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Devoir commun n° 1 2008-2009 de 2 heures sur le chapitre introductif

Première ES A et B

Document 1 :

C'est là-bas que mon existence a pris fin", soupire Arandam Ghosh, le torse nu penché sur sa canne, la
peau tirée sur les os, en fixant du regard le mur de briques rouges qui barre l'étendue vert
phosphorescent des champs de rizière. L'hectare qu'il cultivait fait désormais partie du site de Singur,
choisi par le géant indien Tata pour y fabriquer la voiture la moins chère du monde, la Tata Nano. 350
millions de dollars (245 millions d'euros) y ont été investis pour produire 250 000 véhicules par an.
Aujourd'hui les champs de cet agriculteur de 79 ans sont en friche et en sursis.
Face aux manifestations hostiles de paysans, le constructeur automobile a décidé, lundi 2 septembre,
d'arrêter la construction de l'usine jusqu'à nouvel ordre, et envisage de délocaliser le site de production
dans un autre Etat indien. Dans un communiqué le groupe a indiqué avoir "été contraint de suspendre
la construction de l'usine compte tenu de l'agitation et les conflits qui s'y poursuivent".
"Singur pouvait devenir le "Detroit" (la capitale de l'industrie automobile américaine) de la région et
une icône du pays", regrette Debasis Som, le directeur de l'agence de développement industriel du
Bengale occidental. Malgré les efforts engagés depuis 2000 pour industrialiser la région, les
acquisitions de terrains se heurtent au refus des paysans. (…)
Le gouvernement local avait proposé aux paysans de racheter leurs terrains tout en leur promettant un
emploi à l'usine, pour eux et leurs enfants. Mais ils sont 3 000, comme Arandam Ghosh, à avoir refusé
: "Une terre se transmet pour l'éternité, l'argent se dilapide. Que va-t-il rester à mes enfants ?" La loi
d'acquisition des terres, votée en 1894 pendant la colonisation britannique, a finalement permis à la
région de réquisitionner les terrains pour les revendre à Tata. En refusant de signer l'acte de vente,
Arandan Ghosh a perdu sa terre sans avoir encore touché aucune indemnité : "La terre est comme une
mère. Et je ne vendrai jamais ma mère", insiste-t-il.
Source : Julien Bouissou , Les paysans indiens poussent Tata à retarder la fabrication de la Nano , Le
Monde 05/09/2008
Questions :
1. Quelle est la rationalité développée par les dirigeants de l’entreprise Tata et les autorités
régionales ? Comment justifient-ils le projet qu’il mettent en œuvre (qu’apporte-t-il à la
région , aux paysans ? ) ?
2. Si les paysans adoptaient le même type de rationalité, quelle serait leur décision ? Expliquez la
démarche mise en œuvre pour justifier votre réponse.
3. Finalement, quelle est la décision des paysans ? Peut-on dire qu’ils sont irrationnels ? A quelle
démarche sociologique devez-vous faire appel pour expliquer leur comportement ?
4. Les dirigeants peuvent-ils comprendre la réaction des paysans ? Pourquoi ? Comment
qualifieriez-vous l’attitude de ces dirigeants ?

Document 2 :
Il y a une semaine, Barack Obama, le candidat démocrate, a demandé de fixer une limite aux
émoluments de ces PDG.(..)
Avant d'envisager d'adouber ce plan, le Sénat a lui aussi posé ses conditions, exigeant que figure dans
le texte l'encadrement, voire l'interdiction, de rémunérations "perverses", "inappropriées ou
excessives" de ces banques. Le sénateur indépendant du Vermont, Bill Sanders, a été plus loin,
adressant, mercredi, une pétition à M. Paulson signée par 20 000 citoyens, dans laquelle il souligne
l'exubérance des bonus distribués dans les banques d'affaires de Wall Street telles Bear Stearns,
Goldman Sachs, Lehman Brothers, Merrill Lynch, ou Morgan Stanley qui "ont dépassé le PIB du Sri
Lanka, de la Bulgarie ou du Liban". "M. Paulson lui-même a reçu un bonus de 38 millions de dollars
en 2005, quand il dirigeait Goldman Sachs", précise ce document.
Aux Etats-Unis, les voix s'élèvent ainsi de plus en plus contre la mécanique d'incitation salariale qui a
permis ces rémunérations spectaculaires. Le système est accusé d'avoir poussé les golden boys à
prendre des risques inconsidérés. "Cette crise financière est le résultat direct des systèmes de
rémunérations pratiqués dans ces firmes de Wall Street", atteste Paul Hogson, analyste chez Corporate
Library, un cabinet spécialisé dans la gouvernance d'entreprise cité par le New York Times.
Certains experts soulignent toutefois la difficulté pour l'Etat de contrôler des salaires versés dans des
entreprises privées, estimant que cette soudaine éthique pourrait faire long feu. "Ce n'est pas dans
l'esprit du capitalisme américain", signale Augustin Landier, professeur de finance à l'université de
New York.
Source :Claire Gatinois, Haro sur les rémunérations des dirigeants de Wall Street , Le Monde
25/09/2008
Questions :
1. Comment les grandes banques américaines ont-elles justifié les bonus distribué à leurs
dirigeants(qu’en attendaient-elles) ? A quelle forme de rationalité faisaient-elles appel ?
Explicitez la démarche
2. A quel mécanisme vu en cours, vous fait penser la phrase soulignée . Explicitez-le
3. Quelles sont les solutions alors préconisées pour y remédier ?
4. Sont-elles réellement applicables ? Quelle démarche sociologique utiliseriez-vous pour le
démontrer ?

Document 3 :
Günter J. Hitsch (Univ. of Chicago), Ali Hortaçsu (Univ. of Chicago) et Dan Ariely (MIT) ont pu
accéder aux fichiers des membres d’une agence : Dans "What Makes You Click:An Empirical
Analysis of Online Dating", ils passent en revue les caractéristiques des membres et les mettent en
relation avec le succès obtenu.

Les déterminants du succès :


• Parmi les critères physiques, on voit que les hommes grands s'en tirent mieux que les petits...
Mais c'est l'inverse pour les femmes !

Taille de l’individu en
pouces

Ecarts par rapport la


moyenne des
réponses reçues à
leur petite annonce
par les individus en
fonction de leur taille
, exprimées en %

Exemple de lecture : un homme mesurant de 5.3 à 5.4 pouces reçoit 50% de réponses en moins à son
annonce que la moyenne des petites annonces

• Si l'on met en relation le succès et l'indice de masse corporelle, il est manifeste que le format
Top Model est celui qui plaît le plus aux hommes. De leur côté, les femmes semblent préférer
le juste milieu...
• Parmi les autres caractéristiques, le revenu est un critère qui compte, mais seulement pour les
femmes !
• De même, le niveau d'études compte plus pour les femmes que pour les hommes. Les femmes
diplômées au niveau Master et plus envoient 2 fois plus de messages aux hommes de même
niveau d'études qu'à ceux qui se sont arrêtés au lycée. En revanche, les hommes très diplômés
ne semblent pas faire de différences.
• Enfin, l'ethnicité est un autre critère, repérable dans les profils, dont l'effet est manifeste. Là
encore, les femmes se montrent plus discriminantes que les hommes. Par exemple, un homme
noir a 60 % de chances de moins qu’un homme blanc (caucasian) de recevoir une proposition
d’une femme blanche. Symétriquement, une femme noire a 50 % de chances de moins qu'une
femme blanche de recevoir une proposition d'un homme blanc.
Source : http://antisophiste.blogspot.com/2005/10/online-dating.html
Questions :
1. A priori comment les individus expliquent le choix de leur conjoint ?
2. Quels sont les facteurs qui accroissent la probabilité de recevoir une réponse à sa petite
annonce pour une femme ? pour un homme ?
3. Quelle démarche sociologique devez vous mettre en œuvre pour expliquez le succès d’une
petite annonce matrimoniale ? Explicitez-la .

Document 4 :
Dans son excellente chronique mensuelle du New York Times, Hal Varian rapporte la blague suivante :
Un vieux célibataire fréquentait assidûment les agences en ligne. Un jour, comme un ami lui
demandait : "Alors, tu n’as toujours pas trouvé la femme idéale sur le net ?" -- il répondit : Oh,
que si je l’ai trouvée… En fait, j’en ai trouvées tout plein ! Le problème, c'est qu'elles
cherchaient toutes l’homme idéal…"
Pourtant, le succès des sites de rencontre en ligne ne se dément pas. Aux Etats-Unis, 40 millions
d’américains y ont recours. Chez nous, Meetic vient d'entrer en Bourse.

Les caractéristiques des membres, d’après leurs profils

A l'évidence, les profils affichés sont sujets à caution. Ainsi, 30 % des femmes disent être blondes,
contre 12 % des hommes ! Et seuls 1 % des membres se déclarent physiquement « moins bien que la
moyenne » !
Plus sérieusement, on observe que les membres sont majoritairement des hommes (55 % de
l'ensemble), jeunes (50 % des membres ont entre 18 et 25 ans, 28 % ont entre 25 et 35 ans), et libres
(on ne compte que 6 % de mariés chez les hommes, 2 % chez les femmes).
Si l'on en croit les déclarations, les membres sont aussi nettement plus éduqués et plus riches que
l'ensemble de la population. On peut toutefois nourrir quelques doutes sur la véracité des revenus
annoncés. Ainsi, 4 % des membres déclarent gagner plus de 200 000 $ par an. Or, si l'on en croit les
chiffres du recensement, moins de 0.1 % des américains gagnent autant d'argent ! Inversement, ils sont
moins de 8 % à déclarer gagner moins de 12 000 $ par an, alors qu'on en recense environ deux fois
plus dans l'ensemble de la population.
De même, les caractéristiques physiques affichées sont quelque peu suspectes. En particulier, le poids
déclaré des femmes diffère très sensiblement des données du recensement : les moins de 30 ans
déclarent 5 à 6 livres de moins que leurs congénères du même âge au recensement, celles de 30 à 40
ans déclarent 8 livres de moins, celles de 40 à 50 ans déclarent 20 livres de moins !
Source : http://antisophiste.blogspot.com/2005/10/online-dating.html
Questions :
1. Les profils présentés par les petites annonces sont-ils réalistes par rapport aux statistiques
obtenues lors des recensements ?
2. Quelles est la démarche sociologique que vous pouvez mettre en œuvre pour expliquer ce
résultat ?
3. Explicitez la dimension sociologique de la blague soulignée

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