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NOTE DE RECHERCHE
Contribution à la conceptualisation
de l’expérience de consommation :
émergence des dimensions de l’expérience
au travers de récits de vie
Claire Roederer
Maître de conférences
EM Strasbourg - Université de Strasbourg
HuManiS (Humans and Management in Society) EA 1347
EM Strasbourg - Université de Strasbourg
RÉSUMÉ
La notion d’expérience de consommation souffre encore d’un déficit de conceptualisation. Cette recherche tente d’y
remédier, par une approche inductive, fondée sur l’analyse de récits de vie. Les résultats permettent d’identifier quatre dimensions
de l’expérience. Une dimension « praxéologique » traitant du sujet agissant, une dimension « hédonico-sensorielle » liée à une
lecture sensible et à une évaluation thymique du contexte, une dimension « rhétorique » attachée au sens de l’expérience et enfin
une dimension « rapport au temps » de l’expérience. Ces dimensions contribuent à une meilleure conceptualisation de l’expé-
rience vécue par son souvenir et donc potentiellement à une proximité plus grande avec le client. Elles peuvent être envisagées
comme des leviers d’action pour établir ou restaurer l’avantage concurrentiel commercial d’une offre d’expérience.
Mots clés : Comportement du consommateur, expérience de consommation, marketing expérientiel, dimensions de l’expé-
rience, récits de vie.
L’auteur tient à remercier vivement les quatre lecteurs de RAM pour leurs commentaires et suggestions qui ont aidé à améliorer les premières ver-
sions de cet article, ainsi que le professeur Marc Filser pour ses conseils et encouragements.
Elle peut être contactée à l’adresse électronique suivante :
claire.roederer@em-strasbourg.eu
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rientiel (Pine et Gilmore, 1999) pour définir une nou- périence. Un réseau d’interactions entre la pensée du
velle catégorie d’offre orchestrée par l’entreprise, consommateur (Thought), ses émotions (Emotions),
supposée remplacer les produits et les services et son activité (actions et réactions) et la valeur qu’il
donner naissance à une économie de l’expérience. attribue à l’interaction se substitue au flux linéaire du
Cette polysémie explique que l’expérience ait pu être modèle de 1982. La valeur y est comprise comme un
qualifiée de concept-valise (Carù et Cova, 2003). élément constitutif de l’expérience et pas seulement
Pour comprendre comment la notion d’expé- une de ses conséquences. La place de la valeur dans le
rience s’est structurée dans la littérature, nous abor- modèle TEAV reconnaît la nature duale de l’expé-
dons dans la partie qui suit le modèle PAD (Pleasure- rience, à la fois processus vécu et résultat dont on se
Arousal-Dominance) (Mehrabian et Russel, 1974) et souvient. La typologie des valeurs de consommation
les modèles expérientiels (Holbrook et Hirschman, d’Holbrook (1999), articulée entre consommation
1982 ; Hirschman et Holbrook, 1986). orientée vers soi ou vers les autres, intrinsèque et
extrinsèque, active ou réactive, enrichit la compré-
hension des sources de valeurs de l’expérience.
Le modèle PAD (Pleasure-Arousal-Dominance). Enfin, Filser (2008b) réconcilie les modèles de prise de
décision et les modèles expérientiels en proposant la
Les travaux en psychologie de l’environnement séquence « décision – expérience – valeur ».
de Mehrabian et Russel (1974) clarifient les interac- Les trois modèles abordés associent plaisir et
tions de l’individu avec son environnement, en identi- sens à l’expérience. Le modèle PAD traite des
fiant trois réponses émotionnelles de base : le plaisir réponses émotionnelles et comportementales résul-
(pleasure), l’éveil ou l’excitation (arousal), et le tant des interactions sujet-environnement, mais ne les
degré de contrôle ou de liberté ressenti par rapport à relie pas à la notion d’expérience. Les modèles expé-
l’environnement (dominance). Ces réponses combi- rientiels clarifient les activités psychiques mobilisées
nées entre elles permettent de décrire n’importe quel pendant l’expérience, mais n’identifient pas ce que
état émotionnel, qui peut ensuite entraîner des com- ces activités produisent car ils ne proposent pas
portements d’approche ou d’évitement. Le modèle explicitement de dimensions de l’expérience de
PAD mobilise le plaisir et les sensations (arousal) consommation.
qui seront associés à l’expérience, dans le modèle
d’Holbrook et Hirschman (1982).
L’expérience comme interaction Personne-Objet-
Situation
Le modèle expérientiel CABS
(Cognition-Affect-Behavior-Satisfaction) Dans cette recherche, nous proposons de définir
l’expérience de consommation comme une interac-
Holbrook et Hirschman (1982) renouvellent les tion « Personne x Objet x Situation » (Punj et
variables explicatives du comportement du consom- Stewart, 1983), génératrice de sens pour le sujet qui la
mateur et soulignent que les sujets recherchent des vit (Filser 2002). Cette définition permet d’englober un
expériences pour le plaisir, l’amusement et les sensa- large prisme de réalités. Ainsi, l’expérience extrême
tions qu’elles recèlent. Ils conservent l’enchaînement (peak experience) (Maslow, 1964), l’expérience opti-
cognition-affect-behavior-satisfaction (C.A.B.S) des male (dite de flow) (Csikzentmihalyi, 1990, 1997),
modèles dits de traitement d’information et associent à l’expérience instrumentale ou autotélique (Holt,
l’expérience, un caractère hédonique auparavant 1995) quelle qu’en soit l’intensité, sont des interac-
négligé (Hirschman et Holbrook, 1982). tions « personne – objet – situation », générant du
sens pour les sujets qui les vivent, aux contextes,
enjeux, motivations, déroulements et résultats
Le modèle TEAV (Thought-Emotion-Activity-Value) contrastés (cf. Encadré 1). Carù et Cova (2007) identi-
fient trois catégories d’interactions P.O.S : (1) les
Le modèle TEAV (Hirschman et Holbrook, 1986) expériences pilotées par le consommateur (consu-
introduit la valeur comme élément constitutif de l’ex- mer-driven experiences), qui se déroulent dans des
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Dans la littérature en sciences de gestion, le vocabulaire associé à l’expérience, sous forme d’adjectifs
(expérience hédonique, extraordinaire, autotélique, instrumentale) ou de compléments du nom (expérience du
consommateur, expérience de magasinage...) sert des objectifs différents.
Il permet, selon les cas, de préciser le contexte de l’expérience, son intensité, son but ou le rôle qu’y joue le
consommateur. Ce vocabulaire évolue au fil des travaux du courant expérientiel.
Qualifier le contexte : Carù et Cova (2006), s’appuyant sur les travaux en sociologie de la consommation
d’Edgell et alii (1997), désignent par le terme d’expériences de consommateur, les expériences de consom-
mation marchandes, afin de les distinguer des expériences de citoyen, de famille, d’amitié, qui se déroulent en
dehors du marché.
Le terme d’expérience de magasinage (shopping experience) désigne, quant à lui, des expériences de
consommation qui se déroulent dans des lieux de vente ou de consommation (magasins, centres commer-
ciaux) voire des lieux conçus pour y délivrer des services (les servicescapes au sens de Bitner (1992)) et
concerne donc exclusivement la sphère marchande.
L’exemple d’un repas pris dans un restaurant présente la superposition d’une expérience de consommation (du
repas) et d’une expérience de magasinage (consommation du lieu).
Qualifier l’intensité : Au-delà des termes qui précisent le contexte de l’expérience, on rencontre également
des termes qui servent à qualifier l’intensité de l’interaction voire son caractère d’exception dans la vie du
sujet. À ses débuts, le courant expérientiel a beaucoup mis en avant, le caractère extraordinaire de l’expé-
rience, des travaux plus récents s’intéressent à son caractère ordinaire.
– expérience extraordinaire (Arnould et Price, 1993)
– ordinaire voire infraordinaire (Badot et Filser, 2007)
– les peak experiences (Maslow, 1964), de nature mystique, sont décrites comme des moments marqués par
des sensations de bonheur intense, d’émerveillement, accompagnés d’une prise de conscience de l’existence
d’une vérité supérieure.
– les expériences optimales (dites de flow) (Csikszentmihalyi, 1990, 1997). Les expériences aboutissant à un
état de flow impliquent la réalisation de tâches accessibles pour l’individu mais exigeant de sa part une apti-
tude particulière. L’individu, concentré sur sa tâche, poursuit un but clairement identifié. La préoccupation
de soi disparaît et la perception de la durée en est altérée. La navigation sur Internet conduit certains
sujets à l’état de flow (Novak, Hoffman et Yung, 2000).
Préciser le but de l’expérience
– une expérience est dite instrumentale, lorsqu’elle est entreprise pour atteindre un but extérieur à elle-
même, et autotélique, lorsqu’elle est entreprise pour elle-même (Holt, 1995)
– une expérience est dite hédonique lorsque son but est la recherche du plaisir (Hirschman et Holbrook, 1982)
Souligner le rôle du consommateur : D’autres qualificatifs, plus récents, précisent le rôle du consommateur
ou de l’entreprise dans le pilotage de l’expérience (Carù et Cova, 2007) ou sur la « production » de l’expé-
rience. On rencontre ainsi des expériences pilotées par le consommateur ou l’entreprise, ou encore co-
créées, co-construites, co-produites. L’idée est ici, de clarifier les rôles respectifs du consommateur et/ou de
l’entreprise dans la production de l’expérience. Ces termes renvoient au consommateur collaboratif et créatif
identifié comme figure émergente du nouveau consommateur (Cova et Cova, 2009).
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environnements non contrôlés par l’entreprise et lais- raconte une expérience de consommation. Elle cor-
sent au consommateur un degré d’autonomie impor- respond à une approche émique de l’induction, centrée
tant ; (2) les expériences pilotées par les entreprises sur les significations que les acteurs attribuent aux
(company-driven experiences), dans lesquelles les événements et à leurs propres actions (Bergadaà et
consommateurs sont immergés dans des contextes Nyeck, 1992).
hyperréels, thématisés contrôlés par l’entreprise ; La capacité de se rappeler volontairement un sou-
(3) les expériences co-pilotées par l’entreprise et le venir (anamnèse) est indispensable pour en
consommateur (co-driven experiences). L’entreprise construire un récit. Les travaux sur la réminiscence
fournit les conditions de l’expérience, sous la forme éclairent ce qui est à l’œuvre chez un sujet en train de
d’une plateforme expérientielle, le consommateur se souvenir (Webster et Haight, 2002). Wong et Watt
façonne son expérience à partir des éléments proposés (1991) identifient six types de réminiscence (intégra-
et de sa participation active. tive, instrumentale, transmissive, narrative, escapiste
Le modèle P.O.S permet d’étendre le territoire de ou obsessionnelle) qui permettent à un sujet d’acti-
l’expérience à l’ordinaire voire à l’infraordinaire ver, de différentes manières, ses souvenirs.
(Badot et Filser, 2007), de placer cette recherche Pour raconter une expérience, le sujet accomplit
dans une perspective renouvelée par rapport aux pre- un effort de réminiscence et de réflexivité, afin d’en
miers travaux du courant expérientiel. D’esprit inter- activer le souvenir, qu’il façonne ensuite en un récit
actionniste, elle correspond à une remise à plat de la intelligible. Recourir au souvenir comme clé d’accès à
notion, nécessaire compte tenu des objectifs de cette l’expérience d’autrui, implique par conséquent une
recherche. forte dépendance à « la parole de l’autre ». Pour res-
pecter la globalité de cette parole, nous nous intéres-
serons tant à la forme des récits de vie qu’à leur
contenu.
MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
Collecte des données
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signifiants, mémorables. Les informants, libres de confirmabilité, équivalents aux critères de validité
raconter l’expérience de leur choix (cf. Annexe A3), interne, externe, fiabilité et objectivité dans l’ap-
n’ont pas toujours associé l’expérience à un vécu proche positiviste (Lincoln et Guba, 1985 ;
extraordinaire ou plaisant, et ne se sont pas canton- Hirschman, 1986).
nés à la consommation marchande. Plus de deux tiers Pour établir la crédibilité, nous avons présenté et
des récits reclassés a posteriori en fonction de la recueilli l’avis de la moitié des informants de notre
typologie d’Edgell, Hetherington et Warde (1997), échantillon initial sur l’authenticité de l’interpréta-
portent sur des « expériences de consommateur », tion proposée. Cette étape a permis de conforter le
c’est-à-dire des expériences de consommation mar- caractère crédible des résultats.
chande (cf. Encadré 1), les autres récits concernent Pour nous assurer du caractère transférable de
des expériences non marchandes (cf. Annexe A2). De nos résultats, nous avons conduit une analyse post-
même, les expériences de type « consumer-driven », hoc, en recueillant trois nouveaux récits1 et en
c’est-à-dire pilotées par le consommateur, après construisant une interprétation comparative sur la
reclassement a posteriori en fonction de la typologie base des catégories trouvées lors de la première
de Carù et Cova (2007), apparaissent largement phase d’analyse. Cette étape a permis d’établir le
représentées (cf. Annexe A2), ce qui semble indiquer caractère transférable des dimensions de l’expé-
que les répondants ont privilégié des expériences rience.
dans lesquelles ils jouaient un rôle actif. Pour le critère de fiabilité, et bien que n’ayant pas
retenu le double codage comme option méthodolo-
gique de départ (Point et Voynnet Fourboul, 2006),
nous avons sollicité, a posteriori, l’interprétation
d’un chercheur sur deux récits du corpus
(Hirschman, 1986). Les consistances interprétatives
ANALYSE DES DONNÉES
recueillies, nous permettent de considérer le critère
de fiabilité comme satisfait.
Enfin, pour établir le critère de confirmabilité,
nous avons présenté nos notes de terrain et journaux
Analyse de contenu thématique de type sémantique méthodologiques, à deux auditeurs extérieurs à
l’étude, afin qu’ils les mettent en perspective avec
Nous avons recherché ce qu’avaient en commun nos conclusions (Hirschman, 1986). Ces différents
les thèmes abordés dans des récits portant sur des retours ont permis d’identifier certains biais (par
situations de consommation très contrastées. Fondée exemple celui lié au fait que les expériences « consu-
sur le passage de codes descriptifs, à des codes inter- mer driven » étaient très présentes dans le corpus),
prétatifs (Miles et Huberman, 2007) regroupés en mais n’ont pas infirmé les conclusions.
catégories, cette étape a nécessité de nombreux
allers-retours entre les données et les catégories
émergentes. Le passage des codes aux catégories,
lors de la théorisation, relève du codage à visée théo-
rique (Point et Voynnet-Fourboul, 2006), qui prend sa L’ANALYSE DES RÉSULTATS
source dans la grounded theory (Glaser et Strauss,
1967). Ce travail nous a permis d’induire quatre
dimensions (cf. Tableau 1), et de suggérer l’idée d’un
système expérientiel, combinant ces dimensions.
Les dimensions de l’expérience
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Catégories Description
Dimension praxéologique Éléments du discours concernant les actions et les
activités
- actions sur objet consommé ou interaction avec
objet consommé
- interactions avec autres personnes présentes pen-
dant l’expérience
Dimension hédonico-sensorielle Éléments du discours concernant les aspects phy-
siques et sensoriels du contexte expérientiel, que ce
soit dans des polarités positives ou négatives
– plaisir
– déplaisir associé à l’expérience
Dimension rhétorique Eléments du discours liés au sens attribué à l’expé-
rience, concernant :
– la valeur symbolique d’un élément du contexte
(produit consommé, lieu de consommation, compa-
gnons ...)
– le sens plus global de l’histoire que « raconte »
l’expérience, l’expérience comme métaphore
Le rapport au temps de l’expérience Eléments du discours portant sur le thème du temps -
– le temps durée
– le temps rythme
– le temps ressource à contrôler
récits envisagent le temps comme un rythme à pacifier. contrôler la durée de l’expérience. La perception du
Le temps de l’expérience y est présenté comme un temps de l’expérience comme moyen d’agir sur un
moyen de ralentir le quotidien jugé trop rapide et rythme qui dépasse le sujet, relève plus de la dimen-
intense. « [...] la buveuse de thé, elle n’est pas forcé- sion « rhétorique » de l’expérience, dans sa compo-
ment jeune non c’est quelqu’un que ça doit prendre sante construite, telle que nous l’avons définie précé-
plutôt à l’âge de la maturité, quand on ne court pas demment. Cependant le rapport au temps est, dans
trop non plus puisque c’est un moment d’arrêt... » l’ensemble des cas, un élément constitutif du sens du
(récit 5). récit qui est fait de l’expérience.
Le sujet consacre donc le temps de l’expérience,
pour agir symboliquement sur un rythme plus général
au travers d’une pratique (récit 2) ou la consomma-
tion d’un produit (récit 5).
Selon les récits, le temps de l’expérience est pré- DISCUSSION ET IMPLICATIONS
senté : (1) comme une durée creuse à combler ; (2)
comme une durée-ressource à contrôler ; (3) comme
une durée ressource investie pour suspendre ou ralentir
symboliquement le rythme du temps. Les deux pre- Cette recherche est la première, à notre connais-
mières perceptions du temps vont contribuer à enri- sance, à proposer des dimensions acontextuelles de
chir la dimension « praxéologique » de l’expérience, l’expérience de consommation : une dimension
puisque le sujet va agir pour occuper le temps ou « praxéologique » traitant du sujet agissant, une
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dimension « hédonico-sensorielle » liée à une lecture une typologie des consommateurs en fonction de la
sensible et à une évaluation thymique du contexte manière dont ces derniers réagissent à une expé-
(Hébert, 2007), une dimension « rhétorique » atta- rience de marque. Les consommateurs « hédonistes »
chée au sens de l’expérience et enfin une dimension sont plus réceptifs aux stimulations sensorielles, les
« rapport au temps » de l’expérience. L’intérêt des consommateurs « orientés vers l’action » sont plus
résultats réside, en partie, dans l’effort de décontex- sensibles aux dimensions comportementales de l’ex-
tualisation qui a guidé la recherche du « plus petit périence. Les consommateurs « holistiques » vont
dénominateur commun » à toute expérience. être réceptifs à l’ensemble des dimensions d’une
expérience de la marque (sensorielle, dirigées vers
l’action, sollicitant la réflexion), tandis que les
Liens avec les modèles expérientiels antérieurs consommateurs « inner directed » vont particulière-
ment faire attention aux processus internes se dérou-
Nos résultats indiquent que si chaque expérience lant pendant l’expérience (sensations, émotions, pen-
est contingente au contexte, il est cependant possible sées). Enfin, les consommateurs « utilitaires » sont
d’envisager des dimensions, structurant le souvenir moins sensibles aux stimuli de l’expérience de
de l’expérience que le sujet se construit. Par rapport marque proposée. Mise en parallèle avec les dimen-
aux modèles abordés dans notre revue de la littéra- sions de l’expérience identifiées dans notre
ture, les dimensions de l’expérience catégorisent ce recherche, cette typologie suggère l’idée d’un sys-
que le sujet vit pendant l’expérience lorsqu’il mobilise tème expérientiel, formé des relations entre les quatre
une activité psychique pour interagir avec les élé- dimensions, et activé, pendant l’expérience, par le
ments d’un contexte (Mehrabian et Russel, 1974). sujet en fonction de ses caractéristiques propres et du
Ces dimensions sont accessibles parce qu’elles per- contexte expérientiel, puis recomposé lorsqu’il
durent dans le souvenir de l’expérience, dont elles raconte l’expérience. Le processus de construction
structurent les récits que l’on peut en recueillir. Ces du souvenir par la mise en récit de l’expérience, per-
dimensions complètent la lecture du système de met de comprendre ce mécanisme. À partir d’un
réponse du consommateur (Intervening Response vécu et de la forme de réminiscence qu’il adopte,
System) (Holbrook et Hirschman, 1982) et des inter- chaque sujet construirait un système expérientiel,
actions TEAV (Hirschman et Holbrook, 1986). Ces structuré autour des dimensions de l’expérience. Il
deux modèles décrivent, en effet, le mécanisme qui est possible que la forme de réminiscence (Wong et
aboutit à activer les dimensions de l’expérience iden- Watt, 1991) adoptée par le sujet puisse être considérée
tifiées dans cette recherche. comme une trace du système expérientiel mis en
œuvre. Ainsi la réminiscence intégrative qui sert à
nourrir un sentiment de valeur de soi et la cohérence
Vers un système expérientiel ? par rapport au passé, et la réminiscence transmissive
qui vise à transmettre un héritage culturel ou person-
L’analyse de récits montre que les dimensions nel, semblent liées à la dimension rhétorique de l’ex-
identifiées entretiennent des relations entre elles. périence. La réminiscence instrumentale mettant en
Ainsi, les interactions avec d’autres personnes peu- avant les activités orientées vers des buts, semble
vent-elles nourrir la dimension rhétorique d’une plus proche de la dimension praxéologique.
expérience et la dimension hédonico-sensorielle. Le Mais, l’idée de système expérientiel et son lien
rapport au temps peut à la fois générer du sens, du hypothétique avec la forme de réminiscence ne font
plaisir, ou engager le sujet dans l’action quand, par qu’émerger de l’analyse et devraient être confirmés
exemple, le temps est envisagé comme une ressource à par des recherches ultérieures.
contrôler. Il semble qu’une expérience corresponde à
une sorte de dialogue entre le plaisir, le sens, l’action et
le temps, et dans des polarités positives ou négatives. Implications
Les travaux de Zarantonello et Schmitt (2010) ren-
forcent l’idée d’un système expérientiel qui émerge L’identification des quatre dimensions ouvre des
de notre recherche. En effet, ces auteurs proposent perspectives tant théoriques que managériales. Sur
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un plan théorique, les résultats permettent de proposer stratégies expérientielles (Roederer, 2012). Elles
une conceptualisation de l’expérience de consomma- peuvent s’envisager comme des leviers, à considérer
tion comme une interaction P.O.S (Punj et Stewart, séparément ou ensemble et à hiérarchiser selon les
1983) aboutissant à un ensemble de résultats, dont contextes considérés, pour développer ou restaurer
son souvenir. L’approche de l’expérience par le sou- un avantage concurrentiel (Trinquecoste, 1997,
venir permet une disjonction entre les résultats de 1999). Les expériences, lorsqu’elles sont coproduites
l’expérience tels que la valeur ou la satisfaction et la par le consommateur et l’entreprise, développent un
construction mentale sous laquelle l’expérience per- degré d’unicité qui les abrite en partie du processus
dure dans l’esprit du consommateur. de banalisation menaçant l’offre commerciale, pen-
D’un point de vue managérial, ces résultats peu- sée traditionnellement en termes de produits et/ou
vent être mis à profit dans les deux types de straté- services (Prahalad et Ramaswamy, 2004 ; Vargo et
gies expérientielles envisageables par l’entreprise : Lusch, 2004).
(1) la stratégie de création d’une offre d’expérience ;
(2) la stratégie de différenciation par l’expérience
(Filser, 2002). Perspectives et limites
Les dimensions de l’expérience peuvent être utili-
sées pour scénariser des scripts expérientiels équili- Les résultats de cette recherche ne sont pas
brés et enrichir le sens d’une expérience. Elles peuvent exempts de limites. L’échantillon de convenance, et
aussi être considérées, une à une, pour renouveler le la composition du corpus de récits constituent des
positionnement d’une offre en investissant sur une limites méthodologiques. Au lieu de laisser les infor-
dimension plus particulière de l’expérience. mants raconter l’expérience de leur choix, nous
Au-delà de la dimension hédonico-sensorielle, aurions pu border le corpus en recherchant a priori
très investie par les pionniers de l’expérientiel, les des expériences correspondant aux typologies exis-
dimensions praxéologique et rhétorique ouvrent de tantes (Holbrook, 1999 ; Carù et Cova, 2007 ; Pine et
nombreuses possibilités de créer des offres d’expé- Gilmore, 1999). L’option retenue, si elle s’explique
rience différenciées. par un souci de mise à plat de la définition de l’expé-
À titre illustratif, lorsque le musée Zadkine à rience, sans préjuger de son intensité ou de son
Paris propose une nuit blanche, pendant laquelle les caractère hédonique, constitue une limite. Par
visiteurs sont invités à pédaler pour produire l’élec- ailleurs, la capture de la phénoménologie de l’expé-
tricité nécessaire à une mise en lumière inédite des rience par le récit, constitue à la fois un choix métho-
œuvres, on est en présence d’une stratégie de créa- dologique et une limite. Le fait de demander à un
tion d’une offre d’expérience à part entière. Cette sujet un effort analytique de déconstruction d’un tout
stratégie investit la dimension praxéologique de l’ex- holiste, l’expérience, pour le reconstruire sous la
périence, en faisant participer les visiteurs, et la forme d’un récit, implique forcément qu’une part de
dimension rhétorique, en les rendant co-créateurs l’expérience échappe à l’analyse. De plus le choix
d’un happening, donc un peu artistes eux-mêmes. méthodologique des récits de vie, peut aussi amener à
Cette offre renouvelle la manière de « consommer » un se demander si la dimension rhétorique identifiée
musée, en la rendant unique puisque co-construite n’est pas un artefact du mode d’accès au réel retenu.
par la participation de chaque visiteur. Pour lever cette limite, il conviendrait, dans une
La distinction qu’ont pu établir Merle, Chandon étape ultérieure, de mesurer cette dimension par une
et Roux (2008) entre la valeur du produit et la valeur autre approche méthodologique, par exemple un outil
du co-design, confirme que la dimension « praxéolo- déclaratif. Cette triangulation des méthodes permet-
gique » qui renvoie au caractère consumer-driven trait de renforcer la validité externe des résultats.
(Carù et Cova, 2007) de l’expérience, permet d’éla- Les limites énoncées constituent des pistes de
borer des nouveaux schémas d’offre plus valorisés recherche pour l’avenir. Nous entrevoyons cinq pers-
par le consommateur. pectives pour prolonger le travail entrepris. Ces voies
Les exemples pourraient être multipliés, mais de recherche concernent : (1) la conceptualisation de
l’idée principale est de souligner que les dimensions de l’expérience dans sa composante collective ; (2) la
l’expérience constituent une grille de pilotage des capture du temps réel de l’expérience ; (3) la
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construction d’une échelle de mesure des dimensions Csikszentmihlyi M. (1997), Finding flow: the psychology
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de l’expérience ; (5) l’approfondissement de la
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94 Claire Roederer
ANNEXES
19 Louer des raquettes au Le vécu d’un Gentil Mem bre au Club F 45 commerciale
Club Med Med et les interactions houleuses
entre GM et GO
20 S'abonner au panier de La consommation de légumes F 44 employée
légumes bio dérou tants pour l’inform ante administrative
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96 Claire Roederer
Lors d’une phase pilote, au cours de laquelle il a été demandé aux personnes interviewées de raconter spontanément
une expérience de consommation de leur choix, nous avions pu constater que l’expression même d’ « expérience de
consommation » n’était pas forcément comprise ou bien était volontiers associée à des expériences d’achat, ce qui
pouvait s’avérer réducteur. De ce fait, la formulation d’ouverture du discours a été prévue selon les étapes,
décrites ci-dessous.
A) Formulation d’ouverture « Pouvez-vous me raconter une expérience de consommation récente ? »
B) Relance dans le cas où l’informant ne voit pas ce que l’on entend par expérience de consommation : « Par expé-
rience de consommation, on veut parler ici de situations de consommation d’un produit, d’un lieu, ou même d’un
moment particulier, dont vous vous souvenez pour une raison ou une autre.»
Dans le cas où l’informant demandait un exemple, nous donnions les exemples suivants : visite dans un parc à
thème, assister à un cours, faire ses courses, dîner au restaurant avec des amis.
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