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(décembre 2016)
Mémoire de Licence
En vue de l’obtention du grade de licencié en Service Social
Université d’État d’Haïti
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siques des sciences sociales, un organisme à but non lucratif
composé exclusivement de bénévoles.
Kensy BIEN-AIMÉ
Rensy BIEN-AIMÉ
Droit au logement et personnes déplacées.
[ii]
DÉDICACE
[iii]
REMERCIEMENTS
[iv]
BIBLIOGRAPHIE [68]
ANNEXES [v]
[vi]
[7]
INTRODUCTION
ments pris par les autorités étatiques, les besoins en logement n’ont
pas été satisfaits ». Cet état de fait peut bien témoigner de la passivité
de l’État haïtien dans sa politique de logement pour la population qui
est dans le besoin.
Par conséquent, avec la dégradation accélérée de l’environnement
et avec l’irresponsabilité de l’État haïtien sur cette question, la situa-
tion va prendre une autre tournure après le séisme du 12 janvier 2010
où pas mal de dégâts vont être causés. La situation socio-économique
des paupérisés s’est aggravée. Ce qui explique, nous dit Elie
(2014 :16) : « Le manque de logements et sa conséquence, la promis-
cuité, empoisonnent l’avenir d’une grande partie de la population ; les
conditions hygiéniques s’aggravent; beaucoup de personnes se sentent
privées d’intimité et, à cause de cela, elles vivent avec des frustra-
tions ». Ainsi, avec la dégradation des sols et une augmentation de la
population urbaine ; une macrocéphalie urbaine, une insalubrité dans
les villes et dans les zones métropolitaine de Port-au-Prince, une proli-
fération de construction anarchique et des ilots urbains dans les cam-
pagnes, autour des [8] villes, la situation est devenue plus critique au
lendemain du 12 janvier 2010. De nombreux sans abris s’entassent
dans des camps des sinistrés. La promiscuité s’installe. Pour Pierre
(2014 :157) : « En dehors des grands mouvements de luttes pour l’ac-
cès au logement, un élan est manifeste au droit d’habiter. Après le
séisme, cette revendication devient générale ». Beaucoup de familles,
victimes de cette catastrophe, se sont obligées à laisser la région mé-
tropolitaine en quête d’un endroit pouvant les abriter. Aussi, constate-
t-on qu’après le séisme, 1.3 millions d’haïtiens vont fuir leur domicile
et du même coup, sont devenus des déplacés internes sans domicile
dans leur propre pays (Fritz Pierre Joseph, 2012 :69).
Avec cette catastrophe, des camps d’hébergement vont s’implanter
partout dans l’Aire Métropolitaine de Port-au-Prince avec tous les
problèmes et manques qui peuvent exister. La situation du camp de
Delmas 33 n’est pas différente de celle des autres sinistrés du pays et
elle tend à s’empirer de jour en jour. Les personnes résidant sur ce
camp font face à des problèmes sociaux comme l’habitat, le chô-
mage, la santé, la faim, la déficience physique, etc. Malgré les divers
efforts effectués par l’État haïtien avec l’appui des bailleurs de fonds
internationaux, la situation semble rester la même entre 2010 et 2016,
voire s’empirer.
Kensy BIEN-AIMÉ, Droit au logement et personnes déplacées … (2016) 18
[9]
Chapitre 1
PROBLÉMATIQUE
DE L’ÉTUDE
[12]
Alors que des promesses ont été faites par la communauté interna-
tionale après le tremblement de terre ainsi que des offres du secteur
privé, ceux-ci tardent à s’affirmer face à l’extension humanitaire dans
la gestion du logement pendant que les propositions de l’État haïtien
en guise de relocalisation de subvention du logement sont très limi-
tées, des gens vivent encore sous des tentes. Déjà six ans, on constate
Kensy BIEN-AIMÉ, Droit au logement et personnes déplacées … (2016) 23
ment, cette ville qui jadis obéissait aux règles de l’urbanisation pré-
sente désormais un tableau inquiétant car la quasi-totalité de l’espace
urbain est dominé par l’habitat précaire de nos jours où les trames ur-
baines n’existent que dans la ville traditionnelle. Ce chambardement
de l’habitat urbain aux Gonaïves est lié en grande partie au phéno-
mène de l’exode rural. Ainsi, le phénomène de l’habitat urbain, durant
ces trente dernières années s’intensifie à un rythme exponentiel où sa
finalité est l’apparition des bidonvilles, expression de la détérioration
du tissu urbain.
Jean Renol ELIE (2012), pour sa part, dans une étude réalisée sur
Jalousie, dans les cahiers du CEPODE, critique L’État haïtien qui, ces
dernières années, quand il s’agit de construire une maison dans un en-
droit est absent; un État qui n’est pas soucieux de la répartition de la
population sur le territoire. Ce qui conduit surtout après le séisme de
janvier de 2010 à une évolution habitationelle peu rassurante avec des
nouveaux visages ; des [15] menaces d’insécurité physique, d’insécu-
rité sanitaire et d’insécurité physiologique qui mettent en danger la vie
de la population. Les zones d’habitation ne sont pas délimitées ; les
gens détruisent des réserves forestières pour construire leurs maisons.
Pourtant, dans tous pays, l’autorisation de construire dans un espace
quelconque est donnée par la mairie de la commune ainsi que des ins-
tances concernées. Cela suppose que cette institution dispose des cri-
tères pour l’acceptation ou le rejet des demandes de construction ; les-
quels peuvent porter sur différents aspects tels la préservation d’un ca-
chet architectural, respect de la voirie pour les voisins, les usagers de
la zone, les passants, etc. Les mairies doivent développer et faire res-
pecter les plans d’aménagement urbain en indiquant selon la position
particulière de l’emplacement choisi pour élever la maison et voir si
les occupants auront accès aux services de bases (eau potable, électri-
cité, combustible, canaux d’évacuation, soins primaires de santé,
écoles pour enfants, etc.) ou dans quelles conditions, ils peuvent y
avoir accès et de surcroit, aider à la bonne tenue des villes en y réser-
vant des zones spécifiques pour certaines activités. Elles contribue-
raient ainsi à la protection de la population.
Jackson Choute(2016), dans son analyse du programme de subven-
tion au loyer de l’Organisation International pour les Migrations en
étudiant la question du logement social en Haïti après le séisme du 12
janvier 2010, essaie de cerner les caractéristiques des conditions de lo-
Kensy BIEN-AIMÉ, Droit au logement et personnes déplacées … (2016) 27
[18]
Chapitre 2
CADRE THÉORIQUE
ET CONCEPTUEL
2.2.2. Habitat
L'habitat est une notion multidisciplinaire. Les géographes en-
tendent généralement les modes de regroupement humains et les urba-
nistes mettent l'accent sur l'aspect des maisons quand ils évoquent la
question d’habitat (Elie, 2012 :23). L’habitat tient compte du cadre de
Kensy BIEN-AIMÉ, Droit au logement et personnes déplacées … (2016) 33
vie des ménages, c'est-à-dire les services dont ils bénéficient, des ca-
rences ou des nuisances dont ils souffrent en considérant les zones
d'implantation des maisons, les modes de regroupements, les fonction
des regroupements des maisons, l’articulation entre les résidences et
les autres bâtiments, la sécurité environnementale et sanitaire, etc.
L’habitat, étant un produit socialement construit, tout comme les
autres lieux, permet de rendre compte des processus spatiaux. Pour
Granotier (1980 :85), « L’habitat ne comprend pas uniquement l’abri
familial. Il inclut les infrastructures et les services. On doit aussi lui
rattacher la formation et la recherche quand elles concernent le loge-
ment ». En tant que phénomène social, il est aussi dynamique que les
hommes qui le façonnent. Et, en tant que cadre de vie, il a toujours été
fonction de certaines pratiques socioéconomiques et d’orientations
politiques, en plus des évènements et catastrophes de divers ordres. Il
varie en fonction de nouveaux besoins de la disponibilité de l’espace.
En effet, selon Elie (2014 : 189), « la notion d’habitat peut être com-
prise comme traduisant l’insertion du logement dans un environne-
ment géographique, social et culturel ». Pour cela, il considère l’as-
pect des maisons et leurs modes de groupement, les rapports avec
l’environnement, l’accès aux services pour les habitants, la question
de l’assainissement, la vie communautaire, etc.
Pour Elie (2014 : 23-36), l’habitat peut-être urbain, rural, regroupé
ou dispersé.
vie pénible dans un environnement marginal sans avoir accès aux ser-
vices élémentaires. Donc, selon leur modèle, ce n’est pas la différence
entre deux espaces qui amènent les gens à migrer, mais le salaire espé-
ré par le migrant potentiel, compte tenu de son profil et du cout lié au
déplacement. Plus loin, pour paraphraser Pierre (2011 :20), « Les
causes des migrations n’ont pas changé. Il s’agit de la concentration
de services sociaux et d’emplois d’une part, du mythe du bien-être et
de réalisation de soi, de l’autre ». Aussi, selon lui, l’aide humanitaire
alimente-t-elle les migrations. Ce qui fait que les populations des mi-
lieux ruraux sont attirées par des opportunités économiques et sociales
annoncée et elles sont inclinées à migrer vers la capitale contrairement
aux avis émis en faveur de déplacements massifs vers les milieux ru-
raux à tendance durable.
[29]
sabilités des pouvoirs publics. Cette constitution dispose aussi des ar-
ticles relatifs à la sécurité, mais dans son unique aspect public. Dans
son article 32, le droit à l’éducation est reconnu par l’État haïtien.
Mais, en réalité 89,49% des écoles haïtiennes sont des institutions pri-
vées. La politique sociale de l’État haïtien en matière de logements
sociaux ne correspond pas vraiment aux besoins de logement. Cela
traduit déjà le mode de rapport que l’État entretient avec les classes
des appauvris (ouvriers et paysans). Comment peut-on penser la sécu-
rité de la personne humaine sans la prémunir des revers de la nature ?
Cette préoccupation exprime que le problème de la législation haï-
tienne est crucial. Elle traduit également comment l’État haïtien passe
à côté de ses responsabilités envers les couches défavorisées.
En ce qui a trait aux droits économiques, sociaux et culturels, Haïti
a signé plusieurs traités et conventions internationales et régionaux :
Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et cultu-
rels ; pacte relatif aux droits civils et politiques ; les reconventions re-
latifs aux droits de l’enfant ; traité concernant les expulsions et les
[31] déplacements liés au développement, etc. Mais, ils ne sont pas
tous ratifiés. Le plus important qui n’est pas encore ratifié est le pacte
international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.
En Haïti, ces principes sont souvent violés. En effet, il est récurent
d’assister à des expulsions forcées après le séisme du 12 janvier 2010
dans certains camps de déplacés, des enfants qui traînent dans les rues
et le travail des mineurs, l’abus de pouvoir, des violences policières,
des prisonniers torturés et violés, etc. Ce sont différentes formes de
violation des droits de la personne humaine. Donc, les droits sociaux
n’existent qu’à l’état embryonnaire en Haïti, tant au niveau légal que
dans la réalité.
Kensy BIEN-AIMÉ, Droit au logement et personnes déplacées … (2016) 47
[32]
Chapitre 3
MÉTHODOLOGIE
DE LA RECHERCHE
3.2. L’Observation
[34]
3.3.1. Échantillon
Notre échantillon est composé d’abord, de façon aléatoire, d’une
cinquantaine de chefs de ménage habitant le camp Adoken de Delmas
33 sur une base de données de 449 familles recensées par l’OIM ce,
pour la recherche quantitative. Ensuite, il est composé, pour la réalisa-
tion des entretiens, de trois personnes. Deux agents de l’OIM du pro-
gramme de relocalisation et le président du camp Adoken-Nord ont
été contactés.
Les principaux critères visent à obtenir des informations de la part
de ces personnes qui vivent dans le camp depuis des années ainsi que
des responsables du programme de relocalisation. En ce qui concerne
les agents de l’OIM, la personne doit occuper un poste et travailler
pendant au moins trois mois pour l‘organisation. Puis, le président du
camp ; ce dernier est le seul représentant du camp. Nous avons choisi
de questionner les gens du camp car, à notre avis, le nombre de per-
sonnes choisi est représentatif ; ils peuvent nous donner certaines in-
formations pertinentes et aussi, avec ces acteurs, parce qu’ils sont tous
impliqués dans l’intervention, disons humanitaire, auprès des déplacés
du camp. Donc, ces critères de choix peuvent nous permettre d’obtenir
des informations auprès des intervenants ainsi que les principaux bé-
néficiaires dudit programme.
[37]
Chapitre 4
CADRE EMPIRIQUE
DU TRAVAIL
Le terme camp est nouveau en Haïti. Il est apparu comme s’est dé-
jà expliqué dans les pages précédentes, après le séisme dévastateur du
12 janvier 2010 qui a frappé le pays. Au lendemain du séisme, un phé-
nomène nouveau émerge dans le tissu urbain haïtien : les camps des
déplacés. Ils s’installent et se développent comme une nouvelle forme
de la morphologie urbaine. Les places publiques, les écoles, les es-
paces interstitiels sont investis et réaménagés. Selon Alrich et Mérat
(2011 :37), « les camps des déplacés du séisme du 12 janvier viennent
renforcer la dynamique d’étalement que connait la capitale du pays ».
Cette dernière était déjà en crise avant la catastrophe : périurbanisa-
tion et densification. Les premiers camps de déplacés comme Canaan
et Céleste ont constitué à eux seuls 13% (Alrich et Mérat, 2011:97) de
la ville initiale. Ce nouvel étalement entraine de nouveaux problèmes
environnementaux, économiques et sociaux et va conduire à la proli-
fération de l’habitat informel. Sur le territoire périurbain de la capi-
tale, s’affiche une nouvelle socio-spécialité entre les populations ini-
tiales et les populations déplacées, fondamentalement pauvres et assi-
milées à des refugiés. Dans un rapport produit par l’OIM-ACTED
(2015 :9) à l’intention des personnes déplacées, un million et demi
(1,5.000.000) de personnes soit un total de 3850 512 foyers ont fui
leurs habitations pour se réfugier dans des camps dans quelques 1342
sites de peuplement spontanées crées à la [41] suite du séisme sur
l’ensemble du pays. Plus loin, dans ce rapport, il est mentionné qu’en
juillet 2010, la première Displacement Tracking Matrix (DTM) propo-
sée par OIM annonçait un chiffre de 1,5 millions d’individus vivant
dans les sites d’hébergement. Et, en septembre 2010, ce chiffre des-
cendait à 1,35 millions de personnes déplacés internes (IDP) pour at-
teindre 810,000 individus en janvier 2011. Dans beaucoup de camps,
la surpopulation est une préoccupation importante. La superficie par
Kensy BIEN-AIMÉ, Droit au logement et personnes déplacées … (2016) 60
[42]
Sa structure 2
[43]
Les structures de l'OIM sont fortement décentralisées, ce qui a per-
mis à l’Organisation de se doter des moyens de fournir un nombre
croissant de services toujours plus variés à la demande de ses États
Membres. Les structures hors Siège de l’OIM sont les suivantes :
Migration et développement
Faciliter la migration
Règlementer les migrations
La migration forcée
Toutes les personnes recensées sur le camp sont éligibles pour rece-
voir cette aide à conditions qu’elles ont été recensées. Mais, cela se fait
par famille. Toutes les familles ne reçoivent pas le même montant. En
fonction de sa taille et en fonction de ses besoins, une famille peut rece-
voir un montant plus élevé qu’une autre famille. Pour le programme, il se-
rait préférable aux gens de choisir une maison dans le quartier où ils ont
vécu avant le tremblement de terre.
Dégager les camps, aider les familles à retourner dans leurs quar-
tiers respectifs, leur aider à vivre mieux, ce sont là, certains objectifs
que fixe l’OIM dans un temps pas trop lointain, affirme le premier in-
tervenant (Agent 1)
Les conditions de vie dans les camps sont très difficiles, à fortiori
sur la longue durée, principalement à cause des risques sanitaires, de
l’insécurité, de l’absence de ressources et du risque d’exclusion. « Les
programmes de relogement sont complexes à mettre en œuvre et ne
[49] répondent pas toujours aux besoins des familles déplacées »
(Pierre, 2015 :32). Les points de vue sont différents quant aux ré-
ponses données par les intervenants sur la question de la finalité de la
subvention de l’aide au loyer. Le deuxième intervenant (Agent 2) voit
cette question sur un autre angle.
Je viens ici, sur le camp, presque toutes les semaines depuis que je
travaille dans ce projet. En tant qu’humain, je pense que la situation de
ces gens mérite un traitement spécial. La situation dégénère. Elle est dé-
plorable. Selon moi, le fait de lever la personne sur le camp et le relocali-
ser ne constitue pas vraiment un acte lui permettant de retrouver son au-
tonomie parce que l’argent donné pour le loyer est seulement pour une
Kensy BIEN-AIMÉ, Droit au logement et personnes déplacées … (2016) 70
Nous avons une équipe qui effectue tous les jours, des visites au ni-
veau du camp. Avec les responsables du camp, nous avons une très bonne
relation. Ils nous mettent au courant sur des incidents sur le camp et,
quand la situation leur dépasse, nous faisons des interventions pour apai-
ser la situation. Mais, pour dire vrai, nous rencontrons beaucoup de diffi-
cultés. Il y a des camps qui sont très grands ; ce qui fait qu’au niveau des
recensements, nous trouvons des problèmes. Et aussi, il y a des gens qui
ne veulent pas partir.
[51] camp, c’est la question du logement. Ils souhaitent tous un jour quit-
ter le camp pour aller vivre un endroit meilleur que de vivre sur un camp.
L’État haïtien ne prend pas en compte nos revendications. Nous sommes
laissés pour contre, à la merci des ONGs.
À remarquer qu’au niveau du camp, les gens n’ont pas accès à des
services sociaux. Pas même un dispensaire en cas de besoin de pre-
mier soin. Les enfants n’ont pas d’espace pour se divertir. La situation
est déplorable là-bas.
24% sont des débrouillardises, 17 soit 34% font du commerce pour ré-
pondre à leurs besoins, 7 soit 14% déclarent qu’elles ne font rien
comme activité, 1 soit 2% est un agent de sécurité et 2 soit 4% ne ré-
pondent pas. Et, en ce qui a trait à leur niveau économique, 13 soit
26% déclarent n’avoir pas de revenu, 18 soit 36% ont un revenu par
mois à moins de 5000gourdes, 3 soit 6% ont un revenu entre 5000 et
10000gourdes le mois et 16 soit 32% déclarent que ça varie d’un mois
à l’autre.
[52]
Il est à noter que le niveau d’instruction des membres du ménage
est un élément important qui contribue à l’amélioration des conditions
de vie de celui-ci car, il peut affecter le comportement procréateur,
l’utilisation de la contraception, le comportement en matière de santé,
le niveau de scolarisation des autres membres du ménage ainsi que les
habitudes en matière d’hygiène et de nutrition. A partir de cette étude
menée sur le camp de Delmas 33, on peut remarquer que la plupart de
personnes interviewées sont des femmes et un total de 84% de ces
personnes sont à charge d’enfant. Ces femmes, chefs de ménages, sont
pour la plupart discriminées sur le plan économique. 36% d’entre elles
n’ont pas d’emploi mais, ont des atouts en termes d’éducation Elles se
débrouillent à longueur de journée pour répondre à leurs besoins et
ceux de leurs familles.
À partir de ces données, on voit clairement que le séisme a renfor-
cé la vulnérabilité économique et sociale des gens avec un processus
de décapitalisation. En effet, avec les commentaires de Alrich et Mérat
(2011 :99), la population des camps est victime d’une triple décapitali-
sation : celle de leur patrimoine, aussi faible fut-il avant le séisme,
celle de leur capital social qui, du fait de la stigmatisation dont ils sont
victimes, risque de se réduire comme une peau de chagrin et enfin,
celle, très importante, du capital scolaire de leurs enfants, ceci ayant
de sérieuses conséquences sur la transmission intergénérationnelle de
la pauvreté. Ainsi, avec la débrouillardise qui se développe dans le
camp, cela peut, par sa massification, laisser croire qu’elle représente
une alternative sérieuse à l’assistanat car, les faits montrent cependant
que la majorité des personnes déplacées vit des dons des agences
communautaires et humanitaires.
Kensy BIEN-AIMÉ, Droit au logement et personnes déplacées … (2016) 74
dier des carences. C’est en ce sens, pour citer Pierre (2011 :32), « De
nos jours, l’assistance alimentaire domine la scène nationale. Les pro-
grammes humanitaires ont une portée spectaculaire ; ils n’escomptent
pas de résultats en termes d’amélioration des conditions de vie de la
population». Ce, pour rappeler que la façon dont on a procédé surtout,
pour le programme de relocalisation, n’est pas une solution durable.
Le montant accordé comme subvention pour le loyer est seulement
pour une année. Les gens bénéficiaires de cette aide qui n’ont pas la
possibilité de continuer à payer la maison, retourneront dans la même
situation ; ils seront toujours en situation de dépendance Donc, on
peut dire que cette subvention ne fait que repousser le problème des
personnes déplacées parce que ces mesures ne peuvent pas leur per-
mettre d’être autonomes. Cette aide de la part de ces institutions étant
un palliatif par rapport aux besoins existants et exprimés. L’attentisme
peut empêcher à ces gens à s’accommoder en se résignant.
Parmi les personnes interviewées, 30 soit 60% déclarent qu’elles
connaissent au moins une institution qui intervient dans la question du
logement et 20 soit 40% n’en connaissent pas. 28 soit 56% nous dé-
clarent qu’il y a au moins une institution qui intervient au niveau du
camp, 16 soit 32% nous déclarent qu’il n’y en a pas et 6 soit 12% ne
répondent pas. Pour les institutions qui interviennent au niveau du
camp, 19 soit 36% déclarent que OIM intervient dans le service de re-
localisation, 11 soit 22% déclarent que world vision et la Croix-Rouge
française interviennent dans la distribution de kitts et aussi, font des
formations en profession manuelle pour des gens ; 3 soit 6% déclarent
que Caritas intervient dans la distribution de tentes et 17 soit 34% ne
répondent pas. À partir de ces données, on peut remarquer qu’il y a
une quantité de personnes (20 soit 40%) qui n’a aucune information
sur les institutions qui interviennent dans la question du logement au
niveau du camp. Plusieurs raisons peuvent [55] expliquer cela.
D’abord, certaines personnes pourraient ne pas être présentes lors de
ces distributions puisqu’elles s’absentent la majorité des journées pour
leurs activités personnelles. Par exemple, lors de la réalisation de
notre terrain, une personne nous a déclaré qu’elle laisse sa maison de
très tôt le matin pour aller se débrouiller au marché le plus proche de
la zone et retourne chez elle vers les sept heures du soir. Ce, presque
tous les jours de la semaine. Ensuite, il y a d’autres qui utiliseraient
les tentes non pas pour une question de logement, mais plutôt dans le
Kensy BIEN-AIMÉ, Droit au logement et personnes déplacées … (2016) 77
Donc, pour le professeur, l’apport des ONGs est faible malgré les per-
ceptions nourries quant à leur importance dans la gestion des fonds
d’aide, soit 0,9% du volume total de l’aide destinée à Haïti. Ce qui
laisse à croire que les victimes de ces catastrophes ne bénéficient
qu’une faible partie des sommes allouées à l’aide humanitaire.
Parmi les personnes interviewées, 13 soit 26% déclarent que des
autorités haïtiennes ont l’habitude de venir discuter avec eux au ni-
veau du camp et, 37 soit 74% nous déclarent que non. De ces per-
sonnes, 3 soit 6% déclarent que, quand ces autorités viennent sur ce
camp, elles ne disent pas grands choses et 10 soit 20% déclarent
qu’elles viennent leur parler sur des précautions à prendre en cas de
catastrophes. Donc, quand ces autorités viennent sur ce camp elles ne
compatissent pas vraiment à la situation dans laquelle sont les gens.
Le discours qu’elles ont n’éveille aucune lueur d’espoir. Ainsi, on peut
constater le manque de responsabilité de l’État haïtien, etc. Ce dernier
n’a pas donné le ton. Les gens vivant dans les camps d’hébergement
plus précisément ceux vivant sur le camp de Delmas 33 sont abandon-
nés à leur sort puisque l’absence, l’indifférence de l’État haïtien à
leurs égards, s’identifie même à travers les besoins de base : la santé,
un logement décent, la sécurité, emploi, éducation, justice etc. Ce qui
pousse Suzy Castor (2011 cité par Barthold 2014 :107), à dire
que : « l’État haïtien est inexistant ou absent ». Son existence crée un
État par défaut qui se fait remarquer par la dispensation de l’aide in-
ternationale à Haïti. C’est un constat ! Certains objectifs et politiques
qui relèvent de l’activité étatique sont mis en place par l’action ou
l’intervention étrangère. Cette dernière, nous pouvons dire, remplit le
vide d’État en contribuant à la reproduction sociale. Tout ceci prouve
que l’État haïtien n’assume pas ses responsabilités dans la gestion de
la chose publique. Cet État est incapable de gérer des crises et de trou-
ver des solutions appropriées aux problèmes du pays. Il est incapable
de prendre certaines décisions et de répondre aux demandes sociales
de ses citoyens. Il cède sa place aux ONGs, à la communauté interna-
tionale et aux experts étrangers pour assurer l’ordre et prendre des dé-
cisions. Son absence soulève la question de la souveraineté, de la gou-
vernance et la compétence des dirigeants. Donc, pour Castor
(2011 :106 cité par Barthold 2014 :108) :
Kensy BIEN-AIMÉ, Droit au logement et personnes déplacées … (2016) 79
3 Cette expression est généralement utilisée pour designer des écoles dans
lesquelles les normes éducatives mise par le Ministère de l’Education natio-
nale ne sont pas respectées, ou la qualité de l’éducation est médiocre. Pour
Pierre Raymond Dumas in Lefranc Joseph (2011-14), ce qui caractérise fon-
damentalement les écoles-borlettes, c’est que leur finalité n’est pas avant
tout de former la jeunesse mais plutôt leurs responsables se proposent
Kensy BIEN-AIMÉ, Droit au logement et personnes déplacées … (2016) 82
blage (à partir de 1970), poussent des paysans à abandonner les zones ru-
rales. La volonté de certaines familles de province (urbaines surtout, mais
quelques familles rurales aussi) de faire étudier leurs enfants accentue la
pression sur l’offre de logements dans les villes et surtout dans la zone
Métropolitaine.
[65]
CONCLUSION
ET RECOMMANDATIONS
[68]
BIBLIOGRAPHIE
[v]
Annexes
Retour à la table des matières
Kensy BIEN-AIMÉ, Droit au logement et personnes déplacées … (2016) 99
[vi]
Grille d’entretien
pour agents OIM
Question de recherche
1. Votre fonction
2. Votre Poste
3. Présentation de l’OIM
* Son champ d’intervention
* Sa mission
* Sa vision
* Son public cible
4. Parlez-nous de votre intervention sur ce camps et dites-nous
depuis combien de temps vous intervenez.
5. Recensement de l’OIM à travers ce camp
6. Toutes les personnes recensées, reçoivent-elles des aides ou
une partie d’elles ? Si non, quel est le critère de choix de ces
personnes ?
7. Quel type d’aide donnez-vous sur ce camp ?
Kensy BIEN-AIMÉ, Droit au logement et personnes déplacées … (2016) 100
[vii]
Grille d’entretien
au responsable du camp
Retour à la table des matières
Question de recherche
Quelles représentations se font les gens vivant dans les camps
d’hébergement des réponses proposées par des institutions de bienfai-
sance privées, liées à l’amélioration de leur condition de logement ?
[viii]
Questionnaires
sur des personnes déplacées
Question de recherche
Quelles représentations se font les gens vivant dans les camps
d’hébergement des réponses proposées par des institutions de bienfai-
sance privées, liées à l’amélioration de leur condition de logement ?
Date : …………………………..
Lieu de naissance :………………….………………
Zone de résidence actuelle :……………………..…………
Informations sociodémographiques
1) Sexe :
a) Masculin ☐ b) Féminin ☐
2) Tranche d’Age
a) 14 – 25 ans ☐ b) 25 ou plus ☐
3) Condition matrimoniale
a) Célibataire ☐
b) marié(e) ☐
c) Placé(e) ☐
d) Divorcé(e) ☐
Kensy BIEN-AIMÉ, Droit au logement et personnes déplacées … (2016) 103
e) Séparé(e) ☐
f) Veuf (ve) ☐
4) Avez-vous des enfants ?
a) Oui ☐ b) Non ☐
4.1 Si oui, combien ? ………
7) Avez-vous un emploi ?
a) Oui ☐ b) Non ☐
7.1 Si non, vous faites quoi comme activité ?
Rep……………………………………………
[ix]
8) Quel est ton revenu économique par mois ?
a) Moins de 5000g ☐
b) 5000-10000g ☐
c) 10000-15000g ☐
d) 15000 et plus ☐
Kensy BIEN-AIMÉ, Droit au logement et personnes déplacées … (2016) 104
1- Vous-habitez où avant ?
Rep………………………………………………….……
2- C’était votre maison ou vous étiez en location ?
a) Propriété ☐ b) En location ☐ c) En colocation ☐
3- Si c’était en location, combien aviez-vous versé pour le loyer ?
Rep…………………………………………………………
4) Comment était cette maison ?
a) En bois avec toiture en tôle ☐
b) En bloc avec toiture en tôle ☐
c) En bloc avec toiture en Béton ☐
d) Autres à préciser ☐ ……………………………………
5) Avec combien de personnes viviez-vous ? …………
6) Aviez-vous accès à tous les services sociaux de base dans votre
quartier ? (Eau potable, Toilette, Centre de santé, Electricité,
Ecole, etc.)
Rep…………………………………………………………
Rep…………………………………………………………
4) Avez-vous des personnes handicapées dans votre maison ?
a) Oui ☐ b) Non ☐
5) Avez-vous des personnes âgées dans votre maison ?
a) Oui ☐ b) Non ☐
6- Est-ce que vous recevez de l’aide dans ce camp ?
a) Oui ☐ b) Non ☐
6.1- Si oui, qui vous aide ?
a) L’État ☐
b) ONG ☐
c) Parents ☐
d) autres à préciser ☐ ………………………………..
6.2- Quel type d’aide ?
a) Argent ☐
b) Produits alimentaires ☐
c) Vêtements ☐
d) autres à préciser ☐ ……………………………….
7) Connaissez-vous au moins une institution qui intervient dans la
question du logement ?
a) Oui ☐ b) Non ☐
8) Y a-t-il une institution qui intervient dans ce camp ?
a) Oui ☐ b) Non ☐
8.1- Si oui, quelle institution et quel service offre-t-elle ?
Rep………………………………………………
9) Comment trouvez-vous cette aide ?
Rep…………………………………………………………
[xi]
Kensy BIEN-AIMÉ, Droit au logement et personnes déplacées … (2016) 106
10) Est-ce qu’il y a des autorités haïtiennes qui sont venues discu-
ter avec vous au lendemain du séisme jusqu’à date ?
10.1- Si oui, en quoi consistent ces discussions ?
Rep…………………………………………………………
11) Quels sont vos besoins prioritaires actuellement ? Vos rapports
avec le logement ?
Rep…………………………………………………………
12) Comment pouvez-vous nous expliquer votre situation actuelle-
ment ?
Rep…………………………………………………………
13) Quelles sont vos perceptions sur les institutions qui inter-
viennent dans la question du logement au niveau du camp ?
Rep…………………………………………………………
14) Pensez-vous que ces institutions peuvent vous aider à sortir
dans votre situation ?
Rep…………………………………………………………
15) Quelles sont vos attentes par rapport à ces institutions ?
Rep…………………………………………………………
16) Quels sont les services de base qui existent dans la zone où
vous habitez ? (Eau potable, Toilette, Centre de santé, Electricité,
Ecole, etc.)
Rep…………………………………………………………
17) Souhaiteriez-vous un jour quitter ce camp ?
a) Oui ☐ b) Non ☐
18.1- Si oui, quelles seront les actions à poser pour que les
gens quittent le camp ?
Rep…………………………………………………………
Je vous remercie.
Kensy BIEN-AIMÉ, Droit au logement et personnes déplacées … (2016) 107
Fin du texte