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LETTRE OUVERTE AU PEUPLE BASSA-MPOO-BATI

J’ai lu avec beaucoup d’intérêt un post envoyé récemment dans un groupe watsapp
composé d’un certain nombre d’élites Bassa Mpoo Bati de la Sanaga Maritime et du
Nyong et Kéllé.

L’auteur de ce post faisait un constat amer de la situation de notre peuple au


Cameroun ; marginalisation, combat perpétuel de toute élite Bassa qui cherche à
"émerger, manque d’infrastructures de base dans nos départements (routes, ponts, eau
potable, électrification, hôpitaux, insuffisance d’établissements scolaires et absence
d’établissements supérieurs etc..

J’ai été surpris que c’est seulement maintenant que certains font un tel constat d’une
situation née pendant et après la lutte pour l’indépendance du Cameroun.

En effet, la tragédie du peuple Bassa-Mpoo Bati vécue aujourd’hui n’est qu’une


conséquence de l’application des directives de l’administration coloniale française,
notamment celles prescrites par AUJOULAT, administrateur colonial français au
Cameroun.

Le crime commis par le peuple Bassa est d’avoir combattu les forces françaises
d’occupation pour l’indépendance et la souveraineté du Cameroun.

Après les camps de concentration ou l’on projetait l’extermination du peuple Bassa,


d’après le discours du PM André Marie MBIDA tenu à BOUMNYEBEL. Les Bassa
Mpoo Bati ont été dispersés dans plusieurs régions du Cameroun pour éviter tout
regroupement, fragilisant ainsi toute action de leur part.

Durant la période de lutte pour l’indépendance, les Bassa ont été persécutés et
brutalisés par les forces militaires et de renseignements, au point que certaines
personnes modifiaient même leurs noms pour éviter toute connotation Bassa. Les
Bassa étaient appelés les « Maquisards » puisque la branche armée de l’UPC opérait
une espèce de guerilla sous maquis, c’est d’ailleurs sous maquis que le "Mpodol"
Ruben UM NYOBE qui pourtant était un non violent a été assassiné, son corps mutilé
près de Boumnyebel à Libel li Ngoï, non loin de son village natal Song Mpeck

Les Bassa se retrouvent aujourd’hui dans quatre régions au Cameroun : Le Centre, le


Littoral, le Sud et le Sud-Ouest. Ceux du Sud-Ouest sont surtout ceux qui fuyaient la
guerre dans la partie orientale du Cameroun, et ceux qui s’y étaient installé sous
l’administration coloniale allemande.

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Cet émiettement n’est pas sans conséquences pour notre peuple : la difficulté à nous
unir pour des actions communes, les rivalités internes, la jalousie etc…

Depuis un certain temps, un groupe d’élites plaident pour une région Bassa-Mpoo-
Bati. Malheureusement ceux qui gouvernent le Cameroun sont choisis par la France
qui maintient les consignes des administrateurs coloniaux, du coup il est très difficile
au pouvoir en place d’accéder à cette demande. C’est pour les mêmes raisons que nos
élites ont du mal à émerger au sein du pouvoir politico-administratif au Cameroun.

Il faut savoir que dans la lutte pour l’indépendance du Cameroun, les Bassa n’étaient
pas les seuls qui s’étaient engagés dans cette voie, il y avait aussi nos frères de l’Ouest
Cameroun, dont les populations ont été massacrées par l’armée franco-Camerounaise.

Donc nos deux peuples avaient été épinglés au même titre et les mesures d’isolement
prises contre les Bassa les concernaient également. Toutefois, les gens de l’Ouest ont
adopté une démarche particulière après la déclaration d’indépendance, en effet, une
forte délégation des élites politiques l’UPC de l’Ouest, y compris ceux qui ont
combattu l’occupant français, s’était rendue à Yaoundé rencontrer le premier Président
du Cameroun AHIDJO HAMADOU pour se rallier au pouvoir en place et négocier un
accord du gouvernement avec ce dernier.

Or les Bassa-Mpoo-Bati avaient rejeté toute forme de négociation avec la France, une
première fois avec Ruben UM NYOBE sous maquis à travers feu Monseigneur
MONGO, puis une deuxième fois en 1959 à ESEKA avec les députés de l’UPC MAYI
MATIP MBONG BAYEMI, NONGA YOMB, Dr INACK NDJOCKY, BAYIG
TCHUE.

Toutes les propositions françaises tendaient à accorder quelques privilèges aux


dirigeants de l’UPC à condition d’abandonner la demande d’une indépendance totale
et souveraine. Les Upécistes ne voulaient pas se contenter de quelques postes
ministériels. Les pourparlers avaient duré près de 08 h d’horloge.

Tout ce que nous avons évoqué ci-dessus peut être considéré comme étant les raisons
exogènes qui ont miné notre développement économique. Parce qu’il faut savoir que le
programme politique de l’UPC prévoyait d’abord l’unification des deux parties du
Cameroun (anglophone et francophone), l’indépendance administrative, et enfin il
fallait s’atteler à l’élévation du standard de vie de nos populations, autrement dit, le
développement économique, social et culturel.

Or à ce niveau, nous constatons bien que les gens de l’Ouest Cameroun et nous les
Bassa avions subis à peu près les mêmes traitements infligés par les forces françaises,
à la fin, force est de constater que les ressortissants de l’Ouest s’en sortent nettement
mieux que nous les Bassa. Il est vrai que les gens de l’Ouest n’ont pas été émietté par

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l’administration coloniale comme les bassa, parce qu’ils se retrouvent tous dans une
seule et même région, même si à cause de leur activisme économique on les retrouve
aujourd’hui dans presque toutes les régions du Cameroun. Ils ont adopté une attitude
réaliste face au pouvoir, Donc ceci est tout de même un atout majeur. L’autre atout
majeur réside dans la préservation de leurs traditions et coutumes, qui constituent un
socle important à partir duquel repose leur société. Le respect des valeurs
traditionnelles est un facteur important dans la marche de leur société.

Ce qui n’est pas le cas chez les Bassas-Mpoo-Bati qui ont abandonné leurs acquis
traditionnels et coutumiers, aidés en cela par l’extérieur

Dès lors on peut comprendre la démarche de l’élite bassa-Mpoo-Bati qui revendique


une région dans laquelle les Bassa-Mpoo-Bati seraient largement majoritaires, ils
pourront alors ressusciter leurs traditions.

Quand on a identifié les causes exogènes du retard dans le développement


économique, social et culturel du peuple Bassa, examinons maintenant les causes
endogènes.

1- L’INDIVIDUALISME :

Le Bassa n’a pas l’esprit associatif, la notion d’union pour une synergie d’action est
loin d’être la chose la mieux partagée dans notre peuple. On pouvait aisément le
constater du temps de nos ancêtres et même aujourd’hui encore dans nos villages,
chacun veut construire sa petite case là où on a enterré ses parents, même si c’est en
pleine brousse, loin de toute infrastructure sociale de base (route, école, centre de
santé, électrification rurale, adduction d’eau potable).

C’est pour cette raison qu’en parcourant nos villages, on voit des maisons
d’habitations parsemées ci et là.

Or on dit que l’union fait la force Ị un proverbe Bassa ne dit-il pas que « woo wada
nkan bée djomb ».

2- L’ORGUEIL

Chaque Bassa est fier de lui, c’est pourquoi les expressions telles que « tolè a tabé
nlimil ndjonck » ou encore" mè ndjél mbaï yon è" ? Sont très courantes chez nous. Il
arrive quelques fois que vous voyez une personne qui n’a rien ou presque, mais qui
refuse de s’humilier pour solliciter de l’aide d’un proche qui en a un peu plus.

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Or la parole de Dieu nous enseigne que l’humilité précède la gloire tandis que l’orgueil
précède la chute.

3- LE MANQUE DE RESPECT

Dans la société Bassa, on ne respecte personne. Du coup, on méprise les tenants de la


tradition (les Ba Mbombog), les chefs traditionnels qui sont des auxiliaires de
l’administration, les ainés, les nantis, les intellectuels etc…..

Tout le monde est logé dans la même enseigne, l’expression "ya" est couramment
utilisée dans notre langage. On minimise tout, on méprise tout le monde. Que peut-on
construire de viable avec les "ya " au sein d’une société, c’est la désinvolture totale.
Pourtant on dit chez nous que " nu mud a sohna ndèngè libit hikoa ba yan man"
(excusez-moi si je ne me suis pas bien exprimé)

4- LE MANQUE D’ARDEUR AU TRAVAIL :

Contrairement à nos ancêtres qui étaient des grands travailleurs, la jeunesse Bassa
d’aujourd’hui a opté pour la facilité, aidé en cela par la consommation abusive de
l’alcool et des stupéfiants.

5- TRES FAIBLE CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE

Les jeunes se marient très peu aujourd’hui et ceux qui se marient font très peu
d’enfants, influencés en cela par la civilisation occidentale.

Un jeune couple de cadres moyens va chercher à faire deux ou trois enfants à cause
dira-t-il du coût de la vie. Les mariages polygamiques ont disparu chez les Bassa
depuis belle lurette.

Or à l’époque ou la polygamie existait chez les bassa, on trouvait des familles


nombreuses, et parce qu’on prétendait à juste titre que c’est une richesse (mut a gwé
bot a yé ngwan).

6- LA MECHANCETE

Le Bassa est foncièrement méchant, surtout vis-à-vis de son frère. Autant il est prêt à
encenser les autres, autant il est prêt à détruire son propre frère, toujours prêt à se
réjouir du malheur de son frère ou sa sœur, (ba nyè a ngwes éba ki bot ?) Quand son
frère perd un poste important dans l’appareil administratif ou privé, il est le premier à

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se réjouir. Tu ne verras jamais le Bassa soutenir ouvertement son frère quand il est
combattu même à tort par les autres. On constate que lorsqu’une élite Bassa occupe
une fonction importante dans la société, dès qu’il essaie de s’entourer de ses frères, il
creuse sa propre tombe. Alors que dans d’autres tribus, quand un frère est promu, on se
réjouit parce que c’est une opportunité pour aider les autres. C’est ainsi que certains
hommes d’affaires prospèrent en bénéficiant des coups de main reçus en toute légalité
par les leurs à la tête des grosses structures.

Dans nos villages, la pratique de la sorcellerie est le sport préféré, du coup les jeunes
fuient les villages et refusent d’y investir.

7- LA JALOUSIE

Dès qu’un Bassa veut sortir la tête de l’eau on commence à tenir des propos tels
« qu’est ce qu’il veut nous montrer ? » ou alors c’est sûr qu’il a mis la main quelque
part, du coup certaines personnes, même à l’intérieur de la même famille ils vont
commencer à prendre leurs distances pour éviter d’être des victimes d’un argent sale.

8- LA HAINE :

Le Bassa entretien une haine tenace, surtout vis-à-vis de son frère. On a même constaté
que dans certains cas ce phénomène se transmet de générations en générations. Le
pardon est très loin d’être la chose la plus partagée chez les Bassa. Bien que beaucoup
sont des religieux (catholiques, protestants, évangéliques etc..), et que certains récitent
la prière universelle apprise par Jésus aux disciples, et dans laquelle on parle du
pardon (pardonne nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous
ont offensé…) rien n’y fait. Il est encore écrit dans la bible 1 co 13 : 4-7 parlant de
l’amour, on ne peut prétendre suivre Dieu et ne pas appliquer ces préceptes.

Voici en quelques lignes mon constat sur la situation de l’homme Bassa au Cameroun.

QUELQUES PISTE DE SOLUTIONS :

Les solutions aux problèmes vécus par les Bassa au Cameroun sont de plusieurs
ordres, eu égard au constat fait plus haut.

Au plan spirituel

A mon avis, il faudrait commencer par une repentance générale, sincère et véritable en
implorant la grâce de Dieu. Beaucoup de sang des innocents versé par les Bassa ou
avec leur complicité parle contre nous (exemple Mpodol UM NYOBE qui a été tué
avec la complicité de ses frères). Il faut abandonner la sorcellerie dans nos villages et
permettre aux jeunes de s’intéresser à leur terroir. Si ceci n’est pas fait, il sera très

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difficile aux Bassa de sortir la tête de l’eau dans notre pays. A ce niveau j’interpelle les
détenteurs du pouvoir traditionnel et l’église.

C’est un élément très important qui permet de résoudre à la fois plusieurs problèmes
recensés dans le diagnostic plus haut. Les Bassa sont confrontés à la fois au respect des
traditions ancestrales et les croyances religieuses (chrétiens et musulmans). Il est vrai
que la religion chrétienne est fortement implantée par rapport aux musulmans. Mais le
choc des croyances se retrouvent surtout entre les chrétiens et les adeptes de la
tradition ancestrale.

Il est vrai qu’avant l’arrivée des missionnaires occidentaux, nos ancêtres croyaient à
Dieu qu’ils appelaient HILOLOMB, mais ils n’avaient aucune relation véritable avec
lui, ils savaient qu’il était là-haut et ils éprouvaient une certaine crainte de Dieu à qui
ils vouaient certainement un culte. Il y avait certaines pratiques coutumières qui
régissaient la société. Il y avait des traitements traditionnels pour certaines maladies,
en fait la vie sociétale était bien organisée. Les Ba MOMBOG étaient les gardiens de
la tradition. La société traditionnelle a subit l’influence étrangère à deux niveaux.

Au plan spirituel: avec l’arrivée des missionnaires Judéo-Chrétiens et les arabes


musulmans.

La religion chrétienne à dépouillé la société traditionnelle de la quasi-totalité de ses


pratiques, estimant qu’elles ne s’accommodaient pas avec l’évangile.

- L’administration coloniale a instauré les chefferies traditionnelles qui sont les


auxiliaires de l’administration, pour contrôler la vie des populations, en
imposant leurs lois et règlements.
- Cette situation a fait que les Bassa ont perdu leurs repères, au point qu’ils vivent
une espèce de métissage entre la tradition qui tend à disparaitre, et le
modernisme. Or la pluspart des autres tribus du Cameroun, bien que vivant dans
un environnement fortement influencé par des cultures importés, ont tout de
même conservé l’essentiel de leurs cultures traditionnelles.

En réalité, notre peuple devait s’estimer privilégié pour avoir reçu l’évangile qui
produit le salut en Jésus Christ. Certains pseudo –traditionalistes qui ont tendance à
critiquer le christianisme ne proposent rien de meilleur que les valeurs enseignées dans
le christianisme. En effet, quand on examine un peu les Saintes Ecritures, on voit que
Jésus Christ a laissé à l’humanité un commandement nouveau basé uniquement sur
l’amour. Par exemple il a dit : Tu aimeras Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et
de toute ta pensée et ta force, c’est le premier commandement, et le second qui lui est
semblable :" Tu aimeras ton prochain comme toi-même".

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Dans un autre passage biblique Mat 5 : 43-44, il a dit "vous avez appris qu’il a été dit :
tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi (loi de Moïse).

 Mais moi, je vous dis : aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent,
faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent
et qui vous persécutent.

Dieu est amour, quiconque se réclame de lui et qui ne marche pas dans l’amour, ne l’a
jamais connu dit l’apôtre Jean dans ses épitres.

Si nous prenons encore un passage biblique dans 1 co13 : 4-13 nous voyons ce que
produit l’amour selon Dieu :

« La charité est patiente, elle est pleine de bonté ; la charité n’est pas envieuse ; la
charité ne se vante point, elle ne s’enfle point d’orgueil, elle ne fait rien de
malhonnête, elle ne cherche point son intérêt, elle ne s’irrité point, elle ne soupçonne
point le mal,

Elle ne se réjouit point de l’injustice, mais elle se réjouit de la vérité"

Elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout elle supporte tout".

Quelqu’un me dira est-ce possible tout ce qu’on vient d’énumérer ci-dessus ?


Effectivement ceci semble impossible aux hommes en comptant sur leur propre force,
mais avec Dieu tout est possible.

En effet il dit dans sa parole " ce n’est ni par la force, ni par la puissance, mais par mon
Esprit". C’est l’Esprit de Dieu qui rend capable de produire l’amour dans nos cœurs
selon Ga 5 :22.

"Mais le fruit de l’Esprit c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la


bienfaisance, la fidélité, la douceur, la tempérance"

Pour recevoir l’Esprit de Dieu, il faut devenir enfant de DIEU ? selon Jean 12-14.

En effet nous sommes tous des créatures de Dieu mais nous ne sommes pas tous les
enfants de Dieu Rom 10 : 9-10 nous dit comment recevoir le salut en Jésus Christ, tout
commence par une repentance véritable en passant par la confession selon Rom 10 :
9-10, puis le baptême d’eau et celui du Saint Esprit.

Dès lors il est écrit dans la bible que ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont
fils de Dieu, donc c’est le Saint Esprit qui vous conduit désormais.

Voilà ce que propose l’évangile de Jésus Christ.

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Je ne peux parler du "MBOG" parce que je n’en sais rien, mais le MBOG propose-t-il
des préceptes meilleurs ? Si oui pourquoi il ne crée pas un impact positif et tangible
dans notre société ? on aurait aimé avoir les détenteurs du pouvoir traditionnels agir
pour résoudre de nombreux problèmes qui minent notre société. Peut-être sa arrivera
un jour. Pour le moment on ne sent pas trop son influence sur notre peuple.

Au plan sociétal :

Il faut apprendre à se mettre ensemble pour des actions efficaces, l’individualisme ne


nous mènera à rien. Nous sommes un peuple fort, intelligent, et intègre, si nous
mutualisons nos forces, il n’y a rien que nous ne puissions réaliser, regardez un peu les
autres comment ils sont solidaires, où qu’ils se trouvent, la solidarité est en marche.
On ne combat jamais publiquement un frère, bien au contraire ils encensent leurs
frères. Ils se soutiennent mutuellement, ils s’entraident etc… même dans la diaspora
on peut le voir.

Nous revendiquons une région, c’est certainement être légitime, mais est ce qu’il
faudra attendre la région pour agir ensemble ? Même étant éparpillés nous pouvons
être unis de cœur et valoriser nos aptitudes et acquis, région ou pas.

Au plan culturel :

Nous avons une culture très riche et qui ne demande qu’à être valorisée. Regardez les
autres tribus qui organisent régulièrement des festivals culturels. L’association
"MBOG LIAA" n’a rien produit, sinon des luttes de positionnement. Quel héritage
allons-nous léguer à la postérité. Même notre langue maternelle est peu parlée très
peu écrite. Ne voyons-nous pas que le Bassa est une espèce en voie de disparition ?

Apprenons à nos enfants à parler et à écrire le Bassa et dans nos quelques rencontres
exigeons que tout le monde s’exprime en Bassa. On dirait que c’est une honte
aujourd’hui de s’exprimer en Bassa.

Au plan de l’éducation scolaire et universitaire  :

Autrefois les Bassa étaient considéré comme le creuset de l’intelligence au Cameroun.


En effet, à une époque l’université de Yaoundé I qui était la seule d’ailleurs comptait
en son sein plusieurs imminents professeurs (NGUIDJOL, MBOUI, BISSECK,
MOUTIEN les frères MELONE, BOT BA NDJOCK, SOUNDJOCK, NLEP,
BIPOUN WOUM, MBOME, HOGBE NLEND, NGANGO, HAGBE, MAKANG MA
MBOCK et j’en oublie certainement.

Aujourd’hui combien sommes-nous ? Il est vrai que les titres de Dr et Pr ne valent plus
la même chose que dans le passé. Le Cameroun est d’ailleurs en passe d’avoir plus de
Dr et Pr au Km² que certains Pays Européens. Combien d’universités et grandes écoles
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avons-nous dans notre espace géographique ? Toutes ces imminentes têtes qui sont
mortes pour la plus part, ont formé combien des nôtres ? Parce que chez nous c’est la
politique de la terre brulée. Combien des nôtres ont même des établissements scolaires
privés ? Là où les autres ont compris. L’importance d’avoir des têtes bien formées et
ils s’organisent en conséquence, chez nous c’est chacun pour soi. Nous voyons partout
au Cameroun comment les élites s’organisent pour primer l’excellence scolaire chaque
année, chez nous qu’en est-il ? Quand quelqu’un réussit à sortir la tête de l’eau, il veut
s’imposer partout.

Dans d’autres tribus, l’élite s’organise pour soutenir ceux des jeunes qui veulent faire
des concours d’entrée dans les grandes écoles et les structures spécialisées comme
l’ENAM, L’EMIA, l’école de police, les facultés de médecine, l’école d’architecture
etc… Quelle est la stratégie mise en place chez nous ?

Pensez-vous que si vous n’avez pas de têtes bien faites on va vous confier qu’elles
responsabilités ?

Au plan médiatique :

Les médias constituent un pouvoir très important dans un Pays. Si nous considérons le
paysage médiatique au Cameroun (presse écrite, organes audio-visuels composés des
radios et télévisions) ou se situe notre peuple dans cet espace ? Certains se plaignent
qu’on s’attaque à quelques-uns de nos frères dans les médias, que pouvez-vous faire
pour riposter ? Même dans les réseaux sociaux on ne nous sent pas tellement, on
assiste en spectateur au lynchage médiatique des nôtres. Comment peut-on promouvoir
nos valeurs sans médias ou avec les médias des autres ? Quels sont les projets initiés
dans ce domaine par nos quelques journalistes et hommes d’affaires. On pourrait par
exemple mettre en place un journal qui parlerait prioritairement des problèmes de la
grande Sanaga Maritimes, un peu comme "OUEST INFOS" ou "L’ŒIL DU SAHEL"
ESSINGAN", on pourrait aussi ouvrir une chaîne de télévision basée à Douala ou
Yaoundé avec des radios communautaires arrosant toute la région, pour mettre en
valeur nos richesses culturelles, économiques etc…

Au plan politique :

Les Bassa ne représentent aucune force politique sur laquelle on peut compter. Le parti
historique a été laminé par des luttes internes, aidé en cela par l’Administration et par
le parti au pouvoir, nous ne comptons que pour du beurre. Pourquoi ne pas se
concentrer sur une seule formation politique ?

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Au plan économique :

Que pesons-nous sur le plan économique au Cameroun ? Quel est l’homme ou la


femme d’affaire de chez nous qui émerge véritablement au Cameroun ? Il n’y avait
que feu Joseph SACK qui émergeait en son temps, puisqu’il avait à l’époque plusieurs
unités industrielles à Douala et un collège privé (collèges des nations qui était une
référence). Malheureusement il est mort très tôt et tout son empire s’est écroulé.

On me dira que les autres bénéficient des faveurs diverses et des passe-droits. Mais si
nous nous organisons, on peut émerger économiquement. Je pense qu’en économie on
dit que pour se développer il faut investir, mais pour investir il faut soit épargner soit
obtenir un prêt.

Si nous choisissons de former des groupes d’épargnants à plusieurs échelles.

Si nous organisons au niveau de chaque arrondissement à avoir 1000 épargnants qui


acceptent de sacrifier chacun 10 000 FCFA/mois, cela donnerait pour un département
ayant 10 unités administratives, une somme de 120 millions x 10 soit 1 milliard 200
millions.

Avec cet argent on peut créer une ou deux micro-finances, créer une société agro-
industrielle, l’élevage et la pisciculture. Ce d’autant plus que nous avons des vastes
terres fertiles et une position géographique qui nous situe entre les deux plus grandes
métropoles du Cameroun. Il faut toutefois constater pour le déplorer que nos terres
sont bradées à tour de bras par certains de nos frères affamés.

Au plan sportif :

Dieu a donné à nos jeunes des dons de footballeurs, mais malgré ces grands talents qui
ont fait la fierté du Cameroun, il n’y a aucune équipe d’élite TWO dans aucune de nos
unités administratives, il n’y a aucune école de football, il n’y a aucune infrastructure
digne de ce nom chez nous. Or Dieu seul sait ce que le football peut apporter
aujourd’hui pour développer les pays organisés.

On pourrait en même temps mettre en place un programme de soutien des jeunes en


milieu scolaires et universitaires.

Voici quelques pistes de réflexion qui peuvent constituer une base qui peut être
enrichie par des spécialistes à divers niveaux dont dispose notre peuple aussi bien au
Cameroun que dans la diaspora.

Que Dieu veille sur notre peuple

Marc NYEMECK

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