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Chapitre 2 : Le processus de mesure

I.Qu’est-ce que la mesure ?


1. Mesurer c’est comparer à une référence
Mesurer c’est comparer une grandeur inconnue à une grandeur de même nature prise comme
référence.

Toute comparaison implique donc :


 une grandeur inconnue, que l’on appellera mesurande et que l’on souhaite mesurer ;
 un comparateur : l’instrument de mesure ;
 une référence, l’unité de mesure par exemple.

Nous allons donc mesurer des grandeurs, mais qu’est-ce qu’une grandeur, le Vocabulaire
International de Métrologie (VIM) nous dit qu’une grandeur c’est la propriété :
 d’un phénomène ;
 d’un corps ;
 d’une substance.

Que l’on peut exprimer quantitativement sous forme d’un nombre et d’une référence.

Grandeur = Nombre x Référence

Par exemple, si je veux mesurer la dimension d’une échelle, la grandeur sera la longueur et je
l’exprimerai de la façon suivante : L = 3,4 m
 L est le symbole de la grandeur "Longueur" ;
 3,4 est la valeur numérique de la grandeur ;
 m est le symbole de la référence, et dans ce cas la référence est l’unité de longueur, le mètre dont le
symbole est m.

Il existe de très nombreuses grandeurs, la masse, la résistance électrique, le nombre volumique


d’érythrocytes (aussi appelée hématie, ou plus communément globule rouge) dans un spécimen de
sang, la concentration en quantité de matière d’éthanol dans un échantillon de vin...

2. Pourquoi mesurer ?
Un organisme tel qu’une entreprise fabrique, teste, contrôle ses produits (ou services) à partir de
processus de fabrication, d’essais, d’analyse, etc. :
 Les produits doivent satisfaire aux attentes exprimées des clients, être conformes à des
exigences (normes, spécifications internes).
 C’est à partir de résultat de mesure que tout organisme, chaque jour prend des décisions
relatives à ses produits, ses processus, …
 Au résultat de mesure est associée une incertitude de mesure qui doit être compatible avec
l’exigence spécifiée (tolérances) du produit.
L’incertitude constitue alors un élément qui permet d’apprécier les risques liés à ces décisions.

Bien mesurer pour bien décider !

C’est par la mesure que l’on peut, à un instant donné, décider de :


 valider ou refuser un produit ;
 certifier la validité d’un produit ;
 trancher sur la validité ou non de l'objet fabriqué, en comparant les résultats obtenus à un
ensemble de spécifications.

Seul ce qui est mesurable peut progresser !

Un résultat de mesure ou d’essai sert de base pour prendre une décision : acceptation ou rejet d’un
produit, conformité d’un environnement...

De meilleures mesures → De meilleures informations→ De meilleures décisions→ De


meilleurs résultats.

 Ne jamais mesurer sans enregistrer !


 Ne jamais enregistrer sans analyser !
 Ne jamais analyser sans décider !
 Ne jamais décider sans agir !

3. Grandeur et mesurande
La grandeur que l’on veut mesurer, s’appelle le mesurande. Mais il faut prêter une grande
attention aux conditions d’observation de ce mesurande, par exemple, il faut souvent préciser
la température à laquelle se trouve l’objet mesuré.
Par exemple, si vous mesurez, la longueur d’une pièce mécanique en alliage léger, il faut
préciser la température à laquelle se trouve la pièce, en effet sous l’effet de la dilatation, la
valeur de la longueur évolue avec la température. Si la température, n’est pas précisée dans
la définition du mesurande, il subsistera un "flou" qui est générateur d’incompréhension et
nous le verrons plus tard : l’incertitude.

D’une manière générale, plus votre système d’observation : l’instrument de mesure, est "précis",
plus les conditions d’observations et la définition du mesurande devront être précises.

Restons avec l’exemple d’une pièce mécanique un peu plus spécifique, par exemple, une
cale étalon. Pour une cale étalon, les instruments d’étalonnage ont des incertitudes de
l’ordre de 0,01 μm et dans ce cas, la position de la cale par rapport à la gravité a une
importance, car en position verticale, la cale est plus "courte" qu’en position
"horizontale" ; en effet sous son propre poids elle se "tasse". Donc plus le système
d’observation est "fin" plus nous devrons définir précisément les conditions
d’observation du mesurande.

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4. Mesurage et processus de mesure
Le résultat d’une mesure n’est pas le fruit uniquement d’un instrument de mesure, mais d’un
processus complet qui implique :
 l’instrument de mesure et les étalons utilisés ;
 la méthode de mesure ;
 le milieu : l’environnement de la mesure (température, pression atmosphérique…) ;
 la main d’œuvre : le rôle des opérateurs ;
 la matière (l’objet mesuré).

5. Qu’est-ce qu’une référence métrologique


Nous venons de voir que l’on exprimait une grandeur sous la forme :

Grandeur = Nombre x Référence

Il existe différents types de références :


 une unité de mesure ;
 une procédure de mesure ;
 un matériau de référence.

5.1. Référence métrologique : unité de mesure


Une unité c’est une grandeur, définie et adoptée par convention, à laquelle on peut comparer
toute autre grandeur de même nature pour exprimer le rapport de deux grandeurs sous la
forme d’un nombre.
Grandeur / Unité = Nombre

L/U=4,6

5.1.1. Le Système International de grandeurs (ISQ)


Le système repose sur la définition de 7 grandeurs de base : longueur, masse, temps, courant
électrique, température thermodynamique, quantité de matière, intensité lumineuse.

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Les grandeurs dérivées sont formées à partir des 7 grandeurs de base. Par exemple, la
grandeur Force est le produit d’une masse par une longueur, divisé par la grandeur temps au
carré. En utilisant les symboles des différentes grandeurs on pourra écrire : F = MLT-2

5.1.2. Système International d’unité (SI)


Les unités de base sont définies pour les 7 grandeurs de base, elles ont un nom et un symbole :

5.2. Référence métrologique : procédure de mesure


Il existe des grandeurs et des unités qui ne sont pas définies dans le SI, mais dont la
référence est définie par une procédure de mesure. C’est par exemple le cas du contrôle
de la dureté C Rockwell d'un matériau. La dureté d'un matériau définit la résistance
qu'oppose une surface de l'échantillon à la pénétration d'un corps plus dur, par exemple
la bille ou la pointe d'un duromètre.

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Si l’on a mesuré une dureté en utilisant cette procédure, le résultat s’exprimera en plaçant
après la valeur numérique le symbole de la procédure HRC ou HRB par exemple.

Il existe une grande variété d'essais de dureté possibles :


• Dureté Rockwell (HR), principalement aux États-Unis d'Amérique ;
• Dureté Vickers (HV), qui a l’échelle la plus large ;
• Dureté Brinell (HB) ;
• Dureté Knoop (HK), pour des mesures de petite surface ;
• Dureté Janka, pour le bois ;
• Dureté Shore, surtout pour les polymères ;
• Dureté Barcol, surtout pour les matériaux composites.

Le principe est toujours identique, mais les résultats ne sont pas identiques.

5.3. Référence métrologique : matériau de référence


Certaines grandeurs ne sont pas "traçables" aux unités du système international (SI).

Pour certaines analyses de biologie médicale, par convention, on définira la concentration d’un
composé dans un matériau. Par exemple l’OMS Organisation Mondiale pour la Santé (WHO)
définit une référence pour les analyses d’HCG : Human Chorionic Gonadotropin.

"THE FOURTH INTERNATIONAL STANDARD FOR CHORIONIC


GONADOTROPIN (NIBSC Code: 75/589) Version 02, dated 09 February
20041. INTRODUCTION The 3rd International Standard for Chorionic
Gonadotrophin (3rd IS; in ampoules coded 75/537) was established by the

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WHO Expert Committee on Biological Standardization in 1986 (WHO ECBS,
1987). The same material had earlier been established as the International
Reference Preparation of Human Chorionic Gonadotrophin for Immunoassay
(WHO ECBS, 1975), and its unitage assigned in 1978 (WHO ECBS, 1978) on
the basis of the results of a collaborative study (Storring et al., 1980). This
Standard has been widely used for the calibration of assays to control the
quality and potency of chorionic gonadotrophin (CG) used in the treatment of
infertility in women and sometimes in men, and for the calibration of assays
used in the diagnosis of pregnancy and a range of other clinical conditions. In
1999 it became apparent that stocks of the 3rd IS were becoming exhausted and
that it needed to be replaced.

Each ampoule contains 650 INTERNATIONAL UNITS (by definition)."

La valeur numérique est fixée par consensus et est suivie du symbole IU (international
Unit) ou UI en français.

6. Ce qu’il faut retenir


Mesurer c’est comparer une grandeur inconnue à une référence dont la traçabilité est
établie dans le cadre du Système International d’unité ou d’une procédure ou d’un
matériau de référence reconnus.
Une grandeur s’exprime par le produit d’un nombre et d’une référence.
La référence peut-être une unité, une procédure, un matériau de référence.
Pour en savoir plus sur le Système International d’unités

Sur le site du Bureau International des Poids et Mesure, vous trouverez la brochure du
SI http://www.bipm.org/fr/si/si_brochure/general.html.

II.La traçabilité métrologique


1. Traçabilité métrologique pourquoi ?

Tout processus de mesure implique de disposer d’une référence.


La traçabilité métrologique est un enjeu clé dans le monde de la mesure afin de garantir la sécurité
des produits. Elle se réfère aux initiatives prises pour démontrer la précision des valeurs mesurées
au quotidien.

La traçabilité métrologique est régie par des normes internationales, établies par des organisations
de recherche telles que le Comité international des poids et mesures (CIPM), ainsi que par des
normes nationales, définies par des instituts de recherche propres à chaque pays. En raison de la
mondialisation de l’économie, la conformité à ces normes est de plus en plus exigée.

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La conformité aux normes internationales est aujourd’hui une condition sine qua non à la
mondialisation des activités de production. Une traçabilité métrologique unanimement et
internationalement approuvée et appliquée est indispensable pour permettre la reconnaissance
universelle des résultats de mesure dimensionnelle, quelle que soit leur origine.

Sous l’autorité du Comité international des poids et mesure, une organisation appelée Bureau
international des poids et mesures (BIPM) a pour mission d’assurer la traçabilité des mesures au
Système International d’unités (SI).

1.1. Que se passerait-il si nous n’utilisions pas des références communes ?


Imaginons que Keita et Diallo doivent mesurer la même longueur L. Keita dispose d’une
unité de mesure de longueur M (mètre) et Diallo de son côté, dispose d’une unité de mesure
Y (yard). M et Y sont différentes.

Keita et Diallo ne pourront jamais se comprendre car ils n’utilisent pas la même unité. Keita
trouve 18 et Diallo 20 !
Il faut donc disposer d’une référence commune ou de références comparables, c’est-à-dire
de références reliées à une référence commune.

Ceci s’appelle la traçabilité métrologique. La référence commune est généralement un étalon


maintenu par le laboratoire national de métrologie d’un pays. En France, c’est le Laboratoire
national de métrologie et d’essais qui assure cette fonction.

1.2. Que se passerait-il si les références métrologiques évoluaient dans le temps ?


Réfléchissons ensemble à la question suivante :

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 Comment être certain que la température de la terre se réchauffe si nos références de
température ne sont pas stables et constantes dans le temps ?

Sans références métrologiques stables dans le temps, impossible de comparer des résultats
de mesure obtenus à des instants différents.
Nous venons de voir que les références métrologiques et la traçabilité permettraient d’assurer
une cohérence des mesures dans "l’espace et dans le temps".

2. Les caractéristiques d’une référence métrologique


En résumé, quelles sont les caractéristiques d’une référence métrologique ?
 Être commune entre différents utilisateurs ;
 être stable dans le temps ;
 et nous rajouterons une troisième caractéristique que nous allons développer maintenant :
être accessible facilement.

3. Comment accéder aux références ?


Nous avons vu que si nous voulons comparer nos résultats de mesure, si nous voulons
pouvoir assembler les montages mécaniques, si nous voulons assurer l’interchangeabilité des
pièces il faut des références communes.

Mais comment y accéder ? La réponse est dans la chaîne de traçabilité qui est illustrée par le
schéma suivant :

Les métrologues définissent cette propriété de la manière suivante dans le Vocabulaire Inter-
national de Métrologie – Concepts fondamentaux et généraux et termes associés (VIM) :

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 Traçabilité métrologique :
Propriété d’un résultat de mesure selon laquelle ce résultat peut être relié à une référence
par l’intermédiaire d’une chaîne ininterrompue et documentée d’étalonnages dont chacun
contribue à l’incertitude de mesure.

Comment faire pour assurer la traçabilité métrologique de ses mesures. Vous avez plusieurs
solutions :
 envoyer votre instrument pour étalonnage dans un laboratoire.
Par exemple si vous envoyez votre instrument dans un laboratoire d’étalonnage accrédité
(selon ISO/CEI 17025) par le SOAC ou par le Cofrac, alors votre traçabilité sera établie. Des
informations sur les laboratoires accrédités sont disponibles sur le site du SOAC :
www.soacwaas.org. Le SOAC est le Système Ouest Africain d'Accréditation ou aussi sur le
site du Cofrac www.cofrac.fr. Le Cofrac est l’organisme Français d’accréditation ;
 vous pouvez étalonner vous-même votre instrument à condition que vous
disposiez d’un étalon qui lui-même devra être étalonné dans un laboratoire accrédité.

4. Quelques exemples de chaîne de traçabilité


4.1. Savez-vous comment étalonner votre chronomètre ?

Si avec votre chronomètre vous mesurez des temps avec une incertitude souhaitée de
quelques dixièmes de secondes alors un étalonnage par rapport à l’horloge parlante sera
parfaitement adapté.

L’horloge parlante s’obtient en composant le numéro de téléphone 3699. L’horloge


parlante est pilotée par le LNE-SYRTE, chargé par le Laboratoire National de
Métrologie et d’Essais (LNE) de la responsabilité des références nationales de temps et
de fréquence. Elle vous assure donc une traçabilité aux étalons nationaux. Il vous suffira
de déclencher le chronomètre lors du 4e top, puis de laisser s’écouler un temps
comparable à ceux que vous mesurez habituellement. Une comparaison entre les temps
relevés grâce à l’horloge parlante et ceux relevés par votre chronomètre vous permettra
de vous assurer de l’exactitude de votre instrument.

4.2. Savez-vous comment la balance de votre commerçant est vérifiée ?


La petite étiquette verte placée sur l’instrument atteste que la balance a été vérifiée à
l’aide de masses étalons qui sont elles-mêmes étalonnées et l’on peut décrire les
différents étalonnages successifs qui relient ces étalons à l’étalon national de masse
détenu par le LNE.

4.3. Savez-vous comment étalonner votre micromètre à vis ?


Très certainement, vous utiliserez un jeu de cales étalons. Ces cales auront été envoyées
dans un laboratoire qui les étalonnera par "comparaison mécanique", c’est à dire qu’avec
un comparateur elles seront étalonnées par comparaison à des cales de référence qui
elles-mêmes auront été étalonnées par une méthode optique l’interférométrie. Les

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sources laser utilisées dans l’interféromètre auront été comparées à l’étalon de longueur
qui est lui-même matérialisé par des sources laser.

5. Ce qu’il faut retenir


La traçabilité métrologique est une exigence présente dans de nombreux référentiels,
c’est la seule façon d’assurer la cohérence des mesures réalisées à des époques
différentes et par des opérateurs et par des entreprises différentes.
La traçabilité métrologique c’est la propriété d’un résultat de mesure selon laquelle ce
résultat peut être relié à une référence par l’intermédiaire d’une chaîne ininterrompue et
documentée d’étalonnages dont chacun contribue à l’incertitude de mesure.

III.Le processus de mesure


1. Un processus comme les autres

Le processus de mesure est comme tous les processus, il transforme des données
d’entrée en données de sortie.

Les données d’entrée du processus de mesure sont :


 la définition précise du mesurande, c’est à dire la grandeur que l’on
veut mesurer, ainsi que les conditions d’observation de ce mesurande,
par exemple la température à laquelle la mesure sera pratiquée…
 l’étendue de mesure c’est le domaine dans lequel peut varier la grandeur
que l’on veut mesurer, cette information est importante pour choisir la
méthode de mesure et l’instrument que l’on va utiliser ;
 l’incertitude cible, c’est l’incertitude que l’on cherche à atteindre sur le
résultat de mesure. Cette donnée conditionne grandement le choix de la
méthode et de l’instrumentation.

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Les données de sortie du processus de mesure sont :
 un résultat de mesure, c’est à dire une valeur numérique, une référence
par exemple une unité de mesure et l’incertitude sur le résultat ;
 parfois le processus de mesure peut conduire à une décision. Un
exemple, si le résultat de mesure est utilisé pour déclarer la conformité
d’un produit à une spécification.

2. Du mesurande au résultat de mesure


Le processus de mesure va mettre en œuvre :
 un ou des opérateurs (main d’œuvre) ;
 une méthode de mesure (méthode) ;
 un instrument de mesure, des étalons (moyens) ;
 un environnement, température, humidité… (milieu) ;
 un produit ou un phénomène dont on veut mesurer une propriété
(matière).

Trop souvent, on focalise son attention sur l’instrument de mesure, mais en


fait, il y a bien d’autres facteurs qui sont mis en action pour obtenir un résultat
de mesure.
On représente schématiquement le processus de mesure par un diagramme que l’on désigne
par le diagramme des 5 M.

3. Le schéma des 5 M
La méthode des 5 M est un schéma en forme de poisson qui analyse les liens de cause à effet d’un
problème donné :
 ses arêtes représentent les causes,
 et la tête, l’effet, le problème final, l’objectif.

Quels sont les 5 M ?


Pour détecter de potentielles causes agissant directement ou indirectement sur le problème
étudié, la règle des 5 M étudie :
 Matière : toutes causes liées aux éléments utilisés dans le processus de
fabrication comme l’utilisation de matières premières périmées, des fournitures de
mauvaise qualité ou des pièces avec des défauts ;
 Milieu : les causes liées à l’environnement et au contexte de réalisation comme un

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marché volatile, une concurrence très rude ou une législation particulièrement
contraignante ;
 Méthodes : y a-t-il des problèmes dans la manière de travailler ? Ici on étudie de
potentiels dysfonctionnements ou ralentissement dans les processus de travail et les
modes opératoires, des erreurs dans les instructions ou mode d’emploi ;
 Moyens/Matériel : les équipements, machines, outils, logiciels, s’il y en a qui sont
défectueux, obsolètes ou non adaptés ;
 Main d’œuvre : les ressources humaines sont-elles en manque de compétences et
de formation, ou mal informées sur la bonne exécution des tâches ? etc.

Examinons maintenant la contribution des Moyens, Matière, Main d’œuvre, Milieu et


Méthode.

3.1. Les moyens


Dans tout processus de mesurage nous allons utiliser des instruments de
mesure, ou des systèmes de mesure.
Pour choisir un instrument de mesure, il faudra prendre en compte :
 son étendue de mesure,
 sa résolution,
 l’incertitude instrumentale, ou son erreur maximale tolérée,
 les variations de ses performances en fonction des grandeurs d’influence comme par
exemple la température.
Afin d’assurer la traçabilité métrologique, l’instrument devra être étalonné
par rapport à des étalons (traçables aux unités du Système International SI).
On appliquera des corrections aux indications de l’instrument pour compenser
les erreurs de justesse qui ont été relevée lors de l’étalonnage.
Si on décide de ne pas appliquer de correction, l’incertitude sur le résultat de
mesure sera élargie.

3.2. Le milieu
Tout processus de mesure, se déroule dans un milieu qui est caractérisé par
différents para- mètres tels que la température, l’humidité, la pression
atmosphérique…
Certaines de ces grandeurs ont une influence sur le processus de mesure :
 on peut parfois en corriger les effets, pour les mesures
dimensionnelles, on applique des corrections de dilatation, pour
exprimer les valeurs des longueurs à la température de 20,0°C (c’est
d’ailleurs la norme ISO 1 qui fixe la valeur de la température de
référence ;
 certains instruments de mesure sont sensibles à la température, les
fabricants indiquent dans leurs notices des "coefficient de température"
à appliquer pour corriger les résultats ;
 certaines grandeurs d’influence, puisque c’est ainsi que l’on les
appelle, agissent sur le processus, mais sans que l’on en connaisse
l’effet sous forme d’une loi, comme la loi de la dilatation.
Généralement l’effet de ces grandeurs d’influence consistera à augmenter

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l’incertitude de la mesure.

3.3. La main d’œuvre


La main d’œuvre est essentielle dans tout processus de mesure. Les opérateurs et les techniciens
interviennent :
 à la conception du processus ;
 à sa mise en œuvre ;
 pendant son exploitation ;
 pendant les phases d’étalonnage ;
 pendant les phases de surveillance.

Quelles sont les qualités que l’on attend d’un métrologue ?


 rigueur ;
 honnêteté scientifique ;
 esprit curieux ;
 humilité.

3.4. La méthode
La méthode de mesure devra faire l’objet d’une description précise dans une procédure de mesure.
Il existe différentes méthodes de mesure que l’on peut classer :
 méthode de mesure par substitution ;
 méthode de mesure différentielle (par exemple lorsque l’on compare la longueur de deux
cales étalons à l’aide d’un comparateur électronique, on ne mesure en fait que la très petite
différence de longueur entre les deux cales) ;
 méthode de mesure par zéro ( dans un pont de wheastone pour comparer deux résistances
électrique, on utilisera un détecteur de zéro pour chercher l’équilibre entre les deux branches
du pont de mesure).

D’autres classifications sont possibles :


 méthode de mesure directe : l’instrument et la méthode fournissent directement une valeur
de la grandeur mesurée dans les unités de la grandeur que l’on souhaite mesurer (exemple
mesure d’une tension électrique avec un voltmètre numérique ;
 méthode de mesure indirecte : On mesure différentes grandeurs, puis on calcule la valeur de
la grandeur que l’on veut mesurer. Par exemple pour mesurer la masse surfacique d’un
papier, on mesurera successivement la masse d’une certaine surface, par exemple un carré
d’un mètre de côté, puis l’aire de cette surface et pour obtenir la masse surfacique on fera le
quotient de la masse par l’aire.

3.5. La matière
L’objet mesuré a une grande importance dans le processus de mesure. Généralement on ne passe
pas suffisamment de temps à définir avec précision le mesurande, la grandeur que l’on veut à
mesurer :
 on devra préciser les conditions d’observation du mesurande, par exemple ;
 la température ;
 la position de l’objet ;
 pour des prélèvements de sol, le lieu exact, la date…
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Il faut être conscient que plus l’instrument d’observation est "précis", plus les conditions
d’observation du mesurande devront être précises.

Par exemple, si l’on mesure une cale étalon avec un pied à coulisse, la position de la cale dans
l’espace n’a aucune importance et n’a pas besoin d’être précisée. Par contre si l’on mesure cette
même cale avec un interféromètre la position de la cale devient importante, en effet sous l’effet de
son propre poids, la cale est plus courte lorsqu’elle est positionnée verticalement que lorsque nous
la plaçons horizontalement. La différence de longueur est de quelques centièmes de micromètre,
c’est également l’ordre de grandeur de l’incertitude des mesures par interférométrie.

4. Le modèle de mesure
Il est essentiel que tout processus de mesure fasse l’objet d’une modélisation.

Le modèle de mesure est une relation mathématique entre toutes les grandeurs qui interviennent
dans un mesurage.

Le modèle de mesure s’exprime souvent par une fonction de mesure : y = ƒ (X1, X2... Xn)
Y représente le mesurande et X1, X2 représente les différentes informations qui interviennent
dans le processus de mesure, les indications de l’instrument ou leur moyenne, les corrections
d’étalonnage, les corrections d’environnement….

Le modèle de mesure servira également à évaluer l’incertitude sur le résultat de mesure Y.

5. Exemple de modèle de mesure, masse volumique d’une céramique

Définition du mesurande : masse volumique d’une sphère de céramique à 20 °C.

Analyse du processus de mesure : mesure indirecte par mesure de la masse et du volume de la


sphère.

Identification des facteurs d’incertitude :


 facteurs d’incertitude pour les mesures de diamètres : justesse de l’instrument, fidélité
de l’instrument, quantification, défaut de sphéricité, répétabilité de la méthode, écrasement des
touches de l’instrument sur la sphère, dilatation de la sphère, dilatation des instruments, effet de
l’opérateur ;
 facteur d’incertitude pour la mesure de la masse : Justesse de la balance, dérive de la
balance, fidélité de la balance (moyen + opérateur), dérive des masses étalons, poussée de l’air
(incertitude sur la correction de poussée différentielle).

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6. Ce qu’il faut retenir
Un processus de mesure, comme tout processus, transforme des données d’entrée en données de
sortie. On utilise la méthode des 5M (procédé mnémotechnique = technique permettant de se
souvenir d'informations qui sont difficiles à mémoriser) pour décrire et analyser un processus de
mesure.

IV.Évaluer les performances du processus


de mesure
Un résultat de mesure découle d’un processus de mesure.

Le résultat d’un mesurage M (résultat d’une mesure) : ensemble de valeurs attribuées à un


mesurande complété par toute autre information pertinente disponible sur l’incertitude de mesure
associée à un niveau de confiance qui permet d’indiquer l’intervalle des valeurs probables du
mesurande. (VIM)

M = m ± U(m)

où m est la valeur mesurée ou une valeur moyenne,


U(m) est l’incertitude de mesure ou incertitude élargie
qui dépend du niveau de confiance.

Une question que l’on entend souvent est la suivante : les résultats obtenus sont-ils fiables ?
Cela signifie dans le langage du métrologue, sont-ils exacts, c’est-à-dire justes et fidèles
(répétables) ?

Les concepts de justesse et de fidélité de mesure, qui sont les performances essentielles du
processus de mesure, sont définis ci-dessous.

Remarquer qu’on n’a pas utilisé le mot "précision" ? "précision" est le terme anglais de
"fidélité", il n’a pas de définition dans la version française du vocabulaire international de
métrologie et ne doit pas être utilisé car on ne sait pas s’il est employé en référence à la
fidélité ou à l’exactitude.

1. La justesse
Avant de donner la définition du VIM (vocabulaire international de métrologie), on peut
introduire la justesse comme l’écart moyen à une valeur de référence.

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La justesse de mesure est "l’étroitesse de l’accord entre la moyenne d’un nombre infini de
valeurs mesurées répétées et une valeur de référence".

Justesse : « Étroitesse de l’accord entre la valeur moyenne obtenue à partir d’une large série de
résultats d’essais et une valeur de référence acceptée. » (ISO 3534-1)
La valeur de référence acceptée est la valeur conventionnellement vraie. Le terme « précision » ne
doit plus être utilisé dans ce contexte. (VIM)

La justesse ne s’exprime pas numériquement, pour la quantifier on va estimer un biais.

Biais
Valeur algébrique qui permet de mesurer la justesse. Le défaut de justesse résulte des erreurs
systématiques.
Le biais est « la différence entre l’espérance mathématique (ou la moyenne) et une valeur de
référence acceptée » ou (Différence entre la valeur réelle et la valeur obtenue.).

Quelle différence existe-t-il entre justesse et biais ?


Le biais est la valeur algébrique permettant de quantifier la « justesse » qui est une des qualités de
la méthode.
Il est possible d’exprimer le biais relatif par l’expression suivante :

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 S’intéresser à la justesse, c’est rechercher les erreurs systématiques, donc sous-entendu avoir
une valeur de référence. Pour être juste, on cherche à réduire les erreurs systématiques en
appliquant des corrections.

Exactitude de mesure
« Étroitesse de l’accord entre une valeur de résultat d’essai et la valeur de référence acceptée du
mesurande. »

Quelle est la différence entre exactitude de mesure et justesse ?


La « justesse » concerne la méthode (ou un laboratoire pratiquant une méthode) et donc s’évalue
par l’écart de la moyenne d’une série d’essais à la valeur de référence, cet écart est appelé
« biais ».
L’exactitude ne concerne qu’un résultat d’essai, et s’évalue par « l’erreur de mesure »

2. La fidélité
Avant de donner la définition du VIM (vocabulaire international de métrologie), on peut introduire
la fidélité comme l’aptitude à avoir des résultats proches les uns des autres quand on répète une
mesure.

La fidélité de mesure est l’étroitesse de l’accord entre les indications obtenues par des mesurages
répétés du même objet dans des conditions spécifiées ou l’étroitesse de l’accord entre des résultats
indépendants obtenus sous des conditions stipulées.

NOTE 1
On distingue la fidélité sous conditions de répétabilité, la fidélité sous conditions de
reproductibilité et la fidélité intermédiaire.
La fidélité est en général exprimée numériquement sous forme d’écart-type, de variance ou de
coefficient de variation dans les conditions spécifiées.

Exemple :

Soit S l’écart-type expérimental de n mesurages répétés xi avec :

Aussi,

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Coefficient de variation (%):

Pourquoi parle-t-on de « valeur estimée » ?


Il s’agit de la meilleure valeur estimée de l’écart-type, car le nombre d’essais réalisés est toujours
un nombre fini.
On pourrait aussi parler d’ « écart-type expérimental »

Si S=0,22 on est moins répétable que si S=0,034 car les valeurs sont plus dispersées autour de la
moyenne x.

Répétabilité
« Fidélité, pour un niveau donné de l’échantillon, dans les conditions où les résultats d’essais indépendants
sont obtenus par la même méthode, sur des individus d’essais identiques, dans le même laboratoire, par le
même opérateur utilisant le même équipement et pendant un court intervalle de temps » (ISO).
Peut-on parler de la répétabilité des résultats ?
Il est préférable de ne pas utiliser le terme "répétabilité des résultats », la « répétabilité » caractérise une
méthode de mesure à un niveau donné de l’échantillon et non les résultats obtenus.
Cette qualité est quantifiée par une valeur algébrique appelée « l’écart-type de répétabilité ».

 Si toutes les conditions de mesure sont identiques : même opérateur, même machine, court
laps de temps, on parle de répétabilité. C’est-à-dire la plus petite dispersion quand rien ne
varie.

Reproductibilité
« Fidélité, pour un niveau donné de l’échantillon, dans les conditions où les résultats d’essais sont
obtenus par la même méthode, sur des individus d’essais identiques, dans différents laboratoires,
avec différents opérateurs et utilisant des équipements différents » (ISO).
 Reproductibilité intra-laboratoire (fidélité intermédiaire) : même procédure opératoire,
même lieu, pendant une période de temps étendue.
 Reproductibilité inter-laboratoire (reproductibilité) : lieux, opérateurs et/ou systèmes de
mesure différents.

 Si certaines conditions, comme le temps ou l’opérateur, voir le laboratoire, varient, on parle


alors de reproductibilité.

Pour être fidèle, on cherche cette fois à réduire les erreurs aléatoires, soit en fixant un certain nombre
de paramètres susceptibles d’être influant lors du processus de mesure, soit en répétant les mesures
et en annonçant la moyenne de ces mesures répétées.

NOTE 2
Le défaut de fidélité résulte des erreurs aléatoires :
 Les erreurs grossières (évitables par définition) sont dues au manipulateur.
 Les erreurs systématiques sont liées au manque de justesse de la méthode.

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 Les erreurs aléatoires sont liées au manque de fidélité (répétabilité, reproductibilité) de la
méthode.

La base de la démarche du métrologue, qui cherche à donner la meilleure estimation possible du


mesurande (grandeur que l’on veut mesurer), consiste dans un premier temps à identifier les erreurs
systématiques et à appliquer des corrections, puis dans un second temps à augmenter le nombre
d'observations indépendantes et à prendre la moyenne de ces valeurs pour diminuer les erreurs
aléatoires.

Pour résumer les performances d’un processus de mesure, on peut schématiser les résultats sur une
cible où le centre serait la valeur de référence (figure 1).

Figure 1 : performance d’un processus de mesure

3. Justesse et fidélité des instruments de mesure


3.1. La justesse (Trueness) d’un instrument de mesure est son aptitude à donner des indications
exemptes d’erreur systématique. L’estimation de l’erreur systématique est appelée biais
de mesure ou erreur de justesse.

3.2. La fidélité (Precision) d’un instrument de mesure est son aptitude à donner des indications
très voisines lors de l’application répétée du même mesurande dans les mêmes conditions.
Un instrument fidèle donne des erreurs aléatoires faibles. L'écart-type est souvent considéré
comme l'erreur de fidélité.

3.3. L’exactitude (Accuracy) : qualité d’un appareil qui est à la fois juste et fidèle donc exact,
l’exactitude ne concerne qu’un résultat d’essai, et s’évalue par « l’erreur de mesure »

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4. La notion d’erreur de mesure
Un mesurage n’étant jamais parfait, il y a toujours une erreur de mesure :
L’erreur de mesure est la différence entre la valeur mesurée d’une grandeur et une valeur de
référence. Si la valeur de référence est la valeur vraie du mesurande, l’erreur est inconnue.

Erreur de mesure (ER) = 𝒎𝒊 – Mréf.

L’erreur de mesure est la valeur algébrique qui permet de quantifier « l’exactitude ».


« Différence entre la valeur mesurée et une valeur de référence, c’est la somme de l’erreur
systématique (erreur de justesse) et de l’erreur aléatoire (défaut de fidélité), souvent désignée sous
l’appellation d’erreur totale ou parfois d’inexactitude. »

On envisage traditionnellement qu’une erreur de mesure possède deux composantes, à savoir une
composante aléatoire et une composante systématique.

4.1. La notion d’erreur aléatoire Δ 𝐨𝐮 ERa


L’erreur aléatoire ou erreur de répétabilité intervient lorsque l’expérimentateur effectue N
mesures exactement dans les mêmes conditions du mesurande et ne trouve pas à chaque fois la
même valeur.
Si on effectue N mesures dans des conditions de répétabilité, le meilleur estimateur de la valeur du
mesurande est la valeur moyenne 𝒎 ̅ des N mesures.

̅ . L’erreur aléatoire ou
Une mesure 𝒎𝒊 parmi les N mesures est généralement différente de 𝒎
erreur de répétabilité est définie par la différence :

̅
ERa = 𝒎𝒊 - 𝒎

L’erreur aléatoire ERa provient essentiellement des variations temporelles et spatiales non
prévisibles des grandeurs d’influence. Il n’est pas possible de compenser l’erreur aléatoire d’un
résultat de mesure, elle peut cependant être réduite en augmentant le nombre de mesures.

Exemples d’erreurs aléatoires :


 Erreurs dues aux appareils de mesure (seuil de mesure, résolution…)
 Erreurs dues aux conditions extérieures (température, pression, hygrométrie, …)
 Erreurs de lecture
 Parasites

4.2. La notion d’erreur systématique 𝜺 𝐨𝐮 ERs


L’erreur systématique ERs se produit sur un résultat de mesure à partir d’un effet reconnu
d’une grandeur d’influence. Cet effet, appelé effet systématique, peut être quantifié et s’il est
significatif par rapport à la précision requise du mesurage, une correction peut être appliquée au
résultat.

Par définition, l’erreur systématique est :

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̅ - Mvraie
ERs = 𝒎

Comme la valeur vraie du mesurande est toujours inconnue, l’erreur systématique ERs ne peut
pas être connue exactement, il est seulement possible de déterminer une estimation de l’erreur
systématique.

Note 3 : Lors d’une mesure, l’erreur aléatoire peut prendre, au hasard, n’importe quelle valeur
sur un certain intervalle. Par contre, l’erreur systématique prend la même valeur (inconnue)
lors de chaque mesure.

L’erreur systématique peut être considérée comme une erreur constante qui affecte chacune des
mesures. Elle ne peut pas être réduite en augmentant le nombre de mesures, mais par
application d’une correction.

Pour détecter et évaluer une erreur systématique, on peut mesurer la même grandeur avec un
instrument différent, avec des méthodes différentes, mesurer un même mesurande dans des
laboratoires différents, mesurer avec son instrument de mesure une grandeur étalon (contrôle de la
justesse).

Exemples d’erreurs systématiques :


 défaut d’étalonnage (pH-mètre, conductimètre, spectrophotomètre,)
 défaut de calibrage, de réglage du zéro de l’appareil, défaut de la mise au zéro d’une
éprouvette graduée, …
 erreur de parallaxe dans la lecture
 erreur de méthode, erreur de concentration, ….
 vieillissement des composants

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4.3. Illustration des erreurs systématiques et aléatoires

4.4. L’erreur de mesure ER


Une erreur de mesure a donc en général, deux composantes : une erreur aléatoire ERa et une erreur
systématique ERs.

L’erreur de mesure est :

ER = 𝒎𝒊 – Mvrai = ( 𝒎𝒊 - 𝒎
̅ ) + (𝒎
̅ - Mvraie )

On obtient donc :

ER = ERa + ERs

L’erreur de mesure est donc la somme des erreurs aléatoires et des erreurs systématiques.

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4.5. Schéma récapitulatif

4.6. Identification des sources d’erreurs


Pour évaluer les sources d’erreurs, nous pouvons utiliser comme outil le diagramme de cause-
effet ou diagramme d’Ishikawa associé à la méthode des 5 M.
La méthode des « 5 M » est une démarche de recherche des causes qui permet de ne rien
oublier lors de l’inventaire :
 MOYEN : matériel utilisé (appareils de mesure, verrerie, instruments,….) ainsi que les
substances chimiques et les réactifs utilisés.
 METHODE : toutes les étapes de l’analyse (prélèvement, mise en conditionnement,
pesée, mise en solution, dilution ,…..).
 MATIERE : matière textile (fibre, fil, tissu,…), produit biologique (plasma, urine,),
produit alimentaire (eau, lait, bière,…..), Pouvant contenir des substances responsables
d’interférences lors de la mesure.
 MILIEU : conditions environnementales (température, pression, hygrométrie ,….).
 MAIN D’OEUVRE : opérateur (technicien, élève, étudiant ….) effectuant la mesure

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 Illustration du diagramme de cause-effet ou diagramme d’Ishikawa associé à la
méthode des 5 M.

V.Comprendre le concept d’incertitude


1. Incertitude sur les résultats de mesure
Pour aborder le concept d’incertitude, commençons par une question simple : 12 est-il
différent de 13 ?

 Le "mathématicien" répond oui sans hésitation car le nombre 12 est bien différent
du nombre 13.

 Le "technicien" lui, n’est pas dans un univers mathématique, dans un monde parfait
mais dans l’expérimentation. La question devient donc : est-ce que le résultat 12 est
différent du résultat 13 ?

Quand on passe des mathématiques à la technique, le résultat "12" ou "13" tient compte de
tout le processus de mesure mis en œuvre pour y arriver à cette valeur.

Pour ne citer que quelques éléments du processus, interviennent : l’instrument de mesure et


sa résolution, la méthode de mesure mise en œuvre, l’environnement, les compétences de
l’opérateur...

Tous ces éléments entrainent ce que l’on nomme une incertitude sur les résultats de mesure.

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Cette incertitude, il est nécessaire de l’estimer pour pouvoir comparer des valeurs entre elles
ou à une spécification.

Reprenons l’exemple ci-dessus avec l’appui de la figure 1 :

Figure 1 : l’incertitude pour comparer deux résultats

Supposons que 12 et 13 soient connu à ± 0,4. ce qui est noté U = 0,4. Si de plus on fait l’hypothèse,
réaliste, que chaque résultat de mesure suit une loi normale, on obtient la représentation graphique
de gauche. Les 2 courbes de distribution sont très distinctes, elles ne se croisent que sur une petite
surface. Le risque de confondre 12 avec 13 est faible. Donc à la question, 12 est-il différent de 13,
on répond oui avec une incertitude élargie de 0,4.
Supposons maintenant que 12 et 13 soient connus à ± 2, ce qui est noté U = 2, on obtient la
représentation graphique de droite où l’on voit les 2 courbes de distribution se superposer sur une
surface importante.

Le risque de confondre 12 avec 13 est très grand quand j’ai 12 ± 2 et 13 ± 2.


Cette fois-ci, à la question 12 est-il différent de 13, on répond non, ou plus exactement, 12 n’est
pas significativement différent de 13 vu l’incertitude que j’ai sur l’obtention des valeurs 12 et 13.

L’incertitude de mesure permet de comparer des résultats de mesure entre eux ou à des limites.

La méthode de référence universelle (reconnue internationalement et pour tous les domaines)


d'évaluation d’incertitude est détaillée dans un document connu sous l’acronyme "GUM" Guide
pour l’expression de l’incertitude de mesure publié en 1995.

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Extrait du GUM (NF ENV 13005)

"Lorsque l'on rend compte du résultat de mesurage d'une grandeur physique, il faut obligatoirement
donner une indication quantitative sur la qualité du résultat pour que ceux qui l'utiliseront puissent
en estimer sa fiabilité. En l'absence d'une telle indication, les résultats de mesure ne peuvent pas
être comparés, soit entre eux, soit par rapport à des valeurs de référence..."
Après avoir introduit le concept d’incertitude (pourquoi elle existe et pourquoi il faut l’estimer),
continuons avec la définition de résultat de mesure issue du VIM (vocabulaire international de
métrologie).

Extrait du VIM

Un résultat de mesure est un ensemble de valeurs attribuées à un mesurande, complété par toute
information pertinente disponible.

Un résultat de mesure, a longtemps été considéré comme une valeur unique, un simple point. Puis
avec la publication du GUM en 1995, on a pris conscience de la l’incertitude de mesure et exprimé
généralement un résultat de mesure par une valeur mesurée et une incertitude de mesure. Notons
que le concept d’incertitude existait bien avant le GUM, mais était moins connu.

En 2008, dans le VIM, est écrit qu’un résultat de mesure peut s’exprimer sous forme d’une fonction
de densité de probabilité. Une nouvelle ère est franchie avec les simulations numériques pour
estimer les distributions des résultats de mesure.

La figure 2 illustre l’évolution de représentation d’un résultat de mesure :

Figure 2 : Évolution de la représentation d’un résultat de mesure

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2. La notion d’incertitude de mesure

Le mot incertitude signifie doute ; l’incertitude du résultat d’un mesurage reflète l’impossibilité
de connaître exactement la valeur exacte du mesurande. Le concept d’incertitude est défini à
partir du traitement probabiliste de l’erreur.
L’incertitude de mesure U(M) est un paramètre, associé au résultat du mesurage, qui
caractérise la dispersion des valeurs qui pourraient être raisonnablement attribuées au
mesurande. Il faut donc pouvoir caractériser la dispersion des valeurs que peut prendre la valeur
attribuée au mesurande. Une mesure de cette dispersion peut être obtenue à partir de l’écart-type
de la grandeur aléatoire.
L’écart-type de M est appelé incertitude-type sur le résultat du mesurage, on note généralement
u(M) cette incertitude-type sur M.

L’incertitude, au sens large, d’une mesure est la zone au sein de laquelle se trouve probablement
la valeur vraie. Cette zone est définie par une dispersion et se quantifie par un écart type.
Elle reflète la qualité d’un mesurage, d’un instrument ou d’une méthode employée. C’est donc
un indicateur de qualité.

2.1. Types d’incertitude :


L’évaluation des incertitudes par des méthodes statistiques est dite de type A. Quand la
détermination statistique n’est pas possible, on dit que l’évaluation est de type B. C’est le cas
d’une mesure unique réalisée avec un appareil de classe connue.
L’incertitude-type composée permet de tenir compte à la fois des incertitudes de type A et de
type B qui impactent la valeur obtenue du mesurande.

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2.1.1. Incertitude de type A (incertitude de répétabilité)
Un même opérateur effectue n mesures du même mesurande m dans les mêmes conditions. Si les
valeurs mesurées sont différentes, alors il y a une erreur de répétabilité dont l’origine est souvent
inconnue. D’une mesure à l’autre, cette erreur peut prendre une valeur différente : l’erreur de
répétabilité est une erreur aléatoire. Elle est évaluée par une méthode statistique. La meilleure
estimation du résultat de la mesure est donnée par la moyenne arithmétique :

On détermine l’écart-type :

On détermine l’incertitude type de répétabilité u(m) du mesurande m à l’aide de la relation


suivante :

Comme le nombre de mesures est limité, on introduit le facteur d’élargissement k (ou coefficient
de Student t(n;x%)) qui dépend du nombre de mesures n et de l’intervalle de confiance (x%)
choisi.
L’incertitude élargie sur le mesurande se calcule avec la relation :

U(m) = k × u(m) = t(n ;x%) × u(m)

Application : On réalise une série de pesées d’un échantillon de masse m avec une balance
électronique. Les résultats sont les suivants :

Essai : n° 1 n° 2 n° 3 n° 4 n° 5
m (g) : 22,85 22,87 22,81 22,79 22,84

La valeur moyenne de ces mesures =𝟐𝟐,𝟖𝟓+𝟐𝟐,𝟖𝟕+𝟐𝟐,𝟖𝟏+𝟐𝟐,𝟕𝟗+𝟐𝟐,𝟖𝟒 / 𝟓=𝟐𝟐,𝟖𝟑 𝐠

On calcule l’incertitude-type de répétabilité pour cette série de mesure :

u(m) = 0,071 g

Pour une série de mesures et un intervalle de confiance de 95 %, le coefficient d’élargissement


(coefficient de Student) vaut t(5 ;95%) = 2,57 (voir tableau 1 des Coefficients de Student )

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L’incertitude élargie de répétabilité de cette série de mesures sera :
U(m) = t(5 ;95%) × u(m) = 2,57× 0,071 = 0,18 g

Conclusion : la masse m de cet échantillon vaut : M = (22,83 ± 0,18) g soit M = (22,8 ± 0,2) g

Tableau 1: Coefficients de Student

2.1.2. Evaluation de l’incertitude de type B


L’évaluation de l’incertitude de type B est effectuée par des moyens autres que l’analyse
statistique de série d’observations. Elle est basée sur la connaissance de la loi de probabilité
suivie par le mesurande.

 Différents cas peuvent se présenter :


o Le constructeur fournit l’incertitude-type u(m). Dans ce cas, on utilise directement
son incertitude.

o Pour une mesure avec un instrument à graduation (appareil à cadran, lecture d’un
𝐪
réglet, d’un thermomètre …), l’incertitude type de lecture est : 𝒖 = 𝟔 , q étant la
résolution.

o Pour une mesure avec un instrument à affichage numérique, si la résolution est q,


𝐪
l’incertitude-type de lecture est donnée par la relation 𝒖 = 𝟐√𝟑 .
NB : La résolution d'un appareil est la plus petite variation de la grandeur mesurée qui produit
une variation perceptible de l'indication délivrée par l'instrument.

 Le constructeur fournit une indication de type Δ𝒄 sans autre information. Dans ce


Δc
cas, on prendra pour incertitude-type : 𝒖 =
√𝟑

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o Pour un instrument vérifié et conforme à une classe, si la classe est ± a, l’incertitude-
𝒂
type est : 𝒖 =
√𝟑
Si le constructeur ne donne pas d’indications, il faut procéder à l’évaluation expérimentale de
l’appareil.

Dans la majorité des cas, lorsqu’on a une estimation de type B, on peut montrer que le coefficient
d’élargissement k à retenir pour un niveau de confiance de 95 % est k = 2 et pour un niveau de
confiance de 99 %, k = 3.

L’incertitude élargie U(m) est donnée par la relation :


U(m) = k × u(m)

Exemple 1 :
Un thermomètre à alcool indique une température de 𝜽 = 20,0 °C. La résolution du thermomètre
est de 0,5 °C, elle correspond une graduation du thermomètre.
𝐪 𝟎,𝟓
L’incertitude-type de lecture vaut : 𝒖(𝛉) = 𝟔 = 𝟔 = 0,08 °C
L’incertitude élargie vaut U(𝜽) = k ×𝒖𝒍𝒆𝒄𝒕𝒖𝒓𝒆 𝛉 = 2 × 0,08 = 0,16 °C pour un niveau de confiance
de 95 %.
Si on ne tient compte que de cette incertitude :
𝜽 = (20,0 ± 0,2) °C; k = 2

Incertitude de type B

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3. Déclaration de conformité

3.1. L’incertitude de mesure

3.2. La spécification
Le processus de mesure doit être apte à déclarer la conformité d’une caractéristique
à sa spécification (tolérance).

3.3. L’incertitude de mesure U et la spécification

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