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Dans ce document, des exemples de rédaction sont donnés, tantôt corrects, tantôt incorrects. Les rédactions correctes sont
précédées des symboles et les incorrectes des symboles $ $ $.
• Quand on veut introduire une variable décrivant tout un ensemble, autrement dit un élément x quelconque d’un ensemble
E, on procède ainsi :
Soit x ∈ E.
Bien sûr, la lettre x pourrait être remplacée par n’importe quel symbole : y, z, , ♥. . . Cette formulation peut souvent être
remplacée par la suivante :
• Oublier ces petites phrases d’introduction est une faute grave — faute de rédaction et faute logique. Par exemple, imaginez
π sin x + cos x
qu’on vous demande de montrer que : ∀x ∈ R, sin x + = √ . Première réponse :
4 2
π π π sin x + cos x
$ $ $ sin x + = sin x cos + cos x sin = √ .
4 4 4 2
Rédaction incorrecte car vous n’introduisez pas votre x. Voici trois réponses correctes :
π π π sin x + cos x
Soit x ∈ R. Alors : sin x + = sin x cos + cos x sin = √ .
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π π π sin x + cos x
Pour tout x ∈ R : sin x + = sin x cos + cos x sin = √ .
4 4 4 2
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π π π sin x + cos x
∀x ∈ R, sin x + = sin x cos + cos x sin = √ .
4 4 4 2
Remarquez ceci : comme le suggèrent ces exemples, « Soit x ∈ R » et « ∀x ∈ R » sont synonymes. C’est normal : travailler
avec un x ∈ R fixé mais quelconque revient à travailler avec tous les x éléments de R. Mais on n’a pas le droit d’utiliser « ∀x ∈ R »
dans une phrase en français, pour ne pas mélanger les genres.
• Vous vous demandez sûrement pourquoi les mathématiques exigent autant de maniaquerie. En réalité, ce n’est pas du tout
une question de maniaquerie. Les élèves proposent souvent des raisonnements qui n’ont ni queue ni tête uniquement parce qu’ils
n’ont pas introduit proprement les choses dont ils parlent. Ils croient de bonne foi qu’ils ont fait un vrai raisonnement alors qu’en
réalité ce qu’ils ont proposé n’est ni vrai ni faux mais n’a tout simplement aucun sens. Les « Soit x ∈ E » sont donc une garantie
de rigueur. Mais ils sont en réalité bien plus. Très souvent également, en présence d’un problème, les élèves sèchent et ne savent
pas du tout par quoi commencer. La peur de la page blanche en quelque sorte.
Par exemple, imaginez qu’on vous demande de démontrer le théorème suivant :
En résumé (la rédaction suivante est incorrecte mais je l’utilise ici tout de même par souci de clarté) :
∀f : R −→ R fonction, f croissante =⇒ lim f existe .
∞
En voyant cela, on sait tout de suite ce par quoi la preuve doit commencer :
Tout élève mathématicien digne de ce nom doit de lui-même écrire cela sur sa copie, même si la suite de la preuve lui
échappe. Vous avez le droit de ne pas savoir poursuivre la preuve, mais vous n’avez pas le droit de ne pas savoir commencer
ainsi. On vous demande de montrer un résultat de la forme « Pour tout x ∈ E, . . . » ? Commencez par « Soit x ∈ E ». Le
résultat est de la forme « Pour tout x ∈ E, si x a la propriété P, alors. . . » ? Commencez par : « Soit x ∈ E. On suppose que x
vérifie la propriété P. »
Quel intérêt ? Tant que vous ne vous êtes pas donné une fonction f croissante fixée, vous n’êtes pas en mesure de montrer
que toute fonction croissante possède une limite en ∞. Au contraire, maintenant que vous avez commencé votre preuve comme
indiqué ci-dessus, vous avez une fonction f fixée entre les mains et pouvez donc entamer une réflexion à son sujet. De même qu’un
peintre ne peut pas peindre sans peinture ni toile, un mathématicien ne peut pas réfléchir sans un matériau pour sa réflexion.
Si cette méthode vous paraît idiote parce qu’évidente, tant mieux ! Mais sachez que nombre d’élèves sont incapables de penser
mathématiquement parce qu’ils n’ont jamais compris cela.
• Quand on veut donner un nom à un objet précis, le « On pose » est de mise. Par exemple, si vous devez employer plusieurs
en0 + 1
fois dans un raisonnement l’expression compliquée ln p (où n0 ∈ N est fixé), nommez K cette quantité et profitez de ce
n20 + 1
en0 + 1
nom pour raccourcir votre raisonnement et le rendre plus lisible. Partout où la quantité ln p doit apparaître, vous noterez
n20 + 1
simplement K. L’introduction de la notation K se fait de la façon suivante :
en0 + 1
On pose K = ln p .
n20 + 1
• Attention, l’exemple suivant est incorrect. On y suppose qu’un certain réel positif y a été introduit plus haut dans le
raisonnement et l’on souhaite maintenant introduire un réel x de carré y.
$ $ $ On pose y = x2 .
Cette formulation sous-entend que c’est y qui est introduit, x étant connu, car y figure à gauche du symbole d’égalité et x à
droite. Or au contraire y est connu par hypothèse et c’est x qu’il faut définir. Voici deux façons correctes d’introduire un réel x
de carré y.
√
On pose x = y.
√
On pose x = − y.
• Concrètement, à quelle occasion utilise-t-on un « On pose » ? Son premier usage, présenté ci-dessus, vise à éviter les
répétitions d’expressions compliquées : en donnant un petit nom simple à une expression compliquée, on rend plus lisible son
travail. Mais le « On pose » est utilisé dans un autre contexte beaucoup moins anecdotique. Imaginez qu’on vous demande
de montrer qu’il existe des réels x et y dont la somme est un entier mais qui ne sont pas eux-mêmes des entiers. Avec des
quantificateurs :
∃ x, y ∈ R/ x + y ∈ Z et x ∈ / Z et y ∈ / Z.
Ici, vous ne pouvez pas commencer par « Soient x, y ∈ R tels que. . . » car on ne vous demande pas de prouver un résultat
sur des réels quelconques, mais un résultat d’existence. Or pour montrer un résultat d’existence, il faut trouver un exemple. Ici,
vous devez sortir de votre chapeau un x et un y qui vérifient les propriétés demandées. Exemple :
1 1
On pose x = et y = − . Alors x et y sont deux réels non entiers. Pourtant x + y = 0 est un entier.
2 2
1 1
Bien sûr, et − ne sont pas les seuls exemples possibles, mais puisqu’on nous demande un résultat d’existence, un simple
2 2
exemple suffit : si on peut donner un exemple d’objet vérifiant les propriétés demandées, c’est qu’un tel objet existe.
Vous remarquerez bien que le « On pose » est lié au quantificateur existentiel ∃ — alors que le « Soit. . . » était lié au
quantificateur universel.
$$$ 06x61
0 6 x2 6 1 (t 7−→ t2 est croissante sur R+ )
0 6√1 − x2 6 1 √
0 6 1 − x2 6 1 (t 7−→ t est croissante sur R+ )
• Attention : quand vous faites un raisonnement, ne remplacez pas des mots comme « donc » ou « alors » par le symbole de
l’implication
√ =⇒. Supposons par exemple, que pour un certain x ∈ [0, 1] fixé d’une façon ou d’une autre, on veuille démontrer
que 1 − x2 ∈ [0, 1]. En toute rigueur, il est interdit d’écrire :
√
$$$ 06x61 =⇒ 0 6 x2 6 1 =⇒ 0 6 1 − x2 6 1 =⇒ 06 1 − x2 6 1.
Mais pourquoi cet interdit ? C’est un peu subtil mais pas inintéressant. Une proposition de la forme « p =⇒ q » n’affirme
pas que q est vraie, et ne part pas du principe que p l’est non plus. Ainsi, quand on affirme que « p =⇒ q », il se peut très bien
que p, voire q, soit fausse. Ce qui est affirmé avec certitude, c’est que si p est vraie, alors q l’est aussi.
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√ √
Il ressort de cette remarque que « 0 6 x 6 1 =⇒ 0 6 √ 1 − x2 6 1 » et « 0 6 1 − x2 6 1 » sont deux propositions
différentes. La première affirme en effet que si x ∈ [0, 1], alors
√ 1 − x2 ∈ [0, 1]. Il se trouve ici qu’il est vrai que x ∈ [0, 1], c’est
2
notre hypothèse de départ. On peut donc en déduire que 1 − x ∈ [0, 1]. La seconde proposition (de la forme « q ») se déduit
donc de la première (de la forme « p =⇒ q ») parce qu’on sait par ailleurs que la proposition « p » est vraie.
En résumé, quand on veut démontrer une proposition « q », on ne peut se contenter de remarquer que « p =⇒ q ». Encore
faut-il que la proposition « p » soit vraie aussi. Le raisonnement effectué a la forme suivante :
La proposition « p » est vraie
donc la proposition « q » est vraie
La proposition « p =⇒ q » est vraie
et le donc ici présent ne doit pas être remplacé par le symbole de l’implication =⇒.
f (x) − f (a)
$ $ $ Le nombre dérivé de f en a est f ′ (a) = lim .
x→a x−a
Economique, certes, mais insuffisant. Qui sont f et a ? Pourquoi la limite du taux d’accroissement existe-t-elle ? Correction :
Connaître une définition, connaître un théorème, c’est être capable de les rédiger ainsi — sans avoir besoin de réfléchir un
quart d’heure.
z }|
n fois
{
$ $ $ Soit n ∈ N. un = qun−1 = q × qun−2 = q × q × qun−3 = . . . = q × q × . . . × q u0 = q n u0 .
Initialisation : Comme q 0 = 1, u0 = q 0 u0 .
Hérédité : Soit n ∈ N. On suppose que un = q n u0 . Comme la suite (un )n∈N est géométrique : un+1 = qun . Or
un = q n u0 par hypothèse, donc un+1 = q × q n u0 = q n+1 u0 comme voulu.
Fin de la récurrence.
Il est vrai qu’on comprend souvent mieux la preuve avec trois petits points que la preuve par récurrence. Seulement voilà :
la preuve par récurrence est rigoureuse et l’autre non.
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mais :
∀m, n ∈ Z, m + n ∈ Z.
ou bien, au choix :
Le mélange autorisé le plus courant concerne le symbole ∈, comme dans « Soit x ∈ E ». On n’est pas obligé d’écrire : « Soit
x un élément de E ». Ce n’est là qu’une question de convention.
Le problème dans cet exemple, c’est que ex sin x. . . n’est pas une fonction ! On dit plutôt que ex sin x est une
expression.
• Une fonction est un objet mathématique qui associe à tout élément d’un certain ensemble un élément d’un autre ensemble.
Définir une fonction f revient donc à définir la façon dont un élément x appelé argument est transformé en un élément f (x)
dépendant de x. La fonction f n’est pas l’expression f (x) elle-même, mais l’association du x et du f (x). Le f (x) tout seul n’a
pas de sens car nous avons vu qu’en mathématiques il est essentiel que tout symbole soit introduit : ici, quel est ce x qui flotte
en l’air tout seul ? Pour toujours garder à l’esprit l’association x/f (x), on note x 7−→ f (x) ou tout simplement f la fonction qui
à un objet x associe l’objet f (x).
• En pratique, quand on veut √ faire référence à une fonction précise dans une phrase, soit la fonction a un nom et on peut
employer ce nom (par exemple f , ·, exp, ln, sin, cos. . . ), soit la fonction n’a pas de nom mais est définie par une expression
explicite et on la note alors x 7−→ . . . (par exemple x 7−→ ex sin x). Notez bien que la lettre x peut être remplacée par n’importe
quel symbole. La fonction f peut donc aussi être notée y 7−→ f (y), mais même 7−→ f () ou ♥ 7−→ f (♥).
Voici finalement une version correcte de l’exemple dont nous sommes partis :
Qu’est-ce qui a changé ? Seulement la flèche : on a écrit −→ au lieu de 7−→. Attention, donc : dans ce contexte, seule la flèche
7−→ est autorisée.
• Pour finir, tâchons d’apprendre à définir correctement une fonction. Dans l’exemple précédent de la fonction x 7−→ ex sin x,
on n’a pas précisé l’ensemble de définition car cet ensemble est évidemment R tout entier. Mais le plus souvent, il est bon de
préciser l’ensemble de départ et l’ensemble d’arrivée de la fonction considérée.
Supposons par exemple qu’on veuille introduire proprement et appeler h la fonction qui envoie tout entier naturel sur son
carré. On pourra procéder ainsi :
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Tous ces exemples sont corrects. Cela dit, le second exemple est le plus complet des trois car on y précise aussi l’ensemble
Z 1
n
d’arrivée, qui est seulement implicite dans les deux autres. La fonction I qui envoie tout entier naturel n sur le réel et dt
0
peut être définie de la façon suivante :
8
< N −→
Z
R
Soit I l’application 1 n .
: n 7−→ et dt
0
Notez bien que la flèche, en haut, qui relie l’ensemble de départ N à l’ensemble d’arrivée R est −→ et non 7−→. Allez savoir
pourquoi.
x
$ $ $ La fonction x 7−→ ee est croissante pour tout x ∈ R.
Le problème, c’est qu’on ne dit pas qu’une fonction est dérivable/croissante « pour tout x ∈ . . . ». On dit :
x
La fonction x 7−→ est dérivable sur R.
x2 + 1
x
La fonction x 7−→ ee est croissante sur R.
′
Cela ne va pas du tout : les notations de la forme f (x) sont absolument interdites. Notez f ′ (x) à la place. Seules les
fonctions tolèrent la dérivation ; or f (x) est une expression, pas une fonction.
• Si l’on veut rédiger bien le calcul précédent, deux possibilités : soit on écrit le bon résultat directement — après tout vous
êtes grands, vous êtes censés ne plus faire d’erreur de calcul quand vous dérivez :
2
∀x ∈ R, f ′ (x) = 2x cos(x2 )esin(x ) ,
Notons g la fonction x 7−→ sin(x2 ) définie et dérivable sur R. Alors : ∀x ∈ R, g ′ (x) = 2x cos(x2 ).
Puisque f = exp ◦g, on en déduit aussitôt le calcul de f ′ par composition :
2
∀x ∈ R, f ′ (x) = g ′ (x) × exp′ ◦g(x) = 2x cos(x2 )esin(x ) .
• Finissons ce paragraphe
avec une précision importante. Si vous voulez dériver la fonction x 7−→ sin(2x), nous venons de
′
dire que la notation sin(2x) est interdite. Mais ne la remplacez surtout pas par sin′ (2x) !
1) Dériver x 7−→ sin(2x) revient à dériver la composée de x 7−→ 2x suivie de y 7−→ sin y. Le calcul d’une telle
dérivée nous donne donc la fonction x 7−→ 2 cos(2x).
2) Quant à la fonction x 7−→ sin′ (2x), elle n’est autre que la fonction x 7−→ cos(2x), car sin′ = cos.
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• Pour que leurs élèves retiennent bien les formules, les professeurs de mathématiques utilisent tous les mêmes notations. Par
exemple, dans leurs cours, ils notent unanimement x 7−→ ax2 + bx + c les fonctions polynomiales de degré 2 et ∆ le discriminant
associé quand ils vous présentent la résolution des équations du second degré. Vous connaissez tous la formule « ∆ = b2 − 4ac »
avec les mêmes symboles ∆, a, b et c.
Imaginez un exercice où l’on est obligé de résoudre de sa propre initiative l’équation du second degré x2 + 3x − 2 = 0
d’inconnue x ∈ R. Premier exemple de rédaction :
√ √
−3 + 17 −3 − 17
$ $ $ ∆ = b2 − 4ac = 32 − 4 × 1 × (−2) = 17 > 0, donc x1 = et x2 = .
2 2
Cette rédaction est excessivement maladroite, même si on la comprend parfaitement. Où les quantités ∆, a, b, c, x1 et
x2 sont-elles introduites dans cet exemple ? Nulle part. Comme nous l’avons déjà dit, tout symbole utilisé doit être introduit
proprement. Exemple de rédaction correcte :
Cette première rédaction est parfaitement correcte, mais elle est longue. Au fond, est-il nécessaire d’introduire ∆, a, b et c ?
Pas vraiment. La rédaction la plus limpide est ici la plus économique :
• Peut-être ne comprenez-vous pas bien pourquoi il est maladroit d’écrire « ∆ = b2 − 4ac » même quand ∆, a, b et c n’ont
pas été introduits. Après tout, tout le monde comprend. Certes.
Souvenez-vous : une stalactite est une formation calcaire qui se développe verticalement à partir de la voûte d’une cavité
souterraine, généralement en raison d’un phénomène de ruissellement goutte à goutte ; une stalagmite est une formation calcaire
analogue qui se développe à partir du sol et non de la voûte. Vous connaissez sans doute le moyen mnémotechnique classique
utilisé pour retenir la différence entre ces deux notions : « stalactite/tombe », « stalagmite/monte ».
Imaginez un géologue professionnel qui, dans ses articles de recherche, écrirait entre parenthèses « tombe » à chaque fois
qu’il écrit « stalactite » et « monte » à chaque fois qu’il écrit « stalagmite ». On trouvera cela très maladroit. Il se passe la
même chose avec « ∆ = b2 − 4ac ». Que vous ayez un moyen mnémotechnique pour retenir une formule, pourquoi pas ? Mais
n’en faites pas profiter tout le monde et gardez-le pour vous. On a sinon l’impression que vous n’avez aucun recul sur la formule
en question. Evitez de donner cette impression aux gens qui vous lisent.
8
x+y =1
< x=
1+3
=2
2
x−y =3
⇐⇒
: y=
1−3
= −1
.
2
Voici trois exemples de conclusion. Version laide :
n o
$ $ $ S = (2, −1) .
Version la meilleure :
n o
L’ensemble des solutions de ce système est (2, −1) .