ATTEINTE AU NIVEAU MÉTABOLIQUE :

Maux d’estomac
Reflux gastriques
Digestions difficiles
Intolérances alimentaires
(type gluten, produits laitiers…)
Troubles au niveau des selles
(version marmelade ou crottes de lapin)

Si les troubles métaboliques t’intéressent, je ne peux que te conseiller le


livre de Giulia Enders, Le Charme discret de l’intestin, qui nous dit tout sur
cet organe mal aimé.
SIGNES D’ATTEINTE AU NIVEAU PSYCHO-ÉMOTIONNEL :

Stress
Repli sur soi
Impatience
Être négatif
Irascibilité
Rigidité
Colérique

Comme tu as pu le constater dans la définition ci-dessus, l’attention est


une mise en tension. Et comme toute mise en tension, elle doit se faire
seulement de manière intermittente. Il est donc indispensable d’aménager
des périodes de pause pour cette attention, d’apporter du mou, du jeu, de la
détente, à ce projecteur cérébral qu’est l’attention.
Mais comment faire ? Eh bien, tout simplement, il suffit de ne rien faire.
Pour cela, la méditation de pleine conscience est une voie royale. Elle
permet de mettre au repos son attention par l’observation de l’instant
présent. Mais il n’est pas facile de s’octroyer ce cadeau. Tu trouves peut-
être cela un peu trop passif… Dans ce cas, l’enregistrement d’auto-hypnose
te sera sûrement plus profitable. Il y a malheureusement des moments où ce
n’est pas possible, où l’envie n’est pas présente pour ce genre
d’introspection. Sois rassuré, il y a une autre solution.
Cette solution est simple : il suffit de s’asseoir sur une chaise, de régler un
chronomètre sur le temps que tu t’accordes (30 sec, 1 minute, 5 minutes, un
quart d’heure, peu importe) et de ne rien faire. Ne rien faire, ce n’est pas
vouloir aller mieux, ce n’est pas prendre le temps de se détendre ni même
espérer un quelconque bénéfice de ce temps donné. Il s’agit juste de
s’asseoir et de ne rien faire. Naturellement, la machine des ruminations va
se mettre en place et tu vas penser à quelque chose. Mais pendant ce temps
imparti, tu dois faire le contre-effort de ne pas penser. Alors, à l’instant
même où tu t’aperçois que tu es parti dans tes pensées, eh bien, tu ramènes
ton attention dans l’« ici et maintenant », en te félicitant de t’être aperçu que
tu étais parti dans tes pensées. Car dès l’instant où tu te rends compte de
cette divagation de l’esprit et que tu ramènes ton attention à toi, c’est que tu
es pleinement dans l’exercice.
Maintenant, accorde-toi un instant à ne rien faire et note dans le tableau ci-
dessous le temps que tu t’es donné en cadeau. Comme pour tout
apprentissage, il te faudra t’entraîner pour t’améliorer. Sois indulgent avec
toi-même et tu verras que les progrès seront au rendez-vous. Inscris
également ton ressenti sur la séance  : tu verras qu’il ne sera pas toujours
positif, c’est normal ! Quel que soit ce ressenti, positif ou non, inscris-le de
la manière la plus honnête.

Jours Minutes Ressentis

3
4

10

11

12

13

14

15

16

17

18

19

20

21

Comme nous l’apprennent les dernières recherches scientifiques, toute


nouvelle habitude se met en place en trois semaines. Vingt et un jours pour
être exact. Alors donne-toi le temps de réaliser cet exercice chaque jour
pendant trois semaines, même si cela ne dure que 30 secondes, même si
cela n’est pas naturel  ! Tu observeras des changements à la fin de cette
période. À ce moment-là, et à ce moment-là seulement, tu pourras décider
d’arrêter ou de continuer l’exercice ! Car si tu ne le fais pas pour toi, qui
va pouvoir te faire ce cadeau à ta place ?

Cas clinique
— Allô !
— Oui, je suis monsieur M. Je viens de la part de monsieur J. Je voudrais
un rendez-vous pour le mardi 15 à 18 heures.
— Bien, monsieur M. Tout d’abord, bonjour. Sachez que je ne suis pas
disponible à cette date, mais qu’il est possible de prendre rendez-vous le
vendredi 18 à 17 h 30 car une personne s’est décommandée…
— Ah non, ce n’est pas possible car, comme vous le savez sûrement, je
dirige un grand groupe commercial et j’ai des occupations très importantes
dans le monde de la finance. Je ne peux donc pas me rendre disponible pour
un petit bobo qui ne m’embête pas sérieusement (On notera ici la négation,
qui indique, au contraire, que cela est un réel problème pour la personne !).
— Bien, dans ce cas, je peux vous proposer un rendez-vous dans un mois
et demi au mieux.
— Si loin ?! Mais j’ai mal, moi !
— Désolé, monsieur M, mais je ne peux pas me démultiplier…
— Bon, soit ! Je tâcherai de me rendre disponible pour le vendredi.
— Très bien, à vendredi, monsieur M.
Il est très intéressant de passer un moment au secrétariat du cabinet pour
avoir l’opportunité d’un premier contact avec le patient. Dans ce cas précis,
monsieur M montre qu’il est très occupé, que sa douleur devrait passer au
second rang car il l’a décidé. Il n’a pas le temps de s’occuper de ce corps
qui lui parle car le temps, c’est de l’argent. Par mon recadrage, je lui
permets de donner la priorité à son problème de santé, au message de la
douleur, pour modifier son agenda. Porter de l’attention à sa douleur permet
au système nerveux autonome (SNA) de mettre en place un processus de
guérison.
Le fameux vendredi à 17  h  30 arrive et, comme cela arrive parfois,
puisque je travaille avec des personnes et non avec des machines, j’ai 20
minutes de retard :
— Bonjour, monsieur M !
— Hmm…
— Vous pouvez rentrer et choisir la place la plus confortable pour vous.
J’arrive dans 5 minutes.
Il est courant que je laisse volontairement le patient seul dans le cabinet
afin qu’il puisse se retrouver avec lui-même et fixer son attention sur les
images, les objets et les symboles qui ornent le cabinet. Dans ce cas précis,
je sors pour provoquer mon interlocuteur et pouvoir utiliser sa colère
comme une ressource motivante.
Huit minutes plus tard, revenant avec une tasse de thé…
— Vous ne manquez pas de culot, monsieur Vandendorpe !
— Pardonnez mon étonnement… mais pourriez-vous m’expliquer
pourquoi ?
— Vous avez plus de 20 minutes de retard et vous vous permettez une
petite pause pour aller boire un thé alors que j’attends votre séance. C’est
totalement irrespectueux et intolérable. D’ailleurs, je ne sais même pas
pourquoi j’attends ici… J’ai un ami professeur qui m’a dit qu’en une
semaine mon problème pourrait être réglé si je venais le consulter.
— C’est vrai ? Eh bien, si j’étais vous, j’irais voir votre ami ! Car moi, je
ne suis qu’un petit thérapeute de la banlieue du Nord. Alors vous savez, je
n’ai sûrement ni la maîtrise ni les compétences de votre ami. (J’utilise ici
une stratégie thérapeutique appelée la «  position basse  » afin de
désamorcer l’injonction du patient).
— Oui, c’est sûr ! Enfin maintenant qu’on y est… Mais ne me faites plus
jamais ce coup-là !
— Monsieur M, vous avez voyagé dans le monde entier. Rencontré des
personnes formidables, des stars, des politiciens, des chefs d’entreprise du
monde entier. Vous avez sans doute mangé dans les meilleurs restaurants de
la planète, voyagé dans les voitures les plus confortables, reçu les honneurs
et les privilèges réservés aux plus grands de ce monde…
— Oui, c’est sûr que je n’ai pas à me plaindre…
— Pourtant, malgré toutes ces expériences, toute cette culture, toute cette
intelligence, il y a quelque chose que vous n’avez pas appris et que vous
allez apprendre ici.
— Ah bon ? Quoi ?
— Eh bien, vous allez apprendre à attendre. Apprendre à ne rien faire !
— ... (Silence.)
Suite à cet échange, monsieur M m’explique que, depuis qu’il a atteint
l’âge de la retraite, une douleur le fait souffrir à son bras droit. Il sait qu’il
devrait s’en occuper un peu plus, mais il n’a pas le temps, car il a son
empire financier à gérer et que tout le monde compte sur lui.
— Depuis combien de temps vous êtes à la retraite ?
— Officiellement, depuis cinq ans. Mais dans les faits, je ne me suis pas
arrêté, parce que tout le monde compte sur moi… je ne peux pas m’arrêter !
— C’est certain. Au moins, la mort vous fera du bien !
— Pardon ?!
— Oui, si vous n’arrivez pas à vous arrêter vous-même, si vous laissez le
cours de la vie prendre le contrôle sur vous, alors la mort se chargera
d’arrêter l’engrenage infernal. C’est un peu radical, mais au moins vous
n’aurez plus mal !
En utilisant cette stratégie, je montre à monsieur M à quel point la vie le
domine. Ce qui est paradoxal car monsieur M aime diriger. C’est un chef
(nous y reviendrons dans la fin de ce livre) et il ne dirige pas réellement sa
vie. L’image de la mort est volontairement choquante : il faut créer chez lui
un déclic, un insight…
— Heu… Oui effectivement, c’est un point de vue. Enfin, j’espère pouvoir
y arriver autrement.
— Vous l’avez dit : autrement ! En réalisant des choses que vous n’avez
jamais faites et en vous exposant ainsi à un résultat que vous n’avez jamais
eu  ! Je vous propose donc de vous installer confortablement et de ne rien
faire…
Suivit alors la séance disponible dans ce chapitre. Au cours de son
protocole de soins, monsieur M a appris à prendre le temps de ne rien faire.
À donner le temps à son corps et à son esprit. À s’occuper de l’intérieur.
Bien sûr d’autres stratégies
ont été utilisées en parallèle, mais il est certain que, sans cet appel
téléphonique et sans ce premier entretien, le résultat n’aurait pas été aussi
efficace. Monsieur M a vu s’estomper la douleur dès la première séance. La
douleur a totalement disparu dès la troisième séance et, dès la quatrième,
nous arrêtions la prise en charge. Mais il n’y a rien d’étonnant dans le
remède : de manière naturelle, s’il y a le jour et la nuit, s’il y a l’inspiration
et l’expiration, s’il y a le blanc et le noir, le yin et le yang, il y a bien les
moments où l’on s’active et les moments où l'on décide de ne rien faire…

Petite astuce
Profite du temps d’attente pour ne rien faire : un feu rouge, une salle d’attente, une file à
la caisse du supermarché… Ce sont là des opportunités pour ne rien faire, ne rien
penser, et stopper de manière efficace la course infernale de l’attention : du portable à la
voiture, de la voiture au travail, du travail à l’ordinateur, de l’ordinateur à la voiture, de la
voiture aux enfants… Tu donneras ainsi à ton système intérieur l’occasion de s’occuper
de lui-même, de ce qui est vraiment important et, pour cela, trente secondes suffisent.
Trente secondes que tu t’offres à toi-même. Trente secondes pendant lesquelles tu
deviens propriétaire de ton attention. C’est peut-être un beau cadeau à se faire chaque
jour, qu’en penses-tu ?
6

L’équilibre et la vie

« Le seul moment où nous sommes


totalement à l’équilibre, c’est la mort ! »
ROMAIN

Mais qu’est-ce que l’équilibre ? Le dictionnaire nous donne la définition


suivante : « L’équilibre est un état de repos, stable, d’un système obtenu par
l’égalité des forces qui s’expriment.  » Bon nombre de mes patients me
demandent de les aider à trouver leur équilibre, d’améliorer leur stabilité…
Mais l’équilibre statique, immobile, est-il compatible avec la vie ? La vie,
elle, est par nature imprévisible, instable. Elle se rapproche de l’équilibre
sans jamais l’atteindre… C’est : l’homéostasie.
Chaque cellule de notre corps est en perpétuelle recherche d’équilibre. Les
cellules de notre cœur, lorsqu’elles se dépolarisent, s’approchent très fort de
leur état d’équilibre chimique, mais elles s’en éloignent aussi très vite, afin
de continuer à créer du mouvement, à créer de la vie…
Très jeune, nous faisons l’expérience de l’équilibre par l’apprentissage de
la marche. Il suffit d’observer un bébé d’un an pour s’apercevoir que
marcher, c’est perdre l’équilibre et se rattraper à chaque pas… Voilà
comment notre déplacement le plus simple et le plus primaire fonctionne.
Il en va de même pour les relations. Tu connais peut-être l’adage : « Suis
l’amour, il te fuit. Fuis l’amour, il te suit  !  ». Lorsque dans une relation
amoureuse, l’équilibre, la routine commencent à s’installer, deux solutions
deviennent possibles. Soit nous déséquilibrons la relation par des projets,
des voyages, un nouveau travail (rien de tel que la naissance d’un enfant
pour bousculer un équilibre qu'il faudra réacquérir). Soit nous gardons notre
équilibre, qui, à terme, mettra à mal la relation, jusqu’à la faire mourir.

Le mal nécessaire
L’instabilité est donc un mal nécessaire à notre développement. Les
épreuves, les vagues que nous traversons, sont autant d’étapes qui nous
forgent, nous apprennent et nous permettent de devenir nous-même. Car si
nous tombons… c’est pour apprendre à nous relever ! Il est donc illusoire
de vouloir chasser le mal. Et il est illusoire de vouloir s’en débarrasser…
D’ailleurs, cela fait longtemps que tu souhaites t’en débarrasser, du mal ! Et
tout ce que tu as obtenu, naturellement, c’est une dépense d’énergie
considérable, pour un résultat qui n’est pas à la hauteur de tes attentes…
Sois rassuré, j’ai voulu faire comme toi… Pendant longtemps, j’ai voulu
« guérir » mes patients, leur enlever leurs douleurs, leurs problèmes. J’ai eu
des résultats encourageants… des accalmies, un soulagement relatif… Oui,
ça a été mieux… pendant quelques jours, quelques semaines tout au plus…
me répondait-on. Plus le problème était ancien, plus l’accalmie était de
courte durée. Alors j’ai cherché… Et c’est en commençant à chercher du
côté de la méditation, que l’idée m’est apparue : en ne faisant rien… Cela
ne résonne-t-il pas avec le chapitre précédent ?! ;-)
Le problème est un mal nécessaire et indispensable… le bannir, le fuir,
l’affronter même, ne permet pas de faire disparaître son expression, sa
place, sa présence… J’ai donc pris le temps de lui faire une place, un cadre
de libre expression… Libre de tout jugement. Juste observer ce qu’il se
passe… pour ensuite, laisser la vie faire ce qu’elle a à faire… Et les patients
ont commencé à évoluer, marche après marche, jour après jour… C’est
grâce au sombre que nous pouvons appréhender le clair. C’est en voyant, en
observant notre énervement, que nous rencontrons le calme. C’est grâce à
l’infini qu’existe la notion du fini. C’est grâce au rien que tu reconnais la
présence…

Voir plus de nuances


Mais la nature est loin d’être si binaire, si dichotomique. Car lorsque tu
observes quelque chose de clair, comme un objet près de toi, il est possible
qu’un autre objet soit encore plus clair, pour une quelconque raison. Le
même objet peut également apparaître dans quelques secondes plus sombre
(un nuage qui passe devant le soleil, une lampe qui s’éteint…). Car tout est
en cours, tout est vivant, rien n’est fixe… Quel que soit le sentiment, quelle
que soit la sensation, l’émotion… qu’elle soit positive ou pas, tout est
mobile, vivant. Tu peux ne pas être confortable aujourd’hui, soit, mais tu
peux l’être encore moins demain, et être très bien le jour suivant  ! À
condition d’être attentif…
Certains patients me disent : « J’ai mal partout, Romain ! », et j’aime leur
répondre : « Partout ? Vous avez même mal aux cheveux ? ». Souvent, ils
rient et ne se rendent compte que bien plus tard de l’importance de cette
«  boutade  ». De la même manière, d’autres me disent  : «  J’ai mal tout le
temps ». Il est intéressant de rappeler à ces patients que personne ne souffre
quand il dort. Même si leur sommeil n’est pas simple et qu’il ne dure que
quelques secondes, ce temps-là existe… Comme il est indispensable, pour
savoir que nous sommes en prison, d’avoir connu la liberté.
Je t’invite maintenant à remplir le tableau ci-dessous, en suivant les
exemples proposés et en laissant le flux de tes pensées voyager dans le
temps et l’espace. Et ce afin d’imaginer d’un côté, les mots-clés du
problème, et de l’autre, les mots-clés des ressources.

PROBLÈMES RESSOURCES

sombre clair

complexe simple
Quelle est l’image qui apparaît devant tes yeux à la lecture de ces
mots ?
Quels sont les sons qui arrivent dans tes oreilles à l’écoute de ces
mots ?
Quelles sont les sensations dans ton corps à l’évocation de ces mots ?

Peut-être qu'il y a une réponse plus facile qu’une autre ? Ou peut-être ne


vois-tu que du noir, n’entends-tu que du silence et ne sens-tu que du
néant… Si tel est le cas, sois rassuré, c’est tout à fait naturel… «  La vie
c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre »
comme le rappelle Albert Einstein.
Tu peux maintenant te reporter à la vidéo « Troisième enseignement : Les
mains du changement ».

Carte heuristique de l’équilibre


Dans cette carte heuristique, prends le temps d’ajouter des dessins, des
couleurs. Laisse ton esprit y mettre de la sensorialité, afin que la carte
puisse être mémorisée au mieux.
G Cas cliniques : les maladies chroniques
Beaucoup de patients qui viennent me voir se déclarent
« chroniques » :  J’ai une lombalgie chronique, une cervicalgie chronique,
j’ai une maladie chronique… Voire pire ! Je suis chronique.
Mais qu’est-ce que la chronicité ? La chronicité renvoie à une évolution de
longue durée. La croyance, psychanalytique et même médicale, veut qu’une
maladie chronique soit forcément liée à la notion de temps. Pour
l’Organisme mondial de la santé (OMS), un trouble est dit «  chronique  »
quand son évolution est défavorable sur une période supérieure à six mois.
Cependant, le caractère chronique d’un problème est souvent beaucoup plus
pernicieux que cela, et il n’est pas rare de voir arriver des patients avec un
trouble dont on devine déjà le caractère chronique.

La position du thérapeute face aux cas chroniques


Bien évidemment, il a été facile pour l’ensemble des acteurs médicaux et
paramédicaux de classer ce type de patient dans la case « chronique » avec
des jugements de valeur du style : Ah oui, mais elle, c’est différent ! Elle est
dépressive. C’est pour ça qu’elle a mal  ! Ou encore  : Monsieur, vous ne
dormez pas bien, je pense qu’il serait bon de prendre un antidépresseur
pour vous aider à dormir… Loin de moi l’idée de jeter la pierre au bon
médecin généraliste, souvent dévoué et démuni face à ce type de douleur,
qui encombre sa salle d’attente, lui prend souvent un maximum d’énergie
pour de piètres résultats  : il faudra voir et revoir le patient toutes les
semaines avec les mêmes plaintes et les mêmes attentes. Le généraliste ne
peut malheureusement pas faire grand-chose, tout simplement car il n’est, la
plupart du temps, pas équipé techniquement, ni émotionnellement pour
accompagner le patient chronique. Car en général, le thérapeute classique
(médecin, infirmier, kinésithérapeute…) fait partie du paysage chronique du
patient ! Il suffit de regarder son agenda thérapeutique pour le comprendre.
Le patient atteint de chronicité est un patient qui prend ses rendez-vous les
mêmes jours, à la même heure. Il déteste changer de thérapeute. Quand son
médecin est indisponible, il ne consulte jamais le remplaçant. Lors de
l’écriture de ce chapitre, j’ai regardé l’agenda de mes collègues
kinésithérapeutes et je me suis aperçu que certains de leurs patients venaient
depuis plusieurs années, les mêmes jours, à la même heure, avec le même
praticien, pour recevoir les mêmes techniques sur les mêmes segments du
corps (car au bout d’un moment, le thérapeute est au maximum de ses
ressources…).
Le patient chronique est un «  tueur  » de thérapeute  ! Le risque, pour le
thérapeute, est de s’épuiser à vouloir trouver des techniques, des remèdes,
des stratégies, des prises en charge… Il n’est pas impossible que de
nombreux thérapeutes se reconnaissent dans ces lignes. En effet, on a tous
des moments où l’on voit madame Y sur son agenda et où l’on se dit : Oh
non, pas encore elle  ! Elle va encore me saouler avec son problème. En
plus, c’est dans sa tête, je ne peux rien faire pour elle…
On revoit bien sûr certains patients chez qui on a tout essayé. Pour
lesquels l’on s’est torturé l’esprit, pour qui on a tenté de trouver une
solution… Oui… une solution, qui nous paraît, à nous thérapeutes, la
bonne  ! Mais qui est peut-être très éloignée de sa solution à lui  ! C’est
comme si, à vouloir trouver plus de solutions, le couple soignant/soigné
était rentré dans un cercle vicieux, dans lequel les habitudes de traitement,
de prise en charge, d’écoute s'étaient petit à petit réduites à l’inefficacité…
Pourtant des solutions existent pour remettre du mouvement, du
changement dans la vie, mais avant d’y venir, revenons au mot prise en
charge. Car dans cette expression réside un jeu de mots très intéressant  :
pris en charge, symboliquement, renvoie à l’image de prendre sur son dos,
prendre comme un poids… C’est d’ailleurs un mot qu’on devrait bannir du
vocabulaire de la santé pour lui préférer accompagnement. Car ce n’est pas
le thérapeute qui soigne. Le thérapeute n’est là que pour favoriser un
processus de guérison. Il n’est là que pour augmenter la probabilité que le
corps et/ou l’esprit change pour un état de mieux-être. Et cela, même avec
une prescription médicamenteuse ! Ce n’est pas le médicament qui soigne,
mais bien le changement chimique apporté par le corps, après la prise d’un
médicament.

Les pouvoirs de l’effet placebo


Il est d’ailleurs très intéressant de souligner qu’elle est peut-être là, la
différence entre un médicament générique et un médicament de marque…
Nous connaissons tous dans notre entourage des personnes qui disent à leur
pharmacien : Ah non, pas le générique ! Je ne le supporte pas… ou Merci
de me mettre le médicament de marque, car l’autre n’est pas efficace.
Pourtant, au niveau chimique, la molécule est exactement identique ! Alors
comment expliquer la différence d’efficacité ? Certains disent qu’il s’agirait
de la nature de l’enrobage du médicament, d’autres parlent de l’effet
placebo.
Mais qu’est-ce que l’effet placebo ? Un placebo est un traitement qui ne
possède aucune efficacité chimique ou pharmacologique. Son efficacité
repose sur le fait que le sujet pense recevoir un traitement dont le résultat
sera positif. Pour encore bon nombre de personnes, le traitement résulte
d’un mécanisme psychologique. De nombreuses études démontrent que
l’efficacité du placebo n’est pas seulement psychologique, mais aussi
physiologique. Si ce sujet t’intéresse, je t’invite à chercher dans Google
Scholar : effet placebo physiologique. Tu trouveras une multitude d’articles
qui en témoignent. En bref, l’effet placebo, c’est l’effet de l’imaginaire sur
le corps et l’esprit. Poussé à l’extrême, c’est même la médecine de
l’imaginaire. Et si la médecine de l’imaginaire fonctionne, pourquoi s’en
passer ?
Bien évidemment, tout ne fonctionne pas avec l’effet placebo.
Actuellement, on considère son impact sur l’ensemble des résultats
thérapeutiques d’environ 30 % (ce que je trouve déjà considérable). Et si cet
effet pouvait être amplifié ? Si cet effet possédait des ressources, qui, avec
une meilleure compréhension, permettraient au patient de tomber guéri  ?
Comme tu l’as découvert dans les premières pages de ce livre, l’hypnose
repose sur la concentration et l’imagination. Tu trouveras d’ailleurs sur le
site www.alterantiv-therapies.com une étude qui démontre l’impact de
l’hypnose sur l’ouverture ou la fermeture d’une artère en fonction de la
suggestion donnée en état d’hypnose par le thérapeute.

L’origine des maux chroniques


Mais revenons à cette chronicité. La question qu’il faut se poser est : quels
sont les éléments qui favorisent le passage d’un problème aigu à un
problème chronique ? Pourquoi, par exemple, une hernie discale bloque-t-
elle certaines personnes plusieurs années, les empêchant de vivre par
moments  ; alors que chez d’autres, cette même hernie discale, de même
taille, au même emplacement, va être découverte seulement lors d’un
examen de routine. Le sujet ne l’aura même pas remarquée. Car un
problème, en temps normal, cicatrise ! S’il ne cicatrise pas, et que le corps
et l’esprit n’arrivent pas à mettre en place un processus de guérison, c’est
qu’il y a une raison !
Comme tu as pu le constater dans le chapitre sur le Problème, il y a peut-
être des analogies entre le début de ton problème et un autre événement
marquant (un décès, un traumatisme, une dispute, un changement de travail
ou un déménagement…). Il y a une multitude d’événements où le problème
peut venir se fixer, où il peut se glisser.
C’est comme cela que l’esprit inconscient, par l’intermédiaire du système
nerveux autonome, communique avec le sujet. Il exprime par une douleur,
une maladie, une anomalie, sa difficulté à intégrer une étape de la vie, un
événement marquant. Il peut s’agir de douleurs, de changements d’humeur,
de mélancolie, de tristesse inexpliquée voire de dépression ou encore de
phobies, de troubles du sommeil, de troubles alimentaires, d’angoisses…

Laisser parler le problème en réalisant


de petits changements
Mais, tu vas me dire, c’est bien beau de savoir tout ça, mais maintenant
comment je fais pour continuer mon chemin, comment je fais pour m’en
débarrasser  ? Eh bien, tout simplement, en arrêtant de vouloir t’en
débarrasser  ! Et en apportant du changement, pas grand-chose… juste ce
qu’il faut. Plutôt que de vouloir te détendre lorsque tu ressens ton problème
(ce qui a souvent pour conséquence de l’augmenter), eh bien, fais ton
maximum pour qu’il augmente. Tu pourrais même te dire  : Allez,
aujourd’hui, je fais le maximum pour laisser parler mon problème  ! La
plupart de mes patients trouvent cela bizarre et je les comprends. Je leur
raconte alors mon expérience  : plusieurs de mes patients essaient depuis
longtemps de chasser leurs problèmes en vain. Une phrase d’Albert Einstein
exprime bien ce phénomène  : «  La folie, c’est se comporter de la même
manière et s’attendre à un résultat différent.  » Écouter le problème, et
même, le laisser augmenter de manière bienveillante, ou l’encourager à
s’exprimer, ce sont autant de possibilités qui, juste avant de lire ce livre,
étaient inexploitées.
Alors, donne-toi la possibilité de changer, en réalisant ce que tu n’as
jamais réalisé auparavant. Fais confiance aux ressources qui sommeillent en
toi, car ce sont elles qui enclencheront le processus pour devenir toi-même,
pour mettre en place ce petit changement qui, tel l’effet papillon, entraînera
de grands changements. Bien au-delà de ce que tu penses être
possible…
C’est le principe même de l’effet papillon  : un changement infime dans
l’environnement de départ peut aboutir à un grand changement du même
environnement. En 1972, lors d’une conférence, Henri Poincaré illustre le
phénomène par une métaphore célèbre : les battements d’ailes d’un papillon
au Brésil peuvent provoquer une tornade au Texas.
Petite astuce : changer de place à table
Il peut arriver que les relations familiales ne soient pas faciles. À ce moment-là, il est
idéal de changer de place à table. En effet, la plupart des personnes, dont tu fais peut-
être partie, ont leur place à table. C’est toujours la même et tu y manges depuis des
années  ! Ce sont les mêmes personnes qui sont en face de toi, à ta droite et à ta
gauche. Tu vois peut-être le même décor ou la TV du même angle à chaque repas. Et si
tu changeais cela à chaque repas  ? Ça ne paraît pas grand-chose. Pourtant les
discussions seront différentes, peut-être même que certaines personnes ne voudront
pas changer de place, et que d’autres seront contentes de le faire. En réalisant cet
exercice, tu permettras aux personnes qui t’entourent et à toi-même de connaître un
changement, pas un grand bouleversement mais juste ce qu’il faut… Alors je te propose
de faire l’expérience et de noter ci-dessous les différences que tu auras pu observer.
Amuse-toi bien !

G Cas clinique
Voici un cas clinique qui te permettra de mieux comprendre le sujet.
Madame X vient à mon cabinet car elle est stressée. Elle a des crises
d’angoisse depuis l’âge de 12 ans et cela l’empêche de respirer.
Actuellement, elle est professeur de physique au collège, est mariée et a
deux enfants. Après les formalités d’usage, elle commence à me raconter
son problème :
— Je viens vous voir car je n’en peux plus  ! J’ai constamment un poids
sur ma poitrine qui m’empêche de respirer. J’ai consulté mon médecin, qui
m’a envoyée chez un spécialiste, qui m’a dit que c’était dans ma tête. Mais
je ne suis pas folle ! J’ai donc été voir un ostéopathe, qui m’a dit qu’il fallait
que je travaille ma respiration chez un kiné, où j’ai eu deux rendez-vous par
semaine pendant six mois. Je n’en ai tiré aucun bénéfice. Du coup, je me
suis rendue chez mon généraliste, qui m’a envoyée chez un psychiatre, où
après deux ans de thérapie, je suis toujours au même stade. Pour lui, cela
vient de mon enfance… Je travaille avec des enfants qui ne sont pas
toujours faciles, mais j’aime mon boulot.
— Bien, depuis combien de temps avez-vous ce problème ?
— Depuis l’âge de 12 ans.
— Quelle était votre vie à 12 ans ?
— Mon arrivée au collège n’a pas été facile. J’étais beaucoup plus grande
que les autres et tout le monde me traitait de grande asperge, de fil de fer.
En plus, à la maison, mon père était dur avec moi, il m’empêchait de voir
mes copines. Et je me souviens d’un jour où je devais faire un exposé au
tableau. C’est là que ma poitrine s’est serrée pour la première fois et que je
suis tombée dans les pommes…
— OK.
— Mais, vous savez, si je viens vous voir, ce n’est pas que pour ça !
— Ah bon ?
— Oui (et elle sort son dossier médical de 15 centimètres d’épaisseur) car
j’ai aussi une douleur à la tête, des migraines, sûrement dues à ma jambe
plus courte à gauche, et puis… j’ai aussi un problème de mâchoire, en plus
de ma douleur au ventre due à mon côlon irritable, les spécialistes pensent
que ma respiration…
— Hop hop hop ! Vous allez m’hypnotiser.
À ce moment-là, je suis certain d’avoir une patiente chronique qui a une
multitude de problèmes à résoudre. Le point de départ est peut-être cette
période de vie où elle est entrée en sixième, ou peut-être pas. Devant la
multitude de problèmes satellites, je lui propose la séance sur l’équilibre
instable (page 81).
La séance se termine et je lui demande si elle a des questions ou si elle
souhaite me faire part de quelque chose :
— C’est bizarre, j’ai revu mon mari dans la main des problèmes…
Ce fut une grande surprise, car elle n’avait montré aucun signe de
problèmes relationnels avec lui depuis le début de la consultation.
— Et donc ?
— Eh bien, il a le même prénom que le garçon qui me harcelait au collège.
— D’accord, et avez-vous autre chose que vous souhaitez partager ?
— Oui, c’est comme si je venais de m’en rendre compte… Mon mari est
une personne très extravertie. Dans un groupe, il prend facilement la parole.
Il aime être au centre des conversations. Cela ne me dérange pas, je suis
plutôt discrète. Mais il est vrai que le week-end dernier, je me suis aperçue
que je ne pouvais pas en placer une, et c’est d’ailleurs juste après que j’ai
fait une crise. Il m’a ramenée à la maison, et m’a dit de me calmer et de me
reposer… (dit-elle en devenant toute rouge).
— J’ai l’impression qu’il y a une émotion qui est présente, non ?
— Oui. Je suis en colère. Comme si j’avais envie de hurler…
— Super !
Nous avons poursuivi avec un travail de libération émotionnelle sur le
souffle. Cela a permis à madame X d’extérioriser physiquement les
émotions. Après qu’elle a repris ses esprits, suite à cette libération somato-
émotionnelle, j’ai continué :
— Je vais vous donner un exercice. C’est un exercice indispensable et
obligatoire. Cela veut dire que si vous ne le faites pas, il n’y aura pas
d’autres séances. Votre mari est-il prêt à tout pour que vous alliez mieux ?
— Oui, il est vraiment toujours là pour moi.
— Bien, alors vous allez changer de place dans le lit !
— Ah non, c’est pas possible ! Il ne voudra jamais ! En plus, j’aime pas
son côté, il est du côté de la fenêtre et je vais avoir froid.
— Bien, alors je pense que vous n’allez pas pouvoir tomber guérie. Vous
n’avez sûrement pas la ressource pour mettre en place ce petit changement.
— Combien de temps, le changement de place dans le lit ?
— Trois semaines.
— Heu… (dans un grand soupir), je ne pense pas qu’il sera d’accord !
— OK, eh bien demandez-lui  ! S’il est prêt à tout pour que vous alliez
mieux, il est bien prêt à changer de place dans le lit et, s’il vous demande
des explications, vous lui dites la vérité ! J’ai été voir Romain. Il m’a donné
un exercice pour aller mieux, je ne sais pas pourquoi il m’a demandé ça,
mais pour aller mieux, je dois le faire  ! Si vraiment il a besoin
d’explications, vous lui dites qu’il appelle le cabinet.
Après quelques minutes, madame X accepta l’exercice. À ce jour, aucun
conjoint ne m’a appelé au cabinet et 100  % d’entre eux ont accepté de
changer de place dans le lit. Soit le conjoint est devenu d’un coup beaucoup
plus conciliant (mais j’en doute). Soit le jugement reposait sur une croyance
et l’exercice a fait tomber cette croyance, en améliorant l’échange et la
communication. Soit, enfin, le patient s’exprime avec plus de confiance et
donc le conjoint s’est adapté au changement.
À la séance suivante, madame X avait un autre problème. Celui de ne plus
avoir son problème de respiration. Il est souvent nécessaire d’accompagner
le patient une fois que son problème est parti, car chez lui peut apparaître un
vide. Or le corps, comme l’esprit, déteste le vide. Le patient et le thérapeute
encouragent donc la tête et le corps à se remplir d’autres choses : de belles
images, de belles pensées, de projets ou de toute autre chose… C’est le plus
grand risque lorsqu’on tombe guéri !
Notez que la position du thérapeute n’est pas gentille et j’aime d’ailleurs
le rappeler aux personnes qui viennent me voir. Je ne suis pas gentil, car je
ne suis pas là pour ça ! Par contre, je suis et serai toujours bienveillant pour
accompagner une personne dans son changement… Le mot bienveillant
sous-entend que mon rôle est de créer du changement, de sortir les patients
de leur zone de confort, de leur montrer qu’il est possible d’obtenir des
résultats différents en réalisant des actions différentes.
7

Le juste échange

« Donne beaucoup, tu recevras bien plus. »


ROBERT SABATIER

Donner pour donner, sans rien attendre en retour, c’est sûrement le


meilleur moyen de ne pas souffrir. Mais qui peut se prévaloir de ne rien
attendre en retour ? L’homme est, par nature, fait pour vivre en société. Il
échange, il interagit avec l’autre. Mais qu’est-ce que l’échange  ? N’est-il
pas juste de vouloir donner autant que de vouloir recevoir  ? Le juste
échange peut être relationnel, économique, affectif, mais il est surtout
naturel…

L’image de la balançoire
Le juste échange est un équilibre dynamique (cf. chapitre 6), mais pour le
mettre en branle, il faut lui donner une impulsion. C’est un peu comme une
balançoire… Je me souviens, quand j’étais enfant, de la balançoire que mon
père avait installée au bout du jardin, sur cette grosse branche solide du
sapin, qui trônait au milieu de la végétation. Le bruit du vent, la fraîcheur et
la légèreté qui soufflaient sur mon corps de petit garçon… Bien des fois, ma
mère et ma grand-mère m’ont poussé, pour me donner la joie de l’élévation
et de la descente, des mouvements qui s’enchaînent au rythme des « plie…
allonge  !  ». Néanmoins, je pris un jour la décision de faire seul la
découverte de l’équilibre. Je m’assis donc sur cette balançoire et
commençai mes « plie… allonge » sans résultat…
Après de multiples efforts, tous vains, je me suis arrêté. Puis j’ai laissé
mon esprit divaguer et, en ne faisant rien, une idée m’est venue : mais bien
sûr  ! Il me fallait de l’élan  !!! Un élan plein d’énergie, pour mettre la
balançoire en mouvement. Un mouvement qui, une fois amorcé, ne
demandait qu’un tout petit effort de ma part : continuer, avec une alternance
de hauts et de bas. J’augmentai donc de manière alternative mon énergie
potentielle (la hauteur à laquelle je me trouvais) et mon énergie cinétique
(ma vitesse). Tout ceci dans un équilibre instable, dans un système
homéostatique…
La vie est un peu comme cette balançoire, avec ses hauts et ses bas. Pour
que l’expérience se poursuive, il est nécessaire de fournir un effort au
départ, mais celui-ci doit rester minime, car l’inertie nous porte déjà ! Il faut
bien sûr distiller cette énergie au bon moment avec le bon tempo
(cf.  chapitre  4). Tout ceci très positif. S’il n’y a pas une énergie positive,
c’est-à-dire un starter, tous nos efforts seront vains  ! Cette énergie au
démarrage, dans le cadre du juste échange, s’appelle l’amour  ! Pour être
efficace, l’amour doit être libre et inconditionnel. C’est la notion du
« donner sans rien attendre en retour », comme le dit la chanson de Florent
Pagny.
Mais si au démarrage, cette impulsion est nécessaire, et même
indispensable, elle devient contre-productive au fil du temps  : il ne s’agit
pas de l’utiliser sur une longue durée. J’utilise souvent l’image du starter
d’une voiture qui serait toujours en marche sur l’autoroute… Certes, il faut
savoir donner, mais également savoir arrêter de donner. De la même
manière qu’il faut savoir accélérer et freiner.

Donner et recevoir autant


Je reçois de nombreux patients qui se sont épuisés à donner, à faire des
efforts. Plus personne ne perçoit leurs efforts, car ils sont tellement ancrés
dans leurs habitudes de vie, dans leur système de personne (cf. génogramme
du chapitre 3), qu’ils en deviennent normaux. Eh oui  ! Comme j’ai
l’habitude de dire, «  dans la vie, il y a les spécialistes pour donner leurs
peaux de bananes et il y a les spécialistes pour les récupérer ». Comme si
leur charrette de problèmes n’était pas assez remplie, comme si pour vivre,
pour exister, ces patients devaient aider les autres. Mais pas aider les autres
en les laissant faire, non ! Aider les autres en leur disant ce qu’il faut faire.
Il s’agit là d’une tentative qui, sous ses aspects bienveillants, donne
naissance à plusieurs aspects pervers. Tout d’abord, cela installe une
relation inégale entre celui qui «  sait  » et celui qui «  ne sait pas  ». Cela
gonfle de manière superficielle l’ego de celui qui conseille et diminue
l’image de celui qui est conseillé…De
plus, ce gonflement superficiel accentue la sensation (virtuelle) de faire les
choses. Or, il n’en est rien. Car l’action a masqué le désarroi intérieur et la
personne continue à chercher l’amour et la reconnaissance auxquels elle
n’accède jamais. La charrette se remplit de problèmes insolubles. Ce
comportement conduit la personne à chercher des solutions plus épuisantes
les unes que les autres, créant ainsi un cercle vicieux. Il est donc important
de savoir arrêter de donner, arrêter de nager (cf. chapitre 2) afin d’observer
les modèles d’échanges qui fonctionnent.
Nous avons vu qu’il était nécessaire de trouver, sur le plan émotionnel et
relationnel, un équilibre homéostatique entre donner et recevoir. Sachez que
cet équilibre existe déjà dans la nature. Lorsque l’on prend le temps de
l’observer, on voit que la nature produit une multitude de richesses
nécessaires à l’épanouissement de l’être humain. Prenons par exemple la
montagne. Elle est, par définition, une entité naturelle et fournit de l’eau.
Cette ressource précieuse vient des sources qui jaillissent de ses entrailles.
Les sources coulent et s’écoulent à travers les ruisseaux, les rivières, les
fleuves, pour se jeter dans la mer. Puis l’eau s’évapore et au détour d’un
nuage, elle se laisse transporter pour, à un moment ou à un autre, revenir au
sommet de la montagne naturellement. Cette eau, transformée en neige, se
dépose sur le sommet de la montagne, puis la neige fond, s’infiltrant dans
les entrailles de la montagne, et ainsi de suite. Durant tout le temps où la
neige se trouve à la surface, au sol, elle nourrit la montagne ! Elle augmente
sa richesse en sels minéraux, et permet ainsi à d’autres micro-organismes de
se développer (le système végétal par exemple).
Que se passe-t-il s’il y a trop de neige  ? Eh bien, la montagne s’en
débarrasse avec les avalanches. Une avalanche, c’est juste un processus
naturel restaurant l’équilibre. Par ailleurs, il est intéressant de voir que
lorsque les hommes prennent soin de la montagne, ils déclenchent les
avalanches  ! Que ce serait-il passé si l’eau n’avait jamais jailli de la
montagne ? La montagne n’aurait jamais reçu de neige et, à terme, se serait
détruite. On comprend mieux la nécessité de s’intégrer dans un système
équilibré. Comme le dit un proverbe oriental : « Écrase le tronc du cerisier,
tu ne trouves pas de fleurs. C’est le ciel du printemps qui a apporté les
fleurs. » (Ikkyû)
Dans cette partie, tu vas matérialiser le flux de tes échanges avec les
personnes qui t’entourent. Sache que si l’échange a pu être dans un sens à
un moment donné, il change cependant perpétuellement. Par exemple, ce
n’est pas parce que ta mère t’a beaucoup donné lorsque tu avais 2 ans que
c’est toujours le cas actuellement !! Alors je te laisse quelques instants pour
matérialiser ton schéma relationnel avec les personnes qui t’entourent
aujourd’hui, dans le présent, ici et maintenant.
Trace une flèche grise quand tu estimes que tu donnes à cette personne ;
une flèche noire quand tu estimes que tu reçois. Si tu ne reçois rien, ne mets
pas de flèches. La couleur des flèches se fait en l’absence de tout jugement.
Si tu as un sentiment négatif, tu le matérialises par une flèche noire.
Pour ce qui est de la valeur de l’échange, tu matérialises par un « + » tout
échange qui à tes yeux est positif, et par un « - », tout échange qui te semble
négatif.
Pour t’aider, voici un exemple :

Dans cet exemple, je donne du positif à Sébastien et je reçois du positif de


sa part. À toi de jouer. Commence par les personnes de ton système, celui
que tu as réalisé au chapitre 3 (génogramme).

PERSONNES DE TON SYSTÈME


Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi

Continue avec les personnes de ton cercle amical, les personnes qui
gravitent autour de toi (pas forcément tes amis) :
PERSONNES DE TON CERCLE AMICAL
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi

Et enfin, termine par ton cercle professionnel, ton cercle d’activité


(associatif, sportif…)

PERSONNES DE TON CERCLE D’ACTIVITÉ


Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi

Et maintenant, faisons les comptes. Note les informations suivantes :


Nombre de flèches noires :
Nombre de flèches grises :
Nombre de + gris :
Nombre de + noirs :
Nombre de - gris :
Nombre de - noirs :
Le juste échange se manifeste par un minimum de - gris. Le simple fait
d’envoyer des pensées ou d’avoir des conversations négatives nous revient
toujours en boomerang. À terme, cela nous détruit.
Dans l’idéal, le nombre de flèches doit être équilibré, avec un petit
avantage pour les flèches grises, car elles sont motrices dans la relation.
C’est elles qui initient l’échange positif.
Quant au nombre de - noirs, sachez qu’il n’est pas nécessaire de plaire à
tout le monde. Il est juste important de ne pas s’épuiser à envoyer du + gris
à ces personnes, mais plutôt de rester dans l’observation, l’absence de
jugement, afin de ne pas s’épuiser et souffrir.
Et en ce qui concerne les + noirs, ils sont des moments à savourer, car ils
sont précieux…
Tu peux maintenant te reporter à la vidéo « Quatrième enseignement : Le
juste échange ».

N.-B.  : avant de visionner cette vidéo, prends le temps d’observer une


plante, qu’elle soit réelle ou virtuelle… Observe-la pendant une minute, et
tu pourras commencer.

Carte heuristique du Juste échange


Dans cette carte heuristique, prends le temps d’ajouter des dessins, des
couleurs. Laisse ton esprit y mettre de la sensorialité, afin que la carte
puisse être mémorisée au mieux.

G Analyse et cas cliniques : la communication


Le verbe « communiquer » vient du latin communicare, qui signifie mettre
en commun, faire part, partager. Communiquer, en français, c’est
transmettre des informations ou des connaissances à une ou plusieurs
personnes… Mais communiquer est bien différent d’informer. De
nombreuses personnes confondent communiquer et informer. Communiquer
signifie donc mettre en commun, et cela sous-entend un échange bilatéral.
Très concrètement, lorsque tu dis à ton conjoint/ta conjointe  : Chéri(e), je
sors la semaine prochaine avec les copains/copines et qu’il n’y a pas de
réponse, cela veut dire qu’il n’y a pas eu de communication, il y a
seulement eu information. C’est comme si une partie du chemin avait été
faite, mais pas la route en entier. Car pour qu’il y ait communication, il faut
qu’il y ait une réponse de l’interlocuteur.

COMMUNICATION = INFORMATIONS + RÉPONSES.


Il y aurait eu communication dans l’échange précédent s’il s’était déroulé
de cette manière :
— Chérie, je sors avec les copains/copines la semaine prochaine !
— OK, ça marche. J’organise de mon côté un cinéma, alors !
Tu imagines bien la différence en termes relationnels et émotionnels, si la
semaine suivante, l’émetteur du message reste dans l’information et non
dans la communication !
Pour bien communiquer, il faut donc s’assurer, lorsqu’on émet un
message, que ce dernier a bien été entendu par son interlocuteur. Et pour
cela, il est indispensable d’obtenir une réponse. Communiquer veut dire
émettre et recevoir des messages. Cependant, il y a plusieurs types de
communication. Dans cet ouvrage, nous en distinguerons trois  : la
communication verbale, la communication non verbale (40 à 60  %) et la
communication paraverbale (35 à 40 %).
LA COMMUNICATION VERBALE
Cette forme de communication utilise principalement le langage oral.
Cette transmission d’un message d’un émetteur à un récepteur se base sur la
compréhension et la signification des mots utilisés. Ce type de
communication, bien qu’on y attache énormément d’intérêt, ne représente
que 5 à 10 % de la communication dans le message transmis.
LA COMMUNICATION PARAVERBALE
Il s’agit, comme son nom l’indique, de l’ensemble des éléments situés
autour de la voix. Le timbre, le rythme, la tonalité, la fluente, la vitesse…
sont autant d’éléments enrobant le verbe. À ces éléments peuvent s’ajouter
les souffles, les onomatopées… Ce qui, tu le comprendras facilement, fait
une belle différence entre Bonjour, vous pouvez rentrer… et BONJOUR.
Ffffou (grand soupir), VOUS POUVEZ RENTRER  ! Ce type de
communication représente à lui seul entre 35 et 40 % de la communication
totale. Sachez également que nous avons tous un rythme, une vitesse
d’élocution et un timbre différents. Pose-toi la question : est-il intelligent de
parler très vite à une personne qui parle très lentement ? Ou inversement ?
Je te laisse y réfléchir et répondre ;-)
LA COMMUNICATION NON VERBALE
Là, ça devient vraiment intéressant ! Le langage du corps, des mimiques,
des rictus, des regards. De nombreux auteurs ont travaillé à la
compréhension du langage non verbal. Ici je ne rentrerai pas dans les
détails. Si cela t’intéresse, tu peux consulter les ouvrages de Paul Ekman.
Qui sont richement documentés et très intéressants pour l’analyse non
verbale des émotions.
Il est instructif d’observer la manière dont le corps parle. Et ce ne sont pas
les Italiens (avec leurs grands gestes) ou encore les joueurs de poker (avec
les indices minimaux du visage) qui me contrediront ! Alors prenez bien le
temps d’observer. Un visage qui se détourne, des yeux qui filent dans les
coins ou encore des rougeurs qui apparaissent… Je n’apporterai pas de
jugement dogmatique sur ces observations ! Car, s’il peut exister une base
commune pour l’interprétation, je pars du principe que chacun est différent,
et donc, que chacun peut avoir des réactions différentes en fonction des
stimuli émotionnels auxquels il est confronté. Il est juste bien important
d’observer les changements dans le langage non verbal, si petits soient-ils,
et de garder à l’esprit qu’au moment où les choses changent, tout n’est peut-
être pas intégré comme cela devrait l’être…
Je ne t’apprends rien en te disant que ce type de conversation est le plus
important, car il représente à lui seul 40 à 60 % de la communication.

La communication positive
Nous savons maintenant qu’il existe trois types de communication qui
interagissent en permanence ensemble, la question est de savoir comment tu
peux envoyer un message à ton interlocuteur de sorte que celui-ci le reçoive
le mieux possible ? Il faudra utiliser la communication positive.
Pourquoi utiliser cette technique ? Et quelle est la différence entre : Je suis
en super forme et Je ne suis pas fatigué  ? C’est simple  : la conscience
virtuelle, cette partie de toi plus inconsciente, n’entend que les phrases
tournées de manière positive et supprime instinctivement les négations au
moment de l’intégration cognitive (du cerveau). Pour reprendre l’exemple
cité :
Je suis en super forme intégration Je suis en super forme

Je ne suis pas fatigué intégration Je suis fatigué

Voilà un exemple frappant de la force du langage  ! Tu peux aisément


comprendre pourquoi, lorsque tu as des pensées négatives, leur ancrage est
si puissant  ! Tout simplement parce que tu te les répètes à longueur de
journée comme une musique entêtante ! Si tu as déjà été à Disneyland, dans
l’attraction « The Small World », tu pourras facilement te souvenir de cette
musique entêtante, et te rappeler comment, à la sortie, elle résonnait encore
dans tes oreilles. Alors imagine-toi faire trois, voire cinq tours, d’affilée,
dans ta tête, uniquement avec des pensées négatives… Maintenant que tu
t’es aperçu de la force du positif, tu vas pouvoir t’exercer à transformer les
phrases suivantes selon l’exemple donné. Car si la négation n’est pas
toujours bonne, elle peut parfois s’avérer un allié inattendu ! Comme tu vas
pouvoir le constater. Cependant, prends garde à ne pas transformer le sens
de la phrase ! La communication positive a souvent été mal comprise ! Il ne
s’agit en aucun cas de nier la réalité mais juste d’utiliser des mots qui font
du bien. Voici un contre-exemple classique pour te montrer l’erreur
possible :

D’où l’intérêt de maîtriser la négation… Passons à la pratique.

QUELQUES EXEMPLES
Je suis fatigué. → Je ne suis pas en forme.
Je suis nul. → Je ne suis pas le meilleur.
Je ne suis pas malade. → Je suis en bonne santé.
J’ai mal. → Je ressens quelque chose qui n’est pas confortable.
À TOI DE JOUER MAINTENANT !
Je suis triste. →
Je suis énervé. →
Tu m’ennuies. →
J’ai peur. →
C’est injuste. →
Je vais m’écrouler. →
Je doute. →
Je n’ai pas peur. →
Ça ne fait pas mal. →
Super ! C’est un petit jeu linguistique que tu peux t’amuser à réaliser au
quotidien. Tu peux également observer et écouter tes proches. Regarde de
quelle manière ils ne se font pas du bien par leur propre langage. Attention,
tout de même, à rester tolérant avec les autres. C’est un changement qu’il
faut entreprendre en douceur, surtout avec les gens qui nous entourent.
Juste pour information, si tu en as besoin, je te donne les phrases que
j’aurais utilisées pour la transformation. Sache qu’il y en a d’autres et
qu’elles ne sont là que pour servir d’exemple !

Je ne suis pas content.


Je ne suis pas calme.
Tu ne m’es pas agréable.
Je ne suis pas rassuré.
Ce n’est pas juste.
Je ne vais pas tenir.
Je ne suis pas sûr.
Je suis confiant.
C’est confortable.

Voilà pour l’utilisation du langage positif. Tu peux bien sûr extrapoler son
utilisation à tes pensées ou tes souvenirs. Pas pour les enlever, ni les
effacer ; juste pour les transformer… Nous n’avons parlé que de la pointe
émergée de l’iceberg, et si cela t’intéresse, des ouvrages spécialisés en
programmation neuro-linguistique (PNL) pourront satisfaire ta curiosité.

La respiration
Mais revenons à notre juste échange. Il est vrai que nous enchantons le
monde qui nous entoure avec des mots, des postures, des intonations. Mais
il y a un échange beaucoup plus physique, plus physiologique, que nous
réalisons chaque jour avec notre environnement sans même y prêter
attention… Il s’agit de notre respiration.
La respiration est la seule fonction du corps humain innervée par les deux
systèmes nerveux. Le système nerveux volontaire (ce qui te permet de
t’arrêter de respirer pour faire de l’apnée par exemple) et le système
nerveux autonome (heureusement, car sinon il faudrait toujours penser à
respirer et cela deviendrait vite invivable). Cette double innervation a
plusieurs conséquences. La plus importante est celle du double lien. Si notre
état intérieur (le stress, la peur, la joie, l’euphorie) agit sur notre respiration,
il est également possible, par un travail de la respiration, de modifier cet
état intérieur. La médecine orientale l’a compris depuis longtemps avec la
pratique de la méditation, du yoga, mais cela n’arrive que progressivement
en Europe…
Tu as peut-être entendu parler de la cohérence cardiaque ? Il s’agit d’une
fréquence de six cycles par minute pour mettre le corps en cohérence. Tu
trouveras facilement des applications gratuites de cohérence cardiaque sur
Internet… En hypnose et en auto-hypnose aussi, la respiration est
primordiale. Elle sert à focaliser l’attention, pour bien s’ancrer dans le
présent, à mobiliser le souffle pour un rétrocontrôle (c’est-à-dire une bonne
régulation du système endocrinien) entre l’intérieur et l’extérieur du corps.
Une bonne respiration est une respiration lente, profonde, avec de grandes
expirations, permettant un brassage viscéral complet. Tu ne le sais peut-être
pas, mais l’expiration permet aux muscles de se détendre et ralentit la
fréquence cardiaque. D’où le cliché de la sage-femme qui, au moment de
l’accouchement, dit à la femme enceinte : Soufflez, madame, soufflez !
Pour mieux comprendre l’importance de la respiration dans le juste
échange, je te propose d’analyser le cas clinique suivant (Petit conseil  :
garde bien à l’esprit la technique du langage positif dans cet exemple, elle
prend tout son sens).

Cas clinique
Madame D a 65 ans. Elle vit avec son mari de 78 ans et elle est maman de
trois enfants  : Nathalie de 40 ans, Marc de 38 ans et Hélène de 36 ans.
Madame D me raconte que la cohabitation entre son mari, elle et sa dernière
fille est un peu compliquée. Cette dernière vit encore au domicile parental
et a du mal à prendre son indépendance. Madame D est fumeuse. Elle fume
un paquet par jour. Elle se plaint de douleurs lombaires intermittentes, mais
c’est normal, son médecin lui a dit que c’était de l’arthrose. Quoi de plus
normal à son âge…  ! Madame D vient en consultation pour arrêter de
fumer. La conversation débute lorsque je lui demande de me parler de son
problème :
— Mon problème ? Eh bien, ce n’est pas du tout la relation avec ma fille,
je viens vous voir pour arrêter de fumer.
(Je souris.)
— Oui, car avec mon mari qui me stresse tout le temps, je n’ai pas une
minute à moi. Je suis à la retraite et je n’ai pas plus le temps qu’auparavant.
Entre les courses, le jardin et les promenades du chien, je suis usée. De
plus, mon mari est atteint d’un cancer. Le docteur dit qu’à son âge, il a plus
de chances de mourir d’autre chose, mais du coup cette idée qu’il va passer
l’arme à gauche le mine. C’est pour cette raison qu’il est toujours sur mon
dos ou sur celui de ma fille.
— Votre fille ? Hélène, celle qui vit chez vous ?
— Oui, elle vit chez nous, elle a bien eu son appartement à un moment,
mais elle ne s’en sortait pas. Vous auriez vu le bazar là-dedans !
— J’imagine surtout que, maintenant qu’elle est chez vous, c’est chez
vous qu’il est, le bazar ! (Petite provocation bienveillante.)
— Ah oui, je me bats tous les jours pour qu’elle range sa chambre ! Mon
mari, lui, reste devant sa TV, à regarder ses émissions, et du coup, c’est moi
qui me tape tout le boulot.
— Excusez-moi de vous le redemander, mais quel âge a votre fille ?
— 36 ans !
— Vous êtes sûre ?
— Bien sûr, elle a 36 ans !
— Bien, et à 36 ans, vous repassez toujours derrière elle ?
— Oui, je ne voudrais pas que ce soit le bordel dans toute la maison  !
Après, mon mari va encore râler qu’il y a du bazar partout !
— OK, vous allez vous rappeler le moment où Hélène a appris à
marcher… Laissez les yeux de l’esprit observer de quelle manière elle se
met debout sur ses petites jambes… Peut-être en s’accrochant à la table
basse ou en s’appuyant sur un meuble… Peut-être même en vous donnant la
main… Vous vous souvenez ?
— Oui, oui, je m’en souviens très bien !
— Durant cette période, étiez-vous là pour la tenir de manière
perpétuelle ?
— Non. J’avais moi aussi des choses à faire !
— Bien sûr, vous l’avez laissée tomber par terre ! Pourquoi ?
— Eh bien, pour qu’elle apprenne à marcher !
— Tout à fait  : pour qu’elle apprenne à marcher  ! Car si vous lui aviez
tenu la main tout le temps, vous en auriez fait un bébé empoté, incapable de
se débrouiller seul  ! Car, avant d’apprendre à marcher, il est nécessaire
d’apprendre à perdre l’équilibre ! C’est un peu comme dans les maisons de
retraite, où lorsque j’étais étudiant en kinésithérapie, on prenait le temps de
marcher avec des personnes âgées. Je leur disais toujours que pour
réapprendre à marcher, il fallait d’abord savoir perdre l’équilibre, puis se
rattraper…
— Oui, c’est vrai. Je n’avais pas vu la chose comme cela. Mais ça ne va
pas régler mon problème de cigarette, ça !
— Ça ne va pas le régler, mais ça peut le modifier… Vous savez, je ne suis
loin d’être un expert en arrêt du tabac, je fais juste de mon mieux…
Revenons à ce problème dont vous n’avez pas encore trouvé la solution…
La cigarette, elle vous apporte quoi ?
— Eh bien elle me rassure, elle m’accompagne, elle me calme lorsque
mon mari m’énerve ou qu’il est encore devant sa TV et qu’il ne m’écoute
pas.
— C’est un peu comme une bonne amie ?
— Ah non, ce n’est pas une bonne amie, elle me tue à petit feu et je veux
m’en débarrasser !
— Alors vous, vous êtes bizarre… Vous n’êtes pas confortable et votre
quotidien n’est pas facile. Votre dos n’est pas confortable et la
communication avec votre entourage n’est pas des plus efficaces. Et pour
couronner le tout, vous voudriez faire disparaître celle qui prend soin de
vous ? D’ailleurs, ça fait un moment que vous voulez en débarrasser, non ?
Et ça ne marche pas, alors cessez de vouloir vous en débarrasser pour
commencer. Quand elle pourra partir, elle partira. Mais pour qu’elle puisse
partir, il faut que toutes les conditions soient réunies. Il faut permettre à
votre ex-future meilleure ennemie de vous laisser vous débrouiller, entourée
des personnes qui vous aiment !
— Euhh, peut-être (dit-elle, la tête un peu ailleurs).
— Pour pouvoir arrêter de fumer, il faut que vous preniez le temps d’être
vous ! C’est assez simple pour être réalisable et assez complexe pour être
intéressant, comme je le dis souvent. Pour y arriver, je vais vous donner un
exercice ! L’exercice est bien sûr obligatoire et indispensable, sinon il n’y
aura pas d’autres séances !
— Bien. Je vous écoute.
— Je vais vous demander de ne plus rien faire pour votre fille !
— Mais comment va-t-elle faire ?
— Je ne sais pas, mais rappelez-moi, elle a quel âge votre fille ?
— Trente-six ans !
— Vous êtes sûre ?
— Oui, j’en suis sûre.
— Bien, dans ce cas, vous la laissez faire. Et si d’aventure votre mari lui
dit quelque chose…
— Ah ça, ça n’arrivera jamais. Il lui dit rien, c’est sa petite chérie. Mais
dès qu’elle est partie, c’est moi qui me prends tous les reproches !
— Bien, parfait  ! Vous savez ce qu’il vous reste à faire… On se revoit
dans dix jours, et d’ici là, vous laissez votre fille vivre comme elle l’entend
et si votre mari dit quoi que ce soit, vous laissez dire. Vous ne pouvez pas
savoir ce qu’il va lui dire car vous faites tout pour que cela n’arrive pas. Et
au final, c’est vous qui êtes dans l’inconfort  ! Alors je vous demande de
prendre un peu soin de vous. Et si on vous demande pourquoi vous vous
comportez comme ça, eh bien vous dites la vérité  : Je suis allée voir
Romain, il m’a demandé de faire cet exercice pour aller mieux, je ne sais
pas pourquoi je dois le faire, mais je dois le faire.
— Bien.
Après cet échange, nous avons réalisé la séance sur le juste échange que tu
pourras retrouver grâce au lien fourni. Pour information, madame  D est
revenue dix jours plus tard en fumant deux fois plus, car son mari et sa fille
se sont disputés. Sa fille a pris la décision de partir du foyer parental. Une
décision qui couvait depuis trop longtemps. Suite à ce travail, madame D a
pris le temps de recentrer son attention sur ce qui était vraiment important
pour elle. Elle est maintenant bénévole dans une association. Les relations
avec son mari se sont apaisées et elle a arrêté de fumer trois mois après
cette consultation. C’est-à-dire à sa quatrième séance. La cigarette lui
apportait de quoi tenir le coup. C’était la peur de se retrouver seule qui
l’empêchait de vivre sa propre vie. À sa grande surprise, les douleurs de dos
ont disparu à la deuxième séance, en même temps que la diminution de sa
consommation de cigarettes.
Il y a plusieurs explications possibles à cela. Une cause mécanique  : la
diminution des petites inspirations dues aux taffes de cigarettes, car elles ne
permettent pas une respiration ample et efficace. Elles empêchent donc un
brassage correct des viscères et une augmentation du tonus au niveau des
attaches du diaphragme (colonne lombaire). Ou une cause plus
émotionnelle  : madame  D en avait tout simplement plein le dos et, en
trouvant une solution, son corps n’a plus eu besoin d’attirer son attention
sur son problème. Un processus de guérison a donc pu se mettre en place.
Bien sûr, l’arthrose est toujours là, mais elle est devenue plus confortable !
Tu ne le sais peut-être pas, mais nous développons tous de l’arthrose à partir
de 22 ans ! Mais comment expliquer que certains ont de l’arthrose et n’ont
aucun symptôme, alors que d’autres ont un début d’arthrose et sont cloués
au lit ? C’est ce que nous allons voir dans le prochain chapitre…
8

La douleur

« La douleur est inévitable, mais la


souffrance est facultative. »
SENTENCES BOUDDHISTES

J’ai mal partout, j’ai mal à cet endroit, j’ai mal tout le temps, j’ai mal à
certains moments… Dans tous les cas, elle ne laisse jamais tranquille…
Trop souvent, cette douleur se fait sentir et ressentir… Trop souvent elle est
prise à partie, sans jamais être véritablement écoutée, car au fond la seule
chose que nous voulons, c’est qu’elle disparaisse… Mais si elle est là, c’est
peut-être qu’elle est nécessaire  ? Qu’elle nous indique quelque chose  ?
D’ailleurs, les expressions que nous employons sont souvent révélatrices :
J’en ai plein le dos  ! Je ne sais plus où donner de la tête  ! Il est casse-
pieds…

Écouter la douleur
Prenons quelques instants pour l’écouter… Libre de tout jugement, afin de
l’observer et de la comprendre… Je distingue deux types de douleurs  : la
douleur aiguë et la douleur chronique.

Définition de la douleur aiguë


Elle fait suite à un traumatisme, elle est donc l’expression d’un ressenti
intérieur passagé (comme le stress, par exemple). Par définition, la douleur
aiguë est limitée dans le temps ; et l’ensemble de notre corps sait mettre en
place les processus de guérison adéquats afin qu’elle nous laisse libre de
penser et d’agir… Si les techniques hypnotiques peuvent soulager les
douleurs aiguës, et même, dans certains cas, permettre une analgésie
(comme dans les blocs opératoires par exemple), ces techniques changent
beaucoup pour la douleur chronique…

Définition de la douleur chronique


Selon la Haute Autorité de santé (HAS), la douleur chronique est  : Une
expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, liée à une lésion
tissulaire existante, potentielle ou décrite en termes évoquant une telle
lésion, évoluant depuis plus de trois à six mois et/ou susceptible d’affecter
de façon péjorative le comportement ou le bien-être du patient, et
attribuable à toute cause non maligne. Comme tu peux le constater, définir
de manière simple et concise la douleur chronique n’est pas facile… Pour
être plus clair, il s’agit d’une perception désagréable qui évolue depuis plus
de trois mois et qui empoisonne le quotidien de la personne.
Mais vis-à-vis de la douleur chronique, je me suis toujours posé la
question  : comment cela se fait-il que pour une même pathologie initiale,
une même lésion d’origine (un lumbago par exemple), certaines personnes
retrouvent assez rapidement un confort de vie, tandis que d’autres piétinent
sur le chemin du rétablissement, s’encroûtant progressivement dans les
cabinets médicaux et paramédicaux ?

Un système d’alarme
La douleur fonctionne un peu comme un système d’alarme qui
s’enclenche lorsqu’un cambrioleur rentre par effraction. Quand, pour une
raison ou pour une autre, une lésion apparaît, le système d’alarme de ton
corps se met en route  : c’est la douleur. Une information de nature
électrique est envoyée à ton cerveau, et celui-ci répond par le signal de la
douleur. Normalement, une fois que le cambrioleur est parti, le système
d’alarme s’arrête  : il n’a plus lieu d’être. C’est ce qui se passe lorsque la
douleur est aiguë. Mais dans le cadre d’une douleur chronique, le système
d’alarme reste allumé, bien que ce ne soit plus nécessaire.
Pourquoi le système d’alarme continue à sonner ? Et surtout, comment y
remédier ? Eh bien, le plus souvent, le responsable est ton système de vie.
C’est pourquoi, avant de continuer, je t’invite à relire et retravailler le
chapitre du Problème. Fais-le en considérant que la douleur est ton
problème. Si tu as déjà lu ce chapitre de cette manière, tu auras peut-être
déjà réalisé que la douleur agit comme la scène suivante, que nous avons
tous vécue.
Tu es dans un commerce et juste devant toi, dans la file d’attente, une
mère et son enfant patientent. La mère est accaparée par une conversation
téléphonique, dont les bruits sont partagés avec l’ensemble des oreilles
présentes… Tes yeux ont vu à quel point cette maman était chargée : sac à
main, cartable d’école, courrier et autres bagages sont autant d’éléments qui
l’encombrent. À un moment donné, l’enfant réclame l’attention de sa mère :
— Maman ?... (Pas de réponse.)
— MAMAN ! (Un peu plus fort.)
La mère, toujours absorbée par sa conversation, ne fait pas attention à
l’enfant. Alors l’enfant se met à crier :
— MAAAMMMANNNN !!!!!!!
La mère, embarrassée par ce comportement, fait signe à l’enfant de se
taire. Elle déclenche une réaction inévitable, un hurlement :
— MAAAAAMMMMMMMAAAAAANN!!!!!!!!!!!
Maintenant, la mère est obligée de prendre le temps d’écouter son
enfant… Tu es peut-être comme cette dame : parfois trop occupée par ton
rythme de vie, par toutes ces stimulations extérieures à ton corps, pour
prendre le temps d’écouter ce que ton enfant a à te dire.

Comment la douleur chronique devient notre meilleure amie


Le corps douloureux est souvent le meilleur ami de la personne qui
souffre. Mais cette personne ne s’en rend pas compte. Cette douleur nous
montre qu’il y a un problème et que si ce problème (qu’il soit d’ordre
physiologique, psychologique et/ou affectif) n’est pas traité, les
conséquences deviendront beaucoup plus graves  ! C’est pour cela que la
douleur s’exprime : pour éviter que nous nous abîmions encore plus ! Les
traitements médicamenteux échouent avec une aisance surprenante face à
ces douleurs. Et c’est tout à fait compréhensible, car le médicament ne traite
que l’expression physiologique de la douleur, pas la cause. Souvent le
médicament ne participe pas au processus de guérison, car il masque, il
floute, voire enlève de manière ponctuelle l’expression de la douleur  ! Il
devient alors difficile pour la personne de prendre toute la dimension de sa
douleur et d’envisager un changement dans son système
de vie…

Laisser cicatriser
Si la douleur persiste, c’est bien que dans ton système de vie, il y a un
élément qui bloque le processus de guérison. Prenons un exemple
personnel. L’autre jour, je me suis coupé. Au bout de quelques jours ma
plaie a totalement cicatrisé  ! Et je n’ai rien fait pour qu’elle cicatrise…
(cf. chapitre 5) La cicatrisation s’est faite naturellement… eh bien, pour le
reste, c’est pareil ! Si je passe mon temps à rapprocher les bords, la plaie ne
se refermera jamais !

Laisser s’exprimer
Il me paraît donc indispensable de laisser s’exprimer la douleur, afin de lui
accorder de l’attention. Pas de manière masochiste, pas en lui laissant toute
la place, mais en lui offrant un cadre de libre expression. Un moment
d’écoute et d’attention, libre de tout jugement. Il faudra écouter son
chuchotement. Même si celui-ci n’est pas agréable, même s’il n’est pas
encore confortable, il faudra prendre le temps de l’écouter et de le laisser
s’exprimer. Car en laissant les oreilles écouter ce que la douleur a à dire, en
laissant les yeux explorer profondément le lieu de cette expression qui n’est
pas agréable, on donne l’opportunité à notre système autonome d’engager
un processus de guérison. Comme si accueillir ce chuchotement dans notre
esprit allait permettre au système d’alarme de s’arrêter. Comme si le
système d’alarme prenait conscience que le cambrioleur était parti…
De nombreux thérapeutes cherchent à « enlever » la douleur. C’est normal.
En tant que praticiens de santé, nous sommes formés pour soigner, pour
« guérir ». Mais le message de la douleur est pourtant primordial pour notre
évolution, nous ne pouvons pas simplement l’ignorer.
Certes, son expression doit être modifiée. Modifiée de manière
confortable, afin que le patient puisse avancer avec plus de sérénité et de
facilité, et qu’il puisse franchir cette étape, cette marche de la vie…
Prends le temps de bien sentir comment s’exprime ta douleur. Tu pourras
ainsi répondre aux questions suivantes.
La douleur que tu ressens, maintenant, tout de suite, est :

plutôt profonde ou plutôt superficielle ?


plutôt dure ou plutôt molle ?
plutôt épaisse ou plutôt fine ?
Cette sensation, est-elle plutôt chaude, plutôt froide ou à température
du corps ?
Bien… Et cette sensation, sais-tu là où elle est, et là où elle n’est
pas ? Elle n’est pas dans les cheveux par exemple… Prends bien le
temps de sentir là où se situe ta douleur et là où elle n’est pas. Tu
verras qu’une forme apparaîtra à ton esprit. Quelle est-elle ?
Cette forme, de quelle couleur est-elle ?
Tes yeux perçoivent-ils cette couleur plutôt sombre ou plutôt
lumineuse ?
De quelle manière cette forme, cette couleur, cette chose, s’organise-
t-elle avec le reste de ton corps (muscles, os, tendons, viscères,
peau…) ? Plutôt dessus ? Dessous ? Entre ?
Cette chose fait-elle un son, un bruit, ou émet-elle une vibration ?
Bien, excellent !

Peut-être qu’au moment où tu lis ces mots, tu ne ressens pas la douleur…


Si c’est le cas, sois rassuré, c’est tout à fait normal. Comme nous l’avons vu
(cf. chapitre Le problème), la douleur est une entité vivante : elle varie, elle
évolue. Certains critères l’augmentent et d’autres la font diminuer  : c’est
normal ! Mais sache que pour que cet exercice soit efficace, tu dois ressentir
ta douleur ! Reporte donc l’exercice au moment où tu ressentiras la douleur.
Car tout vient à point à qui sait attendre !
Tu peux maintenant te reporter à la vidéo « Cinquième enseignement : La
réification ».

Carte heuristique de la douleur


Dans cette carte heuristique, prends le temps d’ajouter des dessins, des
couleurs. Laisse ton esprit y mettre de la sensorialité, afin que la carte
puisse être mémorisée au mieux.
G Cas clinique : la douleur
Comme tu as pu le constater en lisant les pages précédentes, la douleur fait
partie de notre système de vie. Elle est en relation étroite avec l’ensemble
de notre environnement, et retentit sur lui. Notre alimentation, nos activités,
notre travail, nos humeurs et nos émotions sont concernés.
Il me semble indispensable avant d’aller plus loin de distinguer ces deux
dernières notions que sont les humeurs et les émotions. Une humeur est
selon le dictionnaire Larousse une disposition affective de base dont les
variations entre une tonalité agréable (plaisir) et une tonalité désagréable
(douleur) seraient sous-tendues par une régulation neuro-humorale. Cette
disposition affective pouvant être passagère, souvent liée aux circonstances
(ex : Elle est d’humeur massacrante aujourd’hui) ou passagère (ex : Leurs
humeurs sont incompatibles). Quant aux émotions, il s’agit d’un trouble
subit, une agitation passagère causée par un sentiment vif de peur, de joie,
de surprise… Ce trouble se traduit par une réaction affective transitoire
d’assez grande intensité pouvant survenir à la suite d’une stimulation
externe.
Selon moi, humeurs et émotions sont un filtre par lequel nous observons
notre réalité. C’est un peu comme si les humeurs remplissaient à moitié ce
filtre et que cette base conditionnait l’arrivée des émotions. C’est parce que
je suis d’humeur stressée que je suis enclin à ressentir de la colère. C’est
parce que je suis d’humeur maussade que je suis enclin à ressentir de la
tristesse. C’est parce que je suis d’humeur gaie que je suis plus enclin à
ressentir de la joie, du bonheur… Ainsi les humeurs conditionnent notre
perception de la réalité.
On le sait désormais, faire semblant d’aller bien modifie notre état interne
par un changement hormonal. C’est la preuve que la pensée positive agit
non seulement au niveau psychologique et cognitif, mais aussi au niveau
physiologique, via le système nerveux autonome et les décharges
hormonales. Il est donc nécessaire d’apprendre à observer le filtre de son
humeur… D’apprendre à mieux se connaître et de tendre, ainsi, vers une
plus grande gestion émotionnelle. Pas pour enlever la douleur, mais bien
pour la rendre plus gérable, plus tolérable, plus confortable.
Avant d’aller plus loin, prenons le temps d’observer les composantes de la
douleur :

La composante sensori-discriminative. C’est ce que tu ressens en


localisant la douleur, en évaluant son intensité, sa durée et sa qualité.
La composante affectivo-émotionnelle. Il s’agit de l’expression de la
douleur, ainsi que de son retentissement sur l’humeur et sur l’affect
(par exemple, telle douleur est pénible).
La composante comportementale. C’est l’expression motrice, verbale
ou non verbale du ressenti neuro-végétatif de la douleur.
La composante cognitive. Cela renvoie au sens culturel de la douleur,
fruit de l’éducation et du comportement social.

Je reviens à un exemple personnel. Il y a quelques années, j’ai fait un


séjour au Togo. Moi et mes camarades de l’école de kinésithérapie étions en
stage dans ce pays et faisions route vers le nord, à bord d’un «  taxi-
brousse ». Ce taxi est une camionnette prévue pour sept personnes. Mais le
véhicule en contenait au moins quinze, sans compter les poules, les chèvres
et les vivres sous nos pieds. Le conducteur s’arrêta sur le bord du chemin
pour prendre une femme portant un tout petit bébé. À mon grand
étonnement, ce dernier était tout petit et frêle. Je demandai à la passagère
quel âge il avait. Cette dame me répondit en souriant qu’il avait quatre
heures  ! Je fus interloqué par sa réponse, sans voix. Dans notre culture
européenne, la femme qui vient d’accoucher reste alitée, hospitalisée,
pendant plusieurs jours. Mais là, la mère était dans un taxi avec son enfant.
Elle était certes fatiguée, mais elle pouvait se déplacer et prendre seule le
taxi…
Il ne faudrait pas faire une généralité de ce seul cas : l’accouchement reste
un moment extrêmement éprouvant. Mais
ce petit exemple montre, à son modeste niveau, l’importance de la
perception culturelle dans l’expression de la douleur.
Et l’hypnose dans tout ça  ? Eh bien, l’hypnose agit sur plusieurs de ces
composantes en même temps. Elle change la perception sensorielle et
cérébrale. Notre système nerveux autonome s’adapte alors : nos muscles se
décontractent, des hormones sont larguées dans notre corps, nos intestins se
modifient. Le sens du toucher est lui aussi modifié lorsque nous atteignons,
par l’hypnose, un état de conscience amplifié.
Lorsqu’elle est utilisée de manière régulière, l’hypnose permet de mieux
observer le filtre de notre humeur. Elle facilite ainsi la gestion des émotions.
Et cela a un impact direct sur le quotidien de la personne qui a mal. En
outre, lorsque l’hypnose est utilisée comme une stratégie thérapeutique de
fond, un travail sur la personne est engagé. La thérapie abordera alors le
poids de l’éducation, les différentes étapes de vie ou les traumatismes qui
ont gangrené l’existence d’une personne. Elle amènera une nouvelle
réflexion, un nouveau point de vue, un nouvel angle…
Nous verrons dans le chapitre 10 de quelle manière un traumatisme crée
une douleur corporelle, comment intégrer ce traumatisme et transformer son
quotidien pour qu’il soit confortable.

L’algoneurodystrophie
De nombreuses personnes découvrent à mon cabinet une pathologie un
peu particulière. Il s’agit de l’algoneurodystrophie ou, de son nouveau nom,
du syndrome douloureux régional complexe de type 1 (SDRC1). Un mot
savant pour dire que j’ai mal dans cette région-là. Un mot pour dire que
personne ne sait vraiment pourquoi c’est arrivé ni comment cela va partir. Il
y a, dans l’algoneurodystrophie, une phase chaude et une phase froide. La
durée de ce problème peut aller de six mois à cinq ans, avec une moyenne
de deux ans. Ce problème arrive souvent après un accident, une opération
ou une fracture. Malgré son évolution lente et chaotique, il n’y a pas
vraiment de traitement. Les patients se contentent alors des bains écossais et
de la kinésithérapie.
J’ai longtemps été démuni face à ce type de pathologie et j’espère que
certains de mes confrères liront ce passage. Cela leur permettra peut-être
d’envisager la pathologie sous un autre angle…
Ce type de pathologie survient la plupart du temps chez des personnes
plutôt stressées, anxieuses, voire «  dépressives  ». Quoique cela reste à
discuter. Car si demain tu ressentais une douleur quasi permanente et que la
médecine traditionnelle ne pouvait guérir, si cette douleur retentissait sur ta
vie familiale, professionnelle et même intime, tu serais sans doute anxieux,
triste, voire en dépression légère ! Il me semble tout à fait légitime, dans ces
conditions, de ne pas être en forme psychologiquement. Ne faisons donc
pas de raccourci facile en associant systématiquement les
algoneurodystrophies à la dépression. Ajoutons enfin que les traumatismes
rendent une personne plus sujette à ce type de pathologie.
L’HYPOTHÈSE DE LA DISSOCIATION
Au long de ma pratique, j’ai pu développer mon interprétation de
l’algoneurodystrophie, qui n’engage bien sûr que moi. Si des recherches
expérimentales confortent pour l’instant mon hypothèse, elle n’est à ce jour
pas encore validée. Plusieurs années de recherche seront nécessaires pour
mieux comprendre ce syndrome  ! Néanmoins, mon approche du SDRC a
permis à beaucoup de mes patients d’améliorer leur quotidien. Leurs retours
cliniques sont hautement significatifs ! Je t’invite donc à réfléchir avec moi,
à apporter ton propre avis et à garder ton ouverture d’esprit.
Selon moi et d’autres praticiens, l’algoneurodystrophie est «  une
dissociation régionale post-traumatique qui n’a pas eu la possibilité de se
réassocier  ». Voici un exemple simple qui te permettra de comprendre  :
lorsque tu t’es blessé ou que tu es tombé, le cerveau a volontairement
dissocié ton membre (comme s’il l’avait décroché de ton corps), afin de
pouvoir franchir l’étape douloureuse sans encombre. Puis le chirurgien a
opéré ou la plaie s’est cicatrisée. Mais pour une raison que je vais expliquer
bientôt, le membre, la région touchée, ne s’est pas « raccroché », il ne s’est
pas réassocié au reste du corps. Cela explique que, sur la scintigraphie
osseuse (examen réalisé lorsque l’on souffre de cette pathologie), le flux
sanguin soit intermittent dans la zone concernée. Le système nerveux
autonome ne sait pas comment réagir, car pour lui la région touchée est
présente physiquement, mais n’a pas été intégrée.
Le cortex cérébral nous donne une représentation déformée de notre corps.
Tu as peut-être croisé sur Internet ou dans un livre cette image d’un « petit
homme  », l’homonculus sensitif, avec de grandes mains et de grosses
lèvres : il s’agit de la projection des différentes parties de notre corps par le
cortex. Maintenant, imaginons qu’il manque à ce petit homme la zone
touchée, ou bien que cette zone soit mal raccrochée au reste de son corps,
qu’elle soit écartée voire déplacée…

Dans ce cas, le traitement est déconcertant, tant sa simplicité et son


efficacité sont incroyables. Il s’agit en état d’hypnose, à un certain degré et
par une approche kinesthésique spécifique, de «  réassocier  » la région en
question. Et le résultat est assez magique…
Mais cela n’est pas toujours aussi simple. Car dans certains cas, le vécu de
la personne, c’est-à-dire son passé, ses expériences de vie, vient rebattre les
cartes. Comme je l’ai écrit précédemment, on dit que le SDRC1 survient la
plupart du temps chez des patients anxieux, stressés et plutôt dépressifs.
C’est un peu vrai et un peu faux. Je m’explique. Comme je viens de le dire,
l’algo est, selon moi, une dissociation régionale. Mais il faut bien
comprendre qu’il y a d’autres cas où la faculté à dissocier a du sens, se
révèle utile. Dans les traumatismes, par exemple : les viols, les divorces, les
décès… Or, nous avons tous nos lots d’épreuves. Seulement, il y a parmi
nous des champions de la dissociation  : ceux qui ont eu beaucoup
d’épreuves, évidemment, mais aussi ceux chez qui la dissociation s’opère
plus facilement. Car, comme je te l’ai dit, il s’agit d’une faculté qui se
travaille et se développe. Et certains sont plus forts que d’autres à ce jeu !
L’algoneurodystrophie a donc beaucoup plus de chances d’atteindre ces
champions de la dissociation, ces guerriers de la vie. Certains, bien sûr, se
sentent peut-être un peu moins bien psychologiquement, et d’autres pas du
tout. Ces « champions » n’ont jamais appris à connaître leur grande faculté
de dissociation, à la reconnaître et à la maîtriser.
CAS D’ALGONEURODYSTROPHIE
Pour te présenter les choses plus concrètement, je vais te donner un
exemple clinique  : Raphaëlle, 21 ans, a une algoneurodystrophie du pied
suite à un accident de voiture. Ses parents sont divorcés et elle a redoublé
son CP. À son arrivée au cabinet, elle marche avec deux béquilles. Elle me
dit qu’elle ne peut plus marcher depuis plus d’un an et demi :
— Bien, alors, parle-moi un peu de ton problème.
— De toute façon, vous ne pouvez rien faire !
— C’est vrai ! Moi, je ne peux rien faire, mais peut-être qu’une partie de
toi le peut. Et c’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles tu es ici,
non ?
— Je suis là parce que je ne sais plus marcher, parce que les médecins
m’ont fait tous les examens possibles et imaginables, et qu’ils ne
comprennent pas. Pour eux, c’est une algoneurodystrophie.
— OK, et c’est quoi pour toi ?
— Ben… c’est un truc qui m’empêche de marcher. C’est comme s’il y
avait une grosse boule dans mon pied qui le clouait au sol.
— Une boule ? Et cette boule, elle est plutôt profonde ou superficielle ?
— Profonde.
— Elle est plutôt dure ou molle ?
— Dure.
— Plutôt épaisse ou plutôt fine ?
— Épaisse.
— Et plutôt chaude ou plutôt froide ?
— Chaude.
— Bien, il s’agit donc d’une boule plutôt épaisse, plutôt dure et plutôt
chaude ?
— C’est ça !
— Bien. Et elle pourrait avoir quelle couleur, cette boule ?
— C’est une boule noire.
— Un noir plutôt sombre ou plutôt lumineux ?
— Plutôt sombre.
— Excellent ! Avant de laisser une partie de ton esprit modifier ce qu’il y
a à modifier, j’aimerais te poser une question… C’est une question un peu
bizarre. Prends quelques instants avant d’y répondre, pour sentir ton corps.
Quelle est la sensation dans les jambes ?
— Ben, elles sont normales.
— Prends bien le temps. Laisse les paupières se fermer et prends le temps
d’observer les sensations de ton corps… Les jambes sont-elles bien à leur
place  ? Sont-elles bien raccrochées au reste du corps  ? Est-ce que tout
circule correctement dans l’ensemble des jambes ?
— EUH… (après plusieurs minutes les yeux fermés), maintenant que vous
me le dites, elles sont à côté. C’est comme si elles flottaient à 80
centimètres de mon corps… (dit-elle stupéfaite !)
Il faut noter que parfois la concentration du sujet doit être plus importante
et que cela peut prendre plusieurs minutes.
— Super ! Et à ton avis, que faut-il faire pour aller mieux ?
— Eh bien, il faut les remettre à leur place !
— OK.
Suite à cela, nous avons utilisé une technique de réintégration corporelle.
Puis nous avons mis en place la technique décrite dans ce chapitre afin de
modifier la boule de manière plus favorable…
À la fin de cette séance, j’ai proposé à la patiente de tester son corps et ses
nouvelles jambes. Elle n’en est pas revenue elle-même. Et pour être très
honnête, moi non plus. La patiente s’est levée et a marché toute seule, sans
béquilles. Dans la salle d’attente, sa mère, qui l’attendait, a fondu en larmes
à la vue de sa fille marchant seule. Ce fut un moment très fort, qui me
nourrit chaque jour et me permet de rester humble face aux pouvoirs du
corps, sa faculté à se guérir lui-même. Cette faculté qui peut certaines fois
paraître, même si je n’aime pas forcément ce mot, « magique ».
Bien sûr, tout n’a pas été réglé en une seule séance. Nous avons continué
le travail plus en profondeur, afin d’obtenir une réassociation complète et
intégrale de la personne. Il est très important de noter qu’il n’y a aucune
magie dans cette pratique : il s’agit juste d’une intervention avec un angle
différent, qui amène un résultat différent. Je ne vends aucun miracle, aucune
chimère. Mon but est de partager cette expérience qui, à mon sens, pourra
enrichir tant le patient que le thérapeute.
9

Les traumatismes

« Les peurs qu’on évite se transforment en


panique, les peurs qu’on affronte se
transforment en courage. »
GIORGO NARDONE

Qu’ils soient réels ou imaginaires, situés dans le passé, dans le présent ou


dans le futur, les traumatismes font partie prenante de notre vie. La vie, qui
est loin d’être un long fleuve tranquille (cf. chapitre 2), nous met face à de
nombreuses épreuves.
Très souvent, la douleur, les émotions et les interprétations nourrissent le
traumatisme. Cette association psycho-émotionnelle compose le masque de
la personne traumatisée. Ce masque est, dans un premier temps,
indispensable à la survie du sujet. Puis il devient une habitude, et enfin, un
double, qui peut s’avérer encombrant, voire handicapant.
Trop souvent nous croyons que plus le traumatisme est important, moins
vite on le surmonte. Trop souvent, nos pensées se font envahir par le passé,
ressassé interminablement. Plus ce passé est lointain, moins la solution peut
être efficace et durable…
Pourtant des solutions existent… Efficaces, rapides et naturelles ! Prenons
quelques minutes pour les découvrir, et observer de quelle manière elles
peuvent t’aider à devenir toi-même…
13  novembre 2015. La France est victime d’une série d’attentats  :
Bataclan, Stade de France, Xe et XIe arrondissement de Paris. Le bilan est
lourd, très lourd  : 130 morts, 351 blessés et des milliers de personnes
traumatisées sur l’ensemble du territoire… Face à cette déferlante de
psycho-traumatismes, il a fallu observer, écouter, afin d’agir vite et bien. De
ce malheur, il est ressorti une part de bon  : de la cohésion, une direction
commune sur ce chemin pour devenir nous-même… Si la route est encore
longue, l’apprentissage n’en sera que plus important !
Comment est-il possible que, pour un même traumatisme, les réactions
soient si différentes entre les individus ? Peut-être que, tout simplement, les
personnes ne naviguent pas dans le même système, n’ont pas eu le même
parcours de vie…

Les stratégies face au traumatisme


Si tu as pu déjà observer ton environnement et tes étapes de vie dans les
précédents chapitres, ce chapitre te permettra de te confronter à ton
traumatisme. Que ce soit un viol, des attouchements, un souvenir
désagréable, inconfortable, je t’invite dans un premier temps à revenir à ce
moment… Car à l’instant même où les yeux découvrent ces mots, où les
petites molécules d’air rentrent dans les narines, tout va BIEN… Tu es en
SÉCURITÉ…
Dans le cadre de ton problème, tu as sûrement mis en place des stratégies.
Tu as pu, éventuellement, compter sur des personnes, qui t’ont soutenu, qui
t’ont aidé à continuer de vivre, à devenir la personne que tu es
aujourd’hui… Et il y en a une, qui t’a sûrement aidé plus que les autres ?
NON  ? Une personne de ta famille, de tes amis, de ton boulot, du monde
médical… Cette personne t’a peut-être aidé de manière consciente par sa
présence, par ses conseils, mais également de manière inconsciente  : au
détour d’une conversation, d’un geste ou de toute autre chose… Tu vois, tu
es accompagné sur ce chemin… ;-)
Nous allons maintenant prendre le temps. Lentement, consciencieusement,
ton esprit va observer de quelle manière cette relation a été positive pour
toi… Pour cela, je t’invite à répondre aux questions suivantes :

De quelles façons cette personne a-t-elle contribué à ta vie ?


Quelles ont été ses actions pour toi ?
Qu’a-t-elle apporté ?
Pourquoi s’est-elle comportée comme ça avec toi ?
Penses-tu que c’est parce qu’elle appréciait quelque chose chez toi ?
Qu’est-ce qu’elle a vu que les autres n’avaient pas vu ?
Quel est le point qu’elle valorisait chez toi et que les autres
ignoraient ?
Si tu te voyais avec les yeux de cette personne, que verrais-tu ?
As-tu accepté ce cadeau qu’elle t’a fait ?
Penses-tu qu’il était important pour elle que tu acceptes de profiter de
votre complicité durant cette tranche de vie ?
As-tu une idée de ce que tu as pu lui apporter dans sa vie ?
Si tu échangeais tes yeux avec cette personne, qu’est-ce qu’elle
apprécierait chez elle en se voyant avec tes yeux ?
De quelles manières votre relation a affecté sa perception de la vie ?
De quelles manières as-tu su rester en contact avec cette personne,
malgré ce que vous avez vécu ?
Quels sont les indices qui auraient pu prédire que vous étiez capables
d’espoir ?
Quelles sont les expériences qui ont permis ces espoirs de
changement ?
Excellent ! Néanmoins, il ne serait pas profitable de te dire que tu es
une personne qui possède une multitude de ressources qui, dans des
moments difficiles, ont permis d’aider les personnes qui comptaient
pour toi…

Verbaliser le traumatisme ou le laisser s’exprimer ?

Beaucoup de psychothérapeutes pensent qu’il faut à tout prix verbaliser


son traumatisme. Cela a donné naissance à une croyance commune, selon
laquelle il faut absolument parler de ses traumatismes pour aller mieux. Si
je suis d’accord sur la nécessité de communiquer les traumatismes, je pense
aussi que le moment de les communiquer ne dépend que de toi. Il n’est pas
indispensable d’en parler rapidement, il n’est pas toujours nécessaire de
partager cette information avec les personnes qui t’entourent, il est juste
profitable d’être à l’écoute de ton dialogue intérieur entre ces différentes
parties de toi-même. Pour qu’au bon moment, au moment que tu auras
choisi, tu puisses, si tu le souhaites, en parler.
Pour devenir toi-même, il vaut mieux ne pas chercher à diminuer ton
problème. Il faut donner un cadre à la vengeance, la colère ou la rage qui
découlent de ce problème, pour que ces sentiments puissent enfin
s’exprimer. Un cadre de liberté d’expression… Tout ceci afin de te libérer
des chaînes du traumatisme. Car le traumatisme t’a déjà fait du mal dans le
passé  ! Combien de temps encore vas-tu laisser à ce traumatisme la
possibilité d’atteindre ta vie présente  ? Combien de temps encore vas-tu
laisser ce chuchotement de ton esprit décider à ta place ? Peut-être qu’il est
encore temps, en laissant à ton problème l’occasion de s’exprimer
librement, de reprendre la direction des choses pour devenir toi-même ? Car
être toi-même, c’est largement suffisant  ! Juste toi  ! Dans l’instant
présent…
L’expérience de la vis
Si affronter un traumatisme n’est pas des choses les plus agréables, je
t’invite cependant à te souvenir de ce moment que tu as peut-être vécu…
Tu es devant un meuble. Dans ce meuble, il y a une vis… Cette vis est
bloquée. Tu as beau essayer de la dévisser, impossible… Elle est grippée,
bloquée. Pourtant, il y a un moyen de la faire bouger… Il faut la visser un
petit peu, afin de la mettre en mouvement… Pour qu’une fois qu’elle aura
bougé, tu puisses te servir de ce petit mouvement et en modifier la
direction : tu pourras alors dévisser, débloquer, libérer cette vis !
Quelque part, face aux épreuves, il y a deux types de personnes : celles qui
tombent et celles qui apprennent à se relever… Bien. Quoi qu’il arrive, tu
vas jusqu’au bout  ! Car si tu es là, ici, aujourd’hui, avec ce livre dans les
mains et avec moi, c’est que tu souhaites aller jusqu’au bout des choses,
pour changer ce qui doit changer et saisir l’occasion de devenir toi-même.
Alors, allons-y !
Tu peux maintenant te reporter à la vidéo « Septième enseignement : Le
lance-pierre ».

Carte heuristique du traumatisme


Dans cette carte heuristique, prends le temps d’ajouter des dessins, des
couleurs. Laisse ton esprit y mettre de la sensorialité, afin que la carte
puisse être mémorisée au mieux.
G Qu’est-ce qu’un traumatisme ?
Le traumatisme est une expérience sensorielle ressentie et/ou vécue de
manière négative. Cette expérience laisse sur le sujet une empreinte
négative et récurrente.
Tu as peut-être vécu cette expérience sous la forme de flash-back, de
cauchemars ou encore de sensations et sentiments douloureux. Ces flash-
backs sont les signes objectivables d’une dissociation excessive de la
conscience. Cette dernière se morcelle et laisse à chaque traumatisme une
partie d’elle-même. C’est comme si, à chaque traumatisme ressenti, tu
perdais un petit bout de toi, et que, petit à petit, la valeur restante était
inférieure au seuil de bonne santé. À partir de ce moment, tu bascules
« dans le côté obscur » de la maladie.
En fonction des personnes, les symptômes peuvent être différents :

Douleurs chroniques (souvent bilatérales)


Crises d’angoisse sans raison apparente
Phobies
Addictions
Mal-être…
Ce sont autant de symptômes qui peuvent évoquer un traumatisme non
résolu. Bien sûr, nous avons, chacun, selon notre parcours de vie, nos
traumatismes  : des personnes décédées, un licenciement, notre premier
échec amoureux, nos déceptions professionnelles, voire nos erreurs…
Je repose alors la question  : si nous avons tous eu nos moments pas
confortables, si nous avons tous ressenti des moments où la réussite n’a pas
été au rendez-vous, pourquoi certaines personnes s’en sortent et d’autres
pas ? Eh bien, la réussite d’une personne ne dépend pas de sa force, de son
intelligence ni même de sa richesse. C’est une autre faculté qui permet au
sujet d’aller au-delà de son traumatisme  : la capa-cité à transformer cette
étape de vie, qui n’a pas été confortable, en une force.
Je rencontre à mon cabinet des femmes qui vivent un traumatisme sexuel.
Malheureusement, elles sont nombreuses : à peu près une femme sur trois,
ce qui est énorme. Or, même ces femmes qui ont vécu l’enfer arrivent à en
ressortir du bon. Elles savent en effet qu’elles ont déjà réussi à tenir,
qu’elles ont déjà réussi à sortir de l’engrenage par le simple fait d’avoir pris
rendez-vous. Même si ce rendez-vous était prévu pour tout autre chose, une
partie d’elles sait qu’il va falloir y intégrer le traumatisme. Car on n’enlève
rien, on n’efface rien. Oui, ces expériences, bien qu’elles aient été horribles,
indicibles, diaboliques, nous apprennent quelque chose. Dans le pire des
cas, elles nous apprennent ce que l’on ne souhaite plus.

Personne ne peut te comprendre entièrement


Si tu ressens de la colère en lisant ces lignes, c’est tout à fait normal. Tu te
dis peut-être : Il est bien mignon celui qui écrit ça derrière son ordinateur,
mais il n’a pas vécu de traumatismes comme les miens ! Moi, j’ai souffert le
pire, l’abject. Et d’ailleurs, je souffre encore simplement en y pensant, en
pensant que je vais devoir vivre avec ça !
À toi qui penses ça, je dis OUI :
OUI, je n’ai pas vécu ta souffrance, mais je l’entends.
OUI, je n’ai pas souffert comme toi, mais j’ai moi aussi mon vécu.
OUI, je ne vis pas le pire aujourd’hui, mais je te montre un chemin à
emprunter si tu le souhaites.
Alors oui, personne ne peut te comprendre, car personne n’a vécu ce que
tu as vécu. Peut-être que des personnes de ton entourage se sont efforcées
de te remonter le moral avec des : Ça va aller ! Il ne faut plus y penser ! Il
faut penser à autre chose  ! Il faut te changer les idées… Moi je ne te dis
rien de tout ça. Je te demande de regarder ton traumatisme en face. Même si
cela n’est pas confortable pour l’instant, même si cela ne te permet pas
encore de te sentir bien. De le regarder en face, et de lui dire que même s’il
t’a blessé dans le passé, même s’il t’a fait vivre le pire et bien aujourd’hui,
ici et maintenant, tu es là !
Face à lui et avec toi-même. Pas pour devenir plus fort, ni pour être plus
intelligent ou plus beau. Juste pour être là et te donner l’opportunité de
vivre dans l’instant présent. Pour cela, il te faut apprendre à pardonner…
Beaucoup de personnes confondent pardonner et oublier. Pardonner, ce
n’est pas oublier, car l’on n’oublie rien.
Contrairement à ce que l’on peut croire, à cause de notre éducation sociale
et culturelle, pardonner est un acte profondément égoïste  ! Car avant de
pouvoir pardonner pour le bien des autres, nous pardonnons pour nous-
même ! Pour nous permettre de continuer à vivre pleinement notre vie dans
le présent.

Dire merci à son traumatisme


Si le passé t’a déjà fait vivre l’enfer, combien de temps vas-tu lui laisser la
possibilité de pourrir ton présent ? Utilise ta colère comme force créatrice
pour te dépasser, sors de ta pensée préétablie par ton éducation, par tes
convictions, par tes croyances. Vis ta propre vie. Pour cela, prends ta
revanche sur la vie. Pour cela, un petit mot, très simple, que tu connais déjà,
peut t’accompagner vers le changement : il s’agit du mot MERCI.
Avec toutes tes émotions, je t’invite à dire merci à ton traumatisme, car il
t’a permis, à sa manière, d’être la personne que tu es.

Peut-être que ta gentillesse, ton écoute ou ta bienveillance sont le


fruit de ce que tu as vécu dans ton passé ?
Peut-être que le fait que tu fasses attention à ce que tu manges, le fait
que tu prennes soin de toi, vient de cette époque où tout le monde se
moquait de toi ?
Peut-être que quand tu laisses ta place à une personne âgée, ton
action est le résultat du souvenir, indélébile, de ta grand-mère partant
dans l’au-delà et te laissant seul ?
Peut-être que ton attention aux autres, ton réflexe de prendre des
nouvelles de tes voisins, lorsque tu entends des cris, vient de ton
enfance, quand tu prenais des coups de ceinture. Et peut-être que,
grâce à toi, un petit garçon dans sa chambre s’endort plus
paisiblement.
Peut-être que si tu raccompagnes ta copine jusque dans son lit quand
vous avez passé une soirée arrosée, c’est parce que tu as été agressé,
voire abusé, il y a des années ?

Peut-être, ou peut-être pas. Peu importe. Sache que toutes les qualités que
tu as développées, tu les dois aussi à tes traumatismes. Et plutôt que de
perdre du temps et de l’énergie à vouloir changer le passé, prends le
contrôle du présent.
Commence par dire merci. Cela facilite l’intégration et transforme
l’expérience en force. Une fois lancé dans cette dynamique, écris dans le
cadre suivant tous les mercis à tes traumatismes. C’est ainsi que le
processus commence  : tu verras, tu trouveras dans cette réflexion des
ressources insoupçonnées.
Comme il ne s’agit pas d’un exercice facile, le premier cadre est un
exemple, un exemple très réel car il s’agit du mien.

Merci aux déménagements, car ils m’ont permis d’apprendre à


m’adapter.
Merci au divorce de mes parents, car il m’a permis de gagner en
maturité.
Merci à toutes les insultes du collège et du lycée, car elles m’ont
permis de m’endurcir.
Merci aux personnes qui m’ont dit que je n’y arriverais jamais, car
elles m’ont permis de gagner en motivation.
Merci à toutes mes histoires d’amour qui se sont mal terminées, car
elles m’ont permis de faire de moi une personne meilleure.
Merci à toutes ces épreuves que j’ai ratées, car elles m’ont permis
d’apprendre la modestie et de m’améliorer.
Merci à la mort d’avoir emporté mon père et mon grand-père, car elle
me permet de me rappeler chaque jour que la vie est courte.
Merci à tous ces gens qui ne m’aiment pas, car ils me montrent le
chemin de l’amélioration.
Merci à la vie d’être imparfaite, car elle me permet d’apprendre pour
devenir meilleur.
MERCI

À ton tour maintenant, va jusqu’au bout de la démarche : inscris tous tes


traumatismes d’hier, comme ceux d’aujourd’hui, et transforme-les en force.

MERCI DE… CAR CELA M’A PERMIS DE… RESSOURCES ACQUISES


Bravo, maintenant que tu t’es rendu compte que l’ensemble de ces
traumatismes t’ont permis de développer de très belles ressources, je vais
prendre quelques instants pour te parler de l’intégration du traumatisme.

L’intégration du traumatisme
Comme tu as pu le constater dans le premier chapitre, l’hypnose met le
sujet en relation avec la sensorialité. Cette sensorialité module sa perception
de la réalité. Tu sais déjà, par exemple, que c’est seulement parce que tes
yeux le perçoivent ainsi que tu peux dire que les caractères de ce livre sont
noirs. Cela tombe sous le sens. Le traumatisme est aussi une expérience
sensorielle, mais une expérience pas agréable. L’ensemble du monde
thérapeutique a longtemps cru qu’il fallait du temps pour intégrer ces
expériences sensorielles, que le fait d’en parler pouvait accélérer le
processus chez certaines personnes. Pour ma part, je pense (et cela n’engage
que moi) qu’il est possible d’accélérer le processus d’intégration en
surstimulant le système sensoriel par les éléments du traumatisme. En
saturant le système sensoriel du sujet, on peut le désensibiliser (comme le
ferait un vaccin) puis le reprogrammer.

L’EMDR
L’idéal est de commencer par les techniques d’intégration par mouvements
oculaires. L’une des plus connues est l’EMDR (Eye mouvement
desensibilisation and reprocessing). Depuis de nouvelles approches, qui
s’inspirent grandement de cette vision de l’intégration du traumatisme, ont
émergé. Pour ma part, j’ai mis au point une technique de saturation
sensorielle visant l’ensemble des cinq sens. Je propose une
reprogrammation par le souffle, qui est une mécanique positive infinie.

La découverte de l’EMDR
C’est en 1987, lors d’une balade, que Francine Shapiro, psychologue américaine, s’est
aperçue que lorsqu’elle bougeait les yeux de gauche à droite ses petites ruminations de
l’esprit disparaissaient. Les résultats sont allés au-delà de toute espérance. Tout d’abord
appliquée dans le cadre de stress post-traumatique, la technique s’est largement
étendue. Elle s’impose aujourd’hui comme un outil de choix dans l’arsenal de la
psychothérapie.

La fibromyalgie
Avant de clore cette partie, j’aimerais prendre quelques instants pour te
parler d’une pathologie qui me touche beaucoup et qui, ces dernières
années, n’a fait que croître dans le temps et les consultations. Il s’agit de la
fibromyalgie.
C’est étrange d’observer de nouvelles pathologies apparaître dans le
temps. Avant les années 1990, on n’entendait jamais parler de fibromyalgie.
Cela est peut-être dû à une méconnaissance, ou peut-être que la maladie
portait un autre nom. C’est tout aussi étrange de constater que d’autres
pathologies disparaissent ou diminuent en nombre, sans avoir, cependant,
bénéficié d’un quelconque traitement. C’est le cas des crises de
spasmophilie… Mais revenons à la fibromyalgie.
Pour ceux qui ne connaissent pas cette pathologie, définissons-la. Il s’agit
d’une pathologie qui associe des douleurs musculaires diffuses, de la
fatigue, des troubles du sommeil et des troubles de l’humeur d’intensité
variable. Ce qu’il faut savoir c’est que cette pathologie, reconnue depuis
plusieurs années, fait encore débat chez les acteurs thérapeutiques. Cela est
dû à son mode de diagnostic. En effet, bien que plusieurs hypothèses soient
en cours d’élaboration, à ce jour le diagnostic consiste en un examen
clinique qui déterminera une cartographie de points douloureux à la
pression de l’examinateur. En l’absence d’autres signes biologiques ou
anatomiques, le diagnostic est établi. Il s’agit donc d’un diagnostic par
défaut.
Je suis loin d’être un spécialiste de cette pathologie, mais devant le
nombre croissant de patients affluant dans les cabinets de kinésithérapie, je
n’ai pu faire autrement que de me renseigner. Et ce faisant, à mon grand
étonnement, je n’ai pas retrouvé de consensus sur la maladie… J’entends
encore ces paroles : Ah oui, mais madame Y, elle a tellement de bénéfices
secondaires (effets positifs engendrés par la pathologie) à sa fibromyalgie,
qu’elle ne peut pas aller mieux. Si les bénéfices secondaires sont bien sûr
un critère à prendre en compte, il est important de souligner qu’à tout
bénéfice secondaire, il y a un déficit PRIMAIRE. Qui, lui, doit être entendu
et à qui il faut trouver une solution.
Après de nombreuses consultations et des collaborations avec plusieurs
confrères, il est apparu évident que les patients souffrant de cette maladie
avaient une perception sensorielle modifiée de la douleur. Pour être plus
précis, c’est comme si la sensation était exacerbée et que le patient
ressentait tout plus fort. C’est à ce moment-là qu’une idée m’est venue. Le
patient atteint de fibromyalgie vit un traumatisme corporel, kinesthésique,
dans sa chair, en permanence… Il lui faut juste intégrer ce traumatisme. Si
la kinésithérapie traditionnelle est une manière efficace de soulager les
maux du corps, il est possible que les mots, en prenant du sens (par les cinq
sens) viennent au secours du corps. Je ne rentrerai pas dans les détails
techniques ici, mais sache que des solutions existent  : le corps et l’esprit
fonctionnent ensemble. Et jusqu’à preuve du contraire, je n’ai jamais vu un
corps sans un esprit et un esprit sans un corps !
Afin d’illustrer mes propos, je prendrai le cas suivant  : madame  X a 43
ans, elle est mariée, a trois enfants, dont le premier d’une autre union. Elle
est envoyée ici par une psychologue de la police suite à un home-jaking
avec violence. Elle souffre également d’une fibromyalgie depuis l’âge de 19
ans.
— Bonjour !
— Bonjour, je vous laisse rentrer dans la salle numéro 7. Vous savez que
le 7 est un chiffre magique ?
— Non, pourquoi ?
— Vous le découvrirez bien assez vite, en rentrant et en choisissant votre
propre siège durant la séance… (Sourire.)
Une fois installée, madame X me dit :
— Je viens vous voir car je n’arrive plus à sortir de chez moi. Je n’arrive
même plus à ouvrir la fenêtre du jardin : je panique en permanence. C’est
comme si, à chaque instant, quelqu’un pouvait venir chez moi et m’agresser
à nouveau. Avec mes douleurs, je me sens vulnérable et je stresse encore
plus. Du coup, ça augmente encore mes douleurs, ça me fatigue, ça
m’énerve… Ça devient invivable pour mon entourage et pour moi-même.
— J’entends que votre quotidien n’est pas confortable. Et depuis combien
de temps il n’est pas confortable ?
— Depuis mes 19 ans.
— Ah bon ? dis-je, l’air étonné…
— Oui, depuis que j’ai été agressée dans le métro, dit-elle, les larmes aux
yeux.
— Je vois que ce moment provoque beaucoup d’émotions et je voudrais
savoir : avez-vous une image ? Une pensée, un son, une sensation ou une
toute autre information qui arrive à votre esprit actuellement ?
— Je me revois toute seule dans le noir. Je crie, mais
personne ne m’entend. Je ne suis personne… (Ses larmes coulent
abondamment, et fait dégoûliner son fond de teint, qui est très épais)
— Oui, à ce moment-là, vous n’existez pas encore pour les personnes qui
vous entourent, elles ne vous permettent pas encore de te sentir en sécurité.
Suite à cette conversation, nous avons intégré son traumatisme, grâce à
notre technique de saturation sensorielle. Puis la patiente a repris la parole.
— C’est incroyable, votre histoire, c’est comme si tout était plus loin.
C’est encore là, mais maintenant, je n’ai plus qu’une seule image en tête,
pourriez-vous me l’enlever de la tête ? Car elle n’est vraiment pas agréable.
— L’enlever est impossible  : cette image vous apprend quel-que chose.
Dans le moins bon des scénarios, elle vous permet de repérer ce que vous
ne voulez plus. Est-ce que je peux savoir de quelle image il s’agit ? Il est
aussi possible de travailler sans savoir de quoi il s’agit, mais ce serait plus
facile pour moi.
— C’est sa grosse tête et son odeur âcre… Arf… Horrible.
— Bien, nous avons tout ce qu’il faut pour continuer.
Après cet échange a eu lieu une séance que tu retrouveras dans ce chapitre.
L’évolution de Mme X a été spectaculaire, tant au niveau de la peur qu’elle
ressentait qu’au niveau de ses douleurs. À sa grande surprise, au bout de
quelques semaines, elles ne se sont plus manifestées. C’est comme si j’étais
revenue dans mon corps pour en prendre soin, m’a-t-elle dit. L’exercice que
je lui avais demandé (appliquer une crème hydratante tous les jours) y était
peut-être pour quelque chose… Ou peut-être pas… Peu importe, l’essentiel
est qu’elle est désormais libérée, qu’elle a réussi à redevenir propriétaire de
son corps, dans le présent. Elle s’est donné la possibilité de continuer à
vivre sa vie. Et cela, elle ne le devait qu’à une seule personne  : ELLE-
MÊME.
10

Les morts

« Le vrai tombeau des morts, c’est le cœur


des vivants. »
JEAN COCTEAU

S’il y a bien un élément inconnu avec lequel, tôt ou tard, nous sommes
tous confrontés, c’est bien la mort. Pourtant, dans notre vie de tous les
jours, c’est une pensée qui nous laisse en paix. Il est rare de pouvoir
observer une personne dans le train ou dans le métro dont les pensées
seraient occupées par le chuchotement de la mort.
Notre mort, mais surtout celle des autres, chacun d’entre nous va devoir y
faire face  : une grand-mère, un grand-père, un membre de la famille, un
proche, un enfant… Il n’y a aucune justice face à la mort  ! La mort a un
comportement chaotique, incompréhensible. C’est une étape, un cap, une
marche que nous devons gravir, afin de pouvoir continuer à vivre dans le
monde des vivants.
Le temps est un allié dans le processus de deuil. Il apaise, gomme les
imperfections, pour ne garder que les éléments positifs. Cependant, il arrive
que pour une raison ou pour une autre, nous ne soyons pas en paix avec nos
morts… Leur absence génère une sensation de vide qui ne se remplit pas…
Nous allons donc prendre le temps, de manière différente, car la mort est
un processus. Le processus ultime de la vie…

La nature
Il suffit d’observer la nature, pour s’apercevoir que l’équilibre qui y règne
est instable (cf. chapitre Équilibre). La mort et la vie font partie de ce juste
équilibre. Ce qui nous angoisse dans le processus de la mort est souvent
bien différent de la mort en elle-même. C’est plus la présence de cette part
de mystère qui règne autour de nous qui provoque ce sentiment. Car,
comme le dit ma grand-mère qui a 80 ans : Tu es bien gentil, mais personne
n’est revenu pour nous dire ce qu’il y avait après  ! C’est vrai. Mais
personne ne vient nous voir avant de naître non plus ! Car s’il y a bien un
après, il y a eu un avant ! Nous sommes tous incapables de dire et de décrire
ce qu’il y avait avant. C’est comme si cette étape, à la base de la
construction du moi, avait disparu de notre mémoire, de notre esprit
conscient… Preuve que la nature est bien faite ! Avant, il n’y avait aucune
souffrance, aucun mal. L’idée semble simpliste, mais si, avant, la vie ou la
nature a bien fait les choses, il doit en être de même après !

Toi et la mort
Mais toi, qu’en penses-tu ? Bien que ces questions ne puissent donner lieu
à une réponse absolue, laisse le temps à une partie de ton esprit d’y
répondre…

Qu’est-ce que la mort ?


Qu’y a-t-il après la mort ?
Comment faire pour que ce passage soit agréable ?
Comment ceux qui sont partis auraient aimé te voir réagir face à leur
départ ?
Quelles seraient leurs pensées s'ils voyaient ta vie de tous les jours ?

La mort est culturelle

Bien… Comme tu peux le constater, cela prend du temps de chercher une


réponse à ces interrogations… Il est très intéressant de constater que, selon
les cultures, les réponses diffèrent.
Elles varient même de manière extrême, couvrant l’ensemble de l’arbre
des possibles. Lors de cette observation, j’ai pu observer l’importance du
rituel. Quels que soient la culture, le pays, la religion, nous avons tous un
rituel de mort.
Comme si nous laissions à nos sens le temps de prendre conscience du
départ de la personne. Les yeux observent les formes, les couleurs, les
fleurs. Les oreilles laissent entrer les chants, la musique. Pendant que nos
membres sont occupés à réaliser toutes sortes de gestes… Même le nez est
convié à la fête… avec des odeurs bien particulières… C’est comme s’il
s’agissait d’une étape pour que les vivants puissent prendre le temps de dire
« au revoir », « à bientôt », « on se retrouvera à la prochaine étape ».
Les pays du Nord sont les champions de l’expression mortifère. Nous
exprimons librement notre douleur, notre manque. Tel un nuage devant le
soleil, ils passent de manière plus fluide et plus confortable… Dans d’autres
cultures, on célèbre la joie, le bonheur de voir la personne continuer son
chemin, on communie dans l’échange positif. Le départ de la personne rime
avec la continuité et la joie de la vie éternelle. Car, qu’est-ce que la vie ?
Si ton esprit a pris le temps de débrouiller l’image de la
mort, je te propose d’en faire de même pour la vie.
Qu’est-ce que la vie ?
Comment faire pour en profiter au maximum ?
Quels conseils pourrais-tu donner une fois parti ?
Quelles pensées aimerais-tu recevoir de la part des personnes qui sont
déjà décédées ?
C’est très bien. Maintenant que cela est fait, je t’invite à laisser ton
esprit observer de quelle manière les choses changeraient si ta culture
avait été différente, si elle te permettait de centrer ton attention sur le
bonheur.
Ou sur la joie :
Quelles seraient les couleurs de ce moment ?
Quels seraient les sons que les oreilles capteraient ?
Quels seraient les gestes qui exprimeraient tes sentiments ?
Quelles odeurs seraient prépondérantes dans tes narines ?

Tu vois comme les choses peuvent changer… Impressionnant, non  ? Un


simple changement d’angle de notre caméra sensorielle peut nous permettre
de voir la situation de manière différente. C’est comme si, au fur et à
mesure du temps qui passe, une partie de notre esprit devenait plus
innocente… L’innocence… C’est bien « elle » qui nous protège chaque jour
de notre funeste destinée.

L’innocence protectrice
Cette protection inversement proportionnelle au temps qui défile, c’est
mon fils qui m’a permis de lui donner tout son sens. Un soir, rentrant de
l’école dans la voiture, il m’a dit :
— Papa, je vois papi dans le ciel !
— Ah bon ? Et tu le vois où ?
— Ben, il est partout ! Et là, il est dans le nuage…
Si, sur le moment, comme tout bon père de famille, je me suis interrogé
sur la santé mentale de mon fils, je me suis vite aperçu qu’il était en paix
avec l’idée de mort. Il n’a d’ailleurs pas compris l’émotion qu’il avait
provoquée. Il exprimait juste un point de vue naturel, dans l’innocence la
plus pure qui soit  ! C’est après cette découverte que je me suis dit qu’il
fallait, pour son propre bien-être, sauvegarder cette innocence pour qu’elle
puisse continuer à jouer son rôle protecteur…
Du moins, jusque-là… Il y a parfois des situations où il n’est plus possible
de recouvrer cette innocence, ce juste équilibre. On ne peut pas continuer
son chemin lorsqu’une partie de nous reste figée, bloquée, pétrifiée dans un
moment de deuil… Quelle que soit la raison, le problème est souvent la
solution…

Prends quelques instants pour lister les morts qui t’entourent :


Maintenant, laisse ton esprit imaginer ce qu’ils pourraient te dire… et
note-le. (Cela peut être une image, une sensation ou encore une
émotion…).
Excellent !

C’est incroyable comme notre esprit peut embellir nos morts au fil du
temps qui passe. Cela est flagrant, car le fait même de parler d’un mort de
manière peu glorieuse nous oblige à nous excuser, et ceci, même si nous
sommes dans le vrai. C’est le fameux « Paix à son âme ». Comme si, pour
continuer d’avancer sur le chemin de la vie, il fallait être en paix avec ses
morts, pour qu’eux aussi puissent continuer d’avancer, sur le chemin
inconnu qui est désormais le leur… Et maintenant, en route pour ce grand
voyage…
Tu peux maintenant te reporter à la vidéo «  Sixième enseignement  :
Balade dans un monde intermédiaire ».

Carte heuristique de la mort


Prends le temps d’ajouter dans cette carte heuristique de la mort page
suivante des dessins et des couleurs. Laisse ton esprit y mettre de la
sensorialité, afin que la carte puisse être mémorisée au mieux.

G L’expérience de mort imminente


Connais-tu les EMI ? L’EMI, ou Expérience de mort imminente, appelée
aussi NDE pour Near Death Experience, ou encore EMP pour Expérience
de mort provisoire, est une expérience atypique vécue par des personnes
qui, pour une raison ou pour une autre, vivent un état de mort clinique lors
d’un arrêt cardiaque. Ce qui est incroyable dans cette expérience, c’est que,
quel que soit leur âge, la région du monde où elles habitent, leur religion,
leurs habitudes de vie, toutes les personnes racontent le même processus, la
même trame d’expérience.
Je vais prendre le temps de détailler avec toi ce processus :

La phase de décorporation
Durant cette phase, le sujet a la sensation de sortir littéralement de son
corps. Il se voit la plupart du temps du dessus et assiste, la plupart du temps,
à sa propre réanimation. Son observation extrêmement réaliste peut être
gardée en mémoire et racontée de manière très précise une fois le retour à la
vie. La vraisemblance des propos nous incite fortement à les croire. Il n’y a
cependant aucune preuve rationnelle que la conscience, dont le siège initial
est le cerveau, puisse (et j’y mets toutes les précautions qui soient) se
déplacer dans le temps comme dans l’espace. Les choses se passent comme
si le cerveau, qui loge dans le corps physique, n’était qu’un transporteur
provisoire de la conscience…
Durant cette phase, la conscience a le loisir de se balader où elle le
souhaite à une vitesse infinie. Cela me rappelle une de mes patientes, dont
la fille était en vacances à New York, et qui durant le voyage de sa fille,
avait connu un arrêt cardiaque. Durant sa phase de décorporation, elle a
pensé à sa fille et sa conscience s’est retrouvée instantanément auprès
d’elle, en haut de la statue de la Liberté. Quelle ne fut pas sa stupéfaction
lorsque, quelques jours plus tard, elle se rendit compte qu’au moment même
où elle faisait son arrêt cardiaque, sa fille était en haut de la statue de la
Liberté ! Elle put me faire une description très précise des vêtements que sa
fille portait ce jour-là… Description qui fut, aussi incroyable que cela
puisse paraître, confirmée par sa fille grâce aux photos réalisées.
La conscience se serait-elle projetée dans le futur, calculant les
probabilités, et aurait-elle réussi ? Ou est-ce un déplacement instantané de
la conscience dans un état transcendantal, où le temps et l’espace n’existent
pas ? Bien malin celui qui apportera une réponse, et je ne me risquerai pas à
conjecturer quoi que ce soit. J’observe juste que les résultats restent à
considérer, car cette expérience a été vécue par bon nombre de personnes.

La phase du passage
Durant cette phase, ce que l’on pourrait appeler l’âme ou l’esprit du sujet,
est attiré par un tunnel blanc, une lumière blanche, qui est située la plupart
du temps au-dessus de lui. Durant cette phase, certains sujets voient des
images de leur vie défiler. Parfois cela survient juste avant la phase de
décoloration, pour d’autres pendant la phase de passage…
Certains chercheurs ont émis l’idée que cette phase lumineuse était due
aux dernières décharges des neurones cérébraux dans son agonie. Je me
permets juste de rappeler que, lors de l’arrêt cardiaque, l’encéphalogramme
est plat… Si ces visions ont la conséquence d’une décharge neuronale, la
décharge en question n’est ni objectivée ni objectivable par l’EEG. Ce qui
me semble incohérent…
Durant cette phase de passage, les sujets décrivent une sensation d’intense
plénitude, comme s’ils étaient traversés par un amour inconditionnel.
Comme si le temps s’était arrêté et que le sujet était dans un état de
profonde extase, un nirvana complet. On retrouve également ce type de
description chez les personnes qui ont vécu « un miracle », comme on peut
le voir à Lourdes ou dans d’autres lieux de culte.

La phase de passage en statistiques


Beaucoup de personnes qui ont vécu une EMI pensent qu’elles sont les seules. Elles
hésitent très longtemps avant d’en parler, car elles ont peur qu’on les prenne pour des
folles et qu’on les envoie vers un psy, alors qu’elles sont stables psychologiquement. Ce
qu’il faut savoir, c’est que des millions de personnes ont vécu des expériences avec les
défunts. Dans sa thèse de doctorat, Francois Lallier constate que 15,3 % des personnes
ayant eu un arrêt cardiaque ont vécu une expérience de mort imminente. Et lorsque l’on
demande si les personnes ont vécu un épisode « bizarre » avec le monde des morts, le
nombre grimpe en flèche de manière exponentielle. Bien sûr, je ne te parle pas de
toutes les expériences menées par des scientifiques reconnus dans le domaine de la
transcommunication instrumentale… Si le sujet t’intéresse, tu pourras approfondir avec
les livres écrits par le docteur Charbonnier.

La phase d’accueil
Durant cette phase, le sujet, sous sa forme sensorielle, arrive dans un lieu
souvent paisible, comme un paysage, une vallée verdoyante ou face à un
soleil couchant… Dans cette phase-là, il est hautement probable que les
défunts liés à la personne soient présents pour communiquer avec lui,
partager, échanger, l’accueillir.

La phase de partage
À cet instant, le vécu est très personnel et varie d’une personne à l’autre en
fonction de son passé, de ses expériences… Il s’agit d’une phase d’échange,
au terme de laquelle le sujet est en paix avec le monde des morts. Cette paix
est vécue de manière libératoire et salvatrice : le sujet va pouvoir poursuivre
sa route de manière confortable et libre dans le monde de la vie.

La phase de retour au corps


Une fois la phase de partage terminée, le sujet est invité à retrouver son
corps, comme si « ce n’était pas encore son heure ». La phase de retour est
beaucoup plus rapide et le sujet est littéralement projeté dans son corps,
comme s’il devait se réhabituer à lui. Dans d’autres cas, le retour se fait de
manière progressive, ce qui semble être beaucoup plus confortable pour le
sujet.

La phase de retour à la réalité


À cet instant, le sujet revient à la réalité. Il est la plupart du temps accueilli
par le personnel soignant, qui lui contera et lui racontera ce qui s’est passé.
De plus en plus de soignants sont formés et informés sur les expériences de
mort imminente. Cela facilite la communication entre soignant et soigné  ;
l’échange est plus authentique.
Pour ma part, au cabinet, j’utilise les récits d’EMI pour permettre à la
conscience virtuelle de trouver et retrouver la paix après un décès, un
manque, une perte… Notez que si, certaines fois, la difficulté de faire le
deuil est clairement exprimée par la conscience critique, il n’en est rien à
d’autres moments. En effet, certaines personnes vont consulter pour un
trouble anxieux ou une douleur chronique ou tout autre trouble… D’où
l’intérêt de voir à quel moment le problème a commencé.
S’il y a peut-être un lien entre le début de ton problème et un décès proche
de toi, alors ce chapitre est pour toi !
Réflexion sur le paranormal
Avant d’aborder un cas concret, je te propose une petite réflexion sur le
paranormal. Comme son nom l’indique, « paranormal » signifie « ce qui est
à côté de la normale ». Ce mot désigne l’ensemble des phénomènes qui ne
peuvent être observés, ni prouvés scientifiquement. Ils restent dans le
domaine de la supposition. À l’instar de la terre longtemps perçue plate,
l’hypnose a longtemps été perçue comme paranormale. C’est au prix de
nombreux efforts, d’abord ceux de praticiens peu conventionnels comme les
rebouteux, les magnétiseurs et les artistes, puis ceux de professionnels de
santé, qu’elle a pu acquérir ses lettres de noblesse.
Si actuellement l’hypnose est très médiatique, cela n’a pas toujours été le
cas. Je profiterai de ce passage pour dire également que l’hypnose, c’est
tout cela. Il est impossible de la réduire à une technique de soin, comme il
est impossible de la réduire à un show télévisé. Elle est fondée sur un
ensemble de processus sociaux. Comme l’hypnose autrefois, certaines
techniques sont aujourd’hui considérées par la société comme ésotériques
ou magiques.
Avant d’aller plus loin, je tiens donc à dire que je n’ai aucune opinion sur
le sujet qui va suivre. En tant que scientifique, je ne me permettrai pas de
juger de l’efficacité de telle ou telle technique. Je vais tâcher de te livrer
mon expérience, mon ressenti, de la manière la plus authentique, simple et
directe possible. Et peut-être que ce ressenti résonnera en toi. Je précise
enfin, avant d’aborder ce passage, que je ne possède aucune preuve
scientifique de ce que je vais avancer ici !
4  h  20, septembre  2014. Le téléphone sonne. Mes grands-parents
m’apprennent que mon père vient de décéder suite à une longue maladie. Je
me lève pour aller à son chevet. Suivent les formalités administratives, les
cérémonies, puis le temps du deuil, passant doucement, avec ses hauts et ses
bas… Un processus divers et varié, qui comprendra des phases de rêves
étranges et des signes m’évoquant sa présence ou sa possible existence au-
delà de la mort.
L’homme, souvent, a cette croyance  : lorsqu’un proche s’en va, il peut
exister dans un autre monde, dans une autre dimen-
sion, un paradis, un enfer, une résurrection, peu importe. L’homme se met à
croire… Mais, comme dirait ma femme : Croire c’est douter ! Sinon, nous
serions sûrs  ! Effectivement, la croyance implique le doute  ! Note qu’au
cours des dernières années, le nombre de pratiquants religieux n’a cessé de
baisser en Occident. Et pourtant, de façon étonnante, bon nombre d’entre
nous croient en quelque chose  : une force, un esprit créateur, ou tout
simplement quelque chose d’inconnu qui nous dépasse.
De mon côté, les jours ont passé. Les mois également, ponctués de visites
au cimetière. Je continuais d’avancer, ayant même oublié le jour exact du
décès de mon père… Et puis, septembre arrivait avec son lot de rêves, où
mon père était de plus en plus présent. Comme si une partie de mon esprit
était de plus en plus accaparée par cette pensée durant mon sommeil,
comme si mon esprit voulait me dire quelque chose que je n’arrivais pas à
entendre…
Et puis, cette nuit arriva, où le rêve était plus intense qu’à l’accoutumée.
Ce rêve me réveilla en sursaut. À ce moment, il y avait une présence dans la
chambre… Mes yeux ne pouvaient le voir, mes oreilles ne pouvaient
l’entendre, mais mon corps, lui, le sentait. J’avais l’intime conviction (sans
en avoir la preuve, bien sûr) que mon père était dans la chambre. Un
sentiment certain, qui me donna la frousse de ma vie  ! Pris de panique,
j’allumai la lumière avec fracas, tout transpirant et blanc comme un linge.
Ma femme se réveilla et me demanda ce qu’il m’arrivait. Je ne lui posai
qu’une seule question :
— C’est aujourd’hui que mon père est mort ?
— Oui, c’est cette nuit exactement.
L’émotion m’emporta alors. Je relevai la tête en direction du réveil. Il était
exactement 4 h 21. Ma femme me regarda avec toute la compassion qui la
caractérise et me dit :
— Oui, c’est même à cette heure-là précisément…
Pour cette histoire, mon côté cartésien a bien sûr une explication ! Ainsi,
cette expérience est sûrement liée à un processus inconscient au cours
duquel une partie de moi a combattu une résistance mentale. Cette
résistance me permettait de rester dans le déni du décès de mon père. Mais
l’autre partie de moi s’est manifestée par les rêves, à travers tout un
mouvement de prise de conscience qui a abouti à cette nuit-là.
Je ne peux que me rappeler cet instant… C’était tellement réel… Quelques
objets tombaient sans explication, la télévision s’est allumée toute seule, en
pleine nuit. Sans doute une coupure de courant ou un courant d’air… Peut-
être, peut-être pas… Personne ne peut l’affirmer. Quoi qu’il en soit, suite à
cet épisode, les rêves ont progressivement diminué jusqu’à disparaître. Et
j’ai enfin retrouvé un état de tranquillité et de sérénité apparent.
Toi aussi, tu as peut-être vécu ce type d’expérience. Tu crois peut-être à
une vie après la mort… ou pas. Tu as un avis sur la question qui ne dépend
que de toi, et c’est tout ce qui compte. Le plus important est ce que tu
penses, toi, pour toi, en gardant un esprit assez ouvert pour entendre le point
de vue des autres et en restant suffisamment ancré dans la réalité pour ne
pas tomber dans les dérives des sectes et arnaques.
Dans les lignes suivantes, je t’invite à « mettre en mots » ce que tu penses
de tout cela. Donne ton avis personnel, afin d’en avoir une trace, et de voir,
plus tard, si ton avis, ton sentiment a changé…

G Cas clinique : surmonter la perte


Pour illustrer mon propos, et te montrer comment ce que tu viens de
découvrir peut te permettre d’aller mieux, je te propose de réfléchir au cas
clinique suivant. Madame  F. arrive dans mon cabinet en pleurs. Elle
m’annonce très rapidement qu’elle vient de perdre sa petite fille à la
naissance et que cette perte est insurmontable. Malgré la présence de son
mari, adorable, de ses deux autres enfants et de toute la famille à ses côtés,
elle ne supporte plus la vie. Chaque personne qui sourit est un supplice.
Chaque éclat de rire est une torture pour elle. La seule solution est d’en
finir, afin qu’elle puisse retrouver sa petite fille.
Je lui demande donc naturellement si elle a consulté un psychiatre. Elle
me dit qu’elle en a consulté trois et que, bien qu’ils aient été très
professionnels, ils n’ont malheureusement pas réussi à améliorer la
situation. Ils lui ont, par contre, fait prendre des médicaments de plus en
plus forts, qui l’ont seulement fait dormir toute la journée et toute la nuit…
Je lui demande ce qu’elle pense trouver dans ce cabinet et elle me dit que si
elle n’attend pas de miracle de cette séance, elle aimerait néanmoins
pouvoir retrouver une certaine paix intérieure.
— Bien, j’entends votre souffrance. Je vais vous poser une question.
Croyez-vous en quelque chose ?
— Non, je ne crois pas en Dieu. J’ai bien l’intuition qu’il y a peut-être
quelque chose derrière la vie, mais quant à savoir quoi… Je n’en ai aucune
idée. Mais je ne crois pas que ce soit un dieu révélé…
— OK. Et à votre avis, après la mort, il se passe quoi ?
— Eh bien, on est mort et c’est tout. Il n’y a plus rien, on redevient
poussière…
— Effectivement, le corps retourne à ce qu’il a été. Mais savez-vous que
certains chercheurs, certains médecins, travaillent sur ce qui pourrait y avoir
après la mort ?
— Ah bon ?
— Oui. Ils travaillent sur ce qu’on appelle les EMI, les « expériences de
mort imminente ».
Je lui donne les explications nécessaires et pose une nouvelle question.
— Vous savez, on ne sait pas grand-chose de la mort… La seule chose que
je peux vous dire avec certitude, c’est que, pour que les vivants soient en
paix dans leur monde, il faut que les morts soient en paix dans le monde des
morts. Si vous pouviez communiquer avec votre petite fille, pour dire ce
qu’il y a à dire, partager ce qu’il y a à partager, entendre ce qu’il y a à
entendre, ressentir ce qu’il y a à ressentir, afin de la laisser continuer sur son
propre chemin, dans son propre monde, et afin, de votre côté, de poursuivre
votre propre chemin, dans votre propre monde, le feriez-vous ?
— Bien sûr, à partir du moment où j’ai la certitude qu’elle va bien.
— Parce que, pour l’instant, vous n’êtes pas encore sûre qu’elle va bien ?
— Eh bien non, je ne sais pas où elle est.
— Et vous voudriez qu’elle soit où ?
— Avec ma mamie, car elle s’est toujours bien occupée de moi lorsque
j’étais enfant, et je suis certaine qu’elle s’occupera bien de ma petite fille.
— Bien, alors nous allons commencer la séance…
J’ai ensuite réalisé une séance que tu retrouveras dans ce chapitre.
À la fin de cette séance forte en émotion, la patiente en pleurs me dit :
— Ça va beaucoup mieux, parce que je l’ai vue. J’ai pu lui dire ce que
j’avais à lui dire et elle m’a demandé de continuer à vivre pour elle. Elle a
commencé à monter dans ce tunnel lumineux, mais c’est comme si une
chaîne partait de mon cœur pour la retenir. Et malgré toutes ses demandes,
je n’ai pas réussi à casser cette chaîne.
— C’est peut-être qu’il ne faut pas la casser ?
— Mais elle doit monter vers la lumière !
— Oui. Mais qui vous dit que vous ne pouvez pas transformer cette chaîne
en quelque chose de plus libre, de plus fluide, de plus confortable ? Pouvez-
vous utiliser votre amour et votre bienveillance, au lieu de votre colère,
votre tristesse ou votre rage, pour faire ce qu’il y a à faire et transformer ce
lien ?
— Oui, je crois.
— Soyez sûre que l’amour que vous lui portez est infini et qu’il viendra à
bout de tout ce qui ne permet pas votre bonheur.
Suite à cela, nous avons refait une séance d’hypnose. La patiente est
repartie dans cet état, avec moi, à la rencontre de sa petite fille, qui à notre
arrivée, était toujours enchaînée. Durant cette phase d’hypnose, j’ai pu
continuer à parler avec la patiente, pour lui fournir un support solide dans
cette phase pas facile pour elle. Au fur et à mesure de la séance, la patiente
a transformé la chaîne qui la liait à sa fille en fleurs. Une partie est montée
vers la lumière, avec la petite fille, et une autre est restée dans les mains de
la maman. J’ai proposé à la patiente d’ancrer ce bouquet de fleurs dans une
partie de son corps, afin qu’elle puisse, autant de fois que nécessaire et à
chaque fois qu’elle en aurait besoin, trouver et retrouver ce lien, qui était
désormais infini dans le temps comme dans l’espace, pour aujourd’hui
comme pour demain, à travers les siècles.
Quand la patiente est revenue à la conscience, elle m’a dit avec un petit
sourire :
— Ça y est, elle est dans la lumière avec mamie.
Je ne revis la patiente qu’une seule fois, un mois après. Elle avait repris
son travail et sa vie de maman. Même si cela n’était pas facile au quotidien,
elle avait désormais la force de vivre pour sa petite fille, bien sûr, mais
surtout pour son mari et ses enfants, qui n’attendaient que ça. Cette séance a
été pour moi l’une des plus fortes, émotionnellement, que mon métier m’ait
permis de vivre. Comme dirait le docteur House, cynique médecin d’une
célèbre série TV américaine, j’ai « choisi un métier formidable »…
Bien sûr, je ne sais absolument pas si la communication avec la petite fille
s’est réellement établie ou si elle était le fruit de la construction mentale de
la patiente. Je t’avouerais, en toute sincérité, que je n’en ai rien à faire ! Le
plus important est que la patiente aille mieux. Toi, lecteur qui lit ces mots,
je te laisse seul juge, libre d’interpréter ce que tu viens de lire. Sache
seulement que le discours est authentique. Le seul conseil que je puisse te
donner, c’est de te faire ta propre opinion en fonction de ton expérience et
de ta propre spiritualité. Sois toujours ouvert d’esprit, pour écouter ce qui
t’entoure, et garde toujours avec toi ton esprit critique, pour rejeter ce qu’il
y a à rejeter. C’est ainsi que tu te construiras…
11

Le rêve au service de la réalité

« Le monde du sommeil est le nouveau


continent à explorer. Un monde parallèle
rempli de trésors qui mérite d’être exhumé et
exploité. »
BERNARD WERBER

Nous passons un tiers de notre vie à dormir et un douzième de ce temps à


rêver. Le sommeil représente donc une part immense dans notre vie. Et
cependant, nous savons peu de chose sur le sommeil. Il serait un moyen
pour le corps de récupérer et, pour le cerveau, un moyen de laisser libre
cours à l’expression de notre esprit inconscient…
Et s’il y avait bien plus ? Et si le rêve pouvait te permettre de devenir toi-
même  ? De te guider sur le chemin de ta vie  ? Nous savons, grâce aux
neurosciences, que le sommeil est un facteur prépondérant dans le
mécanisme de mémorisation, d’intégration de la réalité et même dans l’état
de santé général d’une personne. Le rêve est un processus naturel. Certains
d’entre vous me diront qu’ils ne rêvent pas… Je dirais plutôt qu’ils ne s’en
rappellent pas… Et c’est au moment du rêve que tout bascule…

Qu’est-ce qu’un rêve ?


Le rêve ne répond à aucune loi. Ni à celles de la physique, ni à celles de la
raison. Il a toujours eu une place à part. Quelles que soient les cultures, on
l’affectionne, on le déteste, on nie son importance ou on le développe…
Mais il ne nous laisse jamais indifférent.
Cette faculté à rêver est à son apogée durant l’enfance. Nous avons tous,
dans un coin de notre esprit, un rêve qui nous a marqué. Pourquoi le monde
onirique est-il si riche durant notre enfance et si pauvre à l’âge adulte ? Il
peut y avoir plusieurs réponses à cette question.

La première réponse est que notre imagination diminue au fil des


années. Le système, qu’il soit social, éducatif ou familial, est basé sur
de nombreux phénomènes de croyances (cf. chapitre 11). Ces
croyances nous formatent et diminuent l’individualisation de nos
idées. Nos interprétations se ressemblent, car il faut rentrer dans la
normalité. Et la plupart d’entre nous souhaitent être « normaux ».
Deuxième réponse  : la France est le premier consommateur de
somnifères. Le principe actif de ces derniers est souvent la
benzodiazépine. Or, la benzodiazépine modifie la physiologie du
sommeil et limite notre faculté à rêver.
Troisième réponse  : tu peux agir sur celle-ci dès maintenant. Nous
possédons un monde onirique relativement pauvre, car nous n’avons
jamais appris à utiliser nos rêves ! Les rêves sont pourtant la source
même de l’imagination et de la création. Pour développer ta capacité
à rêver et améliorer ton sommeil, il y a plusieurs choses à respecter.
En effet, puisque le rêve est lié à notre environnement, il faut, pour le
favoriser, adopter un comportement sain  : pratiquer une activité
physique régulière, bien s’alimenter et éviter, autant que possible, la
consommation d’alcool ou de stupéfiants.

Exploiter le potentiel des rêves

Peut-être qu’en lisant ces dernières phrases, une partie de ton esprit se
demandera s’il est vraiment possible, ou utile, de travailler sa capacité à
rêver… Je répondrai à cette interrogation tout à fait naturelle par une idée
de Bertrand Piccard, le père de Solar Impulse, le premier avion solaire. Il
disait, à l’occasion d’une conférence, que les grandes avancées ne découlent
pas de phénomènes nouveaux, de découvertes… Mais seulement de dogmes
que nous avons fait tomber au cours de l’évolution. Avant Galilée, la Terre
était plate… L’hélicoptère a été inventé par Léonard de Vinci, mais ce n’est
que bien plus tard qu’il a été réalisé. C’est parce qu’on a abandonné l’idée
que «  ce qui est plus lourd que l’air ne peut voler  » qu’on a commencé à
construire des hélicoptères.
Alors, pourquoi les rêves ne pourraient-ils pas ouvrir un potentiel
inexploité  ? Pourquoi ne pourraient-ils pas trouver la solution à ton
problème ? Pourquoi ne pourraient-ils pas t’indiquer le chemin pour devenir
toi-même ? J’ai moi-même douté de cette possibilité. Mais, avec l’avancée
des neurosciences, avec l’augmentation importante des personnes se
déclarant « rêveurs lucides », je me suis lancé dans l’aventure et le résultat
fut étonnant !
Maintenant c’est à toi… Pour augmenter son potentiel de rêveur, voici
plusieurs conseils :

Éviter la prise de somnifères.


Privilégier la lecture avant de t’endormir (cela augmente ton
imagination tout en calmant ton corps).
Éviter la TV, surtout dans la chambre ! (le cerveau doit y commencer
son introspection).
Respecter un certain rythme dans les heures de coucher.
Éviter la prise d’excitants, de drogues ou d’alcool.
Prendre le temps de relire les rêves des derniers jours.
Fixer un objectif à ton rêve avant de t’endormir (par exemple  : je
veux voler dans mon rêve).

Se souvenir de ses rêves

Une fois cela fait, tu devras augmenter ta capacité à te souvenir de tes


rêves. Pour cela, rien de tel qu’un carnet de notes, ou qu’un dictaphone au
bord du lit. Ainsi, dès que tu reprendras conscience, tu pourras inscrire tes
rêves.
Attention, toutefois : tu dois respecter un certain rythme, surtout au début,
car le rêve est fugace. Comme tu le sais, la mémoire est conditionnée par
l’ascenseur émotionnel. Prudence, donc, au réveil. Lorsque tu te réveilles,
ferme pendant quelques secondes les yeux pour ancrer ton rêve, bouge le
moins possible et écris-le en remontant son fil petit à petit, comme si tu
rembobinais le film…
Voici un exemple de fiche de rêves que tu peux utiliser :

RÊVES
Heure : Date :
Qu’est-ce que mes yeux ont pu observer ?
Qu’est-ce que mes oreilles ont pu entendre ?
De quelle manière les odeurs sont arrivées dans mes narines ?
Comment le corps a-t-il perçu les sensations ?
Quelle est la portée de ce rêve, ici et maintenant ?
Percevoir par les sens

Comme tu peux le constater, la sensorialité est très importante dans le


rêve. Si dans la réalité consciente, nous percevons grâce à nos cinq sens, il
en est de même dans le monde des rêves ! Ainsi, lorsque nous sommes dans
un rêve, nous vivons comme s’il s’agissait de la réalité. Cela me rappelle
une patiente qui, lors d’une consultation, m’a raconté que dans son rêve elle
avait surpris son mari en train de la tromper avec sa meilleure amie… Et
qu’à son réveil, elle était furieuse contre lui… Je te laisse imaginer la
surprise de son mari au moment du réveil !
Dans cet exemple, ce qui est intéressant, ce n’est pas l’interprétation du
rêve en lui-même ! De nombreux livres pourraient s’en charger, avec plus
ou moins de réussite. Ce qui nous intéresse plutôt c’est que ce rêve renvoie
au manque de confiance que ressent la patiente…

Provoquer l’insight
Mais, me diras-tu, si le rêve est vécu comme la réalité au moment où il se
produit, alors comment prendre conscience que nous sommes dans un
rêve  ? Comment faire pour, par la suite, l’utiliser  ? Eh bien, pour
s’apercevoir qu’on est dans un rêve, il faut adopter dans la réalité et dans le
rêve un comportement commun  : le test de réalité. En effet, même si le
monde de la réalité ressemble au monde des rêves, il y subsiste des
différences. Ce sont ces différences que le test doit mettre en relief afin de
provoquer l’INSIGHT, la prise de conscience subite du rêveur…

Dans un premier temps, pose-toi la question, plusieurs fois dans la


journée : suis-je dans la réalité ou dans un rêve ? Cela augmentera la
possibilité que tu te poses aussi cette question durant le rêve…
À cette première question s’ajoute le test en lui-même. Pour faire ce
test, il faut trouver quelque chose qui soit possible dans les rêves,
mais impossible dans la réalité. Comme te boucher le nez et respirer
par les narines. Dans la réalité, c’est impossible. Mais en rêve… la
respiration continue. Si cela se produit, tu sais que tu es dans un
rêve ! Tu acquiers alors l’INSIGHT !

Je t’invite maintenant à trouver ton propre test de réalité. Fais en sorte que
ce test utilise le plus de fonctions sensorielles possible.
Exemple de test de réalité :

La vue : observe la main boucher le nez.


L’ouïe : capte le son de la respiration.
Le toucher : sent le mouvement de la respiration dans le thorax.
L’odorat : sent l’odeur.

À toi, maintenant !

MON TEST DE RÉALITÉ


Quelle est l’action, quel est le geste ?
Quelles sont les informations que les yeux perçoivent ?
Quel son arrive dans les oreilles ?
Une sensation ?
Une odeur ?

Super. Maintenant que ton test de réalité est créé, il faut que tu le réalises
le plus de fois possible dans la réalité, en te posant toujours la même
question  : suis-je dans un rêve ou dans la réalité  ? Une grande partie du
chemin est fait. Si tu pratiques cela régulièrement, tu vas, à un moment
donné, le réaliser dans ton rêve…
Il faudra alors rester bien calme, car trop d’excitation pourrait te faire
sortir de ton sommeil au moment même où tu as l’insight du rêveur… À
partir du moment où tu t’aperçois que tu es dans un rêve, prends le temps
d’augmenter les sensations, afin de stabiliser le rêve. Sinon, cela ne durera
pas plus d’une minute… Ensuite, une fois le rêve bien stable, tout devient
possible… Ouvre une porte derrière laquelle se trouve la solution. Vole dans
le ciel au contact des oiseaux. Reviens dans le passé chercher un souvenir.
Va dans le futur à la rencontre de toi-même… La seule limite est ton
imagination ! Et la bonne nouvelle est que tu es le mieux placé pour savoir
ce dont tu as besoin.
Tu peux maintenant te reporter à la vidéo « Huitième enseignement : Le
rêve lucide ».

Carte heuristique du rêve


Prends le temps d’ajouter dans la carte heuristique du rêve page suivante
des dessins et des couleurs. Laisse ton esprit y mettre de la sensorialité, afin
que la carte puisse être mémorisée au mieux.

G Cas clinique : dis-moi comment tu dors…


Comment considères-tu la qualité de ton sommeil ? Autrement dit, est-ce
que tu dors bien ? Cette question que je te pose, je la pose régulièrement au
cabinet, pour récupérer des informations importantes sur le patient.
En effet, le sommeil est le baromètre de notre état interne. Pour certains, il
est agité. On se tourne et se retourne, on se lève pour aller aux toilettes, on
fait des rêves de batailles, de courses-poursuites ou de toutes autres
histoires rocambolesques. Pour d’autres, le sommeil est plus tranquille. Ils
s’endorment dans une position et se réveillent dans la même position, sans
avoir froissé les draps. Alors que certains s’endorment aussitôt qu’ils sont
allongés dans leur lit, d’autres voient leur période d’endormissement
s’étendre sur plusieurs minutes, voire plusieurs heures, avant de sombrer
dans les bras de Morphée… Qu’est-ce qui peut expliquer ces différences ?
L’activité au cours de la journée
Il a été prouvé qu’une activité physique quotidienne entre 20 et 40 minutes
améliore de manière significative la qualité du sommeil. Si dans une
voiture, il y a un accélérateur et un frein  ; eh bien, pour le corps, il y a
l’activité et le repos. Il n’est donc pas étonnant de constater qu’avec notre
vie professionnelle de plus en plus sédentaire (assis sur une chaise au
bureau toute la journée), il y ait de plus en plus de problèmes de sommeil.
Pourtant, il est facile de mettre un peu d’activité dans sa journée. Il suffit,
simplement, de prendre les escaliers au lieu de l’ascenseur, de prendre le
vélo une fois par semaine pour aller au travail, de marcher jusqu’à la
boulangerie plutôt que de prendre sa voiture… Ces petites choses qui
amélioreront ta faculté à récupérer.
Et si tu profitais du cadre réponse ci-dessous pour noter quelques
habitudes que tu pourrais changer ?

AVANT APRÈS
Bravo pour ces engagements  ! Maintenant, il va falloir s’y tenir… car
nous sommes ce que nous faisons… Alors, sois toi-même !

L’alimentation
En parallèle de l’activité, il y a bien sûr l’alimentation. Privilégie toujours
un repas léger avant de t’endormir, pour favoriser la digestion. Tu
comprends que lorsqu’on s’apprête à rester plusieurs heures immobile, il est
inutile de charger son corps d’aliments riches, qui ne seront pas dépensés !

Les habitudes de vie


De nombreuses personnes ont la télé dans leur chambre. Si c’est ton cas et
que tu as des problèmes de sommeil, il faudra supprimer cette mauvaise
habitude. Car, sans entrer dans la neurophysiologie des écrans, de lumière
bleue, etc., la chambre est un lieu qui doit être assimilé avec le repos, le
calme, la détente, afin que la conscience puisse se sentir en sécurité et
confortable et que tu bascules dans le sommeil. Il est normal qu’après avoir
regardé le dernier Rocky Balboa, un film d’horreur ou le dernier
documentaire sur la Seconde Guerre mondiale, l’esprit inconscient ne se
sente pas en sécurité. Si cela se passe dans le salon, tout va bien. Mais
imagine si cela se passe dans la chambre… Tu réussirais à t’endormir sur
un ring de boxe ? Ou sur un champ de bataille ? Certains diront que la télé
les aide à s’endormir. C’est un bruit de fond réconfortant. C’est tout à fait
envisageable et, dans ce cas, il est possible de transférer cette sensation de
réconfort sur autre chose que la télévision (un doudou, une partie de son
corps). Cela est tout à fait réalisable en état d’hypnose dans un lieu sûr
(chapitre sur la sécurité) et avec un ancrage inconscient dans le corps. Cette
étape est à mon sens indispensable pour se libérer de tous les attracteurs qui
vampirisent l’attention, comme la télé, les smartphones ou les tablettes.

Les ruminations
Et puis, il y a les ruminations de l’esprit. Les chefs d’entreprise ont la tête
dans leurs projets ou leurs problèmes, les mères au foyer énumèrent leurs
tâches du lendemain et les plus pragmatiques s’inquiètent pour leurs
économies. Je conçois tout à fait que l’ensemble de ces pensées soit
important, mais au moment d’aller dormir, elles n’ont rien à faire là.
Pourquoi ne pas choisir un objet, sur votre table de nuit, à qui tu laisserais
toutes ces pensées, et où tu les retrouverais au petit matin ? Pour ce faire,
rien de plus simple : il faut utiliser ton imagination !
Ferme les yeux et représente-toi la manière dont tes pensées sortent de ta
tête pour aller rejoindre ton objet totem sur ta table de nuit. Je t’invite à
faire ce petit exercice plusieurs fois si nécessaire. Le but est que toutes les
pensées soient laissées au placard, dans l’objet totem. Lorsque ce sera chose
faite, et seulement à ce moment-là, tu pourras inscrire le nom de ton objet
totem dans les lignes suivantes :

MON OBJET TOTEM, GARDIEN DE MON SOMMEIL :


Et voilà encore une belle ressource créée !

La physiologie du sommeil
Le sommeil est divisé en plusieurs stades :

Stade 1
C’est le stade de l’endormissement. Il peut être divisé en deux sous-
stades : la somnolence et l’assoupissement. C’est le stade durant lequel on
se détend, on entend et on comprend les conversations qui sont à côté de
nous, mais on n’a plus envie de répondre.

Stade 2
Il correspond à la phase de sommeil léger. Dans cette phase, on entend
encore les sons environnants, mais leur compréhension est impossible. Ce
sont des bruits.

Stade 3
C’est le sommeil profond. Tout ce qui se passe à l’extérieur ne nous atteint
plus. L’ensemble du corps est calme et détendu. La respiration est lente et
profonde.

Stade 4
C’est le sommeil très profond. Durant cette phase, notre corps est plus
détendu que dans les précédentes. C’est à ce stade que le processus de
mémorisation, d’ancrage des informations de la journée, se met en place. À
ce stade, les hormones se déchargent, telles les hormones de croissance,
chez les enfants et les adolescents. C’est également la phase où nous
commençons à rêver. L’ensemble de ces stades forme ce que l’on appelle
communément le « sommeil lent ». C’est une phase de 60 à 75 minutes où
l’activité cérébrale est peu intense.

Le sommeil paradoxal
C’est lors de cette phase que le corps est le plus détendu. Le cœur et la
respiration sont ralentis et la température est diminuée, mais
paradoxalement le cerveau, lui, fonctionne à plein régime. C’est le
professeur Michel Jouvet qui découvre ce stade en 1959. C’est durant cette
phase que le monde onirique est le plus présent et c’est aussi cette phase qui
est la plus proche, au niveau physiologique, de l’état d’hypnose. C’est donc
tout naturellement cette phase qui nous intéresse… Pour finir sur le
sommeil, il faut savoir que c’est qu’un cycle complet d’environ 90 minutes,
les phases s’enchaînant les unes après les autres, quand tout va pour le
mieux dans le meilleur des mondes. Une nuit est donc composée, dans
l’idéal, de cinq à six cycles.
Les troubles du sommeil
Ça, c’est quand tout se passe pour le mieux, mais tu fais peut-être partie de
ces personnes qui souffrent du trouble du sommeil, d’une carence, d’un
cauchemar récurrent, d’insomnies.

Manque de sommeil
En France, une personne sur trois souffre d’un trouble du sommeil. Ces
troubles ont une répercussion directe sur la vie au quotidien. Ils diminuent
la durée du sommeil, qui est en corrélation avec la prévalence d’obésité
chez l’enfant. Les personnes qui se disent stressées dorment en moyenne 30
minutes de moins que les personnes qui se disent en bonne santé. En outre,
un manque de sommeil entraîne inévitablement une fatigue, qui se traduira
par un déficit d’attention lors de l’apprentissage et par une moins bonne
gestion de la communication et des émotions. Enfin, un salarié qui manque
de sommeil peut manquer jusqu’à 80 % de ses objectifs.
À cette liste d’effets secondaires s’ajoute une multitude d’autres
répercussions, que je te laisse le loisir de découvrir sur Internet… Car,
comme tu peux t’en douter, lorsque l’on souffre d’un trouble du sommeil,
on va généralement consulter son médecin. Qui après avoir essayé les
plantes, l’homéopathie ou toute autre solution dite naturelle n’aura d’autre
choix que de prescrire des somnifères… Un bon petit cocktail de
benzodiazépines qui te permettra certes de dormir, mais qui ne sera pas sans
conséquences… Cette substance, en plus des effets secondaires classiques
indiqués par la notice, modifie la structure même du sommeil. En effet, la
prise d’un médicament dit « hypnotique » supprime directement la phase de
sommeil paradoxal. Il donne ainsi l’illusion d’avoir récupéré, alors qu’en
réalité, les sujets ont dormi, mais n’ont pas bien récupéré, du moins pas
autant que dans un sommeil libre de tout agent chimique. Voici à quoi peut
ressembler un graphique des cycles du sommeil chez un patient prenant des
somnifères :
Comme tu peux le constater, toutes les zones correspondant au sommeil
paradoxal ont disparu : adieu jolis rêves, mémorisation, récupération et bien
d’autres ressources que nous ignorons encore… Si en lisant ces quelques
lignes, tu ressens de la colère contre les personnes qui t’ont dit de prendre
ce type de médicament, laisse-la passer. Sache que si un médecin t’a
prescrit ce type de médicament, c’est que, pour lui, c’était le meilleur choix,
la seule chose à faire pour que tu puisses aller mieux.
Maintenant que tu possèdes d’autres outils pour améliorer la qualité de ton
sommeil, je t’invite à les tester ! Si tu as un trouble du sommeil, je t’invite à
associer la lecture de ce chapitre à celle du chapitre Sécurité et du chapitre
Temps : ensemble, ils forment un très bon plan d’action. Pour ce qui est de
la prise des médicaments, je rappellerai de ne pas les arrêter brusquement,
mais plutôt de rendre visite à ton médecin traitant afin que vous puissiez
décider ensemble du mieux à faire.

Les cauchemars et le somnambulisme


Dans un autre domaine, certaines personnes souffrent de cauchemars.
Qu’ils soient récurrents ou non, ces rêves pénibles, avec sensation
d’angoisse et d’étouffement possible, empoisonnent notre bon et tranquille
sommeil. Si certains peuvent être liés à un traumatisme ou à un conflit
intérieur (où le sujet est tiraillé entre plusieurs choix), d’autres n’ont pas
vraiment d’explication. De nombreux psychologues, tels que Celia Green
ou Antonio Zadra, considèrent que l’apprentissage du rêve lucide est un très
bon outil pour balayer ce type de problème. Si l’apprentissage du rêve
lucide en conscience critique est déjà connu de certains, son utilisation en
état d’hypnose se révèle encore plus efficace. Comme l’état d’hypnose se
rapproche très fort du sommeil paradoxal, la technique donne un résultat
très rapide. Je suis certain que les thérapeutes qui liront ce chapitre se
réjouiront de voir les effets de cette technique.
Parallèlement aux cauchemars, il y a le somnambulisme, qui peut aussi
être associé aux cauchemars. Le somnambulisme consiste en une série
d’actes plus moins automatiques, dont le déclenchement inconscient se
produit durant le sommeil. Le sujet ne possède aucun souvenir de
l’ensemble de son « œuvre » nocturne. La plupart des somnambules n’ont
donc aucune conscience de leur problème. C’est souvent un proche qui
attire l’attention sur ce problème. Si certaines crises de somnambulisme ne
posent pas de réel problème (du type «  je m’assois dans mon lit pendant
deux minutes et me recouche  »), d’autres sont beaucoup plus
problématiques. Prenons l’exemple d’un somnambule qui se croit attaqué
par un serial-killer et qui, pour lui échapper, veut passer par la fenêtre…
Au niveau physiologique, on observe que le somnambulisme apparaît la
plupart du temps au stade  3, voire au stade  4 du sommeil. Durant cette
phase, la régulation thalamo-corticale, responsable de la paralysie
musculaire durant le sommeil, est modifiée. Les scientifiques ont pu
observer sur l’encéphalogramme des sujets somnambules dormant une
régulation anormale des ondes courtes. Pour le dire plus simplement, c’est
comme si le disjoncteur ne s’était pas déclenché et que l’électricité
continuait de faire fonctionner les appareils branchés.Pour ce type de
patients, la « pathologie » peut se résoudre par le traitement du traumatisme
initial. Cela est possible quand il y en a un qui est exprimé de manière
consciente. Si tel est ton cas, je t’invite à coupler la lecture de la séance
suivante à celle du chapitre consacré au traumatisme. Dans d’autres cas de
somnambulisme, la séance de ce chapitre présentera une alternative
efficace.

Un cas clinique de trouble du sommeil


Grégoire est un adolescent de 16 ans. Il est plutôt introverti. Il ne parle pas
beaucoup et passe la plupart de son temps dans sa chambre sur son
ordinateur. Bien qu’il ait quelques amis, les relations ne sont pas son fort. Il
vit dans une famille catholique pratiquante, où il est l’aîné de quatre
enfants. Ses parents sont épanouis et il me dit que pour lui tout va bien.
Durant la première phase de l’entretien, son père est présent. Le fils et le
père sont venus me trouver car, bien que Grégoire soit suivi par psychiatre
depuis plus de trois ans, il a toujours un problème de somnambulisme. En
désespoir de cause, ce médecin leur a donné ma carte. Le papa me dit que,
toutes les nuits, Grégoire crie, réveille toute la maison, puis se lève et se
cogne la tête contre l’armoire de sa chambre, jusqu’à épuisement. Toutes les
nuits, son père se lève pour raccompagner son fils dans son lit. Mais là, il
n’en peut plus. Il est épuisé. Il faut que cela cesse. De plus, le lendemain
matin, Grégoire n’a aucun souvenir de ce qui s’est passé durant la nuit. Il a
juste une migraine et sent dans l’ensemble de son corps une grande fatigue.
Une fois la situation expliquée, le papa sort du cabinet pour aller patienter
en salle d’attente.
— Alors, Grégoire, as-tu une idée de l’origine du problème ?
— J’ai bien une petite idée, mais mon père dit qu’il faut que j’arrête de
dire n’importe quoi, que ça ne peut pas être ça !
— Ah bon, et quelle est cette idée ?
— Je pense que je suis possédé !
— Tiens donc, possédé… Et qu’est-ce qui te fait dire ça ?
— Eh bien, toutes les nuits, je fais le même rêve pendant lequel je suis
poursuivi par un démon qui cherche à aspirer mon âme…
— Aspirer ton âme… Et c’est un démon connu  ? Comme le diable ou
quelque chose de ce genre ?
Je fais une parenthèse dans ce discours. Le fait de croire ou de ne pas
croire aux démons ne doit pas entrer en ligne de compte, ici. Ce qui compte,
c’est ce que le patient croit. Plutôt que de perdre mon temps à donner des
explications rationnelles (comme son père s’est déjà évertué à le faire), je
vais transformer sa croyance pour en faire une force. C’est une technique
également très efficace dans le désenrôlement des enfants pris dans des
dérives sectaires et idéologiques…
— C’est un nécromancien, dit-il tout apeuré.
— À voir ton visage, j’ai l’impression que les yeux de ton esprit arrivent à
le percevoir en détail.
— Oh oui ! Il est grand et sombre. Un peu transparent. Et son visage est
recouvert d’un capuchon, de sorte qu’on ne peut que deviner son visage. Il
flotte dans les airs et se déplace à une vitesse infinie. Il me suit tout le
temps.
— Et est-ce qu’il est là avec nous ? (Je m’assure de la santé mentale de
mon patient pour vérifier que son hallucination ne se limite qu’à son rêve.)
— Non, ce n’est que dans mes rêves !
— Ouf ! Tu as au moins la journée pour récupérer et te reposer.
— Oui, on peut dire ça.
— Et à ton avis, quelle serait la solution pour que tu sois en paix avec le
nécromancien ?
— Il n’y a aucune paix possible. Je dois le combattre et le détruire.
— C’est bien ce qui me semblait… Mais s’il est là, c’est qu’il y a une
raison, non ?
— Peut-être, mais elle m’est inconnue.
— Peut-être que ce combat est indispensable pour augmenter ton courage
et ta bravoure ? Dans ce cas, tu pourrais provoquer le combat chaque nuit,
pour prouver à une partie de toi-même que tu peux réussir ? Et si tu réussis
dans la réalité du rêve, nul doute que tu seras en mesure de réussir dans la
réalité du jour ! Qu’en penses-tu ?
— C’est possible, mais comment faire ?
— Imagine que tu es dans un jeu vidéo. Comment ferais-tu pour combattre
un nécromancien ?
— Eh bien, il faudrait d’abord que je trouve l’arme adéquate.
— Bien. Et quelle arme te semble la plus appropriée ?
— L’idéal serait une épée flamboyante, un peu la même que dans Harry
Potter.
— Parfait ! Et une fois que tu l’as, que fais-tu ?
— Je fais face à mon destin.
— Excellent ! Plutôt que d’attendre cette nuit, je te propose de le faire ici
et maintenant, afin que tu sois en totale sécurité : qu’en penses-tu ?
— Ça serait extraordinaire !
— À qui le dis-tu ! dis-je en souriant.
Après m’être assuré que nous pouvions faire ce travail en toute sécurité,
nous sommes partis à la recherche de l’épée flamboyante. Puis face à son
destin, Grégoire a terrassé le nécromancien. À sa place, je lui ai proposé de
faire venir un ange gardien. Celui de son choix, du super-héros au saint des
saints. Il a choisi saint Michel. Ce qui est très intéressant, c’est de voir de
quelle manière le système de croyance du sujet (dans ce cas, la religion
catholique) peut être une ressource incroyable lorsqu’elle est bien utilisée. Il
est important de souligner que la ressource aurait pu être une autre religion
comme l’islam, le judaïsme, l’hindouisme, le bouddhisme… ou encore une
tout autre croyance : les esprits, les ovnis, et même pour les plus rationnels,
la science ou plutôt le scientisme.

Le scientisme
Le scientisme est une opinion philosophique apparue à la fin du XIXe siècle, selon
laquelle la science a priorité sur les formes de référence ancestrales (religion, tradition,
coutume). Il s’agit donc d’une confiance (sorte de foi) dans l’application des méthodes et
principes de la science moderne quel que soit son domaine d’action.

Suite à cette séance, les crises de somnambulisme ont complètement


disparu. Pendant quelques semaines, Grégoire s’asseyait encore dans son
lit, puis se rallongeait seul, mais il ne hurlait déjà plus à la mort. Lorsque le
problème a disparu, c’est un Grégoire transformé qui apparut. Plus joyeux,
plus extraverti et surtout beaucoup plus confiant. Petit à petit, Grégoire a
repris le goût de sortir, a rencontré du monde et a vécu sa vie pleinement.
Cela m’a valu, et c’est assez rare pour le souligner, les compliments du
médecin psychiatre qui me l’avait envoyé. En ce qui concerne le papa, il
m’a remercié d’avoir, selon ses termes, « exorcisé son fils ». Malgré toutes
mes tentatives d’explications, plus rationnelles les unes que les autres, je
pense qu’il est reparti avec son idée… Mais l’essentiel n’était pas là.
L’essentiel était que Grégoire était tombé guéri !
Dans ce chapitre, tu trouveras un enregistrement d’auto-hypnose qui
t’aidera à faire de tes rêves une ressource. Reporte-toi à la vidéo et amuse-
toi bien !
12

Ouverture à la physique
quantique

« La réalité n’existe pas ! Seule son


interprétation sensorielle partagée a du
sens… »
ROMAIN

Qu’est-ce que la réalité  ? De quelle manière nous représentons-nous le


monde ? Quel est le rôle de nos cinq sens ? Depuis de nombreuses années,
plusieurs physiciens se passionnent pour la physique de l’infiniment petit…
Cette même physique qui, au moment où nous pensions avancer un peu
dans la compréhension des mystères de la vie, nous révèle encore plus de
chaos…
Et si les états amplifiés de conscience venaient appuyer ces théories ? Car
en état amplifié de conscience, de nouvelles règles apparaissent… La notion
du temps, de la relativité, de l’espace, tout est modifié… Cela pourrait-il
correspondre aux diverses dimensions énoncées par la physique quantique ?
Et de quelle manière serait-il possible d’utiliser ces ressources ? Le temps ?
La matière  ? C’est ce que nous allons découvrir… Amis fans de science-
fiction, accrochez-vous…

La conscience du vide
Tout a commencé pendant une séance avec un patient peu bavard… Mes
mains étaient en contact avec la peau de ce patient, pendant qu’une partie
de mon esprit vagabondait… Quand, par association d’idées (comme un
enfant de 4 ans !) j’ai commencé à m’interroger :
— Mais, la peau, c’est formé de quoi ?
— D’un ensemble de cellules.
— Oui, mais un ensemble de cellules, c’est formé de quoi ?
— Eh bien, d’un ensemble de molécules.
— OK, mais un ensemble de molécules, c’est formé de quoi ?
— D’un conglomérat d’atomes.
— D’accord, mais un atome, c’est formé de quoi ?
— Ben, c’est un noyau, entouré d’électrons.
— Et un noyau entouré d’électrons, c’est formé de quoi ?
— ...
— Euh…
— De VIDE…
— 99,9 % de VIDE, de RIEN…
Quel choc… Je venais de m’apercevoir que ma peau, comme celle de mon
patient, comme n’importe quel constituant de notre planète, était constituée
de vide… J’avais donc devant moi un être constitué à 99,9  % de vide,
touchant un autre être constitué à 99,9  % de vide… Mais alors, comment
puis-je avoir la sensation de solidité sous ma main quand je touche quelque
chose  ? À ce moment, je me suis dit  : soit tu es totalement fou, soit il te
manque une information indispensable… C’est à ce moment-là que je me
suis intéressé à la physique quantique…

L’expérience de Young
Ce dont je vais te parler est une expérience très connue du monde
scientifique. Cette expérience a changé à jamais mon regard sur le monde
environnant… De quelle manière agira-t-elle sur toi  ? Je te laisse le
découvrir…
Il s’agit de l’expérience de la double rainure, des fentes de Young, qui fait
passer deux faisceaux de lumière issus d’une même source dans deux trous
d’un plan opaque. On voit alors, sur un écran placé devant les fentes, un
motif de diffraction, c’est-à-dire une zone où alternent franges sombres et
franges illuminées. Si tu souhaites comprendre cette expérience de manière
ludique, tu peux entrer dans la fenêtre de recherche du site YouTube les
mots «  physique quantique pour les nuls  ». L’expérience y est reprise en
dessin animé. Les implications de cette expérience seront abordées plus loin
dans ce chapitre.
La conclusion, à première vue, de cette expérience, est que la matière se
comporte de manière chaotique. Nous ne pouvons donc pas déterminer
totalement la matière. Nous ne connaissons qu’une probabilité. De plus, le
rôle de l’observateur conditionne le résultat. C’est-à-dire qu’il modifie
l’expérience de manière physique.

Voici un exemple concret d’observation


conditionnée :
Regarde un mur blanc.

Quels sont les éléments qui prouvent qu’il est réellement blanc ?

Eh bien, les yeux l’observent comme tel. Ils envoient une information au cerveau, que ce
dernier intègre ensuite comme étant la couleur blanche.

Bien. Maintenant imagine que tu es sous hypnose, et que ta perception sensorielle est
modifiée. Imaginons que le blanc corresponde au rose dans ton esprit (ce qui est tout à
fait envisageable, d’après ce que l’on observe dans n’importe quel bon spectacle
d’hypnose).

De quelle couleur est réellement le mur à présent ?

Il est toujours blanc.

Pourquoi ?

Tout simplement parce que, si une autre personne de ton système voit le mur, elle te
dira que le mur est blanc ! (d’où l’intérêt du génogramme, cf. chapitre Le problème).

Alors que faut-il pour que la réalité existe ?

Pour que la réalité existe, il faut que deux conditions soient réunies : la première est d’en
avoir la perception sensorielle (nous y reviendrons), la deuxième est que le système
dans lequel tu évolues intègre cette information et la partage comme étant la réalité. Si
ces deux éléments sont respectés, tu as la possibilité de modifier la réalité !

La perception subjective au quotidien


Tu vas me dire : Super, mais je ne vois pas comment je peux l’utiliser dans
la vie de tous les jours pour régler mon pro-blème. J’y viens… Nous avons
parlé de perception sensorielle. Nous percevons l’ensemble de la réalité
grâce à nos cinq sens  : la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût. Les
organes des sens communiquent à notre cortex ce qu’ils perçoivent. Grâce à
ces informations, notre cortex reconstruit une image correspondant à notre
système de croyance. C’est un peu comme si nous étions dans une boîte à
chaussures dans laquelle il y aurait cinq trous, que la réalité était à
l’extérieur et que nous percevions la réalité grâce à ces cinq trous…
Prenons un exemple dans le quotidien, cette fois. Lorsque tu appuies sur le
bouton de ta télécommande, la télévision s’allume. Pourtant tu ne perçois
pas le faisceau qui est parti de ta télécommande jusqu’à la télévision…
Même remarque pour les sons : les chiens perçoivent les infrasons, qui sont
inaudibles pour nous ! Nous retrouvons encore ces leurres dans les illusions
d’optique !

Nos sens sont subjectifs… Il faut donc désapprendre pour percevoir


autrement… Peut-être avons-nous besoin de sortir de nos idées préconçues
pour voir plus large et différemment.
Pour percevoir les choses autrement, fais ce petit exercice : relie les points
suivants en quatre traits maximum et sans jamais lever le stylo. Tu as
5 minutes ! À toi de jouer !
Voici la réponse… Il fallait sortir du cadre !

Une ressource pour devenir toi-même


Tu vois, ce petit casse-tête résume bien, à lui seul, la difficulté que nous
avons à sortir du cadre. Alors, si comme nous l’indique la physique
quantique, l’observateur joue un rôle prépondérant dans l’interprétation de
la réalité, il est indispensable d’apprendre à utiliser l’observation comme
une ressource pour devenir nous-même  ! Certaines personnes ont déjà
compris cela : il s’agit de la loi d’attraction ! Loi selon la-
quelle, lorsqu’on souhaite très fort quelque chose, les éléments qui nous
entourent s’arrangent pour nous les fournir, comme si nous créions notre
chance (cf. chapitre Le destin).
Revenons à notre physique quantique… Si le temps est une donnée
importante, sa notion, sa perception est relative (cf. chapitre Le temps).
Certains chercheurs, dont le plus célèbre est Albert Einstein, pensent qu’un
jour l’homme sera capable de courber l’espace-temps afin d’y voyager… un
genre de retour vers le futur, mais en vrai, cette fois !
Si cette hypothèse est encore loin de la réalité, les états amplifiés de
conscience, eux, par la modification des données physiques et sensorielles,
sont possibles, ici et maintenant, dans notre réalité. Imagine pendant
quelques instants que tu utilises ton super ordinateur cérébral, pour calculer,
grâce à tes informations conscientes et non conscientes, les différents futurs
probables… Imagine que tu peux poser à ton «  toi  » des questions qui te
tiennent à cœur, dans le futur…
Avant d’utiliser cette technique, je t’invite à répondre à quelques
questions.

À quel moment, dans le futur, penses-tu avoir réglé ton problème ?


Y a-t-il des étapes entre maintenant et cette période (un anniversaire,
Noël, une réunion…) ?

ÉTAPE 1 : DÉCRIVEZ VOS SENS-ACTIONS


Yeux :
Oreilles :
Sensations :
Émotions :
Autre :

ÉTAPE 2 : DÉCRIVEZ VOS SENS-ACTIONS


Yeux :
Oreilles :
Sensations :
Émotions :
Autre :

Tu as pris le temps de laisser ton esprit vagabonder dans le futur : bravo !


La notion du temps est importante, mais il y a une autre propriété de la
matière que nous n’avons pas abordée… Il s’agit de l’interaction. Lorsque
tout a commencé, la matière ne faisait qu’un… puis, il y a eu le Big Bang…
qui est, selon la grande majorité des scientifiques, à l’origine de l’univers.
Pour certains chercheurs, la matière aurait conservé des propriétés
intrinsèques permettant d’obtenir une action réciproque à distance.
Pour être très honnête, en tant que scientifique, j’ai toujours donné très
peu de crédit à ces théories un peu «  farfelues  »… Mais je manquerais
d’honnêteté si je ne te racontais pas cette histoire…
Un jour, un petit patient, de quelques mois, vient me voir pour un torticolis
congénital avec une plagiocéphalie (déformation du crâne). La maman,
inquiète, me fait part de son angoisse face à la forme du crâne de son fils…
Je la rassure, puis au fil de notre discussion, elle me rapporte que son fils est
constipé depuis la naissance… Après plusieurs changements de lait, le
pédiatre se résout à donner des laxatifs, ce que la mère refuse. Dans un
premier temps, j’ai pensé que le traumatisme lié à l’accouchement, avec les
ventouses, avait modifié l’harmonie du système nerveux autonome de
l’enfant, par une action mécanique sur les fibres de l’anneau autour du trou
occipital. Après un travail consciencieux et appliqué, le crâne reprit
doucement sa forme… Mais pour autant, le problème de constipation
demeurait.
Et puis, j’ai réalisé une démonstration grand public d’hypnose. Durant
cette démonstration, la maman de mon petit patient s’est retrouvée sur la
scène… Au bout de quelques secondes, elle était en hypnose profonde, avec
un relâchement total, un «  lâcher-prise  » instantané… Au même moment,
son téléphone se mit à sonner (information dont je n’ai eu connaissance que
sept jours plus tard)  : c’était la grand-mère du bébé, qui, toute stupéfaite,
laissait un message sur le répondeur de sa fille :
« Ma chérie, c’est incroyable ! Il a fait caca ! Il en a jusqu’aux épaules !
C’est stupéfiant… »
Il faut aborder cette histoire avec un esprit ouvert et critique à la fois.
Nous savons qu’à cet âge-là, le lien mère-enfant est très fort. Cependant, la
synchronicité entre le lâcher-prise de la mère et la libération de l’enfant est
statistiquement incroyable… Il est bien sûr concevable qu’il ne s’agisse que
d’un hasard fortuit. Cependant, se pourrait-il qu’il y ait eu une action à
distance des neurones miroirs entre la mère et l’enfant  ? Est-il possible
qu’une communication instantanée et interne ait pu avoir lieu  ? Cette
situation est-elle une observation des théories quantiques ? Je ne suis pas en
mesure de te répondre… Je te laisse seul juge de cette information…
De ton côté, tu peux mettre à profit l’ensemble de ces nouvelles
ressources, le temps, l’espace, les dimensions et la synchronicité, pour
devenir toi-même…
Tu peux maintenant te reporter à la vidéo « Neuvième enseignement : Le
double quantique ».

Carte heuristique de la physique quantique


Dans la carte heuristique, page suivante, ajoute des dessins, des couleurs.
Laisse ton esprit y mettre de la sensorialité, afin que cette carte puisse être
mémorisée au mieux.

G Conscience et réalité
Imagine que je te lance une balle en pleine tête. La réaction logique et
automatique est de l’esquiver. Pour cela, nul besoin de réflexion. Tu ne
prends pas le temps d’analyser. En d’autres termes, tu ne prends pas le
temps de consulter ta conscience pour savoir si oui ou non il faut
esquiver… Car si tu avais dû consulter ta conscience, cela aurait été
beaucoup plus long !

Le temps de consultation
C’est en 1973, à l’université de San Francisco, en Californie, que
Benjamin Libet, neurophysiologiste, a mené une série d’expériences pour
déterminer le temps de consultation de la conscience. En envoyant des
décharges électriques à la surface du cerveau, il s’est aperçu qu’il y avait un
temps de latence entre le ressenti de la décharge et le moment où elle était
donnée. Ce temps a été mesuré à une demi-seconde. C’est comme si, dans
cette expérience sensorielle, la conscience était en retard d’une demi-
seconde sur la réalité. Bien que cela ne relève pas d’un processus conscient,
notre perception du monde se reconstruit en permanence  : les décharges
sont perçues à un moment précis, mais dans les faits elles ont eu lieu une
demi-seconde plus tôt.

Sois rassuré, ce fonctionnement est tout à fait normal. Il est même


indispensable à la vie. Sinon, dans l’exemple, tu aurais pris la balle en
pleine figure  ! Mais Benjamin Libet est allé encore plus loin. Il s’est
demandé quel serait le processus de décision dans le cadre d’une réaction
qui ne nécessiterait pas une réponse immédiate. Par exemple, s’asseoir sur
une chaise. Pour le savoir, il a demandé à des sujets de bouger leur poignet.
En parallèle de cette action, l’expérimentateur a mesuré trois choses :

le moment où le sujet décide, consciemment, de bouger le poignet,


le moment où l’activité cérébrale commence,
et le moment où le poignet se met à bouger.

Le résultat est stupéfiant. Contre toute attente, l’équipe de recherche a


constaté que la première chose qui se produit est l’activité cérébrale. Puis,
350 millisecondes plus tard, la décision consciente apparaît, et seulement
200 millisecondes après, le poignet bouge. L’expérience donne lieu à une
interprétation bien différente de celle qui est communément admise.
C’est comme si le cerveau prenait les décisions par lui-même, puis en
informait la conscience en lui faisant croire que l’initiative de l’action vient
d’elle. Ainsi, le libre arbitre découlerait-il d’un calcul de notre cerveau qui,
avec ses propres informations, déciderait de manière autonome  ? Peut-
être…
Alors, je te vois déjà répondre, toi en train de lire dans ton fauteuil : Mais
ce n’est pas possible, il dit n’importe quoi ! Moi, je décide par moi-même
de faire ce que je souhaite faire  ! C’est peut-être un choix illusoire, qui
n’existe que dans notre esprit, car même les choses les plus profondes en
nous, telle notre mémoire, sont teintées d’illusion.

Le passé recréé par la mémoire


Cela me rappelle un reportage où les participants étaient invités à
visionner un film au cinéma, puis à se revoir une semaine et un mois après
pour parler ensemble de ce film. Une fois le film visionné, une équipe de
chercheurs a induit un
faux souvenir aux participants : la présence d’une petite fille, dans l’entrée
du hall de cinéma, puis durant le film. Une semaine après, lors d’un premier
rendez-vous, l’organisation simula les excuses de la petite fille, qui ne
pouvait être présente, puis, l’équipe scientifique montra aux participants des
photos où elle avait artificiellement placé la petite fille en arrière-plan.
Personne ne dit alors quelque chose quant à la véracité des photos.
Ce qui est encore plus incroyable, c’est qu’un mois après, lors d’un
deuxième rendez-vous, les participants avaient tous un souvenir très précis
de cette petite fille. La manière dont elle était habillée, là où elle s’était
assise dans le cinéma… certains affirmaient même qu’ils avaient eu une
conversation avec elle. Pourtant, cela était une pure illusion. Leur mémoire
s’était reconstruite sur leur conscience critique, sur certains éléments qui
leur avaient été fournis : discours, photos…

La réalité conditionnée par l’observation


En physique quantique, la fonction d’onde a mis en évidence le fait que la
réalité n’existe pas, car nous la créons. Observée au niveau subatomique
(tout petit), la fonction d’onde permet à un photon, c’est-à-dire une
particule de lumière, à un électron ou encore à un atome, de se trouver à
plusieurs endroits en même temps.
Un peu comme une vague qui se déplacerait en formant une onde de
possibilité. La Terre ne pourrait exister seulement parce que nous sommes
là pour l’observer…
Revenons, pour illustrer cela, à l’expérience de la double rainure ou des
fentes de Young. Si tu n’as pu aller voir la petite vidéo explicative, je te
propose de te l’expliquer ici. Imagine un projecteur envoyant de la matière
en direction d’un écran. Au milieu de ce trajet, nous interposons un autre
écran, dans lequel deux fentes sont réalisées. Sur l’écran, nous voyons deux
traits, qui correspondent à la matière qui est passée par les deux fentes. Le
reste a été bloqué par l’écran intercalé.
Mais maintenant, imagine que l’on envoie une vague. Une vague est une
onde, de l’énergie qui se déplace. Au niveau de l’écran intermédiaire,
l’onde qui passe par la fente 1 interfère avec l’onde qui passe par la fente 2.
Le haut de la vague, d’un côté, interfère avec le bas de la vague, de l’autre.
Le reste donne un patron d’interférence avec un trait très présent (là où les
ondes se sont ajoutées et là où les ondes se sont annulées).
Ce qu’il faut retenir de cette expérience, c’est que :

Lorsqu’on envoie de la matière à travers deux fentes et que l’on


observe le résultat sur l’écran, on obtient deux rainures.
Lorsqu’on envoie une onde, de l’énergie à travers deux fentes, on
obtient un patron d’interférence alternant les rayures (traits pleins,
traits vides).

Mais il faut dire que lorsque l’on passe dans l’infiniment petit, tout devient
différent… Imagine la même expérience avec des électrons (des tout petits
bouts de matière), eux aussi sont également projetés à travers les deux
fentes. Le résultat attendu devrait être deux rainures sur l’écran… Mais…
Quoi  ?  ! Nous obtenons un patron d’interférence  ! Comment cela est-il
possible ? Nous avons envoyé de la matière. Pas de l’énergie.
Pourtant le résultat obtenu est celui correspondant aux ondes. Les
scientifiques ont alors décidé d’aller plus loin. Ils ont installé un système de
mesure au niveau des deux fentes afin de savoir par quelle fente l’électron
passait, et surtout pour expliquer pourquoi il se comportait comme s’il était
une onde. Mais à la grande surprise des scientifiques, les électrons se mirent
de nouveau à se comporter comme de la matière, donnant deux traits sur
l’écran. L’expérience fut renouvelée des centaines de fois à travers le
monde, donnant à chaque fois le même résultat. La conclusion est
inévitable  : l’observation modifie le résultat. Comme si le fait d’observer,
de regarder l’électron modifiait son comportement. Comme s’il avait
conscience qu’on l’observe… Mais l’électron n’a pas de conscience, me
répondrais-tu, et jusqu’à preuve du contraire, je te rejoins sur ce point. Mais
je pense que la vraie question n’est pas là. La véritable question est de
savoir pour quelle raison le fait d’observer modifie le résultat.
Eh bien, comme tu viens de le constater avec l’expérience de la double
rainure et des électrons, il y a un fait indiscutable  : l’observation crée en
partie le réel. Et dans cette phrase, le mot «  observation  » est largement
assimilé au mot conscience.
Transposée sur le plan mathématique, l’expérience est encore plus
incroyable  ! L’électron passe par une fente, puis par les deux, pour
finalement passer par l’ensemble des possibilités qui s’offrent à lui. Cette
hypothèse avancée par Richard Feynman, prix Nobel de physique, s’appelle
«  l’intégrale de chemin  ». Cette intégrale aboutit à une dérivation de
l’équation de Schrödinger.
Il est important que tu saches qu’à ce jour, l’ensemble de ces théories,
défendues par des scientifiques primés et reconnus, reste encore
controversé. Albert Einstein lui-même a longtemps dénigré la physique
quantique, notamment dans une expression célèbre : « Dieu ne joue pas aux
dés ». Mais malgré son désaccord, il a pris le temps de s’y intéresser. Il a
réalisé l’expérience de la double fente et s’est aperçu que la conscience crée
une partie de la réalité.

Les ondes de possibilité dans notre monde


Il semble néanmoins évident qu’il ne suffit pas de voir un sandwich pour
qu’il apparaisse. Notons donc que la notion d’échelle est importante,
puisque ces expériences se font dans l’infiniment petit et ne sont à ce jour
pas transposables à notre échelle. Actuellement, de nombreux scientifiques
cherchent à mettre en relation la physique des grands corps et la théorie
quantique de l’infiniment petit. Cette recherche est connue sous le nom de
Théorie du tout.
Et même dans l’infiniment petit, il ne suffit pas d’observer pour créer
totalement la réalité. Mais que faut-il de plus, exactement ? Eh bien, il faut
une onde  ! Une onde de possibilité, ou onde potentielle. Albert Einstein
l’appelle «  champ fantôme  ». Pour ma part, je préfère «  onde de
possibilité  ». Cette onde a la probabilité d’être onde ou matière, d’être
présente ou pas.
Élargissons la réflexion  : si les particules qui nous forment ne sont
qu’ondes de possibilité et si notre planète, et même notre univers, est formé
de ces particules, alors peut-être que l’univers tout entier n’est qu’une onde
de possibilité. Et peut-être que le simple fait d’exister réside dans le fait
d’en avoir conscience.
C’est l’hypothèse, bien bizarre, que les physiciens Bryce DeWitt et John
Wheeler ont proposée. Ils l’appellent «  la superposition d’onde  », un
concept élaboré avec James Hartle. Pour eux, l’univers se divise
constamment en ondes de possibilité. Le fait d’observer, ou autrement dit
d’en avoir conscience, effondrerait la fonction d’onde pour créer le réel que
nous connaissons. Quant aux autres possibilités qui n’arriveraient pas à la
conscience, elles continueraient de se réaliser dans des méta-mondes, des
univers parallèles… Cela n’a jamais été prouvé et il ne s’agit, à ce jour, que
d’hypothèses. Néanmoins, de nombreux scientifiques, et même de plus en
plus, défendent cette thèse des univers parallèles pour expliquer notre
réalité.
Cher ami lecteur, je sais que tout ce qui vient d’être dit est déroutant, que
cela peut heurter tes croyances. Je t’invite donc à considérer l’ensemble de
ces informations avec prudence, pour que tu puisses te faire ta propre
opinion. Pour te faire un avis, tu devras consulter d’autres sources, d’autres
points de vue.

L’influence du futur sur le passé


Par souci d’honnêteté, allons au bout de ces réflexions. L’univers est bien
bizarre, et l’expérience de la double fente met en avant une autre bizarrerie :
le temps s’influence lui-même. Comme si le futur
pouvait influencer le passé…
Je m’explique. Lorsque tu regardes cette page, tu as l’impression que les
lettres sont écrites de manière continue. Mais si tu prends un microscope, tu
verras que les lettres ne sont qu’une multitude de petits points mis les uns à
côté des autres, au même titre que les pixels d’un écran d’ordinateur. Les
yeux et la conscience ont l’illusion que cela est continu, mais dans les faits,
tout est discontinu. Il est certain que pour lire ces mots, les yeux parcourent
un chemin déterminé et ordonné pour avancer. Mais dans le monde de
l’infiniment petit, tout est différent. Les électrons ne se déplacent pas de
manière continue. Ils font des « bonds quantiques », passant d’une orbite à
une autre, sans pour autant parcourir le chemin qui les sépare des deux
orbites.
Mais revenons à notre question de base. Le futur peut-il influencer le
passé  ? C’est en 1984 que des recherches menées par John Wheeler ont
théorisé ce problème. Il a réalisé, au sein de l’université du Maryland,
«  l’expérience à choix retardé  ». Son équipe a repris l’expérience de la
double rainure et s’est amusée à observer, grâce à un système très
perfectionné, à quel moment, une fois les doubles rainures passées, la
fonction d’onde s’établissait. Autrement dit, les scientifiques ont pu
constater que l’onde devenait particule quelque milliardième de seconde
avant qu’elle ne soit observée. Cela signifie que l’onde se comporte comme
si elle savait qu’elle allait être observée…
Autrement dit, à l’échelle quantique, bien que cela puisse paraître
totalement absurde, le futur détermine le passé. Peut-être que tu trouves ces
informations pertinentes et intéressantes, peut-être que tu trouves cela
totalement absurde. Peu importe. L’essentiel est que tu aies eu accès à ces
informations. Ce que tu en feras t’appartient.

Le temps perçu lors des spectacles d’hypnose


Tu te demandes peut-être pourquoi je te parle de tout cela dans un livre
destiné à résoudre ton problème. Eh bien, personnellement, j’ai commencé
à m’intéresser à la physique quantique en faisant quelques tours d’hypnose
de spectacle avec des amis. À chaque fois que je faisais ces tours, nous
passions un si bon moment que nous ne rentrions qu’à 4 heures du matin.
Comme si la notion du temps s’arrêtait pour l’ensemble des participants.
Même ceux qui ne participaient pas aux expériences ressentaient ce
changement de temporalité. Bien sûr, l’attraction de ces animations pouvait
influencer la vision du temps dans notre petit groupe, mais cela s’est aussi
vérifié avec de plus grandes audiences. Je pense, en particulier, à un
spectacle de six cent cinquante personnes, qui m’a permis de creuser mes
premières observations : pour toutes ces personnes, la perception du temps
a été changée, simultanément.
La seule explication que je peux avancer est liée aux « neurones miroirs ».
Le parallèle entre mes derniers développements sur la physique quantique
et le rôle de l’observateur, que je vais présenter, va sans doute t’intéresser.
Selon moi, les neurones miroirs sont responsables de la phénoménologie
de l’hypnose de spectacle. Un phénomène fréquent lors de ces spectacles va
te permettre de comprendre. Devant l’hypnotiseur, une ribambelle de
personnes est alignée en file indienne. Lorsque le dernier de la file voit le
premier s’effondrer au sol, comme s’il dormait, le dernier de la file, avant
même que j’arrive pour l’hypnotiser, est déjà quasi « parti » : ses neurones
miroirs ont été activés…

Les neurones miroirs


Les neurones miroirs sont une catégorie de neurones dans le cerveau. Ces
neurones, présents chez les animaux comme chez les êtres humains, ont la
particularité de s’activer lorsqu’on observe l’action d’un congénère.
L’objectif est que nous puissions exécuter la même action. Ce sont ces
neurones qui s’activent, par exemple, lorsqu’un individu klaxonne.
Souvent, tu le klaxonnes également comme si cette action était
automatique. D’où le terme « miroir ». Je suis certain que désormais tu ne
te laisseras plus avoir par tes neurones miroirs lorsque quelqu’un râlera
contre toi ;-)
La découverte des «  neurones miroirs  » est considérée comme l’une des
découvertes majeures du XXe siècle. Ces neurones ont une place
prépondérante dans notre quotidien social et cognitif, dans les domaines de
l’apprentissage ou de l’affect.

G Cas clinique : projeter sa conscience dans le futur pour


atteindre un but
Pour illustrer mes propos, je vais te présenter un cas clinique un peu
différent des précédents. Il s’agit d’une auto-thérapie que j’ai réalisée pour
me préparer à l’Ironman d’Embrun, dans les Hautes-Alpes. Cet exemple
sera bien sûr très utile aux sportifs qui préparent des compétitions, aux
personnes qui vont se faire opérer, mais également à celles qui doivent
prendre une décision sans savoir quel choix est le bon. Car si on suit le
raisonnement quantique, quelque part, la décision a déjà été prise.
Pour les non-sportifs, je me permettrai de préciser ce qu’est l’Ironman
d’Embrun. Un Ironman, c’est un triathlon longue distance se composant de
3,8 km de natation, puis de 188 km de vélo (l’équivalent d’une épreuve de
montagne du Tour de France hors catégorie), suivi d’un marathon. Les
professionnels de la discipline accomplissent aux alentours de neuf heures
d’effort. Mon seul objectif ici était de passer la ligne d’arrivée en un seul
morceau.
Pour réaliser ce type d’épreuve, il faut être bien entraîné. Il faut pouvoir
s’entraîner près de 5 heures par semaine, ce qui pour les spécialistes reste
une très petite moyenne. Pour ma part, je partais de loin. Avec mes 95 kg et
ma corpulence de rugbyman, j’aurais plus facilement atteint les
championnats de France d’haltérophilie que la ligne d’arrivée de l’Ironman
d’Embrun. C’est d’ailleurs sûrement cela qui m’a motivé à tenter cette
aventure  : sortir de ma zone de confort, aller me frotter à une épreuve
impossible pour moi et la dépasser.
Je me suis aussi dit que si l’entraînement physique était indispensable,
l’entraînement mental l’était tout autant. Dans un premier temps, j’utilisais
les techniques de visualisation, d’augmentation de la motivation… Bref,
tout ce qu’il y a de plus commun dans le monde du sport de haut niveau.
Et puis, lors d’un footing à 5 heures du matin (oui, quand on a une famille
de trois enfants, un cabinet à faire tourner et un livre à écrire… il n’y a que
ce créneau-là pour s’entraîner !) la lampe frontale accrochée à mon crâne, la
transpiration gelée par la température estivale du nord de la France, le
souffle venant chaque fois embuer mes yeux, ma conscience s’est mise à
divaguer. Elle s’est déplacée, non pas dans l’espace (je ne me suis pas
projeté dans un lieu de confort et de sécurité), mais bien dans le temps  :
j’étais parti à Embrun, sur la ligne d’arrivée. Les yeux pouvaient voir les
supporters qui applaudissaient, les oreilles entendaient les encouragements
des passants dans la rue piétonne, et l’ensemble de mes poils s’hérissait en
entendant la voix du speaker annonçant le numéro de dossard des
courageux passant la ligne d’arrivée. Au passage de la ligne d’arrivée, une
larme a coulé le long de ma joue. Voilà… j’étais finisher ! Tout au moins
dans mon esprit… Car dans le monde physique, une branche d’arbre
tombée pendant la nuit m’a rapidement ramené à la réalité, au bord de la
rivière, où il était 5 h 45. Sans m’en apercevoir, j’avais oublié de rentrer à la
maison pour conduire ma fille au collège. Mais lorsque je me suis aperçu
que les larmes avaient vraiment coulé le long de mon visage, je n’ai pu que
sourire ! La sensation de réussite et de victoire sur moi-même était vraiment
présente à l’intérieur de mon corps.
C’est à ce moment que j’ai décidé d’utiliser l’hypnose pour me projeter
dans un futur positif, bien plus puissant que la visualisation. À chaque
entrainement mental, je vivais cette victoire par les sens. Beaucoup de mes
proches me disaient que je ferais mieux d’aller faire du vélo que de
m’entraîner assis, dans ma chambre. Et nombreux sont ceux qui se disaient
secrètement que j’allais échouer…
Ils ont eu raison  ! La première année. Je manquais d’entraînement
physique et avais sous-estimé la difficulté de l’épreuve. Je me suis arrêté
après 180  km de vélo, car j’étais hors délai de 8 minutes. Ma grande
victoire, c’était surtout que j’avais réussi à continuer après avoir passé le col
de l’Izoard sous la pluie, et malgré mon hypothermie dans la descente.
Personne ne pensait que je passerais ce fameux col de montagne. Alors finir
l’épreuve…
Cette épreuve a renforcé ma motivation  : j’avais désormais un véritable
adversaire. Que serait Batman s’il n’y avait pas le Joker  :-) L’année
suivante, je m’entraînais deux fois plus, tant sur le plan physique que sur le
plan mental. J’utilisais l’hypnose au maximum, notamment pour affronter
les entraînements qui, à la longue, usaient mon envie de réussir. Ce mental
d’acier, il me servirait le jour J.
Puis le jour du départ arriva. Ce fut une journée épuisante, tant sur le plan
physique que mental. Heureusement, l’ensemble de mes proches était là
autour de moi pour m’accompagner et m’encourager. Pour la première fois
de sa vie, ma femme a même couru 24 km à mes côtés, pour vérifier que je
ne tombe pas dans les vapes… Puis le dernier tour de la course à pied est
arrivé. Ce moment, que j’avais tant de fois vécu en hypnose… Quelle ne fut
pas ma surprise, à mon passage dans la rue piétonne… Les mêmes
personnes, les mêmes encouragements et les mêmes odeurs  ! Seule la
couleur du ciel était différente. Il faisait nuit. Or, dans mon hypnose, il
faisait jour. J’ai continué, pas après pas, avec des crampes que je ressentais
jusqu’à l’intérieur des os, tant elles étaient puissantes.
Arriva ce moment exceptionnel des 100 derniers mètres sur le tapis bleu
(rouge dans mon hypnose), le speaker qui scande mon prénom et les
supporters heureux de me voir passer la ligne en un seul morceau… J’ai
vécu ce moment hors du temps, regardant le ciel et me demandant comment
cela avait pu arriver…
Bizarrement, il n’y eut pas de larmes sur mon visage. Elles avaient peut-
être toutes déjà coulé pendant mes entraînements en auto-hypnose… Quoi
qu’il en soit, sans cette préparation mentale hypnotique, je n’aurais pas été
en mesure de réaliser cet Embrunman. Pour l’anecdote, il s’est déroulé en
16  heures et 52 minutes. À 8  minutes (encore une fois, huit minutes) du
temps limite de l’épreuve. Cette fois-ci, les 8 minutes étaient de mon côté…
Je profite de ces quelques lignes pour remercier les gens qui ont cru en
moi, mais aussi les personnes qui ne croyaient pas en moi. Celles qui
rigolaient de moi à l’entraînement, lorsque je ressemblais à un éléphant sur
une bicyclette. Vous m’avez donné la force, c’est-à-dire une colère, une
rage qui, une fois canalisée, grâce à l’hypnose, m’a permis de me dépasser
pour… devenir moi-même.
13

Le destin

« C’est toujours par hasard que l’on


accomplit son destin. »
MARCEL ACHARD

Nous avons tous connu cette sensation bizarre de déjà-vu… Comme si la


scène s’était déjà produite… Peut-être était-ce un rêve, peut-être était-ce,
simplement, prévu  ?! Comme si le destin réservait quelque chose pour
chacun d’entre nous… Et si le libre arbitre était la possibilité de rejoindre,
ou non, ce qui nous est destiné ? Avons-nous une destinée à laquelle nous
devons répondre afin d’être pleinement épanoui ?
Je ne peux m’empêcher d’observer la nature : si les abeilles pollinisent la
flore et lui permettent de se développer, si les arbres consomment le
dioxyde de carbone évacué par l’homme et fournissent l’oxygène nécessaire
à notre survie, si le plancton doit servir de nourriture aux animaux marins,
c’est que tout ici est organisé dans un savant équilibre homéostatique
(cf. chapitre 5). Alors, pourquoi en serait-il autrement pour nous ?
Si le destin existe, est-il possible de l’utiliser comme une ressource pour
suivre sur le chemin de notre vie  ? Indépendamment de notre système de
croyance ou de notre religion, comment pouvons-nous progresser vers
l’accomplissement de soi  ? Laissons notre intuition nous montrer le
chemin…
La séance que je te propose maintenant est le fruit de plusieurs rencontres,
avec des chamans d’Amérique du Sud, avec des thérapeutes venus de tout
horizon… Elle ne s’inscrit dans aucune religion, dans aucune croyance
ésotérique. Car pour ma part, il y a plusieurs chemins pour atteindre
l’accomplissement de soi… Que l’on soit chrétien, musulman, juif,
bouddhiste, athée, scientifique, témoin de Jéhovah, quel que soit notre
guide spirituel, il y a deux choses que nous avons tous en commun… Nous
sommes nous et nous habitons tous dans notre corps.
Un corps qui se situe sur cette planète, pour un moment donné, pour une
période définie. Comme si on nous avait prêté notre corps, avec sa
possibilité d’agir, ici et maintenant, pour une durée déterminée…
Mais si les actions de nos semblables sont, par moments,
incompréhensibles, nous ne sommes pas sur cette Terre pour les juger…
Car, comme l’écrit Alexandre Jollien, «  Juger la réalité, c’est vouloir
occuper le trône de Dieu, et la place est déjà prise. » Nous sommes juste là
pour être et vivre.
Par chance, nous possédons tous une conscience  ! Mais combien de fois
prenons-nous le temps de l’écouter, de la laisser nous guider ? Combien de
fois le tumulte de nos émotions nous empêche d’entrevoir la lumière qui
émane de l’intérieur  ? J’affectionne particulièrement la pleine conscience.
C’est Christophe André qui, par l’intermédiaire de ses ouvrages, me l’a fait
découvrir.
Pour ma part, et par facilité je l’avoue, j’ai poursuivi sur le chemin
hypnotique. Cela m’a amené à prendre conscience de cette force intérieure
que nous avons en chacun d’entre nous. Cette force, qui selon les cultures,
peut prendre un nom différent  : Jésus, Allah, Bouddha, Jéhovah… mais
aussi le Big Bang, les énergies, les chakras, le magnétisme ou encore les
noyaux, les interactions… Quelle que soit l’échelle où l’on se trouve et
notre croyance, nous sommes en lien direct avec cette force qui domine
toute chose. Cette sagesse universelle…
Je ne sais pas encore de quelle manière cet apprentissage agira sur toi… et
je t’invite à partager sur le Facebook Homéo Stasia, dédié à la
thérapeutique : tes ressentis, tes émotions, tes questions… Car aujourd’hui,
tu vas prendre le temps d’écouter cette force, de faire un contrat avec elle
afin qu’elle puisse te guider, t’accompagner, sur le chemin qui est
désormais le tien, pour devenir toi-même, chaque jour…
Tu peux maintenant te reporter à la vidéo «  Dixième enseignement  : La
force universelle. »

Carte heuristique du destin


Dans la carte heuristique, page suivante, ajoute des dessins, des couleurs.
Laisse ton esprit y mettre de la sensorialité, afin que cette carte puisse être
mémorisée au mieux.

G Cas clinique : la sagesse universelle sur ton chemin


Expliquer la séance suivante serait bien imprudent, puisque chacun
possède sa propre vision du monde et ses propres croyances. Je ne me
risquerai donc pas à donner une explication. La seule chose dont je peux
parler ici, c’est l’utilisation d’une certaine sagesse universelle. J’y viens
toujours en dernière séance. J’aborde donc aussi cette notion à la fin de cet
ouvrage.

En fin de thérapie, j’évoque la notion de sagesse universelle avec le


patient pour qu’elle l’accompagne dans sa vie future. Le patient est venu
faire une étape dans mon cabinet  : il est donc venu s’équiper
émotionnellement, physiquement et mentalement, puis il retourne à sa vie.
Vie qui ne sera pas toujours facile ; et peut-être que cela me rassure, moi,
thérapeute de savoir qu’il est accompagné, entouré au minimum de sa
propre intuition. Ou, en tout cas, qu’il y sera plus attentif. Ainsi équipé, il
n’est plus seul et le monde est à sa portée.
Je te rapporterai mon expérience auprès de Marie, avec qui j’ai réalisé une
série de séances. Marie est une adolescente de 14 ans, obèse, et qui, malgré
tous les régimes et toutes les thérapies, garde ses kilos. Après trois séances
d’hypnose au cabinet, nous convenons que la thérapie mise en place n’est
pas adaptée.
Nous décidons d’y mettre un terme, car voilà six semaines que nous
travaillons ensemble sans résultat. Alors je lui dis que, puisqu’elle est là,
nous allons faire une séance qui lui permettra de trouver la solution avec ou
sans aide, dans les prochains jours, les prochaines semaines ou les
prochains mois… LA séance a eu lieu (celle qui est présentée sous forme
d’auto-hypnose dans ce chapitre) et Marie est sortie du cabinet avec son air
boudeur habituel, cet air d’ado déçue par ce qu’elle pensait être l’hypnose.
Ce n’est que trois mois plus tard que j’eu des nouvelles de Marie par SMS.
Voici son message : « Bonjour Romain. Je ne sais pas si c’est votre truc de
sagesse universelle, mais quand je suis sortie de chez vous, j’ai eu la
diarrhée pendant quatre jours, et c’est comme si j’avais eu un déclic : j’ai
arrêté les bonbons et je me suis même mise à manger des légumes. Ma mère
m’a même demandé si je n’étais pas malade ! Quoi qu’il en soit, je continue
à respecter ma part du contrat et je continue à perdre du poids. J’en suis à
18 kg en moins et je compte bien continuer comme ça. Merci pour tout. »
Je sais que cela paraît un peu gros, mais c’est bien ce qui s’est passé. Si tu
souhaites lire d’autres retours de séances, je t’invite à te rendre sur la page
Facebook du cabinet, à «  Vandendorpe Romain  »  :
https://www.facebook.com/homeo.stasia.1
Si tu le souhaites, tu peux venir poser tes questions, tes interrogations, aux
patients qui ont déjà réalisé des séances. Car ensemble, nous sommes plus
forts.
14

La Fin n’est qu’un Début

J’aime beaucoup ce symbole. Il s’est trouvé plusieurs fois sur mon


chemin… Il me rappelle que nous sommes toujours en mouvement, qu’il
soit physique, psychique ou émotionnel. Il me rappelle également que quel
que soit l’instant, le moment, la vie nous donne l’opportunité d’être cette
personne que nous souhaitons être. Pas toujours de manière agréable, certes,
car apprendre n’est pas toujours facile !
Ce livre n’a qu’une seule vocation  : permettre un changement, peu
importe lequel… car le reste t’appartient  ! Il t’appartient de te faire ta
propre image de toi-même et du monde. Ne te laisse jamais dicter ce que tu
dois penser. Sois assez ouvert d’esprit pour entendre ce qu’il y a autour de
toi et garde cet esprit critique pour rejeter ce qui ne te semble pas conforme
à qui tu es.
Ce livre est juste là pour partager un vécu. Une expérience que j’ai la
chance de vivre au quotidien. La seule utilité véritable de cet ouvrage est de
faire partager un savoir-faire et un savoir-être, afin que ce dernier se diffuse
en toi, auprès des personnes qui t’entourent, des thérapeutes, des médecins.
Que ce soit par l’information, ou par l’apprentissage de l’hypnose
thérapeutique. Cette technique fait à présent partie de mon métier de
kinésithérapeute et d’ostéopathe  : je pratique maintenant une thérapie
alternative.
J’espère qu’au fil des pages tu as découvert cette personne formidable qui
sommeille en toi. Cette personne qui sait désormais qu’il y a en elle
d’infinies ressources. La vie qui t’attend est d’ailleurs comme ce signe
infini…
Dans la vie, pour une raison ou pour une autre, on «  tombe  »… parfois
avec des étapes, parfois sans étapes… Et là, on se pose une question… Une
question très simple mais humaine : POURQUOI ? Et puis, à un moment,
on change de question : COMMENT ? Et à ce moment-là, on commence à
progresser, mais on ne le sait pas… Car ce processus est inconscient.
Dans cette progression, à un moment, on a besoin d’un coup de pouce
pour changer l’angle de la caméra, pour avoir un autre point de vue. Peut-
être que ce coup de pouce était ce livre  ? Et puis, on continue de
progresser… Sur le chemin, il est normal de faire des pauses, d’avoir des
contretemps. C’est souvent à cause de ton sac à dos, trop lourd ! Mais dès
que tu as pris conscience de ce qui pèse sur ton dos, tu continues de
progresser, jusqu’à un moment clé… Tu jettes ton sac à dos, car il est
devenu inutile, encombrant, comme si tu avais trouvé un nouvel
équipement, à l’intérieur de toi…
Alors, tu continues ta progression. Cela prend un certain temps, cela varie
de quelques secondes à plusieurs semaines. Il est normal d’avoir de petites
rechutes. Cela s’appelle la vie. Mais on ne retombe jamais plus bas, car on a
appris ! Et fort de cet apprentissage, on retrouve la vie, dans son équilibre
instable, avec ses hauts et ses bas. Désormais, tu as les capacités pour y
faire face.
Je vais te demander de faire une dernière chose. La personne la plus à
même de t’aider si, un jour, tu vas moins bien, c’est c’est toi ! Mais, c’est
toi quand tu vas bien. Cette personne que tu es maintenant ou que tu es en
train de devenir… Je te propose donc de t’écrire une lettre à toi-même, pour
que, si un jour tu en as besoin, tu puisses retrouver ces mots. Je te propose
d’écrire une lettre pour un jour de pluie…

LETTRE POUR UN JOUR DE PLUIE


Il n’y a plus qu’un seul mot à dire  : BRAVO  ! Bravo pour ce
cheminement. Bravo d’être allé jusqu’au bout des choses. Bravo d’être parti
à la découverte de toi-même. Bravo de m’avoir écouté et lu durant tout ce
temps. Bravo d’être juste toi, car être juste toi, c’est largement suffisant.
Pour ma part, j’ai pris beaucoup de plaisir à écrire ce livre, et j’espère que
tu en auras pris autant à le découvrir. Merci d’être toi. Je suis très heureux
d’avoir pu t’accompagner sur ton chemin pour devenir toi-même…
Bonne route !
Bibliographie
Ouvrages et articles scientifiques
Meyer M. L’hypnose découvrir l’histoire, les mécanismes et les bienfaits du processus hypnotique.
Paris : Eyrolles pratiques. 2014
Virot C, Bernard F. Hypnose, douleurs aiguës et anesthésie. Paris : Arnette. 2013
Benhaiem J.-M. L’hypnose médicale. Paris : Med-Line éditions. 2010
Yvay S. L’analgésie sous hypnose : approches théoriques, expérimentales et thérapeutiques. [thèse].
2005
Maquet P, Faymonville ME, Degueldre C et al. Functional neuroanatomy of hypnotic state. Biol
Psychiatry.1999. 45;327-333
Faymonville ME, Laureys S, Degueldre C et al. Neural mechanisms of antinociceptive effects of
hypnosis. Anesthesiology. 2000, May. 92:1257-67
Rainville P. Neurophénoménologie des états et des contenus de conscience dans l’hypnose et
l’analgésie hypnotique. Théologiques. 2004;12(1-2):15-38
Cojan Y, Waber L, Schwartz S et al. The brain under self-control: modulation of inhibitory and
monitoring cortical networks during hypnoticparalysis. Neuron. 2009 June 25;62:862-875
Faymonville ME. Functional neuroanatomy of hypnotic state. J Phys. 2006 Mar 18; 230 463-469
Kosslyn SM, Thompson WL, Constantini-Ferrando MF et al. Hypnotic visual illusion alters colour
processing in brain. Am J Psychiatry. 2000 Aug ; 157(8):1279-84
Rainville P, Hofbauer RK, Bushnell MC et al. Hypnosis Modulates Activity in Brain Structures
Involved in the Regulation of Consciousness. J Cog Neuro. 2002;14(6):887-901
Demertzi A, Soddu A, Faymonville ME et al. Hypnotic modulation of resting state fMRI default
mode and extrinsic network connectivity. Progress Brain Research. 2011;193:309-321
Servant D, Lebeau JC, Mouster Y et al. La variabilité cardiaque : un bon indicateur de la régulation
des émotions. JTCC. 2008;18:45-48
Servant D, Logier R, Mouster Y, Goudemand M. La variabilité de la fréquence cardiaque. Intérêts
en psychiatrie. ENCEP. 2008;193:0-6
Becchio J. Hypnose en soins palliatifs. Bulletin infirmier du cancer. 2009
HAS. Enjeux et spécificités de la prise en charge des enfants et des adolescents en établissement de
santé. [guideline]. 2011 dec.
Godin J. Hypnothérapie. Psychiatrie. Paris : Elsevier. 1991
Bioy A, Crocq L, Bachelart M. Origine, conception actuelle et indication de l’hypnose. Annales
médico-psychologiques. 2013;171:658-661
C Virot. L’hypnose en kinésithérapie. ProfessionKiné. 42:7-14
Faymonville ME et al. Hypnose : des bases neurophysiologiques à la pratique clinique. Conférence
d’actualisation. 2005 ; p. 59-69
Faymonville ME. Plénière du Pr Marie-Elizabethe Faymonville. [vidéo]. Cinquième congrès
international sur l’hypnose et la douleur. La Rochelle. Mai 2014
Boly L, Phillips C, Balteau E et al. Consciousness and cerebral baseline activity fluctuations. HBM.
2008;29;868-874
Célestin-Lhopiteau I, Bioy A. Aide-mémoire : Hypnoanalgésie et hypnosédation, en 43 notions. Paris
: Dunod. 2014
Crawford HJ, Gur RC, Skolnick B et al. Effects of hypnosis on regional cerebral blood flow during
ischemic pain with and without suggested hypnotic analgesia. Int Jour Phy. 1993;15:181-195
Becchio J. Plénière du Dr Jean Becchio. [vidéo]. Cinquième congrès international sur l’hypnose et la
douleur. La Rochelle. Mai 2014
Charron S, Koechlin E. Divided Representation of Concurrent Goals in the Human Frontal lobes.
Sciences. 2010 Apr 16;328-363
Laureys S, Goldman S, Phillips C et al. Impaired effective cortical connectivity in vegetative state :
Preliminary investigation using PET. Neuroimage. 1999;9:377-382
Laureys S, Faymonville ME, Maquet P. Quelle conscience durant le coma ? Pour la Science. 2002
dec;302:122-128
Laureys S, Faymonville ME, Peigneux P et al. Cortical Processing of Noxious Somatosensory
Stimuli in the Persistent Vegetative State. Neuro Im. 2002;17:732-741
Vanhaudenhuyse A, Demertzi A, Schabus M et al. Two distinct neuronal networks mediate the
awareness of environment and of self. J Cogn Neur. 2010;x-y:1-9
Ulvoas V. L’hypnose en rééducation : Point sur son usage médical. Quelles modalités d’applications
dans la kinésithérapie ? [thèse]. 2012-2013
Gay MC. L’hypnose : un descriptif. J Amp. 2007;165:172-179
Finel K. Apprivoiser le changement avec l’auto-hypnose. Paris : InterEditions-Dunod. 2009
Fabbri Paolo. Considérations sur la proxémique. In : Langages, 3e année. Pratiques et langages
gestuels. 1968;10:65-75
Hall ET. La Dimension cachée. Paris : Seuil. 1982
École française d’hypnose. La bulle proxémique. [cours et vidéo].
Le Gall F. Adapter la communication quand le patient a des troubles du langage : quels moyens pour
le masseur-kinésithérapeute ?. [thèse]. 2008-2011
Bandler R. Le Temps du changement. Chabreloche: La tempérance. 2002
Mothe B. Étude comparée de l’efficacité thérapeutique de l’hypnose et de la relaxation dans la
fibromyalgie. [thèse]. 2009 mars 16.
Institut UPSA. Le choix de l’hypnose pour soulager la douleur. [guide pratique]. La douleur, des
recommandations à la pratique. 2009 mars. 7 : 1-12
Lafitte A, Ducere C, Stevenin J. Hypnose et douleur en médecine nucléaire. [thèse]. 2009-2012
Pellegrini M. L’hypnose éricksonienne dans la prise en charge de la douleur chronique. J Douler.
2008;9:65-70
Faymonville ME, Roediger L, Del Fiore G et al. Increased cerebral functional connectivity
underlying the antinociceptive effects of hypnosis. Cogn Brain Res.2003 Mar;17:255-262
Rainville P, Carrier B, Hofbauer RK et al. Dissociation of sensory and affective dimensions of pain
using hypnotic modulation. Pain. 1999;82:159-171
Evans MB, Paul GL. Effects of hypnotically suggested analgesia on physiological and subjective
responses to cold stress. In : Virot C, Bernard F. Hypnose, douleurs aiguës et anesthésie. Paris :
Arnette. 2013
Meurisse M, Faymonville ME, Joris J et al. Chirurgie endocrinienne sous hypnose, De la fiction à
l’application clinique quotidienne… Ann Endoc. 1996;57 (6):494-501
Davadant M, Raffoul W. L’hypnose  : Un apport de choix dans la prise en charge du patient
gravement brûlé. Med Emergency. 2011;7:5-7
Bienvenue M, Roger L, Andreu-Gallien J et al. L’hypnose pour accompagner la grossesse et
l’accouchement : travail hospitalier de préparation à la naissance. Douler. 2013;14:250-254.
Guiglion L. Outils thérapeutiques dans la prise en charge de l’anxiété au cabinet dentaire, MEOPA
et l’hypnose. [thèse] 2014
Faymonville ME, Mambourg PH, Joris J et al. Psychological approaches during conscious sedation.
hypnosis versus stress reducing stratégies: a prospective randomized study. Pain.1997;73:361-367.
Castel A, Pérez M, Sala J et al. Effect of hypnotic suggestion on fibromyalgie pain: comparison
between hypnosis and relaxation. Eur J Pain. 2007;11:463-468.
Cornwall MW, Bruscato MP, Bary S. Effect of Mental Practice on Isometric Muscular Strength.
JOSPT. 1991 May;13(5):231-234
Ikai M, Steinhaus AH. Some factors modifying the expression of human strength. J  Appl Physiol.
1961; 16(1):157-163
Takarada Y, Nozaki D. Hypnotic Suggestion Alters The State of the Motor Cortex.
Mayrand J. Comparaison des effets de deux techniques de relaxation sur le stress, l’anxiété et les
symptômes de l’eczéma. [thèse]. 2010 mars.

QUELQUES LECTURES ENRICHISSANTES, QUE JE TE CONSEILLE


Christophe André, 25 leçons pour vivre en pleine conscience
Christophe André, Imparfaits, libres et heureux
Christophe André, Alexandre Jollien, Mathieu Ricard, Trois amis en quête de sagesse
Tony Buzan, Tout sur la mémoire
Jean-Jacques Charbonier, La Conscience extraneuronale
J.-R. Dos Santos, La Clef de Salomon
Dabney M. Ewin, Les 101 choses que j’aurais aimé savoir quand j’ai commencé à pratiquer
l’hypnose
Sigmund Freud, Sur le rêve
Giovanni Macioca, Les Principes fondamentaux de la médecine chinoise
Sébastien Martinez, Comment briller en société sans sortir son téléphone portable
Michel Odoul, Dis-moi où tu as mal, je te dirai pourquoi
Matthieu Ricard, Plaidoyer pour le bonheur
Anthony Robbins, Pouvoir illimité
Eline Snel, Calme et attentif comme une grenouille
Paul Watzlawick, Le Langage du changement
Bernard Werber, Le Sixième Sommeil
Remerciements
À Michèle, ma femme, qui lui a donné une tête bien faite,
À mes enfants, Louca, Sasha et Lina, qui lui ont donné la créativité et
l’insouciance,
À Raph, qui lui a donné les yeux,
À Bernard, qui lui a donné les oreilles,
À Sabine, qui lui a donné la didactique,
À mon éditeur et surtout Marilyne, qui lui a donné la confiance,
À mes patients, qui lui ont donné la matière,
À toi lecteur, qui lui donne vie…
Sommaire
1. À propos de ce livre…
2. Préface
3. 1
4. 2
5. 3
6. 4
7. 5
8. 6
9. 7
10. 8
11. 9
12. 10
13. 11
14. 12
15. 13
16. 14
17. Bibliographie
18. Remerciements

Landmarks
1. Cover

Vous aimerez peut-être aussi