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AUTONOMIE PROTÉIQUE : LES LEVIERS D’ACTION

« La culture du pois protéagineux


pour l’alimentation des chèvres »
▪ ATOUT PROTÉINES

▪ FACILITÉ DE MISE EN ŒUVRE

▪ DÉLAI DE RÉPONSE

▪ COÛT DE MISE EN ŒUVRE

▪ IMPACT ENVIRONNEMENTAL

DÉFINITION
Le pois protéagineux est une graine de protéagineux avec une teneur en protéines
GAEC DE L’OUCHE À relativement élevée, sans tanin, intéressante pour les rations des caprins.

VIGNÉ L’implantation peut se faire en hiver ou au printemps en fonction du climat. Les


variétés, à fleurs blanches, sont moins sensibles à la verse permettant ainsi d’être
cultivées en pur.
Sensible à la pression des adventices, la récolte du pois est très aléatoire d’une
année sur l’autre.

GAINS ATTENDUS
Juillé, Charente

BONNE VALEUR INTÉRÊT ECONOMIE EN INDÉPENDANT DES


ALIMENTAIRE DANS AGRONOMIQUE DANS INTRANTS (FUMURE, MARCHÉS

CAPRIN LA RATION LA ROTATION ALIMENTS) MONDIAUX

LEVIER ADAPTÉ POUR…


• Les élevages cherchant à consommer des concentrés autoproduits
• Les élevages cherchant à réduire la fertilisation minérale
• Les terres à faible fourniture d’azote
• Les sols secs
LES FACTEURS DE RÉUSSITE
Un semis de printemps préférable pour limiter le salissement
Les semis d’hiver de pois protéagineux sont réalisables. Cependant, les
semis de printemps sont préférables pour limiter le salissement. Les
semis d’hiver sont plus sensibles aux maladies et la maitrise des
adventices est plus compliquée. De plus, le pois est très sensible à
l’hydromorphie et aux gelées. En Charente, le Gaec de l’Ouche à Vigné
sème ses pois en début de printemps après un couvert, généralement
d’avoine brésilienne, enfoui en engrais vert.

Un lit de semence fin et rappuyé en profondeur


Une des étapes les plus importantes de cette culture est le semis. Le pois
nécessite un lit de semence fin. La plupart du temps, le Gaec effectue un
ou plusieurs passages de déchaumeur pour casser les mottes de terre,
puis sème avec un semoir combiné. Si nécessaire, il effectue un labour
avant de déchaumer pour obtenir une meilleure préparation du sol.
Après le semis, il y a systématiquement un passage de rouleau.

Ne pas attendre pour récolter


Dès que les grains sont mûrs (fin juin – début juillet), l’exploitant récolte ses pois. Il préfère ne pas trop attendre pour
éviter les orages estivaux qui risquent d’entrainer la verse de la culture. Lorsque les pois sont couchés, les pertes sont très
importantes car il est très difficile de les récolter. Selon les années, le rendement se situe entre 15 et 30 quintaux par
hectare.

POINTS TECHNIQUES
La bonne place dans la rotation Rotation du Gaec de l’Ouche à Vigné
L’implantation du pois après un précédent apportant beaucoup avec le pois protéagineux
d’azote est à proscrire car il va développer les parties végétatives de
la plante au détriment de la production de graines. L’exploitation
étant en zone de Directives nitrates, l’éleveur implante un couvert Céréales Prairies
à paille (3 ans)
entre une céréale à paille et le pois. L’avoine brésilienne permet de
limiter les excès d’azote dans le sol. L’éleveur évite les mélanges avec
des légumineuses ou des protéagineux avant d’implanter sa culture
de pois.
À l’inverse, le pois libérant de l’azote grâce à la fixation symbiotique, il Pois Maïs
est un très bon précédent pour des cultures gourmandes en azote
comme les céréales par exemple.
De même, pour limiter le risque de développement de maladies Céréales
fongiques, il est préférable d’attendre quatre à cinq ans avant de à paille
réimplanter des protéagineux sur la même parcelle.

o
LES
+
Nécessite peu d’intrants o Sensible aux excès d’eau
LES
-
o Cultivable sur presque tous les types de sols o Sensible aux gelées
o Implantation possible en mélange o Risque de verse avant la récolte
o Itinéraire cultural simplifié o Pression fongique
o Bonne source de protéines pour les caprins o Rendement aléatoire
o Paille alimentaire de qualité si récoltée dans de o Stockage nécessitant une ventilation
bonnes conditions
L’EXPLOITATION EN TÉMOIGNAGE D’ÉLEVEUR
BREF

« Du pois pour diminuer les achats


d’aliments du commerce »
Cédric André
Gaec de l’Ouche à Vigné

Depuis son arrivée sur l’exploitation en 2015, Cédric a toujours produit des pois
protéagineux pour la ration des chèvres et des chevrettes. Chaque année, 5 à
Juillé (16) 8 ha sont implantés. Le rendement varie entre 15 et 30 quintaux. Un engrais de
fond est mis à l’implantation suivi d’un désherbage et un insecticide, parfois un
Exploitation mixte livreur fongicide si la pression des maladies est trop importante.
et fromager → Ma technique
Mise-bas de saison
Un semis de printemps pour une meilleure implantation
Troupeau : « J’implante les pois au printemps après une céréale à paille, avec juste un
• 250 chèvres Saanen engrais vert pour l’hiver. Quand je peux, j’évite le labour avec un déchaumage et
un semis au combiné à 200 kg/ha puis je roule. Je préfère semer en
Performances laitières : février/mars ; j’évite ainsi les gelées et les excès d’eau. »
• 1 170 l/chèvre/an Aplati pour une bonne ingestion
• 36,1 g/l de taux butyreux « Je ne distribue pas les graines entières. Elles sont passées à l’aplatisseur avec
• 32,5 g/l de taux protéique les autres graines. Je trouve qu’il y a une meilleure ingestion pour les chèvres de
cette façon. Au pic de lactation, les chèvres ont 120 g/jour et les chevrettes ont
10 g au démarrage pour finir à 30 g en fin de croissance. »
→ Le point clé
Un stockage de qualité
« Les graines sont stockées à la coopérative où elles sont triées et ventilées. J’ai
essayé le stockage à la ferme mais les pois chauffent et des insectes se mettent
dedans, ce qui fait perdre de la valeur alimentaire aux pois. Maintenant, je mets
systématiquement les graines à la coopérative pour assurer une bonne
conservation, sauf une benne (3 à 4 tonnes) que je ventile pour distribuer juste
Parcellaire : après la récolte. »
• 94 ha de SAU
• 40 ha de SFP → Mon conseil
Attention à la localisation des parcelles !
Ration des chèvres au pic : « Il faut faire attention à la localisation des parcelles en pois lorsque l’on
• Foin de luzerne construit son assolement. J’évite de l’implanter à côté de parcelles de colza car
• Enrubanné de ray-grass j’ai remarqué qu’à la récolte du colza, les altises (insectes ravageurs de
• 500 g orge nombreuses cultures) vont se mettre dans les pois. L’invasion d’altises nuit
• 300 g de maïs grain totalement à la récolte du pois en les piquant. Ainsi, c’est toute la récolte du pois
• 120 g pois qui est perdue car on ne peut pas les conserver. »
• 370 g concentré à 18 % MAT
• 130 g de correcteur azoté → Si c’était à refaire ?
548 kg de concentrés/chèvre/an
451 g de concentrés/l Un mélange avec de la féverole
« J’aimerais essayer un mélange de pois et de féverole pour avoir un aliment
Main-d’œuvre : plus riche pour les chèvres. Peut-être faut-il semer la féverole en hiver, puis le
• 3,6 UMO dont 3 UMO exploitants pois au printemps ? La féverole apporterait une meilleure structuration du sol et
• Cédric André, Bernadette et Cédric aurait le rôle de tuteur pour le pois. Ou bien seulement mettre la féverole en
Chauveau engrais vert avant le pois, mais je crains la pression des maladies. Et puis
comment concasser un mélange avec deux graines différentes et être sûr de sa
AUTONOMIE PROTÉIQUE : 75 % valeur alimentaire ? »
COMBIEN CA COÛTE ?
14 €/qx Un coût de la culture limité
C’est le coût de production En moyenne sur les quatre dernières années, la marge brute de la culture est de
moyen du pois sur cette 352 €/ha.
exploitation. Le coût de production de la culture est d’environ 329 €/ha, composé de :
• Engrais : 34 €/ha
• Semences : 153 €/ha
• Phyto : 72 €/ha
• Travaux par tiers (récolte, séchage et stockage) : 70 €/ha
Il n’y a pas de coût de distribution sur cette exploitation car l’aplatisseur est
présent sur l’exploitation et déjà amorti.

AUTONOMIE PROTÉIQUE ET IMPACT DE L’ÉLEVAGE


Proximité de la matière azotée totale Source : bilan Devautop

75 % 6% 16 % 3%
LE REGARD DE
Pauline Gauthier,
Exploitation Région France Importation
Chambre d’agriculture de
la Charente Bilan environnemental de l’atelier Source : bilan Cap’2ER

« Grâce au parcellaire dont il


dispose, le Gaec a fait le
choix de produire en deux
cultures distinctes l’orge et
le pois plutôt que de faire un EMPREINTE POTENTIEL BIODIVERSITÉ STOCKAGE
méteil. De cette manière, CARBONE NETTE NOURRICIER DE CARBONE
l’exploitation produit peu de L’élevage nourrit L’élevage entretient L’élevage stocke
pois pour la ration des 963 0,1 7
chèvres. Cédric a peur de personnes/an ha de biodiversité/ha kg de carbone/ha
prendre des risques en
changeant sa ration avec
plus de pois. Dans le
contexte actuel PLUS D’INFOS SUR LES LEVIERS MOBILISÉS
d’augmentation des charges,
il pourrait augmenter la part Témoignages d’éleveurs renforçant leur autonomie protéique –
de pois dans sa ration pour Cap Protéines
diminuer son coût https://www.cap-proteines-elevage.fr/temoignages-d-eleveurs
alimentaire. Avec une ration
à base de foin de Le guide pois - Terresinnovia
légumineuses (luzerne, https://www.terresinovia.fr/-/telecharger-le-guide-pois
sainfoin, trèfles), l’éleveur
pourrait mettre jusqu’à
400 g de pois au pic de Utiliser les protéagineux en caprins – Fiche Autosysel
lactation. Au vu de sa https://idele.fr/autosysel/48cap-utiliser-les-proteagineux
surface disponible, cela peut
être facilement
envisageable en implantant Financeur du volet élevage de Cap Protéines : Rédaction : Pauline Gauthier, Chambre
plus de pois, ou bien en d’agriculture de la Charente
arrêtant de dissocier les Relecture : Nicole Bossis et Damien
cultures dans l’assolement Hardy, Institut de l’élevage
au profit d’un méteil. »
Crédit photos : Pauline Gauthier

La responsabilité des ministères en charge de


Octobre 2022
l’agriculture et de l’économie ne saurait être engagée.

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