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Lycée Louis-Le-Grand, Paris

MPSI 4 – Mathématiques
A. Troesch

Problème no 1 : Ensembles

Correction du problème 1 – Topologies et filtres

Partie I – Topologies

1. Reformulation.

• Si la propriété (O2 ) est satisfaite, la propriété (O2a ) découle du cas |I| = 2, et la propriété (O2b ) découle du
cas |I| = 0, et de la convention adoptée pour les intersections vides.
• Réciproquement, si (O2a ) et (O2b ) sont vérifiées, la propriété (O2 ) est vérifiée pour tout |I| de cardinal 0
(d’après (O2b )), de cardinal 1 (c’est une trivialité) et de cardinal 2 (d’après (O2a )). Montrons par récurrence
sur le cardinal de I que cela reste vrai pour I de cardinal fini quelconque. Ce qui précède constitue l’ini-
tialisation. Soit n > 2, et supposons que (O2 ) est vrai pour toute intersection de n termes. Soit alors une
famille de cardinal n + 1 d’éléments de O. Quitte à réindexer les éléments, on peut supposer, sans perte de
généralité, que ces éléments sont numérotés U1 , . . . , Un+1 Soit alors U ′ = U1 ∩ · · · ∩ Un . Par hypothèse de
récurrence, U ′ ∈ O. Comme Un+1 ∈ O, par (O2a ), on obtient U ′ ∪ Un+1 ∈ O, ce qui est bien ce qu’il fallait.
Ainsi, (O2 ) équivaut à (O2a ) ∧ (O2b ) .
2. Exemples triviaux.
(a) Topologie triviale : soit O = {∅, X}.
• Toute union d’une famille dont chaque terme est ∅ ou X est égal à X dès lors qu’au moins un des termes
vaut X et à ∅ sinon. Cela prouve (O1 ).
• De même, toute intersection d’une famille dont chaque terme est ∅ ou X est égal à ∅ dès lors qu’au
moins un des termes vaut ∅ et à X sinon. Cela prouve (O2 ) (et même plus, puisqu’on n’a pas eu à
imposer de cardinal fini à I).
Ces affirmations sont aussi valable dans le cas trivial où I = ∅, par les conventions adoptées.
Ainsi, O = {∅, X} est une topologie.
(b) Topologie discrète :
Puisque toute union ou toute intersection de sous-ensembles de X est encore un sous-ensemble de X, (y
compris dans le cas trivial où I = ∅), P(X) est stable par union quelconque et intersection finie. On en
déduit que P(X) est une topologie sur X.
3. Un autre exemple : la topologie usuelle de R.
(a) • Soit U un ouvert de R, et x ∈ U . Par définition, il existe ε > 0 tel que pour tout y ∈ R, vérifiant
|y − x| < ε, on a y ∈ U . Soit un tel ε, soit y ∈]x − ε, x + ε[. On a alors |y − x| < ε, donc y ∈ U .
• Réciproquement, si pour tout x ∈ U , on a un ε > 0 tel que ]x − ε, x + ε[⊂ U , alors pour un tel ε, dès
lors que y ∈ R vérifie |y − x| < ε, on obtient

y ∈]x − ε, x + ε[⊂ U, donc: y ∈ U.

On a bien trouvé, pour tout x ∈ U un réel ε > 0 validant la définition des ouverts.
Ainsi, U est ouvert si et seulement si pour tout x ∈ U , il existe ε > 0, tel que ]x − ε, x = ε[⊂ U .
(b) (i) Soit U = ∅. La propriété définissant les ouverts est vraie par défaut, puisqu’on quantifie universellement
sur l’ensemble vide (souvenez-vous que ∀x ∈ E, P(x) traduit l’expression ∀x, x ∈ E =⇒ P(x) ; avec
E = ∅, on est ramené au cas d’une implication dont l’hypothèse est toujours fausse : cette implication
est donc toujours vraie).
Ainsi, U = ∅ est un ouvert.

1
(ii) Soit x ∈ R, et (par exemple) ε = 1. On a alors évidemment ]x−ε, x+ε[⊂ R. Donc R est un ouvert de R .
(iii) Soit x = a. Alors, pour tout ε > 0, ]a − eps, a + ε[6∈ [a, b], puisqu’on peut trouver un réel y ∈]a − ε, a[,
qui est donc dans ]a − eps, a + ε[ mais pas dans [a, b]. Ainsi, [a, b] n’est pas un ouvert de R .
(iv) Soit x ∈]a, b[, et 0 < ε < min(x − a, b − x). Un tel choix de ε est possible, puisque min(x − a, b − x) > 0.
On a alors :

x − ε > x − min(x − a, b − x) > x − (x − a) = a et x + ε < x + min(x − a, b − x) 6 x + (b − x) = b.

Ainsi, ]x − ε, x + ε[⊂]a, b[.


Par conséquent, ]a, b[ est un ouvert de R .
(v) Soit x ∈ R \ Q ; un tel x existe car tous les réels ne sopnt pas rationnels. On peut prendre par exemple

x = 2. Par densité de Q dans R, tout intervalle ]x − ε, x + ε[ contient un élément de Q. Ainsi, pour
tout ε > 0, ]x − ε, x + ε[6⊂ R \ Q, donc R \ Q n’est pas un ouvert de R .
(c) Soit O l’ensemble formé de tous les ouverts de R. [
• Soit (Ui )i∈I une famille d’éléments de O, donc une famille d’ouverts de R. Soit x ∈ Ui . Il existe i0 ∈ I
i∈I
tel que x ∈ Ui0 . Comme Ui0 est ouvert, il existe ε > 0 tel que ]x − ε, x + ε ⊂ Ui0 . Comme Ui0 est inclus
dans l’union de tous les Ui , on en déduit :
[
]x − ε, x + ε[⊂ Ui .
i∈I
[ [
Ainsi, un tel ε existant pour tout x de Ui , on en déduit que Ui est ouvert, d’où la propriété (O1 ).
i∈I i∈I
• Soit I un ensemble fini, disons, sans perte de généralité, I = [[1, n]]. Soit U1 , . . . , Un des ouverts de R. Si
\n
Ui est vide, alors il est ouvert d’après 3(b)i. Si n = 0, l’intersection vaut par convention R qui est
i=1
n
\
ouverte. Sinon, soit x ∈ Ui . Pour tout i ∈ [[1, n]], x ∈ Ui , et Ui étant ouvert, on en déduit l’existence
i=1
de εi > 0 tel que ]x − εi , x + εi [⊂ Ui . Soit alors

ε = min(ε1 , . . . , εn ) > 0

(l’inégalité est stricte car on a un nombre fini de termes : le minimum étant l’un des n termes, il est
strictement positif). On a alors pour tout i ∈ [[1, n]] :

ε 6 εi donc: ]x − ε, x + ε[⊂]x − εi , x + εi [⊂ Ui .

Cette inclusion étant vérifiée pour tout i de [[1, n]], on en déduit :


n
\
]x − ε, x + ε[⊂ Ui .
i=1

n
\
Ainsi, Ui est ouvert. D’où la propriété (O2 ).
i=1
On en déduit que O est une topologie sur R.
4. Voisinages.
(a) • Soit x ∈ X et V un voisinage de x. Il existe un ouvert U tel que x ∈ U ⊂ V . Puisque U est ouvert, Par
3(a), il existe ε > 0 tel que ]x − ε, x + ε[⊂ U , donc aussi ]x − ε, x + ε[⊂ V .
• Réciproquement, supposons qu’il existe ε > 0 tel que ]x−ε, x+ε[⊂ V . Alors on peut poser U =]x−ε, x+ε[.
Il s’agit d’un ouvert de R d’après 3(b)iv, et on a bien x ∈ U ⊂ V . Donc V est un voisinage de x.
Ainsi, V est un voisinage de x si et seulement s’il existe ε tel que ]x − ε, x + ε[⊂ V .
(b) On peut remarquer que la question précédente et la question 3(a) montre que dans le cas de la topologie
usuelle de R, le résultat attendu est vrai. Étudions le cas général.

2
• Soit U un ouvert. Soit x ∈ U . Il existe alors un ouverte U ′ (par exemple U ′ = U ) vérifiant x ∈ U ′ ⊂ U .
Ainsi, U est un voisinage de x. Ceci étant vrai pour tout x ∈ U , U est un voisinage de tous ses points.
• Réciproquement, soit U un ensemble qui est voisinage de tous ses points. Soit x ∈ U . Il existe donc par
définition d’un voisinage, un ouvert Ux tel que x ∈ Ux ⊂ U , donc {x} ⊂ Ux ⊂ U . En prenant l’union de
ces inclusions pour tout x ∈ U , on obtient :
[ [
U= {x} ⊂ Ux ⊂ U.
x∈U x∈U

Par double inclusion, on en déduit que [


U= Ux .
x∈U

Comme les Ux sont ouverts, on déduit de (O1 ) que U est ouvert.


Ainsi, U est ouvert si et seulement s’il est voisinage de tous ses points.
(c) Soit V ∈ V(x) un voisinage d’un élément x de X, et W un ensemble tel que V ⊂ W ⊂ X. Par définition d’un
voisinage, il existe un ouvert U tel que x ∈ U ⊂ V , donc aussi x ∈ U ⊂ W . Ainsi, W est un voisinage de x.
(d) On se restreint au cas d’un nombre fini non nul de voisinage (le cas n = 0 étant trivial, l’intersection étant
X tout entier, qui est ouvert par O2b , donc voisinage de tous ses points, et en particulier de x). Soit donc
n > 1, et V1 , . . . , Vn des voisinages de x. On a alors l’existence d’ouverts U1 , . . . , Un tels que pour tout
i ∈ [[1, n]], x ∈ Ui , et Ui ⊂ Vi . On a alors aussi :
n
\ n
\ n
\
x∈ Ui et Ui ⊂ Vi .
i=1 i=1 i=1

n
\ n
\
Or, d’après (O2 ), Ui est ouvert, donc Vi est un voisinage de x .
i=1 i=1

Partie II – Filtres

1. Des exemples
(a) Soit x ∈ X, et F = V(x) l’ensemble des voisinages de x. Vérifions pour V(x) les propriétés définissant un
filtre :
• (F1 ) est conséquence immédiate de I-4(c).
• (F2 ) est conséquence immédiate de I-4(d).
• (F3 ) provient du fait que tout voisinage de x contient x, donc n’est pas vide.
Ainsi, V(x) est un filtre sur X .
(b) Soit X un ensemble infini, et
F = {Ac , A ⊂ X, A fini},

où Ac désigne le complémentaire de A dans X. Vérifions les 3 points de la définition d’un filtre.


• Soit B ∈ P(X) tel qu’il existe F ∈ F vérifiant F ⊂ B. On a alors B c ⊂ F c , et comme F c est fini, il en
est de même de B c . Ainsi, B ∈ F . D’où (F1 ).
• Soit (Bi )i∈I une famille finie d’éléments de F . Si I = ∅, l’intersection vaut X, de complémentaire ∅ ∈ F .
Sinon, !c
\ [
Bi = Bic .
i∈I i∈I

Cette union\est constituée d’un nombre fini d’ensembles finis, donc il s’agit d’un ensemble fini. On en
déduit que Bi ∈ F , d’où (F2 ).
i∈I
• ∅ 6∈ F car ∅c = X, qui est supposé infini. D’où (F3 ).
Ainsi, F est un filtre.
2. Filtre engendré par une partie de P(X), base de filtre

3
(a) Soit F le sous-ensemble de P(X) constitué des ensembles F ⊂ X tels qu’il existe B ∈ B vérifiant B ⊂ F .
Vérifions les 3 points de la définition d’un filtre.
• Soit A ∈ P(X) tel qu’il existe F ∈ F vérifiant F ⊂ A. Par définition de F , pour un tel F , il existe B ∈ B
tel que B ⊂ F . On a alors aussi B ⊂ A, donc A ∈ F . D’où (F1 ).
• Soit (Ai )i∈[[1,n]] une famille finie d’éléments de F . Si n = 0, l’intersection des Ai est X, qui est élément de
F du fait que B n’est pas vide (d’après (B1 )), et contient donc au moins un élément B, vérifiant B ⊂ X.
Supposons donc désormais n > 1.
Par définition, pour tout i ∈ [[1, n]], il existe Bi ∈ B tel que Bi ⊂ Ai . On a alors
\ \
Bi ⊂ Ai .
i∈[[1,n]] i∈I

La propriété (F2 ) résultera alors du lemme suivant, dont la démonstration est basée sur une récurrence
assez immédiate à partie de la propriété (B1 ) :
Lemme : Pour tout n ∈ N∗ , et toute famille (B1 , . . . , Bn ) d’éléments de B, il existe B ∈ B tel que
n
\
B⊂ Bi .
i=1

Le cas n = 1 est trivial en considérant B = B1 . Le cas n = 2 résulte de (B1 ). Soit donc n > 2 tel que le
lemme soit vrai pour tout famille de n éléments de B. Considérons alors B1 , . . . , Bn+1 , n + 1 éléments
de B. On a donc, par hypothèse de récurrence, l’existence de B ∈ B tel que

B ⊂ B1 ∩ · · · ∩ Bn , donc: B ∩ Bn+1 ⊂ B1 ∩ · · · ∩ Bn+1 .

Comme B et B1 sont dans B, on peut appliquer (B1 ), nous donnant l’existence de C ∈ B tel que
n+1
\
C ⊂ B1 ∩ B ⊂ Bi .
i=1

D’après le principe de récurrence, le lemme est vrai pour tout n ∈ N∗ , ce qui termine la preuve de la
propriété (F2 ) pour l’ensemble F .
• Soit F ∈ F . Il existe B ∈ B tel que B ⊂ F . Par (B3 ), B 6= ∅, donc F 6= ∅. On en déduit (F3 ).
Ainsi, F est un filtre.
Montrons la propriété de minimalité de F : soit G un filtre contenant B. Montrons que F ⊂ G. Soit pour
cela un élément F de F . Il existe donc B ∈ B tel que B ⊂ F . Or, B ⊂ G, donc B ∈ G. La propriété (F1 )
pour le filtre G nous assure alors que F ∈ G. Ainsi, F ⊂ G.
Par conséquent, F est le plus petit filtre contenant B .
(b) Montrons d’abord que le filtre F vérifie les propriétés (B1 ) à (B3 ).
• Soit B et C dans F . Par la propriété (F2 ), B ∩ C ∈ F . Ainsi, en posant D = B ∩ C, on a D ∈ F et
D ⊂ B ∩ C. D’où la propriété (B1 ).
• (B2 ) résulte de (F2 ), en considérant le cas d’une intersection vide : cela nous assure que l’ensemble total
X est dans F , donc F = 6 ∅.
• (B3 ) résulte de (F3 ).
Ainsi, F est une base de filtre, et F est clairement le plus petit filtre contenant F !
Par conséquent, F est une base de lui-même .
(c) Soit D un sous-ensemble non vide de P(X) tel qu’aucune intersection d’un nombre fini d’éléments de D ne
soit vide. Soit B constitué de toutes les intersections finies d’éléments de D. Vérifions les propriétés (B1 ) à
(B3 ) pour l’ensemble B.
• Soit B et C dans B. Par définition, il existe des éléments D1 , . . . , Dn et E1 , . . . , Em de D tels que

B = D1 ∩ · · · ∩ Dn et C = E1 ∩ · · · ∩ Em .

Ainsi,
B ∩ C = D1 ∩ · · · ∩ Dn ∩ E1 ∩ · · · ∩ Em ∈ B,

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en tant qu’intersection finie d’éléments de D. On peut alors poser D = B ∩ C, pour obtenir la propriété
(B1 ). Ce qu’on a fait s’étend aussi aux intersections vides, même si les notations utilisées sont peu
parlantes dans ce cas.
• Puisque D est non vide, il contient un élément D qui est aussi élément de B (intersection à 1 terme).
Donc B =6 ∅, d’où (B2 ).
• Par hypothèse, les intersections finies d’éléments de D sont non vides, d’où ∅ 6∈ B, d’où (B3 ).
Ainsi, B est une base de filtre.
(d) Tout filtre contenant D contient aussi toutes les intersections finies d’éléments de D d’après (F2 ), donc il
contient B, puis le filtre engendré par B (c’est-à-dire FD ) par la propriété de minimalité prouvée en 2(a).
On en déduit que FD est le plus petit filtre contenant tous les éléments de D.
(e) On considère D = F ∪ {A}. Toute intersection finie d’éléments de D est non vide. En effet :
• soit A n’est pas un terme de cette intersection, et on est ramené à (F2 ) nous assurant que l’intersection
est dans F et est donc non vide d’après (F3 ) ;
• soit A est un terme de cette intersection, et en utilisant (F2 ) sur les autres termes, cette intersection
peut s’écrire sous la forme A ∩ F , pour F ∈ F . Par hypothèse, elle est donc non vide.
Ainsi, D vérifie les hypothèses de la question 2(c), et on peut construire un filtre FD contenant les éléments
de D, donc vérifiant A ∈ FD ainsi que F ⊂ FD .
Conclusion : il existe un filtre F ′ , plus fin que F et tel que A ∈ F ′ .
3. Ultrafiltres
(a) Soit F un ultrafiltre et A et B deux sous-ensembles de X. On suppose que C = A ∪ B ∈ F et A 6∈ F .
• Montrons tout d’abord par l’absurde qu’il existe F tel que A ∩ F = ∅. En effet, si ce n’est pas le cas, on
peut construire un filtre F ′ strictement plus fin que F d’après la question 2(e).
• Ainsi, soit F tel que A ∩ F = ∅, alors

B ∩ F = (A ∩ F ) ∪ (B ∩ F ) = (A ∪ B) ∩ F ∈ F ,

la dernière appartenance provenant de F2 . Soit alors G = B ∩ F . On a G ⊂ B et G ∈ F , donc B ∈ F


d’après (F1 ).
On a bien montré que si A ∪ B ∈ F alors A ∈ F ou B ∈ F .
(b) i. Soit F un filtre et A un sous-ensemble de X tel que A 6∈ F . Soit AC son complémentaire dans X.
Soit F ∈ F . Si Ac ∩ F = ∅, alors F ⊂ A, et par (F1 ), cela contredit A 6∈ F . Ainsi, pour tout F ∈ F ,
Ac ∩ F 6= ∅. D’après la question 2(b), il existe un filtre F ′ plus fin que F et contenant Ac . Ce filtre
lui-même est inclus dans un ultrafiltre U d’après la propriété admise.
Ainsi, il existe un ultrafiltre U plus fin que F et contenant Ac .
ii. Soit U (F ) l’ensemble des ultrafiltres plus fins que F . Comme pour tout U ∈ U (F ), on a F ⊂ U, on
obtient la première inclusion : \
F⊂ U.
U ∈U(F )

Pour montrer que cette inclusion est une égalité, on va montrer l’inclusion
 c
\
Fc ⊂  U ,
U ∈U(F )

le complémentaire étant pris dans P(X).


Soit donc A ∈ P(X) tel que A 6∈ F . On a alors, d’après la question précédente, l’existence d’un ultrafiltre
U de U (F ) tel que Ac ∈ U. On ne peut alors pas avoir A ∈ U, sinon, ∅ = A ∩ Ac serait élément de U ce
qui contredit (F3 ). Ainsi, A 6∈ U, donc \
A 6∈ U.
U ∈U(F )

Les deux inclusions étant montrées, on a donc :


\
F⊂ U
U ∈U(F )

5
Partie III – Une caractérisation de la continuité

1. Exemple : cas des fonctions réelles


• Soit f : R → R continue en x ∈ R au sens de l’énoncé. Montrons la caractérisation par ε de la continuité.
Soit ε > 0, et W =]f (x) − ε, f (x) + ε[. Il s’agit d’un ouvert, donc d’un voisinage de tous ses points, donc
notamment de f (x). Par définition de la continuité, il existe donc un voisinage V de x tel que f (V ) ⊂ W .
Par I-4(a), on en déduit l’existence de η > 0 tel que ]x − η, x + η[⊂ V . On a alors

f (]x − η, x + η[) ⊂ f (V ) ⊂ W,

ce qui se réexprime ainsi :

∀y ∈]x − η, x + η[, f (y) ∈]f (x) − ε, f (x) + ε[,

ou encore :
∀y ∈ R, |y − x| < η =⇒ |f (y) − f (x)| < ε .

• Réciproquement, supposons que pour tout ε > 0, il existe η > 0 tel que pour tout y ∈ R,

|y − x| < η =⇒ |f (y) − f (x)| < ε.

Soit alors W un voisinage de f (x). D’après I-4(a), il existe ε > 0 tel que ]f (x) − ε, f (x) + ε[⊂ W . Soit η > 0
associé à cette valeur de ε découlant de la propriété satisfaite par x. Posons alors V =]x − η, x + η[ voisinage
de x. On a alors, pour tout y ∈ V , |y − x| < η, donc |f (y) − f (x)| < ε, donc f (y) ∈]f (x) − ε, f (x) + ε[⊂ V .
On a bien trouvé un voisinage V de x tel que f (V ) ⊂ W .
Ainsi, f est continue en x.
2. Reformulation
• Supposons que f est continue en a ∈ X. Soit alors W un voisinage de f (a). Il existe V un voisinage de x
tel que f (V ) ⊂ W . Ainsi, V ⊂ f −1 (W ). D’après I-4(c), f −1 (W ) est un voisinage de a.
• Réciproquement, supposons que pour tout voisinage W de f (a), f −1 (W ) est un voisinage de a. Soit W un
voisinage de f (a). Posons V = f −1 (W ). Il s’agit d’un voisinage de a, et f (V ) ⊂ W . Donc f est continue en
a.
Ainsi, f est continue en a ssi pour tout voisinage W de f (a), f −1 (W ) est un voisinage de a.
3. Limite d’un filtre
Si un filtre converge vers x, de façon évidente, tout filtre plus fin converge vers x, donc tout ultrafiltre plus
fin. Réciproquement si tout ultrafiltre plus fin que F converge vers x, en reprenant les notations de la fin de la
partie II, \
∀U ∈ U (F ), V(x) ⊂ U donc: V(x) ⊂ U = F,
U ∈U(F )

la dernière égalité découlant de II-3(b).


Ainsi, F converge vers x ssi tout U de U (F ) converge vers x .
4. Caractérisation de la continuité
(a) Soit f : X → Y une application, et B une base de filtre sur X. Montrons que f (B) vérifie les propriétés (B1 )
à (B3 ).
• Soit B et C dans f (B). Il existe B ′ et C ′ tels que B = f (B ′ ) et C = f (C ′ ). Comme B est une base de
filtre, il existe D′ ∈ B tel que D′ ⊂ B ′ ∩ C ′ . On a alors

f (D′ ) ⊂ f (B ′ ∩ C ′ ) ⊂ f (B ′ ) ∩ f (C ′ ),

soit, en posant D = f (D′ ) ∈ f (B), D ⊂ B ∩ C. D’où (B1 )


• Comme B = 6 ∅, il existe B ∈ B, donc f (B) ∈ f (B). Ainsi, f (B) 6= ∅, d’où (B2 ).
• Enfin, pour tout B ∈ f (B), il existe B ′ ∈ B tel que B = f (B ′ ). Comme B est une base de filtre, B ′ est
non vide, donc aussi f (B ′ ) (qui contient au moins f (x), pour un x de B).
Ainsi, f (B) est une base de filtre sur Y .

6
(b) Soit X et Y deux espaces topologiques, a ∈ X, et f : X → Y . Soit f une fonction continue en a, et B une
base de filtre convergeant vers a. Montrons que f (B) converge vers f (a), donc que tout voisinage W de f (a)
appartient au filtre engendré par f (B). Or, par continuité, il existe V un voisinage de a tel que f (V ) ⊂ W .
Comme B converge vers a, V est dans le filtre engendré par B. Autrement dit, il existe B ∈ B tel que B ⊂ V .
On a alors f (B) ⊂ f (V ) ⊂ W . Or, f (B) ∈ f (B), donc par définition, W est dans le filtre engendré par f (B).
Ceci étant vrai pour tout voisinage W de f (a) on en déduit que f (B) converge vers f (a).
(c) Récirproquement, supposons que f n’est pas continue en a, et montrons qu’il existe un ultrafiltre F conver-
geant vers a tel que f (F ) ne converge pas vers a (contraposée de la propriété de l’énoncé).
Puisque f n’est pas continue en a, il existe un voisinage W de f (a) tel que f −1 (W ) ne soit pas voisinage
de a (d’après la question 2). Ainsi, f −1 (W ) 6∈ V(a), et d’après la question II-3(b), il existe F un ultrafiltre
plus fin que V(a) et contenant (f −1 (W ))c . On a alors

f (f −1 (W )c ) ⊂ W c , donc: f (f −1 (W )c ) ∩ W ⊂ W c ∩ W = ∅.

Ainsi, W et f (f −1 (W )c ) ne peuvent pas être simultanément dans le filtre F ′ engendré par f (F ) (cela
contredirait (F1 ) et (F3 )). Or, comme f −1 (W )c ∈ F , f (f −1 (W )c ) ∈ f (B) ⊂ F ′ . Ainsi, W n’est pas dans
F ′ . Comme W est un voisinage de f (a), on en déduit que F ′ n’est pas plus fin que V(f (a)), donc que f (B)
ne converge pas vers f (a).
Par conséquent, si pour tout ultrafiltre F convergeant vers a, f (F ) converge vers f (a), alors f est continue en a .

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