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« Notre patrimoine, c’est la chance de la France !

» nous rappelait Stéphane Bern lors des journées européennes


du patrimoine. Créées en 1984 sous le nom de « Journées Portes ouvertes des monuments historiques » par le
ministère de la Culture, elles ont pour objectif de montrer au plus grand nombre la richesse extraordinaire de
notre patrimoine au travers de rendez-vous inédits, de visites insolites, et d’ouvertures exceptionnelles. Le
Patrimoine est souvent utilisé pour regrouper des communautés, notamment nationales, autour de symboles
considérés comme irréfutables et ainsi en forger l’identité. Ce n’est pas un secret, le patrimoine apporte
beaucoup à la France, que ce soit économiquement parlant mais aussi politiquement parlant. En effet, le
patrimoine est un instrument de cohésion sociale et de puissance, mais aussi un enjeu géopolitique. On peut
alors se demander dans quelles mesures le patrimoine a un poids symbolique et politique considérable à
l’échelle française.

C’est à partir du XVIe siècle que la notion de préservation du patrimoine est perçue comme
fondamentale : dans le contexte de la Renaissance, la volonté de sauver les monuments antiques était
considérée comme la base pour un renouveau artistique. La protection du patrimoine s’impose progressivement
comme responsabilité de l’Etat. Ainsi, en 1830, François Guizot, ministre de l’intérieur de Louis-Philippe, crée
l’Inspection générale des monuments historiques, chargée de faire un recensement des édifices « méritant
l’attention de l’archéologue et de l’historien » afin de « veiller à leur conservation ».
Le patrimoine acquiert ainsi une dimension politique. Des législations sont mises en place pour protéger
le patrimoine. Il s’agit d’assurer la pérennité des pratiques et des traces d’un passé que l’on veut transmettre aux
générations futures. La loi de 1913 sur les monuments historiques est toujours à la base de la protection et de la
sauvegarde des biens patrimoniaux en France. La Loi Malraux de 1962 permet la protection de secteurs urbains
sauvegardés, tandis qu’une loi de 1993 protège aussi les paysages.
La volonté de protection s’explique par le fait que le patrimoine a une dimension affective et identitaire
forte. Ses usages et ses appropriations émettent un message politique, destiné soit à une communauté proche,
soit à une communauté internationale. Ainsi, selon le géographe Guy Di Méo, le patrimoine contribue à créer un
ciment social, en permettant aux citoyens de s’approprier leur territoire. On remarque par exemple que les
français sont très attachés à leur patrimoine. Cela s’illustre notamment par le fait que les émissions de télévision
les plus appréciées du public français sont des émissions sur le patrimoine. Ces émissions font partie des
nombreuses actions des pouvoirs publics pour mieux faire connaître le patrimoine, notamment aux jeunes
générations.

Lorsque le patrimoine possède de fortes charges symboliques, notamment lié à un pouvoir ou une
idéologie politique, il peut engendrer tensions et conflits. Le patrimoine est donc un instrument politique, et un
même édifice peut être utilisé par des régimes politiques différents aux cours de l’histoire. Il s’agit alors de
réaménager la mémoire, et le monument voit son identité évoluer, comme nous pouvons le voir avec le château
de Versailles.
D’abord conçu comme lieu de la grandeur monarchique, il change d’identité au XIXe siècle. Il devient un
lieu de réconciliation et de célébration nationale. Louis-Philippe y crée en 1837 un musée exaltant les gloires de
la nation. C’est également un théâtre de l’histoire politique de France : Guillaume Ier y est proclamé empereur
allemand en janvier 1871, et c’est avec un esprit de revanche que Clemenceau y réunit les belligérants de la
1ere Guerre Mondiale afin d’y signer la paix en 1919. Mais Versailles devient surtout le palais de la République :
c’est le siège des députés de la IIIe République pendant la Commune de Paris. De plus, Jusqu’en 1958, le
Président de la République y est élu.
Mais Versailles n’est pas un cas isolé ! Notre Dame de Paris a elle aussi vu son identité évoluer au cours
des années. En effet, les révolutionnaires la transforment d’abord en temple de la Raison, faisant d’elle une
église laïque. Le symbole de ce monument est tel qu’en 1804, afin de montrer qu’il a intégré les changements de
la Révolution, Napoléon se fait sacrer Empereur dans celle-ci plutôt qu’à Reims.
Versailles, Notre Dame de Paris et bien d’autres bâtiments appartenant au Patrimoine sont devenus des
emblèmes du pouvoir, quel que soit le régime en place. De plus, ils sont considérés comme des biens nationaux,
révélateurs de l’identité de la nation. C’est pour cela que de gros efforts sont faits pour leur conservation.

Doté d’un poids symbolique propre à rassembler autour de lui les sociétés, le patrimoine est protégé par
les Etats, ce qui renforce sa dimension politique. Il peut voir son identité évoluer du fait des usages qu’en font les
pouvoirs publics. Le patrimoine a une symbolique tellement forte en France que son impact sur la politique
française est énorme. Son patrimoine confère à la France un rayonnement à l’étranger, de la puissance, mais
aussi, à l’échelle nationale, un sentiment fort d’appartenance et de rassemblement autour d’un territoire. En lui
donnant de l’importance et en le préservant, l’état débourse des sommes considérables dans son patrimoine, ce
qui est fondamental car il est un de ses atouts majeurs.

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