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DOSSIER THÉMATIQUE

Décryptage de la réglementation et de la normalisation

Loi Climat et résilience  :


panorama des principales
évolutions apportées aux
domaines de la construction,
de l’habitat, de l’urbanisme
et de l’aménagement
Christian Huglo
Théophile Bégel
Arielle Guillaumot
DOSSIER THÉMATIQUE ISOLATION • Nouveau Guide d’isolation dans les bâtiments d’habitation 2

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sommaire
DOSSIER THÉMATIQUE DÉCRYPTAGE DE LA RÉGLEMENTATION ET DE LA NORMALISATION • Loi Climat et résilience

Introduction .................................................................................................................................... p. 3
1. Présentation de la RE 2020........................................................................................... p. 4
2. Cadre général de la méthode..................................................................................... p. 5
3. Indicateurs de la RE 2020.............................................................................................. p. 6
4. Niveaux de performance................................................................................................ p. 12
5. Exigences de moyens........................................................................................................ p.18
6. Références................................................................................................................................. p. 21

Dossier extrait du Complément Technique LE MONITEUR | Janvier-Février 2022

Loi Climat et résilience :


panorama des principales
évolutions apportées aux domaines
de la construction, de l’habitat,
de l’urbanisme et de l’aménagement

Très attendue, la loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et
renforcement de la résilience face à ses effets, dite « loi Climat et résilience » [1], comporte 305 articles répartis
au sein de 8 titres. En rappelant de manière solennelle, dès l’article 1er de la loi n° 2021-1104 du 22 août
2021 [1], l’engagement de l’État dans cette lutte conformément à l’accord de Paris de 2015 et au Pacte vert
pour l’Europe(1), le législateur a souhaité d’emblée afficher son ambition de préparer notre droit positif à la
révision prochaine du règlement (UE) 2018/842 du 30 mai 2018 [2], tendant à organiser, à l’horizon 2030,
une réduction des émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55 % par rapport à 1990 dans tous les
secteurs de l’économie et sur l’ensemble du territoire de l’Union européenne(2).
Dans ce cadre, l’objet de cet article est d’analyser plus particulièrement les dispositions issues du titre V de
cette loi intitulé « Se loger », en dressant un panorama des principales évolutions et modifications apportées
par celle-ci aux domaines du droit de la construction et de l’habitation, d’une part (voir 1 « Évolutions apportées
au droit de la construction et de l’habitation »), ainsi qu’à ceux du droit de l’urbanisme et de l’aménagement,
d’autre part (voir § 2 « Évolutions apportées au droit de l’urbanisme et de l’aménagement »).

Christian Huglo
Avocat à la cour et docteur en droit, (1) L’article 1er de la loi prévoit ainsi que l’État entend rappeler son engagement « à
cofondateur du cabinet Huglo Lepage Avocats. respecter les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, tels qu’ils
résulteront notamment de la révision prochaine du règlement  (UE) 2018/842 du
Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2018 relatif aux réductions annuelles
Théophile Bégel contraignantes des émissions de gaz à effet de serre par les États membres de 2021
Avocat, cabinet Huglo Lepage Avocats. à 2030 contribuant à l’action pour le climat, afin de respecter les engagements pris
dans le cadre de l’accord de Paris et modifiant le règlement (UE) n° 525/2013 » [1].
(2) Cet objectif a d’ores et déjà été consacré en droit de l’Union européenne au titre
Arielle Guillaumot de l’article 4 du règlement (UE) 2021/1119 établissant le cadre requis pour parvenir
Avocate, cabinet Huglo Lepage Avocats. à la neutralité climatique [3].
DOSSIER THÉMATIQUE DÉCRYPTAGE DE LA RÉGLEMENTATION ET DE LA NORMALISATION • Loi Climat et résilience 4

1 Évolutions apportées au droit de la construction et de l’habitation


1.1 Présentation générale

L’objectif général de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre doit conduire la France :
– à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 40 %entre 1990 et 2030 ;
– à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 en divisant les émissions de GES par un facteur supérieur à six entre 1990 et
2050 (Code de l’énergie, art. L. 100-4).
Dans cette perspective, le secteur résidentiel tertiaire présente des enjeux de premier ordre puisqu’il constitue en 2019 la
troisième source d’émissions de GES du pays, avec 80,8 millions de tonnes d’équivalent CO2 (Mt éq. CO2), contribuant ainsi à
hauteur de 18 % du total national [4].

Important

Comme rappelé par le rapport d’information de la Mission d’information parlementaire sur la rénovation thermique des
bâtiments du 10 février 2021 [5], « Sont communément qualifiés de “passoire thermique” les logements dont la consommation
énergétique primaire est supérieure à 330 kWh par mètre carré et par an, ce qui correspond aux étiquettes énergétiques F et G
du diagnostic de performance énergétique en vigueur au moment de la publication du présent rapport ».

Ainsi, avec ses 4,8 millions de « passoires thermiques »(3), définies comme autant de logements appartenant aux classes G et F,
la France doit mettre en place de nouvelles mesures afin d’accélérer la réduction des émissions liées à ce secteur et de mettre fin
à une précarité énergétique qui toucherait près de 17 % du parc des logements sur le territoire [4].
La loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 dite « loi Climat et résilience » [1] prévoit ainsi diverses mesures visant à répondre à l’objectif
de suppression des passoires thermiques sur le territoire national avant 2025, tel que fixé à l’article 5 de la loi n° 2015-992 du 17
août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte [6], qui indique qu’« Avant 2025, tous les bâtiments privés
résidentiels dont la consommation en énergie primaire est supérieure à 330 kilowattheures d’énergie primaire par mètre carré et
par an doivent avoir fait l’objet d’une rénovation énergétique » [6].

1.2 Évolution du classement des logements


La loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 [1] modifie sur ce point l’article L. 126-33 du Code de la construction et de l’habitation
(CCH), qui prévoit désormais que tout bien immobilier proposé à la vente ou à la location devra également faire l’objet d’un
« classement […] au regard de […] sa performance en matière d’émissions de gaz à effet de serre ».
La loi prévoit désormais explicitement que le diagnostic de performance énergétique (DPE) devra préciser « la quantité d’énergie
issue de sources d’énergies renouvelables, définies au premier alinéa de l’article L. 211-2 du Code de l’énergie, utilisée dans
le bâtiment ou la partie de bâtiment à usage d’habitation » (CCH, art. L. 126-26-1). À ce titre, devra être distinguée l’énergie
« produite par des équipements installés à demeure de celle véhiculée par des réseaux de distribution d’électricité, de gaz ou de
chaleur ».
Le DPE devient ainsi véritablement le document de référence dans le dispositif visant à supprimer l’ensemble des passoires
énergétiques et dans l’attribution de certaines aides publiques pour la rénovation des bâtiments.

1.3 Nouveaux outils de lutte contre les logements énergivores


L’article 159 de la loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 [1] prévoit une nouvelle exception au principe de libre fixation par les parties
du montant du loyer, prévu à l’article 17 de la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989 [7], auquel des limitations avaient déjà été apportées
– notamment en 2018 par la loi n° 2018-1021 du 23 novembre 2018, dite « loi Élan » [8].
En effet, les propriétaires bailleurs, qu’ils soient des particuliers ou des personnes morales, auront l’interdiction à partir de 2023
d’augmenter le montant du loyer des logements énergivores, classés F et G en performance énergétique, lors de la conclusion
d’un bail, en cours de bail ou lors de son renouvellement.
Ces interdictions s’appliquent « aux contrats de location conclus, renouvelés ou tacitement reconduits un an après la publication
de la loi [n° 2021-1104 du 22 août 2021 [1]] », soit à compter du 24 août 2022, et seront applicables aux locations meublées
comme aux logements loués vides.

(3) I nitialement de 7 à 8 millions, le nombre de passoires thermiques a finalement été réévalué à 4,8 millions sur le territoire, ainsi que l’indiquait le rapport d’information de
la Mission d’information parlementaire sur la rénovation thermique des bâtiments du 10 février 2021 [5], témoignant ainsi de « l’importance de disposer de données fiables,
actualisées et adaptées à la réalité du parc, afin de pouvoir ensuite piloter efficacement la politique de rénovation et évaluer ses résultats d’année en année » [5].
5 DOSSIER THÉMATIQUE DÉCRYPTAGE DE LA RÉGLEMENTATION ET DE LA NORMALISATION • Loi Climat et résilience

L’objectif ainsi affiché par les parlementaires est de contraindre les propriétaires de logements mal isolés qui souhaiteraient
augmenter le montant du loyer des biens proposés à réaliser les travaux de rénovation énergétique nécessaires à leur sortie du
statut de « passoire thermique ».
Il résulte par ailleurs de l’article 160 de la loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 [1] que les propriétaires bailleurs de passoires
thermiques ne pourront plus louer leurs logements ne répondant pas au critère de décence, dont la définition repose sur les
niveaux de performance résultant du DPE.
Seront ainsi exclus de la définition de logement décent et, partant, de toute possibilité de location les logements dont la performance
énergétique et climatique ne sera pas suffisante. L’interdiction qui s’ensuit sera progressive ; en effet, aux termes de l’article 6 de
la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989 [7] tel que modifié par la loi Climat et résilience, seront exclus :
– à compter du 1er janvier 2025, les logements appartenant à la classe G ;
– à compter du 1er janvier 2028, les logements appartenant aux classes G et F ;
– à compter du 1er janvier 2034, enfin, les logements appartenant aux classes G, F et E.
Parallèlement, l’article 156 de la loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 [1] ajoute un septième thème au contenu du rapport que
le gouvernement doit remettre tous les 2 ans au Parlement sur la situation du logement en France au titre de l’article L. 300-3
du CCH ; en application de ce nouvel article, ce rapport bisannuel devra en effet dorénavant comporter « des données sur le
nombre de rénovations énergétiques effectuées chaque année, notamment le nombre de rénovations énergétiques performantes
et globales au sens du 17° bis de l’article L. 111-1 [du CCH] ».
En ce qu’elle a vocation à renforcer le dispositif de suivi en matière de données relatives au déploiement des rénovations
énergétiques sur le territoire, une telle disposition est particulièrement bienvenue compte tenu de la très grande faiblesse de ce
dispositif à l’heure actuelle. Cette faiblesse avait d’ailleurs déjà été identifiée comme l’une des causes principales de l’insuffisance
du rythme annuel de rénovation énergétique des bâtiments dans un rapport d’information de la Mission d’information parlementaire
sur la rénovation thermique des bâtiments en date du 10 février 2021 [5](4).
Il y a toutefois lieu de s’interroger sur le caractère suffisant d’une telle mesure si celle-ci n’est pas simultanément accompagnée
d’un renforcement des moyens matériels et humains visant à recueillir des données fiables sur le nombre de rénovations
énergétiques réalisées chaque année. En effet, alors qu’en 2020 avait été créé un «  Observatoire national de la rénovation
énergétique » (ONRE) visant à « disposer d’un outil de suivi et de contrôle de l’état thermique du parc immobilier » en vue de
« pallier un manque criant de suivi des données » [5], le rapport d’information précité déplorait que les moyens de l’ONRE soient
« nettement insuffisants par rapport à la complexité et à l’importance de la tâche » [5], constatant notamment que « seuls deux
emplois [y] étaient dévolus » [5].
Selon l’article L. 100-1 A du Code de l’énergie, une loi devra déterminer, « avant le 1er juillet 2023, puis tous les cinq ans », les
objectifs et priorités d’action de la politique énergétique nationale pour répondre à l’urgence écologique et climatique prise en
application de ce même article. L’article 151 de la loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 [1] précise le contenu en matière d’objectifs
de rénovation énergétique dans le secteur des bâtiments que cette loi devra comporter. Le texte adopté complète ainsi le 5° de
l’article L. 100-1 A du Code de l’énergie, en précisant notamment :
– que les objectifs en matière de rénovation énergétique des bâtiments devront être cohérents avec celui « de disposer à l’horizon
2050 d’un parc de bâtiments sobres en énergie et faiblement émetteurs de gaz à effet de serre » ;
– que chacune de ces lois quinquennales devra évaluer « le rythme des rénovations nécessaires à l’atteinte de la trajectoire de
rénovation énergétique du parc de logements, en tenant compte des spécificités territoriales liées notamment aux typologies
d’habitation et aux conditions climatiques ».
Certes, s’il est louable que le législateur ait ainsi entendu renforcer le contenu des lois quinquennales à venir afin de mieux définir
les objectifs et les priorités d’action de la politique énergétique nationale, il y a toutefois lieu de s’interroger sur la disposition
prévoyant que la France projette d’ici 2050 de disposer d’un parc de bâtiments « faiblement émetteurs de gaz à effet de serre »
(Code de l’énergie, art.  L.  100-1  A). Une telle formulation semble en effet difficilement conciliable avec l’ambition affichée
d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 prévue à l’article L. 100-4 du Code de l’énergie. Sur ce point, la fixation d’un
objectif tendant à disposer d’ici 2050 d’un parc de bâtiments sobres en énergie et en carbone (et non simplement « faiblement
émetteurs de gaz à effet de serre ») aurait sans doute été plus cohérente avec les objectifs que la France s’est engagée à atteindre
d’ici le milieu du XXIe siècle.

1.4 Nouveaux droits et obligations des propriétaires, locataires et bailleurs


L’article L. 126-33 du CCH, tel que modifié par l’article 154 de la loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 [1], prévoit désormais que
s’expose à une amende administrative dont le montant ne pourra excéder 3 000 € tout non-professionnel qui contreviendrait à
l’obligation d’information applicable en cas de vente ou de location d’un bien immobilier au sujet du classement du bien au regard :

(4) Soulignant l’insuffisance du dispositif actuel en matière de suivi des rénovations énergétiques réalisées annuellement – faute de données –, le rapport relevait en effet que
« La fiabilité des données pour la rénovation thermique est une condition indispensable pour arrêter des politiques publiques s’inscrivant dans le temps long » [5].
DOSSIER THÉMATIQUE DÉCRYPTAGE DE LA RÉGLEMENTATION ET DE LA NORMALISATION • Loi Climat et résilience 6

– de sa performance énergétique ;
– de sa performance en matière d’émissions de GES ;
– du montant des dépenses théoriques de l’ensemble des usages énumérés dans le DPE (mentions obligatoires dans les
annonces relatives à la vente ou à la location).
Cette disposition vient non seulement renforcer le régime applicable en matière d’information sur la performance énergétique
des bâtiments, mais surtout rétablir une égalité de traitement attendue entre la catégorie des non-professionnels et celle des
professionnels. En cas de méconnaissance de cette obligation, ces derniers étaient en effet déjà passibles d’une telle amende,
dont le montant maximum était de 3 000 € pour une personne physique et 15 000 € pour une personne morale, au titre du II de
l’article L. 126-33 du CCH.
Un tel rééquilibrage était d’autant plus nécessaire pour assurer le respect de ces mesures d’information que les transactions non
intermédiées représenteraient environ les deux tiers du marché de la vente de biens immobiliers [9].
Le nouvel article L. 126-28-1 du CCH prévoit quant à lui l’obligation pour le propriétaire de bâtiments ou parties de bâtiment
à usage d’habitation comprenant un seul logement ou plusieurs logements ne relevant pas de la loi n° 65-557 du 10 juillet
1965 fixant le statut de la copropriété des immeubles bâtis [10] de faire réaliser, avant toute mise sur le marché de tels biens
immobiliers, un audit énergétique par un professionnel répondant à des conditions de qualification qui ont été définies par un
décret n° 2021-1227 du 23 septembre 2021 relatif aux conditions de qualification des auditeurs réalisant l’audit énergétique
ouvrant droit à la prime de transition énergétique [11].
L’entrée en vigueur d’une telle obligation sera là encore progressive en fonction du classement du logement :
– à compter du 1er janvier 2022 pour les logements appartenant aux classes G et F ;
– à compter du 1er janvier 2025 pour les logements appartenant à la classe E ;
– à compter du 1er janvier 2034 pour les logements appartenant à la classe D.
Si l’article voté prévoit que le contenu de cet audit sera « défini par arrêté » (CCH, art. L. 126-28-1), le texte de loi prévoit d’ores
et déjà que l’audit énergétique formule notamment « des propositions de travaux » (CCH, art. L. 126-28-1), lesquelles devront
être compatibles avec les servitudes prévues par le Code du patrimoine et présenter un coût « qui n’est pas disproportionné par
rapport à la valeur du bien » (CCH, art. L. 126-28-1). Un tel dispositif a ainsi pour objectif de permettre à tout acquéreur potentiel
de disposer d’une information claire et précise sur les travaux à réaliser et leur montant, avant de s’engager dans un projet
d’acquisition et de rénovation.
L’article 171 de la loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 [1] prévoit enfin l’obligation pour les copropriétaires d’élaborer un projet
de plan pluriannuel de travaux (PPT) dans les immeubles à destination partielle ou totale d’habitation soumis à la loi n° 65-557
du 10 juillet 1965 [10]. Ce projet comprend en particulier « la liste des travaux nécessaires à la sauvegarde de l’immeuble, à la
préservation de la santé et de la sécurité des occupants, à la réalisation d’économies d’énergie et à la réduction des émissions de
gaz à effet de serre » [1] et « une proposition d’échéancier pour les dix prochaines années » [1].
Le texte retient par exception que, dans l’hypothèse où le diagnostic technique global (DTG) de la copropriété ne ferait apparaître
aucun besoin de travaux au cours des 10 années suivant son élaboration, le syndicat de copropriétaires est dispensé de l’obligation
d’élaborer un projet de PPT. S’agissant du financement, ces nouvelles dispositions précisent qu’un fonds de travaux devra être
constitué par le syndicat de copropriétaires aux fins de permettre la réalisation des travaux décidés.
Ces mesures de planification, qui témoignent d’une volonté législative d’accélérer la rénovation du parc immobilier en copropriété,
entreront également en vigueur de manière échelonnée en fonction de la taille de la copropriété :
– au 1er janvier 2023 pour celles de plus de 200 lots ;
– au 1er janvier 2024 pour celles comprenant entre 50 et 200 lots ;
– au 1er janvier 2025 pour le reste des biens.

1.5 Prise en compte des performances énergétiques et environnementales dans les


décisions d’urbanisme
À compter du 1er juillet 2023, l’article 101 de la loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 [1] prévoit au sein de l’article L. 171-4 du CCH
l’obligation d’intégrer, pour certains bâtiments : 
– soit un procédé de production d’énergies renouvelables ;
– soit un système de végétalisation basé sur un mode cultural ne recourant à l’eau potable qu’en complément des eaux de
récupération, garantissant un haut degré d’efficacité thermique et d’isolation et favorisant la préservation et la reconquête de
la biodiversité ;
– soit tout autre dispositif aboutissant au même résultat.
Selon l’article L. 171-4 du CCH, les bâtiments concernés seront ainsi les constructions, extensions ou rénovations lourdes :
7 DOSSIER THÉMATIQUE DÉCRYPTAGE DE LA RÉGLEMENTATION ET DE LA NORMALISATION • Loi Climat et résilience

• de bâtiments ou parties de bâtiment spécifiques d’emprise au sol supérieure à 500 m2 :


– bâtiments ou parties de bâtiment à usage commercial, industriel ou artisanal,
– bâtiments à usage d’entrepôt,
– hangars non ouverts au public faisant l’objet d’une exploitation commerciale,
– parcs de stationnement couverts accessibles au public ;
• de bâtiments ou parties de bâtiment à usage de bureaux, dès lors que leur emprise au sol sera supérieure à 1 000 m2.
Deux exceptions sont cependant prévues :
– d’une part, dans l’hypothèse où des contraintes techniques, de sécurité, architecturales ou patrimoniales ne permettraient pas
l’installation de tels procédés, l’autorité compétente en matière d’autorisation d’urbanisme pourrait décider par décision motivée
que de telles obligations ne seraient pas applicables au projet, et ce notamment si l’installation était « de nature à aggraver un
risque » ou présentait « une difficulté technique insurmontable » ;
– d’autre part, les dispositions de ce nouvel article pourraient également ne pas s’appliquer sur décision motivée de l’autorité
compétente s’il s’avérait que les travaux nécessaires ne pourraient être réalisés dans des « conditions économiquement
acceptables ».

2 Évolutions apportées au droit de l’urbanisme et de l’aménagement


2.1 Consécration et programmation de l’objectif « zéro artificialisation nette » (ZAN)

L’un des apports majeurs de la loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 [1] réside sans aucun doute dans la consécration législative
de l’objectif «  zéro artificialisation nette  » (ZAN) qui irrigue la plupart des innovations du texte en matière d’urbanisme. Afin
d’endiguer les conséquences environnementales désormais connues de l’artificialisation  [12] et de lancer une dynamique de
sobriété foncière, la loi fixe à son article 191 un objectif national d’absence d’artificialisation nette en 2050. Pour l’atteindre, le
texte impose de diviser par deux le rythme d’artificialisation des sols sur les 10 prochaines années à compter de la promulgation
de la loi, par rapport aux 10 dernières années.
Cet objectif est inséré directement au sein du Code de l’urbanisme, qui définit pour la première fois à son article L. 101-2-1
l’artificialisation nette des sols comme « le solde de l’artificialisation et de la renaturation des sols constatées sur un périmètre
et sur une période donnés  » (Code de l’urbanisme, art.  L.  101-2-1), étant entendu que l’artificialisation est définie comme
« l’altération durable de tout ou partie des fonctions écologiques d’un sol, en particulier de ses fonctions biologiques, hydriques
et climatiques, ainsi que de son potentiel agronomique par son occupation ou son usage » (Code de l’urbanisme, art. L. 101-2-1).
Cet article précise également qu’au sein des documents de planification et d’urbanisme :
• est considérée comme artificialisée une surface dont les sols sont :
– soit imperméabilisés en raison du bâti ou d’un revêtement,
– soit stabilisés et compactés,
– soit constitués de matériaux composites ;
• est considérée comme non artificialisée une surface :
– soit naturelle, nue ou couverte d’eau,
– soit végétalisée, constituant un habitat naturel ou utilisée à usage de cultures.
La publication d’un décret en Conseil d’État est cependant toujours attendue pour fixer les conditions d’application de cet article,
et en particulier établir une nomenclature des sols artificialisés en fonction de leur occupation et de leur usage, ainsi que l’échelle
à laquelle l’artificialisation des sols doit être appréciée dans les documents de planification et d’urbanisme.
Les collectivités territoriales sont le moteur principal de la mise en œuvre de l’objectif ZAN. Les documents d’urbanisme et de
planification qui ne prévoient pas cet objectif doivent rapidement l’intégrer via des procédures de modification ou de révision. En
effet, le IV de l’article 194 de la loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 [1] prévoit que dans les 2 ans à compter de la promulgation de
la loi (soit au 22 août 2023) doit intervenir l’entrée en vigueur des documents régionaux intégrant cet objectif, à savoir :
– le schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (Sraddet) ;
– le plan d’aménagement et de développement durable de Corse (Padduc) ;
– le schéma d’aménagement régional (SAR) ;
– le schéma directeur de la région Île-de-France (Sdrif).
À défaut, les documents d’urbanisme locaux, tels que le schéma de cohérence territoriale (SCOT) et le plan local d’urbanisme
DOSSIER THÉMATIQUE DÉCRYPTAGE DE LA RÉGLEMENTATION ET DE LA NORMALISATION • Loi Climat et résilience 8

(PLU) (ou la carte communale en l’absence de PLU), devront intégrer l’objectif de diviser par deux le rythme d’artificialisation des
sols sur les 10 prochaines années, respectivement sous 5 et 6 ans. Si ces modifications ne sont pas intervenues dans les délais
prévus, la loi prévoit des sanctions relativement sévères :
– pour les SCOT, les ouvertures à l’urbanisation des zones à urbaniser (ZAU) sont suspendues ;
– pour les PLU et cartes communales, aucune autorisation d’urbanisme ne peut être délivrée dans une ZAU ou dans un secteur
de la carte où les constructions sont autorisées.
Par ailleurs, les communes ou intercommunalités doivent voter tous les 3 ans un rapport relatif à l’artificialisation des sols sur
leur territoire en vertu du nouvel article L. 2231-1 du Code général des collectivités territoriales. Il paraît néanmoins regrettable
qu’aucune sanction ne soit attachée à cette obligation.
L’absence à ce jour de décret d’application de ces dispositions et les délais relativement contraints imposés aux collectivités ont
conduit l’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité (AMF) et l’association Régions de France à
demander aux parlementaires le report de ces délais, qu’ils estiment impossibles à tenir [13].
La mise en œuvre de l’objectif ZAN se traduit notamment par la mobilisation d’espaces déjà urbanisés, tels que les friches, dont
la loi donne une définition dans le nouvel article L. 111-26 du Code de l’urbanisme : « on entend par “friche” tout bien ou droit
immobilier, bâti ou non bâti, inutilisé et dont l’état, la configuration ou l’occupation totale ou partielle ne permet pas un réemploi
sans un aménagement ou des travaux préalables ».
L’article  212 de la loi n°  2021-1104 du 22  août 2021  [1] prévoit à cet égard un dispositif expérimental pour une durée de
3 ans, qui permet au préfet d’établir un certificat de projet à la demande d’un porteur de projet intégralement situé sur une
friche, précisant les régimes, décisions, procédures et délais applicables, ou un calendrier d’instruction se substituant aux délais
réglementairement prévus. Si une autorisation d’urbanisme est prévue au sein du certificat, le porteur de projet bénéficiera d’une
cristallisation des règles d’urbanisme pendant 18 mois. Un décret en Conseil d’État doit encore définir les modalités d’application
de cette disposition innovante.
L’objectif ZAN est également décliné à l’échelle communale et intercommunale par la modification des règles attachées au zonage.
Ainsi, l’ouverture à l’urbanisation des espaces naturels, agricoles et forestiers (Enaf) n’est désormais possible que si une étude de
densification des zones déjà urbanisées justifie que la capacité d’aménager et de construire est déjà mobilisée dans les espaces
urbanisés, aux termes de l’article L. 151-5 modifié du Code de l’urbanisme. Ce même article prévoit que le projet d’aménagement
et de développement durables (Padd) tient compte de la capacité à mobiliser effectivement les locaux vacants, les friches et les
espaces déjà urbanisés.
De plus, la loi prévoit un nouvel article L.  151-6-1 du Code de l’urbanisme qui impose aux orientations d’aménagement et
de programmation (OAP) de définir un échéancier prévisionnel d’ouverture à l’urbanisation des zones à urbaniser (sous 6 ans
désormais) et de réalisation des équipements correspondants.
De même, aux termes de l’article L. 151-22 du Code de l’urbanisme, dans les zones d’urbanisation continue de plus de
50 000 habitants et dans les communes de plus de 15 000 habitants, le règlement doit définir une part minimale de surfaces
non imperméabilisées ou éco-aménageables.
Enfin, la loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 [1] aborde la problématique du recul du trait de côte qui touche de nombreuses
communes littorales. Les collectivités territoriales concernées par ce problème (dont la liste sera fixée par décret et révisée tous
les 9 ans) devront réaliser une cartographie de leur territoire exposé à ce phénomène (Code de l’urbanisme, art. L. 121-22-1).
Le règlement graphique du PLU devra faire apparaître la zone ainsi affectée à horizon de 30 ans, et à horizon compris entre 30
et 100 ans (Code de l’urbanisme, art. L. 121-22-2). Les articles L. 121-22-4 et L. 122-22-5 du Code de l’urbanisme limitent les
possibilités de construction dans ces zones, et prévoient même la démolition des constructions mettant en péril la sécurité des
personnes.
Au surplus, un nouveau droit de préemption au profit des communes ou des établissements publics de coopération intercommunale
(EPCI) compétents est instauré dans les zones exposées au recul du trait de côte (Code de l’urbanisme, art. L. 219-1).

2.2 Nouvelles possibilités de dérogation au règlement du PLU


La loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 [1] contient de nombreuses dispositions permettant de déroger au règlement du PLU afin
d’encourager un aménagement du territoire plus durable et écologique.
La végétalisation des façades et des toitures est ainsi privilégiée avec la création de l’article L. 152-5-1 du Code de l’urbanisme ;
celui-ci permet en effet de déroger aux règles du PLU relatives à la hauteur et à l’aspect extérieur des constructions
afin d’autoriser l’installation de dispositifs de végétalisation des façades et des toitures en zones urbaines et à urbaniser. Un décret
en Conseil d’État doit venir préciser les modalités d’application de cet article.
Il sera également possible, aux termes du nouvel article L. 152-5-2 du Code de l’urbanisme, de déroger aux règles relatives à
la hauteur afin d’éviter d’introduire une limitation du nombre d’étages par rapport à un autre type de construction. Un décret en
Conseil d’État définit les exigences auxquelles doit satisfaire une telle construction.
9 DOSSIER THÉMATIQUE DÉCRYPTAGE DE LA RÉGLEMENTATION ET DE LA NORMALISATION • Loi Climat et résilience

Par ailleurs, l’article L. 152-6 du Code de l’urbanisme élargit son champ d’application, de sorte qu’il est dorénavant possible
de déroger aux règles du PLU dans les grandes opérations d’urbanisme (GOU) et les secteurs d’intervention des opérations de
revitalisation de territoire (ORT) comprenant un centre-ville.
Aux termes du même article, l’autorité délivrant le permis de construire peut désormais accorder une dérogation supplémentaire
de 15 % des règles relatives au gabarit pour les constructions contribuant à la qualité du cadre de vie, par la création d’espaces
extérieurs en continuité des habitations assurant un équilibre entre les espaces construits et les espaces libres. Cette dérogation
supplémentaire ne peut cependant concourir à excéder 50 % de dépassement de ces règles au total.
De plus, la loi prévoit la possibilité de réduire l’obligation de réalisation des aires de stationnement pour les véhicules motorisés à une
aire de stationnement, à raison d’une aire de stationnement pour véhicule motorisé en contrepartie de la création d’infrastructures
ou de l’aménagement d’espaces permettant le stationnement sécurisé d’au moins six vélos par aire de stationnement (Code de
l’urbanisme, art. L. 152-6-1).
Enfin, selon le nouvel article L. 152-6-2 du Code de l’urbanisme, les projets de construction ou de travaux réalisés sur une friche
peuvent être autorisés à déroger aux règles relatives au gabarit, dans la limite d’une majoration de 30 % de ces règles, et aux
obligations en matière de stationnement, lorsque ces constructions ou travaux visent à permettre le réemploi de ladite friche.

2.3 Optimisation de la densité des constructions


La lutte contre l’étalement urbain et l’artificialisation passe aussi par l’optimisation de la densité des constructions, que la loi
n° 2021-1104 du 22 août 2021 [1] s’efforce de promouvoir.
La loi crée ainsi l’article L. 300-1-1 du Code de l’urbanisme, qui impose que toute action ou opération d’aménagement soumise
à évaluation environnementale fasse l’objet d’une étude d’optimisation de la densité des constructions dans la zone concernée,
en tenant compte de la qualité urbaine ainsi que de la préservation et de la restauration de la biodiversité et de la nature en ville.
Si le défaut de réalisation de cette étude ne semble faire l’objet d’aucune sanction spécifique, les conclusions de cette étude
seront prises en compte dans l’étude d’impact, selon des modalités définies par un décret en Conseil d’État ; leur omission pourra
donc éventuellement entacher la validité de l’étude d’impact. Ces dispositions ne sont toutefois applicables qu’aux demandes
d’autorisation déposées après l’entrée en vigueur de la loi.
En outre, l’aménagement des GOU est désormais conditionné au respect d’une densité minimale de constructions, le cas échéant
déclinée par secteurs, qui doit être prévue par l’acte décidant de la qualification de « grande opération d’urbanisme », selon l’article
L. 312-4 modifié du Code de l’urbanisme.
Le règlement du PLU pourra également définir une densité minimale de construction dans les zones d’aménagement concerté
(ZAC), le cas échéant déclinée par secteur, aux termes de l’article L. 151-27 modifié du Code de l’urbanisme.

2.4 Évolutions en matière d’urbanisme commercial et économique


La loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 [1] comprend de nombreuses dispositions concernant l’urbanisme commercial et
économique, et apporte plusieurs modifications non négligeables dans ce domaine. Cette évolution est naturellement marquée, là
aussi, par une volonté prégnante de lutte contre l’artificialisation des sols.
Tout d’abord, le document d’aménagement artisanal et commercial (Daac) compris dans le document d’orientation et d’objectifs
(DOO) du SCOT intègre désormais l’activité logistique et devient le document d’aménagement artisanal, commercial et logistique
(Daacl), aux termes du nouvel article L. 141-6 du Code de l’urbanisme.
Ce document détermine les conditions d’implantation des constructions commerciales et des constructions logistiques
commerciales en fonction :
• de leur surface ;
• de leur impact sur l’artificialisation des sols ;
• de leur impact sur les équilibres territoriaux, notamment au regard :
– du développement du commerce de proximité,
– de la fréquence d’achat,
– des flux générés par les personnes ou les marchandises.
De plus, le Daacl localise les secteurs d’implantation privilégiés des équipements logistiques commerciaux au regard des besoins
logistiques du territoire.
Ensuite, la loi fixe au sein de l’article L. 752-6 du Code de commerce un nouveau principe général d’interdiction de création ou
d’extension de surfaces commerciales, sources d’artificialisation des sols.
L’autorisation d’exploitation commerciale peut toutefois être délivrée à titre dérogatoire :
DOSSIER THÉMATIQUE DÉCRYPTAGE DE LA RÉGLEMENTATION ET DE LA NORMALISATION • Loi Climat et résilience

– pour les projets de création ou d’extension d’un commerce de détail ou d’un ensemble commercial d’une surface de vente
inférieure à 10 000 m2 au total ;
– pour les projets d’extension d’une surface de vente d’un magasin de commerce de détail ou d’un ensemble commercial ayant
déjà atteint le seuil des 10 000 m2 ou devant le dépasser par la réalisation du projet, dans la limite d’une seule extension par
magasin ou ensemble commercial et sous réserve que l’extension de la surface de vente soit inférieure à 1 000 m2.
Cette dérogation ne sera cependant accordée que si le pétitionnaire démontre, à l’appui de l’analyse d’impact :
• que le projet s’insère en continuité avec les espaces urbanisés dans un secteur au type d’urbanisation adéquat ;
• qu’il répond aux besoins du territoire ;
• qu’il obéit à l’un des critères suivants :
– insertion du projet dans le secteur d’intervention d’une ORT ou dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPPV),
–insertion du projet dans une opération d’aménagement au sein d’un espace déjà urbanisé, afin de favoriser notamment la mixité
fonctionnelle du secteur concerné,
– compensation par la transformation d’un sol artificialisé en sol non artificialisé,
– insertion au sein d’un secteur d’implantation périphérique (SIP) ou d’une centralité urbaine identifiés dans le DOO du SCOT ou
au sein d’une zone d’activité commerciale délimitée dans le règlement du PLU (entrés en vigueur avant la publication de la loi
n° 2021-1104 du 22 août 2021 [1]).
Tous les projets portant sur des surfaces de vente comprises entre 3 000 et 10 000 m2 seront soumis à l’avis conforme du préfet.
Les modalités d’application de cette disposition devront, là encore, être précisées par un décret en Conseil d’État.
Enfin, la loi prévoit le traitement et la requalification des zones d’activité économique (ZAE). Ces zones, qui correspondent aux
zones d’activité industrielle, commerciale, tertiaire, artisanale, touristique, portuaire ou aéroportuaire, doivent désormais faire
l’objet d’un inventaire réactualisé au minimum tous les 6 ans, par les intercommunalités compétentes en matière de développement
économique, aux termes de l’article L. 318-8-2 du Code de l’urbanisme.
Si la ZAE présente un état de dégradation ou une absence d’entretien par ses propriétaires compromettant la réalisation d’une
opération de réaménagement ou de restructuration de la zone, l’autorité compétente peut mettre ces derniers en demeure de
procéder à une réhabilitation. Si les propriétaires ne se conforment pas à cette mise en demeure, une procédure d’expropriation
peut être lancée. Si la procédure peut sembler particulièrement attentatoire au droit de propriété, il s’agit avant tout de pouvoir
mobiliser des surfaces déjà artificialisées afin d’éviter une implantation sur une zone non artificialisée.
Cette procédure sera précisée par un décret en Conseil d’État, qui n’a pas encore été publié.

3 Conclusion

Si la loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 « Climat et résilience » [1] contient de nombreuses dispositions ambitieuses, une grande
majorité d’entre elles n’entreront toutefois en vigueur qu’à la publication des décrets d’application. Or, ceux-ci tardent à être
publiés, plus d’un semestre après la promulgation de la loi.
De plus, il n’est pas assuré que les dispositions de la loi soient suffisantes pour être en complète harmonie avec les dispositifs
adoptés par l’Union européenne dans le cadre du programme du « Green Deal » [14], qui impliquent une transformation profonde
du droit de l’environnement. On songe en particulier au plan d’action « zéro pollution » adopté par la Commission européenne en
mai 2021 [15].

4 Références

[1] Loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses
effets, JO du 24 août 2021, dernière modification par l’ordonnance n° 2021-1843 du 22 décembre 2021, JO du 29 décembre
2021.
[2] Règlement (UE) 2018/842 du Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2018 relatif aux réductions annuelles contraignantes
des émissions de gaz à effet de serre par les États membres de 2021 à 2030 contribuant à l’action pour le climat afin de
respecter les engagements pris dans le cadre de l’accord de Paris et modifiant le règlement (UE) n° 525/2013, JOUE du
19 juin 2018.
[3] Règlement (UE) 2021/1119 du Parlement européen et du Conseil du 30 juin 2021 établissant le cadre requis pour parvenir
à la neutralité climatique et modifiant les règlements (CE) n° 401/2009 et (UE) 2018/1999 (« loi européenne sur le climat »),
JOUE du 9 juillet 2021.
[4] « Les émissions des gaz à effet de serre du secteur résidentiel – Fiches thématiques », site Internet du Rapport sur l’état
de l’environnement en France, mise à jour du 17 juin 2019, https://ree.developpement-durable.gouv.fr/themes/defis-
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environnementaux/changement-climatique/emissions-de-gaz-a-effet-de-serre/article/les-emissions-des-gaz-a-effet-de-
serre-du-secteur-residentiel.
[5] Mission d’information parlementaire sur la rénovation thermique des bâtiments, rapport d’information du 10 février 2021,
www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/cion-dvp/l15b3871_rapport-information.
[6] Loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte, JO du 18 août 2015, dernière
modification par la loi n° 2021-1104 du 22 août 2021, JO du 24 août 2021.
[7] Loi n° 89-462 du 6 juillet 1989 tendant à améliorer les rap-ports locatifs et portant modification de la loi n° 86-1290 du
23 décembre 1986, JO du 8 juillet 1989, dernière modification par l’ordonnance n° 2021-1192 du 15 septembre 2021, JO
du 16 septembre 2021.
[8] Loi n°  2018-1021 du 23  novembre 2018 portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique, JO du 24
novembre 2018, dernière modification par la loi n° 2021-1104 du 22 août 2021, JO du 24 août 2021.
[9] Boughriet (Rachida), « Le diagnostic de performance énergétique se muscle », Actu-Environnement, 13 avril 2021, www.
actu-environnement.com/ae/news/diagnostic-performance-energetique-reforme-opposable-juillet-2021-assemblee-projet-
loi-climat-37359.php4.
[10] Loi n° 65-557 du 10 juillet 1965 fixant le statut de la copro-priété des immeubles bâtis, JO du 11 juillet 1965, dernière
modification par la loi n° 2021-1520 du 25 novembre 2021, JO du 26 novembre 2021.
[11] Décret n° 2021-1227 du 23 septembre 2021 relatif aux conditions de qualification des auditeurs réalisant l’audit énergétique
ouvrant droit à la prime de transition énergétique, JO du 25 septembre 2021.
[12] Voir par exemple Ladet (Nicole), « Sols artificialisés et processus d’artificialisation des sols : déterminants, impacts et leviers
d’action », Inra, 8 décembre 2017, www.inrae.fr/actualites/sols-artificialises-processus-dartificialisation-sols.
[13] AMF, « Zéro artificialisation nette : l’AMF et Régions de France demandent un report urgent de l’échéance de février 2022
pour éviter une nouvelle fracture territoriale », communiqué de presse du 12 novembre 2021, www.amf.asso.fr/m/document/
fichier.php?FTP=b18bebebdcc0f0daa8f6925b900cf efb.pdf&id=41001.
[14] Communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil européen, au Conseil, au Comité économique et social
européen et au Comité des régions, « Le pacte vert pour l’Europe », COM(2019) 640 final, 11 décembre 2019.
[15] Communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au
Comité des régions, « Cap sur une planète en bonne santé pour tous – Plan d’action de l’UE : “Vers une pollution zéro dans
l’air, l’eau et les sols” », COM(2021) 400 final, 12 mai 2021.
sommaire
DOSSIER THÉMATIQUE DÉCRYPTAGE DE LA RÉGLEMENTATION ET DE LA NORMALISATION • Loi Climat et résilience

Introduction .................................................................................................................................... p. 3
1. Définition du diagnostic.................................................................................................. p. 4
2. Méthodologie de diagnostic........................................................................................ p. 5
3. Méthodes et essais............................................................................................................. p. 6
4. Références................................................................................................................................. p. 12

Comment bien diagnostiquer un ouvrage


en béton armé
L’identification des causes des dégradations d’un ouvrage en béton armé est l’une des étapes les
plus importantes et les plus difficiles de tout le processus de réparation des structures endommagées.
Cette identification porte le nom de «  diagnostic  ». Cet article a pour objectif de définir le diagnostic et sa
méthodologie, puis de décrire les méthodes et les essais qui peuvent être utilisés dans le cadre du diagnostic
d’un ouvrage en béton armé [1].

Omrane Benjeddou
Docteur ingénieur en génie civil, professeur technologue à l’Institut
supérieur des études technologiques (Iset) de Sfax (Tunisie). Il est
chercheur dans le domaine du développement des nouveaux matériaux
de construction au sein du Laboratoire de génie civil (LGC) de l’École
nationale d’ingénieurs de Tunis (Enit) de l’Université de Tunis El Manar
(Tunisie). Il est également formateur auprès de divers bureaux de for-
mation dans le domaine des matériaux de construction et de l’expertise
des ouvrages en béton armé. Il est coauteur de l’ouvrage Diagnostic,
entretien et réparation des ouvrages en béton armé en 44 fiches
pratiques, paru aux Éditions du Moniteur.

Mehrez Khemakhem
Agrégé, professeur technologue en génie civil à l’Iset de Sfax (Tunisie).
Il est consultant auprès de divers opérateurs dans le domaine du génie
civil (laboratoires, bureaux d’études et de contrôle, entreprises…).
Il est spécialisé dans les essais et mesures en laboratoire et in situ
pour la géotechnique et les matériaux de construction, la pathologie
des constructions, le contrôle qualité… Il est coauteur de l’ouvrage
Diagnostic, entretien et réparation des ouvrages en béton armé en
44 fiches pratiques, paru aux Éditions du Moniteur.
DOSSIER THÉMATIQUE DÉCRYPTAGE DE LA RÉGLEMENTATION ET DE LA NORMALISATION • Loi Climat et résilience

1 Définition du diagnostic

Au sens large, le diagnostic d’une construction permet d’évaluer dans quelle mesure elle remplit ses fonctions structurelles et de
service, c’est-à-dire de vérifier qu’elle satisfait aux conditions de sécurité et d’utilisation définies par la réglementation et par les
besoins de son propriétaire ou de ses usagers.
Dans un sens plus strict, le diagnostic d’un ouvrage en béton peut se définir comme la démarche permettant de caractériser l’état
d’une structure et de ses matériaux constitutifs afin de déterminer si une protection du béton est nécessaire et, le cas échéant,
aider au choix du système adapté, avec ou sans réparations préalables [1].
Il s’agit donc essentiellement de déterminer si les dégradations concernent avant tout le matériau ou la structure.

2 Méthodologie de diagnostic

Le diagnostic d’une construction en béton consiste à vérifier [1] :


– ses caractéristiques mécaniques, et notamment la présence de parties de béton non adhérentes ou écaillées ;
– ses caractéristiques physiques, en procédant à un examen de la perméabilité, de la porosité, de la fissuration, des venues d’eau ;
– ses caractéristiques chimiques, comme la présence de chlorures, la profondeur de carbonatation ;
– ses caractéristiques de propreté, et la présence de souillures diverses telles que des poussières, des huiles, des efflorescences ;
– ses caractéristiques géométriques et sa texture superficielle, avec la présence de défauts de planéité, de balèvres (parties en
saillie), d’arêtes ;
– l’état de corrosion des armatures, apparentes ou non ;
– l’existence de gonflements et fissures à la suite de réactions de gonflement interne (RGI), comme une alcaliréaction, une
réaction sulfatique, du gel interne ;
– les caractéristiques du sol support des fondations ;
– les environs de l’ouvrage, s’ils sont susceptibles d’être à l’origine des dégradations ;
– la végétation, les pentes du sol, le ruissellement.
Les étapes d’identification des causes de dégradation d’un ouvrage peuvent être schématisées comme indiqué dans la figure 1.

Surveillance
Vérification de l’état des matériaux

Pré-diagnostic
Analyse du fonctionnement de la structure
Diagnostic

Évaluation de la capacité portante réelle


Décision
Fig. 1. Étapes d’identification des causes de dégradation d’un ouvrage

Le diagnostic d’une structure peut comporter une ou plusieurs étapes :


– une visite préliminaire ;
– une collecte des documents ;
– une inspection visuelle ;
– une évaluation détaillée ;
– une campagne d’évaluation.

2.1 Visite préliminaire


Cette visite comprend un examen de l’intégralité de la structure, ainsi que le relevé de tous les symptômes avec prise
de photographies. Les moyens d’accès les plus adaptés doivent être utilisés afin d’observer de près les surfaces dégradées.
DOSSIER THÉMATIQUE DÉCRYPTAGE DE LA RÉGLEMENTATION ET DE LA NORMALISATION • Loi Climat et résilience

L’expert est alors en mesure d’établir l’origine des dégradations observées et de proposer un programme d’investigations à
réaliser, précisant son coût et sa durée.
La visite préliminaire a pour objet :
– d’améliorer la compréhension de l’état et du fonctionnement de la structure ;
– de détailler les conditions environnementales ;
– de préciser les désordres visibles ;
– de vérifier l’accessibilité des parties dégradées.

2.2 Collecte des documents


La collecte des documents sert à vérifier et compléter les informations recueillies lors de la visite préliminaire, et à rechercher
des documents de synthèse déjà établis. Cette étape consiste donc à rassembler toutes les informations disponibles concernant
la conception, la construction, l’utilisation et l’entretien de la structure.
– les plans d’architecture, de fondations, de coffrage et de ferraillage ;
– la date de construction, afin de connaître la norme selon laquelle la structure a été calculée et les dispositions constructives
de l’époque ;
– les rapports d’essais sur les matériaux ;
– les changements éventuels effectués durant la construction ;
– les réparations antérieures (causes, méthodes et matériaux utilisés) ;
– l’environnement (nature chimique, vents dominants) ;
– les expertises antérieures.
:
2.3 Inspection visuelle
Le relevé visuel est une étape clé de la réalisation d’un diagnostic. C’est un outil indispensable à la compréhension des mécanismes
ayant conduit à la formation des désordres. Il consiste à relever de manière exhaustive les désordres affectant l’ouvrage pour
aboutir, après dépouillement et analyse, aux trois axes suivants :
– « qualifier » : chaque désordre a une origine et des conséquences particulières. La qualification permet d’identifier le désordre,
et donc le type de traitement ou de réparation éventuel à mettre en place ;
– « localiser » : la position d’un désordre sur l’ouvrage donne des indications sur son degré d’importance et son origine. En outre,
la localisation permet de cibler les zones à traiter de manière urgente et de choisir les travaux à effectuer en fonction des
contraintes d’accès ;
– « quantifier » : ceci a pour but de connaître l’étendue des désordres, et donc d’évaluer les méthodes les plus adaptées pour
effectuer les réparations.
L’inspection visuelle qui suit la visite préliminaire se prépare en déterminant au préalable :
– l’accessibilité des éléments à examiner ;
– les outils et équipements à utiliser ;
–
la période de l’intervention, que ce soit la journée (ensoleillement du matin ou de l’après-midi) ou la saison
(pluie, vent, chaleur…).
Les outils nécessaires pour l’inspection visuelle varient d’une situation à une autre. Il convient de s’équiper afin de pouvoir accéder
au lieu de mesure, prendre une photo, mesurer une distance, dégager un matériau endommagé, décaper, etc.
Un examen visuel signifie qu’aucun sondage destructif n’est réalisé, mais que les cinq sens sont mis à contribution :
– la vue, pour repérer les fissures, les éclatements, la rouille… ;
– le toucher, pour prendre connaissance de la température, de la rugosité, de l’humidité ;
– l’ouïe, notamment pour analyser un martèlement ;
– l’odorat, pour identifier par exemple la présence de moisissures ;
– le goût, pour détecter notamment la présence de sel.
Les éléments qui ressortent de l’examen visuel sont nombreux. Les photos 1, 2 et 3 illustrent quelques exemples.
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Photo 1. Défaut d’alignement du ferraillage. Photo 2. Armatures apparentes. Photo 3. Dégradation générale.

En partant de la définition de l’état exigé (documents du marché, exigences classiques…), de la saisie de l’état existant et de
l’appréciation de celui-ci, le résultat de l’examen visuel permet de déterminer :
– si des mesures sont à prendre ou non ;
– si des auscultations complémentaires sont nécessaires ;
– si des actions immédiates s’imposent, telles qu’une intervention urgente, une évacuation, etc.

2.4 Évaluation détaillée par matériels d’expertise


Lorsqu’une investigation complémentaire est décidée à l’issue de l’inspection visuelle, des zones représentatives des désordres
observés sont choisies en vue d’y effectuer des mesures. De très nombreuses méthodes ou techniques d’évaluation sont alors
disponibles, qui précisent de manière quantitative l’étendue des désordres non encore visibles et en donnent les causes.
Les différentes méthodes d’évaluation actuellement disponibles permettent ainsi de :
– caractériser les propriétés mécaniques du béton ;
– déterminer les caractéristiques chimiques et physiques du béton et/ou de l’acier ;
– caractériser le comportement et l’environnement général de la structure.
L’expérience du diagnostiqueur est primordiale pour choisir la méthode d’évaluation la plus adaptée parmi toutes celles disponibles.
Le choix du matériel d’expertise dépend :
– du type de mission à réaliser ;
– de la nature des matériaux ;
– du type de structure ;
– de l’état de l’ouvrage ;
– de l’environnement de l’ouvrage.
La figure 2 illustre l’imbrication de ces facteurs.

Environnement de l’ouvrage Type de mission


État de l’ouvrage
à réaliser

Choix des investigations


dans un diagnostic d’ouvrage

Type de structure Nature des matériaux

Fig. 2. Facteurs infl uençant le choix de la méthode d’auscultation.

Plusieurs méthodes de contrôle peuvent être envisagées ; parmi les plus courantes, citons ainsi :
– les méthodes de contrôle localement destructif, permettant de prélever des échantillons ou des carottes. Ces méthodes sont à
éviter dans la mesure du possible, étant donné les difficultés de réalisation et les éventuels dommages qu’elles peuvent causer à
l’élément de la structure (vibrations, pertes d’armatures, modifications d’aspect…) ;
– les méthodes de contrôle par essais non destructifs in situ, développées pour contourner les inconvénients des méthodes
destructives. Dans ce cas, la structure est contrôlée sans modifier sa performance ni son apparence.
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2.5 Campagne d’évaluation


L’ensemble des résultats de l’inspection visuelle et des séries de prélèvements ou d’analyses, in situ ou en laboratoire, sont
résumés dans des tableaux (tab. 1) ou sur des plans (fig. 3) lors d’une campagne d’évaluation.

Résis-
Hauteur Masse Charge
Hauteur tance à
Partie Âge Diamètre d’écrase- Masse volumique Élance- de
initiale la com-
d’ouvrage (jours) (mm) ment (1) (g) du béton ment (2) rupture
(mm) pression
(mm) (t/m3) (3) (kN)
(MPa)
Voile BEN P1 S 185 144 1440,2 2,46 151,5 37,21
Voile
300 144 1480,9 2,53 2 173,844 42,70
MH P16 S
Voile AR P12 S > 28 - 260 144 1456,3 2,48 147,76 36,26
Rupture incorrecte
Voile
185 72 717,1 2,45 1 influencée par la
BES P19 S
présence d’armatures
Poteau P22 320 144 1456,2 2,48 114,751 28,18
Poteau P30 14 72 280 144 1461,3 2,49 2 120,16 29,51
Poteau P42 320 144 1496,5 2,55 103,304 25,37
(1) Hauteur de l’éprouvette soumise à l’essai d’écrasement.
(2) Rapport entre la hauteur d’une éprouvette et son diamètre.
(3) Charge maximale ayant provoqué la rupture de l’éprouvette.

Fig.  3.  Exemple de plan d’implantation des carottes.

À partir de tous les résultats dont il dispose, l’expert indique dans son rapport :
– l’origine supposée des désordres, leur étendue ainsi que leur évolution probable ;
– la capacité de la structure à garantir la sécurité des personnes et des biens qu’elle abrite (dans le cas des bâtiments) et, le cas
échant, les menaces d’écroulement ;
– les zones à traiter en priorité ;
– les recommandations relatives aux éventuelles méthodes de réparation les mieux adaptées.
Dans tous les cas, la campagne d’évaluation vise à mieux connaître les causes des dégradations en vue de choisir les techniques
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de réparation appropriées.

2.6 Conclusions sur l’état de l’ouvrage


Le diagnostic constitue donc un outil d’aide à la décision du maître d’ouvrage permettant d’évaluer la pérennité de son ouvrage.
Deux choix sont alors possibles :
– le maintien de l’ouvrage pour une utilisation « normale », avec des réparations éventuelles ;
– la déconstruction, totale ou partielle, de l’ouvrage au cas où le coût des réparations ne justifierait pas son maintien.

3 Méthodes et essais

Des méthodes non destructives, telles que le contrôle non destructif (CND) et les essais non destructifs (END), permettent de
caractériser l’état d’intégrité de structures ou de matériaux sans les dégrader : 
– soit au cours de la production ;
– soit en cours d’exploitation ;
– soit dans le cadre de la maintenance.
Rapides et légères à mettre en œuvre, ces méthodes apportent une réponse globale à l’échelle d’une structure sans endommager
les constructions.
Les techniques d’auscultation partiellement destructives, quant à elles, constituent souvent la seule possibilité d’acquérir en
profondeur dans les éléments de la construction des données fiables sur les caractéristiques des matériaux et sur l’état intérieur
de l’ouvrage.
Enfin, le contrôle partiellement destructif exige pour sa part le prélèvement d’échantillons, par exemple par carottage, par
l’ouverture de fenêtres d’observation appropriées ou encore au moyen de sondages. Les essais en laboratoire exigent aussi le
prélèvement d’échantillons [1].

3.1 Moyens de contrôle des fissures


L’un des désordres les plus fréquents des structures en béton est la fissuration. De ce fait, les fissures dans les éléments de
structure (poutre, plancher, voile, poteau…) doivent être suivies et évaluées avec un soin particulier.
Le suivi des fissures permet de mesurer non seulement leur évolution globale sur la période considérée, mais surtout leur évolution
zone par zone, ainsi que leurs périodes d’activité. L’analyse de ces évolutions permet alors de mettre en œuvre les actions
adéquates de prévention et/ou de correction des fissures.
Ce suivi doit, dans certains cas, être combiné avec le relevé de la température ambiante intérieure et/ou extérieure afin de
déterminer si l’évolution des fissures est due à une dilatation thermique.
Les informations à relever sur l’origine et les caractéristiques des fissures sont les suivantes :
– leur géométrie (ouverture, tracé…) et leur classement (faïençage, microfissures, fissures fines, fissures moyennes…) ;
– leur exposition, intérieure ou extérieure, sur la construction ;
– leur orientation et leur position sur le support (au plafond, suivant une diagonale, dans un angle…) ;
– leur activité (fissures dites « actives ») ou leur absence d’activité (fissures mortes ou inertes) ;
– leur exposition aux intempéries (risque de venue d’eaux de pluie, notamment) ;
– la présence d’eau libre ou sous pression ;
– leur état de propreté ;
– la présence d’armatures corrodées.

3.1.1 Tasseaux de plâtre ou plaques de verre


Les dispositifs témoins en plâtre ou en verre fixés sur la fissure, les tasseaux, fournissent seulement une indication de son activité
à un moment donné. Ils montrent en effet qu’un mouvement dépassant la résistance du verre ou du plâtre utilisé pour la réalisation
du témoin a eu lieu. Or, si cette information est intéressante, elle est toutefois insuffisante pour suivre l’évolution précise des
fissures. Elle permet simplement d’identifier les fissures « inertes » ou « actives » :
– si le tasseau est intact, la fissure est inerte (photo 4) ;
– s’il est fissuré ou brisé, la fissure est active (photo 5).
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Photo  4.  Fissure inerte (tasseau en plaque de verre). Photo  6.  Utilisation du assuromètre. Photo  5.  Fissure active (tasseau de plâtre).

3.1.2 Fissuromètre
Le relevé de toutes les fissures existantes, ou du moins des plus significatives, s’effectue au moyen d’un fissuromètre. Elles sont
alors classées par types (fissure verticale, horizontale ou de biais) et leur ouverture est mesurée.
Le fissuromètre prend l’aspect d’une réglette en plastique transparent munie de traits de largeurs calibrées. Placé sur la fissure à
observer, il permet d’en estimer la largeur en la comparant au trait gradué de la règle (photo 6). Des ouvertures comprises le plus
souvent entre 0,05 et 2 mm peuvent ainsi être mesurées, les tailles de référence variant selon l’appareil utilisé. Il suffit d’appliquer
ce dernier sur la fissure, et de le faire glisser jusqu’à superposition exacte du trait gradué avec l’épaisseur de la fissure.

3.1.3 Fissuromètre triaxial Vinchon


Le fissuromètre triaxial Vinchon (photo 7) permet la mesure des
variations d’écartement des joints ou fissures situés sur des
parties accessibles de barrages ou autres ouvrages de génie civil.
Cet appareil est composé de deux coudes munis chacun de
couples d’ergots opposés deux à deux suivant les trois axes
orthogonaux (fig. 4). Il permet ainsi de mesurer les déplacements
relatifs de deux surfaces adjacentes dans trois directions
orthogonales  : les déplacements vertical (glissement), latéral
(ouverture) et avant-arrière (rejet).
Des relevés des mesures sont effectués par périodes successives
entre le couple d’ergots du même plan. Le mouvement relatif est
déterminé en comparant le changement de distance en fonction
Photo 7. Fissuromètre triaxial Vinchon. du temps.

3.1.4 Lunette micrométrique


La lunette micrométrique permet de mesurer l’ouverture d’une fissure avec une résolution d’un centième de millimètre. Cet
appareil prend la forme d’un microscope portable dont l’optique interne est équipée d’une réglette graduée rotative. Une fois le
viseur positionné perpendiculairement à la fissure (fig. 5), et après réglage, la graduation du micromètre est notée sur l’ouverture
de la fissure fortement grossie.
La lunette peut être équipée d’un éclairage interne afin d’en faciliter la lecture.

1 Déplacement vertical
2 Déplacement latéral
3 Déplacement avant/arrière Fissure

Fig. 4. Principe du fi ssuromètre triaxial Vinchon. Fig. 5. Principe de la mesure avec une lunette micrométrique.
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3.1.5 Jauge
Les jauges permettent de relever la largeur de l’ouverture d’une fissure à différentes dates et d’en déduire son évolution.
Elles permettent donc d’apprécier les évolutions des patholo-gies dues à différentes contraintes qui se sont traduites par une
déformation ou une rupture.
Les jauges permettent de mesurer :
– l’évolution des fissures dans un même plan ; il s’agit dans ce cas d’une coulisse graduée, dont chacune des parties est fixée de
part et d’autre de la fissure (fig. 6) ;
– l’évolution d’un des affleurements verticaux ;
– l’évolution de l’écartement et la rotation des lèvres d’une fissure dans un même plan.

Fig. 6. Principe de jauge de mesure d’évolution de fissure dans un même plan.

3.1.6 Capteur de déplacement potentiométrique


Si le suivi de fissure nécessite un enregistrement, un capteur de déplacement potentiométrique relié à une centrale d’acquisition
est utilisé pour effectuer la mesure et mettre en mémoire l’ouverture de fissure.
Périodiquement, l’opérateur vient lire et vider la mémoire interne pour traitement. La période est fonction de la situation de
l’ouvrage, du degré d’évolution de la fissure, de la saison, etc. Le relevé peut avoir lieu chaque semaine, chaque mois ou après
une durée plus longue.
Une butée fixe est scellée sur un côté de la fissure, et la partie portant le capteur sur l’autre côté. Le palpeur du capteur mesure
l’évolution de l’ouverture de la fissure (photo 8).

Photo 8. Exemples d’utilisation de capteurs de déplacement potentiométriques.

3.1.7 Déformètre électronique à bille


Le déformètre à bille permet de suivre dans le temps avec précision les variations dimensionnelles positives et négatives des
matériaux tels que le béton, dans une plage de ± 1,5 mm et sur une base de mesure de 200 mm via une barrette d’étalonnage.
Deux plots contenant chacun une bille montée sur support sont collés de part et d’autre de la fissure. L’opérateur positionne le
déformètre sur les deux billes afin de mesurer leur espacement. Un comparateur de précision monté sur le déformètre permet
d’effectuer cette mesure (fig. 7).
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3.2 Détection des armatures


Pour détecter des armatures dans du béton, plusieurs principes sont utilisés, tous basés sur la mesure des perturbations créées
par la présence d’un objet métallique placé dans un champ électromagnétique.
L’équipement utilisé est un détecteur d’armatures, que ce soit un profomètre (pachomètre) ou un scanner mural.

3.2.1 Profomètre ou pachomètre


Fonction
Les profomètres ou les pachomètres (photo 9) indiquent la présence d’une armature, son orientation, et mesurent l’épaisseur de
béton au-dessus des aciers (enrobage).
L’évaluation du diamètre des aciers est également disponible dans certains appareils, avec une incertitude de ± 2 mm.
Principe de fonctionnement
Les profomètres ou les pachomètres fonctionnent comme des détecteurs de métaux, et sont donc basés sur le principe des
courants de Foucault :
– la bobine centrale de la sonde reçoit pendant un court instant un courant, et émet un champ magnétique qui aimante les fers
à béton ;
– les aciers se trouvant dans l’action de ce champ sont parcourus par des courants de Foucault, qui émettent à leur tour un
champ magnétique ;
– les bobines latérales reçoivent le champ magnétique ;
– l’appareil émet alors un signal sonore.
Comme l’intensité du champ dépend de la profondeur de l’acier et de son diamètre, l’appareil calcule ces derniers au moyen d’un
microprocesseur intégré. Ces données sont ensuite reportées sur la partie de la structure étudiée ou sur des graphiques dédiés.
Limites
Les profomètres et les pachomètres possèdent des limites :
– la détection n’est pas possible au-delà de 8 à 10 cm d’épaisseur de béton (selon l’appareil) ;
– dans le cas de réseaux d’armatures très denses, la lecture est quelquefois incertaine ;
– l’enrobage est détecté avec une erreur de l’ordre de 4 mm ;
– le diamètre de l’acier est détecté avec une précision de 2 mm.

3.2.2 Scanner mural


Fonction
Le scanner mural est un capteur radar pouvant comporter une ou plusieurs fréquences pour une détection au millimètre près des
armatures, conduites en métal et plastique, câbles de précontrainte, vides dans le béton, ainsi que pour la mesure d’épaisseur
du béton.
Avantages du scanner mural
Les avantages du scanner mural sont :
– une prise en main aisée et rapide ;
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– la localisation instantanée des armatures jusqu’à 15 cm de profondeur ;


– l’affichage numérique de la nature du matériau détecté et de sa profondeur, ce qui permet de mesurer aisément l’épaisseur des
recouvrements de béton.

3.3 Mesure du potentiel de corrosion


La corrosion des armatures est un phénomène électrochimique. Les méthodes traditionnelles pour l’évaluer sont basées sur des
techniques électrochimiques telles que :
– la mesure du potentiel spontané, permettant de détecter les zones de corrosion active ;
– la mesure de la résistance de polarisation, utilisée pour estimer la vitesse de corrosion.
La corrosion active des aciers s’accompagne de phénomènes électrochimiques comparables à ceux des piles électriques. La
corrosion produit donc un courant électrique mesurable.

3.3.1 Principe
La méthode décrite ci-après est non destructive ; elle permet de détecter les armatures corrodées et d’évaluer leur risque de
corrosion. La mesure est basée sur le caractère électrochimique du processus de corrosion, qui réside dans la production
d’électrons.
Le principe de cette technique est de mesurer, par un millivoltmètre à haute impédance, la différence de potentiel Ec entre
l’armature et l’électrode de référence, qui est une électrode cuivre-sulfate de cuivre (Cu/CuSO4), avec un potentiel constant et
connu (fig. 8).
Pour assurer le contact électrique, le dispositif est relié à une armature dégagée, connectée aux armatures dont le potentiel de
corrosion est recherché.
L’équipement spécifique à cette mesure est une demipile de cuivre-sulfate de cuivre. Elle se compose :
– d’un tube rigide composé d’un matériau diélectrique, qui ne réagit pas avec le cuivre, ou en sulfate de cuivre ;
– d’un bouchon poreux en bois ou en plastique, qui reste humide par l’action capillaire ;
– d’une tige de cuivre, qui est immergée dans le tube dans une solution saturée de sulfate de cuivre.

a. Humidification du support b. Traçage des points

c. Connexion à une armature d. Mesures


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Fig. 8. Principe de la méthode de mesure de potentiel.

3.3.2 Étapes
La mesure de la différence de potentiel se déroule en plusieurs étapes :
– dépoussiérer le support ;
– humidifier le support par aspersion (photo 10a) ;
– tracer les points de mesure avec un espacement de 15 à 30 cm (photo 10b) ;
– percer le béton pour connecter un pôle à l’armature (photo 10c) ;
– effectuer les mesures point par point dans l’ordre de positionnement selon le traçage (photo 10d). Les données de la zone de
traçage (espacements, nombre de points par ligne…) sont à saisir sur l’appareil de mesure pour obtenir une sortie du graphe
de potentiel.

3.3.3 Interprétation qualitative des résultats


Les résultats sont à interpréter en fonction de la norme ASTM C876-91 [2] :
– si Ec > – 200 mV, la corrosion est peu probable (probabilité inférieure à 10 %) ;
– si – 350 < Ec < – 200 mV, la corrosion est possible (probabilité égale à 50 %) ;
– si Ec < – 350 mV, la corrosion est très probable (probabilité de 50 à 90 %).

3.3.4 Exploitation des résultats


Les résultats des mesures peuvent être représentés sur un tableau ou sur des graphes. La figure 9 illustre un exemple de résultats.

Fig.  9.  Graphe du potentiel.

3.4 Détermination de la profondeur de carbonatation


3.4.1 Principes
Les armatures d’acier placées dans le béton courent un risque de corrosion si l’enrobage est carbonaté.
Afin d’établir si la profondeur de béton non carbonaté est suffisante pour protéger l’armature pendant la durée de vie théorique
restante de la structure, il convient de déterminer la profondeur totale de l’enrobage ainsi que la profondeur de carbonatation.
La méthode consiste à mesurer la profondeur de carbonatation au moyen d’une solution indicatrice de phénolphtaléine, qui est un
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indicateur coloré de pH. Ce composé change de couleur selon la valeur du pH de la solution dans laquelle il est placé :
– il est incolore jusqu’à un pH < 8,2 (béton carbonaté) ;
– il prend une couleur rosâtre pour un pH > 8,2 (béton non carbonaté).
Pour réaliser l’essai, sont également utilisés un diffuseur de solution, un marteau et burin et/ou une carotteuse. Une règle de
précision graduée en millimètres sert pour mesurer l’épaisseur du béton carbonaté.

3.4.2 Principe de l’essai


Pour évaluer la profondeur de carbonatation d’un béton, une carotte fraîchement prélevée avec de la phénolphtaléine est pulvérisée
(photo 11). Deux cas se présentent :
– si la couleur du béton ne change pas, il est carbonaté ;
– si la couleur vire au rouge-pourpre (rose vif), le béton est non carbonaté.

Photo 11. Résultats de mesures par la phénolphtaléine.

3.4.3 Étapes de l’essai


L’essai se réalise sur un élément du béton fraîchement dégagé. Ceci peut se faire in situ ou sur une carotte.
Essai in situ
Les étapes sont les suivantes : 
– buriner la structure étudiée pour produire une surface de béton tout juste cassée (photo 12a) ;
– immédiatement après le burinage, pulvériser la phénolphtaléine sur le béton (photo 12b) ;
– au bout de 30 secondes environ, observer le résultat de l’essai (photo 12c).
Essai sur carotte
Des carottes de diamètre supérieur ou égal à 50 mm sont tout d’abord prélevées, en veillant à ne pas utiliser de surfaces
découpées ou forées.

a Burinage b. Pulvérisation c. Résultat de l’essai

Important

Les faces découpées des carottes donnent souvent des résultats trompeurs, parce qu’elles peuvent exposer et réactiver des
particules de ciment non hydratées dans un béton par ailleurs totalement carbonaté.
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Les carottes sont ensuite fendues :


– le long de leur axe longitudinal ;
– idéalement à mi-diamètre et le plus perpendiculairement possible à la surface externe d’origine du béton afin d’obtenir la surface
la plus grande qui soit.
Il est important d’éviter au maximum de diviser à nouveau les fragments plus petits, mais plutôt de les soumettre à l’essai
immédiatement après leur retrait de la structure. En effet, la norme NF EN 14630 [3] demande d’éviter de fragmenter pour ne pas
altérer le matériau par contact avec le CO2, et donc de travailler sur surface fraîche, c’est-à-dire juste après le fendage.
Si l’opération de fendage n’est pas possible, il est nécessaire d’éliminer toute eau et poussière de surface, sans utiliser d’abrasif,
puis d’essuyer. L’utilisation d’abrasif est déconseillée, car elle risque de réactiver le ciment non hydraté.
Enfin, immédiatement après le fendage ou l’essuyage, la phénolphtaléine est pulvérisée sur le béton, produisant ainsi le résultat
observé (photo 13).
Photo 13. Résultat du test sur une carotte fendue longitudinalement.

3.4.4 Exploitation des résultats


Sur le béton buriné, la distance entre la surface du béton et le front de carbonatation est mesurée à la règle. Sur carottes fendues,
la profondeur de carbonatation est la distance dk (en millimètres) entre la surface externe du béton et le bord de la région colorée
en rouge-pourpre.
Si le front de carbonatation est irrégulier, la profondeur moyenne dkmoyenne et la profondeur maximale dkmax doivent toutes deux
être mesurées au millimètre près (fig. 10).
Le rapport d’essai contient les indications suivantes :
– la date et l’heure de l’essai ;
– les conditions atmosphériques générales ;
– le numéro d’identification et l’emplacement de chaque échantillon, ainsi que son exposition (par exemple à l’abri de la pluie ou
exposé, interne ou externe) ;
– la taille et le type d’éprouvette utilisée (c’est-à-dire in situ, une carotte ou un fragment) ;
– la composition de la solution indicatrice (phénolphtaléine) utilisée ;
– les valeurs de profondeur de carbonatation ;
– un document contenant le profil de carbonatation lorsque cela est exigé ;
– une référence à la norme NF EN 14630 [3].
Fig. 10. Schéma de la mesure de la profondeur du béton carbonaté.

3.4.5 Remarques
Les remarques ci-après, issues de la norme NF EN 14630 [3] sont à prendre en compte :
« Note 1. Il convient de mesurer et de noter le virage instantané au rouge-pourpre dans les 30 s qui suivent la pulvérisation. Si
la couleur vire lentement et/ou si la surface de contour est diffuse, la méthode ne donnera pas de résultats assez exacts dans
tous les cas, et il se peut qu’elle indique des zones de carbonatation partielle. Dans ce cas, une autre méthode d’essai peut être
adoptée, si nécessaire, pour confirmer les résultats de l’essai sur chantier, par exemple un examen pétrographique.
Note 2. Lorsque le béton est très sec, une légère brume d’eau peut être appliquée à la surface cassée juste avant l’application
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de la solution de phénolphtaléine. La quantité d’eau pulvérisée permet de conserver la concentration initiale de la solution de
phénolphtaléine.
Note 3. Il convient de faire particulièrement attention lorsque cette méthode est utilisée sur du béton contenant des matériaux
hydrophobes ou traité avec ces matériaux […]. En effet, ces matériaux peuvent inhiber le développement de la couleur pourpre
caractéristique, même dans du béton non carbonaté. Dans ces conditions, il peut s’écouler un délai de plusieurs minutes avant
que la couleur ne se développe, et cette couleur peut sembler irrégulière par rapport aux bétons CEM I non traités ou non modifiés.
Il n’est pas nécessaire d’analyser le béton avant de procéder à l’essai, mais des résultats anormaux peuvent indiquer que le béton
contient ces matériaux ou a été traité avec eux.
Note 4. Cette méthode ne permet pas de faire de distinction entre la perte d’alcalinité provoquée par la carbonatation et celle
que donnent d’autres facteurs tels que l’exposition à des acides ou à d’autres gaz acides. Lorsque d’autres causes peuvent être
présentes, leurs effets peuvent être déterminés par une analyse en laboratoire. » [3]

3.5 Mesure de dureté superficielle au scléromètre


3.5.1 Principe
Cette mesure constitue l’un des essais non destructifs les plus anciens ; développée par l’ingénieur suisse Ernst Schmidt en 1948,
elle est encore utilisée de nos jours. Le principe de base de l’essai au scléromètre (Schmidt Hammer Test) est que le rebond d’une
masse élastique dépend de la dureté de la surface sur laquelle frappe la masse [4].
L’essai au scléromètre est destiné à mesurer la dureté superficielle du béton pour évaluer l’homogénéité surfacique de la qualité du
matériau, ainsi que sa résistance à la compression. Il consiste à projeter une masse donnée contre un parement par l’intermédiaire
d’un ressort. La réaction résultant du choc donne l’indice sclérométrique, qui est corrélé à l’inclinaison de la surface.
L’équipement spécifique est le scléromètre, constitué d’un marteau en acier comprimé par un ressort qui, après libération,
projette une tige de percussion en acier au contact de la surface du béton. La vitesse de déplacement du marteau produite par le
ressort doit être constante et reproductible. Le rebondissement du marteau en acier par rapport à la tige de percussion en acier
est mesuré sur une échelle linéaire solidaire du bâti de l’instrument. En plus du scléromètre, il est nécessaire de disposer d’une
enclume de calibrage.
Cet essai est peu coûteux, simple et rapide. Les inconvénients de cette méthode sont la faible profondeur investiguée et la
sensibilité à l’état de la surface.
Cet essai ne peut pas se substituer aux essais pour la détermination de la résistance du béton à la compression. Cependant, il
peut fournir une estimation d’une résistance du béton in situ si des corrélations fiables sont établies.

3.5.2 Étapes
Calibrage
Le scléromètre est tout d’abord calibré en effectuant les opérations suivantes :
– déposer l’enclume de calibrage sur un support dur et lisse ;
– nettoyer les surfaces de contact de l’enclume et de la tige de percussion ;
– contrôler le scléromètre à béton avec une dizaine de frappes, puis vérifier si la valeur est conforme à celle indiquée sur l’enclume
par le fabricant. Si la valeur est non conforme, le nettoyage et le réglage du scléromètre ou le remplacement du ressort doivent
être effectués.
Essai
L’essai se réalise sur un élément de structure après avoir décapé l’enduit et la peinture.
Les étapes sont alors les suivantes :
– dépoussiérer le support ;
– éliminer toute trace d’humidité ;
– localiser les armatures pour ne pas effectuer de mesure au-dessus. En effet, l’impact sur une armature proche de la surface
(faible enrobage) peut fausser le résultat et donner un indice élevé ;
– poncer au moyen d’une pierre à polir les surfaces de texture rugueuse ou peu résistantes, ou celles couvertes de laitance,
jusqu’à ce qu’elles soient lisses (photo 14a). Les surfaces brutes de coffrage ou lissées à la truelle peuvent être soumises à
l’essai sans ponçage ou meulage préalable ;
– marquer les points à tester au crayon ou à la craie (photo 14b). La distance minimale entre deux essais de choc est de 25 mm,
et au maximum de 50 mm. Il est préférable d’avoir un quadrillage le plus régulier possible. Aucun essai ne doit être réalisé à
moins de 25 mm du bord de la surface testée pour ne pas avoir une perte d’énergie de l’impact par effet de bord. Le nombre
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minimal de points à tester sur la même surface est de neuf selon la norme NF EN 12504-2 [5] ;
– placer le scléromètre perpendiculairement à la surface à examiner, et procéder à la mesure (photo 14c) ;
– examiner chaque empreinte laissée sur la surface. Si le choc provoque l’écrasement ou la perforation d’une surface proche d’un
vide d’air, le résultat ne doit pas être pris en considération ;
– la lecture se fait directement sur l’appareil ou l’écran d’affichage (photo 14d). Certains équipements sont munis d’enregistreur
ou de papier marqueur.

Important
La présence d’un gros granulat sous la tête du marteau donne des résultats élevés. Au contraire, la présence d’un vide à la
même position entraîne un résultat très faible.
En outre, le marteau doit être actionné au moins trois fois avant de procéder à la lecture d’une série de résultats, afin de
s’assurer qu’il fonctionne correctement.

3.5.3 Exploitation des résultats


Le scléromètre ne mesure que les propriétés de surface du béton. L’épaisseur concernée par cet essai est d’environ 30 mm.
Le résultat de l’essai est la valeur médiane de l’ensemble des lectures effectuées, éventuellement corrigées afin de prendre en
compte l’orientation du marteau, conformément aux instructions délivrées par le fabricant. Cette valeur est exprimée sous forme
de nombre entier.
Si plus de 20 % de l’ensemble des lectures effectuées sur une surface d’essai donnée diffèrent de la valeur médiane de plus de
six unités, l’ensemble des lectures doit être écarté.
Chaque appareil est livré avec une courbe de conversion de l’indice sclérométrique en résistance à la compression (fig. 11).
Toutefois, certains appareils électroniques indiquent directement la conversion de l’indice suivant l’orientation détectée par
l’appareil.
Le rapport d’essai contient les informations suivantes :
– l’identification de la structure du béton ou de la pièce ;
– l’emplacement de la surface d’essai ;
– l’identification du scléromètre ;
– la description de la préparation de la surface ;
– les informations détaillées sur la composition et l’état du béton ;
– les résultats de l’essai (valeur médiane) pondérés en fonction de l’orientation du marteau (verticale ou horizontale) pour chaque
surface d’essai ;
– les facteurs influant sur les résultats des mesures.

a. Ponçage des surfaces de mesure b. Marquage des points à tester c. Mesure

d. Exemple de résultat de mesure


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Fig. 11. Exemple de courbe de conversion d’un scléromètre.

3.5.4 Facteurs influant sur les résultats des mesures


L’humidité du béton influence le résultat obtenu par l’essai sclérométrique [4]. Pour un même béton, humide ou sec en surface,
les résultats de l’essai sont différents. De plus, il existe une différence moyenne d’environ 5 MPa selon la position, horizontale ou
verticale, du scléromètre.
L’âge du béton et la profondeur de carbonatation peuvent sensiblement accroître les valeurs de rebondissement. La norme
américaine ASTM C805-97 [6] spécifie que pour un mélange de béton donné, le nombre de rebonds dépend de la profondeur
de carbonatation, et précise que l’utilisateur doit faire preuve de jugement professionnel lors du test de béton carbonaté. Il est
impératif de tenir compte de la profondeur de carbonatation du béton lors du calcul de la résistance à la compression obtenue
par essai sclérométrique. En effet, comme le mentionne la norme américaine BS 1881-202 [7], l’effet de la carbonatation est
d’augmenter la dureté du béton. Les taux normaux de carbonatation ne touchent pas de manière significative la dureté mesurée
lorsque le béton a moins de 3 mois.
Les effets de carbonatation sont plus graves dans les bétons plus anciens, lorsque la couche carbonatée peut atteindre plusieurs
millimètres d’épaisseur et, dans les cas extrêmes, jusqu’à 20 mm d’épaisseur. Dans de tels cas, le nombre de rebonds peut être
50 % plus élevé que ceux obtenus sur une surface de béton non carbonatée. Des facteurs de correction appropriés devraient être
établis dans de tels cas, à défaut de quoi il en résulterait une surestimation de la résistance du béton. Lorsque l’épaisseur du béton
carbonaté dépasse 7 à 8 mm, la réduction de la résistance obtenue par le scléromètre peut atteindre 40 %.

3.6 Détermination de la vitesse de propagation du son (ultrasons)


3.6.1 Principe
Cet essai permet de déterminer la vitesse de propagation d’ondes longitudinales dans le béton, et donc de mesurer le temps mis
par une onde à parcourir une distance connue dans le béton.
La vitesse ici mesurée est celle du son. Elle est d’autant plus élevée que le béton a un module d’élasticité important. Dans ce type
de mesure, un train d’ondes longitudinales est produit par un transducteur électroacoustique maintenu au contact de la surface
du béton soumis à l’essai. Après avoir parcouru une longueur connue dans le béton, le train de vibrations est converti en signal
électrique par un second transducteur, et des compteurs électroniques mesurent le temps de parcours de l’impulsion.
Les objectifs de l’essai peuvent être :
– la détermination de l’uniformité (l’homogénéité) du béton ;
– la détection de la présence et la mesure approximative de fissures, trous et autres défauts ;
– l’évaluation de l’efficacité de réparations de fissures ;
– la mesure des changements intervenus avec le temps dans les propriétés du béton ;
– la corrélation de la vitesse d’impulsion et de la résistance comme une mesure de la qualité du béton ;
– la détermination du module d’élasticité et du coefficient de Poisson dynamiques du béton.
L’appareillage est constitué essentiellement d’un générateur d’impulsions électriques, de plusieurs transducteurs (un émetteur et
un ou plusieurs récepteurs) et d’un dispositif de chronométrage (photo 15). Les contacts entre les transducteurs avec la pièce à
ausculter sont ponctuels ou surfaciques.
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Photo 15. Exemple d’appareil à ultrasons (1), de transducteurs (2), de produit couplant (3) et de barreau de calibrage (4).

La qualité du contact entre les transducteurs et le béton est primordiale pour la validité de la mesure. Pour cela, un produit couplant est interposé, qui peut être de
la vaseline, du savon liquide ou de la graisse silicone. Pour les contacts ponctuels, le produit couplant n’est pas nécessaire.

3.6.2 Méthodes de mesure


Trois méthodes de mesure sont possibles :
– la méthode par transmission directe (ou transparence) ;
– la méthode par transmission indirecte (ou de surface) ;
– la méthode par transmission semi-directe (ou semi-transparence).
Dans tous les cas, les étapes pour les mesures sont les suivantes : 
– dépoussiérer le support ;
– éliminer toute trace d’humidité ;
– localiser les armatures ;
– marquer les points à tester au crayon ou à la craie ;
– poncer au moyen de la pierre à polir les surfaces de texture rugueuse ou peu résistantes, ou encore celles couvertes de laitance,
jusqu’à ce qu’elles soient lisses. Les surfaces brutes de coffrage ou lissées à la truelle peuvent être soumises à l’essai sans
meulage préalable ;
– calibrer grâce au barreau de calibrage (voir photo 15) fourni avec l’appareil pour obtenir une ligne de référence du mesurage
de la vitesse ;
– mesurer selon la méthode choisie.
Méthode de transmission directe
L’émetteur et le récepteur sont appliqués sur les deux faces opposées de l’élément à mesurer (fig. 12). Doivent être notées :
– la mesure de la distance séparant les deux transducteurs ; elle doit être supérieure à quatre fois le plus gros diamètre des
granulats ;
– la valeur minimale du temps du parcours, qui indique que l’épaisseur du produit de couplage a été réduite au minimum.
Chaque mesure doit être répétée au moins trois fois en repositionnant au même endroit les transducteurs.
Méthode de transmission indirecte
Les deux transducteurs (émetteur et récepteur) sont appliqués sur la même surface plane de l’élément à mesurer (fig. 13).
L’émetteur reste fixe et le récepteur change de position à chaque mesure. Au moins cinq mesures en cinq points alignés sont
prises en s’assurant que la distance entre chaque point est comprise entre 10 et 30 cm. Si le plus gros granulat du béton dépasse
20 mm, la distance minimale entre deux points est de 15 cm. L’utilisation d’un détecteur d’armatures permet d’éviter de prendre
des mesures au-dessus ou à proximité des armatures, surtout celles parallèles à la direction de propagation de l’impulsion, afin
que la mesure prenne correctement en compte le béton et non l’acier. Le temps du parcours est noté. Chaque mesure est répétée
trois fois, en repositionnant les transducteurs au même endroit.
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Méthode de transmission semi-directe


L’émetteur et le récepteur sont positionnés sur deux faces non coplanaires de l’élément à mesurer (fig. 14). Si une seule mesure
est réalisée, l’essai se déroule en suivant la méthode par transmission directe. Si plusieurs mesures sont réalisées en déplaçant
le transducteurrécepteur, l’essai est réalisé en suivant la méthode par transmission indirecte.

3.6.3 Exploitation des résultats


Pour la méthode de transmission directe, des études de la Réunion internationale des laboratoires et experts des matériaux
(RILEM) [8] ont montré que des corrélations sont possibles entre la résistance à la compression et le temps de propagation des
ondes soniques : plus la vitesse de propagation est importante, meilleure est la qualité du béton. Le tableau 2 donne une idée de
la qualité du béton en fonction de cette vitesse.
Tab. 2. Qualité du béton en fonction de la vitesse de propagation des ondes soniques (source : d’après RILEM [8]).

Qualité Vitesse de propagation (m/s)


Excellente > 4 000
Bonne 3 200 à 4 000
Moyenne 2 500 à 3 200
Mauvaise 1 700 à 2 500
Très mauvaise < 1 700
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3.6.4 Facteurs influant sur les résultats des mesures


Teneur en humidité
La teneur en humidité produit deux effets sur la vitesse de propagation du son, l’un chimique, l’autre physique [4]. Ces effets sont
importants pour l’établissement de corrélations destinées à fournir une estimation de la résistance du béton. Entre une éprouvette
normalisée cubique ou cylindrique soumise à une cure correcte et un élément structurel réalisé avec le même béton, il peut y avoir
une différence importante de vitesse de propagation du son.
La plupart des différences sont dues à l’influence des conditions de séchage sur l’hydratation du ciment, tandis que certaines
sont dues à la présence d’eau libre dans les vides. Il est important de bien tenir compte de ces effets pour estimer la résistance.
Température du béton
Il a été constaté que des variations de température du béton comprises entre 10 et 30 °C n’entraînent pas de changement
significatif de la vitesse de propagation du son en l’absence de changements correspondants des propriétés de résistance ou
d’élasticité. Il convient de corriger les mesures de vitesse de propagation du son seulement pour les températures non comprises
dans cette plage de températures, en se référant à des documents de référence tels que la norme américaine BS 1881-203 [9],
qui donne les corrections à apporter au temps de parcours en fonction de la température.
Forme et dimension de l’éprouvette
La vitesse de propagation du son est indépendante de la dimension et de la forme de l’éprouvette, sauf si sa plus petite dimension
latérale est inférieure à une valeur minimale. Au-dessous de cette valeur, la vitesse de propagation du son peut être réduite de
manière appréciable.

3.7 Prélèvement de carottes de béton


3.7.1 Objectifs de prélèvement des carottes
La réalisation de carottages dans les structures en béton armé a pour objectif d’effectuer des prélèvements d’échantillons de
béton, et de procéder à leur examen et leur préparation avant les essais de :
– vérification ou détermination de leur résistance à la compression ;
– diagnostic après sinistre ;
– vérification de l’épaisseur ;
– vérification de l’oxydation des armatures ;
– mesure de l’humidité ;
– mesure de l’épaisseur du béton carbonaté ;
– autres analyses physiques ou chimiques ;
– recherche d’hétérogénéité.

3.7.2 Équipements spécifiques


Pour le carottage, seront en général utilisés (photo 16) :
– une carotteuse électrique ou thermique ;
– une série de couronnes ;
– des outils pour extraire les carottes ;
– un système d’alimentation en eau pour le
refroidissement.

Photo  16.  Carotteuse en action.

3.7.3 Emplacement et nombre d’échantillons à prélever


Avant tout prélèvement de carottes, il convient de définir les objectifs de l’essai et le mode d’interprétation des résultats. Par
ailleurs, avant extraction, les implications possibles du carottage sur les structures doivent être considérées.
L’emplacement, le nombre et les dimensions des échantillons à prélever dépendent des objectifs de l’auscultation. Leur nombre
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doit être défini de manière que les résultats soient représentatifs de l’ouvrage.
Il est généralement utile de prélever des carottes non seulement dans les parties les plus détériorées, mais aussi dans les parties
saines. En effet, si les carottes doivent subir un essai de compression pour évaluer leur résistance, il est préférable de faire une
comparaison entre le béton sain et le béton détérioré ou malsain.
Les carottes sont de préférence prélevées à distance des joints ou des arêtes de l’élément de béton, et à des emplacements
dénués d’armatures métalliques, ou ne présentant que peu d’armatures métalliques, afin de ne pas altérer le comportement
mécanique de l’élément.
Enfin, il est préconisé de reboucher les trous des carottages à l’aide d’un mortier ou d’un microbéton à retrait limité. Cette action
est recommandée pour des raisons d’aspect, de durabilité, de continuité de la résistance mécanique de la structure, et pour éviter
le risque de contact des armatures dénudées avec le milieu ambiant. Le fait d’avoir un matériau à retrait compensé empêche
d’avoir un vide entre l’ancien béton et le matériau de réparation.

3.7.4 Techniques de prélèvement


Un détecteur d’armatures est utilisé préalablement à l’extraction pour les localiser, afin d’éviter le plus possible qu’une extraction
les traverse. Sauf spécification différente, l’extraction est réalisée perpendiculairement à la surface, de sorte que les carottes ne
subissent aucune dégradation. Le carottier est tenu fermement en place durant l’opération (photo 17).
Les carottes utilisées pour déterminer la résistance à la compression ne doivent contenir aucune armature qui soit parallèle, ou
presque parallèle, à leur axe longitudinal. En effet, les armatures verticales occasionnent une fausse résistance à la compression
et, de ce fait, faussent le résultat de l’essai.

3.7.5 Description et désignation des échantillons


L’emplacement et l’orientation de chaque prélèvement (horizontal ou vertical, vers le haut ou vers le bas) sont notés avec soin.
La direction du carottage (haut/bas) sur la carotte est également indiquée immédiatement après le prélèvement, au moyen d’une
flèche ou d’une marque.

Photo 17. Carottage évitant les armatures verticales.

L’évaluation en laboratoire commence généralement par une description des échantillons : type, dimension, provenance, etc. Ces
données sont enregistrées dans un procès-verbal de prélèvement, qui comporte également la date de prélèvement ainsi que des
photographies, ou une description, de chaque carotte.
Les mesures qui doivent être réalisées sur la carotte sont : 
– son diamètre, avec une précision de ± 1 %, pour deux mesures effectuées dans deux directions orthogonales, au milieu et aux
quarts de la longueur de la carotte ;
– sa longueur à la réception, avec une précision de ± 1 % sur les longueurs maximale et minimale (pour les surfaces de cassures
non planes), puis sa longueur à l’issue de sa préparation ;
– le diamètre et la position de toute armature métallique, avec une précision de ± 1 mm.
Comme exemple, la photo 18 présente quatre carottes prélevées sur une dalle de 60 cm coulée avec une interruption du bétonnage
de 2 heures à la suite d’une panne de la centrale – l’objectif du carottage étant de confirmer s’il y a eu collage ou non entre le
béton des deux phases du bétonnage. La ligne nette de discontinuité des quatre échantillons a montré que le collage n’avait pas
été assuré entre les deux bétons.
Le lieu de carottage doit également être inspecté, notamment si la carotte se présente en deux ou plusieurs morceaux, ou
comporte des matériaux distincts. Par exemple, la photo 19 montre une carotte en deux morceaux, dont la rupture pourrait être
due à l’opération de carottage. Cependant, l’inspection du lieu de carottage montre une discontinuité (fissure) dans la structure
même.
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Les divers objectifs du carottage donnent lieu à des exploitations différentes. Les photos  20, 21 et  22 fournissent quelques
exemples.

Photo 18. Carottages montrant l’absence de collage entre le béton de 2 phases de bétonnage.

a. b.
Photo 19. Carotte en 2 morceaux (a) et emplacement de la carotte (b).

Photo 20. Carotte pour rechercher une hétérogénéité.


Photo 21. Carotte pour identifier une profondeur de fissure.
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Photo 22. Carotte pour rechercher le nombre de nappes du ferraillage.

3.7.6 Exigences pour l’écrasement des carottes


Une carotte destinée à être écrasée doit répondre à certains critères, dont le diamètre minimal, l’élancement, l’absence de fissures
et l’absence d’armatures, ainsi qu’aux exigences suivantes :
• diamètre supérieur à 3 fois le diamètre maximal des granulats ;
• sciage effectué au disque diamanté ;
• bonne conservation jusqu’à l’essai ;
• si l’essai est effectué sur une éprouvette saturée d’eau, immerger la carotte dans l’eau à 20 °C au moins 40 h avant l’essai pour
la rendre équivalente aux conditions de la structure ;
• concernant l’élancement, qui est le rapport entre la longueur L et le diamètre de la carotte d :
– l’élancement est égal à 2 si la résistance de la carotte est à comparer à celle d’une éprouvette cylindrique,
– l’élancement est égal à 1 si la résistance de la carotte est à comparer à celle d’une éprouvette cubique,
– dans les autres cas, c’est-à-dire pour un élancement compris entre 1 et 2, les données du tableau 3, issu de la norme
ASTM C42 [10], sont utilisées.

Tab. 3. Facteurs de correction cylindre-cube (source : d’après la norme ASTM C42 [10]).

Rapport L/d Facteur de correction cylindre-cube

1,75 0,98
1,5 0,96
1,25 0,93
1,00 0,87

3.7.7 Étapes
Les étapes de l’essai sont les suivantes :
– scier la carotte au disque diamanté (photo 23a) ;
– mesurer et noter les dimensions de la carotte après sciage (photo 23b) ;
– ne pas réaliser d’essai de compression sur des carottes dont les surfaçages sont fissurés, bullés ou adhèrent mal au béton ;
– éliminer toute trace de sable ou d’autre matériau de la surface de l’éprouvette ;
– si l’éprouvette est soumise à l’essai alors qu’elle est encore humide, éliminer toute trace d’eau superficielle ;
– consigner l’état d’humidité (humide/sec) de la surface de l’éprouvette au moment de l’essai ;
– après écrasement, vérifier l’état du béton à l’intérieur pour noter d’éventuelles anomalies (photo 23c).
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3.8 Combinaison de plusieurs méthodes


Les méthodes présentées ci-avant pour évaluer les performances mécaniques du béton en place dans les structures peuvent être
complémentaires. Cette solution est particulièrement avantageuse pour effectuer le diagnostic général d’une structure et permet
de profiter des avantages de chaque méthode.
La norme NF EN 13791 [11] propose de combiner deux ou plusieurs méthodes.
L’évaluation de la résistance à la compression sur site réalisée directement à partir d’essais sur carottes constitue la méthode de
référence. Elle peut également être effectuée indirectement à l’aide d’autres essais (scléromètre, ultrasons…) ou en combinant
les diverses méthodes d’essai. Dans le cas d’essais indirects, l’incertitude associée à la relation entre l’essai indirect et l’essai sur
carotte est prise en compte.
Les résultats d’essai peuvent permettre d’estimer la résistance caractéristique sur site et la classe de résistance correspondante
conformément à la norme NF EN 206+A2 [12].
Les essais indirects peuvent remplacer les essais sur carottes pour évaluer la résistance à la compression sur site du béton dans
une structure, ou peuvent compléter les données obtenues à partir d’un nombre limité de carottes. Les méthodes indirectes sont
par nature non destructives ou semi-destructives. Elles peuvent être utilisées après étalonnage avec les essais sur carottes de la
manière suivante :
– seules ;
– en combinant des méthodes indirectes ;
– en combinant des méthodes indirectes et des méthodes directes (carottes).
Deux variantes sont prévues pour évaluer la résistance à la compression sur site :
– la corrélation directe avec des carottes ;
– l’étalonnage avec des carottes pour un intervalle de résistance limité, en utilisant une relation établie, c’est-à-dire une courbe
de base, ainsi qu’une valeur de décalage de cette courbe, établie à l’aide des essais sur carottes.

En savoir plus
Khemakhem (Mehrez), Benjeddou (Omrane), Diagnostic, entretien et réparation des ouvrages en béton armé en 44  fiches
pratiques, Éd. du Moniteur, 2020.

a. Sciage b. Vérification des dimensions c. Carotte après


écrasement

Photo 23. Étapes de préparation des carottes

4 Références

[1] Khemakhem (Mehrez), Benjeddou (Omrane), Diagnostic, entretien et réparation des ouvrages en béton armé en 44 fiches
pratiques, Éd. du Moniteur, 2020.
[2] ASTM C876-91 (mars 1991) : Standard Test Method for Half-Cell Potentials of Uncoated Reinforcing Steel in Concrete.
[3] NF EN 14630 (février 2007 – indice de classement : P 18-984) : Produits et systèmes pour la protection et la réparation des
structures en béton – Méthodes d’essai – Mesurage de la profondeur de carbonatation d’un béton armé par la méthode
phénolphtaléine.
[4] Willetts (C. H.), « Investigation of the Schmidt Concrete Test Hammer », US Army Engineer Waterways Experiment Station, Misc.
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Paper 627, 1958.


[5] NF EN 12504-2 (juillet 2021 – indice de classement : P 18-444-2) : Essais pour béton dans les structures – Partie 2 : essais
non destructifs – Détermination de l’indice de rebondissement.
[6] ASTM C805-97 (novembre 1997) : Standard Test Method for Rebound Number of Hardened Concrete.
[7] BS 1881-202 (février 1986) : Testing Concrete. Recommendations for Surface Hardness Testing by Rebound Hammer.
[8] RILEM TC 154-EMC (août 2003) : Electrochemical Techniques for Measuring Metallic Corrosion – Half-Cell Potential
Measurements – Potential Mapping on Reinforced Concrete Structures.
[9] BS 1881-203 (août 1986) : Testing Concrete. Recommendations for Measurement of Velocity of Ultrasonic Pulses in Concrete.
[10] ASTM  C42/C42M-20 (avril  2020)  : Standard Test Method for Obtaining and Testing Drilled Cores and Sawed Beams of
Concrete.
[11] NF EN 13791 (août 2019 – indice de classement : P 18-410) : Évaluation de la résistance à la compression sur site des
structures et des éléments préfabriqués en béton.
[12] NF EN 206+A2 (mars 2021 – indice de classement : P 18-325) : Béton – Spécification, performances, production et
conformité.
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