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L’union est souvent proposée comme la solution bénéfique à toutes préoccupations.

Encouragée par les résultats de l’Union Européenne, la tendance au regroupement


économique ne cesse de prendre de l’ampleur dans la plupart des régions du monde. Le
regain que suscite l’intégration est également encouragé par une appréciation croissante
d’avantage de l’unité et de coopération pour mieux braver les défis d’un marché mondial de
plus en plus concurrentiel.

L'intégration régionale est un concept complexe qui englobe plusieurs dimensions. Cette
diversité en fait d’elle un sujet d'étude interdisciplinaire, nécessitant une compréhension des
différentes interactions entre les pays membres d'un même regroupement. En fonction du
niveau, de l'intensité et de la nature de l'interaction entre les pays, les ensembles régionaux
peuvent être désignés comme régionalisme, régionalisation ou intégration régionale. 1 La
doctrine montre que même sans accords formels, la proximité géographique incite
naturellement au développement des échanges commerciaux et à la création de zones
d'échange naturelles. Ce phénomène, appelé intégration naturelle, se produit spontanément
et engendre une forme de régionalisation. En effet, les liens économiques se développent
davantage entre les pays d'une même région géographique que parmi le reste du monde,
sans existence de règles formelles. En la matière, la théorie du commerce international
considère l'importance de la géographie et de l'histoire dans les échanges bilatéraux entre
les pays, en utilisant la notion de commerce préférentiel avec les voisins (partenaires
naturels).
La régionalisation peut entraîner un régionalisme qui peut établir des relations entre les pays
géographiquement proches. Le régionalisme peut donc être perçu comme une série de
décisions prises par un groupe d'Etas répartis dans une même région dans le but de
collaborer, voire même de coordonner.
Si la régionalisation a une dimension économique, le régionalisme est plutôt politique.
En fait, le régionalisme et la régionalisation sont simplement deux aspects d'un processus
unique, à savoir l'intégration régionale.
L'idée d'intégration régionale ressemble au partage d'institutions au sein d'un ensemble
régional. Il semble que le concept d'intégration soit le plus adapté pour prendre en
considération les divers aspects de la formation des groupes régionaux, car il inclut la
dimension politique du rapprochement entre les États et les intérêts économiques.
Entendu au sens de regroupements des Etats, l’intégration est reconnue comme un moyen
efficace de résolutions des problèmes de tout genres. A la fois politique, économique en
passant par la gestion et la sauvegarde de la paix. Plus précisément, elle permet de faire face
plus efficacement aux problèmes transfrontaliers (criminalités, déplacements massifs de
population, pandémies…) ainsi qu’à une mondialisation effrénée qui selon certains appelle à
une résistance ou une adaptation commune.
Après la seconde guerre mondiale, on assiste à l’émergence de groupements de pays
dont l’objectif est de parvenir à une intégration économique avec ou sans perspective
politique.

1
SIROËN J-M (2004), La régionalisation de l’économie mondiale, Paris, La Découverte.
Les bienfaits de l'intégration sont évidents. Les producteurs sont censés y trouver mieux leur
compte en sortant de l’étroitesse de leurs marchés nationaux pour exploiter librement un
marché commun concurrentiel beaucoup plus vaste. Les consommateurs sont également
mieux servis du fait de la diversité des produits qui s’offre ainsi que les infrastructures
essentielles et les investissements à grande échelle qui deviennent plus faciles à réaliser du
fait de la mise en commun des moyens et de la surveillance multilatérale qui la supervise. 2
l’intégration désigne le fait pour un ensemble d’Etats de s’appuyer sur leur proximité
géographique, leurs solidarités historique et anthropologique pour créer entre eux, sur la
base d’accords mutuellement acceptable, une organisation, en vue de satisfaire en commun
l’amélioration du bien-être de leur population.
Si l'intégration régionale représente un concept vaste et ambitieux, sa mise en œuvre
concrète se traduit par la création d'organisations sous-régionales. Ces organisations
constituent des plateformes institutionnelles permettant aux États membres de coopérer et
de coordonner leurs actions dans divers domaines.
Le thème d’intégration régionale nous renvoie aux tentatives de compenser le partage des
frontières, des espaces politiques et la difficile viabilité économique des Etats du continent
Africain à travers la mise en place d’institutions interétatiques. 3
Depuis les indépendances, les dirigeants africains ont reconnu l’importance que pourrait
porter l’intégration régionale pour surmonter certaines faiblesses de leurs pays. Elle s’inscrit
dans une stratégie concertée, visant principalement à augmenter les perspectives de
croissance économiques. De manière générale, c’est une étape logique vers l’intégration à
l’économie mondiale. Le marché régional n’est donc qu’un terrain d’entrainement pour
l’accès à cette dernière.
Comme objectif ou méthode, l’intégration émane d’une prise de conscience commune et
d’une nouvelle conception de rapports de l’Etat moderne avec les autres Etats sujets de
droit international plus précisément avec les autres Etats4. Il s’agit dans ce sens de faire
abstraction de souveraineté. A cet effet, la notion de souveraineté doit être distincte.

La souveraineté interne implique le principe de l’hiérarchie, de la puissance absolue et


perpétuelle d’une république. Une suprématie globale et totale du pouvoir étatique « par
rapport à tous les degrés inférieurs de l’échelle des titulaires de pouvoir légaux au sein de
l’Etat » . Dans l’ordre international par contre, cette suprématie se définit négativement, et
donc par l’absence d’autorité supérieure à laquelle l’Etat est soumis sans autolimitation. 5
D’après les traités de Westphalie du 24 octobre 1648, la diffusion du concept de l’Etat nation
portait sur la perception du concept de souveraineté qui à l’origine, était envisagé comme
2
« Les avantages d’une telle démarche sont de plusieurs ordres, passant par la réduction des coûts unitaires
grâce aux économies d’échelle, par un niveau accru de spécialisation et de concurrence économique, par
l’accès à la technologie et par un meilleur partage des idées et des expériences à tous les niveaux de l’activité
socio-économique. » Dira LAVERGNE Réal (dir). À l’avant-propos, page 5 de : « Intégration et coopération
régionales en Afrique de l’Ouest » Karthala et CRDI, Paris,1996, 406 pages. Disponible sur
https://idrc-crdi.ca/sites/default/files/openebooks/818-x/ [En ligne].

5
instrument de défense des plus faibles. La paix Westphalienne donner naissance à un
système mondial caractérisé par l’adoption du concept de souveraineté dans toute son
entièreté se traduisant par un repli de soi. Une sorte de protectionnisme
Ce calcul d’intérêts individuels conduira à l’impulsion de l’Europe avec le tournant décisif de
la première guerre mondiale : l’un des facteurs de création de la Société des nations.
L’OECE résulte d’une idée. Celle de la construction d’un marché futur plus large. Ces efforts
ont donc proliférés les Organisations internationales perçue comme solidarités les soutenues
entre les nations indiquée comme paix mondiale et durable.
A la suite de l’OECE, et surtout conscient des sequelles de la seconde guerre et des léçons
des premières organisations d’organisations d’essences coopératives a été crée la CECA
A toutes ces démarches, ROBERT SCHUMAN ministre français des affaires étrangères
devant l’assemblée nationale le 25 mai 1950 « créer au-delà des souverainetés nationales,
une autorité supranationale, comme aux pays participants, qui soit l’expression de la
solidarité entre ces pays, et entre les mains de laquelle ils réalisent la fusion partielle de
leurs souverainetés nationales . Les regroupements correspondent donc aux réalités
géographiques et aux données économiques, sociales et culturelles communes aux Etats »6
Il y’a une compatibilité entre regionalisme et continentalisme. En d’autres termes, au niveau
de la coordination de développement économique et de coopération régionale peut avoir
lieu à ce sujet, les nouveaux objectifs ( autosuffisance, renforcement du pouvoir de
négociation, coopération régionale) premier pas vers la définition d’un developpement

Cependant, le but de notre étude n'est nullement voué à l'analyse du concept de


l'intégration en soi. Notre ambition se focalise plutôt sur l'examen approfondi d'une
organisation sous-régionale particulière, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique
de l’Ouest (CEDEAO), en tant qu'illustration concrète des efforts d'intégration en Afrique. De
cette manière, aborder l'intégration dans son ensemble est vaste que complexe, qu'il
pourrait susciter nombreuses thèses. Si la compréhension du concept d'intégration régionale
dans son ensemble et de ses différentes applications à travers le monde est essentielle, il est
tout aussi crucial de se focaliser sur son interprétation et sa mise en œuvre concrète dans un
contexte spécifique, celui du continent africain. En effet, pour mieux cadrer le lecteur, il est
pertinent de s'attarder sur l'intégration dans un contexte ouest-africain, en prenant
l'exemple de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ainsi,
tout au long de notre travail, nous chercherons à saisir ce concept ancien qui reste pertinent.
Par conséquent, il nous semble tout d'abord évident de définir les termes essentiels. Nous
pouvons dire que la politique du latin politicus, du grec politikos est relative à
« l’organisation, à l’exercice du pouvoir dans une société organisée ».7 au sens de Politeia, se
conforme à une constitution rédigée par ses fondateurs qui définit sa structure et son
fonctionnement. Au sens de la Géographie politique, la politique est relative aux États et à

7
Le Robert dico en Ligne. Disponible sur https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/politique/62189 [En
ligne].
leurs rapports. partie de la géographie humaine. .8 De façon simple, La politique est
essentiellement liée au collectif, à une combinaison d'individus ou de diversités. Pour ce qui
est de l’intégration, Il vient du latin integrare qui veut dire renouveler, rendre entier. Si l’on
y ajoute qualificatif sous-régionale pour préciser le type d'intégration dont il s'agit, en le
distinguant d'autres niveaux d'intégration (national, régional, international). Il nous faut
dans ce cas préciser que ce concept regorge plusieurs définitions car il doit être pris dans un
sens plus large. Mais aussi, elle doit être définie selon les domaines d’intervention.
Cependant, il est possible de dire que dans son sens initial l’intégration sous-régionale est
l’action de rentrer dans un tout . C’est dans cette perspective qu’Ernest Hans dans
Battistella (2012 :425) la définit comme :«Un processus par lequel des auteurs politiques de
nationalités différentes sont amenés à transférer leurs allégeances, attentes et activités
politiques vers un centre nouveau dont les institutions ont, ou cherchent à avoir compétence
sur les Etats nationaux préexistants.»
Une autre définition qu’on peut retenir est celle de Jean Buchman: « L'accélération de
l'histoire mettrait ce continent devant la nécessité d’un raccourci vertigineux: celui d'un
dépassement ou de regroupements supranationaux concomitants » 9
Nous pouvons ainsi déduire, au regard de ce qui précède qu'un espace est économiquement
intégré lorsqu'il satisfait à deux critères : une concentration de commerce entre les États qui
le composent et une coordination institutionnelle entre ces éléments. L'idée d'intégration
sous-régionale semble la plus adaptée pour prendre en considération les divers aspects de la
formation des groupes sous-régionaux, car elle inclut la volonté politique de rapprochement
entre les États et les intérêts économiques.
L’urgence pour les Etats africains et les institutions d’intégration de s’engager à conduit des
études stratégiques à long terme qui prennent en compte l’avis de tous les acteurs. Réduire
la marginalisation suppose la mise en place de stratégies globales. La principale
préoccupation de la sous-région est l’amélioration de la gouvernance des Etats tant au
niveau national d’une part et dans les institutions sous-régionales d’autre part.
Comme le souligne Real Lavergne : « les aspirations régionales des hommes d’État, des
intellectuels et des peuples africains traduisent l’ambition de franchir les limites des États
actuels. Elle consiste à refuser tout ce qui divise la sous-région, y compris le morcellement
dû aux frontières politiques, la multiplicité des barrières à la libre circulation des biens et des
services, des personnes et des flux des capitaux ainsi que les différences et contradictions
observées dans les structures juridiques, les administrations publiques et les systèmes
d’éducation »10 . Encore une fois, l'évolution de l'économie mondiale met en évidence le fait
qu'aucun État de la sous-région ne peut seul faire face au défi du développement
économique et social. En effet. l’intégration sous-régionale internationale à travers la
CEDEAO se présente comme l’outil d’un développement durable en Afrique de l’Ouest.
La Communauté Économique de États de l’Afrique de l’Ouest s’étend sur une superficie de
près de 6,2 millions de Km2 (voire carte 2) et compte environ 250 millions d’habitants. Sa
superficie est à peu près celle des États-Unis continentaux et représente environ un

8
Larousse [En ligne]. Disponible sur : https://dictionnaire.lerobert.com/definition/politique
9

10
Lavergne Real (dir), Intégration et coopération régionales en Afrique de l ‘Ouest, Paris/Ottawa,
KarthaIaICRDI, 1996,p.l3.
cinquième des terres africaines. L’organisation regroupe seize pays de la région parmi
lesquels neuf sont francophones (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Niger,
Sénégal, Togo), cinq anglophones ( Gambie, Ghana, Libéria, Nigeria, Sierra Leone) et deux
lusophones ( Guinée Bissau et Cap Vert). Les pays concernés par l’organisation sont
géographiquement répartis en deux catégories t les pays sahéliens et les pays du Golfe. La
zone sahélienne (Burkina Faso. Mali, Niger, Sénégal. Cap Vert) à l’exception du Sénégal et du
Cap Vert, est enclavée et marquée par une forte irrégularité de précipitations se traduisant
par de longues périodes de sécheresse dont les effets sur l’environnement et les populations
sont catastrophiques (désertification, migrations, famines) 11 . Quant aux pays du Golfe, ils
jouissent d’un climat plus humide avec des sols fertiles, et ont tous un débouché maritime.
Plus de 50% des habitants de l’ensemble de la région ont moins de 15 ans, l’espérance
moyenne de vie est de 45 ans, avec un taux de croissance annuelle de la population
d’environ 3%. Sur les quinze pays que compte la Communauté, plus de dix sont parmi les
trente les plus pauvres du monde 12 .

Si la CEDEAO a joué un rôle indéniable en tant que moteur d'intégration régionale en Afrique
de l'Ouest, force est de constater que la sous-région est aujourd'hui confrontée à une série
de crises qui menacent ses acquis. En effet, L’organisation connaît une stagnation dans son
élan, ce qui met en péril la poursuite de ses objectifs pourtant souvent ratifiés à l’unanimité
des États-membres. En dépit des progrès accomplis en matière d'intégration régionale,
l’organisation se trouve aujourd'hui à un tournant crucial de son histoire, face à une crise
multidimensionnelle qui met à l'épreuve la stabilité de la sous-région. Dès lors, il nous
revient de se demander, Quels sont les aspects de la crise de la CEDEAO en Afrique de
l’Ouest ?
Répondre à la problématique évoquée revient à parler de la CEDEAO comme moteur
d’intégration dans notre première partie (I). Avant d’aborder la dimension de la crise dans la
région dans notre deuxième partie (II).

11
Pedelaborde P.: ALa circulation générale de l’atmosphère, in Information géographique, Paris,
200l,pp.lO3-IO5
12
Nations Unies, Rapport Indice de développement Humain (IDH). 2001.
PREMIERE PARTIE : LA CEDEAO, MOTEUR D’INTEGRATION EN AFRIQUE DE L’OUEST
Si l’organisation sous-régionale a pu se maintenir, c’est parce qu’elle s’est assise sur des
idéaux qui à la fois, lui ont donné naissance, lui ont assignés une tâche, un horizon à
atteindre, et qui l’anime encore aujourd’hui . Ces assises reflètent l’idée selon laquelle
l’organisation doit répondre aux besoins et aux objectifs spécifiques des peuples dont elle
représente, dont elle est à l’image. Il nous revient à bon escient de présenter dans cette
première partie la communauté comme moteur d’intégration , cette qualification s’est
produite par des motivations que nous analyserons (section 1) et de sa création jusqu’à son
état actuel (section2).
SECTION I : Les motivations de l’intégration en Afrique de l’Ouest

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