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Dans son livre intitulé 1491 : New Revelations of the Americas before Colum-
bus, l’auteur et journaliste Charles C. Mann présente un portrait neuf de l’Amé-
rique précolombienne. S’appuyant sur des études issues d’une variété de disci-
plines, il rapporte que les scientifiques s’accordent aujourd’hui pour dire que les
premiers peuples1 sont arrivés très tôt avant les Européens ; qu’ils sont parvenus
en Amérique non seulement par le détroit de Béring mais à travers plusieurs
migrations, y compris par voie de mer ; et qu’ils occupaient des aires géogra-
phiques nombreuses et étendues au moment du contact avec les « inventeurs »
de l’Amérique, en raison de leur importance démographique (Mann, 2005). La
démonstration d’une présence autochtone inscrite dans une durée et des espaces
étendus ajoute une preuve de plus à la thèse que – loin d’avoir connu des densi-
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1. Dans ce texte, nous entendons par « premiers peuples » ceux présents sur le continent américain avant
l’arrivée des Européens.
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◮ Géographies autochtones
2. Une dernière famille linguistique localisée sur l’île de Terre-Neuve, le Béothuk, est éteinte depuis la mort
de sa dernière locutrice, une femme nommée Shanawdithit, en 1829.
3. « Une présence autochtone : nos origines. » Musée canadien des civilisations, en ligne :
www.civilization.ca/cmc/exhibitions/aborig/fp/fpz2f12f.shtml (consulté le 10 août 2012).
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des Inuit d’aujourd’hui.4 Pour leur part, les Métis tracent leurs origines à la
période de traite des fourrures qui occasionna de nombreuses unions entre des
traiteurs européens et celles qu’on désignait comme des « femmes du pays ».
Des communautés métisses socialement et politiquement organisées ont vu le
jour à partir du XVIIIe siècle et ont constitué un archipel culturel s’étendant du
Québec à la Colombie-Britannique avec une plus grande concentration dans la
région des Prairies. Toujours selon la Constitution canadienne de 1982 (art. 35),
c’est l’appartenance à une telle communauté historique qui confère le statut
indien aux Métis et non le seul fait d’être issu d’une union mixte. Sur une
population totale de près de 32 millions d’habitants, le recensement canadien
de 2006 dénombrait 1 172 790 individus d’origine autochtone. Il existe plus
de 600 bandes indiennes au Canada (incluant les Métis) et 53 communautés
inuit5 . Malgré ce poids démographique relativement faible dans l’ensemble
canadien, la population autochtone connaît un fort taux de natalité : on estime
que les femmes autochtones ont près de deux fois plus d’enfants que la moyenne
canadienne (Boileau 2002).
◮ Gouvernance
La longue marche de la décolonisation des relations entre les Autochtones et
les immigrants plus récents influence de façon marquante le Canada depuis
plusieurs décennies. Dans ce contexte, la gouvernance – à l’échelle locale,
provinciale et fédérale – est un dossier de première importance pour les Autoch-
tones. Alors que ceux-ci ont constitué des alliés de guerre et des partenaires
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6. « La Proclamation royale de 1763 : le principe des négociations pour les traités. » Bibliothèque et archives
Canada, en ligne : www.lac-bac.gc.ca/publications/002/015002-2010-f.html (consulté le 22 août 2012).
7. Selon les mots du Premier Ministre John A. Macdonald en 1887. Pour un historique des politiques
gouvernementales d’assimilation : « Que sont les enfants devenus ? Guérir l’héritage des pensionnats. » En
ligne : www.wherearethechildren.ca/fr/bookcase/grades-9-10/chapter-1.html (consulté le 22 août 2012).
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dans la société blanche. Les mesures pour atteindre les visées conjointes de la
réduction et de l’assimilation ont été nombreuses : création de « réserves » ;
inscription des personnes qui y vivent sur un « registre indien » ; subrogation
des régimes politiques ancestraux via l’imposition d’un système de « bandes »
régi par le gouvernement fédéral ; scolarisation des enfants à l’occidentale,
souvent dans des écoles résidentielles situées hors réserve. En 2008, la Com-
mission de vérité et de réconciliation du Canada a été créée pour analyser les
séquelles des pensionnats indiens, permettre une reconnaissance de l’injustice
et des torts causés aux Autochtones, et enclencher le processus de compensation
et de guérison ; en juin 2008, le Premier Ministre Stephen Harper prononça des
excuses officielles de la part du gouvernement fédéral8 . Puisque l’impact des
pensionnats indiens touche non seulement ceux et celles qui y ont vécu mais
aussi leurs enfants, les processus de guérison doivent se poursuivre à travers les
générations.
Si l’objectif colonial d’assimilation a passé par une déstructuration des commu-
nautés, celles-ci ont fait preuve d’une très grande résilience face à ces pressions.
L’idéologie assimilationniste fédérale a culminé avec la présentation, en 1969,
du Livre Blanc par le gouvernement libéral de Pierre Elliott Trudeau. À sa
base, le Livre Blanc émanait d’un principe noble : celui d’éliminer le statut juri-
dique distinct des Autochtones qui les place dans une position de pupille face à
l’État canadien. Sur les traces de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis
et de son pendant amérindien (surnommé le mouvement « Red Power »), le
gouvernement canadien souhaitait mettre un terme à la distinction entre les
Autochtones et les autres Canadiens en abrogeant la loi sur les Indiens et en
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Après la parution du Livre Rouge, d’autres moments forts sont venus marquer
l’évolution des cadres de gouvernance, et ceci à toutes les échelles. La question
territoriale est devenue prépondérante car c’est par elle que passent le déve-
loppement et l’exploitation des ressources naturelles, sur lesquels repose en
grande partie l’économie canadienne. De 1971 à 1974, la Commission Ber-
ger a enquêté sur les impacts de la construction d’un projet de gazoduc censé
relier l’Alaska à l’Alberta via le nord du Yukon et la vallée du Mackenzie. Les
Autochtones de la région (Dénés, Inuit, Métis) considéraient le pipeline comme
une menace pour leur environnement et leurs revendications territoriales. Le
juge Thomas Berger recommanda un moratoire sur la construction jusqu’en
1987 afin d’accorder le temps nécessaire au règlement des revendications terri-
toriales. Ces développements dans l’Ouest du Canada n’ont pas été sans impact
pour le Québec, suscitant une prise de conscience – d’abord timide, mais qui
a gagné en importance – des enjeux territoriaux liés aux peuples autochtones.
En 1971, le gouvernement provincial de Robert Bourassa a lancé en grande
pompe un projet majeur de développement hydroélectrique sans avoir au préa-
lable consulté les habitants autochtones du territoire, soit les Cris de l’Est de
la Baie James (Eeyou Istchee)10 . Suite à une opposition organisée, les Cris ont
requis une injonction contre les travaux ; celle-ci a été accordée par le juge
Albert Malouf, mais a été rapidement invalidée. Cependant, les parties ont
été forcées de négocier et en sont venues à une entente, soit la Convention
de la Baie James et du Nord québécois (CBJNQ), signée en 1975. Il s’agit
d’un pas majeur puisque la CBJNQ représente le premier traité « moderne » au
Canada. Les Naskapis et les Inuit en sont également signataires, à l’exception
de trois communautés ; celles de Puvirnituq, d’Ivujivik et de Salluit qui forment
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l’autonomie des Premières nations et de mieux définir l’interface avec les gou-
vernements provinciaux et fédéral12 . En effet, le processus de « Revendications
territoriales globales » – dans lequel s’est inscrit la CBJNQ – en marche depuis
1973, touche les régions du pays où des traités n’ont pas été conclus avec les
peuples autochtones ; entre autres, au Québec, en Colombie-Britannique et dans
différentes régions nordiques. Ce processus vise à établir une meilleure défini-
tion des droits fonciers autochtones au chapitre de la possession, de l’usage et de
la gestion des terres et des ressources naturelles.13 En date de mars 2012, vingt-
cinq accords ont été conclus au Canada. Parmi ceux-ci, il faut noter l’Accord du
Nunavut qui a permis en 1999 la création du plus grand territoire inuktophone
du Canada, ainsi que le Traité Nisga’a qui constitue le premier traité moderne à
avoir été conclu en Colombie-Britannique. Le cadre juridique en regard de ces
questions est en pleine évolution et chaque jugement légal apporte des éléments
de plus pour résoudre le casse-tête de l’imbrication juste et harmonieuse des
coutumes et des institutions politiques autochtones et allochtones.
◮ Savoirs et territoires
Pendant que cette évolution suit son cours, d’autres initiatives se dessinent de
façon plus ponctuelle afin de définir et de raffiner les modalités de cohabitation
et de cogestion territoriales entre Autochtones et Allochtones, en particulier en
ce qui a trait à l’exploitation des ressources et à la gestion environnementale.14
Parmi les nombreux jugements qui, depuis près d’un demi-siècle, font avancer
la gouvernance territoriale à l’échelle du pays, l’arrêt Haida et le jugement Taku
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12. Les ententes visent à remplacer la Loi sur les Indiens comme cadre de gouvernance dans les communautés
signataires.
13. « Revendications territoriales globales. » Affaires autochtones et développement du Nord Canada, en
ligne : www.aadnc-aandc.gc.ca/fra/1100100016296/1100100016297 (consulté le 23 août 2012).
14. Pour le détail de cette évolution juridique : Dupuis 2001 ; « Terres autochtones en vue. »
Radio-Canada, en ligne : http://www.radio-canada.ca/sujet/terres-autochtones (consulté le 10 septembre
2012) ; « Jugements et événements. » Québec : Secrétariat aux affaires autochtones, en ligne :
http://www.versuntraite.gouv.qc.ca/documentation/jugements.htm#liste (consulté le 10 septembre 2012).
15. « Terres autochtones en vue. » Radio-Canada (ibid.).
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conçus pour tenir compte des droits territoriaux des Autochtones continuent
de se développer et de s’imbriquer à d’autres éléments cruciaux d’une gestion
qui vise à la fois l’équité financière et la reconnaissance culturelle. Ce faisant,
la prise en compte des intérêts des Inuit et des Premières nations passe néces-
sairement par l’intégration des savoirs autochtones dans la gestion territoriale.
Adoptée par le gouvernement fédéral en 2002, la Loi sur les espèces en péril
tient compte de ces savoirs, en reconnaissant les liens particuliers qu’entre-
tiennent les Autochtones avec les ressources écologiques, autant pour des fins
alimentaires, sociales et spirituelles, que commerciales. La Loi stipule égale-
ment que le savoir traditionnel autochtone doit être pris en considération au
moment des évaluations des espèces en péril et de l’élaboration et de l’appli-
cation de mesures de protection et de rétablissement. Le Fonds autochtone
pour les espèces en péril a été créé en 2004-2005 afin de mettre en œuvre cette
vision.16 Au Québec, la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier
(2009) représente également une avancée importante en matière d’intégration
des savoirs et intérêts des Autochtones dans la gestion des ressources et du
territoire.17
Alors que certains considèrent la clarification du cadre de gestion des ressources
naturelles comme un moyen de soutenir l’autonomisation des communautés
autochtones et d’harmoniser leurs relations avec les Allochtones, d’autres la
conçoivent comme une incursion supplémentaire, par la société dominante,
dans les affaires autochtones. Car les mécanismes de cogestion des ressources
reposent parfois sur une conception du territoire et de sa gouvernance qui irait
à l’encontre de la gestion coutumière et des savoirs traditionnels autochtones
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16. « Loi sur les espèces en péril. » Ministère de la justice – Canada, en ligne : http://laws-
lois.justice.gc.ca/fra/lois/S-15.3/page-1.html (consulté le 11 septembre 2011) ; « Fonds autochtone
pour les espèces en péril. » Gouvernement du Canada, en ligne : http://www.recovery.gc.ca/AFSAR-
FAEP/index.cfm?fuseaction=home.main & lang = F (consulté le 11 septembre 2012).
17. Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier, en ligne :
http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=2 & file
=/A_18_1/A18_1.html (consulté le 26 septembre 2012).
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◮ Urbanités
Les développements politiques des années 1970 et 1980 localisaient la question
des droits territoriaux des Autochtones en milieu rural ou géographiquement
excentré des zones majeures de peuplement européen, comme ce fut le cas
pour les dossiers touchant aux régions nordiques. La crise d’Oka de 1990 a
ramené la problématique du partage du territoire résolument en milieu urbain,
soit dans la grande région de Montréal. Surnommée « l’été Indien », cette
période s’est étendue du 11 mars au 26 septembre. L’événement déclencheur
fut une décision municipale qui portait atteinte à un territoire amérindien : afin
d’agrandir un terrain de golf, la ville d’Oka menaçait d’empiéter sur une pinède
où se trouve le cimetière des Mohawks de Kanesatake. Ceux-ci protestèrent
contre le projet d’agrandissement du golf, d’abord par une occupation pacifique
du territoire puis, devant le refus des autorités locales de négocier, en dressant
des barricades. Dans un geste de soutien, une autre communauté Mohawk –
Kahnawake, située au sud de Montréal – a bloqué de son côté le pont Mercier,
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18. Pour une description plus détaillée des événements consultez : Ciaccia (2000) ; Desbiens (2011) ;
Lamarche (1992) ; York et Pindera (1991).
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19. « Commission royale d’enquête sur les autochtones. » L’Encyclopédie canadienne, en ligne :
http://www.thecanadianencyclopedia.com/articles/fr/commission-royale-denquete-sur-les-autochtones
(consulté le 18 septembre 2012).
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avec la culture ne soit nécessaire – lors d’une union légale. N’ayant plus droit de
résidence dans leur communauté ou aux services liés au statut indien, nombre de
femmes mariées à des non-Indiens ont été forcées de s’exiler en ville avec leur
famille. Cette clause discriminatoire fut contestée par Jeannette Corbière Lavell
et Yvonne Bédard (respectivement d’origine anishnabe et iroquoise) au début
des années 1970. Toujours fermement ancrée dans une logique d’assimilation,
la Cour suprême du Canada conclut que, puisque les deux femmes avait accédé
à l’ensemble des droits canadiens en perdant leur statut indien, cette clause ne
constituait pas un acte de discrimination (Lawrence, 2003 ; Lavell-Harvard et
Corbière-Lavell, 2006). En 1981, Sandra Lovelace (malécite) se présenta au
Comité des droits de l’homme (sic) de l’Organisation des Nations Unies (ONU)
et obtint gain de cause : la loi sur les Indiens fut amendée en 1985 par la loi
C-31. Bien que plusieurs femmes ont été en mesure de réintégrer leur statut
indien grâce à cette nouvelle loi, de nombreux problèmes persistent jusqu’à
nos jours : leurs enfants et petits-enfants sont soumis à différentes catégories
de statuts qui, dans le cas de mariages entre Autochtones de différents statuts
ou entre Autochtones et non-Autochtones, agissent comme un entonnoir où
l’éventail des droits reconnus se rétrécit de plus en plus, jusqu’à devenir pra-
tiquement inexistant à mesure que les générations se succèdent (Sayers et al.,
2001 ; NWAC, 1991).
Quelles que soient les raisons de la présence des Autochtones en ville, l’urba-
nité autochtone est un phénomène qui gagne en importance partout au Canada
(Peters 2007 et 2010). Le recensement canadien de 2006 a relevé 623 470
Autochtones vivant en milieu urbain, dont 50 % étaient des membres des Pre-
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années 1980, avec pour résultat que les Autochtones gagnent à la fois en visi-
bilité et en diversité dans les villes québécoises (Lévesque, 2003, p. 25). La
ville structure désormais des formes contemporaines de mobilité, donne nais-
sance à de nouvelles institutions et devient un espace public autochtone propice
à la prise de parole ainsi qu’à des mobilisations citoyennes pan-autochtones.
Ces dynamiques sont à la base de réseaux qui prennent de l’expansion entre
les communautés autochtones, les centres urbains et les instances gouverne-
mentales, voire internationales, comme l’ONU ou Amnistie internationale au
sein desquelles les Premiers peuples sont très actifs. Une grande partie de ces
réseaux trouvent leur genèse dans la création d’un Centre d’amitié autochtone
(CAA) en milieu urbain. Créés à l’origine pour offrir du soutien aux individus,
soit lors d’un séjour limité soit lors d’un déménagement plus permanent en
ville, les CAA ont grandement élargi leur palette de services, développant des
programmes en éducation, santé, emploi, logement, petite enfance, soutien aux
familles, transmission de la culture, etc. Les CAA sont reliés par une associa-
tion pan-canadienne, la National Association of Friendship Centres (NAFC), de
même que par des organisations parapluie opérant à l’échelle provinciale, tels
que le Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec (RCAAQ).21
À ces réseaux s’ajoutent les bureaux des associations et des gouvernements
autochtones qui détiennent une antenne en ville, les musées et les institutions
culturelles, les établissements d’éducation et de formation ou encore les entre-
prises détenues par des individus Inuit ou issus des Premières nations. Les lieux
de rencontre moins structurés, mais bien connus et fréquentés par la population
autochtone, sont également nombreux, allant des quartiers et cafés en passant
par les lieux domestiques.
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◮ Conclusion
Les identités et les territorialités autochtones au Canada sont aujourd’hui,
plus que jamais, en mutation et en voie de reconfiguration. L’évolution des
négociations territoriales globales, la conclusion d’ententes entre les peuples
autochtones et les gouvernements provinciaux et fédéral, ainsi que la mise en
œuvre de modèles de co-gestion des ressources naturelles laissent penser que le
Canada a désormais choisi de respecter les aspirations culturelles et politiques
des Premières nations, des Inuit et des Métis.
Et pourtant, nous ne sommes peut-être pas encore tout à fait sortis de la vision
assimilationniste prévalant depuis le XIXe siècle en matière de reconnaissance
de droits autochtones au Canada. En témoignent, premièrement, la parution
récente de l’ouvrage de Tom Flanagan, Christopher Alcantara et André Le
Dressy, intitulé Au-delà de la loi sur les Indiens. Rétablir les droits de propriété
autochtone au Canada (Flanagan et al. 2011) ; deuxièmement, l’intention
du gouvernement Harper, annoncée en décembre 2011, d’examiner avec les
Premières nations intéressées l’adoption de mesures législatives en faveur de
la propriété privée de la terre à l’intérieur des réserves. De telles mesures
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