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REVUE, GÉNÉRALE
LE LAIT DES QUESTIONS LAITIÈRES
SOMMAIRE
***
Rappelons que la méthode 8.B.R., consiste à attaquer l'échan-
tillon de fromage par dé l'acide chlorhydrique de densité 1,125, à
chaud, et d'extraire ensuite la matière grasse libérée par ies solvants'
habituels. '
A priori, cette 'méthode d'attaque acide peut paraître choquante,
car on peut redouter une attaque de la matière grasse qui,par
hydrolyse, abandonnerait de la glycérine et des acides .gras libres
dont une partie risquerait de disparaître soit dans la phase hydro-
acide, soit au cours de la déshydratation de la matière grasse à
l'étuve: On peut donc craindre que cette méthode ne donne des
résultats trop faibles.
C'est cette crainte quia été concrétisée par M. FLORENTIN dans
une étude (1) qui concluait au rejet de la méthode S.B.R.
Tl 'faut sans doute voir là l'une des raisons pour lesquelles la
plupart des experts. chimistes français se sont, depuis lors, abstenus
.de l'employer. Or, de nombreux chimistes étrangers l'utilisent avec
fruit, semble-t-il. D'autre part certains auteurs, notamment le
Dr A. J. SWAVING paraissent avoir répondu d'une façon satisfai-
sante aux objections de .M. FLORENTIN (2).
. Devant cette situation qui risquait d'avoir de graves consé-
.quences sur un point important de chimie laitière, nous avons cru
devoir essayer de trancher la question.
***
Analysons l'étude de M. FLORENTIN.
L'ex-périence jondamentale est la suivante. Cet auteur traite
10 grammes de beurre pur (sans doute s'agit-il de matière grasse
pure extraite du beurre) par 50 cm" d'acide chlorhydrique (d:I,125)
. au voisinage de l'ébullition pendant une heure. Après refroidisse-
ment la matière grasse -est séparée (sans doute par repos ou centri-
(1) Annales Falsifications et Fraudes, juillet-août 1938, p. 351 et Le Lait, janvier
1939, p. 25. .
(2) Le Lait, juin 1939, p. 573.
. 1
DES FROMAGES EST-ELLE EXACTE 227
Si l'acide gras libéré est pesé aux lieu et place du glycéride cor-
respondant, la perte n'est _donc pas égale au poids de la glycérine
libérée mais seulement à la différence entre le poids du glycéride
initial (ici 302) et le poids de l'acide gras obtenu (ici 264) soit 38.
La perte est donc exactement, égale à 12% du poids du glycéride
initial dans le cas de la tributyrine. Si l'on tient compte du fait que
la matière grasse du beurre contient des glycérides d'acides gras
solubles de poids moléculaires plus élevé (notamment acide caproïque
en C5 soluble à froid et; même, acide caprylique en C7, encore nette-
ment soluble à chaud) la perte rélative calculée ci-dessus s'aba.isse
en-dessous de 10% du poids du glycéride initial.
Or en prenantTe chiffre de M. FLORENTIN de 5 % de perte de
matière grasse du fait de l'apparition d'acides gras, la perte réèlle
dans la technique S.B.R. où ces péides gras sont entraînés et pesés
comme matière grasse aurait été inférieure à 0,5 % du poids de la
matière grasse initiale. Et si l'on tient compte du fait que les condi-
tions de l'expérience de M. FLORENTIN sont beaucoup plus sévères
que celles de la technique S.B.R. (mélange plus acide, durée d'at-
taque beaucoup trop forte) on peut légitimement' admettre a priori
que la perte réelle - si elle existe, du fait d'une hydrolyse hypo-
thétique - .serait très inférieure à 0,5 % de la matière grasse initiale;
50 Les caractéristiques physiques et chimiques de la matière
grasse extraite par M. FLORENTIN sont évidemment différentes de'
celles de la matière grasse pure initiale. Cela rr'a rien d'étonnant
puisqu'il y a eu hydrolyse réelle dans ~emode opératoire particulier.
On ne peut rien en conclure quant à l'inexactitude éventuelle de la
technique S.B.R. ;
60 D'ailleurs M. FLORENTIN ne conclut pas au rejet de la mé-
thode S.B.R. sur le vu des résultats dei cette expérience préalable.
Il n'aurait pas ,pu le faire puisque les conditions de cette expérience
ne sont pas du tout celles de la technique S.B.R.I~ en déduit seule-
DES FROl\IAGES EST-ELLE EXACTE 229
,* * *
Nous' avons d'abord essayé de déterminer si, dans'les conditions
du mode opératoire de la méthode internationale, il y a",ait dispa-
rition d'une partie de la matière grasse. Ensuite nous avons mis cette
méthode en comparaison avec une méthode toute différente (mé-
thode' au sable très correctement appliquée) sur de nombreux
échantillons de fromages divers. "
230 J: PIEN. - LA MÉTHODE INTERNATIONALE D'ANÀLYSE
pas lavée, mais renferme la' petite quantité (0,1 à 0,3 %) d'acides
gras solubles formés (éliminés par lavage dans les essais ci-dessus)
la perte réelle ne peut être que celle de la glycérine correspondant à
ces 0,1-0,3%d'aèides gras, soit environ rJ,ix fois moins. La perte
pondérale subie par la ~.G. du .fait du traitement S.B.R. n'est
donc,de ce fait, que de quelques dix millièmes au plus (0,01.0,03%)
c'est-à-dire qu'elle échappe à toute détermination et est absolu-
ment négligeable.
En fait, la technique S.B.R., appliquée sans lavage de la M.G.
permet de retrouver exactement les quantités. mises en œuvre.
"
232 .r. PIEX. - LA ~IÉTHODE INTERNATIONALE D'ANALYSE
Méthode au sable
L'écha'ntillon, ayant conservé sa croûte (1), est transformé en une
masse homogène par pilonriage dans un mortier.
On pèse 5 grammes de fromage ainsi préparé. On introduit
. ces 5 grammes dans un' autre mortier installé sur une grande' feuille
de papier.' ..
On ajoute une quantité quelconque de sable lavé (100 gr. par
exemple) et on broie avec le pilon jusqu'à obtention d'une masse.
complètement homogène. S'il est nécessaire on ajoute encore du
sable. \
La masse ne doit plus présenter le moindre fragment visible de'
fromage. . '
. .On installe sur son support une allonge cylindrique à .robinet
munie d'un tampon d·'ouate tassé dans le fond. Sur ce tampon on
dépose 20 à 30 gr. de sable.
• A l'aide d'un entonnoir à large douille on introduit dans l'al-
longe ainsi préparée,)a masse de fromage broyé avec le sable. On
s'aide d'un agitateur pour faire tout descendre- et on ne tasse pas.
Finalement on remet un peu de sab!l2.au-dessus du mélange
contenu dans l'allonge.
,1 Une capsule de verre tarée est installée sous l'allonge. Le robinet
de celle-ci étant ouvert. on verse l'éther provenant du rinçage de
la capsule qui a servi à peser les 5 grammes de fromage, puis l'éther
,de rinçage du mortier, du pilon et de l'agitateur.
Dès que l'éther commence à sortir par I'ajutage inférieur (l'air
étant ainsi chassé) on ferme le robinet. On remet de l'éther pour que
toute la masse baigne copieusement. On maintient dans cet état
vingt minutes. Puis on ouvre légèr~ment le ro·binet. Quand l'éther
a fini de s'écouler; on exerce une légère pression d'air dans l'allorige
pour chasser l'éther retenu par capillarité (à l'aide d'une poire de
caoutchouc reliée à un tube qui traverse un gros bouchon de caout-
choue). ,
On procède alors à une nouvelle extraction en emplissant
l'allonge d'éther. On laisse encore quinze à vingt minutes en con-
tact, puis on laisse couler l'éther et on essore légèrement comme
précédemment par une compression d'air modérée' au-dessus de
l'allonge ..
fLa troisième extraction ne nécessite pas un séjour prolongé. On
emplit l'allonge d'éther et aussitôt on entr'ouvre très légèrement le
robinet. L'éther s'échappe goutte à goutte et on essore' encore.
légèrement. '
\
(1) Nous antérieurement démontré pourquoi il fallait conserver la croûte
avons
des fromages en vue de l'analyse (Le Lait, 1944, p. 210).
/
DES FRO)IAGES EST·ELLE EXACTE 233
on pèse.
Observations:
a) Il va de soi qu'au lieu d'une capsule tarée on peut utiliser
un ballon taré pour la récolté des éthers, ce qui permet une récupé-
ration de l'éther sulfurique .par distillation. Il est alors indispensable
de transvaser sans perte la M.G. du ballon dans une capsule, l'éli-
mination totale de l'éther et de l'humidité dans le ballon étant très
difficile ;
b) On pourrait aussi, au .Iieu d'extraire dans une allo~ge, uti-
liser l'appareil de Soxhlet . .1l1.'aiscette technique conduit souvent à des
résultats trop faibles. Il convient alors, après quelques heures d'ex-
traction, de sortir la matière de la. cartouche, de la rebroyer au mor-
tier et de procéder à de nouvelles extractions. Ce n'est qu'à cette;
condition qu'on. peut être assuré d'obtenir des résultats corrects.
mètre » ~ robinet latéral que nous avons créé dans ce but (1); On
rince l'intérieur dû ballon d'abord-avec 5 cm3 d'alcool à 950 (2) puis
avec 25 cm" d'éther sulfurique. On agite soigneusement le contenu
du tube pendant une minute. Puis on introduit 25 cm" d'éther de
pétrole redistillé (point d'ébullition 40-600). On agite de nouveau
une minute et on laisse reposer jusqu'à clarification de la' couche
éthérée, ce qui demande environ deux heures. Pen.dant ces jnanipu-
lations, on prendra toute précaution pour éviter la moindre perte
de liquide': graissage du bouchon et du robinet avec un glycérolé
d.'amidon (3), refroidissement complet sous le robinet du contenu
du tube après chaque agitation et avant débouchage, .etc.
On décante la liqueur éthérée dans une capsule tarée en ayant
soin d'en extraire la plus grande partie mais 'en évitant d'entraîner
'là'phase acide sous-jacente.
'On réintroduit alors dans l'appareil 25 cm" d'un mélange à
parties égales des deux éthers. On agite, laisse reposer et gécante
comme dans le cas précédent.
Toutes les liqueurs éthérées sont rassemblées dans la capsule.
On évapore l'éther en évitant l'ébullition, on iporte/au bain-marie /
jusqu'à ,disparition de gouttelettes aqueuses dansIa matière grasse
extraite 'et finalement on porte à l'étuve à 100-102,
0 jusqu'à
, poids
minimum.
Remarque
f
A défaut d'appareil spécialdextraction on peut utiliser un gros
tube à essai de 230 X 23 que I'on tbouche au caoutchouc et d'où
l'on extrait la liqueur éthérée en aspirant dans un ballon muni d'un
1 ajutage approprié. Après chaque extraction, il est nécessaire de
rincer l'ajutage en aspirant un peu d'éther sulfurique.
,
*** ,
Fromages moisis:
1 ........ ,........ 13,82 35,10 13,87 35,22,
, 1
34,68
30 ................
, Il,76 33,87 Il,83 34,07
31 ................ 13,97 ~5,03 13,92 34,90
32 ................ Il,40, 32,42 Il,47 32,62
33 ................. 14,66 42,156 14,66 ,42,56
34 ............. ... , Il,IS 30,39 Il,20 30,45
35 .......... ' .... /.: 13,12 38,18 13,16 38,30
36 ............... 13,60 40,47 13,73 40,86
37 ................ 13,88 .43,64 13,93 43,80
38 ................ 13,97 35,03 ' 13,92 34,90
39 ................ 13,20 36,40 . 13,14 36,23
40 ........... ..... " 20,02 40,24 20,05 40,30
----- ----- ----- ----
Moyenne de 40 fromages 1)
13,96 36,21 13,99 36,28
'\
236 J. PIEN. - I.A J\1~'THODIE INTERNATIONA~E D'ANALYSE
- -
Méthode' au sable l\léthode S.B.B.
-
1\1. G.% M. G. % de la I\I.G.% 1\1. G. % de la
fromage frais matière sèche fro mage frais matière sèche
. .
étude a été effectuée par l'un de nos collaborateurs M. ROSSIGNOL
que nous remercions vive~ent pour le soin qu'il y a apporté.
* * .*
La conclusion générale qui se dégage de cet exposé est la sui.
vante:
La méthode d'analyse recommandée par la Convention Inter.
nationale de Rome (méthode Schmid-Bondzynski.Ratslaff) pour le
dosage de la matière grasse des fromages donne des résultats exacts
et peut être, utilisée comme méthode' d'expe~tise.