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Madame,
Je reviens vers vous dans ce dossier, faisant suite à l’audience du 11 février dernier devant le
Bureau de conciliation et d’orientation du Conseil des prud’hommes de PARIS.
Vous avez souhaité, ainsi que mon client, régler votre litige à l’amiable.
► Il convient tout d’abord de revenir sur les faits à l’origine de cette procédure.
Le 6 septembre 2016, Monsieur Saïd Abdou MOHAMED a été embauché par votre société en
qualité de chauffeur, selon contrat non écrit à temps partiel (10 heures hebdomadaires).
Or, selon l’article L3123-6 du Code du travail : « Le contrat de travail du salarié à temps
partiel est un contrat écrit ».
Autrement dit, puisqu’établi sans écrit, le contrat de travail de Monsieur MOHAMED est dès
son engagement à durée indéterminée à temps plein : mon client ne manquera pas de
demander la requalification de son contrat en ce sens, avec toutes les conséquences
indemnitaires qui en découlent.
Le 6 mars 2020, vous lui avez demandé de rester chez lui jusqu’à nouvel ordre, faute de
mission à lui confier. Il s’est alors tenu à la disposition de l’entreprise.
Le 30 juin 2020, vous lui avez adressé les documents de fin de contrat suivants :
- Reçu pour solde de tout compte
- Certificat de travail
- Attestation destinée à Pôle emploi.
Ensuite, la date d’embauche figurant sur les documents de fin de contrat, à savoir celle du
01/08/2019 est erronée, mon client ayant été embauché le 06/09/2016 ; en effet, le
changement de gérance de la société intervenu le 03/08/2019 est sans incidence sur la
situation de ce dernier.
Mais surtout, Monsieur MOHAMED n’a jamais démissionné de son poste contrairement à ce
qui figure sur l’attestation.
D’autre part, l’envoi de ces documents confirment votre volonté de rompre la relation de
travail à la date du 30 juin 2020 : votre demande de rupture conventionnelle du 7 septembre
2020 intervient donc tardivement et est sans effet.
En effet, Monsieur MOHAMED, salarié de votre entreprise jusqu’au 30 Juin 2020, n’a perçu
aucun salaire pour ce mois. La somme de 439,80€ brut lui est donc due.
« Le salarié titulaire d'un contrat de travail à durée indéterminée, licencié alors qu'il
compte 8 mois d'ancienneté ininterrompus au service du même employeur, a droit,
sauf en cas de faute grave, à une indemnité de licenciement.
Les modalités de calcul de cette indemnité sont fonction de la rémunération brute dont
le salarié bénéficiait antérieurement à la rupture du contrat de travail. Ce taux et ces
modalités sont déterminés par voie réglementaire ».
« Si le licenciement d'un salarié survient pour une cause qui n'est pas réelle et
sérieuse, le juge peut proposer la réintégration du salarié dans l'entreprise, avec
maintien de ses avantages acquis.
Si l'une ou l'autre des parties refuse cette réintégration, le juge octroie au salarié une
indemnité à la charge de l'employeur, dont le montant est compris entre les montants
minimaux et maximaux fixés dans le tableau ci-dessous. (…) ».
« Le barème mentionné au premier alinéa de l'article L. 1235-1 est défini comme suit :
(…) ;
-trois mois de salaire si le salarié justifie chez l'employeur d'une ancienneté au moins
égale à un an, auxquels s'ajoute un mois de salaire par année supplémentaire jusqu'à
huit ans d'ancienneté ; (…) ».
Monsieur MOHAMED, qui a 3 années d’ancienneté dans l’entreprise est en droit de solliciter
le versement de la somme de 2 199€ brut, soit :439,80€ x 3 mois x 2 mois.
« Lorsque le licenciement n'est pas motivé par une faute grave, le salarié a droit : (…)
3° S'il justifie chez le même employeur d'une ancienneté de services continus d'au
moins deux ans, à un préavis de deux mois. ».
Les bénéficiaires du chapitre II du Code du travail sont les salariés justifiant d’une
reconnaissance de travailleur handicapé par la CDAPH, ce qui est le cas de Monsieur
MOHAMED.
« I.- Le congé annuel prévu à l'article L. 3141-3 ouvre droit à une indemnité égale au
dixième de la rémunération brute totale perçue par le salarié au cours de la période de
référence. (…) ».
Monsieur MOHAMED, qui n’a pas bénéficié de ses congés et n’a perçu aucune indemnité en
compensation, percevra donc la somme de 527,76€ brut calculée suit :
439,80€ x 12 mois = 5 277,60€ / 10 = 527,76€ (et non 439,80€ comme fixée par erreur dans la
saisine du Conseil, rédigée dans l’urgence).
Selon l’article R.1238-7 du même code, une remise de documents non conformes expose
l’employeur à une amende prévue pour les contraventions de la cinquième classe (1 500€
maximum), d’une part, et ouvrent droit pour le salarié à l’octroi de dommages et intérêts en
fonction du préjudice subi, d’autre part.
Or, non seulement l’attestation Pôle emploi remise à votre employé n’est pas conforme à sa
situation, comme souligné plus haut, mais celle-ci n’a pas été communiquée à l’organisme.
Monsieur MOHAMED, qui a ainsi été privé de ses droits à l’allocation chômage, a
nécessairement subi un préjudice dont il est en droit de vous demander réparation.
En résumé, Monsieur MOHAMED serait bien fondé à demander au Conseil des prud’hommes
la condamnation de votre société à la somme totale de : 10 030,21€
Dans l’hypothèse d’une conciliation, il sera demandé au Conseil des prud’hommes d’établir
un procès-verbal (ayant valeur de transaction), dans lequel vous et Monsieur MOHAMED
renoncerait à toutes réclamations et indemnités conformément à l’article L1235-1 du Code du
travail.
TOTAL : 5 030,21€
► Enfin, une réintégration de votre employé dans l’entreprise reste possible, conformément à
l’article L1235-3 du Code du travail précité.
Si celle-ci a lieu, elle aura pour effet d’effacer le licenciement, le salarié retrouvant son
emploi ou un emploi équivalent avec maintien de ses avantages acquis (ancienneté remontant
au 06/09/2016 notamment).
D’ores et déjà, Monsieur MOHAMED m’indique être d’accord pour réintégrer ses fonctions
au sein de votre entreprise.
TOTAL : 4 837,80€