Dans un village isolé, un photographe aigri trouvait que la vie était trop éphémère et tentait de capturer chaque instant vécu en photo pour les conserver à jamais, mais les images sur papier se détérioraient inévitablement. Un matin, il trouva devant sa porte une boîte poussiéreuse dont les coins commençaient à prendre une teinte verdâtre. Il interrogea alors son voisin à propos de l’énigmatique colis. Le voisin qui, étant une vraie commère, se vantait habituellement de tout savoir au village, répondit avec intérêt qu’il n’avait aucune idée de ce qu’il y avait à l’intérieur. Le photographe s’éloigna hâtivement avant que le curieux n’eût le temps de poser plus de questions. De retour chez lui, le photographe ouvrit la boîte et trouva un étrange appareil photo. C’était un polaroïd dont la partie censée développer les photos avait été si mal rafistolée que l’on ne pouvait plus imprimer de photos. Le photographe, par intérêt professionnel, décida d’essayer l’engin. La première chose qu’il vit fut son chat plus gris que la poussière qui, émacié par la vieillesse, dormait paisiblement. Soupirant tristement car sachant que son ami félin n’avait plus beaucoup de temps à vivre, le photographe, appareil en main, prit un cliché de son animal de compagnie. Le lendemain au petit matin, le photographe trouva son chat qui n’avait pas bougé d’un poil depuis la veille, mort dans son panier. Quelques semaines plus tard, le photographe convia à manger les rares amis qui lui restaient. Un de ses invités avait remarqué l’étrange appareil photo et questionna le photographe qui, ne sachant point quoi répondre, proposa au curieux de le prendre en photo. L’ami du photographe prit alors la pose et le professionnel de la photo captura la scène. Le photographe s’approcha de son ami, mais s’aperçut que celui-ci semblait figé. Le reste de ses amis s’était approché et l’un d’eux étant médecin tâta le pouls de l’homme constatant avec effroi qu’il était mort. Tous les convives accusèrent le photographe. Celui-ci, sans comprendre pourquoi, prit par réflexe une photo de l’attroupement qui commençait à le calomnier. Flash... Un lourd silence tomba. L’assemblée était pétrifiée telle une statue immuable. Le photographe comprit alors que l’appareil pétrifiait les scènes qu’il photographiait. Alors, l’homme depuis longtemps obsédé par l’idée de conserver les instants de la vie, pensa que s’il photographiait son village, celui-ci resterait tel quel pour l’éternité. Il sortit donc de chez lui, courra jusqu’à la colline qui surplombait son village, puis pétrifia le village en sombrant dans la folie. C'est à cet instant qu'il se souvint d'un lac avoisinant le village où il avait l'habitude d’aller quand il était plus jeune. La végétation du plan d’eau était si luxuriante qu’il y avait des fleurs à l'année, offrant ainsi un paysage splendide. Cela serait dommage que ce lieu finisse par changer, pensa le photographe. Il décida de se rendre au lac. Arrivé sur les lieux, le photographe choisit méticuleusement sous quel angle il allait prendre son cliché. Il décida de mettre en valeur la surface lisse du lac. Il se positionna, puis, entre deux respirations, appuya sur le déclencheur. Soudain, ses membres, puis tout son corps s’engourdirent. Lors de son dernier instant de conscience, en échappant son tout dernier soupir, il se rendit compte que le lac, tel un immense miroir, reflétait sa silhouette. Le condamnant lui aussi à demeurer une statue pour l'éternité... https://short-edition.com/fr/oeuvre/tres-tres-court Questions. 1. Ce texte est : a- une lettre ouverte. b- un fait divers. c- une nouvelle réaliste. ……………………………………………………………………………………………… 2. Quel est le personnage principal de cette histoire ? …………………………………………………………………………………………….. 3. Relevez d’autres personnages. …………………………………………………………………………………………………. 4. Où se passe la scène et quand ? ………………………………………………………………………………………………. 5. Quel est l’objet étrange dans cette histoire ? ………………………………………………………………………………………………….. 6. Comment agit-il ? …………………………………………………………………………………………………… 7. Quel est le paragraphe qui montre le secret de l’objet étrange ? …………………………………………………………………………………………………….. 8. Comment c’était la fin du photographe ? Pourquoi ? ……………………………………………………………………………………………………. 9. Quel est le temps dominant dans le texte ? Pourquoi ? …………………………………………………………………………………………………… 10. Faites le schéma narratif de ce récit. ……………………………………………………………………………………………….. 11. Faites le schéma actanciel. ………………………………………………………………………………………………. 12. A qui ou à quoi renvoient les mots soulignés du texte ? -……………………………………………… -………………………………………… -…………………………………………….. - ……………………………………… 13. Relevez du texte deux indices spatiotemporels. -……………………………………………………………………………………………….. - ………………………………………………………………………………………………. 14. Imaginez, en quelques lignes, une suite à cette histoire. …………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………. ……………………………………………………………………………………………………….. Remarque. Vous pouvez intégrer les points de langues cités ci-après en fonction de la progression de la compréhension. Le moment propice reste à déterminer selon le choix méthodologique adopté par l’enseignant(e). Merci. Les points de langue à intégrer : - Les indices spatio-temporels. - la caractérisation. - les temps du récit. - Ref. Voir la progression diligente du mois de Ramadhan.