AUTONOMIE PROTÉIQUE : LES LEVIERS D’ACTION

« Le séchage en grange en zone

de montagne sèche »
▪ ATOUT PROTÉINES

▪ FACILITÉ DE MISE EN ŒUVRE

▪ DÉLAI DE RÉPONSE

▪ COÛT DE MISE EN ŒUVRE

▪ IMPACT ENVIRONNEMENTAL

DÉFINITION

GAEC DE LA PETITE Une installation de séchage en grange consiste à récolter un fourrage

précocement en vrac, qui après une courte période de fanage au sol, finira son
TARINE cycle de séchage en bâtiment. De l’air réchauffé par ventilation mécanique passe
ainsi à travers le fourrage encore humide pour lui permettre d’atteindre de bonnes
conditions de conservation (85 % de matière sèche environ).

GAINS ATTENDUS

Saint-André-d’Embrun
Hautes-Alpes

MEILLEURE FOURRAGE DE SOUPLESSE DE

AUTONOMIE QUALITÉ ET RÉCOLTE ET
PROTÉIQUE APPÉTANT RÉPARTITION DE LA
BOVINS CHARGE DE TRAVAIL
LAIT
LEVIER ADAPTÉ POUR…

• Les élevages cherchant à s’affranchir des aléas climatiques à la récolte,

• Répondre à un cahier des charges (spécialité traditionnelle garantie lait de foin,
agriculture biologique…),
• Les éleveurs cherchant à améliorer la qualité de leur fourrage,
• Ceux qui souhaitent se rapprocher de l’autonomie.
 LES FACTEURS DE RÉUSSITE

Une récolte précoce pour garantir un fourrage de qualité

La récolte d’herbe pour un séchage en grange se fait à un stade plus précoce qu’en bottes. Cela garantit un foin de
qualité, indispensable pour tendre vers l’autonomie. Dans les zones de montagne sèche du Sud-Est de la France, le
séchage en grange prend aussi son intérêt en période automnale, quand les conditions deviennent trop humides pour
récolter en sec.

Adapter la ration et sa distribution

L’installation d’un séchage en grange implique une adaptation du système fourrager et donc des rations du troupeau. En
effet, le foin séché en grange est de meilleure qualité (moins de pertes de feuilles de luzerne par exemple), l’ingestion est
supérieure et les refus grandement limités.
Avec ce type de foin précoce, il faut veiller à assurer une fibrosité suffisante de la ration afin de favoriser la rumination et
prévenir les phénomènes d’acidose. Dans cette optique, une majorité des prairies du Gaec de la Petite Tarine sont à base
de luzerne. Les deux cellules permettent de séparer foin et regain. En pratique, les éleveurs commencent par donner du
foin le matin ; le regain est ensuite distribué après la traite une fois que la rumination est enclenchée.

POINTS TECHNIQUES

Le chantier de récolte

Au chargement, il faut être vigilant dans les pentes : le

fourrage a tendance à glisser au bout de l’autochargeuse,
ce qui peut-être trompeur sur les quantités et le
remplissage du séchoir. L’autochargeuse de la famille
Lagier est équipée de couteaux, ce qui optimise l’espace
mais aussi la distribution aux vaches.

L’estimation du préfanage nécessaire avant

engrangement peut-être délicat, notamment les
premières années (objectif entre 35 et 40 % d’humidité).
Il faut garantir une circulation de l’air suffisante dans le
séchoir, en tenant compte de sa capacité de stockage et
le temps dont on dispose, souvent limité par des fenêtres
météo assez courtes.
Au départ, l’objectif est de remplir au minimum 1 mètre de fourrage, paramètre à adapter en fonction des caractéristiques
du séchoir et du taux d’humidité du foin. Dans le cas du Gaec de la Petite Tarine, les exploitants rentrent cinq
autochargeuses par jour : le parcellaire est regroupé et relativement proche de l’exploitation. Souvent, la crainte concerne
aussi la quantité de fourrages que peut contenir la cellule. Or, le tassement permet de faire rentrer plus que ce que l’on
croit ! L’expérience s’acquiert au fur et à mesure des années et les difficultés s’estompent.

o
LES
+
Optimisation de la qualité du fourrage o Nécessite un parcellaire groupé
LES
-
o Une repousse d’herbe échelonnée grâce à l’étalement o Investissement important
du chantier de récolte, qui permet de valoriser le
o Technicité à acquérir notamment au niveau de la
pâturage
récolte
o Moins de consommation de gazole et autres intrants
(films d’enrubannage, bâches d’ensilage, etc)
o Possibilité de récolter plus précocement dans la saison
mais aussi plus tardivement à l’automne
 L’EXPLOITATION EN TÉMOIGNAGE D’ÉLEVEUR
BREF

« Garantir l’apport d’un foin de

qualité à mes vaches tout en ayant
plus de souplesse de récolte »
Alexandre Lagier
Gaec de la Petite Tarine

Saint-André-d’Embrun (05)
Données 2020
Bio et séchage en grange
Troupeau :
• 46 vaches laitières de race
Tarentaise, soit 77 UGB avec
les génisses
Performances laitières :
• 4 300 l/VL/an
• 37,9 g/l de taux butyreux
• 34,0 g/l de taux protéique
Les associés du Gaec de la Petite Tarine ont fait le choix d’installer en 2012 une
première cellule de séchage en grange dans leur bâtiment de stockage existant,
complétée par une seconde quelques années après. Ces deux cellules de 720 m3
chacune (5 m de hauteur sur 50 cm de caillebotis) leur permettent de stocker
130 à 150 tonnes de matière sèche de foin. Un capteur solaire est situé sous la
toiture de l’étable afin de bénéficier de l’énergie solaire pour le réchauffage de
l’air, en plus du ventilateur avec répartiteur. Une partie des fourrages est
toujours réalisée en bottes, ce qui permet aux exploitants de jongler entre les
différents modes de récolte.
→ Le déclic
Gagner en autonomie
« Notre système de production en agriculture biologique était déjà basé sur la
recherche d’autonomie maximale. L’installation d’un séchage en grange avait
pour objectif de gagner en souplesse de récolte et en qualité de fourrages. »
→ Ma technique
S’adapter à un nouveau mode de récolte
« Les premières années nous avions tendance à récolter un fourrage trop
avancé au niveau séchage. On a toujours peur que le foin soit trop humide et
que ca pose problème dans le séchoir. Mais on perd vite en qualité si on laisse
trop préfaner au champ. »

→ Mon conseil
Anticiper les récoltes de l’automne
Parcellaire : « C’est à l’automne que l’on voit le plus d’avantages au séchage en grange :
• 71 ha on peut encore rentrer du fourrage sans avoir recours à l’enrubannage qui est
de SAU interdit pour la fromagerie. Il ne faut pas hésiter non plus à anticiper. Parfois, en
Céréales
• 58 ha 13 ha saison estivale, faire le choix de récolter en bottes nous permet de laisser de la
de SFP Parcours place dans le séchage pour l’automne où l’on ne peut plus faire de foin sec.»
30 ha Prairies
temporaires → Si c’était à refaire ?
24 ha
Prairies
permanentes
Un bâtiment sur-mesure
35 ha « Notre bâtiment d’origine n’était pas adapté au séchage. Le dimensionnement
de ce dernier n’a ni été fait en fonction des besoins du troupeau, ni des récoltes
Surface fourragère étagée entre 1100 mais bien en fonction du bâtiment, ce qui n’est pas idéal. La pente de toit est
et 1400m. importante, on rencontre vite des difficultés à l’engrangement. Quand on arrive
Utilisation d’estive collective pour les en haut du tas, la hauteur sous plafond nous limite.
génisses. Prévoir le dimensionnement de son bâtiment afin de le rendre compatible avec
une installation de séchage en grange dans une deuxième phase de travaux
Main-d’œuvre : peut être une bonne solution. D’autant plus que l’investissement n’est pas
• 3 UMO forcément possible au moment de la construction.
• Catherine Peyrot, Alexandre et
Gilbert Lagier La configuration nous oblige aussi à une reprise du fourrage pour la
distribution, qui est réalisée au valet de ferme, ce qui fonctionne tout de même
AUTONOMIE PROTÉIQUE : 85 % bien. Mais, avoir la possibilité de distribuer le foin directement avec la griffe
serait un vrai plus ! »

1 203 kg / VL
C’est la quantité de
concentrés au Gaec de la
Petite Tarine (moyenne du
groupe 05 : 1 738 kg/VL)
LE REGARD DE
Angélique Andrieu,
Chambre d’Agriculture des
Hautes-Alpes
« Le Gaec de la Petite Tarine
est un système économe en
intrants, notamment en ce
qui concerne les concentrés.
C’est l’installation du
séchage en grange, couplée
à une bonne gestion de
l’alimentation, qui a permis
de gagner encore en
autonomie.
La production des vaches
laitières est adaptée à ce
qu’il est possible de produire
sur l’exploitation dans un
contexte de montagne
sèche très marqué, en
limitant au maximum les
achats.
La part conséquente de
luzerne dans les prairies
permet d’obtenir un foin
équilibré, de qualité, mais
aussi garant d’une bonne
fibrosité, qui fait souvent
défaut dans nos rations à
base de foin de montagne. »
COMBIEN CA COÛTE ?
Un investissement important
Le plus gros investissement concerne le bâtiment de stockage et la cellule. La
famille Lagier a fait le choix de l’auto-construction afin de limiter les coûts et en a
profité pour mieux isoler le bâtiment des laitières. À ceci s’ajoute le ventilateur, la
griffe à fourrage mais aussi le matériel de récolte (autochargeuse notamment). Le
séchage en grange est éligible à des aides à l’investissement (PCAE).
Des évolutions sur les charges de fonctionnement
L’installation d’un séchage impacte notamment les charges liées à l’électricité.
Dans le cas du Gaec de la Petite Tarine, le séchoir consomme 10 000 kWh/an
environ. Ceci varie en fonction des conditions climatiques : humidité du foin
engrangé et de l’air ambiant, etc…
AUTONOMIE PROTÉIQUE ET IMPACT DE L’ÉLEVAGE
Proximité de la matière azotée totale Source : bilan Devautop
85 % 14 % 1% 0%
Exploitation Région France Importation
Bilan environnemental de l’atelier Source : bilan Cap’2ER
POTENTIEL
EMPREINTE BIODIVERSITÉ STOCKAGE
NOURRICIER
CARBONE NETTE DE CARBONE
L’élevage nourrit L’élevage entretient L’élevage stocke
834 0,7 305
personnes/an ha de biodiversité/ha kg de carbone/ha
PLUS D’INFOS SUR LES LEVIERS MOBILISÉS
Témoignages d’éleveurs renforçant leur autonomie protéique –
Cap Protéines
https://bit.ly/CapProTem
Réussir l’installation d’un séchage en grange » - Inosys
https://bit.ly/3OjEdAP
Autonomie et souplesse avec mon séchage en grange - Autosysel
https://bit.ly/3MbOfSE
Financeur du volet élevage de Cap Protéines : Rédaction : Angélique Andrieu, Chambre
d’Agriculture des Hautes-Alpes
Relecture : Damien Hardy et Éric
Bertrand, Institut de l’élevage
Crédit photos : Patrick Domeyne,
Catherine Peyrot et Angélique Andrieu
La responsabilité des ministères en charge de Septembre 2022
l’agriculture et de l’économie ne saurait être engagée.