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En vérité, l’intégration économique européenne redémarre au 1er janvier 1999 avec la réalisation de la monnaie
unique, l’étape antérieure d’union douanière et dans une certaine mesure de marché unique (1958 - 1999) étant
dissoute dans la mondialisation, notamment après les accords de l’Uruguay round. De ce fait et malgré les
apparences, le processus d’intégration économique européen s’est amoindri avec un euro qui à ce jour n’est
toujours pas la monnaie d’un État fédéral européen.
2
insuffisamment convergents et que le policy mix pratiqué est asymétrique et incomplet. La
question de la gouvernance économique de l’Union monétaire est devenue une question
centrale : se rapprocher d’un fédéralisme budgétaire et politique (regroupant les quelques
pays les plus convergents) ou courir le risque d’un délitement de l’union monétaire, comme
le suggère C. Saint Etienne2.
De plus, l’approche d’endogénéité de l’intégration économique de Frenkel et Rose (la
monnaie unique stimule le commerce intra-branche en synchronisant les cycles) alors que les
tests empiriques montrent qu’il existe une Europe à plusieurs vitesses, conduit à privilégier
plutôt la thèse de la divergence économique de Krugman (la monnaie unique stimule le
commerce interbranche en désynchronisant les cycles). Plus l’intégration économique tente
de s’approfondir, plus le risque de divergence s’accroit et menace la pérennité de la zone
d’intégration régionale en l’absence d’une régulation centralisée suffisante découlant du seul
fédéralisme politique. Plus généralement, dans la période contemporaine, les fondements de
la DIT ont été affinés, notamment par P.A. Samuelson.
A - La refondation théorique de la division internationale du travail
Les enseignements principaux de la théorie du commerce international reposent sur
une hypothèse aujourd’hui démentie par les faits : l’immobilité internationale des facteurs de
production. De ce fait, les États, abrités derrière des barrières tarifaires et/ou non tarifaires, ne
représentent plus le cadre de référence de la production et des échanges des nations. Une des
conséquences en est que le modèle ricardien des coûts comparatifs est largement inadapté à
rendre compte de la spécialisation internationale. Les conditions du commerce entre les
nations ont fortement évolué et contribuent à la polarisation des activités et de l’emploi dans
les zones les moins disantes sur un plan fiscal, social ou environnemental. A ce propos, deux
arguments méritent d’être davantage explicités :
2
C. Saint Etienne, La fin de l’euro, Bourin éditeur, 2009.
3
Reprenons chacun des deux arguments.
4
fortement en raison de la rapidité des transferts de technologie, contribuant à la similitude des
gammes de produits, et des stratégies globales des firmes en position de marché
oligopolistique ou monopolistique. A terme, ces produits différenciés substituables
deviendraient des produits concurrents en raison de l’étroitesse de la différenciation, ce qui
perturbera le développement des productions et des échanges.
3 Ière Conférence des Ministres de l'Économie et des Finances de la Francophonie, Monaco, 14 avril 1999.
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l'efficience des économies et à créer les conditions d'une plus grande intégration à l'économie
mondiale. De telles politiques peuvent justifier le regard optimiste de ce qu'il est convenu
d'appeler le début d'une renaissance africaine». Une telle opinion doit, cependant, être
nuancée en soulignant les risques induits par la persistance de plusieurs conflits armés et aussi
les difficultés découlant d’une insuffisance de résultats significatifs en matière de capital
humain au sein d’un ensemble économique contrasté et de peu de poids dans l’économie
mondiale. En effet, avec de faibles taux d'épargne domestique, une situation de pauvreté
permanente, une dépendance forte à l’égard des produits primaires, un manque d’ouverture de
ses marchés internes, l'Afrique court le risque d'une marginalisation par rapport au reste du
monde. Elle existe déjà dans les échanges commerciaux internationaux, notamment entre
l’Union européenne et les pays Acp. Cela n’empêche pas l’Union européenne de mettre en
place, par les accords de Cotonou, un modèle de développement économique basé sur le libre-
échange, plus généralement le libéralisme économique, avec toujours la même optique d’une
intégration par le commerce dont on ne sait qu’elle ne donne pas de résultats positifs
significatifs !
La coopération régionale peut-elle servir de vecteur pour la libéralisation non
discriminatoire du commerce multilatéral et l'intégration dans l'économie mondialisée ? A
priori, l'intégration régionale permet aux pays de surmonter l’étroitesse de leur marché
domestique en favorisant l’exploitation d’économies d'échelle et le bénéfice de la mise en
place d'infrastructures au niveau régional. De plus, la définition de programme ambitieux de
réformes au sein de zones d’intégration régionale peut faciliter la gouvernance des
responsables nationaux dans la mise en œuvre de mesures politiquement difficiles (réduction
du protectionnisme économique, réformes d’envergure des systèmes réglementaires et
judiciaires). Il peut en résulter un environnement plus stable favorable à l'expansion du
secteur privé. On peut relever des avancées en matière de réalisations plurinationales :
Système de comptabilité ouest-Africain (Syscoa), Conférence interafricaine des marchés
d'assurances (Cima), Conférence Interafricaine de la Prévoyance Sociale (Cipres), Bourse de
valeurs sous-régionales, etc. On peut signaler aussi, dans le cadre de l'intégration régionale en
Afrique francophone, l'initiative de l'Ohada, (Organisation pour l'harmonisation du droit des
affaires en Afrique) à laquelle participent seize pays africains. A travers cette initiative,
l'importance de la sécurité économique est reconnue, protégée par un cadre judiciaire
approprié.
Cela étant, les processus d’intégration régionale, en Afrique ou dans le reste du monde
à l’exception dans une certaine mesure de l’Union européenne, n’aboutissent pas à des
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résultats significatifs par rapport aux objectifs poursuivis. Le tableau 1 ci-dessous indique
que les objectifs d’une intégration économique sont le plus fréquemment atteints quand le
degré d’intégration recherché est élémentaire mais à partir du moment où le processus
intégrateur s’approfondit, les objectifs d’intégration ne sont que partiellement obtenus, y
compris pour l’Union européenne. Les processus qui visent une intégration économique par le
commerce se sont tous dilués dans la mondialisation ; de ce fait, l’institution de régulation
pertinente est l’Omc et seulement l’Omc. Quant aux processus censés aboutir à une
intégration monétaire, ils ne sont que très imparfaitement réalisés et ne sont pas les vecteurs
d’une intégration économique plus approfondie. C’est notamment vrai pour l’Uemoa.
Tableau 1 - Le degré d'intégration économique et la consolidation de
l'intégration économique régionale dans les principales expériences en
cours
Zones Degré d’intégration Degré Consolidation de Dilution de la zone
d’intégration économique envisagée d’intégration l’intégration par une dans la mondialisation
régionale économique juridiction supranationale selon les règles de
réalisée (tribunal ou cours de Justice)1 l’OMC2
Europe
-Union Union économique et monétaire partiellement oui oui
européenne Zone de libre-échange
- Aele Aucun oui non oui
- Cei oui non non
Afrique
- Uma Union douanière non non oui
- Cedeao Union douanière non non oui
- Uemoa Union économique et monétaire non non oui
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- des importations orientées vers les produits manufacturés en provenance
essentiellement d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord.
Le commerce intra-régional en Afrique se caractérise aussi par la non-
complémentarité des productions domestiques des différents pays : une production basée sur
les ressources naturelles conduit les pays à fabriquer les mêmes groupes de produits, qui sont
exportés vers l’extérieur de la région (matières premières de base) ou dont la production
excédentaire est écoulée dans la région, au gré des conditions climatiques (cas des céréales-
principalement du maïs- du manioc, de la banane plantain, etc.)
Sur la base des données statistiques de la Cnuced 2004, il apparaît que le volume du
commerce intra-zone des zones d’intégration régionales par rapport à leur commerce total est
demeuré faible. En effet, le volume total du commerce intra-communautaire de ces zones a
représenté dans l’ensemble une part relativement modeste de leurs exportations totales, se
situant à un pourcentage de moins de 10% du commerce total, à l’exception de l’Uemoa et de
la Sadc dont les parts relatives des exportations intra-communautaires par rapport aux
exportations totales ont représenté un peu plus de 10% (graphique 1 ci-dessous).
12
10
8
Part en %
0
UEMOA CEDEAO MRU SADC COMESA CEMAC CEEAC CEPGL UMA
Ensembles régionaux
Source : d'après les données de la CNUCED
Année 1980 Année 2003
8
commerciales consécutive à la mise en place du tarif extérieur commun. Les caractéristiques
du commerce intra-communautaire de la Cedeao sont similaires à celles de l’Uemoa, avec
cependant une part qui se maintient à environ 9,5% des exportations totales de la Cedeao
depuis 1980. Ce niveau est significativement plus élevé que les niveaux enregistrés pour les
autres communautés régionales, excepté la Sadc. En effet, on peut remarquer un bond
spectaculaire de son commerce intra-régional, notamment entre 1995 et 2003. Cette
performance s’explique par la prépondérance de l’économie sud-africaine qui n’atteint
cependant pas son niveau de croissance potentielle (facteurs limitatifs tels l’émigration de
main-d’œuvre qualifiée, l’insécurité, les problèmes sanitaires). Par comparaison, au sein du
Mercosur sud-américain, les échanges intra-communautaires avoisinent les 20% des
exportations totales de la zone. Dans l’Union européenne, le commerce intra-zone est
important : plus de la moitié des échanges. Cela dit, c’est tout autant le niveau de
développement économique des États que le processus d’intégration économique que l’on
peut invoquer pour expliquer une telle situation. Il ne faut pas oublier que le niveau des
échanges intra-européens était élevé avant l’entrée en vigueur du Traité de Rome (les pays
européens, proches géographiquement et économiquement, constituant une zone d’échange
naturelle selon le concept de P. R. Krugman).
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aboutissant au fédéralisme politique (et donc budgétaire). Tout processus qui n’ambitionne
pas une telle finalité est frappé d’inefficiences économiques et sociales d’autant plus graves
que l’intégration économique tente de s’approfondir. C’est notamment le cas des marchés
communs ou uniques avec ou sans unification monétaire. Dans les faits, ils ne fonctionnent
pas ou quand ils fonctionnent, ils créent d’importantes externalités négatives (en raison de
régulations économiques et sociales nationales contradictoires). Dans les pays en
développement, les marchés décloisonnés sont inefficients parce que les échanges intra-zone
sont réduits et dans les pays développés où ce type de commerce est plus développé, ils
engendrent des distorsions sociales importantes qui résultent des différentes formes de
dumping, fiscal ou/et social. L’explication d’une telle situation est simple :
l’approfondissement de l’intégration économique dépossède progressivement les États
membres des principales prérogatives de la politique économique sans que se mettent en place
au niveau des institutions d’intégration des actions communes suffisantes et efficaces. Il
semble qu’il n’y ait pas d’intégration économique pérenne possible en l’absence de
constitution d’un État fédéral mais il faut aussi considérer qu’un État et un budget fédéraux
ne sont pas la panacée non plus : dans les États fédéraux les plus centralisés (États-Unis par
exemple), le budget fédéral n’amortit les chocs sur le revenu régional que dans une
proportion voisine des 40 % dans le meilleur des cas.
Citons un exemple d’avatar d’une intégration économique mal maîtrisée parce
qu’insuffisamment régulée au niveau centralisé : la politique agricole commune à la suite des
accords de l’Uruguay round. Examinons l’évolution des prix agricoles. Avant les accords de
l'Uruguay round, le marché européen faisait l'objet d'une régulation efficace qui encadrait les
évolutions de prix d'un certain nombre de produits de base régis par des organisations
communes de marché. Les fluctuations des prix agricoles étaient contrôlées. Quand l'Europe,
dans le cadre de la négociation de l'Uruguay round, a concédé aux États-Unis la suppression
des prélèvements agricoles, elle a en fait accepté qu'à terme, les marchés agricoles,
notamment ceux des produits de base qui sont autant de productions alimentaires stratégiques,
soient soumis à la loi de l'offre et de la demande mondiale sans qu'aucun mécanisme
régulateur ne puisse empêcher les prix de descendre trop bas (situation de surproductions
agricoles) ou de s'élever trop haut (situation de pénuries agricoles). Ce sont de situations
préjudiciables aux consommateurs et aux producteurs européens. Il n'est pas souhaitable que
l'approvisionnement en produits de base agricoles de la population européenne dépende de la
situation de marchés mondiaux dérégulés et très spéculatifs.
10
L’expérience de l’intégration économique de l’Union européenne peut servir aux pays
qui se sont lancés dans une démarche similaire d’intégration régionale : s’ils n’ont pas
l’intention de constituer à terme mais rapidement un État fédéral pour bénéficier au plus tôt
des régulations fortes et centralisées, il vaut mieux alors s’en tenir à une forme d’organisation
des échanges internationaux en adéquation quasi parfaite avec les règles de l’Omc, c’est -à-
dire la zone de libre-échange (chaque pays garde en effet la maîtrise de sa politique
commerciale à l’égard des pays tiers).
Il nous semble que les accords régionaux seraient parfois plus efficaces en termes de
lisibilité et de réalisations tangibles s’ils concernaient d’autres domaines que celui de
l’économie. De ce point de vue, les champs de l’action juridique en matière d’institutions en
charge de la démocratie et des droits de l’Homme sont des domaines pertinents d’une
démarche intégratrice pluri - régionale. Une politique d’action et de coopération culturelle
trouve aussi une cohérence dans une définition et une concrétisation plurinationales. Cela est
également vrai des progrès à réaliser en matière de capital humain qui conditionne le
développement économique futur et qui peut faire l’objet d’une action plurinationale,
géographiquement la plus large possible. Les programmes d’intégration régionale concernent
alors la formation et la santé humaine, en particulier dans les pays où l’espérance de vie à la
naissance est relativement faible. Pour de telles actions, une seule zone d’intégration régionale
pourrait être définie au niveau du continent africain, l’Afrique du Nord dont le profil
épidémiologique est spécifique n’étant pas concernée.
11
Carte 1 - Valeur de l’IDH dans le continent africain en 2005
4
Il faut préciser que dans les zones d’intégration régionales censées bien fonctionner sur le plan du commerce
intra-zone (Alena, Mercosur et surtout Union européenne), l’essentiel des échanges concerne un commerce intra-
branche vertical, source d’ajustements économiques coûteux pour les pays plutôt spécialisés dans les productions
de moyenne ou faible valeur ajoutée.
12
Insuffisance du niveau d’éducation, mauvaise santé et faiblesse de la Fbcf créent souvent une
trappe de pauvreté. Il faut atteindre un niveau minimum d’espérance de vie (sans que ce seuil
soit précisément défini) pour enclencher un processus de développement5. L’état sanitaire
d’une population, qui va être déterminant, dans l’évolution de l’espérance de vie à la
naissance doit être mieux évalué et une régulation à un niveau géographique pertinent mise
en œuvre de façon prioritaire.
80
SADC UMA
70 CEMAC UEMOA CEDEAO
60
50
40
30
20
10
0
Afrique du sud
Angola
Bostwana
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Mozambique
Namibie
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Swaziland
Tanzanie
Zambie
Zimbabwe
Guinée
Tchad
Rép.centrafricaine
Togo
Bénin
Côte d'Ivoire
Guinée Bissau
Burkina Faso
Ghana
Togo
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Bénin
Côte d'Ivoire
Guinée Bissau
Burkina Fasso
Sierra Leone
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Mauritanie
Tunisie
Maroc
Madagascar
Niger
Niger
Cap Vert
Malawi
Sénégal
Mali
Sénégal
Mali
Gabon
Congo
Cameroun
Pays
Source : d'après les données du PNUD
5
P. Y Geoffard et T. Verdier, Health and Development with Imperfect Capital Markets, Séminaire Erudite,
Université Paris XII, 2000.
13
exemple, les prévalences du Vih et de la tuberculose sont élevées de façon similaire dans toutes
les zones d’intégration régionale, sauf dans la Sadc où le Vih s’est développé de façon
importante et dramatique (Graphiques 3 et 4).
40
SADC
35
30
25
20
CEMAC
15
UEMOA CEDEAO
10 UMA
0
Afrique du sud
Guinée Bissau
Guinée Bissau
Angola
Mozambique
Namibie
Rép.centrafricaine
Mauritanie
Tunisie
Bénin
Burkina Faso
Bénin
Burkina Fasso
Algérie
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Sénégal
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Zimbabwe
Guinée
Côte d'Ivoire
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Côte d'Ivoire
Sierra Leone
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Lesotho
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Swaziland
Malawi
Mali
Mali
Madagascar
Bostwana
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Togo
Cap Vert
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Ré
14
La réponse des systèmes de santé à une telle situation épidémiologique est insuffisante.
Le niveau des dépenses de santé par habitant est faible, y compris au sein de la Sadc où l’Afrique
du Sud consacre en moyenne relativement plus de ressources à la santé de sa population
(graphique 5).
800
700
500
400
CEMAC
300
UEMOA
CEDEAO
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0
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A
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Ré
Pays
Source : d'après les données du PNUD
De la même façon, la couverture des besoins sanitaires est assurée par un nombre de
praticiens (en l’occurrence, les médecins) relativement faible dans les zones d’intégration
régionale subsaharienne (Graphique 6). Les pays de l’Uma sont majoritairement dans une
situation différente, à l’exception de la Mauritanie et à un degré moindre du Maroc.
Graphique 6 - Nombre de médecins pour 100 000 hab sur la période 2000-2004
dans les principales zones d'intégration régionale africaines
NN de médecins pour 100 000 hab
160
UMA
140
120
SADC
100
80
60
CEMAC CEDEAO
40
UEMOA
20
0
Maroc
Bostwana
Maurice
Mozambique
Swaziland
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
Libye
Mauritanie
Malawi
Mali
Mali
Madagascar
Niger
Niger
Afrique du sud
Angola
Lesotho
Namibie
R.D Congo
Tanzanie
Zambie
Zimbabwe
Guinée
Tchad
Rép.centrafricaine
Togo
Bénin
Guinée Bissau
Burkina Faso
Ghana
Togo
Gambie
Nigéria
Bénin
Guinée Bissau
Burkina Fasso
Sierra Leone
.Libéria
Algérie
Tunisie
Sénégal
Sénégal
Cap Vert
Gabon
Congo
Cameroun
Pays
15
Les quelques exemples de variable sanitaires illustrées par les graphiques ci-dessus
montrent des situations comparables qui appellent une régulation commune.
En conclusion, lorsque des pays veulent constituer une zone d’intégration économique
régionale, seul le fédéralisme politique et budgétaire permet d’éviter les graves inefficiences
induites par une insuffisance de régulation centralisée que l’on peut observer dans les processus
d’intégration qui s’approfondissent. L’Union européenne illustre parfaitement une telle
situation : c’est un espace désintégré sur le plan des échanges (situation compatible avec les
règles de l’Omc) et mal intégré sur le plan monétaire (policy mix asymétrique, États membres
divergents économiquement, intégration bancaire dominée par la finance de marché, insuffisance
de régulations économiques centralisées)6. Il n’est pas inutile à cet égard de réfléchir à ce que
Keynes écrivait dans son article de 1933, National Self-Sufficiency7 dans lequel il définissait les
activités devant entrer dans le champ de l’économie internationale et celles qui devaient relever
de la régulation homogène de l’Etat-nation, notamment l’activité bancaire et financière au
service de l’activité productive8 :
“I sympathize, therefore, with those who would minimize, rather than with those who would
maximize, economic entanglement among nations. Ideas, knowledge, science, hospitality,
travel--these are the things which should of their nature be international. But let goods
be homespun whenever it is reasonably and conveniently possible, and, above all, let
finance be primarily national. Yet, at the same time, those who seek to disembarrass a
country of its entanglements should be very slow and wary. It should not be a matter of
tearing up roots but of slowly training a plant to grow in a different direction ».
Pour les pays africains, les processus d’intégration régionale sont eux aussi centrés sur
l’économie mais dans les faits, ils sont peu approfondis malgré la référence dans les traités à des
formes d’intégration économique telles que l’union douanière, l’union monétaire, etc. Très
souvent, les processus productifs sont peu développés, basés sur des biens peu élaborés et très
concurrentiels, il n’est donc pas surprenant de constater un niveau faible d’échanges intra-zone.
En réalité, plus que l’économie et le commerce, ce sont les facteurs de développement
économique qui pourraient faire l’objet de politiques plurinationales parce que les besoins de
6
La zone euro n’est sans doute viable à long terme qu’avec un nombre réduit d’États membres (les plus
développés économiquement) regroupés dans un ensemble fédéral. L’Union européenne actuelle peut
poursuivre son intégration dans les domaines de la démocratie et des droits de l’Homme, de la culture, etc mais,
à notre sens, il semble risquer de continuer à y traiter les questions économiques, en l’absence des régulations
centralisées indispensables qui sont celles d’un État fédéral.
7
J. M. Keynes, National Self-Sufficiency, The Yale Review, Vol. 22, N 4, June 1933, pp. 755-769.
8
Dans un ensemble en cours d’intégration, la finance ne peut être laissée aux seuls mécanismes de marché et
doit faire l’objet d’une régulation homogène centralisée.
16
l’Afrique subsaharienne en la matière sont très importants, en particulier en ce qui concerne le
capital humain. De ce point de vue, une entité régionale continentale (ou limitée à l’Afrique
subsaharienne) en charge de questions d’éducation et de santé, soutenue par les organisations
internationales en particulier la Banque mondiale, permettrait à terme de faire évoluer la
problématique du développement économique de façon plus efficace que les entités régionales
existantes à vocation principalement économique qui se caractérisent par des performances
jusqu’à aujourd’hui insuffisantes.
Références bibliographiques
B. Balassa, The Theory of Economic Integration, R. D Irwin Inc, Homewood, 1961.
J. Bhagwati et al., Lectures on International Trade, New Delhi, OUP, New Delhi, 2003.
M. Diouf, Le traité d’Union africaine et le processus d’intégration sous-régionale, IFAN, Université de
Dakar, Sénégal, août 2001.
J. A. Frankel et A. K. Rose, The Endogeneity of the Optimum Currency Area Criteria, Economic
Journal, N° 108, 1998.
P. Y Geoffard et T. Verdier, Health and Development with Imperfect Capital Markets,
Séminaire Erudite, Université Paris XII, 2000.
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Growth in the European Economic Union, Cambridge University Press, 1993.
C. Saint Etienne, La fin de l’euro, Bourin éditeur, Paris, 2009.
P. A Samuelson, Where Ricardo and Mill Rebut and Confirm Arguments of Mainstream Economists
Supporting Globalization, Journal of Economic Perspectives, été 2004
B. Yvars, EU Integration and other Integration Models in Assessing EU’s role in the world, The
Brookings Institution, Washington, 2009.
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