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SCIENCES HUMAINES ECONOMIQUES JURIDIQUES ET

SOCIALES

Culture, synthèse et vulgarisation – Anne-Maëlle CORNEC

L’installation des médecins en France

Dans l’un des systèmes de santé les plus avantageux au monde, la France fait face à
une pénurie de médecins. De cette dernière vient une disparité géographique sur
l’installation des professionnels de santé qui cherchent les zones les plus
avantageuses mettant en difficulté l’accès aux soins de certaines populations.

Mots-clefs : inégalités, médecins, pénurie, installation…

Solène CAYROL, Louis CERESOLI, Swann DAUPHIN et Julien DAUPHIN


2A STPI – TD1 – TP2
1
SOMMAIRE

INTRODUCTION ........................................................................................................ 3

I) LES PROBLEMES : MANQUE DES MEDECINS ET INEGALITES DE


REPARTITION RURAL/URBAIN ............................................................................... 5

1) Une évolution démographique en légère augmentation et géographiquement


inégale qui régit les besoins médicaux. ............................................................................ 5

2) Un manque de moyens notoire pour inciter les médecins à s’installer en zone rurale.
7

II) UNE MEDECINE GENERALISTE STAGNANTE : DIFFICULTE A RELANCER


LES EFFECTIFS DE MEDECINS POUR SATISFAIRE TOUTE LA POPULATION.. 9

1) Des médecins étrangers pour tenter de dynamiser le manque de spécialistes. ..... 9

2) Des populations toujours délaissées et des accès aux soins inégalitaires ............10

III) REPENSER NOTRE OFFRE DE SOINS SANITAIRES : UNE POLITIQUE


GLOBALE DE LA REFORME DE LA PROFESSION ............................................. 12

1) Réguler l’installation des médecins dans le cadre d’une politique d’aménagement


du territoire .........................................................................................................................12

2) Refonder le dispositif d’outils incitatifs trop émiettés et peu connus des praticiens
13

3) Former plus de médecins, une réforme coûteuse aussi bien en argent qu’en temps
14

CONCLUSION ......................................................................................................... 16

BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................................... 17

GLOSSAIRE ............................................................................................................ 19

2
Introduction

En seulement dix ans, le nombre de médecins généralistes en France a baissé


de 11%. En effet, bien que le pays ait eu une augmentation de médecins depuis les
années 70 : 119 médecins pour 100 000 habitants en 1969 contre 318 en 2021 ; la
densité de population s’est elle aussi accrue : plus de 10 millions durant la même
période. En plus d’avoir créé un décalage entre le nombre de médecins et celui de
patients, le domaine médical a parfois fait face à des manques de moyens.

De ce manque, certains médecins ont pris la décision de délaisser les


campagnes pour se rapatrier vers des zones dites plus urbaines comme les grandes
villes : ils ont migré. Cela avait pour but d’accéder à un environnement plus avantageux
(plus de patients, plus d'infrastructures équipées…etc.).
Cependant, en migrant, cela a créé des inégalités géographiques au niveau du
territoire sur différentes régions. Par exemple, plusieurs personnes se sont retrouvées
sans médecins traitants. En effet, selon la proposition de loi n°741, en 2022, nous
comptions trois fois plus de médecins généralistes par habitant dans le département
le mieux doté que dans le département le moins bien doté. Par ailleurs, il y avait plus
de médecins âgés que de nouveaux : les médecins partaient à la retraite sans être
remplacé. La retraite des plus anciens était donc plus importante en termes de chiffres
que de l’arrivée des jeunes médecins. Cela a créé une disparité et a alimenté l’écart
entre le nombre de médecins et celui de la population. En effet, à certains endroits de
la France, nous avons ressenti une réelle pénurie de médecins.

Toutes ces choses ont créé en France un désert médical. Certaines zones du
territoire n’ont pas assez de médecins pour répondre aux besoins de la population. Ce
désert est plus préoccupant dans les zones rurales. En effet, les distances sont plus
grandes et les services de santé plus difficiles d'accès. Cela peut avoir des
conséquences négatives sur la santé des habitants de ces zones, notamment sur une
prise en charge moins bonne. Cela peut avoir des répercussions nocives pour les
personnes les plus malades nécessitant un suivi particulier.

Néanmoins, pour aller à l’encontre de cette disparité, l'État a d’une part essayé
de remettre en question les longues études pour devenir médecin. D’une autre part, il
a essayé de mettre en place des mesures pour valoriser de nouveau ce métier et
inciter financièrement, par exemple, les médecins à s’installer de nouveau dans les
endroits qui ont été délaissés. La création de maisons de santé pluridisciplinaire ou de
la télémédecine permettent aussi de faciliter l’accès des soins et même à distance
dans le second exemple. Cependant, malgré ces efforts, le désert médical reste une
réalité dans certaines parties de la France. De ça, cela nous a amené à nous
demander :

3
Comment s’explique la géographie de l’installation des médecins en France et
peut-elle évoluer ?

Après avoir observé ce qui explique le manque de médecins en France ainsi


que les inégalités qui en découlent, la question de la langueur de l’implantation des
médecins sera abordée. L’analyse s’achèvera par les moyens observés pour lutter
contre l’absence de la profession sur le territoire français.

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I) Les problèmes : manque des médecins et inégalités de répartition
rural/urbain

1) Une évolution démographique en légère augmentation et


géographiquement inégale qui régit les besoins médicaux.

Selon le Bilan démographique 2022 de l’INSEE, au premier janvier on constate


une très légère augmentation de la population : le nombre de français.es a augmenté
0.3%. Cette tendance reste constante. En effet, depuis plus de deux ans le taux de
croissance de la population stagne à moins d’1%.

A contrario, on s’aperçoit que depuis 2014 la courbe du nombre de naissance


a chuté. L’année 2022 se voit être l’année avec le taux de naissances le plus bas
depuis l’année 1946 (à la sortie de la seconde guerre mondiale), avec tout juste
712 000 bébés estimés, toujours d’après l’INSEE. Ce chiffre, historiquement bas, peut
expliquer d’une part la tendance stagnante de la population. De plus, le dossier : Taux
de natalité et âge moyen de la mère à la naissance en 2022, et nombre de naissances
en 2021-Comparaisons régionales et départementales de l’INSEE nous fait apparaître
l’inégale répartition géographique des naissances. Les nourrissons naissent en plus
grand nombre dans les territoires plus urbanisés. Comme nous pouvons le voir sur la
carte ci-dessous :

Les cercles les plus larges désignent les zones


où les naissances sont les plus importantes.
Ainsi, l’Île de France, le Rhône, les Bouches du
Rhône et la Gironde ressortent le plus de cette
carte.
Par ailleurs, cette baisse des naissances
est aussi dû à divers facteurs sociaux tels que la
baisse de fécondité des Françaises, une
meilleure intégration des femmes dans le monde
du travail ou encore un meilleur accès à la
contraception. La crise sanitaire lié au COVID 19
a participé également à accélérer ce constat.
Source : Insee, État civil, Estimations de population.

Cette chute des naissances est aujourd’hui compensée par le vieillissement de


la population. En effet, ce phénomène maintenant connu depuis 30 ans s’accélère
depuis les années 2010. En 2022 près de 21,3% des habitants ont plus de 65 ans,
contre 20,8% en 2021. Ce vieillissement s’explique par l’augmentation du taux de

5
naissances entre 1945-1975 : le babyboum. L’espérance de vie a considérablement
augmenté depuis les années 90, visible sur la courbe si dessous :

Source INSEE démographie

Ainsi en couplant le babyboum avec l’augmentation de l’espérance de vie on


explique ce fameux vieillissement de population. De plus, on sait que le besoin en
soins médicaux augmente avec l’âge. Les adultes ont moins de frais médicaux et
moins de suivi médical que les personnes âgées.
Géographiquement nous remarquons le phénomène inverse que nous avons
observé plus haut pour le taux de naissance. Voici une répartition géographique des
plus de 65 ans ci-contre :

Source : Marianne.fr, Densité, âge, pauvreté : selon une étude, ces paramètres
n'auraient qu'un rôle mineur dans la propagation du Covid-19 6
Par conséquent, la population vieillissante est plus présente dans le milieu rural.
L’inégale répartition de la population sur le territoire Français s’explique par
l’exode rural. Elle traduit la fuite souvent des jeunes de la campagne vers la ville à la
recherche de travail ou de meilleures conditions de vie. Cet évènement opère en
continue depuis les années 1850, c’est-à-dire l’ère de l’industrialisation.
Nous pouvons donc conclure qu’avec les naissances en ville toujours plus
nombreuses, l’exode rural des jeunes adultes qui ne se stoppe jamais et le
vieillissement de la population accentué par le babyboum, la population française est
très dispersée. Le monde rural vieillissant est donc frappé par des besoins croissants
d’accès aux soins et d’infrastructures médicales.

2) Un manque de moyens notoire pour inciter les médecins à s’installer en


zone rurale.

Le manque de médecins en milieu rural est un problème qui découle de l'exode


rural et du déséquilibre entre les zones rurales et urbaines. Les médecins ont en effet
tendance à s'installer dans les zones urbaines où il y a plus d'opportunités
professionnelles et une meilleure qualité de vie. En effet, les grandes villes
garantissent une clientèle ainsi qu’une meilleure facilité d’installation. Cela a pour
conséquence un accès réduit aux soins de santé pour les personnes vivant dans les
zones rurales, qui sont souvent plus âgées et plus vulnérables. De plus, la répartition
des médecins sur le territoire est très inégale, avec une concentration importante dans
les grandes villes et une pénurie dans les zones rurales et périurbaines. Cette situation
est renforcée par plusieurs facteurs, dont la mauvaise répartition des médecins,
l'éloignement géographique, les conditions de travail difficiles, le vieillissement de la
population et les migrations des professionnels de la santé. En conséquence, les
zones rurales sont souvent sous-dotées en termes de ressources médicales, ce qui
rend difficile l'accès aux soins de santé pour les résidents locaux.

De plus, l'éloignement géographique est un facteur important à prendre en


compte. Les zones rurales étant souvent situées loin des centres urbains et des
hôpitaux. Cela peut entraîner des retards dans la prestation des soins de santé et
rendre difficile l'accès aux médecins spécialistes. Avec un accès limité à des
ressources médicales adéquates, des horaires de travail épuisants et des salaires
moins élevés, il paraît donc déjà évident que les nouveaux médecins ne se concentrent
plus sur les zones rurales, et choisissent à défaut les zones urbaines.
En outre, les zones rurales ont souvent une population plus âgée nécessitant
des soins plus fréquents et plus complexes. Les médecins qui travaillent dans ces
zones doivent donc avoir des compétences et des ressources spéciales pour répondre
aux besoins de cette population. De nombreux médecins sont également attirés par
des opportunités de carrière plus lucratives dans les grandes villes.

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Par ailleurs, le contexte familial est également à prendre en compte. En effet, les
jeunes couples vont avoir tendance à vouloir se rapprocher des zones urbaines afin
d’offrir de meilleures opportunités d’études à leurs enfants, délaissant ainsi les zones
rurales.

Enfin, la diminution du nombre de médecins dans les zones rurales est un problème
complexe qui nécessite une réponse coordonnée de la part des gouvernements, des
professionnels de la santé et des communautés locales. Des politiques et des
programmes spécifiques doivent être mis en place pour encourager les médecins à
travailler dans les zones rurales, pour améliorer l'accès aux soins de santé pour les
résidents locaux et pour renforcer les ressources médicales disponibles dans ces
zones.

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II) Une médecine généraliste stagnante : difficulté à relancer les effectifs
de médecins pour satisfaire toute la population.

1) Des médecins étrangers pour tenter de dynamiser le manque de


spécialistes.

Le désert médical en France est un problème important qui affecte de


nombreuses régions, en particulier les zones rurales et les périphériques. Ce désert
se caractérise par un manque de médecins et de professionnels de la santé, ce qui
peut entraîner des difficultés d’accès aux soins pour les populations locales. De ça, la
France a décidé de se tourner vers des praticiens étrangers.

En 2022, 197 811 médecins inscrits en activité régulière sont recensés par le
conseil national de l'Ordre des médecins1. Sur ce total, 13 984 médecins viennent d'un
pays extérieur à l'Europe, soit 7% des médecins généralistes. Ce pourcentage
s’explique par l’accueil de plus en plus important de médecins étrangers. En effet la
France a décidé de se tourner vers des spécialistes issus de d’autres pays. Ce
phénomène est d’autant plus compréhensible par la difficulté d’obtenir son diplôme de
médecin généraliste en France. Cela pousse à recruter à l’étranger et à inciter des
diplômés de d’autres pays à venir. De ce fait, certaines communautés de commune
mettent par exemple à disposition des infrastructures médicalisées équipées ainsi que
des logements pour accueillir ces généralistes étrangers. Cela a pour but de lutter
contre la grande pénurie de médecins par rapport à la population.

En plus de cette mesure, la France compte étudier un projet de loi au printemps


2023 au sujet de l’immigration des praticiens étrangers. La création d’une carte de
séjour « talent-professions médicales et de la pharmacie » pourrait faciliter la venue
de professionnels étrangers. Cette loi permet donc de faciliter les démarches
administratives et la reconnaissance des diplômes des diplômes des médecins
étrangers pour qu’il puisse exercer leur profession en France.

Cependant, le manque de médecins est aussi souvent lié à des problèmes


structurels tels que l’isolement géographique, le manque de transports et
d’infrastructures médicales. Cela met en difficulté l’attractivité de certaines régions
pour les professionnels de santé plus qu’au niveau des effectifs. Par conséquent, la
nouvelle loi pour faciliter la venue de praticiens étrangers en France pourrait contribuer
à lutter contre le désert médical mais elle ne résoudrait pas à elle seule tous les
problèmes structurels des régions. Il faudrait alors envisager d’autres mesures pour

1
Institution de droit privé chargée d'une mission de service public, l'Ordre assure la régulation
déontologique de la profession médicale.

9
essayer d’améliorer encore plus l’attractivité des régions pour encourager l’installation
des médecins sur place.

Par ailleurs, même si certaines mesures peuvent être mises en place pour
faciliter le recrutement de spécialistes étrangers, cela ne reste pas commun car la
France possède une certaine régulation. En effet, en France, un professionnel de
santé étranger doit en effet obtenir une autorisation d'exercice délivrée par le Conseil
National de l'Ordre des Médecins (CNOM). Pour obtenir cette autorisation, plusieurs
critères doivent être respectés comme : avoir une maîtrise suffisante de la langue
française, avoir un diplôme reconnu par la France s’il est étranger, avoir déjà une
expérience professionnelle significative dans un autre pays… Ces conditions
ralentissent donc l’arrivée de certains praticiens.

La France incite donc les médecins étrangers à venir s’installer pour dynamiser
les milieux où nous faisons face à un désert médical. Cependant, leur arrivée est
soumise à plusieurs critères ce qui n’aide pas toujours leur installation.

2) Des populations toujours délaissées et des accès aux soins inégalitaires

L’accès aux soins est souvent remis en question à cause d’inégalités


géographiques. Où, comme nous l’avons vu, les zones rurales sont souvent
délaissées par les médecins préférant s’installer en zone urbaine. Outre ces inégalités,
les zones rurales accueillent souvent une population précaire n’ayant pas énormément
de moyens. En effet, cette population peut avoir plus de difficultés à accéder aux soins
en raison de l’augmentation des coûts de santé, notamment pour les soins dentaires,
les lunettes ou les prothèses auditives. De ce constat, en plus d’avoir du mal à trouver
des spécialistes à cause d’un désert médical, certaines personnes se privent de
certains soins à cause du prix. Ces inégalités sociales viennent appuyer le
désintéressement du milieu rural pour les professionnels de santé qui souhaitent être
rémunérés. Ils ne préfèrent pas se tourner vers une population qui ne seraient pas en
mesure de payer leurs soins.

De plus, avec le manque de médecins dans certaines zones de la France, les délais
d’attente pour obtenir un rendez-vous chez une spécialiste peuvent varier
considérablement. Une difficulté se crée en plus pour les patients nécessitant une prise
en charge rapide. Du fait que certaines zones soient sous-dotées de médecins,
certaines populations doivent prendre leur mal en patience, là où d’autres ne
rencontrent pas ce problème. Une nouvelle disparité entre différents habitants.

Ces inégalités d’accès aux soins peuvent alors entraîner des conséquences plus
ou moins graves sur la santé des patients concernés. Bien que le gouvernement

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français ait mis en place des politiques pour tenter de réduire ces inégalités, comme
la création de maison de santé ou la mise en place de tarifs sociaux pour les soins
dentaires et optiques, la disparité entre certains français peut être importante. Par
exemple, nous retrouvons 139,3 médecins pour 100 000 habitants en 2020 dans les
Hautes-Alpes, contre 58,8 en Eure-et-Loir, soit un écart de 42%.

Pour limiter ces inégalités, nous retrouvons alors des associations de santé.
Elles ont pour but de sensibiliser les populations défavorisées à l’importance des soins
de santé et de leur offrir des services de conseil ainsi que d’orientation. Malgré ces
initiatives, le problème d’accès aux soins médicaux pour certaines populations reste
un enjeu important de santé publique. Par conséquent, les autorités et professionnels
de la santé continuent de travailleur pour trouver des solutions en espérant améliorer
la situation.

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III) Repenser notre offre de soins sanitaires : une politique globale de la
réforme de la profession

A l’heure où la crise du secteur de santé est à son paroxysme et que les conditions
d’installation des médecins en France sont plus que jamais à l’ordre du jour, des
propositions voient le jour pour à la fois répondre à la problématique de la
désertification sanitaire de certains de nos territoires et à celle plus fondamentale de
la baisse du nombre de nos médecins.

1) Réguler l’installation des médecins dans le cadre d’une politique


d’aménagement du territoire

Vers un système de régulation par la loi ?

En début d’année, un projet de loi a été déposé à l’Assemblée Nationale visant


à passer sur un système de « régulation de l’installation ». Autrement dit un médecin
qui désire s’installer dans une ville ou dans une certaine région de France ne pourrait
plus le faire comme auparavant. Il serait contraint d’obtenir l’autorisation des autorités
sanitaires. Cette mesure aurait pour effet de répondre aux problèmes de
concentrations des installations de médecins dans certaines régions (sud de la
France) ou dans les grandes métropoles.

Cette proposition ne rencontre pas beaucoup de succès dans le milieu médical


qui la considère comme contraignante, alors qu’elle s’applique déjà pour d’autres
professions de santé, comme les pharmaciens. De plus, certains pays européens,
comme l’Allemagne ont adopté depuis plusieurs années ce mode de fonctionnement
ce qui leur permet de disposer d’une offre médicale uniformément répartie sur leur
territoire.

L’importance d’une politique d’aménagement du territoire globale et cohérente

Au-delà d’un éventuel cadre législatif qui les « oblige » à s’installer dans des
régions « sous dotées » en infrastructures sanitaires et d’y exercer leur métier de
manière « pérenne », les praticiens évoquent souvent la nécessité de développer et
accompagner l’attractivité de ces territoires de manière « extra médicale ».
L’importance du cadre de vie, des facilités (publiques ou privées) à proximité du lieu
de résidence, des possibilités de crèches ou garde d’enfant, de loisirs, d’une vie
sociale et culturelle, d ‘une possibilité d’y trouver un emploi pour son conjoint… Tous
ces éléments sont aussi très importants pour inciter les médecins à s’installer dans
certains territoires. L’installation d’un praticien relève d’une problématique globale
d’aménagement du territoire français. La carte du « désert médical » se superpose
parfaitement à celle du « désert socio-économique ». La ruralité et son modèle
économique doivent être repensés et harmonisés. La régulation de l’installation des

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médecins a plus de chance de réussir si elle s’accompagne d’un projet de
développement économique et social.

2) Refonder le dispositif d’outils incitatifs trop émiettés et peu connus des


praticiens

Une multitude d’aides ou d’incitations

Les médecins peuvent d’ores et déjà bénéficier d’un certain nombre de mesures
incitatives pour ouvrir leur cabinet. Le rapport paru dans Santé Publique en février
2022 et intitulé « Etat des lieux des actions favorisant l’installation des médecins
généralistes en France métropolitaine » dresse un rapide historique de l’ensemble des
lois et mesures qui ont été adoptées ces douze dernières années pour améliorer
l’accès aux soins de proximité des Français. Cela avait aussi pour but d’aider les
professionnels de santé à s’installer ou à se maintenir dans des « zones médicalement
sous dotées ».

Ces aides sont en parties financières : sous forme de prêts à l’installation, de


contrats de travail exonéré de charges, d’avantages fiscaux, de revenu minimal
garanti, de logement gratuit ; mais concernent également la prise en charge des
besoins en formation, en télémédecine, la mise en place de procédures simplifiées
pour les tâches administratives, des facilités pour les médecins étrangers désireux de
s’installer en France et même pour les médecins retraités qui désirent reprendre une
activité réduite.

La non-démonstration d’une efficacité de cette politique « court-


termisme »

L’étude souligne toutefois que ces actions ne profitent qu’à très peu de
médecins. Tout d’abord à cause du manque de suivi ou d’accompagnement, mais
aussi du manque de diffusion des informations transmises aux potentiels bénéficiaires,
ou bien le manque de lisibilité dans les méandres administratives. Ainsi, plus de la
moitié des médecins interrogés ignorent les aides dont ils peuvent bénéficier. La
plupart des actions dirigées par l’Etat, les collectivités régionales, départementales et
les associations locales manquent de cohérence et sont parfois même contradictoires
entre elles. En outre, elles sont jugées comme des solutions trop ponctuelles, bien que
rapides à mettre en œuvre, mais limitées dans le temps et dans leurs effets. Les
praticiens regrettent de plus un manque de « vision à long terme » dans ce type de
mesures, qui cependant ont le méritent de faire face aux situations d’urgence.

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3) Former plus de médecins, une réforme coûteuse aussi bien en argent
qu’en temps

La crise financière du système de santé publique

Comme l’ensemble de la société française, la profession de médecin a connu


ses « 20 glorieuses ». Jusqu’au début des années 80, l’offre de soins aux Français a
été en constante augmentation et les coûts de santé publique étaient relativement bien
maitrisés. La situation va malheureusement se dégrader. A partir des années 80
apparaît d’une part une « rupture » entre la médecine générale (ou encore médecine
de ville) et la médecine hospitalo-universitaire (qui concentre toute l’attention de nos
gouvernants). D’autre part, les effets conjugués des politiques sociales et
économiques de nos gouvernants ainsi que le contexte général de crise, vont
profondément impacter financièrement le système de santé publique et les
professionnels de santé. Former, engager, payer du personnel de santé et en
particulier des médecins, tout cela coûte cher au budget de l’Etat. Le malaise est
profond et la crise du Covid n’a fait que mettre en lumière les disfonctionnements du
système. Il est difficile de trouver une juste balance entre les besoins médicaux
croissants de la population et les contraintes budgétaires du pays.

Une profession qui a perdu de son attrait

La médecine a longtemps bénéficié d’un important prestige sociétal. Les


médecins étaient perçus comme des notables et des gens aisés. « Faire sa médecine
» était considérée comme l’une des voies royales des formations en France avec le
système de « numerus clausus » qui imposait un quota d‘étudiants à l’entrée en 2ème
année de médecine. De nos jours, la situation a bien changé, la profession de médecin
n’est plus « valorisée » comme auparavant et n’attire plus autant d’étudiants. Les
études sont longues et difficiles, les salaires moins attractifs, les conditions de travail
dégradées, le stress et la fatigue omniprésents. Les jeunes médecins font des
arbitrages et ne veulent pas sacrifier tout à leur travail.

Une réforme qui prend du temps

Economistes, politiques, médecins, tous s’accordent tous à dire que le vrai


problème est le manque de médecins en France, et donc qu’il faut former plus de
médecins.

La réforme des études de médecine de 2021 a mis en place un nouveau


système appelé « numerus apertus » (nombre ouvert) qui fixe à 50 000 le nombre
d’étudiants en médecine à former au niveau national sur la période 2021-2025 et
répartis sur le territoire en fonction des besoins régionaux. Cela représente environ 10
000 étudiants en médecine à former par an, un chiffre en hausse de plus de 14% par
rapport aux années passées, mais qui reste insuffisante selon les experts. Ceux-ci
estiment que la démographie médicale restera en déclin jusqu’en 2030. Former un

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médecin prend environ 10 ans et les effets positifs de cette réforme ne se feront
ressentir qu’à long terme. Entretemps les départs à la retraite vont continuer à
augmenter et donc le nombre de médecins en exercice va baisser d’environ 6% entre
2021 et 2028. L’équilibre serait atteint à partir de 2036.

15
Conclusion
Pour conclure, nous avons pu voir que les médecins en France n’étaient pas
équitablement répartis sur le territoire. Cette différence s’explique notamment par la
séparation des espaces urbains et ruraux. Ainsi, attirés par les avantages que propose
la ville, les médecins vont avoir une plus forte tendance à s’installer en milieu urbain
au détriment des campagnes. Un autre facteur ayant son importance est le
vieillissement global de la population. En effet, d’après l’INSEE la moyenne d’âge des
français a augmentée de deux ans pour les femmes et trois ans pour les hommes en
moyenne depuis 1994. Ce vieillissement de la population participe donc à augmenter
la demande de soins médicaux, en effet une personne âgée requiert bien plus de
matériel médical qu’un jeune adulte. Le besoin de médecins explose donc en parallèle.

Il existe des solutions à ce problème, tel que l’accueil des médecins étrangers
qui pourrait par un apport de médecins conséquent régler en partie le problème de
répartitions de médecins, mais ici encore le processus d’intégration de ces médecins
issus de pays étrangers est ralenti par la régulation exigeante des médecins. Une autre
solution proposée serait alors de forcer la main aux médecins afin de mieux les répartir,
cependant on a pu constater lors de la récente crise sanitaire que le nombre de
médecins par habitant en déclin ayant pour cause justement un attrait moindre pour
ce métier. Qui plus est, un nouveau problème apparaît : nombre de personnes ayant
besoin de médecins spécialistes renoncent à certains types de soins en raison des
coûts élevés de ceux-ci ainsi que des délais élevés pour obtenir un rendez-vous et
renoncent donc à des soins qui leur seraient nécessaires.

Il faut donc entièrement repenser notre offre de soins. Aussi, des solutions sont
proposées afin d’accompagner les médecins qui s’installent dans les déserts
médicaux. Les médecins s’installant dans un nouveau cabinet de soin reçoivent
aujourd’hui de l’aide afin de s’installer dans les zones médicalement sous-dotées
même si ces aides ne profitent en réalité qu’à très peu de médecins. Finalement la
seule solution valable afin de régler ce problème d'inégalités d’accès à la médecine à
la source serait de supprimer le système actuel de numerus clausus qui détermine le
nombre de médecins diplômés chaque année. Cette suppression aurait pour cause
d’augmenter drastiquement le nombre de médecins mis à disposition.

Nous pouvons à présent nous poser la question de la séparation des soins


publics et privés. En effet, le personnel médical public possède en moyenne un salaire
moins intéressant que le personnel médical travaillant dans le privé. Cet écart de
salaire provoque un attrait plus important pour le secteur du privé, délaissant ainsi le
domaine public. Malheureusement, les soins médicaux dans le domaine privé ne sont
pas pris entièrement en charge par la sécurité sociale. En effet, un praticien dans le
privé peut demander des dépassements d'honoraires. Ainsi, on peut constater une
inégalité à l'accès aux soins, les personnes ayant les moyens de se payer leurs
opérations médicales dans un hôpital privé se voyant garantir un meilleur accès aux
soins.

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BIBLIOGRAPHIE

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▪ POIROT-MAZERES Isabelle, L’accès aux soins : [principes et réalités],


Presses de l’Université de Toulouse 1, 2018. 286p. Actes de colloques de l’IFR.

▪ POULLENNEC Solenn, Médecine en ville : mettre des moyens « au bon


endroit », Les Echos, 9 janvier 2023, p.4.

▪ RENAUD Adrien, Démographie médical : le pire est à venir, Egora, 6 janvier


2023.

▪ SCHWEYER François-Xavier, Histoire et démographie médicales, adsp,


septembre 2000, n°32. p. 16-19.

▪ VALLENCIEN Guy, La médecine sans médecin ? : Le numérique au service


du malade, Cairn, 2015. 304p. Le Débat.

18
GLOSSAIRE

babyboum 6, 7

désert médical 3, 8, 9, 11, 16

exode rural 7

inégalités 2, 3, 4, 5, 9, 10

l'éloignement géographique 7

pénurie 3, 7, 8, 16

réforme des études de médecine 13


répartition des médecins 7

Santé Publique 12

19

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