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Histoire Secrète de La Chute de Mobutu

Titre original : Histoire secrète de la chute de Mobutu

Transféré par jeuneafrique

Pourquoi l'armée zaïroise s'est e ondrée ? Quel rôle a joué exactement la France ? Les
causes et les circonstances de l'assassinat du général Mahele ; les dernières heures du
maréchal à Gba… Description complète

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L En qu êt e

HISTOIRE SECRETE
DE LA CHUTE
DE M OBUTU. PAR FRANÇOIS SOUDAN

EXCLUSIF   P o
l a r m é e z ua ïrrqouisoei
s e s t e f fo n d r é e ?
Quel rôle a joué
exactement
la F r a n c e ?
Les causes et
les circonstances
d e l a s s a s s in a t
du général
Mahele 
les dernières
heures
du maréchal
à Gbadolite...
Mobutu Sese Seko à Roquebrune-Cap-Martin
e n F ra n c e f in 1 9 9 6 .

JEUNE AFRIQUE N° 1910 1911 DU 13 AU 26 AOÛT 1997


 

17 mai 19 97 :
l entrée de s troupe s d e
Laurent-Désiré Kabila
à Kinshasa.

L ascension de M ahele.
l fut le dernier commandant en du président Kabila, rêvent de faire prennent en charge, puis chez les paras
chef de l arm ée zaïroise, ce un héros national au même titre que commandos de Ndjili où il noue avec
général d un e armée morte Lumumba et dont les obsèques, fin mai les conseillers français du général
entre opérette et tragédie, dont à Kinshasa, furent quasi officielles, ne Jeannou-Lacaze des relations qui ne

l e f f o n d r e m e n t t o ta l e n m o i n s fut jam ais un mob utiste de cœu r et de seront rompues que trente ans plus
de six mois bouleversa la carte sang, m êm e si co mm e tant d autr es, il tard, quelques semaines avant sa mort.
géopolitique de l Afr iqu e cen- servit le maréchal omnipotent et béné- Sous-lieutenant, Mahele intègre en
trale. Il fut, aussi, le dernier ministre de ficia de ses faveurs. Né le 15 avril 1968 la prestigieuse garde présiden-
la Dé fens e d un régim e aux abois, 1941, dans ce qui s appe lait à l épo que tielle de Mobutu. Le futur conseiller
décomposé autour de son fondateur Léop oldville, au sein d un e fam ille du maréchal, Edouard Mokolo wa
grabataire, tétanisé par l ava ncé e des mbunza originaire de la ^  
— M po mb o, qui le croise
« rebelles » et de leurs protecteurs. province septentrionale alors, se souvient d un
Lui : Donatien Ma hele Lieko B okun gu, de l Equateur, Donatien militaire « intègre et
Donat pour ses proches, assassiné à Mahele choisit tout natu- Aux yeux surtout nationaliste »,
Kin sha sa dan s la nuit du 16 au 17 mai rellement le métier des de t o us, dur aussi, voire féroce.
Surprenant un garde du
1997 alors que les petits hommes verts arm es. Tribu gue rrière,
de Laurent-Désiré Kabila entraient les Mbunzas ont donné i l e st corps en plein sommeil
dans les faubourgs de cette ville offerte nomb re d officie rs supé- l homm e des devant la porte du pré-
et vénéneu se. L itinéraire et le destin de rieurs à l arm ée zaïroise. sident, il le secoue, le
cet homme, traître pour les uns, martyr Parmi eux, le général Français  » frappe et lui tord le bras
pour les autres, sont exemplaires. Ils Eluki, cousin germain et au point de le briser.
éclairent quelques-uns des aspects futur ennemi juré de Un incident qui lui vaut
inconnus et fournissent des clés essen- M ahele . Très jeu ne - il a à peine d être m uté au Cen tre de form ation des
tielles pour comprendre ce que fut une 20 ans - D ona tien flirte ave c les idées commandos de Kotakoli, en tant
révolution majeure au cœur du conti- lum um biste s et adhère, en 1963, à l or- qu instru cteur. En ce début des an nées
nent. A travers l aven ture trag ique du ganisation de jeunesse du Mo uvem ent soixante-dix, des purges successives
général Mahele, le voile se lève sur une national congolais. Deux ans plus tard, frap pent les officie rs des Forces arm ées

partie de l his toi re secrè te de la chute M obu tu prend le pouvoir. Ma hele est zaïroises (FAZ) que leurs idées ou leurs
de Mobutu... envoyé en formation au camp de origines régionales rendent suspects
Kitona, où des instructeurs belges le aux yeux de Mobutu. Parmi eux, le
Celui dont certains, dans l ento ura ge

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JEU NE AFRIQ UE N° 1910 1911 DU 13 AU 26 AOÛ T 1997

L'E NQ UÊ TE

capitaine Joe Ndjoku, un saint-cyrien, « ngbandisation » accélérée. Ce sont Fin 1990, c'est à nou veau l'appel du
qui s'ou vre à M ahe le - fraîch em ent les géné raux ng band is - l'ethnie de baroud. Le colonel Mahele est nommé
nommé commandant du camp de Mobutu -, Nzimbi et Baramoto, qui à la tête du contingent zaïrois envoyé
Kotakoli - d'un projet de coup d'Etat. dirigen t la Div ision spéciale p réside n- par Mobutu à la rescousse de son ami,
« Ne m 'en parles plus jam ais » tonne tielle (DSP) et la Garde civile, deux le présiden t rwa nda is Juv énal
Mahele, qui s'arrange néanmoins pour nouvelles unités particulièrement Habyarimana. Avec ses méthodes, par-
faire exfiltrer vers la France, dans le choyées au détriment des FAZ, laissées fois expéditives, Mahele contribue à
plus grand secret, l'apprenti putschiste. en déshérence. Mahele obtient pourtant repousser la première offensive du
Donatien est loyaliste, Front patriotique
mais il « comprend » rwandais (FPR) sur
les frustrations de ses Kigali, et c'est au
camarades. Certains Pour le pe tit peuple de Kinshas a,

[ ]
cours d'u n co mbat
d'entre eux pensent, c es t « la gue rre des étoiles ». contre les FAZ que le
déjà, qu'il attend son premier chef militaire
heure. du FPR, le comman-
La gloire de Mahele - et sa populari- un poste de confiance : la direction du dant Fred Rwigyema, trouve la mort.
té qui désormais ne se démentira pas - SARM, le Service d'action et de ren- D'où la méfiance, pour ne pas dire
survient en mai 1978 lors de la deuxiè- seignement militaires. Mais sa tâche est plus, que manifesteront plus tard à
me invasion du Shaba par les ex-gen- de surveiller les frontières, pas de se l'égard de Mahele les protecteurs
darm es katang ais. Le général B um ba, mêler de politique intérieure. Mahele rwandais de Kabila, en particulier le
un Mbunza, commandant en chef des s'ennuie et, comme tout un chacun, fait général Kagame. Pour l'instant, une
FAZ et surtout le colonel Ikuku qui que lques affaires, mê me si son enri- nouv elle fois, Ma hele revient en héros
c o m m a n d e l e t h é â t re d ' o p é r a t i o n s l ' a p - chissem ent personn el n'atteindra à Kinshasa. Il gagne dans l'affaire ses
pellent à leurs côtés. Nommé major, jamais celui de ses rivaux. Il acquiert deux étoiles de général de brigade et
Mahele saute sur Kolwezi à la tête de deu x vedettes pour remo nter le fleuve, reprend son poste. Pour quelques mois.
la 31   b r i g a d e p a r a c h u t i s t e e t t i e n t ae -
e
V konga Mohela   e t  Y ve Maria, se En septembre 1991 éclate en effet le
roport jusq u'à l'arrivée prem ier « grand pilla-
des légionnaires fran- ge » de Kinshasa par
République dém ocratiqu e du ongo
çais et des Marocains l'armée. Sous-payés,
du colon el Lo ubaris. CENTRAFRIQUE mal commandés, les
•  v SOUDAN
En quelques jours, de soldats des FAZ ratis-
Kinshasa à Goma, le Gbadolite sent villas et com-
Zaïre tout entier en fait merces du centre-ville
CAMEROUN •Isiro
un héros. Phénomène pendant deux journées
Lac lbert
irritant aux yeux de la /
de folie. Furieux,
garde rapprochée de QUATEUR Kisangani / Mobutu limoge le chef
Mobutu, qui obtient CONGO Mbandaka d'état-major, le géné-
que Mahele soit enfer- ral Mazembe, et
GABON
mé dans un placard nomme à sa place
doré : charg é de co urs Mahele, le seul à
à l'Ecole supérieure andundu KASAÏ même, par son presti-
ORIENTAL
militaire de Kinshasa- BURUNDI ge, de rétablir un sem-
K BAMDUNDU
Binza. C'est alors que blant d'ordre. Général
KASAÏ
les amis français du inshasa OCCIDENTAL de division, puis géné-
major, qui se morfond, — a  Kikwit Kalémié ral de corps d'armée
Kanangâ
interviennent. Le géné- Lac
Tanganyil en un temps record,
ral Lacaze et le colonel Donatien Mahele ne
Alain Gagneron de cache pas son mépris,
Marolles - alias colo- SHABA lui l'homme de ter-
nel Saint-Julien -, du rain, pour les « géné-
SDECE (Services spé- ANGOLA Kisenge Kolwezï raux d'ordonnance »
ciaux), obtiennent l'ac- repus. Pour le petit
cord de Mobutu pour ^uBumbashi peuple de Kinshasa,
un stage de deux ans à S. .Kfpushi qui, ravi, compte
ZAMBIE
l'Ecole de guerre de les points, c'est « la
Paris. Logé dans un appartement du guerre des étoiles ».
fait construire une villa à Kinshasa et
m
C liingins at ènrceo udret , l aa vDe éc f esnosne , é pp oo ur tsee ,d el ' a v o - en achète une autre à Waterloo, dans la J a n v i e r 1 9 9 3 :   bis repetita C e t t e
banlieue de Bruxelles. A côté des géné- fois, c'est la DS P du général Nzim bi
cate Marie-Jean ne Mond o, Ma hele raux Nzimbi, Baramoto et Eluki, ou
apparaît alors déplus en plus comme Ngbale Kongo wa Bassa qui pille la
encore du contre-amiral Mavua, dont capitale. Mahele réagit immédiate-
« l'homme des Français ». les biens se multiplient ces années-là à ment. A la tête de ses commandos,
Lorsqu'il revient au Zaïre en 1984, une vitesse vertigineuse, Mahele est un toujours flanqué de son inséparable
avec le grade de lieutenant-colonel, « petit ». Catholique pratiquant, ama- « Ra m bo » - co usin et gar de du
Donatien Mahele Lieko Bokungu teur de tennis, il passe alors pour un corps, - le chef d'état-major écrase lui-
découvre une armée en voie de personnage discret et apolitique.
même la rébellion, à coups de gre-

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JEUNE AFRIQUE N° 1910 1911 DU 13 AU 26 AOÛT 19 97
 

H IS T O IR E SE CR ÈT E DE LA c h u t e DE MOB UT U
nades et sans sommations. La DSP ne Kisangani, Laurent Monsengwo, une lui était dû » aprè s tant d an né es pas-
le lui pardonnera pas, son chef, communication qui sera lue à la tribu- sées dans l armée sans s enrichir.   n a
Nzimbi, encore moins, désormais à ne. « Au n om de l arm ée za ïroise », le donc pas refusé. Quant au maréchal, il
l affû t du moin dre faux pas. Q uelque s général Mahele y proclame que les trouvait sans doute judicieux de mainte-
semaines plus tard, Nzimbi tient sa FAZ ne sont pas la prop riété d un indi- nir ainsi, dans le confort et à distance,
revanche. D ans le cadre d un e con fé- vidu ou d un clan m ais « de la nation un hom me qu il considérait depuis l in-
rence nationale qui agonise, Mahele tout entière ». Trois jours plus tard, il cident de la conférence nationale
fait en effet parve nir à l arc hev êqu e de est limogé et remplacé par Eluki. comme un rival potentiel.
Anesthésié, Mahele disparaît alors de
l avan t-scè ne zaïroise. Il pass e l ess en-
tiel de son temps à Ebonda et voyage

Chirac   « Le plan


beaucoup. On le voit en Chine, à Hong
Kong, en Afrique du Sud, mais aussi à
Paris où il maintient le contact avec ses

sera abandonné » ommence alors, pour plusieurs villas et 350 ouvriers agri-
amis militaires et responsables de la
DGSE. On le sonde, parfois, sur ses
intentions. Lui répond invariablement
que, depuis la dispersion entre diffé-
Mahele, une traversée coles. Le général y régente en féodal rents corps des éléments de la 31   bri- e

du désert qui durera une production qui rapporte gros gade et du Centre de commandos de
quatre ans. Nommé puisque la multinationale Unilever, Kotako li, il ne dispose plus d au cu ne
conseiller militaire de ancien propriétaire de la PEM, la com- base sur laqu elle s app uye r. « Il n y a
qu un e seule arm ée qui vaille, c est la
Mobutu - ce poste est mercialise
Co mm ent Mahet paie
ele,rubis
dont sur l ongle
on sait qu .il n a DSP. Et elle est monoethnique. Toute
une coquille vide,
d auta nt que le maréchal se m éfie pas la réputation d un cap teur de fo nds, tentative est donc vo uée à l éch ec. »
terriblement de lui -, il se retire dans a-t-il pu réunir la somme nécessaire De plus en plus, il songe à démission-
sa plantation d Eb ond a, non loin de pour acquérir ce domaine de 1 million ner et à se lancer une fois pour toutes
Bu mb a, province de l Equ ateur, sur ses de dollars ? Am bigu ïtés zaïroises : c est dans les affaires . Ses proches, notam -
terres en quelque sorte. La Plantation et Mobutu lui-même qui, via le gouver- ment les Français qui commencent à
Elevag e de la M ong ala (PE M ), c est le neur Nyembo Shabani, a offert au géné- songer à lui comme carte de rechange,
petit royaum e de Mah ele : une huilerie ral l argen t nécessaire. Le b énéficiaire, ont du mal à l en dissua der. Lo rsq u en
pour palmistes, un hôpital, une église, selon ses proches, « estimait que cela août 1996, Mobutu se fait opérer à

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JEUN E AFRIQU E N° 1910 1911 DU 13 AU 26 AOUT 1997

L E NQUÊTE
Lausanne d'un cancer de la prostate, ils Français œuvrent main dans la main. contre-putsch. Trop risqué. Chirac
revien nent à la charge : « Tu dois Avec l'ap pu i, à Paris, de F erna nd t r a n c h e : l ' o p é r a t i o n d e so u t i e n a u
attendre, te tenir en réserve. » Mahele Wibaux et de Dominique de Villepin, général Mahele n'aura pas lieu.
acquiesc e, presq ue à contrecœ ur. C 'est le gén éra l me t en place un plan d e Don atien M ahe le est effo ndr é. « Les
alors que l'orage qui se lève à l'est va sauvetage politico-militaire qui équi- Fran çais m 'on t trahi », confie-t-il à un
tout changer... vaut en fait à un cou p d'E tat en dou- proche. Le général, qui sait que des
En octobre, de violents combats écla- ceur. Un plan d'urgence en quatre consignes secrètes ont été données aux
tent à Uvira, dans le Sud-Kivu, entre étapes : reconstitution, ave c l'aide de hommes de la DSP et de la Garde civi-
une mystérieuse Alliance des forces de matériel et d'instr ucteu rs français, de le de ne pas obéir à ses ordres, est
libération du Congo et l'armée zaïroise. la 31 e   b r i g a d e p a r a c h u t i s t e ; r é d u c t i o n désormais convaincu que la bataille est
E n n o v e m b r e , G o m a et B u k a v u t o m - des eff ecti fs « inutiles » des FA Z - de perdue. Lui faut-il une preuve supplé-
bent. Depuis sa résidence de 80 000 à 30 000 ho mm es ; déman tèle- me nta ire ? Il est à Kisan gan i, trois
Roquebrune-Cap-Martin, Mobutu limo- ment, au besoin par la force, de la jours avant la chute de la ville, le
ge Eluki de son poste
15 mars. Devant le der-
de chef d'état-major et
nier carré des défen-
le remplace par le
général Baramoto seurs, il exh orte ses
troupes à « sauver
Kpara. Inexora-
l'honneur » et conclut :
blement, comme un
« Ce ux qui veulent se
château de cartes, les
battre, à ma gauche ;
positions des FAZ
ceux qui veulent se
s'effondrent les unes
rend re, à ma dro ite »
après les autres. Pis :
Sans mot dire, la quasi-
les éléments de la
totalité des soldats se
Division spéciale pré-
rangent à sa droite. Ne
sidentielle envoyés sur
demeurent, de l'autre
le front passent le plus
côté, que les Rwandais
clair de leur temps à se des ex-FAR et les mer-
battre contre les autres
cenaires serbes.
unités de l'armée zaï-
De retour à Kinshasa,
roise, afin de pouvoir
Mahele est amer :
être les premiers à
« Cette armée en dérou-
piller. Le 17 décembre, Mobutu (à dr.) et son Premier ministre, le général Likulia Bolongo, te n'est pas la mienne,
après quatre mois au camp Tshatshi à Kinshasa, le 12 avril 1997. c'est celle d'un clan ;
d'absence, Mobutu
ce que fait Kabila, j'au-
rentre à Kinshasa avec en poche, sur
DS P ; mise en place d'un tandem rais dû le faire depu is long temp s. » En
l'insistance pressante des Français, le
Mahele-Kengo capable de négocier fait, alors que le Premier ministre
décret qui nomme à nouveau Mahele à
« la tête haute » avec Kabila, le maré- Kengo, rendu responsable de la perte
la tête de l'état-major. « C'est votre
seule chance », lui a-t-on dit. Le maré- chal étant contraint de régner sans de Kisangani, est « limogé » le 18 mars
gouverner. par le Parle men t de transition, le géné-
chal a longuement hésité face à la pers-
C e p r o g r a m m e n é c e s s i te é v i d e m m e n t ral Mahele estime qu'il ne lui reste plus
p e c t iv e d ' u n t a n d e m M a h e l e - K e n g o w a
une forte implicatio n fran çaise. Le pré- qu'à anticiper l'arrivée inéluctable à
Dondo (le Premier ministre), qu'il juge
sident Chirac, à qui le projet est sou- Kinshasa des troupes de Laurent-
peu sûr. Mais il n'a pas le choix : Paris
mis, hésite. II n'est pas hostile à l'envoi Désiré Kabila. De quelle manière ?
est la seule capitale qui le soutienne
de vivres et de médica- C'est alors qu'entrent
encore.
ments pour la brigade et en scène, sur les talons

Cette arm ée
Desce ndu de sa plantation d'E bo nd a n'écarte pas a priori des Français qui ont
l e 18 d é c e m b r e , l e g é n é r a l M a h e l e e s t quelques livraisons dis- lâché leur protégé sans
aussitôt pris en charge par les mili-
taires franç ais de l'am bassa de.
crètes de matériel. Mais en déroute plus d'égards, les

il est hors de question Américains...

lan m
estienne,
pas
Soucieux de sa sécurité, ces derniers que des militaires fran-
L'ambassadeur Daniel
lui donnent trois conseils pressants : çais aillent se fourrer
Simpson, en ce mois de
quitter sa villa du quartier de Mbinza,
trop proche du camp Tshatshi de la
dans ce guêpier.
Consulté, le Premier
c est celle mars, a une idée fixe :

DS P ; travailler ailleurs qu 'au quar tier


gén éral, situ é lui aussi à M bin za ; et
ministre Alain Juppé est, d un clan. » éviter que la libération
de Kinshasa soit l'occa-
lui, faro uch em ent hostile
sion d'un bain de sang
limiter autant que possible ses dépla- à toute intervention
sous l'œil indiscret des
cem ent s sur le fron t. Ce ne sont pa s directe ou indirecte de la France. Fin
caméras de CNN. Lui-même et le
les ho m me s de Kabila que redo utent février, alors que les villes de Watsa,
négociateur dépêché par Washington
les am is du géné ral, m ais bien u ne Kalemie, Isiro, Kalima et Kindu sont
dans la région, Bill Ric hardso n,
tentative d'assassinat par des éléments déjà tombées entre les mains des
« i n c o n t r ô l é s » d e la D i v i s i o n s p é c i a l e rebelles, une note de la DGSE fait la souhaitent donc une solution de com-
promis dans laquelle Kabila, Etienne
prési denti elle ou de la Ga rde civile. diff ére nce : si Ma hel e et Ken go pre-
Tsh iseke di et les « élé me nts sain s » de
Ambiance... Pendant deux mois, jus- n a i e n t l e p o u v o i r , l es g é n é r a u x N z i m b i
l'arm ée aient leur place. Elle impliqu e,
qu 'à la fin fév rier 1 997, Mah ele et les et Baram oto tenteraient à coup sûr un
bien sûr, que Mobutu soit mis à l'écart

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JEUN E AFRIQ UE 1910 1911 D U 1 3 A U 2 6 A O Û T 1 99 7
 

H IS TO IR E s e c r è t e DE LA CHUT E DE MO BU TU

et que la DSP soit démantelée. Pour Généralissime sans armée, il se persua- étiquette lumumbiste. Encouragé par
cela, Ma hele a un rôle central à jou er et de que K abila a « besoin » de lui « s il les Américains et dans le plus grand
les Américains le lui font savoir. Très ne veut pas être le prisonnier de secret, Mahele se résout enfin à fran-

vite, le chef d état -m ajo r se don ne à Kagame ». Il se prend aussi à rêver chir le Ru bicon : en pleine gue rre, et de
eux com me il s est donné aux F rançais, d un e élection présidentielle proch aine lui-m ême , lui le chef d état -m ajo r des
c est-à -dire av ec une éviden te naïv eté. à laquelle il se présenterait sous une FAZ prend contact avec l ennem i.

Trahison ou patriotism e ?
e contact est d abo rd informés, lui procurent une valise et lui confie en outre le portefeuille de
indirect. L un d e ses s a t e l l it a i r e « p r o t é g é e » , c e s t - à - d i r e la Défens e, malgré l hostilité de
Mobutu. Il sait fort bien que la guerre
proches amis, Wilson audible par eux seuls. Un jour, le est perdue et sans doute estime-t-il
Omang a, homme d af- 3 avril très exactement, la sonnerie
faires kabiliste et neveu retentit. A l autre bout du fil : qu il vaut m ieux , en cas de nég ocia-
d e P a t r i ce L u m u m b a , Laurent-Désiré Kabila. tions, avoir Mahele avec soi que contre
le met en rapport avec En ce mois d avril, L ubu mba shi et soi. Inexorab lement, alors qu éch oue nt
Juliana Lum um ba, la fille du leader Mbuji Mayi tombent à à bord du navire sud-
défu nt. Juliana, qui réside à Kinsh asa leur tour. Le 12, a f r i c a i n   Y uteniqa  les
où elle sympathise secrètement avec Likulia Bolongo, arché pourparlers de la derniè-
l A F D L ( e ll e e st , a u j o u r d h u i , v i c e - type du général d or- re chance, l AF DL pro-
m i n i s t r e d e l I n f o r m a t i o n d a n s le g o u - donnance, est nommé gresse vers Kinshasa. A
verne men t K abila), fait parvenir au Premier ministre en deux cent cinquante
QG des rebelles à Goma ce qui appa- lieu et place de Kengo kilom ètres à l est de la
r a ît c o m m e u n e o f f r e d e d i a l o g u e . E n wa Dondo. Les capitale, la Division
retour, Mahele est contacté, tout aussi Français, qui ont chan- spéciale présidentielle
discrètement sur son téléphone cellu- gé de cheval au milieu tente un baroud d ho n-
l a i r e, p a r l u n d e s e s a m i s d e n f a n c e , du gué, soutiennent neur autour du verrou de
Jean-Baptiste Mulemba. Ce Mulemba désormais cet ancien Kenge. La DSP a touché
est une figure de l antim obu tism e : profes seur de droit de la faculté d Aix - de nouvelles armes, achetées grâce à
ancien porte-parole des gendarmes en-Provence, proche de certains un don du chef rebelle angolais Jonas
katangais, ex-propriétaire d un dan- membres des « réseaux Pasqua ». Cinq Savimbi - on parle de 20 millions de
cing à Bruxelles (le Cocody) et ancien semaines plus tard, après la chute de dollars, dont la moitié aurait été
gérant d un restaurant détourné e par l entou -
africain à Paris, celui rage de Mobutu -, et

qui se fait appeler bénéficie du renfort


« Man Elijah » est un d env iron trois mille
militant professionnel, comb attants de l Un ion
lumumbiste dans nationale pour l indé-
l âm e, inte lligent et pendance totale de
homme de confiance l Ang ola (UNITA).
de Kabila. Il a rejoint Soud ain, c est la sur-
l AF DL dès sa forma- prise : pou r la premi ère
tion et cumule les fois depuis le début de
fonctions de conseiller leur offensive, sept
politique du président mois auparavant, les
et de chef des services troupes de Kabila et
de renseignement. leurs conseillers
Après la chute de ougandais, rwandais et
Kinshasa, il sera angolais sont très
nommé par Kabila à la sérieusement accro-
tête de la Commission chés. Postés sur la bar-
chargée d enqu êter rière naturelle offerte
sur les « biens mal L e g é n é r a l M a h e l e ( à g . ) a v e c s o n c o n f i d e n t , l h o m m e d a f f a i r e s par les rivières Wamba
acqu is », l un des Wilson Omanga, à Kinshasa en septembre 1993. et Bakali, les Zaïrois et
postes clés dans l adm inistratio n leurs alliés déciment des colonnes
K i n s h a s a , i ls l a c c u e i l l e r o n t d a n s l e u r
du « nouveau Congo ». Mulemba ambassade et le feront fuir discrète- entières de l AF DL . Au cam p Tsh atshi,
convainc Mahele de passer, « pour le ment sur Brazzaville puis, lorsque les la famille du maréchal se prend à rêver
bien de tous », du dialogue à la colla- troubles éclateront dans la capitale d un retournem ent de situation.
boration. Mais le général est inquiet : con gola ise, vers Paris, via l opé ration En fait, le handicap majeur des
la ligne téléphonique de son Cyrtel Pélican. Pour l instant, Likulia hommes de Kabila est leur méconnais-
n est pas sûre. Q u à cela ne tienne. Bolongo croit encore pouvoir jouer sa san ce totale du terrain : ils ne d ispo -
Les Américains, que Mahele tient carte. Il maintient Mahele à son poste sent pas de cartes d état -m ajor et igno-

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JEU NE AFRI QU E N° 1910 1911 DU 13 AU 26 AOÛT 1997
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L ' E N Q u Ê T E

rent tout du dispositif de l'ennemi. Tshatsh i, auto ur du maréch al épu isé, Ma hele. Certains s'inquiètent des
Le seul mo yen de contou rner les posi- se tient une première réunion. Il y a là i n t e n t i o n s d e M o b u t u - « il n o u s a b a n -
t i o n s d e la D S P e t d e l ' U N I T A e s t les générau x Likulia B olong o, do nn e » - , la plupa rt prépa rent leur
q u ' u n e « c i n q u i è m e c o l o n n e » ta p i e Mahele, Nzimbi, Ilunga (ministre de prop re fuite vers Brazzav ille, de
d a n s le c a m p d ' e n f a c e l e s r e n s e i g n e . l'Intérieu r) et Vu ng bo (Gard e civile). l'autre côté du fleuve.

En deux ou trois appels sur sa ligne Mahele, Likulia et Ilunga pressent Vendred i 16 mai, 8 heures. Le m aré-
p r o t é g é e , le g é n é r a l M a h e l e f o u r n i t Mobutu de quitter Kinshasa et de se chal et sa famille sont sur l'aéroport
aux chefs militaires de l'AFDL les rendre à Gb ado lite : « No us ne p ou- de Ndjili où un Boeing 737 de la prési-
inform ations précises qui leur permet- vons plus garantir votre sécurité. » dence, piloté par le commandant
tent de pren dr e à rev ers le dern ier P e r s u a d é q u e l e v i e u x d i c t a t e u r a l l a it M u k a n d e l a , le s a t t e n d . M o b u t u e s t
carré des mobutistes. Désormais, en ce se dém ettre, le Pre mie r ministre avait impatient et furieux. « Où est
début de mo is de mai 1997, K insh asa f a i t p r é v e n i r la r a d i o t é l é v i s i o n q u ' u n e l'arg ent ? » tonn e-t-il. Dep uis la veille
est une ville ouverte. importante com mu nicatio n du gouv er- une giga ntesq ue opération de rama ssa-
C e qui peut ap pa- nement serait transmise ge des devise s dispo nibles dan s
r a î t r e c o m m e u n e t r ah i - dans la nuit. Or M ob utu K i n s h a s a a é t é l a n c é e . E n t r e la B a n q u e
son maje ure en tem ps résiste : « Q ua nd o n est c e n t r a l e , l a p r i m a t u r e e t le s i è g e l o c a l
de guerre - un com - Donat, un militaire, dit-il, ou de la Belgolaise, où ont été entreposés
bien on se ren d, ou bien
mandant en chef four-
I c'es t comm e I on vous tue, mais on ne
les fo nd s réunis dan s le cad re de la
nissant à l'en nem i des participation forcée des sociétés à l'ef-
renseignements mili- ça que vous fuit pas. » O n se s épa re fort de guerre, une quarantaine de mil-
taires sur son propre
I remerciez sans qu 'un e décision
soit prise. Un peu plus
lions de dollars sont ainsi raflés en
dis po sitif - est en fait quelques heures. Le problème est que
parfaitement logique et Papa » t a rd , M o b u t u c o n v o q u e cha cun a pris sa part au pa ssa ge et que
louable aux yeux de une deu xièm e réunion. la so m me re mise en liquide au prési-
M ahe le. « Cette ar mé e Cette fois, ne sont pré- dent est très loin de correspondre à ce
n'est pas la mienne », a-t-il dit, parlant s e n t s q u e le s g é n é r a u x n g b a n d i s : qu'il attendait. D' où son co urrou x.
de la DSP, et dans l'état de déliques- Bolozi (gendarm erie), Vun gbo, M ais il faut partir. A u m om en t de
c e n c e q u e c o n n a î t a l o r s le Z a ï r e , o ù Nzim bi, Weza go, l'adjoint de ce der- grim per l'échelle de cou pée, B odi
plus personne ne sait très bien qui est nier à la tête de la DSP, et, au télépho- Ladawa, l'épouse de Mobutu, se tour-
avec qui, l'entourage de Mobutu et les ne, Baramoto. « Il y a des traîtres, il ne vers Mahele qui, avec d'autres, est
généraux ngbandis sont pour lui beau- f a u t le s é l i m i n e r , c o n s t i t u o n s u n e présent pour ce dernier départ :
cou p plus dange reux que l'AF DL . l i s te » , s ' e m p o r t e l ' u n d e s p a r t i c i p a n t s . « Donat, nous savons ce que vous avez
Défendre un clan signifie-t-il défendre L e m a r é c h a l c a l m e le j e u : « J ' i r a i à fait ; c'es t com m e cela que vou s
la patrie ? Don atien Ma hele a tranché : Gbadolite demain, confie-t-il, prenez rem erc iez Pap a, aprè s tout ce qu 'il a
il f a u t c o m p o s e r a v e c K a b i l a , l u i f a c i l i - vo s disp osit ion s. » Il est minuit. Le s fait po ur vo us » M ah ele se tait.
t e r la t â c h e a f i n q u e l ' i s s u e s o i t l a p l u s généraux sortent du camp Tshatshi et Mo butu , qui a entend u l'interpellation,
rapide et la moins sanglante possible. se rende nt direc tem ent au dom icile d e se contente de hocher la tête. Il est
Afin, aussi, de conserver ses propres Baramoto Kpara où une troisième 9 h 30. Sur ordre du colonel Mutoko,
chances d'influer sur l'après-M obutu . r é u n i o n , e n p r é s e n c e d e la p l u p a r t d e s chef de la sécurité rappr och ée d u
offic iers ngb and is de Kinshas a, se maréchal, le com man dan t M ukan dela
Jeu di 15 mai au soir, alors qu e les tient ju sq u' à 5 heur es du matin. On y fait pren dre à l'avion une trajectoire de
troupes vaincues à Kenge refluent sur
peaufine la liste des « traîtres » sur déco llage différente de l'ordinaire. O n
Kins hasa , se jou e le dern ier acte du
laquelle figure, en tête, le général craint un attentat.
règne de Mobutu S ese Seko. Au cam p

Meurtre  au camp Tshatshi.


n cette jou rné e fatid ique, ses contacts au sein de l'AF DL l'appel- Nzimbi et Baramoto ont fui. Kinshasa
a l o r s q u e le B o e i n g n ' e s t le. Lo ng ue conv ersatio n. Il s'agit de s'of fre aux hom me s de Kabila.
plus qu'un point dans le mettre au point le plan de reddition des Il est 23 heur es, en ce jeu di 16 mai
ciel, chacun rentre chez FAZ. Mahele, après avoir hésité, 1997, lorsque Likulia Bolongo appelle
soi. Obje ctif : fuir. Les convient de gagn er Lus aka en Zam bie, Mahele. Le Premier ministre, qui s'ap-
avant-gardes de Kabila dans la jou rné e du 17, où il annon cera prête à trouver refug e à l'amba ssad e de
ont été signalées à qua- solennellem ent à Lauren t-Désiré Kabila France, signale au général un début de
rante kilomètres, sur la route de Kenge. le rallieme nt de l'arm ée za ïroise. soulèvement au camp Tshatshi. « La
Le général Mahele regagne son domici- Son plan de voyage est élaboré : D S P veut sortir et tout piller » « J' y
l e à L a G o m b e . A 1 0 h e u r e s , il s e r e n d Brazzaville-Luanda-Lusaka. En milieu vais », répo nd M ahe le. Folie ? Le g éné-
chez le Premier ministre Likulia. Les d'aprè s-mid i, le chef d'état-m ajor se ral se sent investi d'une mission :
d e u x h o m m e s d i s c u t e n t d e la f a ç o n d e
r e n d u n e n o u v e l l e f o i s c h e z le P r e m i e r em pêch er la destruction de Kinsh asa,
faire parv enir de l'argent aux soldats,
ministre. Puis revient à La Gom be , d' où éviter un bain de sang. C'est là-dessus,
afin d'é vite r un pillage géné ralisé. il a p p e l l e , à B r u x e l l e s , s o n a m i W i l s o n il en est persuadé, qu'il joue son avenir
A 11 h 30, il est à nouveau chez lui.
O m a n g a : « J e te t é l é p h o n e r a i s a m e d i politique. Sans doute pense-t-il aussi
Le téléph one satellitaire sonne : l'un de
soir de Lusaka, tout sera fini. » Déjà, que, privés de leur chef, le général

26 JEU NE AFRI QU E N° 1910 1911 DU 13 AU 26 AOÛ T 1997


 

H I S T O I R E S E C R È T E D E L C H U T E D E M O B U T U

La  in d un monde.
z i m b i , l e s N g b a n d i s d e   la  D S P s au -
r o n t l ' é c o u t e r . N ' e s t - c e p a s p o u r e u x  l a
dernière chance de sauver leur peau   ?
Mahele saute dans un 4x4 avec son
chauffeur et un garde du corps. Un endred i 17 m ai. t o u t e   l a  f a m i l l e d a n s u n b l i n d é , d i r e c -
pick-up d'escorte, avec dix militaires  à w   A  K i n s h a s a , c ' e s t  l a tion l'aéroport. En pleurs, Bodi
s o n b o r d ,   l e  p r é c è d e . A u x a b o r d s d u ' f i n d ' u n m o n d e   e t le L a d a w a r e f u s e   : « N o u s n e p a r t i r o n s
cam p, prem ier barrage : l'escorte reste début d'un nouvel p a s   » « A v e c t o u t l e r e s p e c t q u e j e
sur place. Mahele continue seul, avec o r d r e .   A  G b a d o l i t e , c ' e s t vous dois, répond Mutoko, celui qui
ses deux compagnons. Le 4x4 pénètre la panique. Lo rsqu'ils s ' o p p o s e , j e l ' a b a t s .   » L ' u n a p r è s
d a n s l ' e n c e i n t e . L à, le c h e f d ' é t a t - m a j o r a p p r e n n e n t   l a  n o u v e l l e d e l ' a u t r e , B o d i ,   s a  s œ u r j u m e l l e K o s i a ,
s e r e t r o u v e f a c e   à u n e c e n t a i n e l'assassinat de Mahele, les militaires l e u r f r è r e F a n g b i   -  l e m a u v a i s g é n i e
d'hommes surexcités, entre drogue, m b u n z a s d e   l a  g a r n i s o n t o u t e p r o c h e  d e des dernières années du mobutisme   -
a l c o o l   e t  s o r c e l l e r i e , q u i r e f u s e n t d e l u i Kotakoli se soulèvent. Leur objectif   : e t q u e l q u e s a u t r e s s ' e n g o u f f r e n t d a n s  l e
r e n d r e l e s h o n n e u r s . P a r m i e u x ,  l e s ' e m p a r e r d e M o b u t u   e t  d e s a f a m i l l e e t véhicule. Reste Mobutu, que son fils
g é n é r a l W e z a g o , l 'a d j o i n t d e N z i m b i , l e u r f a i r e   « p a y e r  » l ' o u t r a g e . L e c o l o - N z a n g a   e t  M u t o k o d o i v e n t l i tt é r a le -
celui-là m êm e qui participa la veille au n e l M u t o k o e n i n f o r m e   l e  m a r é c h a l  : ment traîner.
s o i r   à l a  d e u x i è m e r é u n i o n c h e z «  Il  f a u t p a r t i r a u p l u s v i t e .   » « Je su is L e b l i n d é r o u l e   à t o m b e a u o u v e r t
Mobutu, au cours de laquelle on évoqua u n m i l i t a i r e , j e m e b a t tr a i j u s q u ' a u dans les rues désertes de Gbadolite,
l e s   « t raît res   » à é l i m i n e r .  « Q u e v i e n s - b o u t », r é t o r q u e M o b u t u . M u t o k o l u i p u i s s u r   l a  p i s t e o ù l ' A n t o n o v c h a u f f e
t u faire i ci ? Tu as trah i Tu n ' as p as fait valoir qu'ils n'ont pas d'armes.   « Et s e s r é a c t e u r s . P a r   l a  p a s s e r e l l e o u v e r t e ,
f a i t   l a   g u e r r e »  h u r l e W e z a g o . c e l l e s d e S a v i m b i   ? »  in t e r r o g e c e l u i i l e n t r e d i r e c t e m e n t d a n s   l e  v e n t r e d e
« C a l m e - t o i, ré p o n d M a h e l e , l ' A F D L qui n'est déjà plus chef de l'Etat, fai- l'avion. Soudain, quelqu'un crie  :
e s t d a n s l e s f a u b o u r g s , d e m a i n i ls s a n t a l l u s i o n   à l ' i m p r e s s i o n n a n t s t o c k « L e s v o i l à  » E u x ,  c e  so n t l e s
seront là, vous n'avez Mbunzas de Kotakoli,
aucune chance, dépo- dont les premiers élé-
sez les armes  » ments ont déjà atteint
Wezago devient fou  : le bâtime nt de l'aéro -
« C om m ent Toi qui port. Les pilotes font
as laissé mourir la décoller l'Antonov, la
D S P ,   t u  n o u s d o n n e s peur aux tripes. Des
d e s o r d r e s » Il  so rt coups de feu claquent.
s o n p i s t o l e t   e t  tire sur O n t i r e   à l a   K a l a ch -
Mahele, l'atteignant  à nikov sur l'appareil
la jam be. Le garde du q u i   a  b i e n d u m a l  à
corps, qui veut interve- prendre de l'altitude.
n i r, est ab at t u .  L e Des impacts de balles
c h a u f f e u r   a   d éj à fu i. déchirent un petit

Es 'ne s tu np rbooj en tdé, sDu or  ln aet v ior ra cgee a ua udd' aa ci li ee .u xE, n  u n
m
Bodi Ladawa, l épou se de M obut u (à g.) et sa sœur jume lle K osia,
c ô t é .   Il  fai t u n e n u i t l'avion met brusque-
l ors d un déjeuner de gala à Gbadolit e, en s ept em br e 19 95 .
d'encre. On le cherche, m e n t c a p   à  l ' o u e s t
on ne le trouve pas. Un soldat dit  : - d i r e c ti o n L o m é , Togo. C om m e
constitué par le chef de l'UNITA   à
« C'est toujours comme ça avec lui,  il a m o m i f i é , M o b u t u n e d it r ie n. P u i s   il
G b a d o l i t e a f i n d ' é c h a p p e r   à  l ' o p é r a t i o n
d e b o n s f é t i c h e s ,   il sai t se ren d re i n v i- murmure une phrase. Son médecin per-
de désarmement menée en Angola sous
s i b l e .   » M a i s W e z a g o n e v e u t p a s l â c h e r s o n n e l ,   l e  d o c t e u r D i o m i ,   s e  p e n c h e   :
l e s a u s p i c e s d e l ' O N U .   « D e p u i s q u e
s a p r o i e .  A l a   l u m i è r e d ' u n e l a m p e « M ê m e l e s m i e n s m e t i re n t d e s s u s ,  l u i
v o t r e n e v e u ,   l e  m a j o r M o v o t o S e s e , l e s
t o rch e, o n fi n i t p ar le rep érer, t ap i so u s d it   l e   d i c t a t e u r d é c h u ,   j e  n 'a i p lu s rien
a p l a n q u é e s q u e l q u e p a r t e n A f r i q u e  d e
l e 4 x 4 . O n l ' e x t i r p e d e f o r c e , o n  l e à f a i r e d a n s c e p a y s ,   c e  n ' e s t p l u s m o n
l ' O u e s t a v e c v o t r e a c c o r d ,   il  n ' y   a   p l u s
remet debout m algré sa jam be brisée. Z a ï r e .  » P u i s ,  l e  L é o p a r d v a i n c u   s e
U n m a j o r d e   l a  D S P s ' a p p r o c h e p a r u t oo kb ou .t  u «.  A
rl ai e fni n»,»,e xmp ul irqmu eu r eM M l o r s
Fuir, mais, c ' e s t replonge dans son mutisme. Peut-être
d e r r i è r e e t d ' u n c o u p d e p i s t o l e t   à  s i l e n - s o n g e - t - i l   à A g a t h e,  l a  v e u v e d e s o n
c o m m e n t   ? L e c o m m a n d a n t
cieux lui loge une balle dans   l a  n u q u e . a m i H a b y a r i m a n a ,   l e  p r é s i d e n t r w a n -
M u k a n d e l a , q u e   l e  m a r é c h a l  a  e n v o y é   à
M ahele s'effondre, foudroyé. Entre- d a i s d i s p a r u .   I l y a  u n a n e x a c t e m e n t ,
Brazzaville avec ordre d'en ramener
temps, les soldats de l'escorte sont allés e l l e é t a i t v e n u e   l e  v o i r  à  G b a d o l i t e
son fils Kongolu, refuse en effet de
p r é v e n i r K o n g o l u , a l i a s   « S a d d a m   », pour, disait-elle, lui confier un secret   :
r e d é c o l l e r d e   l a  c a p i t a l e c o n g o l a i s e
l ' u n d e s f i l s d e M o b u t u , q u i f a i t d e  l a selon ses informations, quelque chose
p o u r G b a d o l i t e .   Il  est , d i t -il , lu i   e t  s o n
r é s i s t a n c e   à  l ' h ô t e l I n t e r c o n t i n e n t a l .   A d ' i m p o r t a n t s e t r a m a i t   à l a  f r o n t i è r e e s t
B o e i n g ,   à l a  d i s p o s i t i o n d e s n o u v e l l e s
bord d'un petit blindé, Kongolu se rend du Zaïre, des préparatifs, des mouve-
autorités de son pays. Encore un
au camp Tshatshi. Des rafales  d e ments d'armes et de troupes, comme si
traît re Il  f a u d r a d o n c s e r é s o u d r e   à
Kalachnikov l'accueillent. Les soldats une offensive  s e  préparait. En rappo r-
embarquer dans un vieil Antonov
pa be ar dt tuuss dl ee   ll ean Dd eSmP ,a idn o np ta rb el easu c«o ul pi b ésrear-o n t cargo, piloté par des Ukrainiens. t a n t c e t t e c o n f i d e n c e   à s e s p r o c h e s ,
M o b u t u a v a i t s o u r i   : « D e p u i s  l a  m o r t
L e t e m p s p r e s s e   : l a  c o l o n n e d e s
t e u r s   « d e l ' A F D L o u l y n c h é s p a r le s de son mari, cette pauvre Agathe n'a
mutins venus de Kotakoli approche.
K i n o i s , o n t p e r d u   l a  r a i s o n . plus toute sa tête...  » •
Le colonel Mutoko veut faire grimper

7
J EUN E AFR IQUE N° 1910 1911 DU 13 AU 26 AOÛ T 1997

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