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AUTONOMIE PROTÉIQUE : LES ÉLEVEURS TÉMOIGNENT

« Augmenter les légumineuses


dans les prairies : un pari
gagnant »
BOVINS
LAIT Jérôme Allain et Mireille Briand
Gaec de la Closse

Saint-Aubin-des-Châteaux,
Loire-Atlantique

En bref
• 77 vaches Holstein
• 2 UMO « Depuis que l’on met davantage de légumineuses
• 133 ha de SAU
• 343 460 l de lait dans nos prairies, on sort un fourrage plus
• Bio depuis 2016 abondant et de meilleure qualité ! »

LES OBJECTIFS DE L’ÉLEVEUR


NIVEAU D’AUTONOMIE PROTÉIQUE

o « Être complètement autonome en protéine sur la ferme. »


o « Limiter le coût d’implantation des cultures. »
75 % o Avoir un système 100 % herbager (au moins 90 % de prairie
dans l’assolement).
Assolement Gaec de la Closse
L’EXPLOITATION EN BREF 8,4 5,3
Prairies de pâturage
• 2 associés (Jérôme, 50 ans, et Mireille, 51 ans)
• 77 vaches Holstein – 343 000 litres/an – Prairies de fauche
• 4 460 l/VL/an à 42,5 g/l de taux butyreux et 31,3 g/l de 12,2 44
taux protéique Luzerne
• 800 g de tourteaux par vache
• Bio, collectés par Biolait Maïs ensilage

63,6 Mélange céréalier

LES 5 DATES CLÉS VERS L’AUTONOMIE

2003 • Installation de Jérôme sur 80 ha

2007 • Création du Gaec avec l’installation de Mireille sur 125 ha

2010 • Arrêt du maïs et transition vers un système économe et


autonome

2016 • Passage en bio

2020 • Augmentation de la part de légumineuses dans les


prairies

LES LEVIERS MIS EN ŒUVRE POUR PLUS D’AUTONOMIE PROTÉIQUE


Substituer le maïs pour du méteil
L’objectif initial des associés était d’arrêter de cultiver du maïs
ensilage pour gagner en autonomie. Pour ce faire, les exploitants ont
commencé par substituer le maïs ensilage par du méteil, récolté
pour moitié en ensilage et pour moitié en grain. Toutefois, le coût
important d’implantation du méteil les a poussé vers des solutions
moins onéreuses pour intégrer des protéines dans la ration.

Des prairies longues durées riches en légumineuses


Depuis 2020, le Gaec de la Closse a fait le choix
d’augmenter la part de légumineuses dans les
prairies pour améliorer à la fois la qualité des
fourrages récoltés et le rendement des prairies. En
implantant de la luzerne dans les prairies, les
exploitants garantissent une quantité d’azote
importante dans le fourrage.
Ma motivation Le déclic
On y est allé progressivement On voulait être autonome à moindre coût
« La mise en place de la luzerne s’est faite « En 2010, nous avons commencé à implanter des
progressivement. Nous avons eu l’opportunité de trouver méteils ensilés pour le substituer à une ration maïs-
de la semence de luzerne fermière par un collègue qui en soja. Mais on a vite constaté qu’il y avait des forts
faisait. Et après, en échangeant avec le groupe lait, nous coûts d’implantation et de semences. C’est pour ca
avons découvert des gens qui avaient l’expérience. On a qu’on a voulu tester les prairies pour lisser le coût
alors augmenté progressivement la part de luzerne d’implantation. »
jusqu’à 50 % dans la semence. »

Ce que j’y gagne


Ma technique
Des animaux qui mangent mieux
J’implante de la luzerne dans mes
« On le voit à la consommation des
pâtures animaux, les vaches vont plus
« Depuis 2020, nous avons repris le travail facilement au pâturage. Il y a plus de
sur les prairies. Avant, nous étions à 25 % sucres disponibles et elles ont plus
de légumineuses à l’implantation et, d’appétit. Elles pâturent mieux aussi
depuis, nous avons rajouté 15 % de et il y a moins de refus. Il y a aussi
luzerne dans notre mélange de semence l’effet race puisqu’on est en train de
toutes les prairies pâtures. Ça nous passer en jersiaises. 0n voit qu’elles
permet de faire des enrubannages de pâturent plus et qu’elles vont
qualité et d’améliorer le rendement. » d’abord manger le trèfle. »
Jérôme Allain

Pour bien faire


Semer dans de bonnes conditions
Et la suite?
« La clé de l’implantation, c’est la propreté du
terrain. Si c’est après un maïs, nous faisons La luzerne, la luzerne, encore la luzerne
toujours un labour pour enfouir les cannes. Après « L’idée, aujourd’hui, c’est de compléter cette
une céréale, un simple déchaumage suffit. Après, il autonomie protéique par de la luzerne en cherchant
faut les conditions optimales pour la levée et ne les parcelles qui lui conviennent pour la cultiver en
pas avoir trop de salissure. Si on prépare bien le sol pure. Ça nous permettrait de la récolter en bouchons
en amont, avec un faux semis par exemple, on a déshydratés, c’est plus facile pour le stockage mais
pas de soucis. » surtout pour la distribution que des enrubannages ! »

L’IMPACT
ÉCONOMIE TRAVAIL
Coût d’implantation de la semence : 250 à Augmentation du travail : stratégie de
300 €/ha contre 150€ pour une prairie récolte en fauche + fauchage des refus.
RGA-TB

ENVIRONNEMENT AUTONOMIE

Achat de tourteaux très limité. Forte indépendance vis-à-vis des


Meilleure fertilisation des prairies. correcteurs azotés.
RÉSULTATS ÉCONOMIQUES
34 €/1 000 l
C’est le coût des Marge brute de l’atelier 552 € / 1 000 l
concentrés distribués au Approvisionnement des surfaces 20 € / 1 000 l
Gaec de la Closse Coût du système d’alimentation 265 € / 1 000 l
Coût de production 680 € / 1 000 l
Prix de revient 455 € / 1 000 l
EBE/PB 30%
Revenu disponible 41 000 € / UMO

AUTONOMIE PROTÉIQUE ET IMPACT DE L’ÉLEVAGE

Proximité de la matière azotée totale Source : bilan Devautop

75 % 20 % 1% 4%
LE REGARD DE
Vianney Thin, GAB 44

« La stratégie adoptée par le Exploitation Région France Importation


Gaec de la Closse est de
maximiser la qualité des Bilan environnemental de l’atelier Source : bilan Cap’2ER
fourrages récoltés sans
optimiser le pâturage. Celui-ci
représente en effet 30 % de la
ration annuelle, alors qu’elle
représente 50 % chez la EMPREINTE POTENTIEL BIODIVERSITÉ STOCKAGE
moyenne des bios alors même CARBONE NETTE NOURRICIER DE CARBONE
que la surface accessible aux
L’élevage nourrit L’élevage entretient L’élevage stocke
vaches est de l’ordre de 80
ares par vache. En effet, le 1 463 1,7 417
facteur limitant des prairies personnes/an ha de biodiversité/ha kg de carbone/ha
riches en légumineuses, c’est
l’excès d’azote, notamment au
printemps, avec le risque de PLUS D’INFOS SUR LES LEVIERS MOBILISÉS
météorisation. Pour ce faire,
Jérôme et Mireille choisissent Témoignages d’éleveurs renforçant leur autonomie protéique –
d’affourager le troupeau au Cap Protéines
printemps. Cette stratégie https://www.cap-proteines-elevage.fr/temoignages-d-eleveurs
repose donc sur un report de
stock important. Ce stock Luzerne, une plante à bénéfices multiples – Produire Bio
constitue une sécurité pour https://cutt.ly/QBxNQhi
affourager le troupeau en
période estivale mais
représente un coût non Les prairies temporaires avec association d’espèces – Chambre
négligeable avec des charges d’agriculture de Normandie
de mécanisation de 154 €/ha. https://cutt.ly/XBxMDHm
Pour limiter le coût de
mécanisation, il serait Rédaction : Vianney Thin, GAB 44
Financeur du volet élevage de Cap Protéines :
envisageable de faire des Relecture : Eric Bertrand et Damien Hardy,
transitions alimentaires plus Institut de l’élevage
longue pour limiter le risque Crédit photos : Vianney Thin, GAB 44
de météorisation et valoriser
au mieux le pâturage. »
Septembre 2022
La responsabilité des ministères en charge de
l’agriculture et de l’économie ne saurait être engagée.

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