Vous êtes sur la page 1sur 3

De l’intégration

économique régionale à
l’Union monétaire en
Afrique Australe:
Cas de la SADC
De l’intégration économique régionale à l’Union monétaire en Afrique
Australe: Cas de la SADC

La Southern African Development Community (SADC) est une Communauté


économique régionale (CER) qui regroupe aujourd’hui 15 pays de l’Afrique Australe, dont les
grands pays comme l’Afrique du Sud et la RD Congo, avec 650 milliards de dollars US de PIB,
soit 40% du PIB de l’Afrique, près de 270 millions d’habitants (un quart de la population
africaine) et une superficie de 10 millions de km². La mondialisation et le développement des
échanges impliquent une participation croissante des Nations de la SADC dans la
globalisation financière. C’est pourquoi la Zone de libre Echange a été instituée en 2008
entre les pays membres, avec un Marché Commun pour 2015. La perspective d’une Banque
centrale régionale et d’une devise commune aux pays membres fixée en 2018, fera suite à la
création d’une Union Monétaire prévue en 2016. Une telle globalisation requiert à terme
l’intégration monétaire, d’institutions financières régionales, ainsi que des flux financiers
suffisants au niveau régional africain.

Or, le faible niveau d’intégration commerciale des pays de la SADC, par ailleurs à
niveaux de développement très différents, se manifeste par de faibles complémentarités et
synergies intra-régionales. Cette situation explique à certains égards la complexité et la
lenteur de l’intégration économique et monétaire de ces pays africains (BAD, 2012, FMI,
2013).

Cependant, des potentialités de commerce intra-africain existent bien si l’on


considère les pays d’Afrique Australe et de l’Est à l’exemple de la SADC qui est une des
premières Communautés Economiques Régionales exportatrices en Afrique. De même, une
dynamique commerciale intra-CER se développe de plus en plus favorablement autour d’une
puissance économique émergente comme l’Afrique du Sud, et des marchés émergents tels
que l’Angola, la Namibie et la Mozambique. Ainsi, la SADC est la première CER exportatrice
en terme de part relative intra-CER en Afrique pour 2012, avec 34% des exportations intra-
CER, contre 26% pour la CEN-SAD, 15% pour la CEDEAO et 11% pour le COMESA (FMI, 2013).

Les expériences de regroupement économique régional dans le monde montrent que


l’intégration commerciale a été l’un des facteurs déterminants de taux de croissance élevés
et durables des pays membres1. Cette étape d’intégration est ensuite renforcée par le
mécanisme de coopérations et d’institutions monétaires et financières régionales
(consolidation des réserves de change, création de marchés obligataires dans la région,
banques d’émission et de crédits intra-régionales, …).

Cet article interroge sur la problématique de l’intégration économique et monétaire de la


SADC qui comporte un paradoxe de disparités de développement et d’ouverture
commerciale des pays membres, et en même temps une évolution nécessaire vers
l’harmonisation financière et l’Union monétaire en tant que cadre opportun en perspective
pour la régionalisation et la mondialisation des échanges et des économies de l’Afrique
australe.

1
Si l’on considère par exemple le cas des pays du Sud-Est Asiatique (l’Association des Nations d’Asie du Sud-
Est ou l’ANASE, l’ASEAN)

1
Ainsi, la recherche présentée dans cette communication s’articule autour de trois
axes essentiels :

-Un premier axe porte sur l’analyse des instruments d’intégration commerciale dans la SADC.
Les avantages de la Zone de Libre échange née de la SADC sont importants en terme de
coopération douanière, de facilitation des exportations et du commerce en général. Elle met
aussi en place des mécanismes d’harmonisation ou de coordination des dispositifs et de la
nomenclature commerciaux pour un élargissement de l’espace économique, et une
intensification du commerce intra-africain. Des facteurs clés tels que la complémentarité des
structures productives ou la capacité des pays leaders (Afrique du Sud) à exercer des effets
d’entraînement sont également déterminants, et susceptibles de renforcer le processus
d’intégration régionale en Afrique Australe.

-Le second axe explicite les contraintes monétaires, et les défis de la SADC dans cette
intégration économique. En effet, les coûts des transactions commerciales ont tendance à
être trop élevés du fait de la conversion nécessaire en devises pour les opérateurs
économiques (exportateurs et importateurs, investisseurs privés). La non-convertibilité de
certaines monnaies nationales aggrave les problèmes de la couverture des risques à
l’exportation, du paiement des crédits documentaires par exemple, ainsi que les assurances
et garanties douanières.

Les incertitudes liées aux fluctuations du taux de change sont spécifiquement élevées ici
pour des monnaies situées hors zone, et pour des pays non membres d’Union Monétaire
(contrairement en Zone franc CFA par exemple). Du fait qu’aucune véritable
expérimentation de zones monétaires n’a eu lieu jusqu’ici au sein de cette région, une vaste
circulation du rand comme monnaie commune dans la SACU a donné des résultats
satisfaisants ces dernières années pour les transactions commerciales infra-régionales.
Le développement des flux d’échanges commerciaux intra-CER, intra-africains, et surtout
internationaux repose souvent sur une certaine stabilité recherchée des différents taux de
change avec les devises fortes, le dollar US ou l’Euro par exemple. Un système de paiements
régional mis en place serait alors une solution adaptée aux transactions intra-régionales au
regard de la diversité des monnaies nationales.

-Le troisième axe étudie l’harmonisation des dispositifs institutionnels et politiques en


termes de mécanismes d’ajustement, voire de compensations nécessaires entre les
économies hétéroclites au sein de la SADC dans le processus d’intégration monétaire.

Vous aimerez peut-être aussi