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Chaque photographie se pense, se construit, se compose.

En me projetant dans ce que sera


l’image, bien avant que l’iris du boîtier s’ouvre, j’initie un minutieux processus de création. Dans
mon approche, le soin porté à la prise de vue est primordial. Quelles que soient les possibilités
qu’offre le numérique lors de la post-production, j’aime à fabriquer, dès la séance, la photographie
la plus parachevée.

D’ailleurs, ce n’est pas l’outil qui est déterminant. C’est la maîtrise que l’on en a. Et je place au
cœur de cette maîtrise celle de la lumière. Sabine Weiss, une photographe émérite dont j’admire le
travail, évoquait « l’importance de la lumière naturelle comme source d’émotion dans la
photographie, et aussi la manière de la reconstituer avec des lampes. » Elle fait partie, avec
Doisneau notamment et des peintres tels que Vermeer, Rembrandt ou Caravage, des maîtres qui
ont su créer avec la lumière.

Pour continuer à progresser, je m’attache à être un infatigable artisan de la photographie. Me


remettre en question, explorer les registres, me nourrir du travail des plus grands, dans ma
discipline et d’autres. Aussi m’arrive-t-il de voir plusieurs fois un film au cinéma, sans que je sache
vraiment quel est le détail de son histoire, mon attention toute dirigée vers la composition des
plans-séquences.

Il ne s’agit pas, tel jour, d’emprunter à Vermeer, tel autre à Sabine Weiss. D’appliquer un filtre à la
mode, un éclairage Rembrandt, d’imiter un style. Alimenter mon inspiration trace pas à pas un
chemin semé de détails ténus. Lesquels forment, au fil du temps, des entrelacs, des pincées
d’influence, qui se manifestent au moment de façonner une image de caractère, avec ma propre
patte.

La constante remise en question est, j’en suis convaincu, un état d’esprit commun aux Meilleurs
Ouvriers de France. Je suis fier de ce titre. Il représente, avec celui de Master Qualified European
Photographer obtenu auparavant, la consécration d’années guidées par la passion et la
persévérance. Mon respect pour les autres MOF, tous métiers confondus, est si marqué que
parfois j’oublie que je le suis moi-même ! J’ai à cœur d’œuvrer à la poursuite de l’excellence et à la
transmission de mon savoir-faire, à travers la formation, comme l’implique notre charte.

La transmission est du reste une notion inhérente à mon métier. Une photographie doit transmettre
une émotion, faire passer le regard du plan du visible aux vibrations du sensible. C’est de cette
manière qu’elle va sortir du lot. Ceci vaut pour tous les registres, du portrait d’art à la photographie
d’un produit, d’un plat de chef, d’une bouteille de grand cru, en passant par le portrait
professionnel ou le paysage.

Me sont confiés les moments importants d’une vie, les étendards d’une entreprise. Parler,
comprendre, m’ouvrir à l’autre, ne rien imposer : autant de préalables aussi essentiels que les
apprêts techniques et la maîtrise de la lumière, du volume, du contraste.

La photographie de famille, qui m’est particulièrement chère, transmet l’émotion de génération en


génération. Quand je découvre ou restaure un cliché ancien, je songe à l’histoire qu'il recèle, au
patrimoine familial qu’il lègue. À l’époque où il a été créé, le plus souvent on ne prenait qu’une
seule photographie. Elle devait donc être parfaite, saisir les personnes dans un geste, un regard.
Je me dis qu’il faut, dans mon travail, tendre vers cette intemporalité. Je pense également au
photographe : s’imaginait-il que sa création serait vue et admirée, maintes décennies plus tard ?

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