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EXPLOITATION FORESTIERE

I- CONTEXTE ET JUSTIFICATION
Pour atteindre le cap de l’émergence en 2035, le Cameroun mise sur la transformation
structurelle de son économie par l’industrialisation. Celle-ci passe nécessairement par la mise
en valeur de ses matières premières en produits finis. Ce changement de vision envisage de
transformer près de 80% des matières premières pour permettre une véritable croissance
inclusive et durable.
S’agissant du secteur forêt-bois, la Stratégie Nationale de Développement 2030 (SND 30) a
formulé les nouvelles orientations du Gouvernement pour le développement de ce secteur.
Ainsi, les dispositions prévues visent à favoriser : 1- la valorisation des ressources forestières
et fauniques ; 2- la promotion de nouvelles essences ; 3- la structuration du marché
intérieur du bois en vue d’assurer un meilleur approvisionnement des industries locales
de transformation du bois et 4- la mise en exploitation progressive des forêts communales
et l’entrée en exploitation des forêts communautaires. L’inscription au budget 2022 de l’achat
des meubles à hauteur de 20 milliards, témoigne de l’urgence de la production locale. C’est
dans ce sens que le Chef de l’Etat dans la circulaire relative à la préparation du budget
de l’Etat pour le compte de l’année 2023, a prescrit le lancement du processus de
captation locale de la commande publique par la filière bois1.
Le Cameroun a pris le pari de changer la vision de son développement
socioéconomique en mettant à contribution les Collectivités Territoriales Décentralisées
(communes et régions). L’innovation managériale apportée et portée par la décentralisation
vise à permettre une gestion de proximité, gage d’efficacité, de durabilité et de rentabilité.
D’après le nouveau code général des CTD 2, celles-ci ont désormais la compétence de créer
des sociétés ou d’être des actionnaires dans les sociétés privées. A cet effet, les CTD sont
désormais des acteurs économiques importants. Elles constituent ainsi un pan très important
du développement socio-économique du territoire national. Les différentes compétences en
matière économique, visent à faciliter les conditions du développement de l’économie
territoriale en les plaçant comme les principales et véritables artisanes du développement
économique à la base.
En effet, pour impulser le développement économique local, il faut mettre en valeur et
valoriser les ressources locales, au rang desquelles les ressources forestières. Ainsi, en
transférant certaines compétences aux CTD, en la matière, l’Etat camerounais a ouvert un
boulevard à celles-ci pour se positionner au cœur de l’industrie forestière (exploitation et
transformation). Prenant en compte l’adoption de certains instruments internationaux, tels que
le REDD3+, APV FLECT4, le bois camerounais peut désormais être l’un des mieux certifiés
dans le massif forestier naturel du bassin du Congo Pour se faire, l’association faitière des
Communes (CVUC) a donc inscrit l’industrialisation du bois, comme une priorité dans son
1
Circulaire No 2022/001 du 23 août 2022 relative à la préparation du budget de l’Etat pour l’exercice 2023.
2
Collectivités territoriales décentralisées au sens du titre X de la constitution partant de l’Article 55 à 61 traitent
des collectivités territoriales décentralisées
3
Reducing emissions from deforestation and forest degradation, est une initiative internationale qui vise à lutter
contre le rechaufement climatique causé par la dégradation des forêts
4
Forest Law Enforcement, Governance and Trade) permet désormais au Cameroun de transformer et d’exporter
un bois légal et certifié aux normes internationales
agenda au vu des potentialités socioéconomiques que recèle cette filière. Elle ambitionne de
révolutionner l’action communale en mettant la commune au cœur des initiatives
économiques pour le développement local. Le bois étant l’une des ressources dont disposent
la grande majorité des communes. Dans le cadre de la gestion de forêts communales, il
devient justifié de mettre cette ressource au cœur des stratégies locales par la création d’une
véritable chaine de valeur forestière durable animée par les communes.
II- ESSENCES D’ABRES DISPONIBLES
Le domaine forestier national se caractérise par sa variété. On dénombre biologiquement
près de 600 espèces ligneuses, dont 300 sont commercialisables sous forme de bois
d’œuvre5. 39 font l'objet d’un commerce courant. Leurs qualités technologiques sont
indéniables, nous y trouvons : des bois de sciage, de tranchage et déroulage pour des
utilisations variées telles que La construction, L’ameublement, L’ébénisterie, etc.
Des essences principales, nous pouvons citer entre autres : Acajou (Khaya ivorensis) ;
Assamela (Pericopsis elata) ; Ayous ; Azobé ; Dibetou (Lovoa trichilioides) ; Doussié
(Afzelia spp.) ; Sapelli ; Sipo (Entandrophragma utile) ; Iroko ; l’Aningre (Aningeria spp.) ;
Bubinga (Guibourtia spp.), Eyong Bahia (Eribroma oblonga), Longhi (Gambeya africana),
Movingui (Distemonanthus benthamianus), etc. ;
Des essences secondaires ou à promouvoir, nous pouvons citer entre autres : l’Aiélé
(Canarium schweinfurthii) ; Bilinga (Nauclea diderrichii) ; Fraké ; Ilomba (Pycnanthus
angolensis) ; Ekop (Césalpinacées diverses) ; Emien (Alstonia boonei) ; Tali
(Erythrophleum ivorense) ; Padouk (Pterocarpus spp.), etc.

III- SURFACE EXPLOITABLE


Le secteur forêt-bois au Cameroun opère dans un contexte national où les forêts sont
partagées entre le Domaine Forestier Permanent (DFP) et le Domaine Forestier Non-
Permanent (DFNP). Le DFP est constitué i) des forêts domaniales (forêts de production
subdivisées en Unités Forestières d’Aménagement et forêts de protection), ii) des Forêts
Communales (FC), iii) des Aires Protégés (parcs nationaux, sanctuaires de faune, réserves
écologiques et zones d’intérêts cynégétique). En revanche le DFNP est constitué de forêts
communautaires, de Ventes de Coupe (VC) et de plusieurs autres autorisations d’exploitation
du bois (par exemple les autorisations de récupération ou d’enlèvement de bois, les permis de
bois d’œuvre). Le DFP couvre environ 12,3 millions d’hectares soit 26% du territoire
national. S’agissant des forêts communales, elles couvrent en 2015 une superficie de
1 381 298,2 ha. A cet effet, la superficie potentielle des forêts communales serait de
2 060 070, 7 ha6. Ce qui place dorénavant la commune au cœur de la filière forêt-bois au
Cameroun.

5
P. Lefang, l’importance des essences peu connues dans la planification de la gestion forestiere, Sustainable
management of African rain forest, ONADEF, B.P. 1314, Yaoundé, Cameroun.
6
Ce chiffre est le résultat de l’addition de la superficie des forêts communales actuelles, de celles en cours de
classement et de celles qui n’attendent que la signature du Décret de classement ce qui fait 1 381 298,2 ha +565
100,7 ha+ 113 672 ha soit une somme 2 060 070, 7 ha, Source : CTFC (Centre Technique de la Forêt
communale)
Le classement des Forêts Communales est encadré par la Décision n°1354
/D/MINEF/CAB du 26 Novembre 1999 Fixant les procédures de classement des Forêts du
Domaine Forestier Permanent de la République du Cameroun.

IV- LOCALITE ENVISAGEES POUR EXPLOITATION


REGION COMMUNES NOMBRE
Centre Akoeman; Ayos; Lembe Yezoum; Makak; Makenene;
Messondo; Ndikinimeki; Nanga Eboko; Ngambé- Tikar;
11
Nguibassal; Yaoundé 1er

Ouest Foumban; Tonga 2

Sud Akom II; Ambam; Bengbis; Bipindi; Djoum; Ebolowa;


Effoulan; Lokoundjé; Maan; Mengong; Meyomessala;
18
Meyomessi; Mintom; Mvangan; Mvengue; Ngoulemakong ;
Niete; Oveng
Est Abong- Mbang; Angossas; Atok ; Batouri ; Bélabo ; Bertoua
Rurale ; Bétaré- Oya ; Bibey ; Dimako ; Diang ; Doumaintang ;
Doumé ; Gari- Gombo ; Kentzou ; Kette ; Lomié ; Mandjou ;
Mbang ; Mboma ; Messamena ; Messok ; Mindourou ; 33
Moloundou ; Ndélél ; Nguélébok ; Ouli ; Salapoumbé ;
Somalomo ; Yokadouma
Adamaoua Meiganga ; Ngaoundal
2
Extrême Goulfey ; Hile Alifa ; Makary
Nord
3

Nord Lagdo 1

Littoral Bonaléa ; Loum ; Ngambé ; Ngwei ; Nyanon ; Pouma ; Yabassi 7

Sud-ouest Eyumedjock ; Konye ; Mudemba ; Nguti ; Tinto ; Tombel 6

TOTAL 83
V- ETAT D’EXPLOITATION ACTUEL
Le marché domestique du bois au Cameroun est devenu très important, avec 860 000 m 3
vendu par an. Celui-ci à lui seul, représente une consommation de 830 000 m 3 de sciages
vendus par an, principalement sous forme de planches, de planches de coffrage, de lattes et de
chevrons. Une étude portant sur le niveau de vente dans les boutiques de vente de meubles,
de janvier à octobre 2015, démontre que sur les 166 boutiques enquêtées 22 282 meubles ont
été vendus, correspondant à un volume scié de 5 788 m3 et un chiffre d’affaires de 3,33
milliards de FCFA7.
Selon le Ministère des Finances, les importations de meubles en bois ont doublé depuis
2007 et ont atteint un chiffre d’affaires de 5,3 milliards de FCFA en 2015. Au cours de la
période 2004-2008, le chiffre d’affaires de la vente des meubles en bois est par exemple passé
de 7,7 milliards à environ 16 milliards, soit une augmentation annuelle de 20 % satisfaite à
environ 40 % par l’importation de meubles. Cette tendance indique un décrochage des
producteurs nationaux pour répondre à de nouvelles demandes, en raison de carences en
équipement. A titre d’illustration, rien que pour le premier trimestre 2020, le Cameroun a
importé les papiers et cartons (14 955 tonnes) représentant une valeur de 12,8 milliards
FCFA. Les meubles en bois (2 161 tonnes) ont coûté 3,4 milliards FCFA.
Ce qui prouve qu’il y a un véritable déficit dans l’industrialisation du bois. Ces chiffres
de l’importation témoignent de l’espace immense des potentialités qu’offrirait le secteur
bois au Cameroun et dans la sous-région, si le dit secteur venait à connaitre un
changement structurel par un investissement massif dans la transformation poussée des
bois.
VI- LE CAMEROUN : UN MARCHÉ STRATÉGIQUE
La position géographique du Cameroun lui confère un avantage comparatif très crucial.
Cette position lui permet de mieux s’intégrer à la fois dans la CEEAC (Communauté
Economique des Etats de l’Afrique Centrale) et dans la CEDEAO (Communauté
Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) Celle-ci lui ouvre un marché de 52 millions
(CEMAC) et de 187 millions (CEEAC) de consommateurs. Le plus grand atout vient de son
voisin le plus proche à savoir le Nigéria avec une population de 219 463 862 habitants.
Cette situation donne un marché estimé à plus de 450. 000.000 de consommateurs
potentiels. La Zone de Libre-échange Africaine (ZLECA) qui est en train d’être
opérationnalisée, rendra toute activité industrielle entreprise au Cameroun très rentable. Par
ailleurs, à cause de sa législation et la qualité de ses essences, le bois camerounais se retrouve
non seulement en Afrique de l’Ouest (CDEAO) mais aussi en Afrique du Nord.

7
LESCUYER Guillaume, BIGOMBE LOGO Patrice et autres, Demande nationale de sciages  : obstacle ou
opportunité pour promouvoir l’utilisation des ressources forestières d’origine légale au Cameroun ? Bogor :
CIFOR, P.70, 2016, FAO.

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