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Extraits de l’œuvre intégrale 

: Sido suivi de Les Vrilles de la vigne, Colette

Texte 3

« Nonoche »

Eléments pour l’introduction :


 Lire le document « Colette et les chats »
 Structure du texte :
a) Première partie : Nonoche aux abois, jusque « comme la voix même de l'ombre… »
b) Seconde partie : le chant de l’amant mystérieux, jusque « et qu'importe! »
c) Troisième partie : portrait de l’Amour
 Projet de lecture : « En quoi cet épisode merveilleux permet-il à Colette de célébrer à la fois l’amour et
le monde tout en se livrant intimement ? »

Première partie : Nonoche aux abois, jusque « comme la voix même de l'ombre… »

« Du fond du bois où la nuit massive est descendue d’un bloc, par-dessus l’or immobile des treilles, »
° création d’un cadre féérique :hyperbole, nuit massive et richesse avec l'or.

« à travers tous les bruits familiers, n'a-t-elle pas entendu venir jusqu'à elle, traînant, sauvage, musical, insidieux, »
° Comment Colette crée-t-elle un suspens autour du « bruit entendu » ?

car elle prend le temps de remarquer que c'est « sauvage, musical, insidieux » énummeration

« -l'Appel du Matou ? »


° Que dire de cette chute ?

« Elle écoute... Plus rien. Elle s'est trompée... »


° Qui écoute ? Que dire de ce personnage ?

« Non ! L'appel retentit de nouveau, lointain, rauque et mélancolique à faire pleurer, reconnaissable entre tous. »
° Figure de style qui rend « l’appel » sonore : énumeration

° Quelle définition de l’amour se dessine ici ? Un amour antitèsique


« Le cou tendu, Nonoche semble une statue de chatte, et ses moustaches seules remuent faiblement, au
battement de ses narines. »
° Analyse de la comparaison :

mise en valeur du chat, sublime meme immobile

« D'où vient-il, le tentateur? Qu'ose-t-il demander et promettre? »


° Sur qui la focalisation interne se pose-t-elle ? Quel type de discours en résulte ici ?

° Quelle vision de l’amour se dessine ici ?

« Il multiplie ses appels, il les module, se fait tendre, menaçant, il se rapproche et pourtant reste invisible ; sa voix
s'exhale du bois noir, comme la voix même de l'ombre... »
° création d’une atmosphère pesante :

utilisation de terme dans le champ lexical du sombre, « noir, ombre » mot à connotation méchante

Seconde partie : le chant de l’amant mystérieux, jusque « et qu'importe! »

«Viens !... Viens!... Si tu ne viens pas ton repos est perdu. Cette heure-ci n'est que la première,
mais songe que toutes les heures qui suivront seront pareilles à celle-ci, emplies de ma voix, messagères de mon
désir... Viens! »
° Quels procédés rendent lyrique le chant nuptial du Matou ?

° Montrez que ce chant peut s’apparenter à un CARMEN (définition posée dans l’étude des poèmes de Baudelaire)

« Tu le sais, tu le sais que je puis me lamenter durant des nuits entières, que je ne boirai plus, que je ne mangerai
plus, car mon désir suffit à ma vie et je me fortifie d'amour !...  Viens !...Tu ne connais pas mon visage et
qu'importe! »
° Comment Colette traduit-elle ici la puissance du désir ?

Un désir assez fort malgré l'inconnu

Troisième partie : portrait de l’Amour

« Avec orgueil, je t'apprends qui je suis : je suis le long Matou déguenillé par dix étés, durci par dix hivers. »

° Repérez et analysez l’antithèse déguenillé et durci, ça l'a rendu dans un premier temps faible puis fort, résistant
° Repérez et analysez le parallélisme.

Je suis...dix hiver, opposition de hiver été, un opposé qui peut pas être plus

« Une de mes pattes boite en souvenir d'une vieille blessure, mes narines balafrées grimacent et je n'ai plus
qu'une oreille, festonnée par la dent de mes rivaux. À force de coucher sur la terre, la terre m'a donné sa couleur.
J'ai tant rôdé que mes pattes semellées de corne sonnent sur le sentier comme le sabot du chevreuil. Je marche à
la manière des loups, le train de derrière bas, suivi d'un tronçon de queue presque chauve... »
° Quelle figure de style domine ce passage ? Dans quel but ?

° Montrez que le portrait proposé est péjoratif, lucide, sans concessions.

«  (…)Et toute cette laideur me fait pareil à l'Amour! Viens!... Quand je paraîtrai à tes yeux, tu ne reconnaîtras rien
de moi,-que l'Amour ! »

° En quoi la chute du chant est-elle antithétique ? Dans quel but proposer cette antithèse ?

° Quelle figure de style achève le chant ? Dans quel but ?

Eléments pour la conclusion :


 Rapprocher ce texte des autres nouvelles des Vrilles qui personnifient des animaux (Dialogues des
bêtes  ; Toby-chien parle  ; Toby chien et la musique)
 Rapprocher aussi ce chant nuptial de la tradition hébraïque de l’Ancien testament
(Cantique des Cantiques, ch 2, 8 sqq)
Cantique des Cantiques, chapitre 2

J’entends mon bien-aimé,

oui, le voici, il vient,

sautant sur les montagnes

et bondissant sur les collines.


Mon bien-aimé ressemble |à la gazelle

ou à un jeune cerf.

Le voici : il est là, |derrière notre mur,

guettant par les fenêtres

et lançant des regards |à travers les treillis.

10 
Mon bien-aimé me parle,

et il me dit :

“Lève-toi, mon amie, |viens donc, ma belle,

11 
car l’hiver est passé

et les pluies ont cessé, |leur saison est finie.

12 
On voit des fleurs éclore |à travers le pays,

et le temps de chanter |est revenu.

La voix des tourterelles |retentit dans nos champs.

13 
Sur les figuiers, |les premiers fruits mûrissent[e].
La vigne en fleur |exhale son parfum[f].

Lève-toi, mon amie, |et viens, |oui, viens, ma belle.”

Extraits de l’œuvre intégrale : Sido suivi de Les Vrilles de la vigne, Colette

Texte 3

« Nonoche »

Du fond du bois où la nuit massive est descendue d’un bloc, par-dessus l’or immobile des treilles, à travers tous les

bruits familiers, n'a-t-elle pas entendu venir jusqu'à elle, traînant, sauvage, musical, insidieux, -l'Appel du Matou ?

Elle écoute... Plus rien. Elle s'est trompée...

Non ! L'appel retentit de nouveau, lointain, rauque et mélancolique à faire pleurer, reconnaissable entre tous. Le cou

tendu, Nonoche semble une statue de chatte, et ses moustaches seules remuent faiblement, au battement de ses

narines. D'où vient-il, le tentateur? Qu'ose-t-il demander et promettre? Il multiplie ses appels, il les module, se fait

tendre, menaçant, il se rapproche et pourtant reste invisible; sa voix s'exhale du bois noir, comme la voix même de

l'ombre...

«Viens !... Viens!... Si tu ne viens pas ton repos est perdu. Cette heure-ci n'est que la première,

mais songe que toutes les heures qui suivront seront pareilles à celle-ci, emplies de ma voix, messagères de mon

désir... Viens! Tu le sais, tu le sais que je puis me lamenter durant des nuits entières, que je ne boirai plus, que je ne

mangerai plus, car mon désir suffit à ma vie et je me fortifie d'amour !... Viens !...Tu ne connais pas mon visage et

qu'importe!
Avec orgueil, je t'apprends qui je suis : je suis le long Matou déguenillé par dix étés, durci par dix hivers. Une de mes

pattes boite en souvenir d'une vieille blessure, mes narines balafrées grimacent et je n'ai plus qu'une oreille,

festonnée par la dent de mes rivaux. À force de coucher sur la terre, la terre m'a donné sa couleur. J'ai tant rôdé que

mes pattes semellées de corne sonnent sur le sentier comme le sabot du chevreuil. Je marche à la manière des

loups, le train de derrière bas, suivi d'un tronçons de queue presque chauve... (…)Et toute cette laideur me fait pareil

à l'Amour! Viens!... Quand jeparaîtrai à tes yeux, tu ne reconnaîtras rien de moi,-que l'Amour !

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