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La vendeuse revint. Elle servit les choux à la dame qui était devant les fillettes, et Doussia sortit de sa poche le
précieux petit rouleau. Elle le déroula : au lieu du billet de dix roubles, c’était l’image du Japonais. Elle fouilla dans
sa poche. Il n’y avait rien d’autre. Elle fut saisie d’horreur.
- Madame ! J’ai perdu mon argent ! s’écria-t-elle. Je l’ai perdu en venant ici ! Je ne l’ai pas fait exprès !
La vendeuse au visage tout rouge, enveloppée de plusieurs couches de vêtements comme ses choux, sortit la tête
de son guichet, baissa les yeux sur Doussia, et dit :
- Rentre chez toi et va demander de l’argent à ta maman ! Je te laisserai passer sans faire la queue.
La petite Olga, comprenant qu’il leur était arrivé un grand malheur, se mit à sangloter elle aussi. […]
Les deux fillettes toutes voûtées, emmitouflées dans leurs foulards comme des paysannes, repartirent en direction
de chez elles en ratissant avec leurs pieds les tas de feuilles mortes mêlées de neige et de crépuscule, elles se
penchaient et fouillaient de leurs doigts blancs dans les tourbillons craquants. L’aînée se lamentait d’un ton navré,
comme une adulte :
- Malheur de malheur ! Que va-t-il nous arriver ? Elle va nous chasser, et où irons-nous ?
- Où irons-nous… ?
Olga sanglotait. Elles arrivèrent au tournant, et s’arrêtèrent avant de traverser la route. Doussia n’avait pas encore
perdu sa timidité de petite paysanne devant les voitures. Un camion approchait, éclairant de ses phares un
morceau oblique de la chaussée qui filait devant lui.
Les fillettes attendaient. Sans ralentir, le camion tourna brutalement et, sous le lampadaire, son chargement miroita
d’un éclat bleuâtre : c’était une montagne de choux qui se dressait au-dessus des ridelles*. Le camion vira sur les
chapeaux de roues, accéléra, et passa à côté d’elles en jetant à leurs pieds deux énormes choux. Ils piaulèrent **
en tombant sur la route. L’un se fendit en deux, l’autre roula en rebondissant et s’arrêta juste aux pieds d’Olga.
Elles se regardèrent : deux yeux bleus émerveillés plongeaient dans deux autres yeux bleus exactement pareils.
Elles ôtèrent de leurs épaules le sac dont elles s’étaient couvertes, fourrèrent dedans le chou intact et celui qui
avait éclaté en deux. Doussia n’arriva pas à le charger sur ses épaules, c’était trop lourd. Elles le prirent chacune
par un coin. Doussia, qui avait toujours de bonnes idées, glissa un carton dessous, et elles le traînèrent. […]
Ludmilla Oulitskaïa, Le miracle des choux et autres histoires russes, Gallimard jeunesse
VOCABULAIRE :
*ridelles : côtés d’un camion destinés à maintenir ce qu’il transporte
Évaluation français – Groupe Évaluation 74 – Rentrée 2020
**Ils piaulèrent en tombant sur la route : ils firent un son aigu et sifflant en tombant sur la route
Réponds aux questions :
2/ Dans le pays où se déroule l’histoire, la monnaie n’est pas l’euro ; quelle est l’unité de monnaie
utilisée ?
3/ Souligne dans le texte le passage qui montre que les fillettes sont prises d’une peur panique
lorsqu’elles découvrent qu’elles ont perdu le billet.
4/ Les deux fillettes s’appellent Olga et Doussia. Laquelle est la plus âgée ?
Entoure le passage du texte qui permet de le savoir.
5/ Dans la phrase : « Doussia sortit de sa poche le précieux petit rouleau. Elle le déroula. »,
le pronom Elle remplace :
le pronom le remplace :
7/ Quand l’auteur fait dire à une des fillettes : « - Malheur de malheur ! Que va-t-il nous
arriver ? Elle va nous chasser, et où irons-nous ? » que veut-il nous faire comprendre ?
8/ Explique pourquoi l’auteur a donné à ce texte le titre « Le miracle des choux ».
Item 1 :
Item 2 :
Item 3 :
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1/ ____________________ 2/ ____________________
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Le Géant égoïste
Tous les après-midis, en revenant de l’école, les enfants allaient jouer dans le 13
jardin du Géant. C’était un grand et ravissant jardin avec une douce herbe verte. 27
Çà et là, sur l’herbe, il y avait de belles fleurs qui ressemblaient à des étoiles, e t 44
il y avait douze pêchers qui, au printemps, s’épanouissaient en délicates 55
floraisons couleur de rose et de perle, et, en automne, portaient des fruits 68
magnifiques. Les oiseaux, assis sur les arbres, chantaient si joliment que les 80
enfants s’arrêtaient de jouer pour les écouter. « Comme nous sommes heureux 91
ici ! » s’écriaient-ils. Un jour, le Géant revint. Il était allé visiter son ami, l’Ogre 105
de Cornouailles, et était resté sept ans avec lui. Au bout de sept ans, il avait dit 122
tout ce qu’il avait à dire, car sa conversation était limitée, et il avait décidé de 138
retourner dans son château. Quand il arriva, il vit les enfants jouer dans le 152
jardin. « Que faites-vous ici ? » s’écria-t-il d’une voix très rude, et les enfants 164
s’enfuirent. « Mon jardin à moi est mon jardin à moi, dit le Géant ; tout le 179
monde peut comprendre cela, et je ne laisserai personne d’autre que moi y 192
jouer. » Et il construisit tout autour un mur très haut et mit un écriteau : 206
DÉFENSE D’ENTRER SOUS PEINE D’AMENDE. C ’ é t a i t u n G é a n t t r è s 215
égoïste. Les pauvres enfants n’avaient plus d’endroit pour jouer. Ils essayèrent 226
de jouer sur la route, mais la route était très poussiéreuse et pleine de gros 241
cailloux, et ils n’aimaient pas cela. Après avoir appris leurs leçons, ils 254
erraient 269
autour du mur en parlant du beau jardin qui était à l’intérieur. « Comme nous y 274
étions heureux ! » disaient-ils entre eux.