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CHAPITRE I.

LA METROMOGIE : SCIENCE DE LA MESURE

I- Introduction

La définition du mot métrologie que l'on trouve dans les dictionnaires est la « science de la
mesure », mais il faut se demander ce que recouvrent les mots science et mesure.

Le mot science désigne un ensemble de connaissances ordonnées et même coordonnées, qui


permettent de décrire et d'interpréter, sous forme de lois, les relations entre divers phénomènes.
Les relations peuvent être démontrées par l'expérience, ou déduites d'un enchaînement logique
de phénomènes (formulation théorique), connus dans les domaines des sciences
mathématiques, physiques, chimiques, technologique .....

Le mot mesure indique l'objectif de cet ensemble de connaissances. Il s'agit d'un type d'action
ayant pour but d'attribuer une valeur, exprimée par un nombre, à une propriété particulière des
objets, des phénomènes ou des matériaux.

La nécessité de la mesure a été imposée par l'être humain pour échanger des biens de
consommation ou des services, ou bien organiser une vie sociale.

Toutes ces activités ont inspiré à l'homme social le besoin d'évaluer des biens, des travaux ou
des moyens. Dans certains domaines l'homme social pouvait se contenter du dénombrement :
animaux domestiques ou troupeaux, soldats, mais diverses activités humaines ont rapidement
montré le besoin de mesures bien détaillées.

Les activités de mesure reposent sur des éléments nécessaires à l'étude scientifique de la mesure.
En se posant les questions, les grandeurs que l'on veut caractériser sont-elles mesurables ?
Comment peut-on se fixer une unité de mesure ? Quels sont les procédés de mesure utilisables
? Que doit-on exiger comme étalons/références et instruments mis en œuvre dans la mesure ?
Comme le résultat de la mesure est le plus souvent exprimé par un nombre qui multiplie l'unité,
que peut-on attendre de ce résultat ?

Dans le monde industriel il faut analyser les besoins en métrologie comme suite :

* la gestion de la métrologie. L’implantation d'une métrologie à part entière est-elle importante


? faut-il des locaux et du personnel qualifié en permanence ? quelles sont les possibilités
régionales existantes ? souhaite-t-on faire soi même ou sous-traiter tout ou une partie de la
gestion par un organisme extérieur ? …..

* la réalisation des mesures. Quels sont les besoins industriels ? que doit-on mesurer et avec
quelle exactitude ? comment satisfaire les besoins ? quelles sont les méthodes de mesure ? quel
sera le principe à utiliser ? quels sont les appareils de mesure à utiliser ? comment utiliser
l'instrument choisi ?......

Ces questions nous serviront de guide pour explorer les principes sur lesquels la mesure doit
s'appuyer pour conduire à une meilleure connaissance et une meilleure utilisation des moyens
mis à notre disposition.
Toutefois, on entend parler de la métrologie scientifique et industrielle, y-a-t il une différence
entre les deux ?
Métrologie scientifique ou fondamentale est la mise en œuvre et l'amélioration du système
international (SI). Ce SI est chargée de définir les unités de mesure, de les réaliser et de les
conserver (étalons nationaux ou internationaux).
Métrologie industrielle est le transfert des résultats des activités de mesure vers les utilisateurs
(industriels, commerçants, et tous les utilisateurs de moyens de mesures…) via des moyens
d’étalonnage.

II- La métrologie
La fonction métrologie est une composante de l’assurance qualité (Système de Management de
la Qualité : SMQ). De point de vue organisme tel qu’une entreprise fabrique, teste, contrôle des
produits (ou service) à partir de processus de fabrication, d’essais, d’analyse, etc. Les produits
doivent satisfaire aux attentes exprimées des clients, donc être conformes à des exigences
(normes, spécifications internes).
La métrologie s’intéresse traditionnellement à la détermination des grandeurs d'un produit, qui
représentent ses caractéristiques. Les grandeurs peuvent être fondamentales comme par
exemple une longueur, une masse, un temps..., ou dérivées des grandeurs fondamentales comme
une surface, une vitesse, la dureté, la viscosité...
Mesurer une grandeur consiste à lui attribuer une valeur quantitative en prenant pour référence
une grandeur de même nature appelée unité. Cette détermination da la grandeur peut être
appelée mesure comme elle peut appelée comparaison.
Dans l'industrie, la métrologie permet d'identifier et de quantifier les moyens à mettre en œuvre
(personnel et matériel) suite à une démarche basée sur :
- l'analyse fonctionnelle de la mesure (réalisation d'un cahier de charges),
- l'analyse d'obtention des résultats de mesure,
- l'analyse des risques liés au moyen retenu,
- l'analyse des non conformités que l'on pourrait rencontrer.
Dans le cas général, les résultats des mesures obtenus servent à prendre des décisions :
– acceptation d’un produit (mesure des caractéristiques, des performances, la conformité à une
exigence),
– réglage d’un instrument de mesure,
– validation d’un procédé,
– réglage d’un paramètre dans le cadre d’un contrôle d’un procédé de fabrication
– validation d’une hypothèse (R&D),
– protection de l’environnement,
– définition des conditions de sécurité d’un produit ou d’un système,
– ...
L’ensemble de ces décisions converge vers la qualité des produits ou des services, ce qui nous
permet de qualifier quantitativement la qualité d’un résultat de mesure à condition de tenir
compte de son incertitude. Notons que sans l'incertitude les résultats de mesure ne peuvent plus
être comparés soit :
– entre eux (essais croisés),
– par rapport à des valeurs de référence spécifiées dans une norme ou une spécification
(conformité d’un produit).
Par conséquent, la métrologie permet de concevoir les conditions d'observation d'un
phénomène/produit, de construire et qualifier les instruments de son observation, et d'établir si
les résultats obtenus sont-ils significatifs !

III- Grandeur mesurable


On appelle grandeur X une propriété discernable caractérisant un objet, un système ou un état,
en d’autres termes le produit.
Autrement, la grandeur est un paramètre qui doit être contrôlé lors de l'élaboration d'un produit
ou de son transfert.
Deux grandeurs sont de même espèce ou nature lorsqu’on peut les comparer. Une grandeur est
mesurable quand on sait définir son égalité avec une grandeur de même nature et lorsque leur
somme ou leur rapport a un sens. Si une grandeur est mesurable, on peut alors lui affecter une
valeur numérique qui traduit le nombre de fois à une grandeur de même espèce prise comme
référence, à laquelle on attribue conventionnellement la valeur numérique 1 et qui est appelée
unité. Le résultat est écrit comme suite :
X = {X}.[X]
X est le nom de la grandeur physique, [X] représente l’unité et {X} est la valeur numérique de
la grandeur exprimée dans l’unité choisie.
Il faut noter que la valeur numérique dépend de l’unité choisie. En conséquence, cette dernière
doit toujours être précisées.
Insistons à mentionner que la grandeur est la propriété d’un phénomène ou d’un corps ou bien
d’une substance : produit.
L'opération de la mesure est importante et inévitable dans la protection des personnes. En effet :
• santé ; dosage des médicaments, les rayonnements en radiothérapie, la sécurité alimentaire,
et bien d’autres, nécessitent des opérations de mesure essentielles pour la santé publique. La
fiabilité des appareils de mesure des salles d'opération ou de soins intensifs est cruciale.
• droit de travail ; le respect du droit de travail nécessite un système de suivi des heures
travaillées, des niveaux de bruit et d'éclairage des locaux professionnels, des mesures de
l'atmosphère ambiante (humidité et aération des lieux), etc.
• sécurité routière ; impose des contraintes de vitesse, du taux d'alcoolémie, d'efficacité du
freinage des véhicules, et des mesures pour constater leur respect.
• protection de l'environnement ; impose des exigences réglementaires (les nuisances et la
qualité de l'air et de l'eau) ce qui appelle, donc, à des mesures.

La mesure est, donc, indispensable dans les relations entre donneurs d'ordres et sous-traitants.
Sans mesure fiables, on ne peut pas garantir que les produits ou services sous-traités sont
compatibles avec les exigences du donneur d'ordre.
Lorsqu’on réalise un mesurage, la première étape consiste à spécifier le mesurande, c’est à dire
la grandeur à mesurer ; le mesurande ne peut pas être spécifié par une valeur mais seulement
par la description d’une grandeur.
IV- Vocabulaire
L'opération de la détermination de la grandeur du produit est connue sous le nom mesure. La
grandeur qui subit l'opération de la mesure est dite mesurande ou mesurable. Le mesurage est
l'ensemble des opérations ayant pour but de déterminer la valeur d'une grandeur physique.
Le résultat d’un mesurage est la valeur attribuée à un mesurande. Lorsqu’on donne un résultat,
on indique clairement si l’on se réfère :
– à l’indication,
– au résultat brut,
– au résultat corrigé,
et si cela comporte une moyenne obtenue de plusieurs valeurs
Toutefois, Il faut bien différencier entre la répétabilité et la reproductibilité des résultats de la
mesure :
Répétabilité Reproductibilité
– même méthode – même méthode
– même échantillon – même échantillon
– même laboratoire – laboratoire différent
– même opérateur – opérateur différent
– même équipement – équipement différent
La répétabilité est une qualité caractérisant : (i) une procédure de mesure, (ii) un appareil de
mesure, (iii) un système de mesure.
Toutefois, la grandeur la plus importante déduite de la répétabilité est l'écart type R.

V- Système d’unité : Système International d’unité (SI)


Le Système International (SI) d’unités a pour objet une meilleure uniformité, donc une
meilleure compréhension mutuelle dans l’usage général. Dans quelques domaines spécialisés
et pour des raisons justifiantes, d’autres systèmes ou d’autres unités sont utilisés. Quelles que
soient ces unités, il est important de respecter les symboles et leur représentation qui doivent
être conformes aux recommandations internationales en vigueur.
Le système SI est un système cohérent d’unités qui comporte sept unités de base indépendantes
du point de vue dimensionnel (Tableau 1).
Tableau 1 : Les sept unités de base ou fondamentales

Les unités dérivées sont formées de manière cohérente des unités de base (Tableau 2).
Tableau 2 : Exemple d'unités dérivées

Toutefois et pour commodités de travail il peut exister des unités supplémentaires par utilisation
des multiples et des sous -multiples. Leurs utilisations fait éviter d'avoir des facteurs
multiplicatifs ou des valeurs avec un grand nombre de zéro.

Pour établir une unité fondamentale ou dérive, il faut donner une définition, une référence de
réalisation (étalon) et une référence de représentation.
Exemple : le Volt
Définition du Volt (V). Le Volt est la force électromotrice entre deux points d'un conducteur
supportant un courant de 1 Ampère quand la puissance dissipée entre ces deux points est de 1
Watt.
L'étalon de réalisation (qui valide cette définition). L'étalon de réalisation consiste en un
électromètre qui est une balance où d'un coté on fait intervenir le poids et de l'autre une force
électrostatique qui s'exerce entre deux armatures d'un condensateur constitué d'une électrode
mobile et d'une électrode fixe.

L'étalon de représentation est mis au point afin de permettre à l'ensemble des utilisateurs
industriels l'étalonnage des voltmètres fabriqués. Pendant longtemps l'étalon de représentation
du Volt consistait en une pile étalon (pile de Weston). Actuellement on utilise un étalon
construit à partir de diodes Zener, fournissant des tensions de sortie de 1 V ou 1,018 V ou bien
10 V.

VI- Traçabilité
La traçabilité est la propriété d’un résultat d’une mesure d'une grandeur qui doit être reliée à
des références déterminées, des étalons nationaux et internationaux, suite à une chaîne
ininterrompue de comparaisons ayant toutes des incertitudes déterminées (voir chapitre 2).
Notons qu'une référence est une des trois cas suivants :
* une unité de mesure,
* une procédure de mesure,
* un matériau de référence.
Dans chaque pays il existe un Laboratoire National de Métrologie (LNM) qui détient les
références nationales et les diffuse vers les utilisateurs. Les caractéristiques d’une référence
métrologique doivent être :
* communes entre différents utilisateurs,
* stables dans le temps,
* accessibles facilement.
Les différentes références intervenantes dans la traçabilité contribuent chacune à l’incertitude
de la mesure.

La traçabilité est une exigence présente dans de nombreux référentiels, c’est la seule façon
d’assurer la cohérence des mesures réalisées à des époques différentes, par des opérateurs ou
des entreprises différentes (Figure 1).
En conclusion, cette opération de traçabilité est une aptitude de retrouver l'historique, la mise
en œuvre ou l'emplacement de ce qui a été examiné.
Figure 1 : Organisation de la traçabilité
VII- Étalonnage des appareils de mesure
1) Étalon : c'est un appareil de mesure ou un système de mesure, destinés à définir, conserver
ou reproduire une unité ou bien une ou plusieurs valeurs connues d’une grandeur pour les
appliquer par comparaison à d’autres instruments de mesure, qui serviront, éventuellement,
d'étalon.
Notons que les étalons sont de moins en moins précis à mesure que l’on descend dans la
hiérarchie. Un étalon d’un niveau donné est défini par rapport à l’étalon du niveau supérieur et
sert lui-même à définir l’étalon du niveau inférieur, qui est une référence moins précise de la
grandeur mais beaucoup plus facilement accessible (Figure 1&2).
Les étalons du niveau supérieur sont très peu accessibles et ne peuvent en aucun cas servir pour
les mesures courantes. L’utilisateur a généralement accès à l’étalon du niveau inférieur qui lui
sert à vérifier son instrument de mesure.
Figure 2 : Niveaux des étalons
2) Étalonnage : C’est l’ensemble des opérations établissant, dans des conditions spécifiées, la
relation entre les valeurs indiquées par un appareil de mesure ou un système de mesure (de
valeurs représentées par une mesure matérialisée) et les valeurs connues correspondantes d’une
grandeur mesurée.
Toutefois, après un temps d’exploitation, les indications d’un appareil de mesure sont erronées,
il faut apporter aux mesures des corrections.
L’étalonnage d’un appareil de mesure est l’opération de contrôler ses indications par
comparaison avec un autre appareil étalon. D'où le besoin d'un certain nombre d'étalons pour
réaliser les mesures et vérifier les instruments qui doivent être précis et stable.
La précision de l’appareil à étalonner résulte de la méthode d’étalonnage utilisée et de la
précision des appareils étalons employés.
3) Courbe d’étalonnage : Elle est propre à chaque appareil et elle permet de transformer la
mesure brute en mesure corrigée. La courbe d'étalonnage est obtenue en soumettant l'appareil
étalon à une ou plusieurs valeurs vraies de la grandeur à mesurer.

4) Quelques rappels de définitions


a) Étalons de référence : Étalons, en général de la plus haute qualité métrologique disponible
en un lieu donné ou dans une organisation donnée, dont dérivent les mesurages qui y sont faits.
b) Étalons de transfert : Étalons utilisés comme intermédiaire pour comparer entre des étalons.
c) Étalons de travail : Étalons qui sont utilisés couramment pour étalonner ou contrôler des
mesures matérialisées, des appareils de mesure ou des matériaux de référence. Notons que (i)
un étalon de travail est habituellement étalonné par rapport à un étalon de référence (ii) Un
étalon de travail est utilisé couramment pour s’assurer que les mesures sont effectuées
correctement, il est appelé, aussi, étalon de contrôle.

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