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Mesdames Messieurs. Nous sommes en novembre 2021.

La COP26 à Glasgow est la première grande


session de négociation en présentiel depuis longtemps. En raison des restrictions de voyage, certains pays ont
du mal à y assister. Comment les pays concernés vont-ils malgré tout pouvoir défendre leurs intérêts lors de
cette réunion internationale sur le climat ? C’est là qu’entrent en jeu les coalitions multiacteurs. C’est par exemple
grâce à leurs partenaires de l'Alliance des petits États insulaires (AOSIS) que les intérêts du Pacifique et des îles
seront tout de même présents à Glasgow.
Toutes les négociations multilatérales sont structurées autour de coalitions ou de groupes de
négociations. Les coalitions rendent le processus décisionnel plus facilement gérable, dans la mesure où il est en
effet plus aisé d’identifier les positions d’une vingtaine d’acteurs plutôt que de deux cents États. En même temps,
en formant une coalition, les États peuvent mieux se faire entendre. Par exemple, comme de nombreux autres
petits pays, un petit État insulaire comme Tuvalu dans le Pacifique Sud, dont la population n’excède pas les 10
000 habitants, ne dispose pas des ressources nécessaires pour envoyer une grande délégation aux conférences
sur le climat. Alors, le fait de former ou de rejoindre une coalition offre deux avantages principaux : cela réduit la
complexité du processus de négociation et cela améliore la capacité et le pouvoir de chacun des pays,
notamment des plus petits et des plus pauvres. On peut alors se demander dans quelle mesure les coalitions
multi-acteurs sont devenus des acteurs à part entière dans les négociations mondiales sur le climat.

Les négociations mondiales sur le climat sont extrêmement complexes. Se déroulant chaque année
depuis 1995, ces sommets rassemblent près de 200 parties ayant des préférences et des intérêts très différents,
et couvrent un large éventail de sujets très techniques. Les coalitions sont un mécanisme clé pour faciliter et
structurer les négociations. Elles réduisent le nombre d'acteurs de 196 parties à environ 20 groupes. Les
coalitions telles que l'AOSIS aident en outre les pays les plus petits et les plus pauvres à s'engager plus
pleinement dans le processus de négociation. De plus, la position d'un groupe a automatiquement plus de poids
que celle d'un pays. En améliorant leur capacité et leur pouvoir de négociation, les coalitions revêtent donc une
importance particulière pour les petits pays.
Cependant, les coalitions ne sont pas sans contraintes, car elles représentent souvent une "négociation
dans la négociation". En effet, il faut des efforts et des ressources considérables pour négocier une position
commune au sein de la coalition et coordonner constamment les actions. Pendant les sommets sur le climat, de
nombreuses coalitions se réunissent une voire deux fois par jour. Les positions des coalitions sont
nécessairement des positions de compromis. Prenons le cas du G77 et la Chine. Réunissant plus de 130 pays
en voie de développement, le G77 et la Chine lutte contre la fragmentation interne depuis un certain temps, et ne
parvient souvent qu'à se mettre d'accord sur certains points généraux.
Dans l'ensemble, cependant, les avantages semblent l'emporter sur les inconvénients, ou du moins c'est
ce que semble indiquer le nombre croissant de coalitions dans les négociations sur le climat.

Cependant, deux points en particulier amènent encore les pays à réfléchir et peut-être à reconsidérer
leur adhésion et leur participation à des coalitions.
Premièrement, la prolifération des coalitions peut altérer leur efficacité sur l'ensemble des négociations.
D’aucuns peuvent penser que les coalitions dont les idées des membres coïncident facilitent la conclusion
d'accords entre coalitions, tandis que d’autres auraient tendance à affirmer qu’elles renforcent la conviction au
sein de la coalition, rendant ainsi plus visibles les différences entre coalitions, et complexifiant les négociations.
Aussi, la pandémie a gravement perturbé les négociations climatiques. 2020 a été la première année
sans sommet climatique en plus de 20 ans de négociations continues. Seules certaines des discussions les plus
techniques se sont poursuivies dans le cadre de "consultations" virtuelles. L'absence de réunions en face à face,
de mise en réseau informelle et de bavardage dans les couloirs entrave la coordination et la coopération, tant au
sein des coalitions qu'entre elles. Et les pays du Sud, pour lesquels les coalitions revêtent une importance
particulière, ont tendance à être peu connectés. Les négociations virtuelles, deviennent alors plus contraignantes
qu’avantageuses.

Alors qu'il devient de plus en plus urgent de trouver des solutions efficaces au défi du changement climatique, il
est également nécessaire d'améliorer la voix et la participation des personnes les plus vulnérables au
changement climatique, ainsi que d'améliorer les canaux de communication et d'échange informels entre les
parties afin d'accroître la confiance. Les coalitions peuvent et vont jouer un rôle essentiel dans la réalisation de
ces objectifs.

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