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Section 2 

: les défis des acteurs durant la crise

1-Les difficultés des autorités locales en temps de crise :

Les attentes et les besoins des populations lors d'une crise sont donc énormes bien que
légitimes. Cependant, dans la plus grande partie des cas, les acteurs des municipalités se
trouvent face à des difficultés structurelles et à des moyens insuffisants qui limitent leurs
actions. Lorsqu’une crise éclate, en effet, les municipalités ont tendance à perdre le contrôle
de leur territoire et il devient difficile de répondre aux besoins des habitants, de poursuivre la
distribution habituelle des services, et surtout de prendre en charge les coûts humains et
financiers supplémentaires liés à la crise. Une crise affecte directement les conditions de
travail des élus et techniciens locaux, en accentuant le manque de moyen des collectivités, et
les empêche, par conséquent, de poursuivre leurs activités quotidiennes. Dans les pays
vulnérables ou fragiles qui connaissaient déjà avant la crise des difficultés (manque de
ressources financières et techniques) pour répondre à leurs missions publiques, la crise révèle
la fragilité de l'administration et de la gouvernance locales. Or, ces difficultés additionnelles
risquent de décrédibiliser complètement les dirigeants locaux aux yeux des populations qui
vont alors chercher des alternatives au cadre
légitime local (repli sur le groupe de solidarité, confessionnel ou ethnique notamment). Au
final, cela risque d'accentuer les fragmentations sociales, fragiliser la cohésion et rendre
encore plus difficile la gestion de la sortie de crise et du retour à la normale pour les autorités
locales ayant perdu le soutien de leurs administrés. Les autorités locales sont donc dans une
position particulièrement complexe. En tant que partie prenante de leur territoire, elles sont en
première ligne à l’arrivée d’une crise, qui se traduit par un choc, et conduit parfois à un arrêt
du fonctionnement normal de la société et du travail quotidien de l'autorité locale. Leur statut
de représentants politiques confère aux élus locaux des responsabilités très larges en matière
d'intervention dans l'urgence sans qu'ils ne disposent, la plupart du temps, des capacités
suffisantes pour y répondre pleinement. 
En conclusion, les autorités locales sont des acteurs de plus en plus incontournables pour le
bon fonctionnement de leur territoire et pour le développement local. Toutefois, leurs atouts
les placent aussi en première ligne de la crise. Elles doivent, eu égard aux attentes des
populations, être compétentes et gérer la crise au mieux malgré les difficultés qui en résultent,
pour ne pas perdre le soutien et la confiance des citoyens. Il semblerait alors logique que les
autorités locales soient particulièrement soutenues lors des interventions d'urgence de la
communauté internationale. Toutefois, nous allons voir maintenant qu'il n'en est rien, malgré
quelques évolutions notables. 

2 intervenants dans l'urgence: 

 Avant cela, il est important de se rappeler que lorsqu'une crise majeure éclate dans un
territoire, si les autorités nationales ne sont pas en mesure d'intervenir seules, pour répondre
au drame et en minimiser ses conséquences, elles font appel à l'assistance humanitaire de la
communauté internationale. Parfois, la situation politique et sécuritaire est telle que le conseil
de sécurité de l'Organisation des Nations Unies (ONU) peut, au nom du principe de la «
responsabilité de protéger »37, intervenir sans le consentement de l’État affecté. Dans tous les
cas, une large palette d'acteurs se déploie alors sur le terrain. Ces acteurs sont aussi les
principaux acteurs de l'aide au développement. Dans les zones hautement crisogène, ils sont
donc continuellement présents. :
*Les ONG (nationales et internationales) : Elles sont financées par des fonds privés et
parfois par des subventions publiques. Les ONG sont, en théorie, apolitiques, et souvent
spécialisées dans un domaine d'action (assistance aux enfants, aux femmes, assistance
alimentaire, soins d'urgence etc.).
Les organisations internationales publiques : Les principales sont les agences onusiennes
qui apportent des secours dans l'urgence et une assistance à plus long terme pour les États en
développement. L'ONU a même créé, dans les années 1970, un organisme de réponse
spécifique aux crises (nommé l'United Nations Disaster Relief Organization (UNDRO) puis la
Direction of Humanitarian Affairs (DHA) et, depuis 1998, Office for the Coordination of Humanitarian
Affairs (OCHA)). OCHA a pour mission de « mobiliser, orienter et coordonner les activités de secours
des divers organismes des Nations Unies pour donner suite à une demande d’assistance formulée par
un État victime d'une catastrophe »38. Par le biais du conseil de sécurité, l'ONU peut également
décider d'envoyer des forces armées sur le terrain de crise (les casques bleus) pour maintenir et/ou
renforcer la sécurité dans le pays en crise. De même, le conseil de sécurité autorise parfois les États
membres à envoyer leurs armées étatiques. L'OCDE est également une organisation internationale
qui finance de manière très importante les actions humanitaires, notamment par le biais du Comité
d'Aide au Développement (le CAD)39. L'Union Européenne fait aussi partie des grands bailleurs de
l'aide via ECHO, le service d'aide Humanitaire de la Commission Européenne.
Les États et les autorités publiques locales : Les autorités publiques sont financées par les impôts
versés par les contribuables.Les États et autorités locales peuvent participer à l'assistance
humanitaire en envoyant des fonds aux organisations humanitaires ou tout autre intervenant dans la
situation de crise. Dans les contextes exigeant une intervention armée, les États peuvent également
envoyer des troupes militaires pour rétablir la sécurité. Dans le secteur du développement, les États
de l'OCDE sont les principaux donateurs de l'Aide Publique au Développement (APD) qui vise à
atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).
Des institutions internationales telles que le Fonds Monétaire International ou la Banque Mondiale
gèrent des programmes de grande ampleur focalisés sur l'aide au développement ou à la
reconstruction post-crise.

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