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Rappelons ici que si le double nexus a été mis en avant lors du 1er Sommet Humanitaire Mondial en
mai 2016 à Genève, le triple nexus ajoute la question spécifique de la paix et donc de la sécurité et
des militaires et provoquent de nombreux débats comme cet article en témoigne.
Concept en vogue mais qui cache des débats de longue date, le nexus répond avant tout à un
constat. Le constat que les personnes en situation de crise n’expérimentent pas des réalités
compartimentées mais ont à la fois des besoins conjoncturels d’assistance humanitaire et des
besoins structurels de développement.
Le Nexus et la réforme
Le Nexus s’inscrit aussi dans un débat plus large de réforme des Nations Unies. Le Sommet
Humanitaire Mondial en 2016 exhorte ainsi à transcender le fossé entre humanitaire et
développement et à intégrer les acteurs de la paix. Cette nouvelle manière de travailler (New Way Of
Working) défend ainsi une vision où les acteurs humanitaires, de développement et de paix
travaillent de concert vers des résultats collectifs, sur la base de leurs avantages comparatifs et en
fonction de la spécificité du contexte.
Goundam, région de Tombouctou, Mali. L’association Solidarités International est présente au Mali depuis 2012 et travaille
au plus proche des populations. / ©Solidarités International
Ainsi, au Mali, où le débat autour du triple nexus a été vif, les ONG soulignent une pression constante
de la part des militaires et des politiques pour abandonner toute forme d’indépendance. Nous avons
ainsi vu des bailleurs demandant à ce que des évaluations de besoins soient conduites par des forces
militaires ou réclamant plus de renseignement dans les rapports de projet ou encore une
représentation diplomatique appelant les ONG à supporter un contingent militaire afin de favoriser
son acceptation par les populations. Ce mélange des genres est extrêmement préjudiciable à
l’action humanitaire et à la sécurité des humanitaires et des populations civiles. Rappelons
qu’au Mali, il y a eu 55 enlèvements d’humanitaires en 2020 par des groupes armés non étatiques.
Ceci est révélateur d’un climat de suspicion envers les humanitaires.
Goundam, région de Tombouctou, Mali / ©Solidarités International
Recommandations
Garantir une distinction entre les mandats des différents acteurs
:
Il est crucial de distinguer les opérations militaires des opérations humanitaires et civiles afin de
garantir l’espace humanitaire et les principes humanitaires. L’aide humanitaire ne doit pas être
utilisée au profit d’un agenda politique ou sécuritaire et doit être uniquement déployée en
fonction des besoins des populations.
Cela n’empêche pas le dialogue entre acteurs humanitaires et acteurs militaires : il faut renforcer la
coordination civilo-militaire lors des rencontres avec un absentéisme important ou un niveau de
représentation inadéquat. Ces interactions entre acteurs civils et militaires sont fondamentales dans
les situations d’urgence humanitaire, chacun dans son rôle et ses responsabilités. Il faut aussi
renforcer les formations pour que les acteurs militaires soient sensibilisés au Droit International
Humanitaire (DIH) et aux principes humanitaires.
Il faut aussi être très prudent quant aux activités civilo-militaires des forces armées qui visent à
gagner l’acceptation des populations telles que les Quick Impact Project (QIP) qui peuvent se
confondre avec les actions des humanitaires. Les ONG plaident pour que ces activités soient des
projets liés aux infrastructures plutôt que des distributions de vivres ou de médicaments, pour éviter
une duplication d’aide et une confusion des rôles. Enfin, les forces militaires doivent toujours
communiquer en amont sur ces activités, ce qui n’est pas toujours le cas.
Opérations Barkhane, Mali.
Sonial Rahal
Solidarités International
[i] Namitha Sadanand and Estefanie Hechenberg, Sphere Standards in Protracted Crises, A case
study of DRC and Haiti, 2017
L’édito d’Alain Boinet résumant les enjeux de la 5ème conférence nationale humanitaire.
L’article de Françoise Bouchet-Saulnier, directrice juridique internationale de MSF, sur l’impact
des mesures anti-terroristes sur l’action humanitaire.
L’interview de Thierry Mauricet, directeur général de Première Urgence internationale, sur les
conséquences des régimes de sanctions sur les transferts bancaires liées à l’action humanitaire.
Les vidéos des interventions de la Conférence Nationale Humanitaire.
Rachid Lahlou, directeur général du Secours Islamique France, sur le Nexus. 1:19:49.
Communiqué de Coordination Sud « Suite à la CNH, premières réactions des ONG
humanitaires ».
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