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Le 16 juillet 1902, à la demande de la ville de Bruxelles, est placée sur le Square Marguerite à St Gilles
une sculpture en bronze nommée « la Folle Chanson ». Cette œuvre, de Jef Lambeaux , représente
une nymphe jouant de la castagnette qui murmure à un vieux satyre qui lui sourit tout en repoussant
un jeune congénère. Cette sculpture est très souvent évoquée dans des ouvrages traitant de Jef
Lambeaux comme par exemple, « L’amant de la matière » ou encore « La passion du faune ».
Toutefois, aucun travaux d’analyse ne lui a été complètement dédié.
Je vais donc m’efforcer de le faire tout au long de ce travail.
Au 19ième siècle , Bruxelles voit ses frontières s’étendre . Cette extension est provoquée par un exode
rurale conséquent en cause, la révolution industrielle en plein essor en cette période.
Ces nouveaux quartiers encore vierge de tout influence , vont être le théâtre privilégié de la rivalité
qui fait rage en Belgique au 19 ième siècle entre le gouvernement à tendance catholique qui soutient
Leopold II et la villes de Bruxelles et ses communes, majoritairement libérales.
Ils vont ainsi s’adonner à une véritable course aux grands travaux afin d’affirmer leur autorité sur ces
nouveaux territoires, donnant lieu à une vague de statuaire publique.
C’est dans ce contexte politique particulier qu’aura lieu la commande de la Folle chanson de Jef
Lambeaux à la suite de l’extension de la commune de Saint gilles . Ce groupe va connaitre une
première version en 1884 , présenté par l’artiste au Salon de Bruxelles. Elle va être jugée trop osée et
sera vivement critiquée. Pourtant, le 10 juin 1898, le conseil communal de Bruxelles, après une visite
de l’atelier souhaitera l’acquérir (S.Clerbois,C.Pirson,M.Wautelet,A.Thibaut,2008,pp.22,33-34). Si la
commande va bien avoir lieu le 24 juin 1898, la statue ne fit pas l’unanimité pour autant, les
membres catholique du conseil la jugeant trop provoquante voir pornographique .
Ainsi La Folle chanson sera le cœur d’un conflit interne à l’image de celui qui a eu lieu entre le
gouvernement et la ville de Bruxelles. Les avis sont donc très partagés par rapport à ce groupe
comme le montre ces extraits de journaux : Le Patriote (tendance catholique), il s’adresse
directement au bourgmestre de Bruxelles , « Monsieur Buls exposeriez-vous ces choses- là sous le
regard de vos petites nièces ? »(Derom,2000,pp118-119); Le soir(tendance libérale), le 17 juin 1898,
« il est presque que certains que la ville fera l’acquisition proposée. En cédant devant les
imaginations et les préventions de certains de ces membres, l’assemblée commettrait ce que l’on
peut appeler une gaffe .» La ville de Bruxelles étant majoritairement libérale malgré les tensions le
contrat sera signé le 4 juillet 1898 pour un montant de 25000 Fr, la statue sera posée sur un socle
préexistant en pierre et devait originellement trôner au square Ambiorix. Le modèle grandeur
exécution achevée à la mi-octobre, arrivera aux atelier du fondeur Petermann, dirigeant de la
fonderie national des bronzes, à la fin mars 1901. La conception du bronze prendra du retard ainsi le
4 mars 1902, Lambeaux demandera au bourgmestre un allongement du délais , ce qu’il va lui
accorder.(Derom,2000,pp118-119)En juin 1901, malgré cela, un essaie aura lieu au square Ambiorix
avec un plâtre. Celui-ci sera déplacé ensuite au square Marguerite , place beaucoup moins passante ,
à la demande de la ville de Bruxelles surement sous la pressions des conflits internes comme le
suppose le journal le soir dans sa revue du 28/06/1901. La version en bronze, quant à elle sera
placée le 16 juillet 1902 au square Marguerite . Le journal le soir du 2/10/1901, fait également
mention de décoration en bronze qui aurait dû originellement orner le socle de la statue qui ne se
retrouve aucunement sur les photos récentes comme anciennes de l’œuvre . On pourrait donc
supposer que le projet fut annulé pour les mêmes raisons que pour son changement de lieu afin de la
rendre moins voyante dans l’espace publique.
Comme indiqué précédemment , La Folle chanson est passée par plusieurs stades de conception .
Tout d’abord , la version du salon bruxellois en 1884. Ensuite une en plâtre en 1901 exposée sur le
square Ambiorix puis Marguerite .
LAMBEAUX,Jef(1852-1908),La folle chanson, 1901,Plâtre.
Saint-Gilles, Square Ambiorix.
Puis finalement, une 3e version en bronze exposée le 16 juillet
1902.
Conclusion
Pour conclure, la Folle Chanson de Jef Lambeaux , est une ronde-bosse et une sculpture publique de
style néo-baroque flamand. Elle va être un sujet de discordes parmi ces contemporains. Elle sera
même déplacée à cause des conflits internes qu’elle va provoquer au conseil communal.
Maintenant si le style va surprendre, c’est surtout parce qu’elle s’écarte du néoclassicisme,
majoritaire à cette époque dans la statuaire publique.
Bibliographie
Bibliographie générale
Publications scientifiques
1.Ouvrages
C.ARMINJON, L’art du métal: vocabulaire technique, Paris, Caisse nationale des monuments historiques
et des sites, 1998
J-P,BREUILLE, Dictionnaire de la sculpture: la sculpture occidentale du Moyen Age à nos jours, Paris,
Larousse, 1992
J.VAN LENNEP,C.LECLERQ, Les sculptures de Bruxelles, galerie Patrick derom ,2000, pp 118-119.
P.POIRIER ,la peinture belge d’autrefois, Bruxelles, la renaissance du livre, 1830-1930,pp.41-46, 168-
172.
2. Contributions
Histoire de la peinture et la sculpture en Belgique ,par un groupe de collaborateur , 1830-
1930,Bruxelles et Paris, G. van Oest, 1930.
3.Articles scientifiques
M.WAUTELET, « La sculpture en bronze entre art et technique : la réhabilitation de la cire perdue en
Bibliographie spécialisé
Publications scientifiques
Ouvrages :
A.EYLENBOSCH, jef Lambeaux 1852-1908 ou les passions d’un faune, les rencontres Saint-Gilloises,1990.
(Fig.1)
LAMBEAUX,Jef(1852-1908),La folle chanson, 1901,Plâtre. Saint-Gilles, Square Ambiorix
Site : https://monument.heritage.brussels/fr/buildings/18421
(fig.2)
LAMBEAUX,Jef(1852-1908), La folle chanson , 1902, Bronze, Saint Gilles, Square Marguerite
Site : https://monument.heritage.brussels/fr/buildings/18421
(fig.3)
DALOU Jules (1838-1902), Le Triomphe de Silène,1885, bronze, Paris, jardin du Luxembourg.
Site : https://e-monumen.net/patrimoine-monumental/silene-paris-6e-arr/
(fig4)
DALOU Jules (1838-1902), Nymphe et faune ,dit le Baiser, 1890-1894, Plâtre patine, petit palais :
musée des beaux-arts de la ville de Paris
Site : https://www.parismuseescollections.paris.fr/fr/petit-palais/oeuvres/nymphe-et-faune-dit-le-
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