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(AMAO)
INTRODUCTION
2
2.1.5 Approche de la Masse Critique
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
3
INTRODUCTION
4
Par exemple, bien que de bonnes performances aient été enregistrées pour certains
indicateurs macroéconomiques, notamment certains critères de convergence
économique, des disparités semblent exister et persister, aussi bien entre les
différentes économies des Etats membres au sein de chaque zone, qu’entre les deux
zones (UEMOA et ZMAO).
5
la nouvelle proposition de l’AMAO ainsi que des mesures d’accompagnement
avant de déboucher sur les coûts. Alors que la troisième partie se focalise sur les
avantages liés à la création de la monnaie unique.
6
1. ENJEUX ET PROBLEMATIQUE DE L’INTEGRATION MONETAIRE
EN AFRIQUE DE L’OUEST
Introduction
Toutefois, l’arrangement des pays anglophones fut supprimé au début des années
1960 au lendemain des indépendances tandis que l’arrangement des pays
francophones s’était consolidé et même transformé en union monétaire en 1962. La
Guinée s’est retiré du système, en 1960, pour créer sa propre monnaie. Par contre,
la Guinée Bissau, pays lusophone, y a adhéré et est membre, à part entière, de cette
union depuis1997.
7
création de la CEDEAO a prévu, entres autres, la libéralisation des échanges, la
création d’une union douanière et d’un marché commun etc.
8
a) le Conseil de convergence, comprenant les Ministres des Finances et les
Gouverneurs des Banques Centrales, qui a vocation à assurer le suivi des
politiques et performances macroéconomiques ;
b) le Comité de suivi technique, constitué des directeurs des études des
Banques centrales et les hauts responsables des ministères des Finances, qui
est responsable de l’établissement de rapports semestriels sur les
performances macroéconomiques des Etats membres aux fins de
présentation au Conseil de convergence ;
c) l’Agence Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (AMAO) et la Commission de la
CEDEAO, qui sont conjointement responsables de la compatibilité du
programme de convergence mis en œuvre par les Etats membres ; et
d) les Comités Nationaux de Coordination qui aident l’AMAO et la CEDEAO
à recueillir et à traiter les données portant sur les Etats membres.
La convergence macroéconomique, qui est une composante essentielle du
Programme de coopération monétaire de la CEDEAO (PCMC), accorde la priorité
aux domaines suivants : la stabilité des prix, l’assainissement des finances
publiques, la maîtrise du financement monétaire du déficit public et le maintien de
niveaux appropriés de réserves extérieures brutes 1.
Le respect des critères permet d’évaluer les progrès en vue de la réalisation de la
convergence macroéconomique. Les critères de convergence adoptés par la
Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement sont classés en critères primaires
et secondaires2, comme suit :
Critères primaires
1. Ratio du déficit budgétaire/PIB (hors dons) ≤ 4 pour cent ;
2. Taux d’inflation ≤ 5 pour cent ;
3. Financement des déficits budgétaires par la Banque centrale ≤ 10
pour cent des recettes fiscales de l’année précédente ;
4. Réserves extérieures brutes ≥ 6 mois de couverture des importations.
Critères secondaires
1. Interdiction d’accumuler de nouveaux arriérés et apurement de tous
les arriérés existants ;
1 Les pays membres sont tenus de respecter les objectifs fixés afin de favoriser la mise en place d’un cadre
macroéconomique stable en vue d’assurer une intégration monétaire réussie.
2 Les critères primaires sont les variables jugées essentielles pour la réalisation de la convergence. Les critères
secondaires sont les outils d’intervention qui concourent à la réalisation des critères primaires.
9
2. Ratio recettes fiscales/PIB ≥ 20 pour cent ;
3. Ratio masse salariale/recettes fiscales totales ≤ 35 pour cent ;
4. Ratio investissement public financé par les ressources
internes/recettes fiscales ≥ 20 pour cent ;
5. Taux d’intérêt réel positif ; et
6. Stabilité du taux de change réel.
Le bilan de l’exécution du PCMC, effectué en 1999, a révélé que des progrès,
certes, ont été accomplis au titre de la convergence macroéconomique mais que
ceux-ci étaient insuffisants pour assurer le lancement de l’union monétaire en
2000. Hormis le problème de l’instabilité macroéconomique et l’incidence des chocs
externes, le problème de l’instabilité politique, dans certains pays, a figuré au
nombre des facteurs qui ont sous-tendu ces résultats modestes.
Aussi, la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement, au cours de sa session
tenue à Lomé en décembre 1999, a-t-elle décidé de repousser l’échéance de 2000 à
2004. A cette même occasion, la Conférence a adopté un certain nombre de
mesures visant à accélérer le processus d’intégration, notamment l’intensification
du processus de convergence macroéconomique et l’adoption d’une approche dite
accélérée pour la mise en œuvre rapide du processus d’intégration.
Ainsi fut adoptée l’initiative accélérée ou double approche dans le cadre de la mise
en œuvre du PCMC. L’approche accélérée repose sur une stratégie de création
d’une seconde union monétaire (ZMAO) transitoire appelée à fusionner avec
l’UEMOA, à terme, pour former une union monétaire plus large regroupant
l’ensemble des quinze pays de la CEDEAO.
A l’heure actuelle, les deux institutions sous-régionales, l’UEMOA et la ZMAO,
fonctionnent et sont toutes parties prenantes au programme global de création
d’une monnaie unique pour la CEDEAO piloté par l’AMAO. Elles disposent de
leur propre organisation institutionnelle comprenant, selon le cas, un Comité
technique, un Comité des Gouverneurs, un Conseil d’Administration, un Conseil
de convergence, un Conseil des ministres et une Conférence des chefs d’Etat et de
Gouvernement.
Toutefois, le lancement de la monnaie unique de la ZMAO n’a pas encore pu se
faire. En effet, la mise en circulation de la monnaie unique, l’ECO, a été reportée à
plusieurs reprises. Etant donné le constat d’échec dans le lancement de la monnaie
unique de la ZMAO, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO ont, au
10
cours de leurs Sommet de Juin 2007, opté pour une approche unique. D’où l’objet
de la présente réflexion engagée par l’AMAO sur la question.
Cependant, malgré les différents reports et les difficultés dans la réalisation de la
convergence, il importe de nuancer le bilan de la mise en œuvre du PCMC. En
effet, au-delà des réalisations quantitatives, une mobilisation de plus en plus
croissante est perceptible autour des idéaux de l’intégration monétaire. Plus
particulièrement, les populations sont de plus en plus mobilisées en faveur de
l’avènement d’une monnaie commune dans l’espace CEDEAO. Cette situation
constitue une donne importante qui augure de meilleures perspectives pour le
processus d’intégration monétaire dans la mesure où elle constitue une source
nouvelle de pression exercée sur les autorités communautaires les obligeant à
accélérer le processus. S’y ajoute la volonté politique qui est de plus en plus
manifeste. Le volontarisme des dirigeants de la CEDEAO pour la création de la
monnaie unique est de plus en plus marqué.
Comme rappelé plus haut, la majorité des pays francophones d’Afrique de l’Ouest
(Bénin, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo)
ont préféré rester dans la zone franc3 après leur indépendance. C’est dans ce cadre
que l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) a été mis en place en 1962. Ce
nouveau mécanisme monétaire, placé sous les auspices de la France, a été renforcé
par la suite et son champ d’application étendu à d’autres composantes de la
politique économique, conduisant à la création de l’Union économique et monétaire
ouest-africaine (UEMOA4) en 1994
Dans le cadre de leur intégration régionale, les pays membres de l’UEMOA ont
adopté des critères de convergence et un tarif extérieur commun, un système
bancaire et financier harmonisé utilisant des lois, règlements et systèmes de
paiements communs
11
le taux d’inflation qui ne doit pas excéder 3%, les ratios de la dette intérieur et
extérieure au PIB qui ne doivent pas excéder 70% et la non accumulation d’arriérés
de paiement intérieurs et extérieurs.
Les critères secondaires sont : la masse salariale du secteur public qui ne doit pas
dépasser 35% des recettes ; l’investissement financé sur ressources intérieurs doit
atteindre au moins 20% ; les recettes publiques doivent être au moins égales a 17%
du PIB ; le déficit extérieur courant (hors dons) ne doit pas dépasser 5% du PIB.
12
la zone UEMOA dans le cadre d’un ensemble plus élargi d’union monétaire de la
CEDEAO.
En marge de ces deux grandes zones (UEMOA et ZMAO), nous avons le Cap
Vert et le Liberia qui continuent, bien qu’étant membres de la CEDEAO, d’évoluer
séparément pour des raisons diverses.
13
1.2. CADRE ANALYTIQUE ET OPTIMALITE DE LA ZONE
MONETAIRE EN AFRIQUE DE L’OUEST (CEDEAO)
Le but visé par cette section est d’essayer d’apprécier les efficiences de
l’intégration économique en termes d’optimalité et de convergence des économies
dans l’espace CEDEAO. Plus spécifiquement, il s’agira :
La théorie des zones monétaires optimales a connu sa plus grande popularité dans
les années 1960 et 1970 et ISHIYAMA en a fait, au milieu des années 1970 une
synthèse considérée comme une référence dans la littérature. Elle redevient
d’actualité, au courant des années 1980 et 1990, à la faveur des accélérations de
l’unification monétaire européenne (WYPLOSZ 1990, et DE GRAUWE 1992,
etc.).
14
Ainsi, les approches traditionnelles comme les développements récents proposent
des éclairages normatifs pour une unification monétaire efficace.
- à l’intérieur de laquelle les taux de change sont fixes, les monnaies sont
convertibles entre elles voire l’unicité de la monnaie, les réserves extérieures
sont mises en commun, et où une banque centrale et /ou d’autres organismes
communs de politique économique existent ;
L’analyse portera sur ces différents critères (traditionnels) d’optimalité d’une zone
monétaire, qui ont surtout trait au commerce international et aux systèmes
financiers et monétaires.
15
i. La présentation de MUNDELL : le critère de mobilité des facteurs
Pour Mc KINNON (1963), une zone monétaire optimale est une zone dans laquelle
les politiques monétaires et fiscales sont utilisées pour trois objectifs (qui peuvent
être contradictoires) : le plein emploi, la stabilité des prix et l'équilibre de la
balance des paiements. Il va faire reposer ses critères sur la distinction entre biens
échangeables et biens non échangeables.
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Du point de vue de Mc KINNON plus l'économie est ouverte, c’est-à-dire, plus la
part des biens échangeables5 pour un pays est importante par rapport aux biens
non échangeables, plus cette économie a intérêt à rejoindre une union monétaire
pour éviter l'instabilité des prix relatifs en changes flexibles. A partir de ce
moment, les modifications du taux de change provoquent des effets négligeables
sur la production qui est largement exportée. Ainsi, Mc KINNON considère que si
l'économie est peu ouverte, la modification du taux de change peut améliorer de
manière notable la balance des paiements. L'élasticité-revenu des exportations est
plus élevée que l'élasticité des importations et le recours au flottement permet de
rétablir l'équilibre. Un fort degré d'ouverture est donc le critère de réalisation
d'une zone monétaire optimale.
Une des principales critiques à laquelle elle se heurte ce critère de Mc Kinnon est
que son ratio est particulièrement difficile à appréhender, et même ambiguë,
comme il le souligne lui-même.
Pour KENEN (1969), une nation peut d'autant plus avoir un taux de change fixe à
l'intérieur d'une zone monétaire que son économie est très diversifiée. Il pense
qu'une économie qui a une structure productive diversifiée a les moyens de
compenser les effets néfastes (inflation, chômage) de l'instabilité de certains
produits. Par contre, une économie peu diversifiée doit, elle, recourir aux changes
flexibles. Cette analyse conduit à considérer qu'un pays doit entrer dans une union
monétaire si son commerce extérieur est suffisamment diversifié aussi bien du
point de vue géographique que sectorielle. Par contre, une région à production
restreinte, devrait adopter des taux flottants.
5
Elle est mesurée par des indices comme : la part des biens manufacturés dans le total
des exportations ; ou la part des exportations par rapport au PIB ; ou encore par la
somme des importations et des exportations divisée par le PIB.
17
particulièrement des anciennes puissances coloniales (la France pour les pays
utilisant le franc CFA6 et la Grande Bretagne pour les pays anglophones) ou des
Etats-Unis d’Amérique dans les activités de ces pays..
6
Il faut considérer que le rattachement au franc français, pour les pays africains de la
Zone Franc, est un enjeu pour avoir un à l'Europe sur le plan commercial et promouvoir
l'attraction des capitaux privés et publics, mais encore, un moyen d'obtenir des remises
de dettes.
18
budget fédéral joue donc le rôle de stabilisateur du revenu réel, d'une part, et des
taux de change, d'autre part.
En conclusion, deux régions fortement intégrées sur le plan fiscal pourront
donc former une ZMO tout en mettant en place un gouvernement fédéral.
Ces deux auteurs font référence à l'intégration financière privée basée sur les
mouvements de capitaux, d'actifs et de titres libellés en long terme et en devises.
De ce fait, la substituabilité parfaite est obligatoire pour garantir la formation de la
ZMO. Par ailleurs, la libre circulation des capitaux laisse penser que l'intégration
financière est d'une échelle plus large que communautaire. De même, le
rééquilibrage par les actifs financiers suppose que les déséquilibres sont
réversibles7.
MAGNIFICO (1972) pense que « pour une zone embrassant plusieurs pays, il ne
suffit pas que les gouvernements harmonisent leur action sur la demande, la
mobilité des facteurs de production n'est pas davantage une condition suffisante».
Pour lui les différentes propensions à l'inflation constituent un facteur pertinent
pour la définition des zones monétaires optimales. Si les taux d'inflation
7 Colette NEME: Economie Internationale; fondements et politiques. Ed. Litec, Paris 1996, p. 371.
19
convergent, les balances intra régionales bilatérales et ou multilatérales sont
équilibrées. Il est donc avantageux d'harmoniser les taux d'inflation.
C’est dans cet ordre d’idées que HARBERLER (1970), FLEMING (1971) et DE
GRAUWE (1975) ont pensé que les déséquilibres des paiements tiennent aux
divergences des taux d'inflation nationaux. Ces différentiels proviennent des
différences de développement structurel, différence dans l'agressivité commerciale,
différence des politiques monétaires. L'accent est principalement mis sur les
perturbations d'ordre macro-économique d'offre et de demande.
Donc, ce qui fera une zone monétaire optimale, c'est une zone dans laquelle il y a
une similitude des taux d'inflation. L'idée de base est que si les pays ont des
courbes de PHILIPS différentes ou des objectifs en termes d'inflation et de
chômage différents, une union monétaire est nécessairement coûteuse, parce qu'elle
impose un niveau d'inflation unique (CANZONERI et ROGERS, 1990).
Il ne s'agit pas ici de critères qui sont portés vers l'arbitrage changes fixes-changes
flexibles, autrement dit vers l'arbitrage union monétaire- autonomie ou vers les
conditions de réalisation d'une véritable union monétaire comme le pensent
MUNDELL, Mc KINNON, INGRAM et SCITOVSKY, mais plutôt vers d'autres
propositions qui sont avancées par BOURGUINAT et KINDLEBERGER.
BOURGUINAT (1973) pense qu'il faut soumettre tout projet d'union monétaire à
une sorte d'indicateur d'opportunité qui repose sur deux conditions : la circulation
d'un actif acceptable à l'intérieur de la zone et la communauté, ou au moins la
20
proximité, des préférences nationales en matière d'évolutions significatives en
termes de taux d'inflation, de salaire réel, de productivité, etc.
Le critère de BOURGUINAT repose sur l’idée selon laquelle, en dehors d'un
consensus sur les déterminants essentiels de leur économie, tout processus de
monnaie unique est quasiment impossible. Cet argument s’oppose de fait au
contexte actuel de la Zone franc en général et de la situation des pays de l’espace
UEMOA, membres aussi de la CEDEAO, partageant la monnaie commune, le
FCA, alors que le consensus exigé autour des fondamentaux de leurs économies
n’a presque jamais atteint. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui ont conduit ces
pays à recourir en 1994 à la dévaluation comme mesure ultime d’ajustement.
Au delà de ces critères, il faut noter que la réalisation d'une zone monétaire
optimale a évolué aujourd'hui vers une analyse en termes d'avantages – coûts. En
effet, les travaux ultérieurs à l'analyse de MUNDELL sur les zones monétaires
optimales se sont presque tous focalisés sur les coûts de renonciation aux
variations de parités du taux de change et ont négligé l'évaluation des bénéfices.
21
préconise de retirer le monopole étatique de l'émission monétaire et de substituer à
cette monnaie étatique des monnaies papier concurrentes dont la valeur sera
rendue relativement stable par l'obligation qu'auront les émetteurs de ne pas en
augmenter la quantité, sauf à compromettre leur entreprise.
L'idée est que la concurrence entre les monnaies (bancaires et publiques), voire
entre devises, éviterait aux Etats d'entretenir l'inflation pour promouvoir la
confiance et l'essor économique. La différenciation des monnaies n'est pas un
obstacle au libre mouvement des biens, des monnaies ou des actifs financiers.
Donc, il n'est pas nécessaire d'avoir une monnaie unique mais une ou des "bonnes
monnaies" à pouvoir d'achat stable et/ou indifférencié.
22
i. L’analyse en termes d’avantages-coûts.
Cette approche des unions monétaires a été proposée par BEAN à la suite de
travaux de ISHIYAMA (1975) et TOWER et WILLET (1976). Elle consiste à
analyser les coûts et les avantages qui résultent de l’entrée d’un pays dans une
union monétaire.
En résumé, les coûts majeurs lorsqu'un pays décide de joindre une union sont :
- La perte de l'instrument monétaire ou de la souveraineté ne permettant plus
d'arbitrer entre l'inflation et le chômage. L'argument est ancien (FRIEDMAN,
1969).
- Le taux de change n'est plus utilisable comme variable d'ajustement face à un
choc extérieur, pour corriger les déséquilibres de la balance des paiements par
exemple.
23
ii. L’explication du choix de la monnaie unique à partir du processus
d’ajustement face à des chocs d’offre de demande.
- Quel est le temps de réponse de ces pays face à des chocs d'offre et de
demande ?
- Face à de fortes contraintes en matière de politiques monétaires, les
réponses des pays membres d'une union sont-elles semblables ?
Ces études visent à estimer les chocs affectant à la fois les prix et le volume du PIB
à l'aide d'un modèle VAR, en distinguant les chocs symétriques et asymétriques en
se référant à BLANCHARD et QUAH (1989) ; la nature des chocs est identifiée
par le fait que les chocs de demande ont un effet transitoire sur le volume de PIB et
permanent sur les prix, tandis que les chocs d'offre (productivité par exemple)
affectent de façon permanente à la fois les prix et la production.
Les calculs effectués permettent de mettre en évidence tout d'abord que les pays
africains de la CEDEAO sont loin de constituer une zone monétaire optimale. La
raison tient à la faiblesse du commerce intra régional, la relative rigidité des prix et
des salaires, et la diversité de l'incidence des fluctuations des termes de l'échange
d'un pays à l'autre.
9
Selon laquelle les politiques économiques ont des effets allocatifs, stabilisateurs et
redistributifs sur le plan macroéconomique.
10 Gervasio SEMEDO et Patrick VILLIEU : «Mondialisation, intégration économique et croissance : nouvelles
approches»,
Eds. L’Harmattan, 1998.
24
rend les politiques budgétaires plus efficaces, accroît la mobilité des facteurs et
permet de stabiliser la variance de l'output. Il convient alors dans cette optique
d'utiliser la politique monétaire pour stabiliser le taux de change, et la politique
budgétaire pour stabiliser l'activité réelle. La dimension de la coordination des
politiques économiques est ainsi clairement posée.
25
Projetés dans le long terme, les gains dynamiques d'une union l'emportent sur les
coûts (FRATIANNI, Von HAGEN, 1992) qui par nature, sont transitoires.
Cependant, si malgré leur volonté d'avoir une politique monétaire commune, les
pays utilisent des signes monétaires différents, les risques de change vont toujours
demeurer et il faudra s’attendre alors à une manifestation de ces coûts : il faut
donc logiquement passer très vite à la monnaie unique. (BAILEY, TAVLAS,
1988).
Au total, "le degré optimal de conservatisme monétaire dépend d'un compromis
social entre le besoin de stabiliser l'activité et le besoin de lutter de façon crédible
contre l'inflation".
Les politiques macro-économiques dans une union monétaire sont contraintes par
des instances supranationales, ne serait ce que la convergence des prix. De ce fait,
elles deviennent plus crédibles. Les structures institutionnelles conférant cette
crédibilité, informent le public des contraintes sous-jacentes au bon
fonctionnement de l'UEM et nécessaires aux performances macroéconomiques.
Dans une application aux PVD, AGENOR (1991) aboutit à la conclusion que : « se
joindre à une union monétaire est un moyen d'établir une politique monétaire qui
accroît la réputation des autorités ».
Dans le cas européen (ancrage sur le mark), comme dans le cas des PAZF (ancrage
sur le franc français), les rattachements peuvent être analysés comme un moyen
d'emprunter la crédibilité du pays "vertueux", voire le plus développé (MELITZ,
1987).
Néanmoins, l'argument de crédibilité ne doit pas être surestimé dans le cas des
PAZF selon la thèse concurrente, dite de la discipline : la Zone Franc a certes
accru la discipline anti-inflationniste mais a généré d'autres coûts, notamment
récessionnistes. Une telle situation conduit à s’interroger sur la signification des
règles d'une zone monétaire privilégiant essentiellement le contrôle des agrégats
monétaires. Cette limitation constitue-t-elle un bon moyen de gérer le policy-mix
dans une union monétaire et ne réclame-t-elle pas davantage de coordination des
politiques budgétaires des pays membres ?
26
vi. Le degré de solidarité entre les pays candidats à une ZMO
La tendance à la recherche des critères directs sera poursuivi par d’autres auteurs
qui mettront notamment l’accent sur la corrélation des taux de change (Vaudel,
1976)… Sur cette lancée, les chercheurs vont explorer le comportement du taux de
change nominal ou réel. Les travaux les plus significatifs sur cette question ont été
conduits par Vaudel (1976), Meiltzer (1986), Eichengreen (1990), Poloz (1990),
Von Hagen et Neuman (1994). Les partisans de cette démarche considèrent que les
pays susceptibles de former une union monétaire sont ceux qui ont des taux de
change bilatéraux stables sur une longue période. Cette conviction repose sur
l’hypothèse centrale que les taux de change sont stables lorsque les pays subissent
des chocs similaires. Il importe toutefois de noter que la limite principale de
l’approche taux de change est qu’il n’est pas toujours évident que la volatilité taux
de change reflète le degré d’asymétrie des chocs. En effet, la stabilité du taux de
change peut résulter des fondamentaux stables tout comme des chocs qui ont été
compensés (intervention des autorités monétaires). C’est pourquoi, dans les
développements ultérieurs des chercheurs comme Bayoumi et Einchengreen
11
A. O. OSSA: "Théorie des zones monétaires optimales à la lumière de l'expérience et des perspectives de la Zone
Franc
africaine". AERC, 2000.
27
(1998) ont introduit l’utilisation des réserves pour neutraliser les chocs sur les
mouvements de taux de change.
28
- Enfin, selon l’hypothèse de convergence des clubs, qui est à la base de la notion
de trappe de pauvreté, les revenus par tête des régions dont les caractéristiques
structurelles sont identiques convergent vers un niveau de long terme identique
pour autant que les conditions initiales de ces régions soient suffisamment proches.
12 Le rapport Werner présenté à la Commission le 8 octobre 1970 est le premier plan de réalisation d'une UEM en trois
étapes sur une durée de 10 ans : 1). Coordination des politiques économiques; libération des mouvements de capitaux;
réduction des écarts maximum instantanés entre les monnaies de 1.5% à 1.2% ; 2). Création d'un fonds européen de
coopération monétaire; 3). Parités fixes et irrévocables entre les monnaies. La première étape devrait durer 4 ans et une
clause allemande subordonnait la poursuite du plan à la pleine réalisation de la première étape. La crise monétaire
internationale de 1971 mit fin à l'expérience.
29
défendue par les "économistes") ? Ou faut-il, au contraire, commencer
immédiatement par l'union monétaire (thèse défendue par les "monétaristes") ?
Dans le premier cas, la marche vers l'UEM sera graduelle et longue. Dans le
second cas, l'union monétaire sera créée rapidement avec l'idée qu'elle imposera
une contrainte telle sur les pays membres, qu'ils devront nécessairement
coordonner et intégrer leurs économies.
Dans cette optique, les instances de décision de la CEDEAO ont adopté beaucoup
d’instruments juridiques. Il s’agit notamment :
30
- du protocole du 29 mai 1979 relatif à la libre circulation des personnes, au
droit de résidence et d’établissement ;
- de la directive du 29 mai 1979 qui prévoit que des guichets spéciaux soient
créés par chaque Etat membre et à chaque point d’entrée pour les nationaux
et les citoyens de la Communauté ;
- du protocole A/P/3/5/82 du 29 mai 1982 portant code de la citoyenneté de
la CEDEAO ;
- de la résolution A/RES/2/II/84 du 23 novembre 1984 relative à
l’application de la première étape du protocole de 1979 ;
- de la décision A/DEC.2/85 du 06 juillet 1985 portant institution d’un
carnet de voyage CEDEAO ;
- du protocole additionnel A/SP/1/7/86 du 1er juillet 1986 relatif au droit de
résidence ;
- du protocole additionnel A/SP/2/8/90 du 29 mai 1990 portant droit
d’établissement ;
- de la décision A/DEC.2/5/90 du 30 mai 1990 portant institution d’une
carte de résidence Etats membres ;
- de la décision A/DEC.1/5/2000 portant institution du passeport CEDEAO.
13
Situation liée aux guerres civiles au Liberia et en Sierra Leone
31
Dans l’ensemble, la mobilité des personnes n’est pas encore parfaite en raison du
faible niveau d’application des protocoles par les Etats membres. S’agissant du
capital, la libéralisation reste encore à l’état embryonnaire. Seule Gambie aurait
réalisé des progrès significatifs dans ce domaine.
D’après une étude conduite par Paul Mason et Catherine Pattillo (2001), les pays
de la CEDEAO subissent des chocs asymétriques. En effet, ils ont observé des
fluctuations importantes des termes de l’échange doublé d’une spécialisation
poussée de certains pays. Cette situation est aggravée avec la remontée
considérable des cours du pétrole qui favorise le Nigeria et pénalise les autres pays.
32
Ainsi, le critère de Mc KINNON, qui soumet l'arbitrage changes fixes–changes
flexibles à l'intensité des relations commerciales, semble ne pas s'appliquer aussi
aux pays africains de la CEDEAO. Ils ne peuvent donc de ce point de ce fait
constituer une zone monétaire optimale au sens de Mc KINNON.
L’espace financier de la CEDEAO n’est pas encore intégré qu’il s’agisse du public
ou du privé. Les marchés financiers à l’échelon CEDEAO n’existent pas encore.
Même le cadre juridique n’est pas encore finalisé. S’agissant du domaine public, il
n’existe pas actuellement une harmonisation des politiques budgétaires.
v. -Nature de la spécialisation
33
vi. Similarité des taux d’inflation
A part les pays de l’UEMOA qui partagent une même monnaie, le niveau des prix
augmente dans l’espace CEDEAO de façon disparate. Ce qui peut se comprendre,
le niveau de l’inflation étant étroitement lié à la nature de la politique monétaire
conduite par la Banque Centrale. Il va de soi que l’adoption d’une monnaie unique
pourrait contribuer à réduire les écarts d’inflation.
Sur la base des évolutions mensuelles des taux de change des monnaies de la
CEDEAO par rapport à l’UCAO sur la période 2004-2007, il apparaît que la
variabilité des taux de change est très faible. Les monnaies les plus fluctuantes
sont le Franc guinéen et le dollar libérien et dans une moindre mesure le dalasi
gambien et le léone.
Si l’on considère tolérable une fluctuation mensuelle de 2%, seul le franc guinéen a
connu un débordement sur la période. La monnaie guinéenne a fluctué de 1,5% en
moyenne en 2004, de 3,5% en 2005 et 2,7% en 2006. De même, le franc guinéen et
le dollar libérien sont les deux monnaies qui ont accusé un écart-type des
variations mensuelles supérieur à 2%.
Si l’on en juge par le coefficient de Kurtosis, le franc guinéen est encore la monnaie
qui présente les écarts de variabilité les plus importants. Le coefficient est toujours
loin à 3 pour la Guinée sauf en 2006. Pour les autres monnaies, le coefficient est
proche à 3 ce qui traduit des fluctuations de faible ampleur.
Ce qui ne serait pas le cas des monnaies qui ont une asymétrie positive comme le
Dalasi gambien, le dollar libérien et plus faiblement le naira. Le taux de change de
34
ces monnaies aurait tendance à réagir plus rapidement aux chocs sur l’économie
favorables à l’appréciation. Par contre, le taux de change est moins réactif aux
mesures et évolutions des indicateurs qui sont sensées se traduire par une
dépréciation
Au total, on peut retenir qu’à l’exception du franc guinéen et dans une moindre
mesure du dollar libérien, la variabilité des monnaies de la CEDEAO est de faible
ampleur sur la période sous-revue.
Si l’on en juge par l’engagement des autorités de la CEDEAO dans l’adoption des
instruments juridiques et réglementaires l’engagement mais aussi l’attachement à
en faveur des idéaux d’intégration régionale, la volonté politique à tous les niveaux
en faveur de l’Union monétaire de la CEDEAO ne fait pas défaut.
35
monnaie commune, sur la base des acquis importants de la zone. L'hypothèse sous-
jacente de cette surveillance multilatérale est que la viabilité d'un schéma
d'intégration économique réside dans son aptitude à mettre en œuvre un
mécanisme visant à s'assurer que l'ensemble des orientations de politique
économique et sociale définies par chaque pays, ainsi que les programmes
nationaux qui leur sont associés, sont compatibles entre eux et garantissent une
convergence durable des différentes économies nationales.
36
ii. Inflation
Le critère de l’inflation est extrêmement important pour des pays membres à une
union monétaire. En effet, l’objectif final de la politique monétaire est la maîtrise
de l’inflation.
Sur la base de la moyenne des taux d’inflation sur la période sous-revue, il ressort
que 9 pays sont dans les normes (Bénin, Burkina Faso, Cap Vert, Côte d’Ivoire,
Guinée Bissau, Mali, Nier, Sénégal, Togo). Par rapport à la variabilité, les
fluctuations de l’inflation sont plus prononcées pour la Guinée, le Ghana et dans
une moindre mesure la Gambie, la Sierra Leone, le Liberia et le Nigeria. S’agissant
de la variabilité, elle est plus apparente pour le Ghana, le Burkina Faso et
l’UEMOA dans son ensemble. Toutefois, la convergence entre les taux d’inflation
des pays de la CEDEAO est encore plus significative par rapport aux déficits
budgétaires. En effet, l’écart type des taux d’inflation est passé de 10,8 points de
pourcentage en 2000 à 8,5 en 2004 et 4,6 en 2007.
Si un effort a été réalisé dans le cadre de la convergence c’est bien par rapport à la
limitation du financement par la Banque Centrale des opérations budgétaires. En
effet, depuis 2005 les dérapages par rapport à ce critère sont rares.
37
1.2.2.3 Au regard de l’expérience des zones monétaire existantes
Le traité de Maastricht part du principe que la stabilité des taux de change et des
prix favorisera la croissance et l'intégration économique. De ce fait, la poursuite
d'objectifs de grandeurs nominales conduit à la convergence des structures
économiques et des niveaux de développement, ce qui favorisera, à terme, la mise
en place de l'UEM. L'idée est que la stabilité des prix et des changes va favoriser
les échanges commerciaux entre les pays membres, et que ces échanges, à leur
tour, vont favoriser le rapprochement de leurs structures et de leurs niveaux de
développement. De plus, la croissance est davantage favorisée par la stabilité des
politiques économiques que par leur caractère plus ou moins expansionniste.
38
ii. Cas de l’Union Monétaire Ouest Afrique (UMOA)
Pour conclure sur cette question on peut retenir qu’à l’heure actuelle les conditions
d’optimalité d’une zone monétaire ne sont pas remplies par la CEDEAO. En plus,
les performances en terme de convergence des économies ne sont pas suffisantes.
Mais, l’histoire a montré qu’aucune zone monétaire n’a satisfait à tous les critères
d’optimalité. Par ailleurs, la convergence macroéconomique est un processus
continu qui peut être poursuivie après l’adoption de la monnaie unique. D’ailleurs,
l’adoption d’une monnaie unique facilite cette convergence. Par rapport à tous ces
enseignements, il semble envisageable la création dans un proche avenir d’une
union monétaire au sein de la CEDEAO.
Il ne reste plus qu’à déterminer les modalités et les principales phases de cette
union monétaire. C’est l’objet de la deuxième partie de ce document.
39
2. STRATEGIE POUR L’AVENEMENT DE LA MONNAIE UNIQUE EN
AFRIQUE DE L’OUEST
Cette partie reposera sur l’examen des différentes options proposées jusque là
avant de déboucher sur la proposition de stratégie formulée par l’AMAO en vue
d’accélérer le processus de création de la monnaie unique de la CEDEAO.
Sur la base de critères convenus d'un commun accord, les États membres éligibles
pourront tendre vers la formation de l'union monétaire régionale, à condition que
les pays remplissant les critères aient la possibilité d'accéder plus tard à l'union en
temps voulu. L’accent a été mis sur la nécessité d'une surveillance multilatérale
40
efficace et l'introduction d'un Pacte de Croissance et de Stabilité qui serait assorti
de sanctions afin de rendre le processus durable.
Le principal avantage de cette option serait en termes d'économies qui iraient aux
États membres de la seconde zone monétaire en raison de la non création ou de la
mise en suspens de la BCAO ainsi que des autres institutions financières prévues
dans le cadre de la ZMAO. La mise en attente de ces institutions financières serait
une mesure de prudence lorsque l'on considère les dépenses colossales en capital et
leur caractère transitoire. Le second avantage serait la garantie d'une monnaie
régionale forte et stable grâce aux conditions de convergence. Avec cette option,
l'union monétaire pourrait voir le jour dès que possible.
Toutefois, elle présente un inconvénient majeur, à savoir la perte des sommes
englouties dans les projets abandonnés et ayant trait à l'établissement des
institutions financières pertinentes, aux éventuelles modifications des statuts
pertinents et des règlements bancaires dans le but de refléter les objectifs
régionaux.
Toutefois, cette option présente quelques risques liés aux politiques divergentes, à
la faiblesse des fondamentaux économiques et aux situations d'instabilité
macroéconomique pouvant avoir des effets adverses sur la durabilité de la monnaie
unique proposée. La stabilité budgétaire, la stabilité du taux de change, la stabilité
des prix, la durabilité structurelle et la crédibilité de la politique monétaire seront
confrontés à des risques considérables à cause l’inexistence d’un cadre
institutionnel approprié. De ce fait les Etats membres devront observer une
41
certaine discipline en vue de maintenir la convergence après le lancement de la
monnaie unique.
Cependant, cette formule présente quelques difficultés qui méritent d’être mis en
relief. Le premier est que le CFA est considéré comme une survivance du système
colonial français en Afrique. Le deuxième se rapporte aux liens avec le Trésor
Français.
42
2.1.5 Approche de la Masse Critique
Avec cette option, l’union monétaire pourrait démarrer dès que possible à
condition qu’une “masse critique” de pays constituant au moins soixante-quinze
pour cent (75%) du PIB de la CEDEAO remplissent les critères de convergence.
Toutefois, tous les pays devront s’engager à respecter un Pacte de Croissance et de
Stabilité qui garantirait la pérennité de l’union. Le principal avantage de cette
option est qu’elle reposerait sur de solides fondamentaux macroéconomiques.
Après avoir passé en revue tous ces scénarios, les institutions régionales ont
présenté trois options pour créer l’union monétaire régionale :
i) l’approche big-bang;
ii) l’approche purement graduelle ; et
iii) l’approche de la masse critique.
Sur la base de ces pertinentes réflexions, l’AMAO propose ici deux schémas devant
aboutir à la création de la monnaie unique dans un bref délai.
Après avoir évalué les différentes options de l’intégration monétaire ainsi que le
contenu des résultats de la réunion des institutions régionales, l’AMAO a opté
pour une formule d’intégration monétaire intégrale pour la CEDEAO. La création
de la monnaie unique pourrait se faire en deux étapes. Une première étape
préparatoire visera à stabiliser les taux de change (phase du MCC). La deuxième
étape sera celle au cours de laquelle une nouvelle monnaie sera progressivement
substituée aux monnaies existantes (phase de passage à la monnaie unique).
Durant ces phases et au delà seront poursuivies le processus de l’harmonisation des
politiques et de la convergence macroéconomique.
43
La période préparatoire nécessite évidemment un processus et des décisions
importantes. A la lumière des disciplines économiques déjà en vigueur dans la
majeure partie des pays on pourrait prévoir entre deux (2) et quatre (4) ans pour la
stabilisation des taux de change. Au cours de cette période et éventuellement au-
delà, seront menées des actions liées à la mise en place des institutions.
Par exemple, bien que la création de la BCAO et des autres institutions aiderait à
symboliser la réalisation de l’objectif d’intégration régionale au sein de la ZMAO
sa fusion ultérieure avec la BCEAO ne serait pas chose facile. Ce qui risquerait de
retarder encore l’échéance de la création de la monnaie unique de la CEDEAO.
Ainsi, ce scénario suggère la mise en place, durant une période transitoire, d’un
dispositif institutionnel de coopération entre les banques centrales existantes sans
créer une nouvelle banque au niveau de la seconde zone. Et après un certain temps,
probablement en 2015, une Banque centrale pour toute la communauté pourrait
être mise en place.
44
Configuration graphique du modèle 1
Agence BENIN
Agence BURKINA FASO
Agence COTE D’IVOIRE
Agence GUINEE BISSAU
Agence MALI
Banque Centrale LIBERIA
Agence NIGER
Agence SENEGAL
Agence TOGO Banque Centrale CAP VERT
45
2.2.2 Scénario 2 : aller à la monnaie unique en deux blocs
Les deux Banques Centrales (BCAO et BCEAO) vont émettre la même monnaie
dans leurs zones respectives sous la supervision d’un conseil monétaire composé
des gouverneurs des banques centrales des Etats membres en attendant la création
de la Banque Centrale de la CEDEAO (BCC). Tous les aspects légaux liés à
l’émission de la monnaie et au fonctionnent du conseil monétaire seront définis en
temps opportun.
Les pays de la CEDEAO qui ne sont pas membres de l’une ou de l’autre zone
(Libéria et Cap vert) pourraient opter pour être couverts par la BCEAO ou la
BCAO.
46
Configuration graphique du modèle 2
BCEAO BCAO
Agence SENEGAL
Agence LIBERIA
Agence TOGO
47
Dans l’ensemble, les deux options permettent la mise en place rapide de la monnaie
unique de la CEDEAO conformément à la volonté des Chefs d’Etat et de
Gouvernement.
L’avantage majeur de ces deux scénarios est lié à leur simplicité et à la manière de
conduire l’avènement de la monnaie unique dans un délai relativement court. En
effet, la seule condition majeure serait la mise sur pied d'institutions financières
pertinentes. La convergence macroéconomique et l'harmonisation des politiques ne
seraient plus des conditions prérequises mais seraient exigibles par la suite dans le
cadre d’un cadre d’un pacte de stabilité et de croissance. Vu l'absence de conditions
préalables contraignantes, le projet de la CEDEAO pourrait démarrer dès que
possible.
Un autre avantage serait la garantie d'une monnaie régionale forte et stable grâce à
la stabilisation des taux de change à travers la mise en œuvre du MCC qui
contribuerait au renforcement de la convergence.
Dans l’ensemble, bien que les deux options permettent la mise en place rapide de la
monnaie unique de la CEDEAO, l’option 2 semble à nos yeux plus appropriée car,
elle permet de prendre en compte l’ensemble des efforts déployés surtout dans le
cadre de la mise en œuvre de la seconde zone monétaire. En effet, beaucoup de
chantiers y ont été ouverts notamment en termes d’harmonisation des politiques, de
modernisation des systèmes paiements etc, avec des coûts importants supportés par
les pays de la ZMAO depuis 2000.
48
cette monnaie. Mais du fait de son caractère transitoire, les agents
économiques vont trouver risqué le fait de placer leur épargne, par exemple,
dans cette monnaie ;
- La fuite des capitaux : cette conséquence est une suite logique de la
précédente. Du fait des anticipations de certains agents économiques, il peut
y avoir des placements en monnaies étrangères (dollar, euro,…) ou à
l’étranger durant la période de transition pour « sécuriser » leur épargne
par exemple, en attendant que la monnaie finale de la CEDEAO (qui est
appelée à être plus durable) soit émise ;
- Ralentissement des investissements directs étrangers : du fait que les
monnaies nationales sont appelées à disparaître pour être remplacées par
une nouvelle monnaie qui, elle-même n’est pas durable, les investisseurs ne
prendront pas le risque d’investir ni dans une monnaie qui est appelée à
disparaître ni dans celle en transition. Cela pourrait par ailleurs affecter le
fonctionnement et le développement du marché monétaire et du marché
financier ;
- Des perturbations dans les systèmes de paiements : Il est évident que
tout changement d’unité de compte ou la création d’un nouvel instrument
financier de paiement entraîne des réaménagements du système avec toutes
les implications en termes de coûts ;
- Des perturbations dans le système des prix : le changement d’unité de
compte entraîne des changement dans le système des prix absolus (et peut-
être des prix relatifs). Le risque ici est plus important dans les pays sous-
développés où le niveau d’éducation des populations est relativement faible
pour comprendre et assimiler rapidement ces changements ;
- L’échec de l’ECO, et de la ZMAO, pourrait compromettre à jamais la
poursuite et la réalisation de l’intégration monétaire et la création de la
monnaie unique de l’ensemble de la CEDEAO ;
- Etc.
C’est pour éviter, ou du moins minimiser, ces risques qu’il est plus opportun de ne
pas passer par une monnaie transitoire et d’emprunter la voie directe menant à la
monnaie finale et commune pour toute la CEDEAO.
49
La mise en œuvre de l’une ou l’autre des options proposées passera nécessairement
par différentes phases notamment une période de stabilisation des taux de change et
une étape de passage à la monnaie unique assortis d’un calendrier précis.
50
2.3.1 Phase de stabilisation des taux de change : Mécanisme de change de la
CEDEAO (MCC)
La mise en œuvre du MCC obligera les banques centrales membres à ne pas laisser
s’écarter le cours de change de leurs monnaies de leurs taux centraux. Les
fluctuations sont limitées à +10%. L'intervention dans le cadre du MCC a lieu quand
les rapports de parité entre deux monnaies atteignent leurs limites. Dans ce cas les
banques centrales des monnaies impliquées sont obligées d'échanger des montants
des monnaies dans les limites afin de défendre leurs parités.
14
Pour plus d’informations sur le MCC voir document de l’AMAO intitulé « Revue du mécanisme de change
de la CEDEAO », Freetown, septembre 2008.
51
2.3.2 Phase de passage à la monnaie unique
La phase de transition sera la période au cours de laquelle les monnaies nationales
seront progressivement remplacées par la monnaie unique de la CEDEAO. En
attendant de lui trouver un nom nous parlerons de monnaie unique de la CEDEAO
(MUC). Le passage à la monnaie unique nécessitera la mise en place d’un cadre
juridique, de nouvelles institutions, l’adoption d’un calendrier précis et le choix d’un
mécanisme approprié de conversion des monnaies nationales dans la nouvelle
monnaie.
52
être progressivement libellée en MUC. Les billets de banque et les pièces de la MUC
seront introduits à la date de l’entrée en vigueur de la monnaie unique en janvier
2013 pour remplacer progressivement les monnaies nationales. Ces dernières
devront être retirés au plus tard le 31 décembre 2013 date à partir de laquelle, la
monnaie nationale ne sera plus valable pour les usages quotidiens. En effet, il sera
toujours possible, longtemps après, d’échanger les anciens billets contre des billets
en MUC, aux guichets des banques centrales nationales. De façon schématique le
calendrier se présente comme suit :
53
2.3.3 Mesures d’accompagnement et de consolidation de la monnaie unique
54
permettre aux entreprises de devenir plus compétitives pour le plus grand bénéfice
des populations ouest africaines.
Pour une zone monétaire viable, l’harmonisation des lois et pratiques bancaires des
pays membres constitue une étape essentielle de garantie du fonctionnement sans
risque du système bancaire.
15
Banque Centrale de l’Afrique de l’Ouest
16
Autorité de Supervision Financière de l’Afrique de l’Ouest
55
Les deux autres régimes restants, le Cap-Vert et le Liberia n’ont intégré aucun
programme d’harmonisation à ce jour. Ce deux pays n’appliquent de ce fait que
leurs propres lois et règlements bancaires en attendant le déclenchement du
processus au niveau de la CEDEAO.
Toutefois, il faut souligner que l’examen des règlements et lois bancaires des pays
de la CEDEAO montre des éléments de similitudes ainsi que des différences.
On note en particulier que sur le plan structurel, les caractéristiques communes
résident dans le fait que les systèmes sont organisés, toutes, autour d’une Banque
centrale, de banques primaires et d’institutions financières. Ainsi, toutes les
Banques centrales sont responsables, d’une manière générale, de l’organisation et
de la gestion du système monétaire, bancaire et financier, de l’émission monétaire
et de la gestion des réserves extérieures du pays.
S’agissant des banques et institutions financières, elles sont responsables de la
collecte et de la distribution des ressources financières au sein de l’économie.
56
de production des agrégats statistiques diffèrent d’un pays à un autre, en
particulier, pour la détermination, la compilation et la présentation de l’inflation et
du PIB.
Pour remédier à ces distorsions, le projet ECOSTAT a été initié en vue d’assurer:
L’harmonisation des PIB concerne les 7 pays non membres de l’UEMOA, dans la
mesure où les pays membres de l’UEMOA ont déjà achevé leur exercice. La plate-
forme prévoit l’utilisation d’une nomenclature commune couvrant les secteurs
primaire, secondaire et tertiaire d’une économie donnée afin d’assurer l’uniformité
des informations pertinentes et de la période d’évaluation.
La plupart des pays ont adopté la plate-forme commune qui permet d’améliorer la
méthode de préparation et de présentation des comptes nationaux et, à travers
l’utilisation de la nomenclature internationale, d’harmoniser la méthodologie de
calcul et de présentation des IPC, en mettant un accent particulier sur la
couverture géographique et les contextes du panier des biens et services.
57
Des progrès ont été enregistrés, par les pays, surtout dans les domaines de la
présentation et du contenu de l’IPC. La Gambie, la Guinée et la Sierra Leone ont
amélioré la collecte des données des enquêtes sur les ménages, mais ils ont besoin
d’assistance technique pour le traitement (extension de la couverture, élaboration
de la méthode de calcul, définition d’une année de référence et détermination de
nouvelles pondérations pour les paniers). Le Nigeria et le Ghana ont pris des
dispositions pertinentes, en la matière, et, par conséquent, n’ont besoin d’aucune
assistance. La situation au Liberia, qui souffre d’un manque cruel de données
statistiques, est préoccupante et nécessite une assistance technique et financière
urgente.
➢ la libéralisation des échanges par la suppression des tarifs sur les importations
et exportations de biens entre Etats membres ainsi que des barrières non
tarifaires ;
➢ la mise en place d’un tarif extérieur commun (TEC) et d’une politique
commerciale commune à l’égard des pays tiers ;
➢ la suppression des obstacles à la libre circulation des personnes, des biens, des
services et des capitaux, ainsi que le droit de résidence et d’établissement.
Ce schéma, lancé le 1er janvier 1990, n’est pas encore appliqué de manière
satisfaisante par tous les Etats membres. De même, l'application du TEC,
58
initialement prévue le 1er janvier 2002, par l’ensemble des pays membres n’a pas
non plus connue de succès.
Ces directives ont permis d’apporter des améliorations dans les domaines liés à la
détermination des règles d’origine, les procédures d’octroi d'agrément des produits
et le système de compensation des pertes de recettes.
Il faut noter, qu’en la matière, les progrès les plus importants réalisés sont à
mettre à l’actif de la Gambie et du Liberia qui ont considérablement libéralisé leur
compte de capital. La Guinée, le Nigeria et la Sierra Leone ont opté pour une
approche plutôt progressive.
Les autres (les pays de l’UEMOA, le Ghana et le Cap-vert) ont maintenu un niveau
non négligeable de contrôle. Il convient de souligner, cependant, que les
mouvements de capitaux entre pays membres de l’UEMOA sont libres de tout
contrôle de change, tandis que les transactions avec les pays en dehors de la zone
font l’objet de restrictions.
59
Ceci pourrait augmenter les échanges, faciliter davantage le rôle d’intermédiation
des institutions financières et assurer la mise en place ainsi que le fonctionnement
efficace du système financier régional.
A ce titre, ils sont tenus de tendre vers le respect des différents critères liés à ces
domaines afin de favoriser la mise en place d’un cadre macroéconomique stable qui
puisse assurer une intégration monétaire réussie. Le respect des critères permet
d’évaluer les progrès en vue de la réalisation de la convergence macroéconomique.
Ainsi, la revue de la performance des pays membres effectuée 2007, a montré que
leur performance au titre de la convergence macroéconomique connaît une certaine
amélioration. Bien qu’aucun pays ne soit encore parvenu à réaliser l’ensemble des
dix critères de convergence, le résultat est appréciable car certains pays sont à six
ou sept réalisations.
Pour ce qui est des pays de la ZMAO, les meilleures performances sont
enregistrées au niveau du déficit budgétaire et du critère lié à la masse salariale.
Des progrès sont également faits en matière de financement du déficit budgétaire
par la Banque centrale et d’accumulation de réserves extérieures. Le point faible
demeure la maîtrise de l’inflation, le niveau de l’investissement public et la stabilité
du taux de change réel.
60
n’arrivent pas à les respecter régulièrement même ceux de premier rang à plus
forte raison à consolider les performances enregistrées sur une période
relativement longue.
Un autre problème est l’existence de trois types de critères plus ou moins proches
dans la CEDEAO (CEDEAO, UEMOA et ZMAO) qui, à notre avis, ne facilite pas
le respect des critères de convergence de la CEDEAO qui ne sont même pas
souvent pris en compte dans les programmes et politiques économiques des pays
membres. C’est pourquoi, il serait important d’harmoniser les critères de
convergence. Ce qui amènerait les pays à se concentrer sur un seul type de critères
au lieu de se disperser sur trois types. Il est nécessaire, aussi, de veiller à ce que les
pays intègrent les critères de la CEDEAO dans leurs budgets annuels ainsi que
leurs programmes économiques.
2.3.3.7 Sensibilisation
61
financières, les industriels, les commerçants à travers les chambres de commerce,
les organisations non gouvernementales (ONG), de la société civile et les
communautés à la base.
Pour ces campagnes plusieurs canaux de communication sont disponibles dont les
séminaires et ateliers, la radio et la télévision, les revues et les journaux, les
affiches, les prospectus et dépliants publicitaires, les vidéos et documentaires, les
chansons publicitaires et autres manifestations folkloriques. Les institutions
d’enseignement supérieur devront aussi être associées, en tant canal important de
vulgarisation de l’information et de la connaissance. Les thèmes ou messages de
sensibilisation devront être significatifs et accrocheurs.
Avant d’en venir aux nouvelles missions qui découlent des propositions actuelles, il
importe de faire un bref rappel des fonctions initiales des institutions impliquées
dans le processus de mise en œuvre du programme de coopération monétaire.
i. Institutions Nationales
• les banques centrales, en plus d’apporter leur assistance technique à l’AMAO dans
le cadre du mécanisme multilatéral de surveillance, veillent à assurer la stabilité
62
macroéconomique, à développer les systèmes de paiement, à libéraliser les marchés
des échanges internationaux ainsi que les marchés financiers et de capitaux et à
assurer le développement d’un système financier intégré ;
• les ministères des finances ont l’ultime responsabilité d’assurer la durabilité de la
politique budgétaire et de faciliter le processus de convergence en tenant compte
de critères de convergence macroéconomique ainsi que d’autres décisions
politiques lors de l’élaboration des budgets nationaux ;
• les ministères du commerce facilitent la mise en oeuvre du plan de libéralisation du
commerce de la CEDEAO, notamment par l’adoption du tarif extérieur commun
ainsi que d’autres protocoles concernant la libre circulation des personnes, des
biens et services par delà les frontières nationales;
• les ministères en charge de l’intégration régionale jouent le rôle de coordonnateur
en veillant à ce que toutes les décisions de politiques prises par la Conférence des
Chefs d’ États de la CEDEAO soient dûment mises en œuvre par les ministères et
agences concernées.
Quelle que soit la stratégie qui sera adoptée dans le cadre du PCM, le rôle des
institutions publiques nationales sera fondamentalement le même, à savoir :
faciliter la mise en œuvre des différentes décisions de politique dans leur domaines
de responsabilité respectifs. Il s’agit entre autres de la mise en oeuvre de toutes les
décisions de politique, des protocoles et recommandations du Conseil de
Convergence prises dans le cadre du Mécanisme Multilatéral de Surveillance.
63
politiques. L’IMAO quant à lui a été lancé dans le but de réaliser le projet de
ZMAO devant conduire à la création d’une deuxième zone monétaire.
64
o la surveillance multilatérale etc.
Pour sa part, l’AMAO serait appelée à coordonner les activités des deux zones afin
d’assurer la cohérence des différents programmes dans le but de faciliter les
négociations finales pour la fusion entre les deux zones. L’AMAO serait également
chargée de mettre en place toute l’infrastructure nécessaire au lancement de la
zone monétaire unique de la CEDEAO, y compris la conduite des réformes
institutionnelles, juridiques et administratives.
Cette section passe en revue les principaux avantages et les coûts liés à la création
de la monnaie unique de la CEDEAO (MUC). Cet inventaire n’a pas la prétention
d’exhaustivité.
3.1 Bénéfices
65
une certaine augmentation des échanges entre les membres de l’union monétaire.
Andrew Rose, professeur de commerce international à l’université de Californie, à
Berkeley, estime qu’une union monétaire multiplie les échanges par trois. Ce qui
n’est pas négligeable même si dans le cas de la CEDEAO, le développement des
échanges pourrait être plus faible dans une première étape.
Un examen des unions monétaires passées et actuelles fait apparaître des résultats
très divers. Les pays qui ont déjà des liens commerciaux étroits auraient davantage
à gagner d’une union monétaire, car elle réduirait les coûts de transaction et
éliminerait les fluctuations des taux de change. S’agissant de la CEDEAO, le
commerce officiel entre les pays membres n’est pas très important (environ 10 %
du total de leurs exportations et importations) mais la prise en compte du
commerce informel pourrait accroître les échanges au sein de la CEDEAO de
plusieurs points de pourcentage. Il est clair aussi qu’une coopération monétaire
accrue entre les pays membre élargira et renforcera l’intégration régionale et
l’influence de la région sur l’économie mondiale.
3.2 Coûts
66
politique monétaire, ce qui n’est pas nécessairement approprié en cas de chocs très
différents. Plus les chocs sont forts et asymétriques, plus lourds sont les coûts
d’une politique monétaire unique. Les termes de l’échange sont une des principales
sources de chocs, en particulier pour les pays exportateurs de produits primaires.
Des chocs des termes de l’échange forts et asymétriques sont moins probables
entre les membres d’une union monétaire qui ont des économies diversifiées avec
des structures semblables. Malheureusement, certains pays concernés ne
répondent pas à ces deux critères. Par exemple, le Nigeria, gros producteur de
pétrole, est différent de ses voisins qui sont tous importateurs nets de pétrole. Par
conséquent, les variations des cours mondiaux du pétrole auront des conséquences
différentes sur leurs économies. Cependant, avec le temps, les économies membres
d’une union monétaire peuvent devenir plus semblables dans la manière dont elles
réagissent aux chocs extérieurs.
Au total, il est difficile de tirer une conclusion définitive en comparant les coûts et
les bénéfices de l'Union monétaire de la CEDEAO. Si les composantes des coûts et
bénéficies sont probablement bien identifiées, leur importance ou leur pertinence
pour la scène économique de l’Afrique de l’Ouest n'est pas encore aisée à établir
avec suffisamment de certitude. Mais il nous semble que quelque soit l’instrument
de mesure les bénéfices pourraient l’emporter sur les coûts pour plusieurs raisons
qui peuvent être regroupées sous la seule particularité de la communauté. La perte
de certains instruments de gestion macro-économique au niveau national,
considérée comme un coût, doit être appréciée dans le cadre des arguments les plus
récents en faveur de l’intégration monétaire.
Les différences entre les économies ouest africaines doivent être vues comme un
avantage plutôt qu’un obstacle. Les différences signifient qu’elles seraient moins
susceptibles de subir simultanément des chocs extérieurs défavorables, ce qui
pourrait renforcer la stabilité du dispositif. Par exemple, les facteurs qui influent
sur les prix pétroliers sont tout à fait autres que ceux qui influent sur les cours du
cacao ou de l’or. Nous pensons que, si, par exemple, un pays exportateur d’un
produit donné est exposé à un risque de change, il pourrait bénéficier de la
solidarité de pays épargnés par le phénomène dans le cadre d’un dispositif mis en
place. C’est le grand avantage du dispositif proposé, en ce sens que ces économies
pourraient se soutenir entre elles. La seule chose alors est que la CEDEAO doit, en
même temps, faire plus de progrès dans les autres domaines de l’intégration
régionale pour que tous les pays participant à l’union monétaire aient intérêt à
67
honorer leurs engagements respectifs. L’union monétaire ne tient pas sans le
soutien d’autres politiques et dispositions institutionnelles et un esprit de solidarité
entre les participants.
CONCLUSION GENERALE
68
la CEDEAO peut compter sur une donnée non moins importante à savoir
l’engagement des leaders politiques de la région en faveur de l’intégration.
Une fois, le doute levée sur l’opportunité ou non de la future zone monétaire, le
document s’est intéressé aux options qui s’offrent dans le cadre de l’accélération du
processus. A la suite de cette revue, l’AMAO a proposé deux scénarios pour la
création rapide de la monnaie unique de la CEDEAO. Dans les deux cas,
l’introduction de la monnaie sera précédée d’une phase de stabilisation des taux de
change. Dans cette optique, les performances en matière de convergence ne seront
pas des conditions nécessaires d’adhésion. Toutefois, l’introduction de la monnaie
sera précédée par l’adoption d’un pacte de stabilité et de croissance et d’autres
mesures dans le but de garantir la stabilité de l’environnement économique et la
viabilité de la future monnaie.
69
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