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Rêverie compulsive : un trouble méconnu qui pourrait être relativement répandu

PsychomédiaPublié le 29 juin 2013

Des chercheurs décrivent un trouble de rêverie dite excessive, inadaptée ou


compulsive (« excessive daydreaming », « Compulsive fantasy »).

Après la publication en 2009 par les psychologues Cynthia Schupak et Jesse


Rosenthal d'une étude décrivant une histoire de cas et discutant de la « rêverie
excessive », ainsi que la publication en 2002 d'une étude par Eli Somer sur la
« rêverie inadaptée », « une multitude de forums en ligne et de pages web ont
proliféré, sur lesquels des milliers de personnes anonymes à travers le monde
témoignent avoir secrètement souffert des mêmes symptômes pendant des années »,
rapportaient Cynthia Schupak et Jayne Bigelsen en 2011 dans la revue Consciousness
and Cognition.

Plusieurs expriment leur surprise et leur soulagement de découvrir qu'ils ne sont


pas seuls à vivre ce problème. Plusieurs rapportent aussi avoir fait des tentatives
répétées pour obtenir de l'aide psychologique ou psychiatrique mais les
professionnels en santé mentale s'avouaient plutôt dépourvus devant cette
problématique, ou encore ne reconnaissaient pas leurs symptômes ou les reléguaient
inadéquatement à d'autres catégories de troubles tels que les troubles de l'humeur.
Plusieurs sentaient que leur détresse n'était pas comprise, se faisant dire que la
rêverie est créative et bénéfique et qu'ils ne devraient pas s'inquiéter.

Leur confusion est amplifiée, disent les chercheurs, par leur incapacité à faire
comprendre à la communauté clinique qu'il existe un type de rêverie, qui consiste
en une immersion chronique dans des épisodes imaginatifs qui sont « irrésistibles,
durables et compulsifs », qui est vécue comme une addiction et qui comporte un
lourd poids psychologique et des limitations dans la capacité de s'investir
normalement dans la vie.

Schupak et Bigelsen ont mené une étude avec 90 personnes qui postaient des messages
dans ces sites web et s’identifiaient comme des « rêveurs inadaptés » afin de mieux
connaître ce trouble et le distinguer de la rêverie normale.

L'étude décrit plusieurs caractéristiques concernant la nature des fantasmes ou


scénarios imaginés, leurs déclencheurs et leurs fonctions. Le manque de contrôle et
la difficulté à limiter l'activité de rêverie dans des périodes de temps
appropriées est la préoccupation principale exprimée par les participants. La
plupart de ces derniers indiquaient aussi avoir pris très jeune cette habitude.

Des recherches futures devraient être menées afin de mieux comprendre le phénomène,
estiment les chercheurs, et surtout afin d'étudier des méthodes potentielles pour
diminuer la détresse et l'atteinte fonctionnelle vécues par les « rêveurs
excessifs ».

Trouble de rêverie compulsive ou de déficit d'attention (TDAH) ?

Le rêve, un phénomène neurocognitif qui n'est pas seulement lié au sommeil mais se
produit aussi le jour

Trouble de rêverie compulsive ou de déficit d'attention (TDAH) ?


PsychomédiaPublié le 15 avril 2022

La rêverie inadaptée (« maladaptive daydreaming ») pourrait représenter un meilleur


diagnostic que le trouble de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité
(TDAH) pour certaines personnes, selon une étude publiée en mars 2022 dans le
Journal of Clinical Psychology.

La rêverie diurne inadaptée, ou compulsive, est une condition dans laquelle les
gens s'engagent dans des rêveries très détaillées et réalistes qui peuvent durer
des heures au détriment du fonctionnement normal.

Elle n'est pas reconnue comme un syndrome psychiatrique formel. Nirit Soffer-Dudek
du Département de psychologie de l'Université Ben-Gurion de Néguev (Israël), l'un
des plus grands experts de cette condition, espère qu'elle sera ajoutée à la
prochaine édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (1),
ce qui favorisait les recherches rigoureuses sur le sujet.

« Certaines personnes qui deviennent dépendantes de leurs rêveries fantaisistes


éprouvent de grandes difficultés à se concentrer et à focaliser leur attention sur
des tâches scolaires et professionnelles, mais elles trouvent qu'un diagnostic de
TDAH et le plan de traitement qui s'en suit ne les aident pas nécessairement »,
explique le chercheur.

Des études précédentes ont observé des niveaux élevés de TDAH chez les personnes
présentant une rêverie diurne inadaptée, soulevant ainsi la question de savoir si
celle-ci est distincte du TDAH.

Soffer-Dudek et Nitzan Theodor-Katz ont, avec leurs collègues (1), évalué 83


personnes ayant un diagnostic de TDAH pour des symptômes d'inattention et de
rêverie diurne inadaptée. La dépression, la solitude et l'estime de soi étaient
aussi évalués.

Parmi ces participants, environ 20 % répondaient aux critères de diagnostic


proposés pour la rêverie diurne inadaptée, avec des taux significativement plus
élevés de dépression et de solitude ainsi que d'estime de soi réduite, par rapport
aux personnes atteintes de TDAH qui ne répondaient pas aux critères de la rêverie
diurne inadaptée.

« Nos résultats suggèrent qu'il existe un sous-groupe de personnes diagnostiquées


avec le TDAH qui bénéficieraient davantage d'un diagnostic de rêverie diurne
inadaptée », conclut Soffer-Dudek.

Rêverie compulsive : un trouble méconnu qui pourrait être relativement répandu

Le rêve, un phénomène neurocognitif qui n'est pas seulement lié au sommeil mais se
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TEST : Pourriez-vous être un adulte atteint du déficit d'attention avec ou sans


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Le rêve, un phénomène neurocognitif qui n'est pas seulement lié au sommeil mais se
produit aussi le jour
PsychomédiaPublié le 25 août 2018

« Le rêve n'est pas lié au seul état cérébral qu'est le sommeil », explique G.
William Domhoff, 81 ans, chercheur en psychologie à l'Université de Californie à
Santa Cruz, dans son nouveau livre The Emergence of Dreaming : Mind-Wandering,
Embodied Simulation, and the Default Network (2017).

Il est plutôt lié au niveau d'activation cérébrale.

« Les rêves sont des simulations imaginatives, mais largement réalistes de la vie
éveillée. » Ils prennent naissance dans les mêmes parties du cerveau qui
constituent le réseau dit par défaut, connues pour être les plus actives pendant le
vagabondage de l'esprit ou la rêverie diurne (« daydreaming »).

La transition vers le rêve, explique-t-il, se fait par étapes, au fur et à mesure


que l'on cesse de prêter attention au monde extérieur. Tout d'abord, le réseau
exécutif central, focalisé sur l'extérieur, se désactive. Ensuite les réseaux
d'attention réduisent leur activité, dont le réseau de vigilance et de salience qui
est toujours prêt à envoyer des « alertes ». Enfin, à mesure que les réseaux
sensoriels éliminent la stimulation, les réseaux d'imagerie deviennent plus actifs
et l'esprit commence à vagabonder plus intensément.

Les humains passent 20 à 30 % de leur temps d'éveil dans cet état de dérive
mentale, indique Domhoff. Neurophysiologiquement, c'est le même processus qui se
produit, renforcé, pendant le sommeil.

Réveillés ou endormis, alors que l'activation du réseau par défaut augmente, la


puissance du réseau d'imagerie nous fait passer de l'errance mentale à ce que les
chercheurs appellent la « simulation incarnée », caractérisée par une imagerie
vivide et le sentiment de faire partie de l'action.

« C'est ce qui rend les rêves si réels », souligne Domhoff. « C'est la même chose
avec la rêverie. Parfois, on peut le sentir. Le sentiment d'être un participant
incarné est ce qui distingue le rêve des autres formes de pensée ».

Pendant le sommeil, l'activation cérébrale fluctue tout au long de la nuit. L'éveil


augmente à l'approche du matin, tout comme la rêverie ou le rêve, selon de
nombreuses études en laboratoire. Les rêves sont très personnels parce que le
réseau par défaut inclut une grande partie du réseau dédié au soi, ajoute-t-il.

« Nous ne rêvons pas de politique, de religion ou d'économie », dit-il. « Partout


dans le monde, les rêves sont dominés par des préoccupations personnelles. Plus de
70 % des rêves sont personnels - consistant généralement en représentations
théâtralisées de préoccupations personnelles importantes au sujet du passé, du
présent et de l'avenir ». La fréquence d'un sujet donné reflète l'intensité de
cette préoccupation dans la vie du rêveur.

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