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Configurations géométriques - Voiles et dalles Efforts interieurs dans les voiles et les

fiche technique n°3 dalles


   Voiles
Dalles
Système constructif voiles-dalles

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1 Classement des structures
2 Configurations géométriques -
Portiques
4 Configurations géométriques -
Voûtes et coques
5 Le béton armé, principes
Hotel de ville de Franqueville Saint
Pierre, Richard & Schoeller
mécaniques
6 Coulé en place, BPE
7 Le béton précontraint
Introduction

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La conception des structures en voiles et dalles souligne le jeu des plans, lorsque fusionnent dans un édifice les dispositifs 1 Esthétique des bétons
spatial et constructif  : une composition de parois verticales pleines et autoporteuses, associées aux surfaces horizontales 2 Choix des performances
reposant sur ces appuis.

A L N P T V
Aix en Provence - Centre
La raison pour laquelle on traite ensemble ces deux types d’éléments de structure vient de ce que leur composition donne lieu à Chorégraphique National
une typologie structurelle très répandue, dite structure à base de voiles ou de murs porteurs. Par ailleurs, on peut trouver ces Paris - Immeubles rue Leblanc
éléments associés dans des structures à base de portiques dans lesquelles les voiles jouent un rôle de contreventement, Valenciennes - Parking de l’hôpital
composant éventuellement des noyaux (voir fiche sur les portiques).

Un voile, comme une dalle, est un élément de structure dont l’épaisseur a une dimension largement inférieure aux deux autres,
lesquelles se trouvent sur un même plan.

Un voile s’étend sur un plan vertical et supporte des charges verticales et horizontales essentiellement contenues dans ce même
plan ; une dalle est une structure étendue sur deux directions horizontales supportant des charges essentiellement verticales.

Figure 1. Un voile (a) supporte des charges dans son plan, une dalle (b) des charges orthogonales à son plan.

Ces éléments, qui ont les mêmes caractéristiques géométriques, diffèrent fortement du point de vue constructif, à cause des
chargements différents qu’ils doivent supporter. De ce fait, ils sont étudiés du point de vue mécanique à partir de deux schémas
statiques distincts : les voiles par celui dit de membrane, les dalles par celui dit de plaque. Parfois, bien que rarement, les deux
cas de charges se présentant en même temps, un modèle mixte de « plaque avec efforts de membrane » doit être utilisé.

Ce qui caractérise un voile est la faible raideur hors plan vis-à-vis de la très grande raideur en réponse aux forces contenues dans
le plan. Dans les dalles, au contraire, on doit avoir une bonne raideur hors plan. De plus, on demande souvent aux deux types
d’éléments une bonne ductilité structurelle, c’est-à-dire la capacité à se déformer plastiquement sans se rompre, et en conditions
extrêmes de pouvoir résister en subissant des déformations importantes au-delà de l’apparition d’une première rupture. Cette
propriété assure généralement la tenue des ouvrages en conditions extrêmes comme, par exemple, pendant les séismes.

1 Efforts intérieurs dans les voiles et les dalles

On admettra que la surface moyenne de l’élément de structure membrane, ou plaque, se trouve dans le plan xy, et son épaisseur h
(petite par rapport à l’étendue de l’élément dans les deux autres directions) suivant l’axe z. Dans ces structures les efforts
intérieurs sont de type :

efforts de membrane :

efforts normaux contenus dans le plan de la structure, Nx et Ny, selon qu’on coupe idéalement suivant un plan dont la
normale est x ou y (les indices gardent la même signification pour les autres efforts définis ci-dessous),
effort tangentiel dans ce même plan, Nxy ;
efforts de plaque :

efforts tranchants dans l’épaisseur de la structure, T xet Ty,


moments de flexion, Mx et My,
moment de torsion, Mxy.

Figure 2. Contraintes et efforts intérieurs dans les membranes : (a) contraintes normales et efforts normaux, (b) contraintes tangentielles
et effort tangentiel. Seuls sont représentés les contraintes et les efforts sur les faces visibles; sur les faces opposées les efforts sont de
direction opposée.

Figure 3. Contraintes et efforts intérieurs dans les plaques : (a) contraintes normales et moments de flexion, (b) contraintes tangentielles
et efforts tranchants, (c) contraintes tangentielles et moments de torsion. Seules sont représentées les contraintes et les efforts sur les
faces visibles; sur les faces opposées les efforts sont de direction opposée.

Les différents états de sollicitation entraînent différentes réponses de conception de ces structures. On présentera d’abord les
voiles et ensuite les dalles, pour passer finalement aux systèmes structurels composés de voiles et dalles.

2 Voiles

Un voile se présente comme un mur… il en est, en effet, un cas particulier. En tant que « simple » mur, un voile doit parfois intégrer
un ensemble de fonctions :

la descente des charges verticales de son sommet jusqu’à sa base (rôle de mur porteur),
la reprise des forces horizontales agissant dans son plan (contreventement),
la reprise des forces horizontales hors plan (rôle de paroi),
l’étanchéité vis-à-vis de l’eau de pluie et du vent, la perméabilité à la vapeur d’eau,
l’isolation thermique, le rôle de volant d’inertie thermique et hygrométrique,
le passage de gaines et de réseaux, …

Les explications qui suivent se limitent aux trois premières fonctions – purement mécaniques – de la liste ci-dessus, mais on
comprend que c’est l’intégration possible de plusieurs fonctions qui rend ces éléments de structure intéressants.

Figure 4. Construction de voiles en béton armé. ©Agence Maniaque & Deprick

2.1 Charges verticales

La descente de charges verticales peut être assurée par un voile par simple effet de compression (effort de type Ny, y étant l’axe
vertical, avec un effort Nx éventuellement associé par effet Poisson). Pour ce faire, le chargement doit se trouver autant que
possible dans le plan du voile, ce qui peut être obtenu grâce aux systèmes de contreventement. On dispose par exemple des
voiles orthogonaux aux premiers, qui fonctionnent comme des raidisseurs vis-à-vis des déformations de flexion du voile porteur.
Le système voile porteur/voile de contreventement est alors capable de reprendre des moments de flexion, tout en chargeant
chaque voile essentiellement dans son plan.

En tout cas le voile simplement comprimé devra avoir une raideur suffisante à la flexion pour assurer sa tenue au flambement.
Pour cela, il faut donner au voile une épaisseur minimale et une double nappe d’armatures, afin de créer le couple résistant du
béton armé : acier tendu et béton comprimé.

Un voile porteur peut donc être vu comme une suite de poteaux, deux treillis et des épingles jouant exactement le rôle des barres
longitudinales et des étriers dans les poteaux. A la différence néanmoins que dans la suite de poteaux les charges ne descendent
pas le long du voile par un chemin à priori déterminé (dans la suite de poteaux chaque élément reprend la force extérieure qui est
appliqué sur son sommet et la ramène à son pied). Certains avantages résultent de ce fait :
des percements sont possibles dans le voile, ainsi que des porte-à-faux, avec des modifications localisées de l’état de
sollicitation de la structure, qui peuvent être reprises par des armatures locales ;

un changement des conditions d’appui (dû par exemple à un tassement des fondations) ou de chargement (comme une
surcharge localisée) peuvent être repris par la structure qui redistribue les sollicitations intérieurement.

Dans les murs en maçonnerie, on observe une capacité à s’adapter aux percements et aux changements des conditions d’appui
qui s’apparente à celle décrite ici. Dans ces structures, on parle dans ce cas souvent d’« effet d’arche », car, en présence d’un
obstacle comme un trou, les efforts intérieurs se concentrent au sein de la maçonnerie, comme s’ils suivaient une courbe
funiculaire inversée chevauchant l’obstacle. Par conséquent une poussée horizontale doit être reprise par les flancs de la
structure pour la redistribution des efforts intérieurs.

Les voiles en béton armé ont, à la différence des dits murs en maçonnerie, une résistance à la traction non négligeable ; par
conséquent la mise en place d’une poussée n’est pas une condition nécessaire pour que ces structures résistent par un effet
semblable à l’effet d’arche en présence de percement ou de tassements. C’est seulement si les armatures ne peuvent pas
reprendre les forces de traction nécessaires à la mise en place d’un régime d’efforts de membrane, le béton entrant alors en état
de fissuration, qu’un effet d’arche proprement dit pourra expliquer la tenue de l’ouvrage.

Figure 5. Déformations des voiles homogènes simplement comprimés (comportement élastique avec coefficient de Poisson positif): (a)
si les conditions de montage sont telles que les déplacements horizontaux dans le plan du voile des arases inférieure et supérieure
restent libres, (b) si, comme dans la plus part de cas, ces déplacements sont bloqués.

Figure 6. Lignes isostatiques (traits rouges) dans un voile comprimé composé d’un matériau homogène: (a) si les conditions de montage
sont telles que les bords du voile restent libres de se déformer, (b) si ces bords sont bloqués, faisant apparaître un effort de compression
horizontal accompagnant par effet Poisson la compression verticale. Dans un voile en béton armé les armatures horizontales jouent le
rôle du confinement latéral présent dans le cas (b): le béton sera donc comprimé, les aciers horizontaux tendus. Comme la figure 5b) le
montre, la traction dans les armatures se réduit là où la déformation horizontale est empêchée par d’autres éléments constructifs.

Figure 7. (a) Dans une file de poteaux, chaque élément soutient l’effort qui lui est appliqué en le transmettant au sol (b) Un voile
redistribue les efforts intérieurement, ce qui égalise la descente des charges. (le sol est ici représenté par une ligne discontinue, car à sa
place on a dessiné les réactions qu’il engendre sur la structure).

Figure 8. Redistribution des charges descendantes dans un voile avec percement et porte-à-faux.

Figure 9. (a) Les armatures permettent la réalisation de portées qui fonctionnent en flexion : le dessin montre les lignes isostatiques de
compression en rouge et de traction en bleu; ce sont les armatures qui, en reprenant ces efforts intérieurs de tractions, permettent la mise
en place de ce système statique. (b) Si les armatures sont absentes ou insuffisantes on observe l’ouverture de fissures, la tenue
éventuelle de l’ouvrage étant assurée par l’établissement d’un mécanisme de type arche, sans tractions significatives dans la structure,
mais avec apparition d’une poussée horizontale (qui doit être reprise par le reste de la structure).
Figure 10. Modes de flambements d’un voile simplement comprimé, libre latéralement et supérieurement et encastré à la base : pour que
ce phénomène ne se produise que sous efforts extérieurs importants, il faut munir la structure d’une double nappe d’armatures qui lui
donnent la raideur à la flexion nécessaire pour s’opposer aux déplacements latéraux.

2.2 Charges horizontales

La fonction de contreventement est assurée par des efforts intérieurs tangentiels de membrane (effort de type Nxy). Le
comportement de ces éléments de structure sous efforts horizontaux dépend du rapport entre leur hauteur et leur largeur, qu’on
appelle « élancement » :

un voile élancé a un comportement qui s’apparente de celui d’une poutre : le couple de renversement généré par les
efforts extérieurs et par la réaction du sol est équilibré par un couple intérieur fibres comprimées-fibres tendues, avec la
résistance à la traction assurée par les armatures ;
un voile court se comporte comme une console courte. La résistance est assurée encore par la mise en place d’un
système fibres tendues-fibres comprimées, mais cette fois ces fibres ne sont pas parallèles, mais organisées comme un
ensemble montant-diagonales d’un treillis.

Les voiles élancés travaillent « à la flexion » alors que les voiles courts travaillent « à l’effort tranchant ». Il ne faut néanmoins pas
oublier que ces structures répondent aux chargements par efforts membranaires.
Il faut noter aussi que, indépendamment de leur élancement, les voiles résistent aux forces horizontales aussi par effet
stabilisant de leur poids propre qui peut parfois être pris en compte (mur de soutènement).

Les deux classes de voiles (qu’on peut séparer par le facteur H/L=2, H étant la hauteur et L la longueur du voile) doivent être
armées différemment pour bien tenir compte de la façon dont ils répondent aux efforts extérieurs. Dans tous les cas les
armatures sont normalement organisées en treillis soudé ou en double grille orthogonale pour des raisons de montage, même si
les tractions maximales sont le plus souvent dans le voile dirigées suivant des lignes inclinées à 45° (Figure 11). Des armatures
verticales de renfort, placées près des bords, permettent la reprise des efforts maximum de traction (et de compression).

Figure 11. (a) Lignes isostatiques dans un voile élancé. (b) Dans un voile court.

Figure 12. Modes de ruine d’un voile sous chargement horizontal: (a) Rupture des aciers tendus à proximité du bord. (b) Rupture du béton
comprimé (fendage) à proximité du bord; à noter que les deux modes (a) et (b) peuvent se produire en même temps. (c) Rupture au centre
du voile par traction et/ou compression des bielles inclinées à 45°.

3 Dalles
3.1 Statique des dalles

Une dalle est une structure étendue sur deux directions horizontales supportant des charges verticales.
Le schéma statique correspondant aux dalles est celui des plaques. Une plaque est un milieu continu bidimensionnel, sa
géométrie pouvant être représentée par une surface plane dont l’épaisseur est petite par rapport aux dimensions de la surface.
Les efforts extérieurs sont orthogonaux au plan de la plaque et idéalement appliqué sur celui-ci. Dès son origine, le modèle de
plaque se confronte à celui de poutre : la question est de distinguer le comportement d’une dalle continue de celui d’une grille de
poutres se croisant dans le même plan et d’en connaître les différences de comportement. Du point de vue de la conception de
ces structures, il est important de comprendre pourquoi ces deux types de système (la dalle et la grille) sont si différents. Dans
un paragraphe précédent, nous avons introduit les efforts intérieurs régissant l’équilibre des plaques : deux efforts tranchants, Tx
et Ty, deux moments de flexion, Mx et My, et un moment de torsion, Mxy.

Le premier effet qui distingue une plaque d’une grille de poutres est, pour ce qui concerne la plaque, le couplage entre les
moments de flexion et le moment de torsion. Il suffit d’imaginer d’abord un grillage dans lequel les poutres sont attachées
ensemble en chaque croisement de façon que leurs déplacements verticaux soient le même, mais que leurs rotations soient
libres (voir figure 13 (a)). Si on contraint cette liberté, on constate qu’une interaction entre la flexion et la torsion se met en place
entre poutres orthogonales, ce qui rend le système plus raide (voir figure 13 (b) et 14).

Figure 13. (a) Grille de poutres sans couplage flexion-torsion. (b) Grille avec couplage flexion-torsion.

Si maintenant on imagine cet effet de raidissement sur une grille dans laquelle l’espacement des poutres devient de plus en plus
petit, jusqu’à ce qu’on obtienne une plaque continue, on comprend l’importance du couplage flexion-torsion dans ces structures :
la flexion d’un élément de plaque est couplée à une torsion de ce même élément. En observant, figure 14, les lignes bleues et
leurs normales au plan de la plaque (voir les 4 flèches sur la courbe de droite), on constate qu’en parcourant la ligne, les flèches
ont pivoté, témoignant de la torsion de cette ligne bleue. Cette torsion résulte des déformations variables des lignes rouges.

Figure 14. Surface d’une plaque déformée.

Par ailleurs, les bords libres d’une plaque fléchie ont tendance à se soulever. Comme en pratique, les bords des dalles sont
généralement bloqués, cela génère une flexion négative au voisinage des angles, dont il faut évidemment tenir compte dans le
calcul des armatures.

Figure 15. Soulèvement des coins d’une plaque fléchie: (a) bord appuyé libre de se soulever, (b) bord appuyé et bloqué au soulèvement.

Le deuxième aspect qui permet d’expliquer la différence entre une grille de poutres et une plaque résulte de l’effet Poisson. Dans
une poutre fléchie par des charges verticales descendantes, on sait que les fibres longitudinales inférieures sont tendues, alors
que les supérieures sont comprimées (fiche béton armé). Par conséquent, par effet Poisson, la déformation libre transversale
(figure 16c) des fibres supérieures de la poutre est un allongement, alors que celle des fibres inférieures est un raccourcissement.
Dans une dalle, ces déformations latérales sont bloquées, ce qui génère des contraintes de compression et de traction
conformément au schéma 16d. De telles contraintes sont en fait inexistantes dans une grille de poutres.
L’effet Poisson joue donc le rôle positif de rigidifier la plaque, par rapport à la grille équivalente.
Figure 16. Effet Poisson dans une poutre et dans une plaque.

Pour cette raison, la rigidité d’une plaque en flexion est supérieure à celle d’une poutre. Ainsi, si la raideur d’une poutre de largeur
b=1 m, hauteur h et module d’Young E vaut :

La raideur d’un mètre de plaque est par contre :

ν étant le coefficient de Poisson. Donc kplaque>kpoutre à moins évidemment que le coefficient de Poisson soit nul. Comme nous
l’avons observé en présentant le comportement des voiles, le coefficient de Poisson du béton armé est normalement compris
entre 0.2 et 0.3, mais il peut s’annuler en présence d’une microfissuration diffuse. Il s’ensuit que cette microfissuration nuit à la
raideur d’une dalle en béton pour un facteur entre 5% et 10%.

3.2 Efforts intérieurs dans les plaques

Pour être rigoureux, le modèle de plaque qui dérive des considérations précédentes est celui dit de Kirchhoff-Love. Il est
intéressant, d’après ce modèle, de voir l’influence des conditions au bord sur la répartition des efforts intérieurs.
On montre les lignes isostatiques sur la figure 17 pour une dalle carrée simplement appuyée ou encastrée à son bord. On
constate que ces conditions ont une grande influence sur les efforts intérieurs ; par exemple la plaque simplement appuyée a les
fibres supérieures tendues dans les directions diagonales près des coins, ce qui n’est pas le cas des coins de la plaque
encastrée. Sur la figure 17, les courbes rouges indiquent les zones sans courbure de flexion; la partie de la dalle à l’intérieur de la
courbe rouge a une concavité vers le haut (fibre supérieure comprimée), tandis que les parties à l’extérieur ont la concavité vers le
bas (fibres supérieures tendues).

Figure 17. Lignes isostatiques d’une dalle carrée uniformément chargée: (a) simplement appuyée à son bord (sans soulèvements
possibles), (b) encastrée à son bord.

On remarque que la prise en compte du système des lignes isostatiques peut être utile pour l’optimisation morphologique des
structures. C’est par exemple le cas des planchers en ferrociment du Lanificio Gatti de Pier luigi Nervi montrés en figure 18, dans
lequel les nervures sont dessinées suivant les lignes isostatiques de la dalle appuyée en ses angles.
Figure 18. Exemple du Lanificio Gatti de Pierluigi Nervi: (a) et (b) images de la halle, (c) dessin du projet, (d) mise en place du ferrociment.

3.3 Typologies des dalles en béton

Les typologies de dalles en béton les plus courantes ont été présentées dans la fiche sur les portiques :

unidirectionnelles

à nervures : dalle béton renforcée par des


nervures verticales (poutres) qui permettent
d’augmenter la portée de la dalle
 

Chantier ratp – dalles nervurées.

à poutrelles et entrevous : plancher composé


de poutrelles précontraintes et d’entrevous sur
lequel est coulé in situ une dalle de compression  

Figure 19. Planchers en béton armé à poutrelles et entrevous.

alvéolées précontraintes : dalle préfabriquée précontrainte allégée par ses alvéoles


à dalle pleine : les armatures principales sont disposées dans une seule direction

bidirectionnelles

à caissons : dalle nervurée dans les deux


directions

Figure 20. Exemple de plancher à caisson à Lisbonne. ©RLR

à dalle pleine : les armatures principales sont disposées suivant deux directions
bidirectionnelles à champignon : Plancher constitué d’une dalle en béton reposant sur des poteaux évasés à leur sommet

Figure 21a. Planchers champignons : Boots Laboratories,


Owen Williams / Johnson Wax Factory F. L. Wright.
Figure 21b. Meiso no Mori - Crematorium de Kakamigahara.
©Toyo Ito & associates, Architects

4 Système constructif voiles-dalles

8- Pavillon de Barcelone de Mies van der Rohe. ©SCD


La structure voiles-dalles a été traditionnellement utilisée dans de nombreux programmes dont le logement. Si les grands
ensembles en ont fait un usage intensif, avec la répétition refends-planchers de la période des chemins de grue, l’histoire de
l’architecture foisonne d’exemples prestigieux : voir les projets de Falling Water de F.L.Wright, ou encore de la Schulman
residence de Steven Ehrlich.

4.1 Comportement d’ensemble et explorations architecturales

Dans une construction, l’assemblage des planchers aux voiles porteurs permet d’atteindre un monolithisme apportant une
redondance structurelle très favorable à la sécurité générale de l’ouvrage. La conception en voiles et dalles présente, de plus,
plusieurs avantages qui relèvent autant de la performance structurelle que des possibilités d’organisation spatiale. Elle autorise
des projets plus difficilement réalisables avec d’autres solutions constructives ou d’autres matériaux.

Stabilité intrinsèque

La structure en voiles, s’ils sont non parallèles, réalise en soi un contreventement de la construction. L’ingénieur doit évidemment
prendre en compte les efforts du vent dans les voiles, mais, la plupart du temps, l’épaisseur de matière est déjà suffisante pour
les constructions courantes.

Figure 23. Gerrit Rietveld, Schröder House & Musée Kröller Müller. dr.

Poutres - voiles

La question de certains reports de charges peut être parfois réglée en faisant fonctionner un voile en poutre, soit pour le bénéfice
d’un porte-à-faux, soit afin de supprimer une série de porteurs en étage inférieur.
Dans le cas particulier du CCN d’Aix-en-Provence (voir fiche Aix, chapitre méthode, coupe longitudinale) le besoin d’augmenter la
fréquence de résonance des planchers de danse demandait de raccourcir la portée des dalles. Ceci a conduit à l’inversion du
système de portée, par la mise en place de trois poutres-voiles perpendiculaires au long pan.

Grands porte-à-faux et boîtes habitées

La liaison voiles dalles peut servir à créer des formes en caisson d’une très grande rigidité, ce qui autorise quelques audaces
formelles.
L’illustration la plus poussée de la performance du caisson est le mode de réalisation par encorbellement des ponts en béton
précontraint. Pour de tels ouvrages, les fléaux en caisson peuvent supporter des porte-à-faux allant jusqu’à 100 m (voir le Pont de
France à Strasbourg construit en BHP). D’un point de vue structurel, la rigidité à la flexion étant proportionnelle au cube de la
hauteur de l’élément fléchi, un caisson de hauteur d’un étage est au moins d’un ordre de grandeur plus rigide qu’un système de
poutraisons. Il est donc possible de concevoir des grands porte-à-faux de caissons habitables.

Ce dispositif a été assez souvent exploité pour des architectures remarquées. On le retrouve par exemple chez Niemeyer à
Curitiba et plus récemment chez Shigeru Ban pour le musée Beaubourg de Metz ou encore avec le CDDP de Champigny/marne
de Lelli.

Figure 24. CDDP de Champigny/marne de Lelli. ©RLR  

Figure 25. Musée Beaubourg de Metz, Shigeru Ban. ©RLR

Structure détramée ou en trame décalée

La logique économique engage généralement à réaliser une superposition des porteurs verticaux. Cependant, le décalage des
trames est parfois rendu nécessaire, le cas le plus courant en étant l’immeuble de logements. La bonne distribution spatiale des
logements est difficilement superposable à une trame de parking économique. On utilise alors une dalle de répartition plus
épaisse entre les étages courants (superstructure) et le soubassement (infrastructure). (voir à ce sujet l’étude de cas Immeuble à
Paris, principe des plans détramés)

La variété des types de logements et la flexibilité des plans et des volumes peut par ailleurs conduire à détramer la structure des
voiles d’un étage à l’autre. Cette solution est tout à fait acceptable d’un point de vue structurel et ne met pas en cause la stabilité
de l’ensemble. Pivoter, déboîter, décaler sont des actions possibles avec les voiles qui, si elles sont mesurées, ne perturbent pas
l’équilibre général, bien que plus onéreuses à la réalisation.

Figure 26. Immeuble de la rue Leblanc, C. Furet.

Voiles courbes

Le béton par sa capacité de moulage autorise des formes courbes sans discrétisation. Le voile courbe au-delà de son intérêt
esthétique apporte une solution élégante en termes de stabilité.

Figure 27. Gare d’inter connexion à Roissy. Musée Guggenheim de New York.

Quand voiles et dalles se confondent en une courbe

Par extrapolation, voiles et dalles peuvent finir par se confondre pour la genèse de formes à la fois plus libres et plus complexes.
Ces formes ont un fonctionnement mécanique plus complexe que la simple coque (fiche coque). Elles ont été explorées dès le
début du XXème siècle par exemple par Gaudi, Saarinen ou Niemeyer.

Figure 28. TWA terminal NY, Saarinen. Photo d.r. Figure 30a. Musée de Curitiba Oscar Niemeyer. ©www.Great
Buildings.com

Figure 30b. Musée de Curitiba Oscar Niemeyer. ©www.Great


Buildings.com

Figure 29. Ponte sul Basento et son caisson en béton. ©T.Lori

BIBLIOGRAPHIE

Rémy Mouterde, François Fleury, (2007), Comprendre simplement la résistance des matériaux - La structure, principes et enjeux de
la conception, Editions du Moniteur, Paris.

André Coin, (1991), Ossature des bâtiments - Bases de la conception, différentes catégories d’ouvrages élémentaires, annexes sur
l’isolation et la sécurité, Eyrolles, Paris.

René Walther, Julien Tréleani, (1993), Construire en béton, synthèse pour architectes, Presses polytechniques et universitaires
romandes. Lausanne, épuisé.

Construire avec les bétons, (2000) collection « technique de conception », Editions du Moniteur, Paris.

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