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de l’Auto-Hypnose
ROMAIN VANDENDORPE
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© IDEO 2017, un département de City Editions
Couverture : © Shutterstock/Studio City
ISBN : 978-2-8246-1019-1
Code Hachette : 69 4531 4
Catalogues et manuscrits : city-editions.com/IDEO
Conformément au Code de la Propriété Intellectuelle, il est interdit
de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage, et ce,
par quelque moyen que ce soit, sans l’autorisation préalable de l’éditeur.
Dépôt légal : Septembre 2017
À propos de ce livre…
Ce livre s’adresse aux lecteurs qui rencontrent une difficulté dans leur vie,
et qui souhaitent la surmonter grâce à l’outil hypnotique. Il est donc écrit
dans un langage atypique et propose des enregistrements audio d’auto-
hypnose. Après avoir découvert les bases techniques de l’hypnose, vous
pourrez lire l’introduction pratique et le chapitre lié à votre problème. Puis
vous aurez le loisir d’évoluer au gré des pages, selon vos besoins… Chaque
partie est une clef qui permet d’accéder à vos ressources internes pour
devenir vous-même.
Tous les chapitres fonctionnent sur le même modèle :
Le langage de l’hypnose
http://www.alternativ-therapies.com/#!blank/dgl04
Difficultés :
* Niveau idéal pour débuter
** Niveau intermédiaire
*** Niveau avancé
Préface
Avant d’entrer dans le vif du sujet, rappelons certaines choses à propos du
cerveau… Le cerveau humain est l’une des structures les plus étonnantes et
complexes de l’univers. Il possède, à lui seul, 100 000 milliards de
neurones. Un nombre équivalent à celui des étoiles dans la galaxie. Si nos
neurones étaient mis bout à bout, l’ensemble correspondrait à la distance
Terre-Lune !
G La segmentation du cerveau
Pour comprendre le cerveau, les scientifiques l’ont segmenté en parties.
Le cerveau se partage en deux hémisphères : d’un côté le cerveau gauche :
rationnel, logique, siège de la conscience critique ; et de l’autre le cerveau
droit : artistique, intuitif, imaginatif, siège de la conscience virtuelle.
C’est grâce aux travaux du professeur Henri Laborit qu’une nouvelle
segmentation est apparue : celle des trois cerveaux. Le cerveau « reptilien »,
relique d’un passé instinctif, pulsionnel, lié à la survie, répond aux réflexes
les plus primaires. Le cerveau « limbique », siège des émotions, de
l’adaptation à l’environnement, est un filtre entre nos perceptions
sensorielles et notre interprétation émotionnelle. Et enfin le cerveau
« cortical », plus connu sous le nom de néocortex, est le Saint Graal de la
réflexion, de l’analyse, de l’abstraction et de la créativité. De son côté, le
physicien Ned Herrmann distingue cinq parties différentes dans les deux
cerveaux. Il est intéressant d’observer que ce découpage se rapproche
étroitement des cinq principes énergétiques chinois (feu, eau, bois, terre,
métal). Nous y reviendrons dans le chapitre 6, dédié aux religions et aux
philosophies de vie…
Et enfin, c’est en 1969, à l’université de Stanford, que le renommé docteur
Karl Pribram, physiologiste du cerveau, suggéra l’idée d’un « cerveau
holographique ». Un modèle qui résulte de l’analogie entre deux
découvertes majeures : celle des microchamps, par Sir John Eccles, en
1963, et celle de l’holographie, en 1948, par Dennis Gabor, prix Nobel de
physique. Les microchamps sont des ondes électriques de courte distance
qui se propagent localement autour de toutes les synapses, c’est
-à-dire autour des connexions entre les neurones qui constituent le cerveau.
Comme le cerveau, ce livre est segmenté, afin que son enseignement soit
mieux assimilé. Sur le mode du tutoiement, on suivra un cheminement
créatif, imaginatif, qui fait appel à la métaphore et aux techniques
hypnotiques. Cette partie concerne le cerveau droit. Par ailleurs, on trouvera
aussi dans ce livre des explications rationnelles, documentées et
explicatives, qui font appel, elles, au cerveau gauche (parties précédées du
signe G). Tout au long de ta lecture, tu voyageras donc entre cerveau droit
et cerveau gauche, un peu comme la respiration va entre inspiration et
expiration. Comme si ta conscience, elle aussi, bougeait, vivait, dans ce
mouvement entre conscience critique et conscience virtuelle.
L’hypnose
La gestion de l’attention
Afin que tu puisses réaliser par toi-même l’importance de la gestion de
l’attention, je t’invite à regarder cette vidéo. Mais avant le visionnage,
prépare-toi. Tu vas devoir noter dans les lignes suivantes le nombre de
passes réalisées par l’équipe blanche. En fonction de ton score, tu pourras
déduire ton niveau de vigilance. Alors concentre-toi bien ! Pour un test dans
les meilleures conditions, je t’invite à arrêter la vidéo dès que le test est
réalisé. Tu pourras ensuite revenir au livre.
► Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=vJG698U2Mvo
Alors, combien as-tu trouvé de passes ? Note dans le cadre ci-dessous ton
score :
Si tu fais partie des 30 % qui ont vu le gorille, ton attention est plus
globale, et tant mieux.
Si tu te trouves dans les 70 % qui ne l’ont pas vu, c’est génial : c’est
toi qui possèdes la plus grande capacité à améliorer ce qui doit être
amélioré.
L’attention est donc un processus que tout un chacun doit prendre le temps
de domestiquer. ON peut ainsi améliorer sa compréhension, celle de soi, des
autres et du monde.
L’état de transe
Pour en revenir aux phénomènes de transe, il y a différents types de transe
et différentes profondeurs de transe que nous allons prendre le temps de
décrire ensemble.
« Transe » est un mot à connotation spirituelle, chargé d’un vécu plus ou
moins ésotérique, mystique, voire magique… La transe correspond à un
état, on parle bien d’ « état de transe ». Il s’agit d’un état dit « modifié de
conscience » permettant l’accès à un ensemble de ressources internes. Cet
état possède des caractéristiques propres que nous allons prendre le temps
de décrire. Bien évidemment, tous les signes ne sont pas repris dans leur
intégralité. Aux férus de physiologie humaine, je conseille les articles du
professeur Faymonville…
LES SIGNES OBJECTIFS DE LA TRANSE
La transe correspond, au niveau des ondes cérébrales, au stade 1 du
sommeil paradoxal. Le sommeil paradoxal est une phase très active du
sommeil, faisant suite à la phase de sommeil léger, de sommeil moyen et de
sommeil profond. Le sommeil évolue selon une courbe caractéristique que
nous connaissons tous : éveil, temps, inactivité cérébrale.
Cela, bien sûr, dans l’idéal ! Chaque graphique peut être différent et si tu
souhaites découvrir le tien, tu peux utiliser des applications gratuites
comme « isommeil ».
Les signes les plus facilement observables sont le battement des paupières
à la fermeture des yeux, ou encore le rythme respiratoire plus calme et plus
profond, un état proche de celui de la relaxation. On peut également repérer
une salivation plus importante, des déglutitions ou encore des
larmoiements.
LES SIGNES SUBJECTIFS DE LA TRANSE
Dans le processus de transe, des signes plus subjectifs sont observables sur
le sujet, tels que :
La vie
La parabole du nageur
La vie est loin d’être un long fleuve tranquille… Elle est plutôt comme
une succession de vagues, d’épreuves, où chacun développe sa stratégie.
Lorsqu’une vague arrive, tu laisses les yeux l’observer et les oreilles capter
le son du défi qui t’attend ! En parallèle, le cerveau active le système
nerveux autonome, sa branche sympathique (augmentant ainsi ta fréquence
respiratoire, ta fréquence cardiaque, ainsi que ton tonus musculaire). Ton
corps est alors prêt ! Puis, tu te mets à nager, nager de plus en plus fort, de
plus en plus vite, encore et encore, pour traverser cette vague ! Tu mobilises
ainsi l’ensemble de tes ressources disponibles. C’est de cette énergie
physique et mentale dont tu as besoin pour avancer dans la vie. Puis, au prix
de nombreux efforts, tu passes enfin au-dessus de la vague. Et à peine as-tu
eu le temps de profiter de ce moment que déjà une autre vague se profile à
l’horizon, concentrant à nouveau ton regard. Tu recommences ainsi sans
cesse…
Dans un premier temps, la régénération du corps et de l’esprit permet de
recharger ce qui doit être rechargé. Une alimentation équilibrée permet
d’apporter les nutriments nécessaires aux différents acteurs de notre corps.
La respiration y contribue en apportant l’oxygène indispensable au bon
fonctionnement de chaque cellule.
Mais qu’en est-il de l’esprit ? Eh bien… l’esprit a besoin de temps. Du
temps, pour intégrer. Du temps, pour digérer les informations, les sensations
et les émotions issues de notre perception de la réalité. Le temps à lui
accorder est proportionnel à la taille de la vague bien sûr, mais également à
la capacité de récupération du nageur, à sa capacité à s’adapter en
permanence. Dans la majorité des cas, nous avançons sur le chemin de la
vie de cette manière, jour après jour, vague après vague…
Jusqu’au jour où, soit les vagues deviennent trop grandes, soit elles sont
trop nombreuses… Le nageur, ne connaissant aucune autre stratégie,
s’épuise… Il essaie dans un premier temps de redoubler d’effort. Les yeux
le préviennent dès qu’ils le peuvent. Les oreilles deviennent presque
sourdes au son environnant. Le cerveau donne l’ordre de mettre toutes les
ressources au service de la stratégie. Le corps est au maximum de ses
possibilités… Mais cela reste insuffisant. Tous les efforts ne permettent pas
de franchir la vague…
Et ce qui devait arriver, arriva ! La vague emporte le nageur dans son
rouleau compresseur, secouant tout son corps et tout son être. Les repères
disparaissent, l’éloignant encore davantage de son objectif.
C’est à ce moment que le cercle vicieux commence. La difficulté se
transforme en problème : la recherche de solutions cesse et les ressources
s’épuisent. Le nageur ne prend plus le temps. L’esprit ne peut plus intégrer
de nouvelles sensations, de nouvelles données. Il ne dirige plus le nageur
dans la bonne direction et progressivement, à son insu, ce dernier se laisse
emporter par le courant…
Durant cette dérive, le nageur se pose des questions, une question :
POURQUOI ?
Pourquoi moi ?
Pourquoi je n’y arrive pas ?
Pourquoi suis-je comme ça ?
Pourquoi cela est-il arrivé ?
Pourquoi je n’ai pas su penser à ?
Pourquoi en suis-je arrivé là ?
Pourquoi j’ai fait ça ?
Pourquoi je pense ça ?
Pourquoi j’ai dit ça ?
Le guide montre le chemin, indique la route à prendre, mais c’est toi qui
avances ! Le guide est toujours à tes côtés… à une condition ! Fais ton
maximum pour le rendre inutile ! Le guide te permet de prendre le temps.
Prendre le temps de trouver une nouvelle stratégie pour passer la vague.
Juste s’arrêter quelques instants. Comme si le temps était suspendu…
Observer la vague, pour, au bon moment… plonger dedans. Ce n’est pas
facile, c’est vrai, de plonger à l’intérieur de la vague au bon moment…
Mais cela a un but : restaurer l’équilibre, même instable, de la vie.
Homéostasie et équilibre
Il est très important de faire la différence entre la notion d’équilibre et la notion
d’homéostasie. L’homéostasie est un processus par lequel le système (que ce soit un
être humain, un système professionnel, un écosystème ou un système de croyance)
cherche à maintenir les différentes constantes d’un milieu dans les limites de valeurs
dites « normales » sans jamais, cependant, les atteindre. Un mouvement intrinsèque est
ainsi maintenu en permanence dans le système. Ce mouvement est la vie.
Le problème
Définir le problème
Dans cette partie, tu vas prendre le temps de définir le problème : sa
manifestation, sa fréquence. De quelle manière il influence ton corps, ton
comportement. De quelle manière il vient brouiller le flot de tes pensées…
Pour cela, je t’invite à remplir le cadre suivant le plus honnêtement
possible !
Prends tout le temps nécessaire pour remplir les lignes suivantes. Cela sera
peut-être rapide ou un peu plus long, peu importe… Il n’est pas facile d’être
honnête avec toutes les parties de ses consciences. Il s’agit là d’une épreuve
dont la réussite ne dépend que de la motivation que tu y insuffleras. Que la
force soit avec toi…
Bien ! Tu as pris le temps de mettre les mots sur tes maux ! Laisse
maintenant une partie de ton esprit réfléchir : quels sont les facteurs qui
augmentent ton problème (la période de la journée, au travail, à la maison,
une personne, une activité, ou toute autre chose…) ?
Excellent ! Ton problème a la capacité de changer ! Et s’il est capable de
changer dans un sens, c’est qu’il est capable de changer dans l’autre…
Peut-être pas tout de suite, mais bientôt. Qui sait… ?
Maintenant, laisse une partie de ta mémoire observer quels ont été les
éléments qui ont favorisé la solution (le repos, une personne, un animal, le
soleil, un moment dans la journée, ou toute autre chose…).
Bravo ! Comme tu peux le constater, « le problème » est une entité
vivante ! Il fait partie de toi. De nombreuses fois, tu as essayé de le
diminuer, de l’oublier et même de le faire disparaître. Tu as peut-être déjà
réalisé des démarches, rencontré plusieurs spécialistes du monde médical et
paramédical…
Si une certaine colère t’anime, je l’entends. Sache que toutes ces
personnes qui ont croisé ton chemin ont fait du mieux qu’elles pouvaient.
Elles ont toutes essayé de soigner, de guérir ton problème… Chaque
intervenant a participé à la mise en place de stratégies qui, rajoutées aux
tiennes, se sont toutes révélées inefficaces.
Eh bien, je vais te demander une chose, une seule : STOP ! Arrête
d’essayer, arrête de vouloir améliorer quoi que ce soit ! C’est une stratégie à
laquelle tu t’emploies depuis trop longtemps… Laisse tout simplement les
choses se faire… Lorsque tu te coupes, tu cicatrises ! Tu ne fais rien pour
cicatriser ? Eh bien là, c’est pareil : prends le temps de ne rien faire ! Car
continuer à s’épuiser, continuer à rapprocher les bords, n’est pas utile ! Cela
ne permet pas de cicatriser ! Que la cicatrisation soit physique, psychique
et/ou émotionnelle.
Alors, laisse juste le temps à la partie de ton esprit incons-cient de faire ce
qu’il a à faire… Même si cela n’est pas facile, même si ce n’est pas encore
dans tes habitudes. Laisse-toi guider pour devenir toi-même… Car si le
problème est une partie de toi, tu ne peux le supprimer, ni même l’enlever.
Par contre, tu peux le modifier… Le modifier jusqu’à le rendre
confortable…
Ça commence à changer !
Maintenant que tu as enfin stoppé le cercle vicieux, une partie de ton
esprit va pouvoir se transformer en détective…
Revenons là où tout a commencé… Pour cela, prends quelques instants
pour laisser ton esprit voyager dans le passé… Pour te remémorer ce que les
yeux viennent de lire. Pour te souvenir de ton étonnement à la lecture de ces
pages et, au fur et à mesure que les images défilent dans ton esprit, revenir
là où tout a commencé…
Bien ! Je t’invite maintenant à indiquer quelle est ta vie à ce moment-là.
Note ce que les yeux voient, ce que les oreilles entendent, ce que le corps
sent et ressent. Note la période à laquelle cela s’est déroulé (1 an avant, 2
ans après).
Note toutes les scènes qui te semblent importantes autour de cet instant. Et
surtout, si les émotions se présentent : laisse faire ! Une fois que tu auras
répondu aux questions, n’y apporte plus aucune correction.
Réaliser un génogramme
On continue ! Reviens au temps présent. Tu vas réaliser l’arbre
généalogique et social de ton système de vie. C’est ce que l’on appelle un
génogramme. Le génogramme est la représentation symbolique de ton
système de vie sociale.
Il se construit de la manière suivante :
Voici un exemple :
FUTUR
PASSAGE
La sécurité
Les personnes-ressources
Comme nous en avons parlé précédemment, ton lieu sûr doit être
relationnel, dans le cas contraire ce serait un lieu de fuite. Je t’invite donc à
réfléchir aux personnes qui pourraient te rendre visite dans ce lieu sûr
(attention, il est indispensable que tu sois seul dans ton lieu sûr : les
personnes-ressources sont uniquement de passage !).
Prends quelques instants pour noter quelles sont les personnes-ressources
qui pourraient te rendre visite dans ton lieu sûr. Inscris-les par ordre
d’importance pour toi. Note bien qu’une seule suffit largement… même si
elle est imaginaire ou improbable !
MES PERSONNES-RESSOURCES
Te voilà maintenant prêt à créer la clef, pour utiliser ta première ressource.
Tu peux maintenant te reporter à la vidéo « Premier enseignement : Le lieu
de confort et de sécurité ».
Le cas de Théo
Ce cas clinique étayera mes propos. Théo est un petit garçon de cinq ans.
Selon sa maman, il a peur du noir. Pour elle, cela vient d’une vidéo sur les
zombies, qu’il a regardée avec son grand frère. Depuis, il ne trouve plus le
sommeil… Il se réveille plusieurs fois par nuit en hurlant et finit dans le lit
de ses parents.
Par ailleurs, Théo est un petit garçon charmant. Tout se passe bien pour lui
à l’école. Il a de bons rapports avec ses camarades de classe et avec sa
maîtresse qui, comme il le dit lui-même, lui permet de découvrir le
monde… Théo adore la Chine (merci maîtresse !) et comme beaucoup de
petits garçons, il est fan de Spider-Man.
Une fois le problème explicité par la maman, je lui demande de sortir afin
de pouvoir m’entretenir seul avec Théo :
— Alors Théo, j’ai entendu le problème que maman avait avec ton dodo,
mais toi, est-ce que tu as un problème que tu voudrais résoudre et que tu
n’arrives pas encore à résoudre ?
— Ben, c’est ma nouvelle chambre…
— Ta nouvelle chambre ?
— Oui, on a déménagé et je suis arrivé dans une nouvelle chambre. Avant,
dans mon ancienne chambre, tout allait bien pourtant…
— Depuis que tu as déménagé, c’est différent ? Et tu les as déjà vus, ces
monstres ?
— Ben non, les monstres, ça n’existe pas, dit maman…
— Pourtant, tu les entends, ce ne sont pas encore des monstres calmes et
tranquilles. (Sourire)
— Non, ils me font peur. Du coup, je me cache sous ma couette, je fais un
petit trou pour respirer, et quand vraiment j’ai trop peur, je me mets à crier
de toutes mes forces et je cours dans la chambre de papa et maman.
À ce moment, on pense que le cas de Théo correspond au schéma
classique du déracinement, qui est dû au déménagement de sa famille. On
se dit que pour résoudre le problème, il faudra l’obliger à faire le deuil de
son ancien chez-lui. Mais une autre possibilité plus rapide et plus efficace
existe…
— Hmm… Ce n’est pas un problème facile ce que tu me racontes là. La
dernière fois que j’ai entendu une chose pareille, c’est quand Spider-Man
est venu dans mon cabinet.
— Ah bon, tu connais Spider-Man ?
— Oui, enfin, je connais ce qu’il veut bien partager avec moi… L’autre
jour, il est venu parce qu’un gros méchant terrorisait la ville. C’était un
méchant qui détruisait tout sur son passage. Spider-Man avait très peur qu’il
détruise la maison dans laquelle il a grandi avec sa tante. Pour lui, cette
maison est l’endroit le plus beau du monde : il y a tous ses jouets, ses
déguisements et même son lit…
— Spider-Man aussi a peur ?
— Oui, tout le monde a peur à un moment dans sa vie. Mais la différence
entre un héros et un zéro, c’est que le héros écoute sa peur pour mieux la
transformer en force. Et toi, elle est où, dans ton corps, la peur ?
— Elle est dans mon ventre.
— C’est bien. Ferme les yeux et prends le temps de l’observer de
l’intérieur… Elle ressemble à quoi ?
— À un zombie qui enflamme une maison. (L’imagination des enfants est
exceptionnelle !)
— Un zombie qui enflamme une maison… Super ! Surtout, ne fais rien
qui pourrait lui faire peur ou s’enfuir. Qu’est-ce que tu pourrais faire pour
transformer le zombie ?
— Ben, je pourrais appeler Spider-Man, pour qu’il ramène le zombie dans
sa maison et qu’il laisse la mienne tranquille.
— Excellent ! Comment tu vas faire pour l’appeler ?
— J’ai un talkie-walkie Spider-Man…
— Génial ! Appelle-le et laisse-le régler le problème. Et lorsque le
problème sera résolu, tu pourras me le dire.
Après quelques minutes, toujours les yeux fermés…
— C’est bon : il a ramené le zombie dans le monde des zombies et il a
éteint l’incendie. Le feu s’est éteint et il a même reconstruit toute ma
maison.
— Il est trop fort ce Spider-Man ! Et cette maison, tu la connais ?
— Oui, c’est mon ancienne maison, avec ma nouvelle chambre !
— OK, c’est cool, ça ! Et il y a ton talkie-walkie dans ta chambre ?
— Oui, il est sur ma table de nuit.
— Super ! Et est-ce qu’il y a un endroit dans ton corps où tu voudrais
installer ton ancienne maison et ta nouvelle chambre ?
— Oh oui, dans mon cœur : comme ça, elle sera toujours avec moi !
— Très bien, prends le temps de l’installer confortablement dans ton cœur,
pour qu’elle se sente en sécurité. Lorsque ce sera fait, installes-y le passage
secret qui te permettra de retrouver tout de suite ton ancienne maison, et
d’être en totale sécurité. Prends-le à chaque fois que tu en auras besoin, et
aussi souvent que nécessaire. Tu auras juste à frotter ton cœur, comme toi
seul sais le frotter. Dès que tu auras installé le passage, tu pourras rouvrir
les yeux et revenir ici et maintenant, avec moi, dans cette pièce.
Quelques instants plus tard, Théo ouvre les yeux. Je lui explique qu’il a
maintenant un pouvoir magique, comme Spider-Man, et qu’à chaque fois
qu’il aura besoin de cette ressource, il n’aura qu’à frotter son cœur, comme
il l’a fait ici. Puis je l’invite à aller chercher sa maman dans la salle
d’attente. Je lui explique, à elle aussi, que désormais Théo a un pouvoir
magique. J’ajoute que si son fils a peur des monstres, il faut simplement
l’encourager à frotter son cœur, sans lui dire que les monstres n’existent
pas. Il faut l’aider à devenir le héros de la nuit (clin d’œil à la maman). Très
surprise, la maman comprend néanmoins assez vite le système.
C’est ainsi que Théo a été acteur de sa guérison. À la séance suivante, il
m’a rapporté un beau dessin de Spider-Man à côté d’un gros cœur. La
maman, très étonnée du résultat (notons qu’elle avait déjà fait de multiples
séances avec d’autres thérapeutes), m’a remercié chaleureusement. Je lui ai
dit que le plus grand merci devait être fait à Théo, car c’est lui qui a trouvé
la solution.
Bien sûr, il ne s’agit que d’un exemple, et loin de moi la prétention de
vouloir en faire une généralité ! La résolution n’est pas toujours aussi
spectaculaire ni aussi rapide. Cepen-dant les résultats sont là.
Petite astuce
L’histoire du soir est un moment privilégié entre le papa ou la maman et l’enfant. Les
contes utilisent un langage métaphorique puissant, qui parle directement à l’imagi-naire
de l’enfant. C’est le mode de communication auquel les enfants sont le plus réceptifs,
car ils ont une imagination débordante ! Alors pourquoi ne pas créer tes propres
histoires du soir, en reprenant les problématiques du jour ou de la semaine ? Cela
favorisera l’échange entre toi et ton enfant et augmentera ta propre créativité.
1. Placer l’auditeur dans un autre temps et un autre espace (ex : Il était une fois…)
4. Aborder le problème, avec une phrase exprimant l’émotion ressentie (... qui avait peur
de voler)
5. Énoncer les tentatives infructueuses pour le résoudre (... elle essaya de se lancer
d’un arbuste, mais tomba par terre)
6. Imaginer une rencontre salvatrice à l’extérieur de l’espace premier (... elle décida
d’aller voir le grand sage de la forêt)
7. Montrer comment le problème est résolu (...Il faut que tu t’envoles du cerisier de la
forêt, il te donnera la force).
5
Le temps
QUESTION 1 2 3
1 A B C
2 A C B
3 B A C
4 A C B
5 A C B
6 A C B
7 A B C
8 B A C
9 B C A
10 B A C
Tu as une majorité de A
Tu te laisses bercer par le rythme du temps, tu es souvent passif et
contemplatif face à ton environnement. Tu le laisses agir à ta place. Le
risque est que cette utilisation oisive du temps t’empêche de devenir cette
personne que tu souhaites devenir… Chez toi, tout se passe à l’intérieur…
Alors après l’observation, passe à l’action !
Tu as une majorité de C
Tu n’as pas le temps, l’organisation dont tu fais preuve ne te laisse pas le
temps de te centrer sur toi-même… Tu es donc toujours en train de courir…
mais après quoi ? Tu ne le sais peut-être pas encore… Alors prends le
temps, car ce que tu cherches à l’extérieur se trouve à l’intérieur…
Tu as une majorité de B
Tu as réussi à trouver ton équilibre entre faire et ne rien
faire… Cet équilibre dynamique te permet d’optimiser ton mode de vie.
Continue sur cette voie et si tu t’en éloignes, prends le temps de te
remémorer cet instant, ce moment, cette réussite.
Il est évident que nous sommes tous un peu de A, un peu de B et un peu de
C et que le résultat d’aujourd’hui sera peut-être différent demain, et peut-
être encore après-demain, car vivre, c’est s’adapter. C’est être flexible face
aux vagues de la vie… Il n’est pas rare que pour s’adapter, pour passer les
différentes étapes clés de la vie, certaines personnes dépensent l’énergie,
qui, dans le futur, pourrait leur manquer.
Maintenant que tu t’es situé dans le temps de la vie, laisse ton esprit
divaguer à travers ces différentes périodes…
… comme si tu laissais le film de ta vie se dérouler devant les yeux de
l’esprit inconscient.
… comme si tu laissais à une partie de ton esprit la possibilité d’observer
les situations d’un angle différent : comment vois-tu ton enfance ? ton
départ du cocon familial ? ton premier travail ? cet instant où tu deviens
parent ? l’âge de la retraite ?
Il est possible que ces pensées ne soient pas encore agréa-bles, ni
confortables : laisse-les alors voyager dans ton esprit tranquillement comme
si un nuage d’informations passait…
En parcourant les étapes clés de ta vie, tu as peut-être pu mettre en
évidence des périodes, des âges qui n’ont pas été faciles, fluides pour toi…
Il est possible qu’une partie de toi y soit encore… ou pas… Sache que ce
phénomène d’âge clandestin est tout à fait normal, et il est plus ou moins
visible selon les personnes. Dans l’image ci-dessus, on voit facilement
comment la part d’enfant qui est en l’homme, ses émotions, se manifeste
dans sa vie. Il est souvent bien moins facile d’en prendre conscience… Il
est important de savoir qu’un âge clandestin peut être également une très
belle ressource. Il est indispensable d’être en phase avec l’enfant qui
sommeille en toi… Prends le temps de le laisser grandir, en ne faisant rien
d’autre que laisser les choses se faire.
Pour aller plus loin, je te laisse le soin de remplir les lignes suivantes :
Nom :
Prénom :
Âge officiel :
L’attention
Elle désigne la tension de l’esprit vers quelque chose. Ce mot, dont la racine est latine et
vient du mot attentio, est le synonyme de concentration. Il est intéressant d’observer
attentivement cette définition. En effet, dans l’ensemble tension de l’esprit, le mot
tension sous-entend un effort. Ce dernier peut être soit physiologique, comme un biceps
lors d’un exercice de musculation, soit psychologique, comme la concentration devant
un devoir. Ou encore émotionnel. Par exemple : mon fils est en décrochage scolaire et
cette situation m’épuise. Cette situation me demande trop d’attention…
Durant les trente dernières années, notre mode de vie et notre gestion du
temps ont beaucoup évolué. Avec l’arrivée des téléphones portables,
d’Internet, de la télévision numérique et de ses multiples programmes, c’est
comme si notre attention était constamment sollicitée, surexploitée. Pour
certaines personnes, dont tu fais peut-être partie, cette sur-sollicitation
maintenue sur le long terme peut entraîner une dégradation générale de la
santé. Trois facteurs de santé sont menacés : le physique, le psycho-
émotionnel et le métabolisme.
Fatigue
Migraines
Courbatures
Tendinites (souvent bilatérales)
Torticolis
Contractures musculaires (surtout au niveau des trapèzes)
Blocages du dos type lumbago
Hypertension artérielle
Syndromes inflammatoires
Diminution des défenses immunitaires
Maux d’estomac
Reflux gastriques
Digestions difficiles
Intolérances alimentaires
(type gluten, produits laitiers…)
Troubles au niveau des selles
(version marmelade ou crottes de lapin)
Stress
Repli sur soi
Impatience
Être négatif
Irascibilité
Rigidité
Colérique
3
4
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
Cas clinique
— Allô !
— Oui, je suis monsieur M. Je viens de la part de monsieur J. Je voudrais
un rendez-vous pour le mardi 15 à 18 heures.
— Bien, monsieur M. Tout d’abord, bonjour. Sachez que je ne suis pas
disponible à cette date, mais qu’il est possible de prendre rendez-vous le
vendredi 18 à 17 h 30 car une personne s’est décommandée…
— Ah non, ce n’est pas possible car, comme vous le savez sûrement, je
dirige un grand groupe commercial et j’ai des occupations très importantes
dans le monde de la finance. Je ne peux donc pas me rendre disponible pour
un petit bobo qui ne m’embête pas sérieusement (On notera ici la négation,
qui indique, au contraire, que cela est un réel problème pour la personne !).
— Bien, dans ce cas, je peux vous proposer un rendez-vous dans un mois
et demi au mieux.
— Si loin ?! Mais j’ai mal, moi !
— Désolé, monsieur M, mais je ne peux pas me démultiplier…
— Bon, soit ! Je tâcherai de me rendre disponible pour le vendredi.
— Très bien, à vendredi, monsieur M.
Il est très intéressant de passer un moment au secrétariat du cabinet pour
avoir l’opportunité d’un premier contact avec le patient. Dans ce cas précis,
monsieur M montre qu’il est très occupé, que sa douleur devrait passer au
second rang car il l’a décidé. Il n’a pas le temps de s’occuper de ce corps
qui lui parle car le temps, c’est de l’argent. Par mon recadrage, je lui
permets de donner la priorité à son problème de santé, au message de la
douleur, pour modifier son agenda. Porter de l’attention à sa douleur permet
au système nerveux autonome (SNA) de mettre en place un processus de
guérison.
Le fameux vendredi à 17 h 30 arrive et, comme cela arrive parfois,
puisque je travaille avec des personnes et non avec des machines, j’ai 20
minutes de retard :
— Bonjour, monsieur M !
— Hmm…
— Vous pouvez rentrer et choisir la place la plus confortable pour vous.
J’arrive dans 5 minutes.
Il est courant que je laisse volontairement le patient seul dans le cabinet
afin qu’il puisse se retrouver avec lui-même et fixer son attention sur les
images, les objets et les symboles qui ornent le cabinet. Dans ce cas précis,
je sors pour provoquer mon interlocuteur et pouvoir utiliser sa colère
comme une ressource motivante.
Huit minutes plus tard, revenant avec une tasse de thé…
— Vous ne manquez pas de culot, monsieur Vandendorpe !
— Pardonnez mon étonnement… mais pourriez-vous m’expliquer
pourquoi ?
— Vous avez plus de 20 minutes de retard et vous vous permettez une
petite pause pour aller boire un thé alors que j’attends votre séance. C’est
totalement irrespectueux et intolérable. D’ailleurs, je ne sais même pas
pourquoi j’attends ici… J’ai un ami professeur qui m’a dit qu’en une
semaine mon problème pourrait être réglé si je venais le consulter.
— C’est vrai ? Eh bien, si j’étais vous, j’irais voir votre ami ! Car moi, je
ne suis qu’un petit thérapeute de la banlieue du Nord. Alors vous savez, je
n’ai sûrement ni la maîtrise ni les compétences de votre ami. (J’utilise ici
une stratégie thérapeutique appelée la « position basse » afin de
désamorcer l’injonction du patient).
— Oui, c’est sûr ! Enfin maintenant qu’on y est… Mais ne me faites plus
jamais ce coup-là !
— Monsieur M, vous avez voyagé dans le monde entier. Rencontré des
personnes formidables, des stars, des politiciens, des chefs d’entreprise du
monde entier. Vous avez sans doute mangé dans les meilleurs restaurants de
la planète, voyagé dans les voitures les plus confortables, reçu les honneurs
et les privilèges réservés aux plus grands de ce monde…
— Oui, c’est sûr que je n’ai pas à me plaindre…
— Pourtant, malgré toutes ces expériences, toute cette culture, toute cette
intelligence, il y a quelque chose que vous n’avez pas appris et que vous
allez apprendre ici.
— Ah bon ? Quoi ?
— Eh bien, vous allez apprendre à attendre. Apprendre à ne rien faire !
— ... (Silence.)
Suite à cet échange, monsieur M m’explique que, depuis qu’il a atteint
l’âge de la retraite, une douleur le fait souffrir à son bras droit. Il sait qu’il
devrait s’en occuper un peu plus, mais il n’a pas le temps, car il a son
empire financier à gérer et que tout le monde compte sur lui.
— Depuis combien de temps vous êtes à la retraite ?
— Officiellement, depuis cinq ans. Mais dans les faits, je ne me suis pas
arrêté, parce que tout le monde compte sur moi… je ne peux pas m’arrêter !
— C’est certain. Au moins, la mort vous fera du bien !
— Pardon ?!
— Oui, si vous n’arrivez pas à vous arrêter vous-même, si vous laissez le
cours de la vie prendre le contrôle sur vous, alors la mort se chargera
d’arrêter l’engrenage infernal. C’est un peu radical, mais au moins vous
n’aurez plus mal !
En utilisant cette stratégie, je montre à monsieur M à quel point la vie le
domine. Ce qui est paradoxal car monsieur M aime diriger. C’est un chef
(nous y reviendrons dans la fin de ce livre) et il ne dirige pas réellement sa
vie. L’image de la mort est volontairement choquante : il faut créer chez lui
un déclic, un insight…
— Heu… Oui effectivement, c’est un point de vue. Enfin, j’espère pouvoir
y arriver autrement.
— Vous l’avez dit : autrement ! En réalisant des choses que vous n’avez
jamais faites et en vous exposant ainsi à un résultat que vous n’avez jamais
eu ! Je vous propose donc de vous installer confortablement et de ne rien
faire…
Suivit alors la séance disponible dans ce chapitre. Au cours de son
protocole de soins, monsieur M a appris à prendre le temps de ne rien faire.
À donner le temps à son corps et à son esprit. À s’occuper de l’intérieur.
Bien sûr d’autres stratégies
ont été utilisées en parallèle, mais il est certain que, sans cet appel
téléphonique et sans ce premier entretien, le résultat n’aurait pas été aussi
efficace. Monsieur M a vu s’estomper la douleur dès la première séance. La
douleur a totalement disparu dès la troisième séance et, dès la quatrième,
nous arrêtions la prise en charge. Mais il n’y a rien d’étonnant dans le
remède : de manière naturelle, s’il y a le jour et la nuit, s’il y a l’inspiration
et l’expiration, s’il y a le blanc et le noir, le yin et le yang, il y a bien les
moments où l’on s’active et les moments où l'on décide de ne rien faire…
Petite astuce
Profite du temps d’attente pour ne rien faire : un feu rouge, une salle d’attente, une file à
la caisse du supermarché… Ce sont là des opportunités pour ne rien faire, ne rien
penser, et stopper de manière efficace la course infernale de l’attention : du portable à la
voiture, de la voiture au travail, du travail à l’ordinateur, de l’ordinateur à la voiture, de la
voiture aux enfants… Tu donneras ainsi à ton système intérieur l’occasion de s’occuper
de lui-même, de ce qui est vraiment important et, pour cela, trente secondes suffisent.
Trente secondes que tu t’offres à toi-même. Trente secondes pendant lesquelles tu
deviens propriétaire de ton attention. C’est peut-être un beau cadeau à se faire chaque
jour, qu’en penses-tu ?
6
L’équilibre et la vie
Le mal nécessaire
L’instabilité est donc un mal nécessaire à notre développement. Les
épreuves, les vagues que nous traversons, sont autant d’étapes qui nous
forgent, nous apprennent et nous permettent de devenir nous-même. Car si
nous tombons… c’est pour apprendre à nous relever ! Il est donc illusoire
de vouloir chasser le mal. Et il est illusoire de vouloir s’en débarrasser…
D’ailleurs, cela fait longtemps que tu souhaites t’en débarrasser, du mal ! Et
tout ce que tu as obtenu, naturellement, c’est une dépense d’énergie
considérable, pour un résultat qui n’est pas à la hauteur de tes attentes…
Sois rassuré, j’ai voulu faire comme toi… Pendant longtemps, j’ai voulu
« guérir » mes patients, leur enlever leurs douleurs, leurs problèmes. J’ai eu
des résultats encourageants… des accalmies, un soulagement relatif… Oui,
ça a été mieux… pendant quelques jours, quelques semaines tout au plus…
me répondait-on. Plus le problème était ancien, plus l’accalmie était de
courte durée. Alors j’ai cherché… Et c’est en commençant à chercher du
côté de la méditation, que l’idée m’est apparue : en ne faisant rien… Cela
ne résonne-t-il pas avec le chapitre précédent ?! ;-)
Le problème est un mal nécessaire et indispensable… le bannir, le fuir,
l’affronter même, ne permet pas de faire disparaître son expression, sa
place, sa présence… J’ai donc pris le temps de lui faire une place, un cadre
de libre expression… Libre de tout jugement. Juste observer ce qu’il se
passe… pour ensuite, laisser la vie faire ce qu’elle a à faire… Et les patients
ont commencé à évoluer, marche après marche, jour après jour… C’est
grâce au sombre que nous pouvons appréhender le clair. C’est en voyant, en
observant notre énervement, que nous rencontrons le calme. C’est grâce à
l’infini qu’existe la notion du fini. C’est grâce au rien que tu reconnais la
présence…
PROBLÈMES RESSOURCES
sombre clair
complexe simple
Quelle est l’image qui apparaît devant tes yeux à la lecture de ces
mots ?
Quels sont les sons qui arrivent dans tes oreilles à l’écoute de ces
mots ?
Quelles sont les sensations dans ton corps à l’évocation de ces mots ?
G Cas clinique
Voici un cas clinique qui te permettra de mieux comprendre le sujet.
Madame X vient à mon cabinet car elle est stressée. Elle a des crises
d’angoisse depuis l’âge de 12 ans et cela l’empêche de respirer.
Actuellement, elle est professeur de physique au collège, est mariée et a
deux enfants. Après les formalités d’usage, elle commence à me raconter
son problème :
— Je viens vous voir car je n’en peux plus ! J’ai constamment un poids
sur ma poitrine qui m’empêche de respirer. J’ai consulté mon médecin, qui
m’a envoyée chez un spécialiste, qui m’a dit que c’était dans ma tête. Mais
je ne suis pas folle ! J’ai donc été voir un ostéopathe, qui m’a dit qu’il fallait
que je travaille ma respiration chez un kiné, où j’ai eu deux rendez-vous par
semaine pendant six mois. Je n’en ai tiré aucun bénéfice. Du coup, je me
suis rendue chez mon généraliste, qui m’a envoyée chez un psychiatre, où
après deux ans de thérapie, je suis toujours au même stade. Pour lui, cela
vient de mon enfance… Je travaille avec des enfants qui ne sont pas
toujours faciles, mais j’aime mon boulot.
— Bien, depuis combien de temps avez-vous ce problème ?
— Depuis l’âge de 12 ans.
— Quelle était votre vie à 12 ans ?
— Mon arrivée au collège n’a pas été facile. J’étais beaucoup plus grande
que les autres et tout le monde me traitait de grande asperge, de fil de fer.
En plus, à la maison, mon père était dur avec moi, il m’empêchait de voir
mes copines. Et je me souviens d’un jour où je devais faire un exposé au
tableau. C’est là que ma poitrine s’est serrée pour la première fois et que je
suis tombée dans les pommes…
— OK.
— Mais, vous savez, si je viens vous voir, ce n’est pas que pour ça !
— Ah bon ?
— Oui (et elle sort son dossier médical de 15 centimètres d’épaisseur) car
j’ai aussi une douleur à la tête, des migraines, sûrement dues à ma jambe
plus courte à gauche, et puis… j’ai aussi un problème de mâchoire, en plus
de ma douleur au ventre due à mon côlon irritable, les spécialistes pensent
que ma respiration…
— Hop hop hop ! Vous allez m’hypnotiser.
À ce moment-là, je suis certain d’avoir une patiente chronique qui a une
multitude de problèmes à résoudre. Le point de départ est peut-être cette
période de vie où elle est entrée en sixième, ou peut-être pas. Devant la
multitude de problèmes satellites, je lui propose la séance sur l’équilibre
instable (page 81).
La séance se termine et je lui demande si elle a des questions ou si elle
souhaite me faire part de quelque chose :
— C’est bizarre, j’ai revu mon mari dans la main des problèmes…
Ce fut une grande surprise, car elle n’avait montré aucun signe de
problèmes relationnels avec lui depuis le début de la consultation.
— Et donc ?
— Eh bien, il a le même prénom que le garçon qui me harcelait au collège.
— D’accord, et avez-vous autre chose que vous souhaitez partager ?
— Oui, c’est comme si je venais de m’en rendre compte… Mon mari est
une personne très extravertie. Dans un groupe, il prend facilement la parole.
Il aime être au centre des conversations. Cela ne me dérange pas, je suis
plutôt discrète. Mais il est vrai que le week-end dernier, je me suis aperçue
que je ne pouvais pas en placer une, et c’est d’ailleurs juste après que j’ai
fait une crise. Il m’a ramenée à la maison, et m’a dit de me calmer et de me
reposer… (dit-elle en devenant toute rouge).
— J’ai l’impression qu’il y a une émotion qui est présente, non ?
— Oui. Je suis en colère. Comme si j’avais envie de hurler…
— Super !
Nous avons poursuivi avec un travail de libération émotionnelle sur le
souffle. Cela a permis à madame X d’extérioriser physiquement les
émotions. Après qu’elle a repris ses esprits, suite à cette libération somato-
émotionnelle, j’ai continué :
— Je vais vous donner un exercice. C’est un exercice indispensable et
obligatoire. Cela veut dire que si vous ne le faites pas, il n’y aura pas
d’autres séances. Votre mari est-il prêt à tout pour que vous alliez mieux ?
— Oui, il est vraiment toujours là pour moi.
— Bien, alors vous allez changer de place dans le lit !
— Ah non, c’est pas possible ! Il ne voudra jamais ! En plus, j’aime pas
son côté, il est du côté de la fenêtre et je vais avoir froid.
— Bien, alors je pense que vous n’allez pas pouvoir tomber guérie. Vous
n’avez sûrement pas la ressource pour mettre en place ce petit changement.
— Combien de temps, le changement de place dans le lit ?
— Trois semaines.
— Heu… (dans un grand soupir), je ne pense pas qu’il sera d’accord !
— OK, eh bien demandez-lui ! S’il est prêt à tout pour que vous alliez
mieux, il est bien prêt à changer de place dans le lit et, s’il vous demande
des explications, vous lui dites la vérité ! J’ai été voir Romain. Il m’a donné
un exercice pour aller mieux, je ne sais pas pourquoi il m’a demandé ça,
mais pour aller mieux, je dois le faire ! Si vraiment il a besoin
d’explications, vous lui dites qu’il appelle le cabinet.
Après quelques minutes, madame X accepta l’exercice. À ce jour, aucun
conjoint ne m’a appelé au cabinet et 100 % d’entre eux ont accepté de
changer de place dans le lit. Soit le conjoint est devenu d’un coup beaucoup
plus conciliant (mais j’en doute). Soit le jugement reposait sur une croyance
et l’exercice a fait tomber cette croyance, en améliorant l’échange et la
communication. Soit, enfin, le patient s’exprime avec plus de confiance et
donc le conjoint s’est adapté au changement.
À la séance suivante, madame X avait un autre problème. Celui de ne plus
avoir son problème de respiration. Il est souvent nécessaire d’accompagner
le patient une fois que son problème est parti, car chez lui peut apparaître un
vide. Or le corps, comme l’esprit, déteste le vide. Le patient et le thérapeute
encouragent donc la tête et le corps à se remplir d’autres choses : de belles
images, de belles pensées, de projets ou de toute autre chose… C’est le plus
grand risque lorsqu’on tombe guéri !
Notez que la position du thérapeute n’est pas gentille et j’aime d’ailleurs
le rappeler aux personnes qui viennent me voir. Je ne suis pas gentil, car je
ne suis pas là pour ça ! Par contre, je suis et serai toujours bienveillant pour
accompagner une personne dans son changement… Le mot bienveillant
sous-entend que mon rôle est de créer du changement, de sortir les patients
de leur zone de confort, de leur montrer qu’il est possible d’obtenir des
résultats différents en réalisant des actions différentes.
7
Le juste échange
L’image de la balançoire
Le juste échange est un équilibre dynamique (cf. chapitre 6), mais pour le
mettre en branle, il faut lui donner une impulsion. C’est un peu comme une
balançoire… Je me souviens, quand j’étais enfant, de la balançoire que mon
père avait installée au bout du jardin, sur cette grosse branche solide du
sapin, qui trônait au milieu de la végétation. Le bruit du vent, la fraîcheur et
la légèreté qui soufflaient sur mon corps de petit garçon… Bien des fois, ma
mère et ma grand-mère m’ont poussé, pour me donner la joie de l’élévation
et de la descente, des mouvements qui s’enchaînent au rythme des « plie…
allonge ! ». Néanmoins, je pris un jour la décision de faire seul la
découverte de l’équilibre. Je m’assis donc sur cette balançoire et
commençai mes « plie… allonge » sans résultat…
Après de multiples efforts, tous vains, je me suis arrêté. Puis j’ai laissé
mon esprit divaguer et, en ne faisant rien, une idée m’est venue : mais bien
sûr ! Il me fallait de l’élan !!! Un élan plein d’énergie, pour mettre la
balançoire en mouvement. Un mouvement qui, une fois amorcé, ne
demandait qu’un tout petit effort de ma part : continuer, avec une alternance
de hauts et de bas. J’augmentai donc de manière alternative mon énergie
potentielle (la hauteur à laquelle je me trouvais) et mon énergie cinétique
(ma vitesse). Tout ceci dans un équilibre instable, dans un système
homéostatique…
La vie est un peu comme cette balançoire, avec ses hauts et ses bas. Pour
que l’expérience se poursuive, il est nécessaire de fournir un effort au
départ, mais celui-ci doit rester minime, car l’inertie nous porte déjà ! Il faut
bien sûr distiller cette énergie au bon moment avec le bon tempo
(cf. chapitre 4). Tout ceci très positif. S’il n’y a pas une énergie positive,
c’est-à-dire un starter, tous nos efforts seront vains ! Cette énergie au
démarrage, dans le cadre du juste échange, s’appelle l’amour ! Pour être
efficace, l’amour doit être libre et inconditionnel. C’est la notion du
« donner sans rien attendre en retour », comme le dit la chanson de Florent
Pagny.
Mais si au démarrage, cette impulsion est nécessaire, et même
indispensable, elle devient contre-productive au fil du temps : il ne s’agit
pas de l’utiliser sur une longue durée. J’utilise souvent l’image du starter
d’une voiture qui serait toujours en marche sur l’autoroute… Certes, il faut
savoir donner, mais également savoir arrêter de donner. De la même
manière qu’il faut savoir accélérer et freiner.
Continue avec les personnes de ton cercle amical, les personnes qui
gravitent autour de toi (pas forcément tes amis) :
PERSONNES DE TON CERCLE AMICAL
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
Moi
La communication positive
Nous savons maintenant qu’il existe trois types de communication qui
interagissent en permanence ensemble, la question est de savoir comment tu
peux envoyer un message à ton interlocuteur de sorte que celui-ci le reçoive
le mieux possible ? Il faudra utiliser la communication positive.
Pourquoi utiliser cette technique ? Et quelle est la différence entre : Je suis
en super forme et Je ne suis pas fatigué ? C’est simple : la conscience
virtuelle, cette partie de toi plus inconsciente, n’entend que les phrases
tournées de manière positive et supprime instinctivement les négations au
moment de l’intégration cognitive (du cerveau). Pour reprendre l’exemple
cité :
Je suis en super forme intégration Je suis en super forme
QUELQUES EXEMPLES
Je suis fatigué. → Je ne suis pas en forme.
Je suis nul. → Je ne suis pas le meilleur.
Je ne suis pas malade. → Je suis en bonne santé.
J’ai mal. → Je ressens quelque chose qui n’est pas confortable.
À TOI DE JOUER MAINTENANT !
Je suis triste. →
Je suis énervé. →
Tu m’ennuies. →
J’ai peur. →
C’est injuste. →
Je vais m’écrouler. →
Je doute. →
Je n’ai pas peur. →
Ça ne fait pas mal. →
Super ! C’est un petit jeu linguistique que tu peux t’amuser à réaliser au
quotidien. Tu peux également observer et écouter tes proches. Regarde de
quelle manière ils ne se font pas du bien par leur propre langage. Attention,
tout de même, à rester tolérant avec les autres. C’est un changement qu’il
faut entreprendre en douceur, surtout avec les gens qui nous entourent.
Juste pour information, si tu en as besoin, je te donne les phrases que
j’aurais utilisées pour la transformation. Sache qu’il y en a d’autres et
qu’elles ne sont là que pour servir d’exemple !
Voilà pour l’utilisation du langage positif. Tu peux bien sûr extrapoler son
utilisation à tes pensées ou tes souvenirs. Pas pour les enlever, ni les
effacer ; juste pour les transformer… Nous n’avons parlé que de la pointe
émergée de l’iceberg, et si cela t’intéresse, des ouvrages spécialisés en
programmation neuro-linguistique (PNL) pourront satisfaire ta curiosité.
La respiration
Mais revenons à notre juste échange. Il est vrai que nous enchantons le
monde qui nous entoure avec des mots, des postures, des intonations. Mais
il y a un échange beaucoup plus physique, plus physiologique, que nous
réalisons chaque jour avec notre environnement sans même y prêter
attention… Il s’agit de notre respiration.
La respiration est la seule fonction du corps humain innervée par les deux
systèmes nerveux. Le système nerveux volontaire (ce qui te permet de
t’arrêter de respirer pour faire de l’apnée par exemple) et le système
nerveux autonome (heureusement, car sinon il faudrait toujours penser à
respirer et cela deviendrait vite invivable). Cette double innervation a
plusieurs conséquences. La plus importante est celle du double lien. Si notre
état intérieur (le stress, la peur, la joie, l’euphorie) agit sur notre respiration,
il est également possible, par un travail de la respiration, de modifier cet
état intérieur. La médecine orientale l’a compris depuis longtemps avec la
pratique de la méditation, du yoga, mais cela n’arrive que progressivement
en Europe…
Tu as peut-être entendu parler de la cohérence cardiaque ? Il s’agit d’une
fréquence de six cycles par minute pour mettre le corps en cohérence. Tu
trouveras facilement des applications gratuites de cohérence cardiaque sur
Internet… En hypnose et en auto-hypnose aussi, la respiration est
primordiale. Elle sert à focaliser l’attention, pour bien s’ancrer dans le
présent, à mobiliser le souffle pour un rétrocontrôle (c’est-à-dire une bonne
régulation du système endocrinien) entre l’intérieur et l’extérieur du corps.
Une bonne respiration est une respiration lente, profonde, avec de grandes
expirations, permettant un brassage viscéral complet. Tu ne le sais peut-être
pas, mais l’expiration permet aux muscles de se détendre et ralentit la
fréquence cardiaque. D’où le cliché de la sage-femme qui, au moment de
l’accouchement, dit à la femme enceinte : Soufflez, madame, soufflez !
Pour mieux comprendre l’importance de la respiration dans le juste
échange, je te propose d’analyser le cas clinique suivant (Petit conseil :
garde bien à l’esprit la technique du langage positif dans cet exemple, elle
prend tout son sens).
Cas clinique
Madame D a 65 ans. Elle vit avec son mari de 78 ans et elle est maman de
trois enfants : Nathalie de 40 ans, Marc de 38 ans et Hélène de 36 ans.
Madame D me raconte que la cohabitation entre son mari, elle et sa dernière
fille est un peu compliquée. Cette dernière vit encore au domicile parental
et a du mal à prendre son indépendance. Madame D est fumeuse. Elle fume
un paquet par jour. Elle se plaint de douleurs lombaires intermittentes, mais
c’est normal, son médecin lui a dit que c’était de l’arthrose. Quoi de plus
normal à son âge… ! Madame D vient en consultation pour arrêter de
fumer. La conversation débute lorsque je lui demande de me parler de son
problème :
— Mon problème ? Eh bien, ce n’est pas du tout la relation avec ma fille,
je viens vous voir pour arrêter de fumer.
(Je souris.)
— Oui, car avec mon mari qui me stresse tout le temps, je n’ai pas une
minute à moi. Je suis à la retraite et je n’ai pas plus le temps qu’auparavant.
Entre les courses, le jardin et les promenades du chien, je suis usée. De
plus, mon mari est atteint d’un cancer. Le docteur dit qu’à son âge, il a plus
de chances de mourir d’autre chose, mais du coup cette idée qu’il va passer
l’arme à gauche le mine. C’est pour cette raison qu’il est toujours sur mon
dos ou sur celui de ma fille.
— Votre fille ? Hélène, celle qui vit chez vous ?
— Oui, elle vit chez nous, elle a bien eu son appartement à un moment,
mais elle ne s’en sortait pas. Vous auriez vu le bazar là-dedans !
— J’imagine surtout que, maintenant qu’elle est chez vous, c’est chez
vous qu’il est, le bazar ! (Petite provocation bienveillante.)
— Ah oui, je me bats tous les jours pour qu’elle range sa chambre ! Mon
mari, lui, reste devant sa TV, à regarder ses émissions, et du coup, c’est moi
qui me tape tout le boulot.
— Excusez-moi de vous le redemander, mais quel âge a votre fille ?
— 36 ans !
— Vous êtes sûre ?
— Bien sûr, elle a 36 ans !
— Bien, et à 36 ans, vous repassez toujours derrière elle ?
— Oui, je ne voudrais pas que ce soit le bordel dans toute la maison !
Après, mon mari va encore râler qu’il y a du bazar partout !
— OK, vous allez vous rappeler le moment où Hélène a appris à
marcher… Laissez les yeux de l’esprit observer de quelle manière elle se
met debout sur ses petites jambes… Peut-être en s’accrochant à la table
basse ou en s’appuyant sur un meuble… Peut-être même en vous donnant la
main… Vous vous souvenez ?
— Oui, oui, je m’en souviens très bien !
— Durant cette période, étiez-vous là pour la tenir de manière
perpétuelle ?
— Non. J’avais moi aussi des choses à faire !
— Bien sûr, vous l’avez laissée tomber par terre ! Pourquoi ?
— Eh bien, pour qu’elle apprenne à marcher !
— Tout à fait : pour qu’elle apprenne à marcher ! Car si vous lui aviez
tenu la main tout le temps, vous en auriez fait un bébé empoté, incapable de
se débrouiller seul ! Car, avant d’apprendre à marcher, il est nécessaire
d’apprendre à perdre l’équilibre ! C’est un peu comme dans les maisons de
retraite, où lorsque j’étais étudiant en kinésithérapie, on prenait le temps de
marcher avec des personnes âgées. Je leur disais toujours que pour
réapprendre à marcher, il fallait d’abord savoir perdre l’équilibre, puis se
rattraper…
— Oui, c’est vrai. Je n’avais pas vu la chose comme cela. Mais ça ne va
pas régler mon problème de cigarette, ça !
— Ça ne va pas le régler, mais ça peut le modifier… Vous savez, je ne suis
loin d’être un expert en arrêt du tabac, je fais juste de mon mieux…
Revenons à ce problème dont vous n’avez pas encore trouvé la solution…
La cigarette, elle vous apporte quoi ?
— Eh bien elle me rassure, elle m’accompagne, elle me calme lorsque
mon mari m’énerve ou qu’il est encore devant sa TV et qu’il ne m’écoute
pas.
— C’est un peu comme une bonne amie ?
— Ah non, ce n’est pas une bonne amie, elle me tue à petit feu et je veux
m’en débarrasser !
— Alors vous, vous êtes bizarre… Vous n’êtes pas confortable et votre
quotidien n’est pas facile. Votre dos n’est pas confortable et la
communication avec votre entourage n’est pas des plus efficaces. Et pour
couronner le tout, vous voudriez faire disparaître celle qui prend soin de
vous ? D’ailleurs, ça fait un moment que vous voulez en débarrasser, non ?
Et ça ne marche pas, alors cessez de vouloir vous en débarrasser pour
commencer. Quand elle pourra partir, elle partira. Mais pour qu’elle puisse
partir, il faut que toutes les conditions soient réunies. Il faut permettre à
votre ex-future meilleure ennemie de vous laisser vous débrouiller, entourée
des personnes qui vous aiment !
— Euhh, peut-être (dit-elle, la tête un peu ailleurs).
— Pour pouvoir arrêter de fumer, il faut que vous preniez le temps d’être
vous ! C’est assez simple pour être réalisable et assez complexe pour être
intéressant, comme je le dis souvent. Pour y arriver, je vais vous donner un
exercice ! L’exercice est bien sûr obligatoire et indispensable, sinon il n’y
aura pas d’autres séances !
— Bien. Je vous écoute.
— Je vais vous demander de ne plus rien faire pour votre fille !
— Mais comment va-t-elle faire ?
— Je ne sais pas, mais rappelez-moi, elle a quel âge votre fille ?
— Trente-six ans !
— Vous êtes sûre ?
— Oui, j’en suis sûre.
— Bien, dans ce cas, vous la laissez faire. Et si d’aventure votre mari lui
dit quelque chose…
— Ah ça, ça n’arrivera jamais. Il lui dit rien, c’est sa petite chérie. Mais
dès qu’elle est partie, c’est moi qui me prends tous les reproches !
— Bien, parfait ! Vous savez ce qu’il vous reste à faire… On se revoit
dans dix jours, et d’ici là, vous laissez votre fille vivre comme elle l’entend
et si votre mari dit quoi que ce soit, vous laissez dire. Vous ne pouvez pas
savoir ce qu’il va lui dire car vous faites tout pour que cela n’arrive pas. Et
au final, c’est vous qui êtes dans l’inconfort ! Alors je vous demande de
prendre un peu soin de vous. Et si on vous demande pourquoi vous vous
comportez comme ça, eh bien vous dites la vérité : Je suis allée voir
Romain, il m’a demandé de faire cet exercice pour aller mieux, je ne sais
pas pourquoi je dois le faire, mais je dois le faire.
— Bien.
Après cet échange, nous avons réalisé la séance sur le juste échange que tu
pourras retrouver grâce au lien fourni. Pour information, madame D est
revenue dix jours plus tard en fumant deux fois plus, car son mari et sa fille
se sont disputés. Sa fille a pris la décision de partir du foyer parental. Une
décision qui couvait depuis trop longtemps. Suite à ce travail, madame D a
pris le temps de recentrer son attention sur ce qui était vraiment important
pour elle. Elle est maintenant bénévole dans une association. Les relations
avec son mari se sont apaisées et elle a arrêté de fumer trois mois après
cette consultation. C’est-à-dire à sa quatrième séance. La cigarette lui
apportait de quoi tenir le coup. C’était la peur de se retrouver seule qui
l’empêchait de vivre sa propre vie. À sa grande surprise, les douleurs de dos
ont disparu à la deuxième séance, en même temps que la diminution de sa
consommation de cigarettes.
Il y a plusieurs explications possibles à cela. Une cause mécanique : la
diminution des petites inspirations dues aux taffes de cigarettes, car elles ne
permettent pas une respiration ample et efficace. Elles empêchent donc un
brassage correct des viscères et une augmentation du tonus au niveau des
attaches du diaphragme (colonne lombaire). Ou une cause plus
émotionnelle : madame D en avait tout simplement plein le dos et, en
trouvant une solution, son corps n’a plus eu besoin d’attirer son attention
sur son problème. Un processus de guérison a donc pu se mettre en place.
Bien sûr, l’arthrose est toujours là, mais elle est devenue plus confortable !
Tu ne le sais peut-être pas, mais nous développons tous de l’arthrose à partir
de 22 ans ! Mais comment expliquer que certains ont de l’arthrose et n’ont
aucun symptôme, alors que d’autres ont un début d’arthrose et sont cloués
au lit ? C’est ce que nous allons voir dans le prochain chapitre…
8
La douleur
J’ai mal partout, j’ai mal à cet endroit, j’ai mal tout le temps, j’ai mal à
certains moments… Dans tous les cas, elle ne laisse jamais tranquille…
Trop souvent, cette douleur se fait sentir et ressentir… Trop souvent elle est
prise à partie, sans jamais être véritablement écoutée, car au fond la seule
chose que nous voulons, c’est qu’elle disparaisse… Mais si elle est là, c’est
peut-être qu’elle est nécessaire ? Qu’elle nous indique quelque chose ?
D’ailleurs, les expressions que nous employons sont souvent révélatrices :
J’en ai plein le dos ! Je ne sais plus où donner de la tête ! Il est casse-
pieds…
Écouter la douleur
Prenons quelques instants pour l’écouter… Libre de tout jugement, afin de
l’observer et de la comprendre… Je distingue deux types de douleurs : la
douleur aiguë et la douleur chronique.
Un système d’alarme
La douleur fonctionne un peu comme un système d’alarme qui
s’enclenche lorsqu’un cambrioleur rentre par effraction. Quand, pour une
raison ou pour une autre, une lésion apparaît, le système d’alarme de ton
corps se met en route : c’est la douleur. Une information de nature
électrique est envoyée à ton cerveau, et celui-ci répond par le signal de la
douleur. Normalement, une fois que le cambrioleur est parti, le système
d’alarme s’arrête : il n’a plus lieu d’être. C’est ce qui se passe lorsque la
douleur est aiguë. Mais dans le cadre d’une douleur chronique, le système
d’alarme reste allumé, bien que ce ne soit plus nécessaire.
Pourquoi le système d’alarme continue à sonner ? Et surtout, comment y
remédier ? Eh bien, le plus souvent, le responsable est ton système de vie.
C’est pourquoi, avant de continuer, je t’invite à relire et retravailler le
chapitre du Problème. Fais-le en considérant que la douleur est ton
problème. Si tu as déjà lu ce chapitre de cette manière, tu auras peut-être
déjà réalisé que la douleur agit comme la scène suivante, que nous avons
tous vécue.
Tu es dans un commerce et juste devant toi, dans la file d’attente, une
mère et son enfant patientent. La mère est accaparée par une conversation
téléphonique, dont les bruits sont partagés avec l’ensemble des oreilles
présentes… Tes yeux ont vu à quel point cette maman était chargée : sac à
main, cartable d’école, courrier et autres bagages sont autant d’éléments qui
l’encombrent. À un moment donné, l’enfant réclame l’attention de sa mère :
— Maman ?... (Pas de réponse.)
— MAMAN ! (Un peu plus fort.)
La mère, toujours absorbée par sa conversation, ne fait pas attention à
l’enfant. Alors l’enfant se met à crier :
— MAAAMMMANNNN !!!!!!!
La mère, embarrassée par ce comportement, fait signe à l’enfant de se
taire. Elle déclenche une réaction inévitable, un hurlement :
— MAAAAAMMMMMMMAAAAAANN!!!!!!!!!!!
Maintenant, la mère est obligée de prendre le temps d’écouter son
enfant… Tu es peut-être comme cette dame : parfois trop occupée par ton
rythme de vie, par toutes ces stimulations extérieures à ton corps, pour
prendre le temps d’écouter ce que ton enfant a à te dire.
Laisser cicatriser
Si la douleur persiste, c’est bien que dans ton système de vie, il y a un
élément qui bloque le processus de guérison. Prenons un exemple
personnel. L’autre jour, je me suis coupé. Au bout de quelques jours ma
plaie a totalement cicatrisé ! Et je n’ai rien fait pour qu’elle cicatrise…
(cf. chapitre 5) La cicatrisation s’est faite naturellement… eh bien, pour le
reste, c’est pareil ! Si je passe mon temps à rapprocher les bords, la plaie ne
se refermera jamais !
Laisser s’exprimer
Il me paraît donc indispensable de laisser s’exprimer la douleur, afin de lui
accorder de l’attention. Pas de manière masochiste, pas en lui laissant toute
la place, mais en lui offrant un cadre de libre expression. Un moment
d’écoute et d’attention, libre de tout jugement. Il faudra écouter son
chuchotement. Même si celui-ci n’est pas agréable, même s’il n’est pas
encore confortable, il faudra prendre le temps de l’écouter et de le laisser
s’exprimer. Car en laissant les oreilles écouter ce que la douleur a à dire, en
laissant les yeux explorer profondément le lieu de cette expression qui n’est
pas agréable, on donne l’opportunité à notre système autonome d’engager
un processus de guérison. Comme si accueillir ce chuchotement dans notre
esprit allait permettre au système d’alarme de s’arrêter. Comme si le
système d’alarme prenait conscience que le cambrioleur était parti…
De nombreux thérapeutes cherchent à « enlever » la douleur. C’est normal.
En tant que praticiens de santé, nous sommes formés pour soigner, pour
« guérir ». Mais le message de la douleur est pourtant primordial pour notre
évolution, nous ne pouvons pas simplement l’ignorer.
Certes, son expression doit être modifiée. Modifiée de manière
confortable, afin que le patient puisse avancer avec plus de sérénité et de
facilité, et qu’il puisse franchir cette étape, cette marche de la vie…
Prends le temps de bien sentir comment s’exprime ta douleur. Tu pourras
ainsi répondre aux questions suivantes.
La douleur que tu ressens, maintenant, tout de suite, est :
L’algoneurodystrophie
De nombreuses personnes découvrent à mon cabinet une pathologie un
peu particulière. Il s’agit de l’algoneurodystrophie ou, de son nouveau nom,
du syndrome douloureux régional complexe de type 1 (SDRC1). Un mot
savant pour dire que j’ai mal dans cette région-là. Un mot pour dire que
personne ne sait vraiment pourquoi c’est arrivé ni comment cela va partir. Il
y a, dans l’algoneurodystrophie, une phase chaude et une phase froide. La
durée de ce problème peut aller de six mois à cinq ans, avec une moyenne
de deux ans. Ce problème arrive souvent après un accident, une opération
ou une fracture. Malgré son évolution lente et chaotique, il n’y a pas
vraiment de traitement. Les patients se contentent alors des bains écossais et
de la kinésithérapie.
J’ai longtemps été démuni face à ce type de pathologie et j’espère que
certains de mes confrères liront ce passage. Cela leur permettra peut-être
d’envisager la pathologie sous un autre angle…
Ce type de pathologie survient la plupart du temps chez des personnes
plutôt stressées, anxieuses, voire « dépressives ». Quoique cela reste à
discuter. Car si demain tu ressentais une douleur quasi permanente et que la
médecine traditionnelle ne pouvait guérir, si cette douleur retentissait sur ta
vie familiale, professionnelle et même intime, tu serais sans doute anxieux,
triste, voire en dépression légère ! Il me semble tout à fait légitime, dans ces
conditions, de ne pas être en forme psychologiquement. Ne faisons donc
pas de raccourci facile en associant systématiquement les
algoneurodystrophies à la dépression. Ajoutons enfin que les traumatismes
rendent une personne plus sujette à ce type de pathologie.
L’HYPOTHÈSE DE LA DISSOCIATION
Au long de ma pratique, j’ai pu développer mon interprétation de
l’algoneurodystrophie, qui n’engage bien sûr que moi. Si des recherches
expérimentales confortent pour l’instant mon hypothèse, elle n’est à ce jour
pas encore validée. Plusieurs années de recherche seront nécessaires pour
mieux comprendre ce syndrome ! Néanmoins, mon approche du SDRC a
permis à beaucoup de mes patients d’améliorer leur quotidien. Leurs retours
cliniques sont hautement significatifs ! Je t’invite donc à réfléchir avec moi,
à apporter ton propre avis et à garder ton ouverture d’esprit.
Selon moi et d’autres praticiens, l’algoneurodystrophie est « une
dissociation régionale post-traumatique qui n’a pas eu la possibilité de se
réassocier ». Voici un exemple simple qui te permettra de comprendre :
lorsque tu t’es blessé ou que tu es tombé, le cerveau a volontairement
dissocié ton membre (comme s’il l’avait décroché de ton corps), afin de
pouvoir franchir l’étape douloureuse sans encombre. Puis le chirurgien a
opéré ou la plaie s’est cicatrisée. Mais pour une raison que je vais expliquer
bientôt, le membre, la région touchée, ne s’est pas « raccroché », il ne s’est
pas réassocié au reste du corps. Cela explique que, sur la scintigraphie
osseuse (examen réalisé lorsque l’on souffre de cette pathologie), le flux
sanguin soit intermittent dans la zone concernée. Le système nerveux
autonome ne sait pas comment réagir, car pour lui la région touchée est
présente physiquement, mais n’a pas été intégrée.
Le cortex cérébral nous donne une représentation déformée de notre corps.
Tu as peut-être croisé sur Internet ou dans un livre cette image d’un « petit
homme », l’homonculus sensitif, avec de grandes mains et de grosses
lèvres : il s’agit de la projection des différentes parties de notre corps par le
cortex. Maintenant, imaginons qu’il manque à ce petit homme la zone
touchée, ou bien que cette zone soit mal raccrochée au reste de son corps,
qu’elle soit écartée voire déplacée…
Les traumatismes
Peut-être, ou peut-être pas. Peu importe. Sache que toutes les qualités que
tu as développées, tu les dois aussi à tes traumatismes. Et plutôt que de
perdre du temps et de l’énergie à vouloir changer le passé, prends le
contrôle du présent.
Commence par dire merci. Cela facilite l’intégration et transforme
l’expérience en force. Une fois lancé dans cette dynamique, écris dans le
cadre suivant tous les mercis à tes traumatismes. C’est ainsi que le
processus commence : tu verras, tu trouveras dans cette réflexion des
ressources insoupçonnées.
Comme il ne s’agit pas d’un exercice facile, le premier cadre est un
exemple, un exemple très réel car il s’agit du mien.
→
Bravo, maintenant que tu t’es rendu compte que l’ensemble de ces
traumatismes t’ont permis de développer de très belles ressources, je vais
prendre quelques instants pour te parler de l’intégration du traumatisme.
L’intégration du traumatisme
Comme tu as pu le constater dans le premier chapitre, l’hypnose met le
sujet en relation avec la sensorialité. Cette sensorialité module sa perception
de la réalité. Tu sais déjà, par exemple, que c’est seulement parce que tes
yeux le perçoivent ainsi que tu peux dire que les caractères de ce livre sont
noirs. Cela tombe sous le sens. Le traumatisme est aussi une expérience
sensorielle, mais une expérience pas agréable. L’ensemble du monde
thérapeutique a longtemps cru qu’il fallait du temps pour intégrer ces
expériences sensorielles, que le fait d’en parler pouvait accélérer le
processus chez certaines personnes. Pour ma part, je pense (et cela n’engage
que moi) qu’il est possible d’accélérer le processus d’intégration en
surstimulant le système sensoriel par les éléments du traumatisme. En
saturant le système sensoriel du sujet, on peut le désensibiliser (comme le
ferait un vaccin) puis le reprogrammer.
L’EMDR
L’idéal est de commencer par les techniques d’intégration par mouvements
oculaires. L’une des plus connues est l’EMDR (Eye mouvement
desensibilisation and reprocessing). Depuis de nouvelles approches, qui
s’inspirent grandement de cette vision de l’intégration du traumatisme, ont
émergé. Pour ma part, j’ai mis au point une technique de saturation
sensorielle visant l’ensemble des cinq sens. Je propose une
reprogrammation par le souffle, qui est une mécanique positive infinie.
La découverte de l’EMDR
C’est en 1987, lors d’une balade, que Francine Shapiro, psychologue américaine, s’est
aperçue que lorsqu’elle bougeait les yeux de gauche à droite ses petites ruminations de
l’esprit disparaissaient. Les résultats sont allés au-delà de toute espérance. Tout d’abord
appliquée dans le cadre de stress post-traumatique, la technique s’est largement
étendue. Elle s’impose aujourd’hui comme un outil de choix dans l’arsenal de la
psychothérapie.
La fibromyalgie
Avant de clore cette partie, j’aimerais prendre quelques instants pour te
parler d’une pathologie qui me touche beaucoup et qui, ces dernières
années, n’a fait que croître dans le temps et les consultations. Il s’agit de la
fibromyalgie.
C’est étrange d’observer de nouvelles pathologies apparaître dans le
temps. Avant les années 1990, on n’entendait jamais parler de fibromyalgie.
Cela est peut-être dû à une méconnaissance, ou peut-être que la maladie
portait un autre nom. C’est tout aussi étrange de constater que d’autres
pathologies disparaissent ou diminuent en nombre, sans avoir, cependant,
bénéficié d’un quelconque traitement. C’est le cas des crises de
spasmophilie… Mais revenons à la fibromyalgie.
Pour ceux qui ne connaissent pas cette pathologie, définissons-la. Il s’agit
d’une pathologie qui associe des douleurs musculaires diffuses, de la
fatigue, des troubles du sommeil et des troubles de l’humeur d’intensité
variable. Ce qu’il faut savoir c’est que cette pathologie, reconnue depuis
plusieurs années, fait encore débat chez les acteurs thérapeutiques. Cela est
dû à son mode de diagnostic. En effet, bien que plusieurs hypothèses soient
en cours d’élaboration, à ce jour le diagnostic consiste en un examen
clinique qui déterminera une cartographie de points douloureux à la
pression de l’examinateur. En l’absence d’autres signes biologiques ou
anatomiques, le diagnostic est établi. Il s’agit donc d’un diagnostic par
défaut.
Je suis loin d’être un spécialiste de cette pathologie, mais devant le
nombre croissant de patients affluant dans les cabinets de kinésithérapie, je
n’ai pu faire autrement que de me renseigner. Et ce faisant, à mon grand
étonnement, je n’ai pas retrouvé de consensus sur la maladie… J’entends
encore ces paroles : Ah oui, mais madame Y, elle a tellement de bénéfices
secondaires (effets positifs engendrés par la pathologie) à sa fibromyalgie,
qu’elle ne peut pas aller mieux. Si les bénéfices secondaires sont bien sûr
un critère à prendre en compte, il est important de souligner qu’à tout
bénéfice secondaire, il y a un déficit PRIMAIRE. Qui, lui, doit être entendu
et à qui il faut trouver une solution.
Après de nombreuses consultations et des collaborations avec plusieurs
confrères, il est apparu évident que les patients souffrant de cette maladie
avaient une perception sensorielle modifiée de la douleur. Pour être plus
précis, c’est comme si la sensation était exacerbée et que le patient
ressentait tout plus fort. C’est à ce moment-là qu’une idée m’est venue. Le
patient atteint de fibromyalgie vit un traumatisme corporel, kinesthésique,
dans sa chair, en permanence… Il lui faut juste intégrer ce traumatisme. Si
la kinésithérapie traditionnelle est une manière efficace de soulager les
maux du corps, il est possible que les mots, en prenant du sens (par les cinq
sens) viennent au secours du corps. Je ne rentrerai pas dans les détails
techniques ici, mais sache que des solutions existent : le corps et l’esprit
fonctionnent ensemble. Et jusqu’à preuve du contraire, je n’ai jamais vu un
corps sans un esprit et un esprit sans un corps !
Afin d’illustrer mes propos, je prendrai le cas suivant : madame X a 43
ans, elle est mariée, a trois enfants, dont le premier d’une autre union. Elle
est envoyée ici par une psychologue de la police suite à un home-jaking
avec violence. Elle souffre également d’une fibromyalgie depuis l’âge de 19
ans.
— Bonjour !
— Bonjour, je vous laisse rentrer dans la salle numéro 7. Vous savez que
le 7 est un chiffre magique ?
— Non, pourquoi ?
— Vous le découvrirez bien assez vite, en rentrant et en choisissant votre
propre siège durant la séance… (Sourire.)
Une fois installée, madame X me dit :
— Je viens vous voir car je n’arrive plus à sortir de chez moi. Je n’arrive
même plus à ouvrir la fenêtre du jardin : je panique en permanence. C’est
comme si, à chaque instant, quelqu’un pouvait venir chez moi et m’agresser
à nouveau. Avec mes douleurs, je me sens vulnérable et je stresse encore
plus. Du coup, ça augmente encore mes douleurs, ça me fatigue, ça
m’énerve… Ça devient invivable pour mon entourage et pour moi-même.
— J’entends que votre quotidien n’est pas confortable. Et depuis combien
de temps il n’est pas confortable ?
— Depuis mes 19 ans.
— Ah bon ? dis-je, l’air étonné…
— Oui, depuis que j’ai été agressée dans le métro, dit-elle, les larmes aux
yeux.
— Je vois que ce moment provoque beaucoup d’émotions et je voudrais
savoir : avez-vous une image ? Une pensée, un son, une sensation ou une
toute autre information qui arrive à votre esprit actuellement ?
— Je me revois toute seule dans le noir. Je crie, mais
personne ne m’entend. Je ne suis personne… (Ses larmes coulent
abondamment, et fait dégoûliner son fond de teint, qui est très épais)
— Oui, à ce moment-là, vous n’existez pas encore pour les personnes qui
vous entourent, elles ne vous permettent pas encore de te sentir en sécurité.
Suite à cette conversation, nous avons intégré son traumatisme, grâce à
notre technique de saturation sensorielle. Puis la patiente a repris la parole.
— C’est incroyable, votre histoire, c’est comme si tout était plus loin.
C’est encore là, mais maintenant, je n’ai plus qu’une seule image en tête,
pourriez-vous me l’enlever de la tête ? Car elle n’est vraiment pas agréable.
— L’enlever est impossible : cette image vous apprend quel-que chose.
Dans le moins bon des scénarios, elle vous permet de repérer ce que vous
ne voulez plus. Est-ce que je peux savoir de quelle image il s’agit ? Il est
aussi possible de travailler sans savoir de quoi il s’agit, mais ce serait plus
facile pour moi.
— C’est sa grosse tête et son odeur âcre… Arf… Horrible.
— Bien, nous avons tout ce qu’il faut pour continuer.
Après cet échange a eu lieu une séance que tu retrouveras dans ce chapitre.
L’évolution de Mme X a été spectaculaire, tant au niveau de la peur qu’elle
ressentait qu’au niveau de ses douleurs. À sa grande surprise, au bout de
quelques semaines, elles ne se sont plus manifestées. C’est comme si j’étais
revenue dans mon corps pour en prendre soin, m’a-t-elle dit. L’exercice que
je lui avais demandé (appliquer une crème hydratante tous les jours) y était
peut-être pour quelque chose… Ou peut-être pas… Peu importe, l’essentiel
est qu’elle est désormais libérée, qu’elle a réussi à redevenir propriétaire de
son corps, dans le présent. Elle s’est donné la possibilité de continuer à
vivre sa vie. Et cela, elle ne le devait qu’à une seule personne : ELLE-
MÊME.
10
Les morts
S’il y a bien un élément inconnu avec lequel, tôt ou tard, nous sommes
tous confrontés, c’est bien la mort. Pourtant, dans notre vie de tous les
jours, c’est une pensée qui nous laisse en paix. Il est rare de pouvoir
observer une personne dans le train ou dans le métro dont les pensées
seraient occupées par le chuchotement de la mort.
Notre mort, mais surtout celle des autres, chacun d’entre nous va devoir y
faire face : une grand-mère, un grand-père, un membre de la famille, un
proche, un enfant… Il n’y a aucune justice face à la mort ! La mort a un
comportement chaotique, incompréhensible. C’est une étape, un cap, une
marche que nous devons gravir, afin de pouvoir continuer à vivre dans le
monde des vivants.
Le temps est un allié dans le processus de deuil. Il apaise, gomme les
imperfections, pour ne garder que les éléments positifs. Cependant, il arrive
que pour une raison ou pour une autre, nous ne soyons pas en paix avec nos
morts… Leur absence génère une sensation de vide qui ne se remplit pas…
Nous allons donc prendre le temps, de manière différente, car la mort est
un processus. Le processus ultime de la vie…
La nature
Il suffit d’observer la nature, pour s’apercevoir que l’équilibre qui y règne
est instable (cf. chapitre Équilibre). La mort et la vie font partie de ce juste
équilibre. Ce qui nous angoisse dans le processus de la mort est souvent
bien différent de la mort en elle-même. C’est plus la présence de cette part
de mystère qui règne autour de nous qui provoque ce sentiment. Car,
comme le dit ma grand-mère qui a 80 ans : Tu es bien gentil, mais personne
n’est revenu pour nous dire ce qu’il y avait après ! C’est vrai. Mais
personne ne vient nous voir avant de naître non plus ! Car s’il y a bien un
après, il y a eu un avant ! Nous sommes tous incapables de dire et de décrire
ce qu’il y avait avant. C’est comme si cette étape, à la base de la
construction du moi, avait disparu de notre mémoire, de notre esprit
conscient… Preuve que la nature est bien faite ! Avant, il n’y avait aucune
souffrance, aucun mal. L’idée semble simpliste, mais si, avant, la vie ou la
nature a bien fait les choses, il doit en être de même après !
Toi et la mort
Mais toi, qu’en penses-tu ? Bien que ces questions ne puissent donner lieu
à une réponse absolue, laisse le temps à une partie de ton esprit d’y
répondre…
L’innocence protectrice
Cette protection inversement proportionnelle au temps qui défile, c’est
mon fils qui m’a permis de lui donner tout son sens. Un soir, rentrant de
l’école dans la voiture, il m’a dit :
— Papa, je vois papi dans le ciel !
— Ah bon ? Et tu le vois où ?
— Ben, il est partout ! Et là, il est dans le nuage…
Si, sur le moment, comme tout bon père de famille, je me suis interrogé
sur la santé mentale de mon fils, je me suis vite aperçu qu’il était en paix
avec l’idée de mort. Il n’a d’ailleurs pas compris l’émotion qu’il avait
provoquée. Il exprimait juste un point de vue naturel, dans l’innocence la
plus pure qui soit ! C’est après cette découverte que je me suis dit qu’il
fallait, pour son propre bien-être, sauvegarder cette innocence pour qu’elle
puisse continuer à jouer son rôle protecteur…
Du moins, jusque-là… Il y a parfois des situations où il n’est plus possible
de recouvrer cette innocence, ce juste équilibre. On ne peut pas continuer
son chemin lorsqu’une partie de nous reste figée, bloquée, pétrifiée dans un
moment de deuil… Quelle que soit la raison, le problème est souvent la
solution…
C’est incroyable comme notre esprit peut embellir nos morts au fil du
temps qui passe. Cela est flagrant, car le fait même de parler d’un mort de
manière peu glorieuse nous oblige à nous excuser, et ceci, même si nous
sommes dans le vrai. C’est le fameux « Paix à son âme ». Comme si, pour
continuer d’avancer sur le chemin de la vie, il fallait être en paix avec ses
morts, pour qu’eux aussi puissent continuer d’avancer, sur le chemin
inconnu qui est désormais le leur… Et maintenant, en route pour ce grand
voyage…
Tu peux maintenant te reporter à la vidéo « Sixième enseignement :
Balade dans un monde intermédiaire ».
La phase de décorporation
Durant cette phase, le sujet a la sensation de sortir littéralement de son
corps. Il se voit la plupart du temps du dessus et assiste, la plupart du temps,
à sa propre réanimation. Son observation extrêmement réaliste peut être
gardée en mémoire et racontée de manière très précise une fois le retour à la
vie. La vraisemblance des propos nous incite fortement à les croire. Il n’y a
cependant aucune preuve rationnelle que la conscience, dont le siège initial
est le cerveau, puisse (et j’y mets toutes les précautions qui soient) se
déplacer dans le temps comme dans l’espace. Les choses se passent comme
si le cerveau, qui loge dans le corps physique, n’était qu’un transporteur
provisoire de la conscience…
Durant cette phase, la conscience a le loisir de se balader où elle le
souhaite à une vitesse infinie. Cela me rappelle une de mes patientes, dont
la fille était en vacances à New York, et qui durant le voyage de sa fille,
avait connu un arrêt cardiaque. Durant sa phase de décorporation, elle a
pensé à sa fille et sa conscience s’est retrouvée instantanément auprès
d’elle, en haut de la statue de la Liberté. Quelle ne fut pas sa stupéfaction
lorsque, quelques jours plus tard, elle se rendit compte qu’au moment même
où elle faisait son arrêt cardiaque, sa fille était en haut de la statue de la
Liberté ! Elle put me faire une description très précise des vêtements que sa
fille portait ce jour-là… Description qui fut, aussi incroyable que cela
puisse paraître, confirmée par sa fille grâce aux photos réalisées.
La conscience se serait-elle projetée dans le futur, calculant les
probabilités, et aurait-elle réussi ? Ou est-ce un déplacement instantané de
la conscience dans un état transcendantal, où le temps et l’espace n’existent
pas ? Bien malin celui qui apportera une réponse, et je ne me risquerai pas à
conjecturer quoi que ce soit. J’observe juste que les résultats restent à
considérer, car cette expérience a été vécue par bon nombre de personnes.
La phase du passage
Durant cette phase, ce que l’on pourrait appeler l’âme ou l’esprit du sujet,
est attiré par un tunnel blanc, une lumière blanche, qui est située la plupart
du temps au-dessus de lui. Durant cette phase, certains sujets voient des
images de leur vie défiler. Parfois cela survient juste avant la phase de
décoloration, pour d’autres pendant la phase de passage…
Certains chercheurs ont émis l’idée que cette phase lumineuse était due
aux dernières décharges des neurones cérébraux dans son agonie. Je me
permets juste de rappeler que, lors de l’arrêt cardiaque, l’encéphalogramme
est plat… Si ces visions ont la conséquence d’une décharge neuronale, la
décharge en question n’est ni objectivée ni objectivable par l’EEG. Ce qui
me semble incohérent…
Durant cette phase de passage, les sujets décrivent une sensation d’intense
plénitude, comme s’ils étaient traversés par un amour inconditionnel.
Comme si le temps s’était arrêté et que le sujet était dans un état de
profonde extase, un nirvana complet. On retrouve également ce type de
description chez les personnes qui ont vécu « un miracle », comme on peut
le voir à Lourdes ou dans d’autres lieux de culte.
La phase d’accueil
Durant cette phase, le sujet, sous sa forme sensorielle, arrive dans un lieu
souvent paisible, comme un paysage, une vallée verdoyante ou face à un
soleil couchant… Dans cette phase-là, il est hautement probable que les
défunts liés à la personne soient présents pour communiquer avec lui,
partager, échanger, l’accueillir.
La phase de partage
À cet instant, le vécu est très personnel et varie d’une personne à l’autre en
fonction de son passé, de ses expériences… Il s’agit d’une phase d’échange,
au terme de laquelle le sujet est en paix avec le monde des morts. Cette paix
est vécue de manière libératoire et salvatrice : le sujet va pouvoir poursuivre
sa route de manière confortable et libre dans le monde de la vie.
Peut-être qu’en lisant ces dernières phrases, une partie de ton esprit se
demandera s’il est vraiment possible, ou utile, de travailler sa capacité à
rêver… Je répondrai à cette interrogation tout à fait naturelle par une idée
de Bertrand Piccard, le père de Solar Impulse, le premier avion solaire. Il
disait, à l’occasion d’une conférence, que les grandes avancées ne découlent
pas de phénomènes nouveaux, de découvertes… Mais seulement de dogmes
que nous avons fait tomber au cours de l’évolution. Avant Galilée, la Terre
était plate… L’hélicoptère a été inventé par Léonard de Vinci, mais ce n’est
que bien plus tard qu’il a été réalisé. C’est parce qu’on a abandonné l’idée
que « ce qui est plus lourd que l’air ne peut voler » qu’on a commencé à
construire des hélicoptères.
Alors, pourquoi les rêves ne pourraient-ils pas ouvrir un potentiel
inexploité ? Pourquoi ne pourraient-ils pas trouver la solution à ton
problème ? Pourquoi ne pourraient-ils pas t’indiquer le chemin pour devenir
toi-même ? J’ai moi-même douté de cette possibilité. Mais, avec l’avancée
des neurosciences, avec l’augmentation importante des personnes se
déclarant « rêveurs lucides », je me suis lancé dans l’aventure et le résultat
fut étonnant !
Maintenant c’est à toi… Pour augmenter son potentiel de rêveur, voici
plusieurs conseils :
RÊVES
Heure : Date :
Qu’est-ce que mes yeux ont pu observer ?
Qu’est-ce que mes oreilles ont pu entendre ?
De quelle manière les odeurs sont arrivées dans mes narines ?
Comment le corps a-t-il perçu les sensations ?
Quelle est la portée de ce rêve, ici et maintenant ?
Percevoir par les sens
Provoquer l’insight
Mais, me diras-tu, si le rêve est vécu comme la réalité au moment où il se
produit, alors comment prendre conscience que nous sommes dans un
rêve ? Comment faire pour, par la suite, l’utiliser ? Eh bien, pour
s’apercevoir qu’on est dans un rêve, il faut adopter dans la réalité et dans le
rêve un comportement commun : le test de réalité. En effet, même si le
monde de la réalité ressemble au monde des rêves, il y subsiste des
différences. Ce sont ces différences que le test doit mettre en relief afin de
provoquer l’INSIGHT, la prise de conscience subite du rêveur…
Je t’invite maintenant à trouver ton propre test de réalité. Fais en sorte que
ce test utilise le plus de fonctions sensorielles possible.
Exemple de test de réalité :
À toi, maintenant !
Super. Maintenant que ton test de réalité est créé, il faut que tu le réalises
le plus de fois possible dans la réalité, en te posant toujours la même
question : suis-je dans un rêve ou dans la réalité ? Une grande partie du
chemin est fait. Si tu pratiques cela régulièrement, tu vas, à un moment
donné, le réaliser dans ton rêve…
Il faudra alors rester bien calme, car trop d’excitation pourrait te faire
sortir de ton sommeil au moment même où tu as l’insight du rêveur… À
partir du moment où tu t’aperçois que tu es dans un rêve, prends le temps
d’augmenter les sensations, afin de stabiliser le rêve. Sinon, cela ne durera
pas plus d’une minute… Ensuite, une fois le rêve bien stable, tout devient
possible… Ouvre une porte derrière laquelle se trouve la solution. Vole dans
le ciel au contact des oiseaux. Reviens dans le passé chercher un souvenir.
Va dans le futur à la rencontre de toi-même… La seule limite est ton
imagination ! Et la bonne nouvelle est que tu es le mieux placé pour savoir
ce dont tu as besoin.
Tu peux maintenant te reporter à la vidéo « Huitième enseignement : Le
rêve lucide ».
AVANT APRÈS
Bravo pour ces engagements ! Maintenant, il va falloir s’y tenir… car
nous sommes ce que nous faisons… Alors, sois toi-même !
L’alimentation
En parallèle de l’activité, il y a bien sûr l’alimentation. Privilégie toujours
un repas léger avant de t’endormir, pour favoriser la digestion. Tu
comprends que lorsqu’on s’apprête à rester plusieurs heures immobile, il est
inutile de charger son corps d’aliments riches, qui ne seront pas dépensés !
Les ruminations
Et puis, il y a les ruminations de l’esprit. Les chefs d’entreprise ont la tête
dans leurs projets ou leurs problèmes, les mères au foyer énumèrent leurs
tâches du lendemain et les plus pragmatiques s’inquiètent pour leurs
économies. Je conçois tout à fait que l’ensemble de ces pensées soit
important, mais au moment d’aller dormir, elles n’ont rien à faire là.
Pourquoi ne pas choisir un objet, sur votre table de nuit, à qui tu laisserais
toutes ces pensées, et où tu les retrouverais au petit matin ? Pour ce faire,
rien de plus simple : il faut utiliser ton imagination !
Ferme les yeux et représente-toi la manière dont tes pensées sortent de ta
tête pour aller rejoindre ton objet totem sur ta table de nuit. Je t’invite à
faire ce petit exercice plusieurs fois si nécessaire. Le but est que toutes les
pensées soient laissées au placard, dans l’objet totem. Lorsque ce sera chose
faite, et seulement à ce moment-là, tu pourras inscrire le nom de ton objet
totem dans les lignes suivantes :
La physiologie du sommeil
Le sommeil est divisé en plusieurs stades :
Stade 1
C’est le stade de l’endormissement. Il peut être divisé en deux sous-
stades : la somnolence et l’assoupissement. C’est le stade durant lequel on
se détend, on entend et on comprend les conversations qui sont à côté de
nous, mais on n’a plus envie de répondre.
Stade 2
Il correspond à la phase de sommeil léger. Dans cette phase, on entend
encore les sons environnants, mais leur compréhension est impossible. Ce
sont des bruits.
Stade 3
C’est le sommeil profond. Tout ce qui se passe à l’extérieur ne nous atteint
plus. L’ensemble du corps est calme et détendu. La respiration est lente et
profonde.
Stade 4
C’est le sommeil très profond. Durant cette phase, notre corps est plus
détendu que dans les précédentes. C’est à ce stade que le processus de
mémorisation, d’ancrage des informations de la journée, se met en place. À
ce stade, les hormones se déchargent, telles les hormones de croissance,
chez les enfants et les adolescents. C’est également la phase où nous
commençons à rêver. L’ensemble de ces stades forme ce que l’on appelle
communément le « sommeil lent ». C’est une phase de 60 à 75 minutes où
l’activité cérébrale est peu intense.
Le sommeil paradoxal
C’est lors de cette phase que le corps est le plus détendu. Le cœur et la
respiration sont ralentis et la température est diminuée, mais
paradoxalement le cerveau, lui, fonctionne à plein régime. C’est le
professeur Michel Jouvet qui découvre ce stade en 1959. C’est durant cette
phase que le monde onirique est le plus présent et c’est aussi cette phase qui
est la plus proche, au niveau physiologique, de l’état d’hypnose. C’est donc
tout naturellement cette phase qui nous intéresse… Pour finir sur le
sommeil, il faut savoir que c’est qu’un cycle complet d’environ 90 minutes,
les phases s’enchaînant les unes après les autres, quand tout va pour le
mieux dans le meilleur des mondes. Une nuit est donc composée, dans
l’idéal, de cinq à six cycles.
Les troubles du sommeil
Ça, c’est quand tout se passe pour le mieux, mais tu fais peut-être partie de
ces personnes qui souffrent du trouble du sommeil, d’une carence, d’un
cauchemar récurrent, d’insomnies.
Manque de sommeil
En France, une personne sur trois souffre d’un trouble du sommeil. Ces
troubles ont une répercussion directe sur la vie au quotidien. Ils diminuent
la durée du sommeil, qui est en corrélation avec la prévalence d’obésité
chez l’enfant. Les personnes qui se disent stressées dorment en moyenne 30
minutes de moins que les personnes qui se disent en bonne santé. En outre,
un manque de sommeil entraîne inévitablement une fatigue, qui se traduira
par un déficit d’attention lors de l’apprentissage et par une moins bonne
gestion de la communication et des émotions. Enfin, un salarié qui manque
de sommeil peut manquer jusqu’à 80 % de ses objectifs.
À cette liste d’effets secondaires s’ajoute une multitude d’autres
répercussions, que je te laisse le loisir de découvrir sur Internet… Car,
comme tu peux t’en douter, lorsque l’on souffre d’un trouble du sommeil,
on va généralement consulter son médecin. Qui après avoir essayé les
plantes, l’homéopathie ou toute autre solution dite naturelle n’aura d’autre
choix que de prescrire des somnifères… Un bon petit cocktail de
benzodiazépines qui te permettra certes de dormir, mais qui ne sera pas sans
conséquences… Cette substance, en plus des effets secondaires classiques
indiqués par la notice, modifie la structure même du sommeil. En effet, la
prise d’un médicament dit « hypnotique » supprime directement la phase de
sommeil paradoxal. Il donne ainsi l’illusion d’avoir récupéré, alors qu’en
réalité, les sujets ont dormi, mais n’ont pas bien récupéré, du moins pas
autant que dans un sommeil libre de tout agent chimique. Voici à quoi peut
ressembler un graphique des cycles du sommeil chez un patient prenant des
somnifères :
Comme tu peux le constater, toutes les zones correspondant au sommeil
paradoxal ont disparu : adieu jolis rêves, mémorisation, récupération et bien
d’autres ressources que nous ignorons encore… Si en lisant ces quelques
lignes, tu ressens de la colère contre les personnes qui t’ont dit de prendre
ce type de médicament, laisse-la passer. Sache que si un médecin t’a
prescrit ce type de médicament, c’est que, pour lui, c’était le meilleur choix,
la seule chose à faire pour que tu puisses aller mieux.
Maintenant que tu possèdes d’autres outils pour améliorer la qualité de ton
sommeil, je t’invite à les tester ! Si tu as un trouble du sommeil, je t’invite à
associer la lecture de ce chapitre à celle du chapitre Sécurité et du chapitre
Temps : ensemble, ils forment un très bon plan d’action. Pour ce qui est de
la prise des médicaments, je rappellerai de ne pas les arrêter brusquement,
mais plutôt de rendre visite à ton médecin traitant afin que vous puissiez
décider ensemble du mieux à faire.
Le scientisme
Le scientisme est une opinion philosophique apparue à la fin du XIXe siècle, selon
laquelle la science a priorité sur les formes de référence ancestrales (religion, tradition,
coutume). Il s’agit donc d’une confiance (sorte de foi) dans l’application des méthodes et
principes de la science moderne quel que soit son domaine d’action.
Ouverture à la physique
quantique
La conscience du vide
Tout a commencé pendant une séance avec un patient peu bavard… Mes
mains étaient en contact avec la peau de ce patient, pendant qu’une partie
de mon esprit vagabondait… Quand, par association d’idées (comme un
enfant de 4 ans !) j’ai commencé à m’interroger :
— Mais, la peau, c’est formé de quoi ?
— D’un ensemble de cellules.
— Oui, mais un ensemble de cellules, c’est formé de quoi ?
— Eh bien, d’un ensemble de molécules.
— OK, mais un ensemble de molécules, c’est formé de quoi ?
— D’un conglomérat d’atomes.
— D’accord, mais un atome, c’est formé de quoi ?
— Ben, c’est un noyau, entouré d’électrons.
— Et un noyau entouré d’électrons, c’est formé de quoi ?
— ...
— Euh…
— De VIDE…
— 99,9 % de VIDE, de RIEN…
Quel choc… Je venais de m’apercevoir que ma peau, comme celle de mon
patient, comme n’importe quel constituant de notre planète, était constituée
de vide… J’avais donc devant moi un être constitué à 99,9 % de vide,
touchant un autre être constitué à 99,9 % de vide… Mais alors, comment
puis-je avoir la sensation de solidité sous ma main quand je touche quelque
chose ? À ce moment, je me suis dit : soit tu es totalement fou, soit il te
manque une information indispensable… C’est à ce moment-là que je me
suis intéressé à la physique quantique…
L’expérience de Young
Ce dont je vais te parler est une expérience très connue du monde
scientifique. Cette expérience a changé à jamais mon regard sur le monde
environnant… De quelle manière agira-t-elle sur toi ? Je te laisse le
découvrir…
Il s’agit de l’expérience de la double rainure, des fentes de Young, qui fait
passer deux faisceaux de lumière issus d’une même source dans deux trous
d’un plan opaque. On voit alors, sur un écran placé devant les fentes, un
motif de diffraction, c’est-à-dire une zone où alternent franges sombres et
franges illuminées. Si tu souhaites comprendre cette expérience de manière
ludique, tu peux entrer dans la fenêtre de recherche du site YouTube les
mots « physique quantique pour les nuls ». L’expérience y est reprise en
dessin animé. Les implications de cette expérience seront abordées plus loin
dans ce chapitre.
La conclusion, à première vue, de cette expérience, est que la matière se
comporte de manière chaotique. Nous ne pouvons donc pas déterminer
totalement la matière. Nous ne connaissons qu’une probabilité. De plus, le
rôle de l’observateur conditionne le résultat. C’est-à-dire qu’il modifie
l’expérience de manière physique.
Quels sont les éléments qui prouvent qu’il est réellement blanc ?
Eh bien, les yeux l’observent comme tel. Ils envoient une information au cerveau, que ce
dernier intègre ensuite comme étant la couleur blanche.
Bien. Maintenant imagine que tu es sous hypnose, et que ta perception sensorielle est
modifiée. Imaginons que le blanc corresponde au rose dans ton esprit (ce qui est tout à
fait envisageable, d’après ce que l’on observe dans n’importe quel bon spectacle
d’hypnose).
Pourquoi ?
Tout simplement parce que, si une autre personne de ton système voit le mur, elle te
dira que le mur est blanc ! (d’où l’intérêt du génogramme, cf. chapitre Le problème).
Pour que la réalité existe, il faut que deux conditions soient réunies : la première est d’en
avoir la perception sensorielle (nous y reviendrons), la deuxième est que le système
dans lequel tu évolues intègre cette information et la partage comme étant la réalité. Si
ces deux éléments sont respectés, tu as la possibilité de modifier la réalité !
G Conscience et réalité
Imagine que je te lance une balle en pleine tête. La réaction logique et
automatique est de l’esquiver. Pour cela, nul besoin de réflexion. Tu ne
prends pas le temps d’analyser. En d’autres termes, tu ne prends pas le
temps de consulter ta conscience pour savoir si oui ou non il faut
esquiver… Car si tu avais dû consulter ta conscience, cela aurait été
beaucoup plus long !
Le temps de consultation
C’est en 1973, à l’université de San Francisco, en Californie, que
Benjamin Libet, neurophysiologiste, a mené une série d’expériences pour
déterminer le temps de consultation de la conscience. En envoyant des
décharges électriques à la surface du cerveau, il s’est aperçu qu’il y avait un
temps de latence entre le ressenti de la décharge et le moment où elle était
donnée. Ce temps a été mesuré à une demi-seconde. C’est comme si, dans
cette expérience sensorielle, la conscience était en retard d’une demi-
seconde sur la réalité. Bien que cela ne relève pas d’un processus conscient,
notre perception du monde se reconstruit en permanence : les décharges
sont perçues à un moment précis, mais dans les faits elles ont eu lieu une
demi-seconde plus tôt.
Mais il faut dire que lorsque l’on passe dans l’infiniment petit, tout devient
différent… Imagine la même expérience avec des électrons (des tout petits
bouts de matière), eux aussi sont également projetés à travers les deux
fentes. Le résultat attendu devrait être deux rainures sur l’écran… Mais…
Quoi ? ! Nous obtenons un patron d’interférence ! Comment cela est-il
possible ? Nous avons envoyé de la matière. Pas de l’énergie.
Pourtant le résultat obtenu est celui correspondant aux ondes. Les
scientifiques ont alors décidé d’aller plus loin. Ils ont installé un système de
mesure au niveau des deux fentes afin de savoir par quelle fente l’électron
passait, et surtout pour expliquer pourquoi il se comportait comme s’il était
une onde. Mais à la grande surprise des scientifiques, les électrons se mirent
de nouveau à se comporter comme de la matière, donnant deux traits sur
l’écran. L’expérience fut renouvelée des centaines de fois à travers le
monde, donnant à chaque fois le même résultat. La conclusion est
inévitable : l’observation modifie le résultat. Comme si le fait d’observer,
de regarder l’électron modifiait son comportement. Comme s’il avait
conscience qu’on l’observe… Mais l’électron n’a pas de conscience, me
répondrais-tu, et jusqu’à preuve du contraire, je te rejoins sur ce point. Mais
je pense que la vraie question n’est pas là. La véritable question est de
savoir pour quelle raison le fait d’observer modifie le résultat.
Eh bien, comme tu viens de le constater avec l’expérience de la double
rainure et des électrons, il y a un fait indiscutable : l’observation crée en
partie le réel. Et dans cette phrase, le mot « observation » est largement
assimilé au mot conscience.
Transposée sur le plan mathématique, l’expérience est encore plus
incroyable ! L’électron passe par une fente, puis par les deux, pour
finalement passer par l’ensemble des possibilités qui s’offrent à lui. Cette
hypothèse avancée par Richard Feynman, prix Nobel de physique, s’appelle
« l’intégrale de chemin ». Cette intégrale aboutit à une dérivation de
l’équation de Schrödinger.
Il est important que tu saches qu’à ce jour, l’ensemble de ces théories,
défendues par des scientifiques primés et reconnus, reste encore
controversé. Albert Einstein lui-même a longtemps dénigré la physique
quantique, notamment dans une expression célèbre : « Dieu ne joue pas aux
dés ». Mais malgré son désaccord, il a pris le temps de s’y intéresser. Il a
réalisé l’expérience de la double fente et s’est aperçu que la conscience crée
une partie de la réalité.
Le destin
Landmarks
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