Vous êtes sur la page 1sur 20

|Fernandez Emma

L1 Humanités – Groupe 1

Renaissance italienne
1 Apparition de la notion de Renaissance

Le terme « renaissance » est en fait un terme moderne qui devient courant au XIXe siècle dans les
travaux d’historiens comme Jacob Burckhardt Dans les écrits de la fin du Moyen Age, l'idée d'une
rinascita (renaissance) correspond à un courant plutôt qu'à une période, orienté vers un retour à
l'éducation classique, entraînant une impression exaltante de renouveau touchant aussi bien la morale
que les activités politiques et artistiques.

Selon l'historien Jean Delumeau, le mot Renaissance nous est venu d'Italie et concernait le domaine
des arts. Giorgio Vasari a employé le terme « Rinascita » en 1568 dans Le vite de' più eccellenti pittori,
scultori e architettori4. Le sens du mot Renaissance s'est progressivement élargi.

Le terme de « Renaissance » en tant qu'époque et non plus pour désigner un renouveau des lettres et
des arts, a été utilisé pour la première fois en 1840 par Jean-Jacques Ampère dans son Histoire littéraire
de la France avant le XIIe siècle5 puis par Jules Michelet en 1855 dans son volume consacré au XVIe
siècle La Renaissance dans le cadre de son Histoire de France. Ce terme a été repris en 1860 par
l'historien de l'art suisse Jacob Burckhardt (1818 – 1897) dans son livre Culture de la Renaissance en
Italie2.

Suivant les historiens de l'art, la Renaissance commencerait au Duecento (XIIIe siècle) ou au Trecento
(XIVe siècle) par une période dite de Pré-Renaissance. Selon l'historien de l'art Jacob Burckhardt, cette
Renaissance avant l'heure commence dès le XIe siècle en Toscane et se diffuse le siècle suivant jusqu'en
Provence et en Italie centrale et se poursuit par la Première Renaissance au Quattrocento6,.

Elle se transforme en Haute Renaissance au début du Cinquecento (entre 1500 et 1530), suivie du
maniérisme ou Renaissance tardive qui va de 1520 (mort de Raphaël) pour se terminer en 15806.

2 Contexte historique
Article détaillé : Histoire de l'Italie.
La basilique Saint-Pierre et son dôme, vue depuis le château Saint-Ange.

La Renaissance marque la transition entre le Moyen Âge et l’Époque moderne dans le monde. Bien
que l’on date les origines d’un mouvement de mécénat et d’effort intellectuel cantonné au milieu
instruit à la première moitié du XIVe siècle, beaucoup d’aspects de la culture et de la société italienne
restent largement médiévaux. L’époque est surtout connue pour son retour à la culture classique
antique après ce que les humanistes de la Renaissance nomment l’Âge sombre7. Ces changements,
bien qu’importants, ne se produisent que dans les plus hautes couches de la société, et pour la grande
majorité de la population la vie quotidienne reste peu différente de celle au Moyen Âge, même si l'essor
de la bourgeoisie marchande8 a permis d'élargir l'accès à la prospérité, ce qui contraste avec la plus
triste condition de l'Europe dans le Haut Moyen Âge.

La Renaissance italienne est d'abord un phénomène économique qui s'amorce dès le XIIe siècle à la
suite de la première croisade. Les routes commerciales de l'Orient s'ouvrent aux marchands européens,
et l'Italie, au centre de la Méditerranée, devient la plaque tournante du commerce entre l'Europe et
l'Asie. Les cités marchandes italiennes s'enrichissent grâce au commerce de la soie et des épices. Un
système bancaire moderne se crée et une nouvelle classe sociale voit le jour : la bourgeoisie. Le Florin
(devise de Florence) devient la monnaie internationale du bas Moyen Âge. Cette richesse amène les
cités italiennes (indépendantes et fières) à rivaliser entre elles dans le domaine de la culture des arts et
des sciences. Chaque prince, pour apparaître plus puissant que son voisin, est prêt à dépenser des
fortunes pour avoir les meilleurs artistes et les plus beaux monuments.

La Renaissance italienne prend racine en Toscane (Italie Centrale), concentrée autour de Florence et
Sienne. Le mouvement a ensuite des répercussions importantes dans d'autres villes italiennes dont
Venise9puis Rome qui est grande partie reconstruite par les papes des XVe et XVIe siècles. Pendant
les invasions étrangères qui meurtrissent la région (voir guerres d'Italie) les idées et idéologies de la
Renaissance se répandent dans toute l’Europe, déclenchant la Renaissance au nord à Fontainebleau et
Anvers et la Renaissance anglaise.

On connaît de la Renaissance les œuvres littéraires, entre autres, de Pétrarque, Castiglione et Machiavel
(voir littérature française du XVIe siècle) ; les travaux d’artistes comme Michel-Ange, Léonard de Vinci
ou encore Raphaël (voir art de la Renaissance), et les grands travaux architecturaux, comme le Dôme
de Florence et la basilique Saint-Pierre à Rome (voir architecture Renaissance). D’autre part, les
historiens considèrent que la fin du XVIe siècle en Italie s’est accompagnée d’une régression

Page 2 sur 20
économique et de très peu de progrès en science, ce qui a permis l'essor de la culture protestante au
XVIIe siècle.

Les raisons de la fin de l'hégémonie italienne dans le commerce et les sciences sont principalement
dues au changement des routes commerciales après la découverte de l'Amérique. Le rôle de la mer
Méditerranée se marginalise de plus en plus, les nations de l'océan Atlantique profitent mieux des
nouveaux équilibres géopolitiques, d'abord l'Espagne et le Portugal, mais ensuite surtout la France,
l'Angleterre, les Pays-Bas, et en général les nations du nord de l'Europe. La réforme protestante a
probablement joué un rôle dans le renouveau politique et économique des nations du nord.

3 Origines
3.1 L'Italie du Nord et la Toscane à la fin du Moyen Âge
Les états de l'Italie en 1494.

À la fin du Moyen Âge, le sud de l'Italie et Rome par deux fois centre de l’Empire romain, sont plus
pauvres que le reste de l'Italie10. Rome est presque en ruines, et la région des États pontificaux est
administrée avec laxisme, peu réglementée et ordonnée. En effet, la résidence du pape a été déplacée
à Avignon sous la pression du roi de France Philippe le Bel11.

Toutefois Rome, dès le XVe siècle, atteint la même splendeur des autres cités d'Italie centrale (Pérouse,
Assise, Spolète, Orvieto, Urbino). Rome devient, après Florence, un des hauts lieux de la Renaissance
italienne10.

Par contre le sud, passé par plusieurs dominations étrangères, ne connaît pas, à cette époque, le même
renouveau économique et artistique, avec quelques exceptions comme la cité marchande d'Amalfi. On
peut aussi considérer comme précurseur des idéaux de la Renaissance le grand raffinement de la cour
de Palerme au XIIIe siècle sous Frédéric II surnommé stupor mundi. Un certain renouveau artistique
a eu lieu par la suite aussi à Naples sous Alphonse d'Aragon au XVe siècle, mais en général le sud de
l'Italie reste à l'écart des bouleversements économiques et sociaux de la Renaissance10.

Campanile de Giotto de Santa Maria del Fiore (Florence).

Les États du centre et du nord de l'Italie, plus prospères, comptent parmi les plus riches d’Europe12.
Les croisades ont tissé des liens commerciaux durables avec le Levant, et la quatrième croisade a éliminé

Page 3 sur 20
l’Empire byzantin, rival commercial des Vénitiens et des Génois. Les principales routes de commerce
venant de l’est traversent l’Empire byzantin ou les pays arabes et vont jusqu’aux ports de Gênes, Pise
et Venise. Les marchandises de luxe comme les épices, les colorants et la soie sont achetées en Orient,
importées en Italie puis revendues à travers l’Europe. De plus, les cités-États à l’intérieur des terres
profitent de la riche région agricole de la vallée du Pô. Les routes terrestres et maritimes apportent de
la laine, de la farine et des métaux précieux de France, d’Allemagne et des Pays-Bas par le biais des
foires de Champagne. Le vaste commerce qui s’étend de l’Égypte jusqu’à la mer Baltique génère des
excédents qui rendent possibles de considérables investissements dans les exploitations minières et
l’agriculture. Ainsi, bien que l'Italie ne détienne pas plus de ressources que beaucoup d’autres parties
de l’Europe, le niveau de développement, stimulé par le commerce, lui permet de prospérer. Florence
devient l’une des plus riches villes de l’Italie, en grande partie grâce à sa production de laine textile sous
la surveillance de la guilde commerciale dominante, la corporation Arte della Lana. La laine est
importée d’Europe du nord et d’Espagne à partir du XVIe siècle et les colorants venant d’Orient sont
utilisés pour fabriquer des textiles de grande qualité13.

Ces routes commerciales italiennes, qui se déploient sur toute la Méditerranée et au-delà, véhiculent
aussi la culture et la connaissance. Durant la période médiévale, les travaux incarnant l’éducation
classique des Grecs se sont répandus peu à peu en Europe occidentale, à travers les traductions et les
traités arabes, depuis Tolède et Palerme. C’est par les croisades que se fait le premier contact de
l’Europe avec l’éducation classique, préservée par les Arabes, mais l'événement le plus marquant est la
Reconquista espagnole au XVe siècle, dont résultent les traductions de textes arabes par les spécialistes
de l’école de Salamanque. La pensée scientifique, philosophique et mathématique entre en Italie par
l’Égypte et le Levant. Éléments déclencheurs des nouvelles études linguistiques de la Renaissance, des
textes grecs et les érudits capables d’apprendre aux Italiens à les lire arrivent de Constantinople après
sa conquête par les forces ottomanes en 1453 dans les académies de Florence et Venise, qui renaissent
de leurs cendres14,15. Les érudits humanistes cherchent dans les bibliothèques monastiques d’anciens
manuscrits et retrouvent Tacite et d’autres auteurs latins ; avec la redécouverte de Vitruve, les principes
architecturaux de l’Antiquité peuvent à nouveau être observés, et les artistes de la Renaissance sont
encouragés, dans l’optique de l’optimisme humaniste, à surpasser les Anciens, parmi lesquels Apelle10.

3.2 Le XIIIe siècle, période de prospérité

L’Europe connaît un bond économique global au XIIIe siècle. Les routes commerciales des états
italiens s’allient aux ports de la Méditerranée et finissent par créer un réseau économique en Europe
avec la Hanse, pour la première fois depuis le IIIe siècle. Les cités États d’Italie croissent énormément
durant cette période et gagnent en puissance, devenant de ce fait entièrement indépendantes du Saint-
Empire romain germanique. Dans le même temps, les infrastructures commerciales modernes voient
le jour : sociétés par actions, système bancaire international, marché des changes systématisé, assurance

Page 4 sur 20
et dette publique. Florence devient le centre de cette industrie financière, propulsant le florin au statut
de devise principale du commerce16.

Printemps de Botticelli.

Une nouvelle classe dominante émerge, constituée de marchands qui gagnent leur situation par leurs
compétences financières, adaptant à leur profit le modèle aristocratique féodal qui a dominé l’Europe
au Moyen Âge. La montée en puissance des communes en Italie est une particularité du Moyen Âge
tardif, celles-ci accaparant le pouvoir des évêques et des seigneurs locaux. Dans une grande partie de
la région, la noblesse terrienne est beaucoup plus pauvre que les patriarches des villes : la croissance
inflationniste de l’économie médiévale laisse les propriétaires sur la paille. Le développement du
commerce au début de la Renaissance accentue cet aspect. Le déclin du féodalisme et la croissance
urbaine influent l’un sur l’autre ; par exemple, la demande de produits de luxe engendre une croissance
du marché, enrichissant de nombreux négociants qui, à leur tour, demandent plus de produits de luxe.
Ces changements donnent aussi aux marchands un contrôle presque total des gouvernements des cités-
États, mettant encore en avant le commerce. Un des effets les plus importants de ce contrôle politique
est la sécurité : dans un système féodal, ceux qui deviennent extrêmement riches courent constamment
le risque de se brouiller avec la monarchie et de voir leurs terres confisquées (c’est le cas de Jacques
Cœur en France). Les états du nord gardent aussi beaucoup de lois médiévales qui entravent le
commerce, dont les lois contre l’usure et l’interdiction de négocier avec des non-chrétiens. Dans les
cités-États d’Italie, ces lois sont abrogées ou réécrites17.

3.3 L’effondrement du XIVe siècle


Portrait de Dante par Sandro Botticelli.

Le XIVe siècle voit une série de catastrophes précipiter l’Europe vers une récession économique. La «
période médiévale chaude » se termine, et commence le petit âge glaciaire18. Ces changements
climatiques provoquent une baisse significative du rendement agricole, conduisant à des famines
répétées, accentuées par la croissance rapide de la population au début du siècle. La Guerre de Cent
Ans entre la France et l’Angleterre perturbe le commerce de l’Europe au nord-ouest ; quand, en 1345,
le roi Édouard III d'Angleterre nie ses dettes, il contribue à la faillite des banques de Bardi et Peruzzi,
les deux plus importantes de Florence. Le commerce est également perturbé à l’est par l’expansion de
l’Empire ottoman. La peste noire est cependant la catastrophe la plus dévastatrice. Décimant la
population dans les villes densément peuplées d’Italie, elle frappe plusieurs fois, par intermittence.
Florence, par exemple, dont la population avant l’arrivée du fléau était de 45 000 habitants, se voit
réduite de 25 à 50 % en 47 ans19,N 1. Un trouble général s’ensuit, incluant une révolte des ouvriers
du textile florentins, les ciompi, en 137823.

Page 5 sur 20
C’est pendant cette période d’instabilité qu’apparaissent les premières figures de la Renaissance, comme
Dante et Pétrarque24, et les premières inspirations artistiques de la Renaissance se manifestent durant
la première moitié du XIVe siècle, notamment dans le réalisme de Giotto. Paradoxalement, certains de
ces désastres ont participé à édifier le courant de la Renaissance. En décimant plus d’un tiers de la
population européenne12, la peste noire laisse derrière elle une population plus riche, mieux nourrie,
et qui a incontestablement plus d’argent à dépenser en produits de luxe comme l’art et l’architecture.
Tandis que les effets du fléau commencent à décliner au début du XVe siècle, la population anéantie
connaît une nouvelle croissance démographique, renouvelant la demande de produits et de services.
Le nombre de personnes capables de les fournir étant réduit, les classes les plus basses sont remises en
valeur. De plus, cette demande crée également une classe florissante de banquiers, marchands et
artisans qualifiés. Les horreurs de la Peste Noire et l’incapacité de l’Église à apporter du réconfort lui
font perdre son emprise. En outre, l’effondrement des banques de Bardi et Peruzzi permet aux Médicis
de gagner de l'influence à Florence. Le médiéviste américain Roberto Sabatino Lopez affirme que la
dépression économique est un facteur essentiel de la naissance du courant de la Renaissance25. Selon
lui, si l’époque avait été plus prospère, les hommes d’affaires auraient rapidement réinvesti leurs gains
afin de gagner encore plus d’argent dans un climat favorable à l’investissement. À l’inverse, durant les
années les plus difficiles du XIVe siècle, les plus riches ont peu de perspectives d’investissement pour
leur capital et préfèrent en dépenser en culture et en art.

Contrairement aux textes romains, qui ont été conservés et étudiés en Europe occidentale depuis
l'Antiquité tardive, l'étude des textes grecs anciens était très limitée dans l'Italie médiévale. Les ouvrages
de la Grèce antique sur les sciences, les mathématiques et la philosophie étaient étudiés depuis le Haut
Moyen Âge en Europe occidentale mais les œuvres littéraires, oratoires et historiques grecques
d'Homère, les dramaturges grecs, Démosthène et Thucydide) n'ont été étudiées au Moyen Âge que par
des érudits byzantins. Certains historiens affirment que la Renaissance timouride à Samarcande était
liée à l'Empire ottoman dont les conquêtes ont entraîné la migration de érudits grecs en
Italie14,15,26,27.

L'hypothèse avancée par l’historien Hans Baron est une autre explication répandue de l’avènement de
la Renaissance italienne : la première cause de la Renaissance serait la longue série de guerres entre
Florence et Milan (voir Guerres d'Italie). À la fin du XIVe siècle, Milan est devenue une monarchie
centralisée sous le contrôle de la famille Visconti. Jean Galéas Visconti, qui dirige la ville de 1378 à
1402, est connu à la fois pour sa cruauté et son habileté à gouverner. Projetant de bâtir un empire en
Italie du Nord, il lance une série de guerres. Milan conquiert ses États voisins et défait les diverses
coalitions menées par Florence qui cherche en vain à stopper son avancée. Le point culminant est le

Page 6 sur 20
siège de Florence en 1402, au moment où la ville semble sur le point de tomber, avant que Jean Galéas
ne meure, laissant son empire s’effondrer derrière lui.

Plan de la chapelle des Pazzi de Filippo Brunelleschi.

D’après la thèse d’Hans Baron, durant ces guerres interminables, les personnalités politiques de
Florence ont rallié le peuple en présentant la guerre comme un conflit entre la république libre et la
monarchie despotique, entre les idéaux des Grecs et des Républiques romaines et ceux de l’Empire
Romain et des royaumes du Moyen Âge. Leonardo Bruni est, selon Baron, la personnalité la plus
impliquée dans la diffusion de cette idéologie. Baron affirme que la plupart des figures du début de la
Renaissance sont apparues durant cette période de crise à Florence, comme Ghiberti, Donatello,
Masolino et Brunelleschi, marqués par cette idéologie républicaine. Plus tard, ces derniers défendront
avec d’autres les idées républicaines qui auront un énorme impact sur la Renaissance.

4 Développement
4.1 Relations internationales

L’Italie centrale et septentrionale est divisée en cités-États, parmi lesquelles Milan, Florence, Pise,
Sienne, Gênes, Ferrare, Mantoue et Venise, qui sont les plus puissantes. Au Moyen Âge l’Italie du
Nord est divisée par la longue bataille pour la suprématie entre les forces de la Papauté et le Saint-
Empire romain germanique : chaque ville se prononce pour une des factions, mais des disputes internes
éclatent entre les guelfes et les gibelins. Les guerres entre états sont monnaie courante et les invasions
de l’étranger restreignent les sorties des empereurs romains germaniques. La politique de la Renaissance
se développe sur cet arrière-plan. Depuis le XIIIe siècle, les armées étant constituées principalement
de mercenaires, les cités prospères peuvent rassembler des forces considérables malgré leur faible
population. Au cours du XVe siècle, les cités les plus puissantes annexent les cités voisines plus faibles.
Florence prend Pise en 1406, Venise s’approprie Padoue et Vérone, tandis que le Duché de Milan
annexe un certain nombre de territoires alentour, dont Pavie et Parme.

La Tour du Filarète du Château des Sforza à Milan.

Durant la première partie de la Renaissance se déroule une guerre quasi permanente sur terre comme
sur mer entre les cités-États qui luttent pour la suprématie. Sur terre, ces guerres sont livrées
principalement par des armées de mercenaires appelés condottières : ce sont des troupes de soldats en
provenance de toute l’Europe, mais plus particulièrement d’Allemagne et de Suisse, bien souvent
menées par des capitaines italiens. Ces mercenaires ne sont pas disposés à risquer leur vie outre mesure,

Page 7 sur 20
et la guerre devient ainsi une guerre de sièges et de manœuvres, occasionnant peu de batailles rangées.
Il est aussi dans l’intérêt des mercenaires des deux camps de prolonger les conflits pour assurer la
pérennité de leur contrat. D’un autre côté, les mercenaires sont une menace constante pour leurs
employeurs : s’ils ne sont pas payés, ils se retournent souvent contre leur patron. Lorsqu’il devient
évident qu’un état est entièrement dépendant de ses mercenaires, ceux-ci sont tentés d’en prendre le
contrôle et d'en assurer le fonctionnement eux-mêmes ; cela se produit d’ailleurs de nombreuses fois28.

La neutralité est maintenue avec la France, qui se retrouve entourée d'ennemis lorsque l'Espagne
conteste la revendication de Charles VIII sur le royaume de Naples. La paix avec la France a pris fin
lorsque Charles VIII a envahi l'Italie pour s'emparer de Naples.29.

En mer, les cités italiennes investissent beaucoup de flottes dans les batailles. Les principaux
antagonistes sont Pise, Gênes et Venise ; cependant, après une longue lutte, les Génois parviennent à
soumettre Pise. Venise se montre un adversaire plus puissant, et bien que les deux villes soient de
forces à peu près égales, la flotte génoise est battue durant la bataille de Chioggia à l’entrée de la lagune
de Venise en 1380 ; Venise domine ainsi les mers. Tandis que ses domaines sur les rives de la mer Égée
sont perdus au profit des Turcs et que le commerce sur la mer Noire lui est fermé, l’attention de Venise
se tourne vers le continentnt, c'est le début de la Renaissance vénitienne.

Des décennies de combats sur le continent affirment Florence et Milan en tant que villes dominantes,
et ces deux puissances mettent finalement de côté leurs différences et signent la Paix de Lodi en 1454,
ramenant la région à un calme relatif pour la première fois depuis des siècles. Cet accord persistera
durant les quarante années suivantes, et l’hégémonie incontestée de Venise sur les mers amène
également à une paix sans précédent presque jusqu’à la fin du XVe siècle.

Au début de ce siècle, les aventuriers et les négociants, tels Nicolò de' Conti (1395-1469), voyagent
jusqu’en Asie du sud-est et en reviennent avec des nouvelles fraîches sur la situation mondiale,
présageant des voyages plus lointains des Européens dans les années à venir.

4.2 Florence sous les Médicis


Article détaillé : Maison de Médicis.

Galerie des Offices (Florence).

Page 8 sur 20
En 1293, les Ordonnances de justice ont été promulguées et sont devenues la constitution de la
république de Florence tout au long de la Renaissance italienne30. Les nombreux palais luxueux de la
ville étaient entourés d'hôtels particuliers construits par la classe marchande toujours prospère31. En
1298, l'une des principales familles bancaires d'Europe, les siennois Bonsignori, ont fait faillite et la
ville de Sienne a donc perdu son statut de centre bancaire d'Europe au profit de Florence32. Jusqu’à
la fin du XIVe siècle, la famille Albizzi a été à la tête de Florence. Leurs principaux opposants sont les
Médicis, d’abord sous Jean de Médicis, puis sous son fils Cosme. Les Médicis contrôlent la Banque des
Médicis, qui est alors la plus importante banque européenne, et plusieurs autres entreprises à Florence
et ailleurs. En 1433, la famille Albizzi parvient à faire exiler Cosme33. Cependant, une Seigneurie pro-
Médicis est élue l’année suivante et Cosme revient à Florence. Les Médicis prennent la tête de la ville,
qu’ils garderont pendant trois siècles. Florence reste une république jusqu’en 1537, qui marque
traditionnellement la fin de Renaissance à Florence, mais les Médicis et leurs alliés gardent une main
de fer sur les instruments des institutions républicaines, excepté pendant de courtes périodes après
1494 et 1527. Cosme et Laurent n’occupent que rarement des postes officiels, mais sont les dirigeants
incontestés de la ville.

Cosme de Médicis dit « l'ancien ».

Cosme de Médicis est très populaire parmi les citoyens, principalement pour avoir apporté une ère de
prospérité et de stabilité à la ville. Une de ses réalisations les plus importantes est la négociation de la
Paix de Lodi avec François Sforza, mettant fin à des décennies d’une guerre contre Milan et apportant
une stabilité à une grande partie de l’Italie du Nord. Cosme est aussi un important mécène, que ce soit
directement ou indirectement, par l’exemple qu’il donne34.

Lui succède son fils malade Pierre de Médicis, qui meurt cinq ans plus tard. En 1469 les rênes de la
ville passent à Laurent, le petit-fils de Cosme, alors âgé de vingt-et-un ans, qui deviendra « Laurent le
Magnifique ». Laurent est le premier membre de la famille à être instruit dès son plus jeune âge dans la
tradition humaniste et est considéré comme l’un des plus grands mécènes de la Renaissance. Sous
Laurent, les Médicis prennent officiellement le pouvoir à Florence avec la création d’un nouveau
Conseil des Sept, que Laurent préside. Les institutions républicaines existent toujours, mais ont perdu
toute autorité. Laurent est moins brillant en commerce que ses illustres prédécesseurs, ainsi l’empire
commercial des Médicis s’érode lentement. Laurent perpétue l’alliance avec Milan, mais les relations
avec la papauté se dégradent ; en 1478, des agents du Pape s’allient avec la famille Pazzi dans une
tentative pour l’assassiner. Bien que la conjuration échoue, Julien, le jeune frère de Laurent, est tué.
Cet assassinat raté déclenche une guerre avec la papauté et Laurent s’en sert pour se justifier de
centraliser plus encore le pouvoir entre ses mains35.

Page 9 sur 20
4.3 L’expansion de la Renaissance
L'École d'Athènes (1510-1511)

Fresque de Raphaël, Palais du Vatican.

Les idéaux de la Renaissance se répandent d’abord de Florence aux états voisins de Toscane, tels Sienne
et Lucques. La culture toscane devient bientôt un modèle pour tous les États de l’Italie, et les Italiens
de Toscane prédominent dans toute la région, notamment en littérature. En 1447, François Sforza
arrive au pouvoir à Milan et métamorphose rapidement cette ville encore médiévale en un centre
majeur d’art et d’apprentissage. Venise, qui est une des villes les plus riches de par sa domination de la
mer Méditerranée, devient également un centre culturel, surtout en architecture. L'apparition de petites
cours implante le mécénat36 dans des villes de moindre importance, qui développent leurs propres
arts : Ferrare, Mantoue sous les Gonzague, Urbino sous Frédéric III de Montefeltro. À Naples, la
Renaissance démarre par le mécénat d’Alphonse V d'Aragon qui a conquis Naples en 1443. Il soutient
des artistes comme Francesco Laurana et Antonello de Messine, et des écrivains tels le poète Jacopo
Sannazaro et l’érudit humaniste Ange Politien.

En 1417, la papauté est de retour à Rome, mais l'ancienne cité impériale demeure pauvre et en grande
partie en ruines après les premières années de la Renaissance37. La grande transformation commence
sous le pontificat de Nicolas V, qui devient pape en 1447. Il lance un effort de reconstruction
spectaculaire qui aboutira finalement au renouveau d'une grande partie de la cité. L'érudit humaniste
Aeneas Silvius Piccolomini devient pape sous le nom de Pie II en 1458. À mesure que la papauté s'allie
ou tombe sous le contrôle des riches familles, telles que les Sforza du duché de Milan, les Médicis à
Florence, les Este à Ferrare et Modène, les Doria à Gênes, les Montefeltro à Urbin et les Borgia à
Rome, l'esprit de la renaissance artistique et philosophique en vient à dominer la papauté. Aux XVe et
XVIe siècles les plus grands artistes tels que Botticelli, Michel-Ange et Raphaël viennent s'installer à
Rome. Ce dernier artiste fut missionné par le pape Jules II pour effectuer la décoration de plusieurs
chambres du palais du Vatican. Cela va sans dire qu'il s'agit là d'une commande audacieuse puisque
jusqu'à présent Raphaël n'avait réalisé que de petites fresques. Cela montre le pouvoir prédominant de
la papauté sur les commandes artistiques au point de pousser les artistes à innover et à diversifier leurs
techniques. Le pape Sixte IV poursuit l'œuvre de Nicolas, son ordre le plus connu concernant la
construction de la Chapelle Sixtine. Les papes deviennent également de plus en plus des gouvernants
séculiers à mesure que les États Pontificaux sont forgés au sein d'un pouvoir centralisé par une série
de « papes de guerre ».

Page 10 sur 20
La nature de la Renaissance change également à la fin du XVe siècle. L'idéal de la Renaissance a été
pleinement adopté par les classes dirigeantes et l'aristocratie. Au départ, les artistes de la Renaissance
étaient vus comme des artisans avec peu de reconnaissance et de prestige. À la fin de la Renaissance,
les grandes figures exercent une grande influence et peuvent exiger des honoraires importants. Un
commerce florissant autour de l'art de la Renaissance se développe. Tandis qu'aux débuts de la
Renaissance, de nombreux grands artistes étaient issus de basses ou petites classes sociales, ils devinrent
au fur et à mesure fortunés et membres d'une classe à part entière37 .

Education humaniste

Alors que Dieu était au cœur de la pensée médiévale, la Renaissance place l'homme au centre de ses
préoccupations. A partir des années 1440, les souverains prennent l'habitude de donner une éducation
humaniste à leurs enfants, mêlant les idéaux chevaleresques d'honneur et de gloire aux exemples de
politique et de stratégie militaire empruntés à l'Antiquité. L'éthique de la Rome et de la Grèce antique
leur donnait un cadre moral au sein duquel ils pouvaient bâtir leur vie publique et privée. L'humaniste
étudiait la grammaire, la rhétorique, la poésie, l'histoire et la philosophie morale, et accordait une grande
importance à la lecture des textes classiques en latin, langue de l'élite cultivée. Bon nombre de ces
textes, redécouverts à la fin du Moyen Age connaissent alors un regain d'intérêt sans précédent38.

4.4 La renaissance et les classes sociales

En tant que courant culturel, la Renaissance italienne n’affecte qu’une petite partie de la population.
Le nord et le centre de l'Italie sont les régions les plus urbaines d’Europe, et pourtant la population est
encore constituée aux trois-quarts de paysans vivant dans les campagnes39 pour lesquels la vie ne
diffère que très peu de celle du Moyen Âge40. Mais les conditions de vie en Italie s'améliorent en
général. Dans le nord de l'Italie, la société n’a jamais vraiment été féodale, et la plupart des paysans
travaillent dans des fermes privées ou comme métayers. Selon certains spécialistes, la transformation
des élites citadines en propriétaires terriens entraîne une tendance à la re-féodalisation41.

La situation est différente dans les villes, qui sont dominées par une élite commerciale12, aussi sélecte
que l’aristocratie des royaumes médiévaux. Ce groupe constitue le principal mécène et le premier
destinataire de la culture de la Renaissance. En deçà se trouve une importante classe d’artisans et de
membres de guildes qui vivent confortablement et ont un pouvoir non négligeable sur les
gouvernements républicains, au contraire du reste de l’Europe, où les artisans font véritablement partie
des classes les plus basses. Lettré et instruit, ce groupe participe activement au développement de la
culture de la Renaissance42. Cependant, la population citadine est constituée en majorité de travailleurs
semi-qualifiés ou sans emploi, sur lesquels la Renaissance n’a pas plus d’effet que sur les paysans. On
trouve quelques exemples d’individus qui, partant d’un humble niveau, ont escaladé l’échelle sociale,
mais Burke remarque deux études importantes dans cette région qui montrent que les données ne

Page 11 sur 20
peuvent clairement attester d’une augmentation de la mobilité sociale. La plupart des historiens pensent
que cette mobilité sociale était assez importante au début de la Renaissance, puis qu’elle a diminué
durant le XVe siècle43. Les inégalités dans la société sont très marquées44.

La nature de la Renaissance change à la fin du XVe siècle. Ses idéaux sont pleinement adoptés par la
classe dirigeante et l'aristocratie. Au début de la Renaissance, les artistes étaient encore considérés
comme des artisans avec peu de prestige et de reconnaissance. Au début du XVIe siècle, les principaux
artistes acquièrent une grande influence et devenir riches. Un commerce d'art florissant s'est développé.
Alors qu'au début de la Renaissance, la plupart des principaux artistes appartenaient à la classe moyenne
ou inférieure, ils sont devenus de plus en plus aristocrates45.

4.5 Fin de la Renaissance italienne


Article détaillé : Maniérisme.
Girolamo Savonarole, portait de 1498 par Fra Bartolomeo.

La fin de la renaissance est aussi imprécise que son début. L'arrivée au pouvoir à Florence du
moine austère Girolamo Savonarole en 1497 marque la fin du rayonnement de la ville et le retour
triomphant des Médicis représente le début de la dernière étape artistique appelée maniérisme.
Savonarole est arrivé au pouvoir lors d'une répression généralisée de la laïcité et de l'indulgence
de la Renaissance46. Son bref règne a conduit à la destruction de nombreuses œuvres d'art
brûlées sur le « Bûcher des vanités » au centre de Florence. Avec le retour des Médicis au
pouvoir en tant que grands-ducs de Toscane, la contre-réforme dans les églises se poursuivit. En
1542 arrive l'Inquisition et quelques années plus tard est créé l' Index Librorum Prohibitorum
excluant un grand nombre d'œuvres littéraires de la Renaissance.

Arrive aussi la fin de la stabilité politique, à travers une série d'invasions étrangères, connues
sous les guerres d'Italie , qui se sont poursuivies pendant plusieurs décennies, commençant en
1494 avec l'invasion française qui a dévasté le nord de l'Italie et mis fin à l'indépendance de
nombreuses cités-états. Plus dommageable est le sac de Rome, le 6 mai 152737 , par les troupes
allemandes et espagnoles, mettant fin pendant deux décennies au rôle de la papauté en tant que
principal mécène de l'art et de l'architecture de la Renaissance47 .

Alors que la Renaissance italienne décline, la Renaissance nordique embrasse plusieurs de ses
idéaux et transforme ses styles. De nombreux grands artistes italiens choisissent d'émigrer

Page 12 sur 20
comme Léonard de Vinci qui s'installe en France en 1516. Des équipes d'artistes invités à
transformer le château de Fontainebleau, créent l'école du même nom, qui répand le style
Renaissance italienne en France. François Ier commet Rosso Fiorentino qui dessine le pavillon de
Pomone, le pavillon des Poesles, la galerie Basse (tous détruits) et surtout la galerie François Ier
(1534-1540). Giorgio Vasari désigne Fontainebleau comme la « Nouvelle Rome »48,N 2. De
Fontainebleau, les nouveaux styles, transformés par le maniérisme, ont propagé la Renaissance à
Anvers , et de là à toute l'Europe du Nord49.

Cette « diffusion nordique » est également représentative d'une tendance plus large. Les routes
méditerranéennes n'étant plus les principales routes du commerce européen, en 1498, Vasco de
Gama atteint l'Inde. À partir de ce moment, la principale route commerciale de l'Est passe par les
ports atlantiques de Lisbonne, Séville, Nantes, Bristol et Londres. Ces endroits supplantent l'Italie
en richesse et en puissance50.

5 Culture
5.1 Littérature et poésie
Article détaillé : Littérature italienne.

Portrait posthume de Nicolas Machiavel (détail), par Santi di Tito.

La révolution de la littérature italienne au XIIIe siècle a contribué à préparer le terrain pour la


Renaissance. Avant la Renaissance, la langue littéraire en Italie est le latin, le français ou le provençal.
C'est à partir du XIIIe siècle que les auteurs italiens ont commencé à écrire dans leur langue maternelle.
Vers 1250, un changement majeur se produit dans la poésie italienne lorsque le Dolce stil novo met
l'accent sur l'amour platonique plutôt que sur l'amour courtois, avec des écrivains comme Guittone
d'Arezzo et Guido Guinizelli51. Avec l'impression de livres initiée à Venise par Aldo Manuce , un
nombre croissant d'ouvrages sont publiés en italien vernaculaire, en plus des textes grecs et latins qui
constituaient le courant dominant de la Renaissance italienne. La source de ces livres s'est étendue au-
delà de la théologie jusqu'aux époques pré-chrétiennes de l'Empire romain et de la Grèce antique. Cela
ne veut pas dire qu'aucune œuvre religieuse n'a été publiée à cette époque : La Divine Comédie du
Dante Alighieri reflète une vision du monde médiéval paradigmatique. Le christianisme reste une
influence majeure pour les artistes et les auteurs.

Au début de la Renaissance italienne, l'objectif principal était l'étude et la traduction d'œuvres classiques
du latin et du grec. Les écrivains, cependant, ne se contentaient pas de se reposer sur les lauriers des
anciens auteurs. Beaucoup ont essayé d'intégrer les méthodes et les styles des anciens dans leurs

Page 13 sur 20
propres œuvres. Parmi les Romains les plus copiés figurent Cicéron, Horace, Salluste et Virgile et parmi
les Grecs, Aristote, Homère et Platon.

La littérature et la poésie de la Renaissance sont également influencées par les sciences technologiques
et la philosophie. L'humaniste Petrarque , figure clé dans le sens renouvelé de la recherche, était
également un poète à succès qui a publié plusieurs ouvrages importants dans ce genre. Il écrit de la
poésie en latin, y compris l'épopée des guerres puniques , 12 et une collection d' amour sonnets intitulé
« Canzoniere », dédié à son amour non partagé , Laura. Il était le plus célèbre écrivain de sonnets
italiens, et les traductions de son œuvre en anglais par Thomas Wyatt, répandent la forme littéraire en
Angleterre, où elle fut utilisée par William Shakespeare et d'innombrables autres poètes.

Boccace, un disciple de Pétrarque, est devenu un écrivain renommé par ses propres mérites. Son œuvre
principale, le Decameron est un recueil de 100 histoires racontées par 10 conteurs échappés pendant
10 nuits dans la banlieue de Florence afin de fuir la peste noire. Il est une source d'inspiration pour de
nombreux auteurs de la Renaissance, dont Geoffrey Chaucer et William Shakespeare.

La politique avec le christianisme, l'antiquité classique et l'érudition est la quatrième source d'influence
sur la littérature de la Renaissance. Les œuvres les plus célèbres du philosophe politique Nicolas
Machiavel sont « Histoire de Florence » et « Le Prince » . Ce dernier reste une œuvre littéraire influente,
de sorte que dans la société occidentale le terme « machiavélique » est synonyme du pragmatisme
politique invoqué par le livre.

5.2 Philosophie et science


Articles détaillés : Humanisme de la Renaissance et Sciences et techniques de la Renaissance.

Pétrarque est le fondateur d'une nouvelle méthode d'étude, l'humanisme de la Renaissance.


L'humanisme est une philosophie optimiste qui voit l'homme comme un être sensible et rationnel,
avec la capacité de penser et de décider par lui-même signifiant une opposition à la vision de l' Église
catholique, transformée en idéologie mystique qui présente l'esprit comme la réalité absolue.
L'humanisme considère l'homme comme intrinsèquement bon par nature, contrairement à la vision
chrétienne du péché originel qui doit être racheté.

Page 14 sur 20
Pétrarque encourage l'étude des classiques latins et emporte avec lui son exemplaire d'Homère. Une
étape essentielle de l'éducation humaniste a été proposée par Pico della Mirandola à la recherche de
manuscrits oubliés. Découvrir le passé est à la mode, une quête devenue un des objectifs sociaux
majeurs. Les patriciens italiens, des princes marchands et des despotes ont investi dans la construction
de bibliothèques. Les œuvres de l'antiquité ont été traduites du grec et du latin dans les langues
modernes à travers l'Europe. Vers 1450, Gutenberg met au point la technique de l’imprimerie, qui
permet de réaliser le rêve des humanistes : diffuser largement les connaissances, trouvant une classe
moyenne réceptive.

L'admiration pour les sources classiques consacre la vision aristotélicienne et ptolémaïque de l'univers.
L'humanisme souligne que la nature doit être considérée comme une création spirituelle non régie par
des lois mathématiques. Dans le même temps, les philosophes ont perdu beaucoup de leur rigueur et
les règles de la logique déductive considérées comme secondaires par rapport à l'intuition et à l'émotion
. Ce n'est qu'à la diffusion de la Renaissance dans le nord de l'Europe que la science renaît, avec des
figures comme Copernic , Francis Bacon et Descartes. L'astronomie s'émancipe de l'astrologie. La
résolution d’équations du troisième degré permettent ainsi à Johannes Kepler de calculer un lever de
terre sur la Lune et Galilée à la fin du XVIe siècle, invente le télescope. la Renaissance permet, pour
les disciplines scientifiques de la matière, la création de disciplines et d'épistémologies distinctes mais
réunit par la scientificité, elle-même permise par les mathématiques, car, selon l'expression de Pascal
Brioist : « la mathématisation d’une pratique conduit à lui donner le titre spécifique de science »52.

5.3 Sculpture et peinture


Statue en bronze d'un homme nu avec un casque et une épée

Donatello, David au musée du Bargello.

Statue en marbre d'un homme nu début sur un piédestal

Le David de Michel Ange à la Galleria dell'Accademia de Florence.

Sur un trompe-l'œil en fond architectural élaboré (voûte en berceau, à plafond à caissons d'une chapelle
en arc de triomphe à colonnes et chapiteaux, entablement à pilastres), est placé au milieu de la scène
(et en profondeur perspective) un Christ en croix, dont le patibulum de la croix est soutenu par Dieu
le Père, placé immédiatement derrière lui.

Fresque de Masaccio, peinte dans l'église Santa Maria Novella à Florence

Page 15 sur 20
Le peintre de la fin du Moyen Âge, Giotto di Bondone a contribué à façonner les concepts artistiques
qui ont défini une grande partie de l'art de la Renaissance. Les idées clés qu'il a explorées sont le
classicisme, l'illusion de l'espace tridimensionnel et un contexte émotionnel réaliste qui ont inspiré
d'autres artistes comme Masaccio, Michel-Ange et Léonard de Vinci53. Il n'est cependant pas le seul
artiste médiéval à développer ces concepys, des artistes comme Pietro Cavallini et Cimabue ont tous
deux influencé Giotto dans la représentation de figures statuesques et de scènes expressives54. La
Renaissance italienne dans la peinture a commencé à Florence avec les fresques de Masaccio , puis les
peintures sur panneaux et les fresques de Piero della Francesca et Paolo Uccello.

Les fresques de l'artiste florentin Masaccio sont généralement considérées comme l'un des plus anciens
exemples de l'art de la Renaissance italienne. Masaccio a intégré les idées de Giotto, Donatello et
Brunelleschi dans ses peintures, créant des scènes qui donnent l'impression d'un espace
tridimensionnel55. La fresque La Trinité de l'église florentine de Santa Maria Novella, par exemple, la
scène dramatique semble disparaître dans le fond sombre, tandis qu'un éclairage à source unique et le
raccourci semble pousser la figure du Christ vers le spectateur56. Le réalisme des œuvres est rendu en
utilisant de nouvelles techniques de perspective afin de représenter plus authentiquement le monde
tridimensionnel en deux dimensions. Piero della Francesca a écrit des traités sur la perspective
scientifique. Les artistes améliorent la représentation du corps humain dans des paysages naturels57.

Alors que la précision mathématique et l'idéalisme classique fascinaient les peintres de Rome et de
Florence, de nombreux artistes du Nord dans les régions de Venise, Milan et Parme préféraient l'
illusionnisme des scènes du monde naturel58.

Au tournant du XVIe siècle, en particulier dans le nord de l'Italie, les artistes commencent à utiliser de
nouvelles techniques dans le rendu de la lumière et de l'ombre, comme dans les contrastes des divers
portraits de Titien et dans le développement du flou et le clair-obscur de Léonard de Vinci et
Giorgione. Cette époque voit apparaître les premiers thèmes profanes57.

Cette période a également vu les premiers thèmes laïques (non religieux). Le degré de laïcité de la
Renaissance a fait l'objet de nombreux débats par des écrivains du début du XXe siècle comme Jacob
Burckhardt, en raison, entre autres, de la présence d'un nombre relativement faible de peintures
mythologiques. L'un des principaux peintres dont les œuvres profanes ont survécu est Sandro Botticelli
avec La Naissance de Vénus et Le Printemps qui sont parmi les plus connus, bien que Botticelli soit

Page 16 sur 20
devenu profondément religieux et disciple de Savonarole et que la grande majorité de sa production
soit constituée de peintures ou de portraits religieux traditionnels59.

En sculpture, l'étude par Donatello des œuvres de l'antiquité conduit au développement des modèles
classiques et de nus. Les progrès réalisés par Donatello ont influencé toute la production ultérieure60.

Michel-Ange est à la fois architecte et peintre sculpteur. On peut dire que tout se réduit à la sculpture.
son David de 1504 est une étude de nu masculin. Ce travail est plus réaliste que celui de Donatello et
d'une plus grande intensité émotionnelle. Les deux sculptures sont en position contrapposto, leur poids
reposant sur une jambe. Les peintres les plus célèbres de cette époque sont : Léonard de Vinci , Raphaël
et Michel - Ange. La Cène, La Joconde de Léonard, L'École d'Athènes de Raphaël ou le Plafond de la
chapelle Sixtine de Michel-Ange, sont des exemples majeurs de cette période57.

La peinture de la haute Renaissance évolue vers le maniérisme (1520-1580) notamment à Florence. Les
artistes maniéristes, qui se sont rebellés contre les principes de la Haute Renaissance, ont tenté de
représenter des figures allongées dans des espaces illogiques. Les érudits modernes ont reconnu la
capacité de l'art maniériste à combiner des émotions fortes et souvent religieuses là où la Renaissance
n'a pas réussi à le faire. Certains des principaux artistes de cette période sont Pontormo, Rosso
Fiorentino, Parmigianino et Giulio Romano61.

5.4 Architecture
Article détaillé : Architecture de la Renaissance.

Le style Renaissance, introduit par Leone Battista Alberti avec le temple Malatesta à Rimini62, s'est
développé à Florence. Certains des bâtiments les plus anciens de la Renaissance sont la basilique San
Lorenzo de Florence et la chapelle des Pazzi, tous deux de Filippo Brunelleschi63. L'intérieur de la
basilique Santo Spirito exprime une nouvelle sensation de lumière, de clarté et d'espace, typique du
début de la Renaissance en Italie. Son architecture reflète la philosophie de l'humanisme, l'illumination
et la clarté de l'esprit par opposition aux ténèbres et à la spiritualité du Moyen Âge. La revitalisation de
l'antiquité classique est illustrée par le palais Rucellai où les pilastres suivent la superposition des ordres
classiques, avec des chapiteaux doriques au rez-de-chaussée, ioniques au piano nobile et corinthiens
aux étages supérieurs. La Cité idéale marque la nouveauté qu'était au XVe sièclesiècle la figuration de
la perspective géométrique. À Milan , Alberti a anticipé le design dans le nouveau style ancien avec son

Page 17 sur 20
projet qui prend pour modèle les temples étrusques décrits par Vitruve pour la basilique Saint-André
de Mantoue mis en œuvre en 1472, après sa mort.

La Haute Renaissance est présente à Rome en 1502 grâce à l'église San Pietro in Montorio de Donato
Bramante et son plan central original pour la basilique Saint-Pierre en 1506. Ce dernier est la commande
architecturale la plus notable de l'époque, influencée les artistes renommés de la Renaissance dont
Michel - Ange et Giacomo della Porta. Le début de la Renaissance en 1550 est marqué par le
développement d'un nouvel ordre de colonnes, la création d' Andrea Palladio, le style colossal, où des
colonnes de deux étages ou plus ornaient les façades.

La Cité idéale d'Urbino.

5.5 Musique
Article détaillé : Musique de la Renaissance.

Gravure représentant Giovanni Pierluigi à genoux présentant un livre ouvert au pape, assis sur son
trône et le bénissant de sa main.

Giovanni Pierluigi da Palestrina présente son œuvre au pape Jules III.

Première page en noir et blanc d'un recueil imprimé, avec des armoiries

Madrigali a sei voci, édition originale de 1626, frappée aux armes du prince (Gesualdo) et de son épouse
(Este).

Au XIVe siècle en Italie, comme dans les autres arts, il y un essor de l'activité musicale. Bien que les
musicologues assimilent généralement la musique du XIIIe siècle avec la fin du Moyen Âge, celle-ci à
plusieurs égards présente des caractéristiques similaires à celles du début de la Renaissance. Les
principales formes sont le madrigal du Trecento64, la musique « da caccia » et la ballade. En général,
le style musical de l'époque est appelé « ars nova » incluant des compositeurs tels Francesco Landini65,
Jacopo da Bologna, Paolo da Firenze, Gherardello da Firenze ou encore Lorenzo da Firenze66.
Cependant, on se sert plutôt du terme parallèle trecento pour désigner la musique créée par ceux-ci67.

Du début du XVe au milieu du XVIe siècle, le centre d'innovation de la musique sacrée se trouve aux
Pays-Bas attirant des compositeurs italiens. Beaucoup d'entre eux ont chanté dans le chœur papal à

Page 18 sur 20
Rome ou dans les chœurs des chapelles de l'aristocratie à Rome, Florence, Milan, Ferrare entre autres,
transmettant leur style polyphonique et influençant de nombreux compositeurs autochtones pendant
leur séjour à Italie68.

Les formes prédominantes de musique d'église à cette époque sont les messes et les motets69. Le
compositeur le plus connu de musique sacrée en Italie du XVIe siècle est Giovanni Pierluigi da
Palestrina, le membre le plus éminent de l'école romaine dont le style polyphonique doux et
émotionnellement frais définit le son de la fin du XVIe siècle70. D'autres compositeurs italiens de la
fin du siècle se sont concentrés sur le madrigal, composition des principales formes de musique profane
de l'époque. Pendant au moins cent ans, ces œuvres profanes pour plusieurs voix ont été distribuées
dans toute l'Europe. Certains des principaux compositeurs de madrigaux sont au début de la période
Jacques Arcadelt, Cyprien de Rore au milieu du siècle, et vers la fin de cette période Luca Marenzio,
Philippe de Monte, Carlo Gesualdo et Claudio Monteverdi71.

L'Italie est également un centre d'innovation dans le domaine de la musique instrumentale. Au début
du XVIe siècle, l'improvisation au clavier est très appréciée et de nombreux compositeurs de musique
pour claviéristes vertueux apparaissent. De nombreux instruments de musique sont inventés ou
perfectionnés, comme le violon, dont les premiers modèles ont commencé à être utilisés au milieu du
XVIe siècle72.

À la fin XVIe siècle, l'Italie est le centre musical de l'Europe. Au cours des dernières décennies du
siècle, les innovations de la transition vers la musique baroque sont principalement originaires du nord
de l'Italie. A Venise, le style polychoral vénitien produit par l'école vénitienne de musique72, et sa
musique instrumentale associée, ont été copiés en Allemagne. À Florence, la camerata florentine a
développé la monodie, précurseur de l'opéra, qui est apparu vers 160073.

L'avant-garde maniériste de l'école de Ferrare, qui a émigré à Naples à travers la musique de Carlo
Gesualdo, serait la dernière étape de la musique vocale polyphonique de la Renaissance

• 1
source du document : consulté le 21/10/2022

1La valeur informative de cette page est adéquate avec le thème du document qui est la Renaissance. Les sources
sont citées et datées, de plus l’auteur détaille correctement l’article.
Page 19 sur 20
Table des matières
1 Apparition de la notion de Renaissance ......................................................................... 1
2 Contexte historique........................................................................................................ 1
3 Origines ......................................................................................................................... 3
3.1 L'Italie du Nord et la Toscane à la fin du Moyen Âge .......................................................... 3
3.2 Le XIIIe siècle, période de prospérité .................................................................................. 4
3.3 L’effondrement du XIVe siècle ........................................................................................... 5
4 Développement.............................................................................................................. 7
4.1 Relations internationales .................................................................................................... 7
4.2 Florence sous les Médicis ................................................................................................... 8
4.3 L’expansion de la Renaissance ......................................................................................... 10
4.4 La renaissance et les classes sociales ................................................................................ 11
4.5 Fin de la Renaissance italienne ........................................................................................ 12
5 Culture ......................................................................................................................... 13
5.1 Littérature et poésie .......................................................................................................... 13
5.2 Philosophie et science....................................................................................................... 14
5.3 Sculpture et peinture ........................................................................................................ 15
5.4 Architecture ..................................................................................................................... 17
5.5 Musique ........................................................................................................................... 18

Page 20 sur 20

Vous aimerez peut-être aussi