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(2015 – 2016)

RICHARD LAWSON
INTRODUCTION

L’histoire nous apprend qu’au début de la téléphonie, un appel était entièrement


manuel. L’appelant décroche son téléphone, un signal (voyant par exemple)
avertit l’opératrice dans le central qui répond à l’appelant et note le numéro du
correspondant qu’il souhaite joindre. Si le correspondant dépend du même
central, l’opératrice met en relation les 2 abonnés sinon, elle appelle une autre
opératrice chargée du central de rattachement du correspondant qui mettra les
abonnés en relation.
Avec l’évolution, cette gestion fut automatisée grâce à des commutateurs tout
d’abord électromécaniques puis, électroniques, numériques totalement pilotés
par l’informatique et l’on pouvait dès lors appeler ses correspondants sans
passer par une opératrice. Mieux, la téléphonie est devenue entre-temps mobile
puis améliorée encore en termes de gestion de ressources via des techniques
permettant de communiquer via des réseaux IP.
Empruntant d’abord des lignes terrestres de télécommunications,
essentiellement composées de fils de cuivre, l’information s’est ensuite
également propagée par le biais des ondes hertziennes, des satellites, de la
fibre optique. Il convient d’ajouter à ces lignes de communication la boucle
locale, qui permet d’atteindre l’ensemble des utilisateurs potentiels.
Toutes les infrastructures et les procédures mises en place pour pouvoir donc
transporter une information d’une personne à une autre mieux, d’une entité à
une autre, constituent ce que nous pouvons dénommer « réseau ».
Un réseau est donc d’après tous les éléments évoqués précédemment,
composé d’un réseau cœur et d’un réseau d’accès ; c’est un ensemble
d’équipements et de liaisons de télécommunications ou de mécanismes,
autorisant le transport d’une information, quelle qu’elle soit, d’un point à un
autre, où qu’il soit. Nous pouvons ainsi distinguer le réseau postal, la téléphonie
fixe, la téléphonie mobile, les réseaux de données, …
Les réseaux peuvent être différemment classifiés selon :
 la distance ;
 le mode de transmission ;
 le mode d’acheminement ;

Selon la distance maximale entre deux points, nœuds ou entités, nous pouvons
distinguer :
 les bus que l’on peut trouver dans un ordinateur ou un équipement
électronique ; ils permettent de relier les différents composants de ceux-
ci et peuvent ainsi être considérés comme des réseaux dédiés à des
tâches spécifiques ;
 les PAN (Personnal Area Network) ou réseaux personnels ; ils
interconnectent (souvent par des liaisons sans fil) des équipements
personnels comme un ordinateur portable, un agenda électronique, un
téléphone, ...
 les structures d’interconnexion : ils permettent d’interconnecter
plusieurs calculateurs dans une même pièce pour former des réseaux
fermés à très haut débit ;
 les LAN (Local Area Network) ou réseaux locaux qui peuvent être
identifiés à un ensemble d'ordinateurs appartenant à une même
organisation et reliés entre eux dans une petite aire géographique
(quelques mètres à quelques kilomètres) par un réseau, souvent à l'aide
d'une même technologie (la plus répandue étant Ethernet). La vitesse de
transfert de données d'un réseau local peut varier entre 10 Mbps et plus
suivant la technologie et le support de transmission utilisés (Ethernet,
Gigabit Ethernet, Fibre, …). La taille d'un réseau local peut atteindre
jusqu'à 100 voire 1000 utilisateurs.
 Les MAN (Metropolitan Area Network) ou réseaux métropolitains qui
interconnectent plusieurs LAN géographiquement proches (au maximum
quelques dizaines de km) à des débits importants ; ils permettent à deux
nœuds distants de communiquer comme s’ils faisaient partie d'un même
réseau local. Ils sont formés de commutateurs ou de routeurs
interconnectés par des liens hauts débits (en général en fibre optique).
 Les WAN (Wide Area Network) ou réseaux étendus, interconnectent
plusieurs LAN à travers de grandes distances géographiques ; les
infrastructures physiques peuvent être terrestres ou spatiales à l'aide de
satellites de télécommunications. Les débits qui peuvent y être
disponibles résultent d'un arbitrage avec le coût des liaisons (qui
augmente avec la distance) et peuvent être faibles. Ils fonctionnent grâce
à des routeurs qui permettent de "choisir" le trajet le plus approprié pour
atteindre un nœud du réseau ; le plus connu est Internet.
Selon leurs tailles les réseaux ne transmettent pas les données de la même
manière. Un réseau de milliers d’utilisateurs n’est pas organisé de la même
manière qu’un réseau de quelques utilisateurs ; il nécessite un certain nombre
de composants que l’on ne trouve pas nécessairement dans un réseau de petite
taille. Ainsi, le coût d’un réseau est fonction de sa taille et de son type. Plus un
réseau est important plus il coûte cher à mettre en place, à configurer et à
entretenir. Les réseaux de grandes tailles nécessitent plus de matériels ; ils
imposent d’utiliser des moyens de transmission et des systèmes de connexion
spéciaux pour relier les équipements distants les uns des autres.

Outre la distance, on peut différencier les réseaux suivant leur mode de


transmission ; on distinguera ainsi deux classes de réseaux : les réseaux en
mode de diffusion et les réseaux en mode point à point. Pour chaque mode
de transmission, un ensemble de topologies est adopté.
La topologie d’un réseau appelée aussi structure du réseau, indique comment
le réseau doit être conçu et organisé au niveau physique ainsi qu’au niveau
logique.
Le niveau physique correspond aux éléments matériels tels que les
équipements, les câbles ou supports de transmission, les connecteurs, … qui
constituent le réseau. C’est à ce niveau que l’on détermine à quel endroit les
différents équipements doivent être placés et comment les différents
composants du réseau doivent être reliés les uns aux autres.
Le niveau logique détermine quant à lui, comment les informations doivent
circuler au sein du réseau.

Les réseaux en mode de diffusion

Les réseaux locaux adoptent pour la plupart le mode diffusion sur une
architecture en bus ou en anneau. Les réseaux satellitaires ou radio suivent
également ce mode de communication.
La topologie en bus : dans cette topologie, toutes les stations ou systèmes
sont connectés de manière passive à la même liaison (bus) ; le signal n’est pas
modifié ni régénéré à chaque station, ce qui limite l'étendu de ce genre de
réseau. Par contre l'insertion d'une nouvelle station ne perturbe pas la
communication au sein du réseau et peut donc être effectuée sans l'arrêt de
celui-ci. L'inconvénient de cette topologie est que le signal étant émis sur
l'ensemble du bus, lorsque celui-ci arrive en fin de ligne, l'ensemble de son
énergie n'aura pas été absorbé et il pourra se produire un phénomène de
réflexion du signal.

Il est donc nécessaire de placer aux extrémités de la ligne une résistance de


terminaison d'une impédance égale à l'impédance caractéristique de celle-ci
pour permettre l’absorption de l'énergie et éviter ainsi le phénomène de
réflexion.

La topologie en anneau : Chaque équipement est relié à l'équipement voisin


de telle sorte que l'ensemble forme une boucle fermée. L'information circule le
long de l'anneau dans un seul sens. A chaque passage d'un message au niveau
d'un système, celui-ci regarde si le message lui est destiné ; si c'est le cas, il le
récupère.

 n liaisons pour n systèmes Si interconnectés,


 chaque Si passe l’information au Si suivant.
En cas de coupure de l'anneau, le réseau est interrompu ; ce qui est le cas lors
de l’intégration d'une nouvelle station de travail sur l’anneau. On peut toutefois
résoudre cette sensibilité aux coupures, en doublant l'anneau.
Nous distinguons ainsi, le double anneau unidirectionnel où les informations
circulent dans le même sens sur les deux anneaux assurant ainsi le
fonctionnement du réseau en cas de coupure de l’un des câbles et le double
anneau bidirectionnel où les informations circulent en sens inverse sur les deux
anneaux assurant ainsi le fonctionnement du réseau en cas de coupure des
deux câbles.

Double anneau unidirectionnel Double anneau bidirectionnel

Les réseaux en mode point à point

Le support physique relie uniquement des paires d'équipements. Quand deux


éléments non directement connectés entre eux veulent communiquer ils le font
par l'intermédiaire d’autres nœuds du réseau.

Le point à point simple (architecture en étoile)

On y distingue :
 n liaisons pour n systèmes Si interconnectés,
 1 seul point de connexion.
Architecture étoile

L'ensemble des stations de travail dans ce cas, est connecté à un concentrateur


qui examine le contenu du message, le régénère, et ne le transmet qu’à son
destinataire. C'est un réseau de "n" liaisons point par point, car il établit un circuit
entre une paire d'utilisateurs ; la panne du nœud central paralyse tout le réseau.

Le point à point complet (architecture maillée)

On y distingue :

 n(n-1)/2 liaisons pour n systèmes Si interconnectés,


 tous les Si sont reliés entre eux.

Le réseau maillé est un réseau dans lequel deux stations de travail peuvent être
mises en relation par différents chemins. La connexion est effectuée à l’aide de
commutateurs. En effet, si on veut mettre deux stations en relation on peut
utiliser deux solutions :
La première sera de créer une connexion permanente entre toutes les stations
du réseau. On aura ainsi pour un réseau respectivement de 2, 3, 4 stations, un
nombre de : 1, 3, 6 connexions ; le nombre de connexions nécessaires pour
connecter les stations répond à l’équation : 𝑵𝒄 = 𝑵𝒔 ∗ (𝑵𝒔 − 𝟏)/𝟐 avec Nc, le
nombre de connexions et Ns, le nombre de stations ; ce qui donne un nombre
de 105 connexions compliquées à câbler pour un réseau comportant 15 stations
d’où l’intérêt de la deuxième solution, l’utilisation des commutateurs.

Le point à point arborescent (architecture hiérarchique)

On y distingue :
 n liaisons pour n systèmes Si interconnectés à un même nœud ;
 1 liaison pour chaque nœud vers ses descendants (topologie étoile à
chaque nœud).

Architecture hiérarchique

Dérivé des réseaux en étoile, le réseau hiérarchique est constitué d'un


ensemble de réseaux étoiles reliés entre eux par des concentrateurs jusqu'à un
nœud unique. Le réseau est divisé en niveaux. Le sommet, le haut niveau, est
connecté à plusieurs nœuds de niveau inférieur dans la hiérarchie. Ces nœuds
peuvent être eux-mêmes connectés à plusieurs nœuds de niveau inférieur. Le
tout dessine alors un arbre, ou une arborescence.
Des réseaux sont toutefois construits selon des combinaisons de ces topologies
entre elles.

Outre la distance et les modes de transmission, on peut également distinguer


les réseaux suivant le mode d’acheminement.
Suivant ce mode, les réseaux peuvent être classifiés en 2 catégories : les
réseaux à commutation de circuit et les réseaux à commutation de
données.
La commutation de circuit

Elle est basée sur le principe de réservation de ressources de communication.


Le service qui y est offert est orienté connexion où on distingue 3 étapes :
l’établissement de connexion, le transfert de l’information et la libération de la
connexion.
Un chemin physique est construit de bout en bout (phase de connexion) avant
tout échange de données. Le circuit est bloqué (phase de transfert) tant que les
deux abonnés ne le restituent pas explicitement (phase de libération). Les
abonnés monopolisent la ressource durant la connexion.
La commutation de circuit garantit le bon ordonnancement des données ; il n’y
a pas de stockage intermédiaire.
Les applications classiques de ce type de réseau sont celles à contraintes
temporelles (délai de traversée constant) telles que le service téléphonique, les
applications streaming.
L’inconvénient majeur est le gaspillage possible de ressources ; en effet,
« réserver » n’est pas « utiliser ».
La commutation de données
La commutation de données regroupe trois catégories : la commutation de
messages, la commutation de paquets et la commutation de cellules.

La commutation de messages consiste à envoyer un message de l'émetteur


jusqu'au récepteur en passant de nœud de commutation en nœud de
commutation. Chaque nœud attend d'avoir reçu complètement le message
avant de le réexpédier au nœud suivant ; on n’y fait pas de réservation de
ressources. Les messages qui arrivent dans le nœud de commutation sont
traités selon l’ordre d’arrivée : on parle de file FIFO (First In First Out) et s’il y a
trop de trafic, il y a attente dans la file suivant la taille de mémoire de ce nœud.
Le temps de traversée du réseau n’est donc pas constant et dépend des temps
d’attente, fonctions du trafic ; la technique utilisée est le « Store and Forward ».
Si on rajoute au traitement de routage, le traitement d'erreurs et d'autres
traitements pour assurer un service fiable de transmission, le temps d'attente
augmente.
La commutation des messages offre une meilleure utilisation des ressources (il
n'y a pas de réservation) et elle est adaptée à un trafic sporadique et non continu
n'ayant pas de contrainte de temps telles que les applications informatiques
classiques (transfert de fichiers par exemple).
Ses inconvénients sont le temps d’attente (temps d’acheminement des
messages non maîtrisé) ; la nécessité de mémoires importantes dans les
nœuds de commutation ; la nécessité de retransmission intégrale des
messages si ceux-ci se trouvent corrompus.
La commutation de paquets est apparue au début des années 70 pour
résoudre les problèmes de la commutation de messages. Un message émis est
découpé en paquets et par la suite chaque paquet est commuté à travers le
réseau comme dans le cas des messages. Les paquets sont envoyés
indépendamment les uns des autres et sur une même liaison, on pourra trouver
les uns derrière les autres, des paquets appartenant à différents messages : on
parle d’effet pipeline.

Chaque nœud redirige chaque paquet vers la bonne liaison grâce à une table
de routage. La reprise sur erreur est ici plus simple que dans la commutation de
messages, par contre le récepteur final doit être capable de reconstituer le
message émis en réassemblant les paquets reçus qui peuvent ne pas arriver
dans l'ordre initial, soit parce qu'ils ont emprunté des routes différentes, soit
parce que l'un d'eux a dû être réémis suite à une erreur de transmission.
Elle permet donc une optimisation de l’utilisation des ressources, une
transmission plus rapide que la commutation de messages et une
retransmission uniquement de paquets erronés en cas d’erreurs.
Inconvénients : Il peut être nécessaire de réordonner les paquets à l’arrivée.
Chaque paquet doit contenir les informations nécessaires à son acheminement.
La commutation de cellules

Une cellule est un paquet particulier dont la taille est toujours fixée à 53 octets
(5octets d'en-tête et 48 octets de données). C'est la technique de base des
réseaux ATM (Asynchronous Transfert Mode) qui opèrent en mode connecté
où avant toute émission de cellules, un chemin virtuel est établi par lequel
passeront toutes les cellules.
Cette technique mixe donc la commutation de circuits et la commutation de
paquets de taille fixe permettant ainsi de simplifier le travail des commutateurs
pour atteindre des débits plus élevés.

L’une des premières applications auxquelles se sont consacrés les réseaux est
la « voix » à laquelle l’on pourra bien sûr associer les usages spécifiques
comme la parole et la musique.
Nous présenterons dans les prochains cours l’évolution des réseaux de
télécommunications.

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