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Fiche d’arrêt Cass.Soc., 11 mai 2022, n°21-14.

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En cas de licenciement sans cause réelle et sérieuse, l’article L1235-3 du Code du travail prévoit une
indemnité fixée à une somme comprise entre des montants minimaux et maximaux déterminés par ce
texte. 
Cette disposition, particulièrement contestée, au regard, d’une part de l’article 10 de la Convention
n° 158 de l’Organisation internationale du travail (OIT) qui impose, en cas de licenciement injustifié,
le versement d’une indemnisation « adéquate », fait l’objet de l’arrêt de la chambre sociale de la Cour
de cassation du 11 mai 2022 (n°21-14.490). 
Faits 
Mme [X] a été engagée par la mutuelle Pleyel Centre de Santé Mutualiste, en qualité de coordinatrice,
statut cadre, par contrat de travail à durée indéterminée à compter du 2 septembre 2013. La mutuelle 
Pleyel Centre de Santé Mutualiste  exploite un centre de soins dentaires à Saint Denis (93) et emploie
à la date du litige 17 salariés. 
 
En dernier lieu, la rémunération mensuelle brute de Mme [X]  s'élevait à la somme de 3.900 euros,
payée sur 13 mois, à laquelle s'ajoutait une « prime de juin » égale à 0,55 mois du salaire brut (2.145
euros en juin 2017).  
 
Mme [X]  a été placée en arrêt de travail du 23 février au 30 septembre 2017. 
  
Par lettre datée du 12 septembre 2017, Mme [X] a été convoquée à un entretien préalable à un
licenciement pour motif économique fixé au 22 septembre 2017. Sur proposition de son employeur,
Mme [X] a accepté d’adhérer à un contrat de sécurisation professionnelle le 4 octobre 2017.  
 
Par lettre datée du 6 octobre 2017, la mutualité Pleyel Centre de Santé Mutualiste lui a notifié la
rupture d'un commun accord de son contrat de travail pour motif économique à effet au 13 octobre
2017. 
Procédures 
La salariée a saisi le Conseil de Prud’hommes de Bobigny le 09  janvier 2018 puis la Cour d’Appel de
Paris aux fins de contester son licenciement. Elle reprochait à la mutuelle de l’avoir licenciée sans
cause réelle et sérieuse. A ce titre, elle réclamait des dommages et intérêts pour licenciement sans
cause réelle et sérieuse ainsi que pour non-respect de l’obligation de reclassement. 
Par jugement rendu le 18 juillet 2019, le CPH de Bobigny va débouter la salariée de ses demandes.
Toutefois, la Cour d’Appel de Paris, le 28 janvier 2021, va infirmer, partiellement, le jugement du
Conseil de Prud’hommes de Bobigny et va accueillir l’argumentation de la salariée en lui octroyant
l’ensemble des dommages et intérêts sur ses demandes. Elle va écarter l’application du barème
Macron considérant qu’en prenant compte « la situation concrète et particulière » de la salariée, elle ne
permettait pas une indemnisation adéquate et appropriée de la salariée du préjudice subi, compatible
avec les exigences de l'article 10 de la Convention n° 158 de l'OIT.  
 
La mutuelle va former un pourvoi en cassation au soutien duquel il reproche aux juges d’appel d’avoir
écarté l’application l’article L1235-3 du Code du Travail.  
Le deuxième moyen soulevé par la mutuelle tient en deux branches sur lesquelles elle met en avant,
dans un premier temps, que les juges d’appel ont écarté le barème prévu par l’article L1235-3 du Code
du Travail en violation des principes constitutionnels de sécurité juridique et d’égalité des citoyens
devant la loi, de l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 selon quoi la
loi doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse et de l’article L1235-3 du
Code du Travail, déclaré conforme à l’article 10 de la Convention n°158 de l’OIT par deux avis de
l’Assemblée Plénière de la Cour de Cassation en date du 17 juillet 2019.  
Dans sa deuxième branche, elle fait grief aux juges d’appel, en violation de l’article 12 du Code de
Procédure Civile, de ne pas avoir appliqué le barème prévu par l’article L1235-3 du Code du Travail
dès lors que la salariée ne rentrait dans aucune des exceptions prévues par ce texte (L1235-3-1 du
Code du Travail). 
Problème de droit 
Est-ce que le barème prévu par l’article L1235-3 du Code du Travail imposant un encadrement des
indemnités de licenciement est conforme à la charte de l’OIT ? Le juge, dans le cadre de son pouvoir
souverain, peut-il écarter ce barème ou au contraire, ce barème est-il doté d’une impérativité telle qu’il
ne pourrait pas être écarté ? 
Solution 
A l’étude du deuxième moyen, pris dans ses deux branches, la Cour de Cassation va casser et annuler
l’arrêt de la Cour d’Appel de Paris. La Haute Cour va confirmer que le barème prévu par l’article
L1235-3 du Code du Travail est conforme au principe de réparation adéquate fixée par l’article 10 de
la convention n°158 de l’OIT et, est d’effet direct en droit interne. 
De plus, au regard du principe d’égalité des citoyens devant la loi, exposé à l’article 6 de la
Déclaration des droits de l’Homme et des Citoyens de 1789, la Haute Cour va écarter toute possibilité
de contrôle « in concreto ».  
Ainsi, la Cour de cassation estime, au final, que le barème fixé par l’article L.1235-3 du code du
travail peut raisonnablement  permettre l’indemnisation de la perte injustifiée de l’emploi, et que les
juges français doivent, par conséquent, se contenter de fixer l’indemnisation du salarié licencié sans
cause réelle et sérieuse dans la limite du plafond imposé par le barème. 

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