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Le chancelier de fer, c'est effectivement un patronyme qu'otto von Bismarck mérite amplement.

Pour sa détermination féroce, son


implacabilite et pour son tempérament violent aussi.

Bismarck n'est pas un ennemi à prendre à la légère, et nombreux sont les leaders européens à en avoir fait les frais au xix e siècle. La
couronne autrichienne par exemple, à l'issue de la guerre austro prussienne de 1866 et cette défaite de sadowa, ou encore Napoléon 3 en
1870 après la débâcle de sedan.

Peu de personnalités historiques peuvent se vanter d'avoir autant influé sur l'histoire que Bismarck. Artisan de l'unification allemande, c'est
lui qui mit un terme à la confédération germanique imaginée par l'Autriche en 1815. Lui encore qui lui substitua l'empire allemand en 1871.
Lui également qui precipita la déchéance du second empire de Louis Napoléon Bonaparte (Napoléon 3) et la proclamation de la 3e
république en France il y a 150 ans.

L'Europe de la fin du 19e siècle est une Europe bismarckienne dans laquelle les États accordent leur politique à la volonté d'un seul homme,
le chancelier de fer. Un homme qui, dès son Ascension au pouvoir en 1862, n'a rien caché de ses desseins ambitieux pour la Prusse ni de
ses méthodes parfois brutales.

Le discours que prononce Bismarck devant les membres du parlement, quelques jours avant d'être nommé ministre président de Prusse par
l'empereur Guillaume 1er, est d'ailleurs resté dans les annales. " Ce n'est pas par des discours et des votes de majorité que les grandes
question seront résolues, mais par le fer et par le sang." avait il proclamé devant un parterre de députés médusés. Une politique de fer et de
sang, promesse qu'il tiendra et qui portera ses fruits.

On raconte que le battement d'ailes d'un papillon peut provoquer à l'autre bout du monde un ouragan. Gardons cette idée en tête en
remontant à la jeunesse de Bismarck, et aux sources de son destin hors du commun. Destin qui, s'il n'est pas seul responsable des
catastrophes et des grands conflits mondiaux du xxe siècle, l'est certainement en partie. On a du mal à imaginer que bismarck a été le
dandy qu'il fut à l'université de guttinghen, qui, d'après ce qu'on croit savoir, fumait des substances vaguement illicites et buvait énormément.
Il ne consacre que peu de temps à ses études de droit et, étant un joueur invétéré, préfère dépenser sans compter l'argent de son père, ex
officier et propriétaire terrien.

A l'âge de 21 ans, il entame une carrière de respectable homme de loi dans l'administration. Mais ce n'est qu'à la mort de sa mère, en 1839,
que son comportement contestataire va changer. Il va d'abord rentrer chez lui parce qu'il n'a plus un sous. Puis son père va confier, à lui et à
son frère, les propriétés familiales et Bismarck va décider de se refaire financièrement, ce qu'il parviendra à faire, par la gestion de ses
domaines agricoles.

Ce n'est qu'en 1848, qu'il entame une carrière politique, sous l'influence de sa femme Johanna Von Puttkamer, dont les liens avec le
mouvement pietiste luthérien, proche de la famille royale de Prusse, vont lui servir de tremplin. En effet, par ce milieu pietiste lutherien, il
rencontrera deux personnages qui seront absolument essentiels dans sa vie : albrecht von roon, qui, en tant que ministre des affaires
étrangères ou ministre de la guerre, est un personnage qui fera le siège de Frédérique Guillaume 4 puis le siège de Guillaume 1er pour que
bismarck prenne le pouvoir en Allemagne. Le vecteur du pouvoir de bismarck est donc cet albrecht, d'où son importance. Et, toujours parmi
les pietistes luthériens, bismarck rencontrera un personnage qui s'appelle moltke, qui est le vainqueur des batailles décisives de sadowa et
de sedan, dont je vous reparle tout à l'heure.

Élu au parlement prussien à Berlin, il a très vite l'occasion de montrer ses méthodes sans concession et ses couleurs ultra conservatrices.
Car cette année-là, toute l'Europe est en ébullition. Ce sont les révolutions de 1848 je vous le rappelle. Les révolutionnaires réclament plus
de démocratie. Mais Bismark, royaliste convaincu, ne l'entend pas de cette oreille. Il parle au roi, l'empêche de céder aux requêtes des
libéraux, la révolution est réprimée dans le sang et la flamme éteinte. Le combat de Bismarck contre les libéraux ne fait que commencer.

A la mort du roi Frédéric Guillaume 4 en 1861, il est d'abord écarté de la cour. Car l'héritier du trône, Guillaume, aime à s'entourer
d'aristocrates libéraux et Bismark détonne. Il est envoyé en exil, pour ainsi dire, d'abord comme ambassadeur a st Petersburg, puis a paris,
où d'ailleurs il apprend à connaître Napoléon 3, attendant patiemment son heure pour faire son retour. L'occasion se présente en 1862.
Ayant essuyé une débâcle militaire, le roi Guillaume 1er, qui réclame au parlement une nouvelle armée, fait face à un refus. On le dit prêt à
abdiquer. Pour Bismarck, c'est inacceptable. Il rentre en catastrophe et convainc le roi que le vote du parlement doit être annulé, et que le
pays doit être dirigé par son souverain, par le fer et par le sang. C'est son fameux discours, prononcé devant des parlementaires sans voix.
Le voilà propulsé ministre président grâce à ce qui s'apparente à un coup d'état ou presque. Bismarck pousse le roi dans une guerre à
grande échelle dont les conséquences pour l'Allemagne et l'Europe sont immenses.

Pour comprendre, il faut savoir qu'au milieu du xixe siècle, l'Allemagne en tant qu'etat uni n'existe pas. Le territoire est découpe en plusieurs
états regroupes en une confédération. 2 d'entre eux, la Prusse et l'Autriche, souhaitent l'unification mais ils s'opposent sur la solution car ils
souhaitent tous deux s'arroger la domination de cet empire allemand.

En 1864, Bismarck propose une alliance à l'autriche. Ensemble, ils mènent une guerre victorieuse contre le Danemark, guerre qu'on appelle
la guerre des duchés, et se partagent ce butin territorial. Mais cette union est de courte durée. A peine 2 ans plus tard, prétextant une
mauvaise administration du territoire danois qui leur a été alloué, Bismarck déclare la guerre à l'autriche. Il remporte une victoire éclatante à
sadowa et provoque l'effondrement de la puissance militaire autrichienne, évinçant l'autriche des états allemands. Cette victoire a pu avoir
lieu grâce à la sympathie affirmée de 2 puissances : l'Italie, qui lorgne la venetie et se dit qu'elle pourrait peut être récupérer ce territoire
dans une Autriche démembrée, et la France. Bismarck parvient à une première forme d'unification, mais reste maintenant à rallier les états
du sud.

En 1870, il joue un autre coup décisif. Cette fois, contre l'empire français. Voulant s'attirer la sympathie des états allemands qu'il veut
annexer, il pousse habilement Napoléon III à lui déclarer la guerre. C'est une réussite, et alors que le second empire francais disparaît après
la victoire de la prusse sur la France à sedan, l'empire allemand, lui, est proclamé en 1871 dans la galerie des Glaces du château de
Versailles. C'est une sévère humiliation pour nous, les français.

Bismarck est aussi le père de la première intuition de la sécurité sociale. Il dira d'ailleurs que "l'état, parce qu'il est celui qui dispose le plus
facilement d'argent, doit prendre l'affaire (la pauvreté) en mains. Non par l'aumône mais en vertu du droit de chacun de manger à sa faim.". Il
fera adopter une assurance maladie, une assurance accident, ainsi qu'une assurance vieillesse et incapacité entre 1883 et 1889. C'est le
premier à avoir mis en place un système de retraite.

En conclusion, ce n'est pas tant une idéologie forte qui motive bismarck dans toutes ses entreprises, mais la poursuite d'un but : l'unification
de l'Allemagne, pour lequel il est prêt à tout, même à des idées considérées comme révolutionnaires par les conservateurs traditionnels.
S'opposer à Vienne par exemple, ou bien faire ami ami avec Napoléon 3. Capable aussi de s'adapter, quitte à trahir ses alliés d'hier,
Bismarck a laissé une empreinte indélébile sur le xix e siècle. Je finirais en disant que Bismarck, le chancelier de fer, fut un grand homme
maltraité par l'histoire, mais très impressionnant.

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